Première Partie:
Sho était assis sur le sol de l'appartement qu'il partageait avec Kei, son dos reposant contre le sofa de cuir sur lequel le vampire était endormi. Il actionna son briquet plusieurs fois de suite d'un air absent jusqu'à ce que l'objet reste allumé, ses yeux bleus fixant intensément les flammes tandis qu'il se perdait dans ses pensées.
Sho avait vingt ans, et cela en faisait aujourd'hui exactement onze qu'il connaissait Kei ; il le savait car il avait à l'époque entouré la date de leur rencontre au feutre rouge sur un vieux calendrier, et avait depuis perpétué la tradition chaque année. Tout ce qu'il faisait était d'entourer la date. Il n'en avait jamais rien dit à Kei, et le rituel était donc passé inaperçu. Sho s'était toujours senti très infantile et un peu bête de continuer à agir ainsi une fois devenu adolescent, mais Kei et leur amitié lui étaient très importants, et il voulait que la date de leur rencontre en porte la marque. Tout ce qu'il faisait ces jours-là était de prendre quelques minutes pour se souvenir du jour où il avait trouvé Kei en train de brûler, et comment Sho, à l'époque encore un très jeune garçon, avait réussi à traîner le vampire à l'ombre sans que celui-ci n'oppose de résistance. Sho pouvait encore se souvenir de la paire d'yeux bruns perplexes et du regard qu'ils avaient posé sur lui, incapables de comprendre ses actions. Sho n'était lui-même pas sûr de savoir pourquoi il avait sauvé Kei. Il y avait simplement quelque chose en lui qui l'avait attiré, et quand Kei lui avait en retour sauvé vie ainsi qu'aux deux personnes auxquelles il tenait le plus, Sho avait senti la connexion entre eux s'approfondir.
Petit, Sho admirait Kei et voyait en lui une sorte de grand frère. Tout ce qu'il voulait était de devenir comme lui, et il était toujours resté dans son ombre, copiant ses moindres gestes et admirant la grâce furtive du vampire.
Devenu adolescent, Sho s'était persuadé qu'il était meilleur que Kei. Entrant dans une période de rébellion, ils s'étaient souvent disputés et l'entêtement de Sho avait parfois fait durer ces querelles pendant des jours avant qu'il ne ravale son orgueil et fasse des excuses. Kei n'était jamais fâché, mais il le raisonnait pour ses actes, lui rappelant qu'il ne pouvait pas être là pour le protéger durant les heures du jour.
Maintenant que Sho était un jeune adulte, ses sentiments avaient changé. Il respectait et admirait toujours autant Kei, se rebellait encore contre ses conseils de temps à autres, mais, mélangée avec les autres sentiments, une nouvelle émotion était née, quelque chose de bien plus profond. Sho aimait Kei.
Il l'avait réalisé un après-midi ensoleillé, quand le vampire, s'éveillant de l'un de ses cauchemars, s'était lamenté amèrement sur sa malédiction. Sho s'était senti déchiré de l'intérieur en entendant Kei se haïr lui-même, à un tel point qu'il passait des semaines sans boire de sang uniquement pour tenter de faire diminuer sa culpabilité.
C'était quand Kei était le plus faible que ses cauchemars gagnaient en ampleur et Sho avait été obligé de le réveiller. Dans un étalage d'émotions indescriptible, Kei avait déclaré que peut-être les choses auraient été meilleures pour tous s'il était mort aux côtés de Luka ce fameux jour.
Sho, blessé et effrayé par cette idée, craignait qu'un jour Kei agisse exactement de la sorte. S'il venait à mourir, Sho n'aurait plus de raison de vivre. Kei était tout pour lui.
Il avait pris le blond dans ses bras, ne souhaitant rien d'autre que de lui dire qu'il l'aimait, mais il n'avait pas su trouver les mots, et, trop vite, l'instant était passé. Kei s'était assez remis de ses émotions pour se dégager, embarrassé, de l'étreinte de Sho, et s'était retiré dans sa chambre pour y rester enfermé le reste de la journée.
A présent, onze ans après le jour où Kei était entré dans sa vie, Sho essayait de trouver le courage de dire enfin à Kei à quel point il comptait pour lui. Kei s'était montré très abattu récemment et Sho était terrifié à l'idée qu'un jour il puisse se réveiller pour constater que Kei était parti. Il espérait que, peut-être, si Kei savait qu'il était aimé, désiré, il arriverait à trouver assez de forces en lui pour continuer à avancer.
Déglutissant avec peine, Sho se leva, éteignant son briquet avant de le glisser dans sa poche. Ca y était. C'était maintenant ou jamais.
En se penchant au-dessus du lit, il vit que Kei était profondément endormi, allongé sur le côté, son visage face à Sho. L'un de ses bras pendait légèrement hors du lit et le deuxième reposait le long de son corps. Ses sourcils étaient froncés en une ligne continue. Sho supposa qu'il faisait encore un cauchemar.
« Kei ? » Sho plaça une main sur l'épaule du vampire et le secoua doucement. « Kei ? »
Il fit la moue en voyant qu'il ne recevait aucune réponse. C'était très tentant de tout oublier, de laisser le problème de côté, mais Sho s'était pris la tête des semaines à l'avance pour ce moment et était déterminé à en finir, même si Kei le rejetait. Ne pas savoir était bien pire.
En souriant, Sho se pencha un peu plus sur le vampire dans l'intention de l'embrasser ; ça le réveillerait, pensa-t-il avec un petit sourire en coin. Tandis qu'il se courbait pour mettre son plan à exécution, la main de Kei se resserra soudainement en un poing qu'il envoya sur Sho.
Sho laissa échapper un cri quand le poing de Kei l'atteignit et il se retrouva projeté en arrière à travers la pièce par la force vampirique de son ami. Il s'écrasa douloureusement contre le mur opposé et ne put retenir un petit sanglot.
A ce bruit, les yeux de Kei s'ouvrirent brusquement et il réalisa avec horreur ce qu'il venait de faire.
« Sho ! » Kei sauta sur ses pieds et se précipita aux côtés de son ami, s'agenouillant près de lui. « Sho, je suis désolé. Tu vas bien? »
« Ca va » grommela Sho, autant déconcerté qu'irrité par cette tournure inattendue des évènements. Il leva la main pour toucher délicatement sa mâchoire, mais Kei fit de même pour examiner la chair meurtrie et en fin de compte, la main que Sho posa sur son visage fut surmontée par celle de Kei.
Embarrassé, Kei laissa retomber sa main, mais Sho la rattrapa avant qu'elle ne puisse s'aligner complètement le long de son corps.
« Kei », commença-t-il désespérément, avant qu'il ne perde le contrôle de ses nerfs, « Il y a quelque chose que je dois te dire. »
Le sérieux de sa voix ne faisait aucun doute, mais Kei montrait plus d'inquiétude au sujet de sa mâchoire, et il le coupa en disant « Je vais chercher un sachet de glace dans la cuisine. »
« Non », dit Sho, avant de tressaillir en sentant une violente douleur lui traverser la mâchoire.
Kei haussa un sourcil et parvint à dégager son poignet. Il se leva et se dépêcha jusqu'à la cuisine avant que Sho n'ait pu dire quoique que ce soit de plus.
Irrité, Sho se leva et alla s'asseoir sur le lit de Kei pour attendre le sachet de glace dans un sombre silence.
Il n'eut pas à attendre longtemps avant que Kei ne revienne et ne s'asseye à ses côtés. Il avait enveloppé le sachet de glace dans une vieille serviette de table et se pencha pour l'appliquer doucement sur la mâchoire de Sho.
« Je suis vraiment désolé », répéta Kei en secouant la tête, plein de remords.
« Ne t'inquiète pas… aïe » Sho tressaillit une nouvelle fois avant de continuer, « Maintenant je saurai qu'il vaut mieux éviter de se pencher au-dessus d'un vampire endormi. »
Il put voir que ses paroles rassuraient un peu Kei, mais son visage conserva une expression étrange. « Pourquoi est-ce que tu te penchais au-dessus de moi ? »
Ca y était. C'était sa chance, Sho le savait, c'était sa dernière chance.
« J'allais t'embrasser » déclara-t-il simplement.
Kei parut très surpris et prit une minute ou deux avant de demander à nouveau, « Pourquoi ? »
« Parce que… parce que je t'aime » lâcha brusquement Sho, détournant la tête, sachant parfaitement qu'il allait se faire rejeter dans quelques secondes. Il n'y avait aucune possibilité que Kei puisse l'aimer en retour.
« Comment peux-tu m'aimer ? » demanda doucement Kei en sidérant Sho, « Je suis un monstre. »
« Non, ce n'est pas vrai », répondit Sho, se reprenant rapidement.
« J'avale la vie des autres », fit Kei en détournant le regard, « Je bois du sang, Sho. Tu ne peux pas m'aimer. »
« Tu ne peux pas me dire ce que je ressens », répliqua Sho avec obstination en se rapprochant de Kei, « C'est toi que j'aime, Kei. J'aime tout en toi. Ce que tu as à faire pour survivre ne changera jamais ce que je ressens pour toi. »
« Et quand je te regarde, je ne vois pas un monstre », ajouta-t-il puisque Kei manquait de lui répondre.
Kei resta silencieux, mais il était évident que les paroles de Sho le touchaient beaucoup.
« Et toi, Kei ? » reprit nerveusement Sho, avec plus d'hésitation. « Qu'est-ce que tu ressens pour moi? »
« Je.. je t'aime » vint la réponse calme et inattendue, « Mais on ne peut pas-- »
Sho coupa court aux protestations de Kei en se penchant pour presser ses lèvres sur celles du vampire. Il sentit Kei trembler contre lui, apparemment en plein combat intérieur, mais, après quelques secondes, Kei leva une main pour la poser sur la nuque de Sho et approfondir le baiser.
Souriant, Sho se détacha du vampire, prêt à affronter de nouvelles objections, mais il n'y en eut aucune. Se tendant en avant, Kei attira Sho dans un nouveau baiser brûlant.
« J'allais t'embrasser. »
« Pourquoi ? »
« Parce que… Parce que je t'aime. »
Kei avait été très déconcerté par l'aveu de Sho. Culpabilisant toujours d'avoir involontairement blessé le jeune homme quelques instants plus tôt, Kei avait pris un certain temps pour traiter une telle confession.
Il avait toujours aimé Sho, depuis le tout début ; il avait aimé le petit garçon, avait eu besoin de lui, et, même si Kei avait toujours gardé ses sentiments pour lui, avait été persuadé que Sho ne pourrait jamais les lui retourner.
« Comment peux-tu m'aimer ? Je suis un monstre. »
« Non, tu n'en es pas un. »
« J'aspire les vies des autres. Je bois du sang, Sho. Tu ne peux pas m'aimer. »
C'était vrai, quoi que puisse dire Sho. Kei était un monstre, c'était un fait qu'il ne pouvait pas détromper. Il maudissait son existence, ne voyant en lui que la créature démoniaque qui tuait pour survivre. Le monstre était tout ce que Kei voyait quand il se regardait dans un miroir. Comment Sho pourrait-il voir plus que cela ?
« Tu ne peux pas me dire ce que je ressens. C'est toi que j'aime, Kei. J'aime tout en toi. Ce que tu as à faire pour survivre ne changera jamais ce que je ressens pour toi. Et quand je te regarde, je ne vois pas un monstre. »
Ce fut à ce moment que les paroles de Sho le touchèrent. Le jeune homme avait toujours été très sûr de lui, disant la première chose qui lui traversait l'esprit, en dépit des conséquences, et, sa franchise s'associant à son obstination et son orgueil, il était devenu quelqu'un de très entêté, dont la passion et l'énergie pouvait parfois même tirer Kei hors de son propre désespoir.
Sho lui avait souvent crié dessus, hurlant qu'il n'était pas un monstre, mais entendre ces mots parlés si franchement et avec tant d'émotions ; Kei crut presque qu'ils étaient vrais.
« Et toi, Kei ? Qu'est-ce que tu ressens pour moi? »
Kei aimait Sho, mais sa logique intérieure lui ordonnait de rejeter sa déclaration. Ce serait pour le bien du jeune homme, se dit-il. Il allait vivre pour toujours alors que Sho allait grandir puis, finalement, mourir. Etre ensemble ne leur causerait qu'encore plus de souffrances, mais, quand Kei plongea ses yeux dans ceux de Sho, il réalisa combien cela lui avait coûté d'avouer à Kei qu'il l'aimait. Le rejeter parce qu'il avait été honnête et lui avait ouvert son cœur de cette façon… cela allait le détruire, Kei le savait pertinemment, et il ne pouvait pas s'y résoudre.
« Je… je t'aime. Mais on ne peut pas-- » commença Kei, essayant de faire comprendre à Sho que, même si leurs sentiments étaient réciproques, ce genre de relation ne pourrait jamais être. Cependant, Sho était déterminé et il coupa court aux paroles de Kei en l'embrassant.
Pendant un instant, il pensa à le repousser, mais les émotions qu'il ressentait étaient trop fortes pour qu'il laisse simplement l'instant passer. Sho l'aimait, alors pourquoi devrait-il se priver d'un bonheur temporaire ? Il avait toujours su, au fond de lui, que quand Sho serait parti, il mourrait. Il ne serait pas capable de continuer à vivre sans le seul être qui rendait sa malédiction un peu plus supportable. En résumé, Kei ne pouvait pas vivre sans Sho.
Ce fut Kei qui démarra leur second baiser. Sho laissa échapper un gémissement quand Kei promena sa langue sur sa lèvre inférieure, avalant les quelques gouttes de sang qui y étaient restées après le coup de poing, avant que Sho ne sépare ses lèvres, autorisant l'accès à Kei.
En réponse, le plus jeune glissa ses mains sous le débardeur que Kei portait et quelques instants plus tard, ils se séparèrent pour qu'il puisse être enlevé. Puis, après avoir enlevé le sien, Sho embrassa Kei à nouveau, le poussant en arrière sur le lit.
Pendant que Sho enjambait sa taille, Kei réalisa que les choses allaient plutôt vite. Ce n'était pas qu'il ne le voulait pas, mais il se sentait un peu incertain. Est-ce qu'ils devaient vraiment pousser les choses jusque là si tôt ? Est-ce que Sho le voulait vraiment, lui aussi, ou avait-il le sentiment qu'il fallait qu'il le fasse ?
Ces questions trouvèrent rapidement leur réponse quand Sho se pencha en avant et s'emmêla une main dans les cheveux du blond, l'entraînant dans un nouveau baiser, tandis que son autre main travaillait à ouvrir la fermeture éclair du pantalon du vampire.
Ses lèvres quittèrent alors celles de Kei pour se déplacer tranquillement vers le bas, s'amusant à mordiller la gorge du vampire avant de mordre plus fort. Le halètement qu'il provoqua chez Kei fit sourire le jeune homme, et il mordit à nouveau le même endroit.
Kei grogna un peu sous ces touches légères. Sho afficha un sourire satisfait et se déplaça à nouveau de façon à pouvoir regarder le vampire.
« Sho, je-- » commença Kei, un peu essoufflé et secrètement épaté de l'effet que le jeune homme pouvait avoir sur lui.
« Ca va », le rassura Sho avec un petit sourire, « ça va. »
Kei soutint son regard pendant un instant de plus. Comme pour souligner ses mots, Sho se pencha et tira d'un coup sec le pantalon de Kei, retirant du même coup ses sous-vêtements, avant de se repencher sur le blond.
« Lubrifiant », murmura Kei alors que Sho essayait de l'embrasser à nouveau. A ce qu'il savait, Sho n'avait aucune expérience et Kei devait admettre qu'il était un peu appréhensif, même s'il savait que l'orgueil de Sho ne lui permettrait pas de proposer d'inverser les rôles pour la première fois.
Sho s'éloigna, rougissant légèrement à son oubli, avant d'adresser un nouveau sourire confiant à Kei tandis qu'il se levait.
Kei ferma les yeux et modifia sa position sur le lit de façon à être moins écrasé contre le mur. Il pouvait entendre Sho jurer et fouiller divers placards pendant ce qu'il lui sembla durer un siècle. S'il ne se dépêchait pas, le moment serait perdu, pensa Kei, légèrement ennuyé, et il s'apprêtait à le rappeler quand Sho revint enfin.
Il avait toujours l'air un peu rouge quand Kei ouvrit les yeux pour observer son retour.
« Kei, en fait, on n'en a pas », commença-t-il, et Kei se gifla mentalement de ne pas avoir eu le bon sens d'y penser à l'avance, mais, une fois encore, forger une relation si intime avec Sho n'avait pas été dans son agenda, même si ses sentiments cachés l'avaient torturé pendant des années.
« Ne t'en fais pas », Sho s'assit sur le rebord du lit et montra la bouteille qu'il avait gardée cachée dans son dos, « On peut improviser. »
« De l'huile de cuisine ? » Kei fixa avec incrédulité la bouteille, perdant momentanément son flegme habituel. Il y avait de rares moments où Sho le rendait totalement incapable de parole.
« Je sais que c'est pas l'idéal, mais… »
« Pas l'idéal ? Sho, tu cuisines ta nourriture avec ça ! »
Il haussa les épaules, un peu sur la défensive, « Eh ben, je ne vais pas l'utiliser après ça, si ? »
Kei se rassit, en partie parce qu'il était irrité, mais surtout pour s'assurer que son arrière-train était protégé de tout assaut soudain de la part de Sho et/ou de la bouteille d'huile. « Pas question », déclara-t-il, frissonnant une fois encore de la consonance infantile de sa voix. « Tu ne mettras ça nulle part près de mon derrière. »
Sho soupira et parla avec patience, comme si Kei était un enfant. « Eh bien, qu'est-ce que tu proposes alors ? »
« Que je serais celui du dessus pour le début. »
« Très bien », répliqua Sho.
A vrai dire, cela l'avantageait, songea le vampire tandis qu'il ajoutait « Et où sont tes préservatifs ? »
Sho rougit à nouveau et admit calmement : « Je n'en ai pas. »
« Quoi ? »
« T'en as toi ? »
« Sho, au cas où tu l'aurais oublié, je suis un vampire. Les vampires ne peuvent pas transmettre de maladies ni mettre de femmes enceintes. »
« Ben alors pourquoi t'en as besoin ? »
« Parce que je ne vais pas lubrifier mes parties basses avec de l'huile de cuisine. »
Sho fit la moue, « Quand es-tu devenu aussi pointilleux ? »
Un silence inconfortable s'ensuivit et, devant le visage déçu de Sho, Kei commença à se sentir coupable.
« Regarde », dit-il aussi diplomatiquement qu'il le put, « Pourquoi est-ce que tu ne vas pas à la pharmacie, pour acheter du lubrifiant et des préservatifs ? »
« Pourquoi tu n'y vas pas ? »
« Parce que si j'y vais pendant le jour, tu n'auras plus rien d'autre à baiser qu'un tas de cendres. »
Sho grimaça et embrassa Kei sur la tête. « Baka. On peut y aller à la tombée de la nuit alors. Il y a une pharmacie en ville qui reste ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre. »
Kei réalisa avec amusement qu'il était embarrassé. Sho n'avait probablement encore jamais rien acheté des objets précédemment cités. Réprimant un sourire en coin, Kei accepta le plan de Sho mais tomba presque à la renverse quand le jeune homme se leva du lit et commença à s'éloigner.
En dépit de leur désaccord, Kei était conscient qu'il était toujours excité. Se tortillant inconfortablement à cette pensée, il rappela Sho : « Qu'est-ce que tu vas faire pendant ce temps ? »
Sho lui jeta un regard par-dessus l'épaule et sourit légèrement. Avec une lueur démoniaque dans l'œil, il suggéra tranquillement : « Pourquoi tu n'irais pas prendre une douche froide ? »
Le reste de l'après-midi sembla durer des siècles, au grand déplaisir de Sho. Il tua le temps dans la pièce principale à regarder la télévision pendant que Kei dormait. Ca avait encore été une marque d'orgueil de ne pas avouer à Kei qu'il était trop embarrassé pour aller à la pharmacie tout seul. C'était vraiment stupide, mais Sho ne pouvait pas s'empêcher de se sentir mal-à-l'aise, et, un peu infantilement, il ne voyait pas pourquoi il devrait y aller seul.
Il avait donc prétendu ne voir aucun inconvénient à attendre, alors qu'il devait fournir de gros efforts pour ne pas sauter sur le vampire. Sho était ravi que Kei lui retourne ses sentiments, et il voulait pouvoir consommer leur nouvelle relation le plus tôt possible. Il se força donc à mettre sa gêne de côté et, quand la nuit fut enfin tombée, il fut rapide à éteindre la télévision et à attraper ses clés.
Kei savait toujours quand il commençait à faire nuit et il se leva quand Sho était en train de mettre ses chaussures.
Il savait qu'il aurait dû être en colère contre lui, puisque Sho l'aurait été si les rôles avaient été inversés, mais Kei était très tolérant, et il l'accueillit avec un baiser qui lui fut joyeusement rendu. Ceci poussa Sho à proposer qu'ils partent.
Cependant, une fois à l'extérieur, Sho, persuadé qu'il allait conduire, resta perplexe quand Kei lui prit les clés des mains et se glissa derrière le volant.
« Qu'est-ce que tu fais ? » demanda-t-il en faisant la moue.
« Je conduis » répondit Kei en se penchant pour déverrouiller la portière du passager.
« Oui, c'est ce que je vois, mais pourquoi ? »
« Parce que tu n'as pas le permis. »
« Toi non plus ! Et ça ne t'avait jamais gêné avant. »
Kei soupira impatiemment. « Ca ne me dérangerait pas normalement, mais est-ce que tu veux vraiment être arrêté la nuit de toutes les nuits ? »
« Non. » Sho fronça les sourcils, toujours devant la portière du conducteur. « Mais qu'est-ce qui te rend sûr qu'on ne sera pas contrôlés si c'est toi qui est derrière le volant ? »
« Parce que quand je conduis, la voiture n'essaye pas de se prendre chaque poubelle du voisinage et on ne finit pas totalement du mauvais côté de la route. »
Sho serra les dents, conscient que Kei avait raison, mais refusant de l'admettre. A la place, il ébouriffa les cheveux de Kei et se força à sourire avant de dire, « Si tu veux autant conduire, tu as juste à le dire. »
Heureusement, le trajet jusqu'à la pharmacie se passa sans heurt. Un peu appréhensif, Sho suivit Kei à l'intérieur, remarquant que l'endroit était, vu l'heure, désert. Même le vendeur était hors de vue.
Il traîna les pieds derrière Kei tandis que le vampire localisait la bonne allée, n'ayant aucunement l'air embarrassé, et Sho l'envia d'être aussi sûr de lui.
« Voilà. » Kei indiqua le rayon devant lequel ils étaient arrivés et Sho lui jeta un regard, les sourcils légèrement froncés.
« Je ne savais pas qu'il y avait autant de sortes », dit-il, prouvant clairement qu'il n'avait jamais acheté de préservatifs auparavant.
Kei leva les yeux au ciel. Il commençait à se sentir mal-à-l'aise, et il espérait, pour son bien, que Sho n'allait pas lui faire une scène.
Voyant qu'il fallait qu'il se débrouille, Sho prit un paquet au hasard puis attrapa un tube de lubrifiant. « Voilà », fit-il, tentant tant bien que mal de dissimuler sa gêne à Kei, « Tu peux y aller avec eux », ajouta-t-il avec un sourire.
Kei haussa un sourcil. « Non », répondit-il brièvement.
« Pourquoi pas ? »
« Parce que… » Kei marqua une pause. « Parce que tu les tiens. »
Il était aussi embarrassé que lui, réalisa Sho, et un sourire démoniaque apparut sur son visage.
« Tu n'es pas gêné, n'est-ce pas, Kei ? » se moqua-t-il légèrement, irritant le vampire qui répliqua vivement.
« Bien sûr que non. »
« Alors… » Sho afficha un rictus et poussa soudainement les articles en question contre la poitrine de Kei. Instantanément, ce dernier leva les mains pour les rattraper avant qu'ils ne tombent sur le sol et Sho ricana. « Prouve-le ! »
« Non. » Kei tenta de les lui rendre mais Sho s'écarta vivement et rit à nouveau.
« Pourquoi pas, Kei ? »
« Parce que, » Kei s'avança vers Sho et lui siffla au visage, «C'est toi qui voulait être seme ! »
« Mais c'est toi qui as insisté pour utiliser des préservatifs et du lubrifiant. »
« Tu as déjà fait l'amour sans lubrifiant ? Ca fait mal… très mal. »
« Lavette. »
« Pédale. »
« Trouillard. »
« Tapette. »
« Tu peux parler. »
« Pleurnicheur. »
« Emo. »
« Toshi ! »
« Eh ! Je sais qu'on est en train de se lancer des insultes, mais ça, c'est bas, même venant de toi. »
« Non », Kei leva les yeux au ciel. « Toshi est là. »
« Où ? » Sho parcourut l'endroit du regard, ses yeux s'écarquillant quand il vit son ami émerger de la pièce à l'arrière du comptoir. « Qu'est-ce qu'il fait là ? »
« Je ne sais pas. » Kei profita de cette opportunité pour fourrer le paquet de préservatifs et le lubrifiant entre les mains de Sho. « Tiens. »
« Quoi ? Pas question ! Je n'y vais pas avec ça maintenant! J'ai ma réputation ! Toshi ne me le laissera jamais oublier. »
Averti de leur présence par l'agitation que ses deux « clients » créaient, Toshi releva les yeux et leur adressa un signe de la main.
« Sho, Kei. Qu'est-ce que vous faites ici ? »
« Kei ! » supplia Sho, et le vampire céda, « Très bien, on va y aller avec un article chacun. Ca aura probablement l'air moins suspect. »
« Génial. » Sho s'accrocha au paquet de préservatifs, laissant à Kei l'article le plus "compromettant" tandis qu'il se dépêchait jusqu'au comptoir. Kei grommela quelque chose dans sa barbe et attrapa un paquet d'aspirine avant de suivre Sho.
« Je ne savais pas que tu travaillais ici », fit nonchalamment Sho tandis qu'il approchait le comptoir.
« Le salaire d'Happy Pizza n'est pas énorme. » répondit Toshi, « Alors je travaille ici le week-end. Où penses-tu que je trouve les drogues ? » ajouta-t-il un ton plus bas.
Sho ne s'était jamais interrogé sur l'endroit d'où venaient les drogues, mais à présent il regrettait amèrement de ne pas s'être posé la question. Il était sûr de rougir en posant le paquet de préservatifs sur le comptoir.
« Et qui est la chanceuse ? » demanda Toshi avec un sourire malin.
« K… Yi-che. » s'étrangla Sho, espérant que Toshi n'avait pas remarqué son dérapage de langue.
Ca ne parut pas être le cas, mais il haussa un sourcil avec surprise. « Est-ce que Son le sait ? »
« Bien sûr que non et ne lui dis pas. Il est assez protecteur, tu sais. »
« Ouais ? » Toshi rit et écrivit le montant sur la boîte, « Eh ben, bonne chance alors. »
« Merci. »
« Profite de ta nuit. » ajouta-t-il avec un clin d'œil tandis qu'il tendait sa monnaie à Sho.
« Ne t'inquiète pas. » sourit Sho, « J'y compte bien. »
Sho s'éloigna du comptoir pour attendre Kei et nota que le blond semblait très mal-à-l'aise en tendant ses articles à Toshi.
Recopiant le prix du lubrifiant, Toshi adressa un regard étonné à Kei.
« C'est pour mes mains. » lança vivement Kei avant de réaliser, avec horreur, que c'était la pire chose à dire. « Je veux dire… mes bagues restent coincées sur mes doigts et le lubrifiant m'aide à les enlever plus facilement. »
C'était le mensonge le plus pathétique que Sho ait jamais entendu, mais il était trop amusé par le visage cramoisi de Kei pour regarder si Toshi y croyait ou pas.
« Je vois. » Toshi n'avait pas vraiment l'air convaincu, mais, au moins, il ne savait pas la vraie raison de leurs achats. « Et l'aspirine ? Tu as une migraine ? »
« Non. » bredouilla Kei tandis qu'il tendait quelques pièces à Toshi, « Mais j'ai le sentiment que je vais en avoir besoin. »
Sans remarquer le regard brûlant que Kei et Sho échangèrent, Toshi leur souhaita à tous deux une bonne soirée.
Kei courut pratiquement jusqu'à la voiture, suivi de près par Sho qui riait hystériquement.
« Pour tes mains ? » s'étouffa-t-il, gagnant un coup à l'arrière de la tête de la part de l'autre, « C'était l'excuse la plus minable que j'ai jamais entendue ! »
« Ah ouais », grogna Kei avec un mécontentement évident, « Et toi ? Toshi peut avoir raté ton dérapage, mais pas moi. Et, au cas où tu l'aurais oublié, je ne suis pas une fille. »
« Je sais », fit Sho sans chercher à dissimuler son sourire en coin, « Mais après ça, tu es ce qu'il y a de mieux. »
« Qu'est-ce que c'est censé signifier, ça ? »
« Oh, ne te fâche pas, Kei » sourit Sho, s'amusant à l'enlacer et l'étreignant fortement, « Même si… tu es sexy quand tu t'énerves. »
« Sho ! » Kei se tortilla rageusement dans ses bras et Sho suivit son regard pour s'apercevoir que Toshi les observait avec incrédulité à travers la fenêtre.
« Allons-y simplement », dit Sho en ouvrant la portière et en s'asseyant à la place du passager.
Kei acquiesça et monta à son tour, prenant un instant pour poser ses achats sur le tableau de bord.
« Tu sais », dit soudainement Sho, « Je ne pense pas que je puisse attendre jusqu'à ce qu'on arrive à la maison. »
« Sho ! » Kei le repoussa sans grand enthousiasme quand la main de Sho se glissa à tâtons entre ses jambes. « Qu'est-ce qui t'arrive d'un coup ? »
« Je ne sais pas », admit-il d'une voix rauque. « Ca doit être de te voir tout énervé. C'est vraiment bandant. »
« Eh bien tu vas devoir attendre », répondit Kei, seulement légèrement irrité, « Toshi nous regarde toujours. »
« Alors dépêche-toi et démarre la voiture. »
Kei soupira devant l'impatience de Sho et mit le contact. L'engin crépita brièvement puis se tut.
« Qu'est-ce qui va pas ? » demanda Sho.
« Je ne sais pas », répondit Kei, fronçant les sourcils en essayant de tourner la clé une nouvelle fois, mais rien ne se passa.
Sho se laissa retomber dans son siège et un soupir frustré lui échappa. « C'est parfait. »
Ignorant le ton légèrement accusateur de la voix de Sho, Kei tourna patiemment la clé une nouvelle fois, sans plus de résultat.
« Quand est-ce que tu as fait le plein la dernière fois ? » demanda-t-il, manquant d'une meilleure explication à cette soudaine panne.
Sho réfléchit pendant quelques minutes, « Il y a quelques jours. J'ai rempli le réservoir. »
« Alors il doit y avoir quelque chose qui ne marche pas. On va devoir marcher pour rentrer et appeler le garage pour qu'ils viennent la prendre demain matin. »
Kei savait qu'ils n'avaient pas utilisé la voiture pour de longs trajets récemment et ne comprenait pas vraiment. Il devint alors conscient que Sho se tortillait inconfortablement à côté de lui, avec une expression appréhensive et coupable sur le visage.
« Kei », commença nerveusement Sho, « Hier après-midi, pendant que tu dormais… Je suis sorti avec la voiture. »
« Sho… » Kei tenta d'avoir l'air moins en colère qu'il ne l'était vraiment. Même si Kei était assez à l'aise avec la conduite de Sho et ce même s'il n'avait ni expérience ni permis, il avait catégoriquement interdit au jeune homme de conduire seul. Il laissait Sho conduire uniquement parce qu'il savait qu'il pouvait compter sur ses réflexes de vampire pour prévenir tout danger dans lequel Sho pourrait les mettre.
« Je sais », répliqua Sho, sur la défensive. « Mais c'était une urgence. Toshi a appelé de son travail. Il a dit que des hommes de Chan le pistaient. Il était trop inquiet pour repartir sur son scooter alors il m'a demandé de venir le prendre. Il avait raison et on a dû prendre un petit détour pour se débarrasser d'eux. J'allais faire le plein aujourd'hui mais… d'autres choses sont arrivées. »
« Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ? » Même si les raisons de Sho étaient bonnes, elles n'aidaient pas Kei à se sentir mieux.
« Parce que… Parce que c'était une belle journée. Tu n'aurais pas pu nous aider et je ne voulais pas te contrarier. »
Un silence gêné s'ensuivit. Sho était fâché contre Kei pour l'avoir forcé à parler des évènements du jour précédent. Aux paroles de Sho, Kei s'était encore une fois rappelé qu'il ne pouvait pas protéger les personnes qui comptaient le plus pour lui durant la journée, et c'était toujours blessant, même s'il aurait dû s'y être habitué depuis longtemps.
« Tu n'as pas à mentir pour épargner mes sentiments, Sho », dit finalement Kei, ce qui ne fit qu'énerver Sho encore plus.
« Je savais que tu serais comme ça si j'en parlais. »
« Comme quoi ? »
« Tout abattu et déprimé. Je déteste te voir comme ça. J'ai toujours peur que… que tu puisses faire quelque chose de stupide. Ce n'est pas comme si le fait que j'ai besoin de toi pouvait te stopper. » Cette dernière partie était plus calme, et Sho détourna le regard après avoir parlé.
« Tu n'as pas besoin de moi » dit légèrement Kei, essayant de dissiper la soudaine et lourde atmosphère qui pesait entre eux.
« Si. Tu es mon monde, Kei », déclara Sho, presque sur la défensive. « Je pourrais mourir pour toi. »
Le vampire gloussa à cette déclaration. « Ca serait inutile. »
« Eh ben, je le ferais », siffla Sho, « Peu importe si c'est utile ou non. »
Mal-à-l'aise à la soudaine gravité de leur discussion, Kei sortit de la voiture et claqua la porte avec un peu plus de force que ce qu'il souhaitait. Il entendit Sho se plaindre du bruit depuis l'intérieur.
« Tu vas où ? » ajouta-t-il tandis que Kei commençait à marcher le long de la rue.
« A la maison. » Le vampire l'appela par-dessus son épaule, « On ne va aller nulle part en restant assis dans la voiture, tu sais. »
Sho rit et ne s'arrêta que pour attraper les clés et verrouiller la voiture avant de se dépêcher derrière son ami.
Les rues de Mallepa étaient dangereuses la nuit, même pour un habitué comme Sho, et Kei insista donc pour qu'ils prennent la route touristique pour retourner à leur appartement. Le trajet leur prit plus d'une heure, et les pieds de Sho le faisaient affreusement souffrir, au point qu'il commence à oublier pourquoi au juste ils étaient sortis.
Il envoya balader ses chaussures et se laissa promptement tomber sur le sofa, laissant à Kei le soin de refermer la porte derrière eux.
Le vampire s'assit alors à côté de lui et un silence gêné s'ensuivit. Quand ils s'étaient embrassés un peu plus tôt, cela avait été sur une impulsion du moment et une progression naturelle après s'être mutuellement avoué leurs sentiments, mais à présent, Sho se sentait hésitant, incertain. Devait-il essayer de reprendre là où ils s'étaient arrêtés où devait-il attendre que Kei fasse le premier geste ?
Une centaine de doutes se déversaient à présent dans l'esprit du jeune homme, le plus proéminent étant « et si Kei a changé d'avis ? » Sho avait horreur de se ridiculiser, surtout devant Kei, et se faire rejeter était quelque chose qu'il ne pourrait pas surmonter.
Cependant, les minutes passaient, et Kei ne faisait aucun geste. Sho jeta un œil à l'expression passive du vampire et soupira intérieurement. Il ne savait pas qui était le plus borné d'entre eux deux. Il se rapprocha un peu de Kei de manière à ce que leurs épaules se touchent, mais même cet acte passa inaperçu.
Irrité, Sho prit quelques minutes de plus pour rassembler assez de courage pour se pencher sur Kei et presser ses lèvres contre les siennes. A son soulagement, Kei répondit et en quelques minutes, Sho avait enjambé sa taille et déposé plusieurs baisers enjoués en descendant sur sa gorge. Il était amusant de constater que le point faible de Kei était en fait son cou, et quand Sho y mettait suffisamment d'attention, il pouvait faire sortir tout un assortiment de petits gémissements de la part de l'habituellement stoïque vampire.
Aussi attrayant qu'il était de rester où ils étaient, quand Kei suggéra qu'ils aillent dans la chambre, Sho fut plus que content d'accepter. Il se leva pour que Kei puisse se lever à son tour et ils étaient presque dans ladite chambre quand Kei dit quelque chose qui fit rater quelques battements au cœur de Sho.
« Tu as emmené le lubrifiant et les préservatifs avec toi ? »
« Non ? » Sho se renfrogna, « Je pensais que tu les avais ? »
« Non », Kei secoua la tête, « C'est toi qui les avait en dernier. »
« Je ne les avais pas ! » Sho grimaça devant la sonorité infantile de sa voix. « Tu les avais ! »
Kei soupira et s'appuya contre le mur. « Je les ai mis dans la voiture. » dit-il, pensant à haute voix, « Mais je t'ai vu retourner les chercher. »
« Non », fit Sho après quelques secondes, « Je suis juste retourné prendre les clés. Je pensais que tu avais tout le reste. »
Kei serra les dents, frustré, de toute évidence aussi irrité contre Sho que Sho l'était lui-même. Il aurait dû s'en être assuré et maintenant… maintenant ils allaient apparemment devoir refaire le chemin en sens inverse.
Soupirant, Sho évalua ce qui l'embêtait le plus, la douleur de ses pieds ou son excitation insatisfaite. La dernière l'emporta et il se releva. « Alors viens. On ferait mieux d'y retourner. »
« Maintenant ? » questionna Kei.
« Oui, maintenant », répliqua Sho, un peu irrité que Kei ne semble pas très enthousiaste devant cette suggestion.
Kei soupira. « Je vais prendre ma veste. »
A suivre...
