Bonjour !

Cela faisait un moment que je n'avais rien publié, et cela faisait un moment aussi que j'avais commencé ce tout petit projet. Je l'ai enfin repris, retravaillé, et le voici.

Il s'agira d'une très courte histoire de trois chapitres. J'espère qu'elle vous plaira autant qu'elle a été plaisante à écrire. Les deux parties suivantes viendront très bientôt, probablement à une semaine d'intervalle chacune.

Je remercie Littleplume pour son avis sur la chose (que j'ai pris comme positif lorsqu'elle s'est plainte de ne pas avoir reçu la troisième partie...).

Bonne lecture !


Partie 1

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Victoire et Teddy avaient toujours entretenu une forte amitié, basée sur une relation d'enfance qui n'avait jamais cessé. Lorsqu'ils étaient ensemble, ils retrouvaient toute la magie de l'innocence qu'ils avaient partagée. Au fil des années, leur personnalité avait évolué ; ils n'étaient plus les enfants qu'ils avaient été autrefois, mais ils vivaient dans un champ de souvenirs magnifiques qui avait fait qu'ils étaient devenus ce qu'ils étaient devenus.

Meilleurs amis.

Leur voyage avait débuté lorsque Teddy avait cinq ans et que son chemin avait croisé celui de Victoire. Du haut de ses trois ans, Victoire avait éteint l'impression de solitude que Teddy ressentait mais ne comprenait pas. Il était constamment entouré d'adultes bienveillants, amusants, attentifs ; mais quand ses yeux se posèrent sur cette petite fille, il fut irrémédiablement attiré vers elle. C'était la seule petite chose de toute l'assemblée qui rassemblait les Weasley et les Potter. Il avait alors tiré la main d'Harry, qui l'avait emmené avec lui au Terrier, et lui avait dit :

— Elle est toute seule aussi, la petite fille. On va la voir ?

Harry avait souri, parce qu'il avait compris le besoin de Teddy de rejoindre sa génération. Mais il avait également souri parce que, l'année précédente, Teddy avait déjà vu Victoire, et qu'il n'avait pas tenu à rester en sa compagnie. Bien au contraire ; il avait fui. Un bébé qui crie, ce n'était pas sa tasse de thé.

Mais dès lors qu'il avait abordé sa nouvelle amie de jeu et qu'elle lui avait souri de ses petites dents blanches, il s'était fait un devoir de lui apprendre la vie. Victoire était ensuite devenue sa complice, son amie, sa protégée. Il lui laissait manger le dernier muffin, il l'emmenait ramasser des coquillages, il lui apprenait à se tenir sur un balai sans tomber. Un jour, il la protégea d'un renard perdu et effrayé. De ce souvenir, elle avait gardé un nœud à l'estomac, et lui, une petite cicatrice sur l'avant-bras gauche.

Leur amitié avait pris un tout autre tournant lorsque Teddy était entré à Poudlard. Les lettres régulières et maladroites qu'ils s'écrivaient les reliaient toujours, mais la distance leur apprit à quel point ils comptaient l'un pour l'autre. Deux années passèrent, durant lesquelles ils se créèrent leur propre vie chacun de leur côté, toujours unis par leurs correspondances.

Puis Victoire aussi entra à Poudlard, et la vie reprit. Et en ce premier septembre, alors qu'ils montaient tous les deux à bord du Poudlard Express, Teddy était prêt à lui apprendre la vie dans cette école qui les avait séparés et qui, maintenant, les réunissait.

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Cinq ans plus tard.

— Vous savez quand on aura les résultats ?

— Aucune idée, Jeoffrey. Quand ils l'auront décidé, répondit Chloe en souriant avec indulgence.

— Je n'arrive pas à m'empêcher de stresser.

— Pareil pour moi, intervint Harry, leur ami aux cheveux cendrés. Je crois que c'est dans nos gênes.

— Ça doit être ça, s'amusa Victoire en se retenant d'éclater de rire.

Leurs BUSE étaient tout juste terminées, et Victoire et ses amis étaient maintenant à bord du Poudlard Express, en route pour les vacances, le repos et le soleil – s'il voulait bien se montrer. Certains, comme Jeoffrey, attendaient la venue de leurs notes avec une impatience maladive, et d'autres, comme Victoire, ne souhaitaient rien de plus que passer du temps, plein de temps, avec leurs amis.

Avec Teddy.

— Vous n'oubliez pas de vous trouver un déguisement pour la semaine prochaine, hein ? leur rappela Chloe. Ce que vous voulez, mais vous venez déguisés.

— Si on vient déguisé en sorcier, ça fonctionne ? lui demanda Jeoffrey avec un sourire contrit.

— Non.

— Et si je me fais une cicatrice sur le front, ça marche ? proposa Harry, l'air innocent.

— Seulement si tu te teins les cheveux en noir, contra Chloe. Allez, les gars, continua-t-elle en réponse à la grimace d'Harry, c'est mon anniversaire ! Je ne vous demande que ça.

— Moi, j'adore l'idée ! s'exclama Victoire. Et j'ai déjà trouvé mon déguisement.

— Laisse-nous deviner. Tu te déguises en princesse ? lança Jeoffrey d'un ton ironique.

— Pas n'importe quelle princesse, s'il te plaît. Je serai la Princesse Key, comme dans Une princesse chez les géants. J'ai toujours adoré ce conte.

— Tout ça parce qu'elle porte une robe bleue et que ça irait bien avec tes yeux, ironisa le jeune homme en levant les yeux au ciel.

Victoire lui adressa un sourire radieux, ignorant parfaitement son sarcasme.

— C'est trop gentil à toi de l'avoir remarqué !

— Je tiens juste à te rappeler que Teddy ne sera pas là, tu t'en souviens ? lui demanda Chloe. Il n'est pas disponible ce soir-là. Donc tu n'auras pas besoin d'être la plus belle.

— Depuis quand est-ce que je ne me mets en valeur que pour Teddy ?

— Depuis que tu es amoureuse de lui ? répliqua son amie de manière rhétorique.

Cependant, quand Victoire l'observa silencieusement, l'air de dire « Où est-ce que tu veux en venir ? », Chloe eut un petit rire.

— Tu as raison. Tu n'as pas besoin de Teddy pour ça.

— En parlant de Teddy, ce n'est pas que je ne vous aime pas – vous savez bien que je vous adore – mais je vais aller faire un petit tour chez les Poufsouffle.

— Amuse-toi bien, répondit simplement Chloe.

— Et si tu croises le chariot à friandises sur ton retour, tu me prends des fondants du chaudron ! réclama Harry, les yeux pétillants.

— Évidemment ! Pour qui me prends-tu ?

Et elle referma la porte, un sourire resplendissant posé sur ses lèvres.

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Dans le couloir du train, quelques élèves étaient éparpillés ici et là, discutaient gaiement, se souhaitaient de bonnes vacances, parlaient des examens, mangeaient des bonbons à la citrouille, profitaient de l'air qui entrait par les fenêtres ouvertes...

Et beaucoup parlaient à Victoire quand elle approchait.

Ce n'était pas vraiment des gens qu'elle aurait appelés ses amis. Elle ne les connaissait pas énormément. Il y en avait même certains dont elle avait oublié le prénom (si un jour elle l'avait su). Mais tous la regardaient, lui souriaient – même si, elle devait se l'avouer, le sourire de certaines filles lui avait toujours paru un peu forcé. En tout cas, elle appréciait l'attention qu'ils lui portaient. Depuis toujours, elle avait adoré être au centre de la vie des autres, être celle à qui on offrait un cadeau en plein milieu du mois d'octobre sans raison, être celle à qui on disait qu'elle avait de beaux cheveux, à qui on demandait conseil, et qu'on pensait être sans défauts.

Évidemment, son attitude suscitait des commentaires de la part de ses amis. Tantôt c'était des moqueries sympathiques, tantôt des critiques plus mordantes, mais qu'elle chassait d'un simple geste de la main. Teddy aussi lui reprochait souvent d'être fausse, d'avoir une apparence de reine, de faire tourner les têtes simplement pour sa propre satisfaction. « Pas étonnant que tant de filles te détestent », lui avait-il dit un jour.

C'était la première fois qu'un reproche l'avait frappée de manière si violente. Elle aimait l'attention, et elle adorait les regards qu'elle récoltait. Mais de là à être confrontée à de la haine ? Sa mine avait dû se décomposer, car Teddy lui avait alors dit, avec un de ses sourires si caractéristiques, qu'elle était bien trop naïve de ne pas l'avoir remarqué, et que c'était adorable.

En fait, celles qui la détestaient, Chloe lui avait expliqué, ne l'aimaient pas pour l'unique raison qu'elle avait tout le monde à ses pieds et qu'elle n'en profitait pas. Par « tout le monde », elle entendait « tous les garçons ». Et c'était vrai ! Elle voyait leurs regards, leurs sourires, et elle les entretenait grâce à l'allégresse qui la définissait. Mais elle ne cherchait jamais rien de plus. Ses histoires d'amour s'étendaient au nombre de zéro, et elle ne comptait pas changer cela avant que Teddy ne la demande en mariage. Tel était son état d'esprit, et ce depuis bien avant qu'elle ne se rende compte qu'elle était vraiment amoureuse de lui.

Alors, à cet instant, dans ce couloir, elle apprécia une fois de plus les mots gentils qu'on lui adressa, elle souhaita de bonnes vacances à ses camarades, et elle répondit aux sourires avec son élégance habituelle.

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— Hé ! Salut, Victoire ! s'exclama un grand brun dès son entrée dans le compartiment. Tu nous avais manqué !

— Tu dis ça comme si c'était ironique, Tim.

— Et alors ? rétorqua ce dernier avec un sourire. Ça l'est peut-être !

— Non, ça, ce n'est pas possible, fit Victoire en allant s'asseoir à côté de Teddy, où un autre garçon lui avait fait de la place. Merci, lui dit-elle.

Près d'elle, son meilleur ami leva les yeux au ciel. C'était tout à fait le genre de remarques qui pourrait passer pour une plaisanterie, mais il savait aussi bien qu'elle qu'il y avait une part de vérité. Victoire était partout, dans toutes les têtes, même dans celles de ses amis.

— Tu es venue pour nous inviter à la soirée de ta copine ? lui demanda un deuxième garçon. C'est pas trop tôt !

— Non, je suis venue parce que j'avais envie de voir Teddy.

Et c'était pour ça qu'il lui pardonnait toujours ses paroles frôlant l'arrogance.

— Pressée d'arriver ? lui demanda-t-il.

— Toujours.

Elle sourit à son meilleur ami, et savoura les picotements qui lui parcoururent le ventre en observant ses prunelles noires. C'était toujours comme ça, quand elle croisait son regard – dans la réalité, tout comme dans ses rêves. Ses cheveux d'un turquoise éblouissant lui donnaient l'air innocent d'un enfant, et formaient un contraste attirant avec ses yeux si profonds, déchirés de l'étincelle amusée qu'elle aimait tant.

Dans ces moments-là, elle n'avait jamais peur qu'il remarque ses sentiments à son égard. S'il y avait un risque qu'il les découvre, il les aurait notés depuis bien longtemps. Non, elle profitait du spectacle et ne demandait de comptes à personne. Et elle se fichait bien de ce que les autres pensaient.

Ses lèvres s'étirèrent encore, puis elle détacha presque à regret son regard de son ami pour s'adresser à celui qui lui avait fait de la place.

— Alors, Alston. Elle commence quand, ta formation ?

— Dans deux semaines, répondit le garçon aux cheveux châtains.

Elle le connaissait mieux que les autres, car il avait été un ami proche de Teddy depuis le début de sa scolarité à Poudlard. Elle l'avait rencontré pour la première fois l'été qui avait précédé sa propre première année, et elle s'était tout de suite prise d'amitié pour lui.

— Tu dois avoir hâte, non ?

— Très hâte. Mais j'ai surtout envie de profiter du peu de vacances que j'ai avant de me plonger au cœur de l'horreur qu'est la formation des Médicomages.

— Au moins, Teddy et toi pourrez vous morfondre à deux de ne plus avoir de vie ! Et vous, continua Victoire en regardant les autres garçons du compartiment, vous pourrez vous moquer d'eux alors que vous aurez tout le temps du monde.

— Hé ! Tu dis ça comme si on allait se tourner les pouces, s'offusqua un grand blond qui s'appelait Vincent.

— Au moins, vous aurez le temps de faire des rencontres, répondit-elle en lui adressant un clin d'œil. Mais ne m'oubliez pas pour autant ! Surtout toi, Teddy Lupin, ajouta-t-elle d'un ton plein de reproches en pointant son doigt vers son meilleur ami.

Le jeune homme en question ne fit que lui sourire, et elle s'autorisa une seconde à se perdre de nouveau dans les abysses sombres de ses yeux. Puis elle reporta son attention sur Alston, sans remarquer le rire moqueur de Tim.

Victoire avait toujours trouvé Alston intéressant. Il était d'un naturel paisible et ouvert, et elle avait des conversations enrichissantes avec lui. Il en connaissait bien plus qu'elle dans bon nombre de domaines, et elle adorait entendre sa version des choses. D'habitude, c'était son immense famille qui lui faisait découvrir des aspects de leur société. Ou bien c'était Teddy, qui lui « apprenait la vie ». Mais Alston lui avait apporté son lot de découvertes.

Victoire voyait pourquoi Teddy et lui étaient amis. Elle l'avait très vite vu, d'ailleurs. Et elle était heureuse que quelqu'un d'un peu moins... voyant soit aux côté de son meilleur ami. Bon, d'accord, quelqu'un de beaucoup moins voyant qu'elle. Cela créait une sorte d'équilibre dans la vie de Teddy. De la discrétion, et de l'exubérance.

Elle aurait pu culpabiliser de lui imposer tant d'animation, mais elle n'y arrivait pas. C'était un peu égoïste de sa part, mais elle n'avait pas peur d'agir comme bon lui semblait. En fait, elle savait que Teddy n'était pas si gêné par l'attention de laquelle il écopait à ses côtés. Il avait appris à vivre avec, car il avait appris à vivre avec Victoire, avec ses longues boucles blondes, ses grands yeux captivants, et ses minuscules tâches de rousseur. Et ses propres cheveux, d'un turquoise immanquable, ne faisaient que confirmer le fait que le regard des autres ne le dérangeait pas outre mesure.

Ou bien c'était ce qu'il voulait lui faire croire.

Dans tous les cas, ce n'était pas son problème.

Victoire resta dans leur compartiment pendant un peu plus d'une heure, durant laquelle elle discuta avec Alston des études qu'il allait faire. Elle passa également un peu de temps à débattre avec les autres sur la question « Faut-il faire du Quidditch pour qu'une fille vous remarque ? », question à laquelle son avis leur importait grandement, et qu'elle finit par mettre de côté d'un simple :

— De toute façon, vous ne mettrez plus jamais un pied à Poudlard, alors où est-ce que vous allez jouer au Quidditch ? Dans les toilettes du ministère ?

Et puis elle se leva, et adora le fait que Teddy lui demande où elle allait. C'était des petits pas-grand-choses comme ça qui lui prouvaient encore et toujours qu'il avait besoin d'elle comme elle avait besoin de lui. Elle allait passer un été entier à pouvoir le voir aussi régulièrement qu'il lui chantait, et malgré ça, elle trouvait nécessaire de passer du temps avec lui avant même que les vacances n'aient réellement commencé.

— Je reviens te voir plus tard, assura-t-elle à Teddy.

Elle fit un geste de la main aux autres et réserva un sourire pour son meilleur ami, avant de disparaître.


Note

Je vous retrouve la semaine prochaine pour la suite !

Bien Padfootement,

-DNP