Note de l'auteur : Bonsoir ! Je vous propose un OS sans prétention avec un thème qui me tient à cœur. Avant toute chose je tiens à préciser que c'est la toute première fois que j'écris sur l'univers TMR. D'ailleurs, j'admets que je n'ai vu que l'adaptation cinématographique mais depuis The Death Cure, j'ai eu envie d'écrire sur Newt.

Disclaimer : Tout appartient à James Dashner évidemment.

Résumé : Newt était discret mais solaire. Newt n'était pas loquace mais il attirait les regards contre son gré. Et avant toute chose, Newt était malade. Il se noyait mais personne ne le réalisait.

Bonne lecture.


Les mains enfoncées dans les poches de sa veste en cuir et le cou rentré dans ses épaules à cause du froid, l'étudiant écoutait son meilleur ami déblatérer sur le groupe d'amis qu'il allait lui faire rencontrer ce soir. Depuis que Minho avait quitté les bancs de l'université pour rentrer dans la vie active, il avait sympathisé avec un bon nombre de jeunes collègues. Newt, lui, n'avait pas encore fini ses études de littérature dans le but de devenir professeur. Ou journaliste, ou éditeur, quelque chose qui lui éviterait le chômage. L'asiatique répéta les noms de ses amis en esquissant de rapides portraits physiques, il retint une certaine Teresa, un Gally, Aris… Le reste lui avait déjà échappé alors il se répétait les trois premiers prénoms. Face à l'enthousiasme de son meilleur ami, un sourire apparut sur le visage de Newt.

« On pourra rentrer avant le dernier métro ? Je dois avancer sur un dossier ce week-end.

- Putain, tu n'y penses pas ? Pour une fois que tu sors de ta tanière ! Ca fait des semaines que je parle de toi à mes collègues. » S'exclama le brun qui face au regard ennuyé de son ami, reprit : « Bon ouais… Ça devrait le faire le dernier métro, ça nous laisse jusqu'à deux heures. »

Le blond vit la concentration sur les traits du coréen, sans doute était-il en train de calculer le nombre d'heure que cela leur laissait. Il était à peine vingt et une heure. L'étudiant croisait les doigts pour qu'ils partent effectivement avant la fin des transports en commun.

« On va où déjà ?

- Un pub, il y a une bonne ambiance et des petits groupes viennent jouer le week-end. »

Newt hocha faiblement la tête, dans ses poches, ses poings se serrèrent mais il était curieux de rencontrer ces fameux collègues dont il n'arrêtait pas d'en entendre parler. Il fallut dix minutes supplémentaires dans le froid de février pour que les deux hommes n'arrivent dans le pub en question. À peine furent-ils entrés que Newt découvrit une décoration irlandaise une décoration légèrement vintage avec des barils de vin en guise de tables sous une lumière tamisée. Il y avait cette odeur de bois et de vieux qui n'était pas pour déplaire à l'étudiant, il ne pouvait pas en dire autant de l'odeur de transpiration. Le lieu n'était pas bondé mais grouillé de jeunes tout juste éméchés et riants.

Il ne put s'empêcher d'analyser le lieu d'un regard rapide tout en suivant de près Minho. Le bar d'un côté, une scène à l'opposé, les toilettes… Le jeune homme se retourna légèrement sur lui-même à la recherche du logo, impossible de le trouver et une moue agacée lui tordit les lèvres.

« Ils sont tous là ! » S'écria son ami en levant la main vers un groupe de jeunes installés un peu à l'écart autour d'un de ces barils massifs.

Un sourire fendit son visage, ce genre de sourire poli, un peu timide lorsqu'il fit face au groupe.

« Salut les gars ! Vous êtes au complet, c'est parfait, je vous présente Newt. Il est un peu bizarre, c'est un littéraire… » Ajouta-t-il, ce qui eut pour effet de faire ricaner l'assemblée.

« Va chier. » Pouffa le concerné en donnant un coup d'épaule à son ami.

Certes, il se retrouvait entouré par des chimistes, il devrait néanmoins pouvoir survivre à cet univers. Il serra la main de chacun, répétant dans sa tête les cinq prénoms : Teresa, Gally, Aris, Brenda, Alby… Puis s'installa, il pouvait déjà sentir une tension naissante envahir son corps, il respira profondément, son sourire était figé.

« On va passer les commandes ? » Proposa l'homme noir et aussitôt Minho se releva, prêt à se diriger vers le bar, « Newt, tu veux quoi ? »

Pris de surprise, le blond regarda un court instant l'homme sans savoir quoi répondre. Constatant de lui-même l'étrangeté de son comportement, il changea de posture et haussa les épaules. Son regard coula vers son ami.

« Comme toi Min'. Je te fais confiance. »

Malgré la désinvolture employée, il n'avait pas du tout confiance. Les autres passèrent leur commande et il s'apprêta à se lever mais l'asiatique l'arrêta.

« Reste, c'est moi qui paie celle-là. »

Et il partit. Newt jeta un regard vif vers le bar, jugeant le monde attroupé qui attendait de passer leur commande. D'un rapide calcul, il estima le temps d'attente à dix minutes et son cœur s'accéléra, il oublia un instant de respirer.

« Alors comme ça, tu étudies la littérature ? » Se fit entendre une voix à côté de lui.

Il reporta son attention sur la jeune brune. Teresa ou Brenda ? Teresa, il lui semblait.

« Ouais, c'est ma dernière année, j'adore étudier les vieux livres d'hommes morts depuis des lustres. » Répondit-il avec humour.

« C'est cool, c'est pour enseigner ?

- Sans doute. À voir les opportunités.

- T'as la foi mec, je suis incapable de lire plus de dix pages. » S'exclama le dénommé Gally.

« Normal, les scientifiques ne savent pas lire et moi je suis incapable de compter. » Répondit-il aussitôt avec son air mutin dont lui seul avait le secret.

La plaisanterie fut bien accueillie, il se demanda s'il devait développer le sujet. Il était certain que parler de littérature serait particulièrement ennuyeux. Avec un intérêt feint, il les questionna à propos de leur travail de laborantins, posant de multiples questions pour alimenter la discussion alors qu'il ne comprenait rien aux procédés d'analyses et autres joyeusetés de la chimie. Il se sentait idiot. Discrètement, il jetait des regards vers le bar, ça avançait. Bien trop lentement malheureusement. Il passa ses doigts dans la poche de son jeans et sentit un petit tube, sa présence le rassurait. Un peu.

L'échange se tarit, et, nerveusement, il fit mine de s'intéresser à son téléphone. Fort heureusement, le groupe de collègues aborda un sujet qui ne concernait qu'eux. La tension dans son dos s'accentua. Vingt et une heures trente. Le temps passait avec une lenteur affligeante.

« Alors !.. »

Newt sursauta à l'éclat de voix, Minho était enfin là avec des pintes de bière entre les mains tandis qu'Alby avait une série de shots. Lorsque la pinte fut posée devant lui, il fut reconnaissant que cela ne soit que de la bière. Il n'aurait pas supporté un alcool fort. Pourtant il avait joué à la roulette russe en voulant copier son ami.

Les échanges reprirent avec entrain. Newt parlait peu mais s'attirait la sympathie de tous par ses remarques tantôt distrayantes tantôt bien senties lorsque le coréen le chamaillait trop à son goût. Et, au moment où Brenda fit remarquer que le blond était « tout mignon », il ne put s'empêcher de rougir d'embarras. Il avait la désagréable impression d'être la coqueluche de la soirée. Pour cacher sa gêne, Newt plongeait son nez dans sa bière prenant un grand soin de la siroter lentement alors que les autres avaient débuté leur seconde consommation.

Il savait que prendre de l'alcool était une terrible idée, qu'il ne devrait pas boire même s'il tenait plutôt bien habituellement. De plus, on lui avait souvent dit qu'il avait l'alcool joyeux, et c'était le cas, alors c'était une bonne raison d'aller à l'encontre des règles. Juste pour rendre la soirée moins pénible.

À peine sa pensée fut-elle formulée que la culpabilité frappa le jeune littéraire. Pourtant il était avec son meilleur ami et une bande d'amis assurément agréables et sans prise de tête. Cependant, tout était sujet à devenir une prise de tête pour Newt. Il se sentait complètement détraqué et l'alcool commençait déjà à lui monter alors qu'il n'avait bu que la moitié. Boire n'était pas une bonne idée. Mais l'aspect grisant de la boisson, cette sensation de bien-être, bien que minime, le poussait à siroter encore et encore la bière. Il jouait au con, il devrait tout simplement poser son verre et l'abandonner pour de bon. Il aurait dû commander un jus de fruit. Le bar en vendait-il seulement ? Il se fit la réflexion qu'il aurait dû mieux regarder le tableau des boissons à l'entrée pour être sûr qu'il en vendait. D'un autre côté, Newt réalisait qu'il aurait été stupide de commander un jus de fruit. Qui en demandait dans un pub un samedi soir ? Alors il but une nouvelle gorgée de sa bière. Pourquoi devait-il s'appesantir sur chaque détail insignifiant ?

La tension de son corps devenait douloureuse mais il rit joyeusement à une blague de Gally. Au même moment, le groupe sur scène changea pour laisser place à quatre très jeunes adultes et du rock s'éleva dans la salle. Charmés, plusieurs consommateurs s'approchèrent de la scène, verre à la main, se dandinant gentiment. Perdu dans les mouvements de la salle, il ne vit pas les autres se lever.

« Tu viens ? »

Il secoua la tête, les deux jeunes femmes insistèrent mais il tint bon. Il était tout bonnement hors de question qu'il aille dans la foule pour réaliser trois pas gauches. Le jeune homme soupira longuement et regarda son téléphone. Vingt-trois heures cinq. Il était à la moitié de la soirée par chance.

Il écouta la musique dans son coin, le principal était que Minho s'amuse et que ses amis ne lui disent pas qu'il était bizarre. Alors qu'il allait porter une nouvelle fois son verre à ses lèvres, il fut pris d'une soudaine angoisse. Il reposa aussitôt l'alcool et se fit la réflexion qu'il commençait à avoir envie d'aller aux toilettes. Les toilettes qu'il n'avait pas préalablement repérées. Son regard parcouru hâtivement le pub, sans succès.

« Putain, il y a forcément des toilettes de merde ici. »

Il était dans un pub. Forcément qu'il y avait des toilettes. Deux options s'offraient à lui : demander au barman où elles se trouvaient comme n'importe quelle personne raisonnable ou même bourrée. Cette idée fit accélérer douloureusement son cœur. Ou, alors, il pouvait délaisser définitivement sa bière pour ne pas empirer son envie et attendre de rentrer chez lui. C'était insensé. Il le savait, mais il opta pour cette solution même si celle-ci impliquait d'attendre trois heures.

Pour se changer les idées, il sortit son téléphone et commença à jouer sans parvenir à se concentrer. Et, après vingt minutes, il dut se rendre à l'évidence que son projet était irréalisable. Un tremblement le saisit brusquement et, désabusé, il se passa une main dans ses cheveux.

Il pouvait le faire. N'importe qui le ferait à sa place. Il n'y avait rien de honteux à demander ce genre d'information. Il essaya de s'en convaincre durant cinq minutes.

« J'vais pisser ! » Cria quelqu'un à deux tables de lui.

Jamais Newt ne parviendrait à décrire la joie qu'il ressentait face à ces coïncidences qu'il bénissait. Il dut se contrôler pour ne pas bondir sur ses pieds et suivre l'homme à la trace. À la place, il le suivit durement du regard, ne clignant pas les yeux pour être certain que l'inconnu ne disparaisse pas de son champ de vision. Il devait avoir l'air d'un fou. Il n'en était pas loin. Il vit l'homme emprunter un escalier et disparaître au sous-sol et l'étudiant se fustigea de ne pas avoir songé à cette possibilité.

Il attendit que l'inconnu remonte afin d'emprunter le même chemin, et si ce n'était pas les toilettes ? Et si c'était une erreur ? Toutes ces craintes l'épuisaient au plus haut point. À un tel point que lorsqu'il découvrit les sanitaires, il se permit de s'affaler sur la cuvette et se prendre la tête entre les mains. Il voulait tout bonnement rentrer chez lui. Mais sa conscience venait lui rappeler qu'il annulait assez souvent les invitations de Minho, il ne pouvait pas rentrer en douce. Il se disait alors qu'il ne méritait pas l'asiatique. Minho était absolument… vivant. À côté de lui, il était insignifiant. Une sorte de sanglot muet agita son corps. Il avait juste besoin d'une pause, seulement quelques minutes afin de se ressaisir.

Newt s'était aspergé le visage d'eau avant de remonter, le miroir lui avait renvoyé une image terne de son visage fatigué. Au rez-de-chaussée, le groupe de rock jouait toujours à la grande satisfaction des clients, il aperçut Minho chahuter avec Aris et Gally, et malgré la distance, le blond devinait les éclats de rire des hommes.

Au lieu de les rejoindre, il voulut simplement retrouver la table et finir sa bière maintenant que sa vessie était vidée. Ce fut à cet instant qu'il vit un inconnu, affalé contre la banquette délaissée. L'étudiant eut un moment d'arrêt avant de s'avancer, à son approche, l'homme tourna la tête dans sa direction. Et face à l'expression perplexe du blond, il sembla réagir.

« C'est ta table ? Désolé il y a du monde. Je peux rester quelques minutes ? »

La voix était enjouée, chaleureuse comme le sourire de l'homme brun qui devait avoir son âge. Déconcerté, Newt hocha la tête, s'installa et se saisit rapidement de sa bière. Il vida presque la moitié restante d'un coup.

« Mauvaise soirée ? Thomas. »

L'étudiant observa la main tendue et s'en saisit.

« Newt. La soirée s'éternise, on fait avec. Et toi ?

- J'assiste à la prestation de mes amis. » Répondit-il en faisant un signe vers la scène.

« Tu ne joues pas, toi ?

- Nan, j'écris certaines de leurs chansons mais il ne faut pas me demander plus.

- Plus littéraire que musicien alors ? » Constata Newt avec un sourire engageant.

Un sourire qui galvanisa l'inconnu qui commença à déblatérer sur l'écriture et sur la musique. Newt s'épatait souvent de paraître si social alors que ce n'était qu'une illusion et qu'il souhaitait seulement s'enfuir loin. Comment arrivait-il à duper les gens alors qu'il s'acharnait à se gratter jusqu'au sang ses mains posées sur ses genoux ? Sa posture semblait décontractée alors qu'il se focalisait sur le mouvement répétitif de ses ongles contre sa peau rougie.

Newt avait l'impression que son cœur allait exploser. Il gratta davantage, juste un peu plus pour oublier son stress. À côté, Thomas ne remarqua rien, continuant de parler avec énergie.

Lorsqu'il jeta un rapide coup d'œil vers ses mains, il constata qu'il était parvenu à retirer la couche supérieure de la peau sur un peu plus d'un centimètre. Il continua compulsivement avant de se rappeler de la présence du tube dans sa poche. Alors qu'il répondait à une question que lui posait Thomas, le tube lui échappa de la main et tomba par terre.

« Fait chier ! » Grogna le blond en se courbant pour le rechercher.

« Attends, je le vois. »

Le jeune homme tendit le bras et s'en saisit, en se redressant, il examina le tube. À côté, Newt retenait sa respiration. Il vit les yeux marrons de son interlocuteur dévier sur lui, Newt pressentit le jugement. Il attrapa brusquement les médicaments sans un remerciement et sortit du tube l'un des cachets qu'il avala avec son restant de bière sous le regard interloqué du brun.

« Tu ne devrais pas prendre ça avec de l'alcool.

- Sans déconner ? » Répondit l'étudiant avec acidité.

Toute bonne humeur factice avait disparu au profit de l'irritabilité. Personne ne dit un mot et Newt se sentit cruellement jugé. Jugé parce qu'il prenait des Xanax et que cet inconnu avait découvert son secret. Dans l'imaginaire collectif, seuls les fous en prenaient. Le Xanax était sa porte de sortie face à ses peurs irrationnelles.

Thomas se leva sans un mot et s'éloigna de la table. Newt ne savait pas s'il devait se sentir soulagé ou affligé. Ses peurs étaient imaginaires pourtant la douleur cardiaque d'un cœur battant bien trop vite était bien réelle. Son souffle se faisait court, et face à l'incapacité de contrôler son propre corps, il paniqua. Bien qu'habitué, les sensations vacillaient entre une sensation d'étouffement et celle d'une crise cardiaque. La douleur était cruellement réelle.

Son corps fut secoué de spasmes. Le besoin de sortir se faisait vital mais il n'avait plus confiance en ses jambes qu'il sentait à peine, trop engourdies. Tout comme il ne sentait plus la douleur de sa main alors qu'une goutte de sang perlait de sa griffure.

Newt continuait de gratter la plaie, car, bon dieu, il préférait nettement se concentrer sur cette douleur-là à la place de celle qui envahissait son torse. Qu'importe la force qu'il mettait à se charcuter la peau, il ne sentait pas la douleur. À ce rythme, il était persuadé qu'il allait mourir dans ce pub irlandais à la vue de tous.

Il sursauta violemment lorsqu'une main se posa sur son épaule. Et, à travers les brumes de son cerveau en alerte, il mit trois secondes à comprendre que Thomas se tenait là.

« On bouge.

- Quoi ?

- On va dehors. »

Et sans lui laisser le choix, il lui mit entre les mains une bouteille orange. Newt ne chercha même pas à comprendre de quoi il s'agissait, Thomas l'empoignait déjà fermement par le bras et l'entraînait à travers les clients éméchés.

À peine fut-il dehors que l'air froid le claqua, il respira subitement comme s'il échappait à une apnée interminable. La brise glaciale contre l'atmosphère échauffée du pub provoqua un énorme bien être après ces heures passées à angoisser. Thomas l'amena jusqu'à la marche de l'immeuble qui collait le pub et s'y assit, le blond l'imita sans un mot. Il se sentait tellement fatigué. Ce fut seulement à cet instant qu'il jeta un œil sur la bouteille qu'il tenait, un jus d'orange.

« Santé. » Fit le brun en tendant sa propre bouteille de jus.

Newt vint entrechoquer les bouteilles et but une longue gorgée. Même s'il parvenait à présent à respirer, son cœur restait assurément douloureux. Les deux hommes burent en silence, regardant vaguement les quelques voitures passant dans la rue.

« J'ai arrêté de boire après mon traitement. » Annonça subitement Thomas.

Newt fronça des sourcils, n'osant porter ses yeux sur lui.

« Des antidépresseur, il y a deux ans. »

Cette fois l'étudiant le regarda pour de bon, surpris d'entendre un inconnu parler d'un tel sujet. D'autant plus que ce Thomas lui avait donné l'impression de faire partie de ces gens extravertis. Un peu comme Minho.

« Ça dure depuis longtemps ton anxiété ? »

Anxiété. A ce mot, Newt enfonça ses ongles dans sa paume.

« Tu ne devrais pas faire ça…

- C'est bon, je ne me scarifie pas.

- Ce sera l'étape suivante. » Répliqua Thomas, implacable.

Et subitement, Newt sentit la main de l'homme recouvrir la sienne. Il l'examinait sous toutes les coutures, s'attardait sur les griffures boursoufflées et suintantes. Newt frissonna tant à cause du contact que par l'idée d'être pris en faute. L'emprise sur sa main se renforça et le blond grimaça. Maintenant que ses angoisses avaient diminué, il ressentait la douleur de ses mutilations.

« Ça fait quelques années que j'ai de l'anxiété mais depuis quelques mois ça empire. Je ne veux pas que ça devienne une phobie sociale. »

Le brun ne dit rien mais il eut l'impression qu'il le comprenait.

« Tu as fait comment pour t'en sortir ?

- J'ai osé en parler à mes amis, j'ai été suivi. Ça a mis le temps qu'il fallait…

- Je n'ai pas envie d'emmerder mes amis avec ça.

- Je peux t'écouter, si tu veux. »

Un « pourquoi ? » faillit franchir ses lèvres alors qu'il regardait l'homme avec effarement. Le visage de Thomas était étrangement sérieux, attentif. Et puis, il y avait cette main collée à la sienne aussi.

« Pourquoi ?

- Tu… Et bien, tu me plais ? » Formula l'homme sans pouvoir contrôler un rire penaud.

« Je ne suis pas… » Commença Newt, les yeux agrandis de surprise.

Il ne retira pas pour autant sa main, une question envahit son esprit. Non pas pourquoi un homme venait vers lui, mais comment quelqu'un pouvait le trouvait suffisamment intéressant alors qu'il se sentait insignifiant ?

« Dommage… Mais mon offre tient toujours si tu as besoin. Je te laisse mon numéro ? »

Newt restait obsédé par sa propre question si bien qu'il manqua celle de Thomas.

« Pardon ? Désolé.

- Je te laisse mon numéro ? » Répéta-t-il patiemment, « Tu me contactes seulement si tu le souhaites. »

Le cœur de l'étudiant s'emballa à nouveau mais pour une toute autre raison cette fois. Lentement, il sortit son téléphone de sa poche et le déverrouilla.

« Je peux m'en charger ? »

Reconnaissant, Newt tendit son téléphone. Il se sentait tellement fatigué qu'il était persuadé qu'il ferait une faute de frappe et cette perspective l'aurait angoissé comme toutes les petites choses de son quotidien. Il devait toujours imaginer le pire.

Thomas rendit son téléphone. Ils commencèrent à parler de tout et de rien et Newt se détendit tant grâce au Xanax qu'il avait avalé vingt minutes plus tôt que par la présence de l'homme à ses côtés. Cette fois, il ne se sentait pas jugé, sans doute contacterait-il Thomas après quelques jours de débats intérieurs. À l'heure actuelle, il profitait de ces quelques minutes de calme. Minute par minute. C'était sa minuscule victoire du jour sur son anxiété.

Alors qu'un éclat de rire s'échappait de sa gorge, Newt se promit de contacter Thomas, et, pourquoi pas, lui proposer un verre de jus de fruit.


Vous l'aurez compris, ce OS se consacre sur l'anxiété, une maladie particulièrement handicapante dans le quotidien. Ici l'anxiété de Newt tend vers la phobie sociale et donc vers une peur irrationnelle et incontrôlée. Le Xanax est un anxiolytique, soit un médicament qui modère les effets de l'anxiété. Il s'agit d'une aide précieuse mais en cas d'anxiété puissante, n'hésitez pas à consulter un spécialiste.

Merci et au plaisir de lire vos retours !