Salut, salut, je suis ravie de vous présenter ma toute première histoire sur The 100 qui sera en réalité un two-shot. Cette première partie traînait depuis quelques temps dans mes dossiers et je me suis dit qu'il était enfin temps de lui offrir un petit quart d'heure de gloire, ahaah. Comme beaucoup d'entre vous, le virus Bellarke m'a touché en plein coeur, je suis beaucoup trop faible face à eux... Trêve de bavardages, je vous souhaite une bien bonne lecture !
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Disclaimer : Tout ce beau petit monde appartient à Kass Morgan.
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LES PIEDS DANS LA BOUE
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« The only time I feel alright is by your side. »
The Kinks, All Day and All of the Night
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Clarke Griffin se tournait encore et encore dans son lit, incapable de trouver un sommeil paisible. C'était son quotidien depuis qu'ils avaient débarqué sur Terre, elle n'avait eu aucun moment de répit, aussi bien le jour que la nuit. La jeune femme poussa un gémissement plaintif avant de changer une nouvelle fois de position. Comme à son habitude, elle ne rêvait pas, elle subissait ses songes. Parfois, elle voyait sa mère activer elle-même le levier pour éjecter son père dans l'espace alors que d'autres fois, Wells venait la hanter, lui crachant qu'il était mort par sa faute, quand bien même c'était faux. Cette nuit-là, il s'agissait d'un tout nouveau cauchemar. Les Cents avançaient vers elle, d'un pas menaçant, tous, sans exception, même les défunts. Pourtant, elle était tout bonnement incapable de déterminer qui était qui, tout se mélangeait dans sa tête et il semblait qu'elle n'était pas capable de voir plus loin que le bout de son nez. Clarke recula jusqu'à ce que le talon de son pied droit ne se retrouve dans le vide, faisant rouler quelques pierres. Un éclair de panique passa dans son regard lorsqu'elle se rendit compte qu'un profond gouffre s'ouvrait derrière elle. Elle reporta son attention sur les Cents, les dévisageant un à un, toujours sans réussir à les reconnaître. Une sorte de brume enveloppait leurs visages. Puis, une frêle silhouette se détacha du groupe. Clarke plissa les yeux, tentant de mettre un nom sur cette personne avant que ces derniers ne s'écarquillent. Charlotte. C'était la petite Charlotte qui était morte ici-même, ça lui revenait, maintenant. La gamine s'arrêta et leva le bras dans sa direction.
« Saute, murmura-t-elle. »
La jeune femme fronça les sourcils.
« Saute, répéta-t-elle cette fois-ci en haussant le ton et avec plus de conviction. »
Puis, comme une traînée de poudre, le mot se propagea dans les rangs des adolescents. Clarke pressa ses mains contre ses oreilles tout en s'agenouillant, mais le bruit parvenait toujours à s'immiscer en elle.
« Arrêtez… Arrêtez ! hurla-t-elle en fermant les yeux tandis que de chaudes larmes commençaient à dévorer ses joues. »
Saute, saute, saute, le mot vibrait dans tout son corps, lui filant une chair de poule sans nom. Néanmoins, elle rassembla suffisamment de courage pour ouvrir les yeux et ce qu'elle vit la fit sursauter. Charlotte se trouvait à moins d'un mètre d'elle, à quatre pattes, son regard vide la dévisageant sans honte. Elle s'arrêta à une dizaine de centimètres d'elle puis, sans crier gare, la poussa dans le vide. Clarke tendit les bras pour se rattraper à n'importe quoi, mais seul l'air lui glissa entre les doigts. Comme dans un mauvais film, elle se sentit partir en arrière au ralenti, incapable de faire quoique ce soit pour sauver sa peau. La chute fut longue, interminable et alors que son corps allait se disloquer en touchant le sol, un torrent d'eau s'abattit sur elle, la faisant ouvrir grands les yeux.
Dans son lit, la jeune femme prit plusieurs profondes inspirations, tentant de calmer son rythme cardiaque.
« Ce n'était qu'un rêve, chuchota-t-elle en essuyant la sueur qui perlait de son front. »
Elle était tout bonnement trempée, des pieds à la tête, et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que quelque chose clochait. C'est alors qu'un éclair transperça le ciel, rapidement suivi d'un coup de tonnerre. Clarke leva la tête et se rendit compte que le haut de sa tente avait tout simplement cédé, d'où la douche qu'elle s'était prise en plein cauchemar. Elle secoua légèrement la tête afin de retrouver rapidement ses esprits puis quitta son lit. A peine eût-elle mis les pieds à terre qu'un cri de surprise s'échappa de ses lèvres. Merde, le sol terreux s'était transformé en gadoue et elle s'y était enfoncée jusqu'aux genoux. Tant bien que mal, elle tenta de s'extirper de la boue afin de quitter sa tente, mais c'était peine perdue, tant l'effet de succion était fort. Un nouveau coup de tonnerre retentit et l'entrée de sa chambre s'ouvrit.
« Clarke, tout va-… Putain d'merde ! jura le nouveau venu. »
Ni une, ni deux, Bellamy Blake vint s'empêtrer avec elle dans la boue pour la faire sortir de là. Il lui tendit une main qu'elle attrapa sans hésiter puis, concentrant toutes les forces qu'il lui restait, il réussit à la faire avancer jusqu'à lui. La sortie ne se trouvait qu'à deux mètres de là et pourtant, ils eurent toutes les peines du monde à progresser. La pluie continuait de s'abattre à travers le trou béant de sa tente, rendant le sol de moins en moins praticable. Malgré l'orage qui faisait rage dehors, Clarke entendit une certaine agitation devant l'entrée qui la fit relever la tête.
« Donne-nous ta main ! »
Octavia Black serra de toutes ses forces le bras gauche de la blondinette tandis que Jasper s'occupait de l'autre. Bellamy, quant à lui, posa ses mains sur sa taille et l'effort combiné des trois la fit sortir de sa tente en titubant. Une violente bourrasque de vent souleva ses cheveux déjà bien emmêlés dans tous les sens alors qu'un frisson lui parcourait l'échine. Vêtue uniquement d'un tee-shirt ample lui arrivant mi-cuisse ainsi que d'un pantacourt s'arrêtant au niveau de ses genoux, Clarke grelottait littéralement de froid. Une veste vint alors se poser sur ses épaules et elle croisa le regard fatigué de Bellamy.
« Tu vas bien ? s'enquit de demander Octavia en agrippant son bras. »
Elle était exténuée, pas encore remis de son nouveau cauchemar et pour couronner le tout, elle était frigorifiée alors, non, elle n'était pas exactement en pleine forme.
« Oui, acquiesça-t-elle néanmoins. »
Durant un instant, elle pensa les avoir réveillée puis, elle se souvint que ces trois-là devaient certainement être de garde cette nuit-là. La main de Bellamy exerça une légère pression sur le bas de son dos afin de l'inciter à se diriger vers sa propre tente. Tandis qu'elle franchissait cette dernière, elle resserra les pans de sa veste.
« Sèche-toi, ordonna-t-il en lui jetant une serviette qu'elle rattrapa in-extremis. »
Elle ne se le fit pas redire une seconde fois et entama d'essuyer toutes les parties nues de son corps pour terminer par sa chevelure blonde. Cette alors qu'une pensée lui traversa l'esprit alors qu'elle se tournait vers Bellamy.
« Et mes affaires ? questionna-t-elle, avant de jeter la serviette sur le lit, sans ménagement. »
Clarke comptait de nouveau affronter la pluie lorsque le brun lui barra la route. Faisant un pas sur le côté pour le contourner, elle fronça les sourcils quand il se mit, une nouvelle fois, sur son chemin.
« Qu'est-ce que tu fiches ? Pousse-toi de là, il faut que j'aille sauver ce qui peut être sauvé !
- On descend d'un ton, princesse, c'est pas non plus la fin du monde et je doute qu'il y ait quelque chose à sauver.
- Mais-…
- Tais-toi, la coupa-t-il rapidement. J'm'en charge, et toi, tu vas aller te recoucher. (Elle allait protester, mais il la devança, encore une fois.) Ça fait plus de vingt-quatre heures que tu n'as pas dormi et j'aimerais mieux t'avoir en pleine forme demain si j'me prenais une flèche venant des Natifs. »
Il avait terminé sa phrase avec un léger sourire entendu, et Clarke ne put s'empêcher de penser que ce n'était pas un sujet sur lequel elle aimait plaisanter. Les Natifs, les mutations génétiques qui gambadaient dans les bois, les pièges, le soupçon de guerre qui planait au-dessus d'eux… Non, ce n'était clairement pas le genre de chose avec lequel elle plaisantait. Bellamy avait déjà disparu lorsqu'elle revint sur Terre. Elle entendait toujours la pluie qui s'abattait contre la tonnelle de la tente, parfois un coup de tonnerre, mais aucune fuite d'eau n'était à déclarer. Elle soupira. Bon Dieu, c'était bien sa veine d'être tirée de son sommeil de la sorte, surtout qu'elle avait l'impression d'être encore plus fatiguée que lorsqu'elle s'était couchée. Avec la serviette qui commençait à s'humidifier, la jeune femme se sécha une nouvelle fois les cheveux avant de les regrouper en un chignon bâclé. Puis, alors qu'elle allait ôter son tee-shirt trempé, une pointe d'hésitation l'envahit. Pouvait-elle vraiment se déshabiller de la sorte, alors que ce n'était pas sa tente, ni son lit et qu'elle n'avait aucun rechange ? Mais elle avait froid, terriblement froid, le tissu collait à sa peau et une bonne grippe l'attendait si elle envisageait de rester ne serait-ce qu'une heure de plus avec. Sans grande gêne, Clarke enleva donc son haut, s'essuya rapidement, puis enfila le premier tee-shirt de Bellamy qu'elle trouva. Il n'y avait pas de quoi en faire tout un plat, non plus. Par contre, elle garda son short qui avait été miraculeusement épargné de la moindre goutte d'eau. Elle bailla tout en s'étirant avant de se glisser sous les couvertures froides, frissonnante. Si sa mémoire était bonne, le tour de garde de Bellamy se terminait peu avant l'aube. L'esprit embrumé, elle jugea bon de ne pas s'étaler au milieu du lit et se recroquevilla dans un coin. Sa tente, ses affaires… Plus tard, pensa-t-elle. Laissez-moi savourer cette nuit avant de m'occuper des nouveaux problèmes.
Clarke ne fit pas de cauchemars par la suite. Elle ne rêva même pas, sans doute était-elle trop épuisée pour que son cerveau puisse faire autre chose que se reposer. Les premiers rayons du soleil vinrent lui chatouiller le visage à travers la toile de tente. Il devait être six heures et demi, sept heures tout au plus, mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, la jeune femme se sentit directement d'attaque pour dévorer cette journée. Puis, les éléments de la nuit dernière la frappa de plein fouets et elle enfouit son visage dans ses mains. Elle poussa une longue plainte gutturale en pensant à ce qui l'attendait.
« Ferme-la, Griffin. »
A l'entente de cette voix si grave, Clarke se figea. Un détail -pas si petit que ça- qu'elle semblait avoir oublié lui revint en mémoire : elle se trouvait tout bonnement dans le lit de Bellamy. Elle se retourna dans ce dernier, mais ne trouva que du vide à côté d'elle.
« Bellamy ? appela-t-elle, un poil hésitante.
- Parterre, répondit celui-ci, d'une voix monocorde. »
La blondinette passa sa tête par-dessus le rebord du lit pour y découvrir son co-leader allongé à même le sol, son avant-bras reposant sur ses yeux. Automatiquement, elle fronça les sourcils.
« Pourquoi tu as dormi là ? questionna-t-elle, un peu stupidement.
- Parce que mon lit était occupé, peut-être ? rétorqua-t-il en étant quelque peu agressif. »
Visiblement, il n'était pas du matin et Clarke se mordit la lèvre inférieure. Merde, pourquoi étaient-ils incapables de tenir une conversation civilisée sans se sauter à la gorge ? Tandis qu'elle écartait les couvertures de son corps pour se mettre en position assise, la jeune femme le remercia pour cette nuit. Elle descendit du lit en faisant bien attention de ne pas l'écraser alors qu'il marmonnait des paroles totalement incompréhensibles. Clarke n'y prêta pas plus attention que ça, quittant déjà sa tente. Le camp commençait à émerger petit à petit, même si plus de la moitié des adolescents dormaient toujours profondément. L'air était frais, il lui mordait la peau nue de ses bras et de ses jambes. Sous ses pieds nus, elle sentait l'étrange texture boueuse du sol, tandis qu'elle se dirigeait vers sa tente. Plus elle approchait, plus son visage se décomposait.
« Ouah..., souffla-t-elle, plus dépitée qu'elle ne l'aurait imaginé. »
Tout le haut de la toile avait été déchiré alors que le côté droit de la structure s'était affaissée. Le bras tendu, elle écarta l'entrée de sa tente et y pénétra. Le sol avait déjà commençait à durcir, mais elle s'y enfonçait toujours jusqu'aux chevilles. La jeune femme laissa glisser ses doigts sur son matelas trempé avant d'attraper sa couverture pour l'essorer. Un long filet d'eau éclaboussa ses jambes, la faisant grimacer. Génial, ce n'était certainement pas ce soir qu'elle retrouverait son lit. Elle la reposa sur son lit puis avança jusqu'à son bureau de fortune. Avec précaution, elle ouvrit la pochette où elle avait pris l'habitude d'y glisser les quelques esquisses qu'elle avait eu le temps de faire depuis son arrivée sur Terre, durant ses rares moments de répit. Il n'y en avait pas beaucoup, six tout au plus, il lui semblait, et ils étaient tous irrécupérables. L'encre avait bavé et de larges auréoles jaunes ornaient les feuilles. Clarke ne put s'empêcher de ressentir un immense désappointement, doublé d'une pointe de tristesse. Bordel, des heures et des heures à capturer la beauté de la nature pour arriver à ce résultat-là. Instinctivement, elle porta sa main à son poignet. Heureusement que la montre de son père ne s'était pas retrouvée ensevelie sous la boue. Ça, elle n'aurait pas été sûre de s'en remettre facilement. Ou même de s'en remettre tout court.
« Eh, Cla-... Oh bordel, s'exclama le nouvel arrivant. »
A l'entente de cette voix, la jeune femme ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.
« Qu'est-ce que tu veux, Finn ? Demanda-t-elle sans même prendre la peine de se retourner.
- Je... J'ai entendu que tu avais eu un souci avec ta tente et je venais t'aider, en fait. »
Elle se mordit la lèvre inférieure. Putain, s'il ne lui avait pas brisé le cœur, elle aurait trouvé cela complètement adorable, elle aurait même fondu sur place. Mais maintenant, la moindre de ses interventions l'exaspéraient, elle ressentait toujours ce besoin de contester toutes ses décisions, de lui faire autant de mal qu'il lui en avait fait. Finalement elle pivota sur elle-même pour lui faire face, prête à l'affronter.
« Je n'ai pas besoin d'aide, merci bien, trancha-t-elle d'un ton cassant.
- Tu ne vas tout de même pas sortir ton matelas toute seule, Clarke, tu le sais autant que moi que tu n'y arriveras pas. »
Lorsqu'il prononça son prénom, la blondinette se revit dans le bunker. Elle se remémora ses mains effleurant maladroitement sa peau, ses hanches, sa poitrine. Elle se souvint de la manière dont il lui chuchotait son prénom à l'oreille, l'effet que cela lui faisait, un effet bien différent d'aujourd'hui. Elle eut une violente nausée en se rappelant de l'idiote qu'elle avait été.
« En réalité, Bellamy s'est déjà proposé et j'ai accepté, rétorqua-t-elle. »
C'était faux. Elle aurait pu citer n'importe quel autre adolescent du camp, mais durant les quelques secondes de réflexion qui avaient précédé sa réponse, elle avait consciencieusement recherché celui qui lui ferait le plus mal. Visiblement, elle avait vu juste, puisqu'elle put observer la ligne de sa mâchoire se contracter.
« Blake est loin d'être un type bien, siffla-t-il entre ses dents. »
Clarke posa une main sur sa hanche.
« Je n'ai pas besoin d'un type bien pour m'aider.
- Tu es en train de devenir comme lui, ne put-il s'empêcher d'ajouter. »
Si au tout début de leur conversation, la blondinette n'avait senti qu'une immense exaspération s'abattre sur elle, désormais, elle bouillonnait intérieurement. Ses sourcils se froncèrent et son ton se fit plus dur.
« Ne parle pas comme si tu me connaissais depuis toujours, Finn. Laisse-moi tranquille, maintenant, je n'ai pas besoin de toi, je n'ai plus besoin de toi et ce, pour n'importe quoi d'autre. »
Le jeune homme allait une nouvelle fois prendre la parole lorsqu'il se ravisa au dernier moment. Il abandonnait peut-être cette fois-ci, mais il retenterait sa chance le lendemain et le surlendemain, et ainsi de suite jusqu'à ce que Clarke veuille de nouveau de lui malgré le mal qu'il lui avait fait parce qu'il le savait, tout au fond de lui, qu'elle lui pardonnerait, qu'elle était sans aucun doute la fille qu'il lui fallait. Il faisait confiance à son instinct pour ça, même s'il était bien loin de se douter que cela se révélerait totalement faux. Finalement, après lui avoir adressé un ultime regard, il sortit de la tente. Ce n'est qu'en expirant tout l'air qu'elle avait dans ses poumons que Clarke se rendit compte qu'elle avait gardé son souffle depuis ses dernières paroles. Elle se sentit soudainement très lasse comme si cette discussion lui avait ôté toutes ses forces ce qui n'était pas loin d'être la réalité.
Bellamy se réveilla quelques heures plus tard, lorsque le soleil était déjà bien haut et le dos en compote. Après que Clarke et sa légendaire discrétion se soient en allées, il avait repris possession de son lit, abandonnant sans grand regret le sol dur. Néanmoins, le mal avait déjà été fait dans ses articulations et quand il avait enfoncé sa tête dans son oreiller, grognant à la fois de bonheur et de soulagement, un léger détail lui avait sauté aux yeux -ou plutôt, au nez-. Son plumard empestait la fille comme si on avait vidé un flacon de parfum entier dessus. Enfin, ça, c'était sa première impression, et Bellamy avait toujours eu tendance à exagérer ses propos. L'odeur de Clarke était légère et boisée, mais une note sucrée apportait une touche de féminité. En réalité, il appréciait plutôt bien cette senteur jusqu'à ce que l'évidence ne le frappe : il était à deux doigts de renifler tout bonnement son oreiller, comme un vulgaire clébard à la recherche d'une piste. Le jeune homme bailla doucement avant de s'asseoir, le drap glissant le long de son torse jusqu'à ses hanches.
« Bordel, quelle nuit, marmonna-t-il en baillant une nouvelle fois. »
Et cette journée n'allait pas être meilleure, ne put-il s'empêcher de penser. En effet, si lui avait hébergé Clarke pour la nuit sans aucune hésitation, il en avait été de même pour Jasper qui avait laissé son lit lors de son tour de garde à Miller tandis que Raven, qui avait quitté la sécurité de la navette spatiale quelques jours auparavant pour rejoindre la tente de Finn, s'était vu forcée de retourner à son premier domicile en compagnie de ce dernier. Oui, le violent orage n'avait malheureusement pas ravagé qu'une seule tente. Bellamy enfila le même tee-shirt qu'il portait la veille -ce n'était pas comme s'il disposait d'une penderie infinie, après tout-, puis sortit. L'air était frais, aujourd'hui, plus que d'habitude, certainement en raison du violent orage de la veille. Il regretta presque instantanément de ne pas avoir pris de veste lorsque les poils de ses bras se hérissèrent et, alors qu'il allait revenir sur ses pas pour la chercher, une voix l'interpella, celle de sa sœur.
« Octavia, déclara le jeune homme en guise de bonjour. Courte nuit, hein. »
L'adolescente ne put qu'acquiescer. Bien que l'orage l'aurait tenu éveillée une bonne partie de la nuit même si elle n'avait pas été de garde, cela l'avait tout de même d'autant plus crevée, n'ayant eu de cesse de courir dans tous les sens. Il avait fallu évacuer les sinistrés et leur trouver un nouvel abri pour la nuit, tenter de détourner les coulées de boue qui menaçaient de tout ravager sur leur passage et bien évidemment, protéger tout ce qui risquait d'en pâtir. Octavia n'avait pas eu d'excellentes nuits depuis son arrivée sur Terre, il était vrai, mais aujourd'hui, des cernes plus lourdes que d'habitude soulignaient ses yeux d'ordinaire si pétillants et elle n'avait qu'une envie ; retrouver son lit qui avait miraculeusement échappé à l'orage.
« Retourne te coucher, t'as une sale tête, ordonna-t-il non sans une pointe de moquerie.
- Pour une fois, j'ai bien envie de t'écouter sans me plaindre, rétorqua-t-elle en baillant allègrement. »
Puis, son regard se posa sur Clarke qui n'avait cessé de retourner ciel et terre depuis l'aube et qui, désormais, s'attelait à faire sortir son matelas sans que celui-ci ne traîne au sol. Bellamy l'observa à son tour durant quelques secondes et se retint de soupirer. Toujours à tout vouloir faire toute seule, sans demander l'aide de personne, celle-ci. Le brun déposa un baiser sur le front de sa sœur puis, il parcourut les quelques mètres les séparant de sa co-leader. Il n'était plus qu'à deux ou trois mètres lorsque, soudainement, Clarke laissa glisser son matelas sur le sol, sans le vouloir. Pendant un court instant, Bellamy crut qu'elle allait de exploser de colère si bien qu'il s'arrêta net, mais au lieu de cela, la blondinette se contenta d'enfouir son visage entre ses mains, refoulant le cri de rage qui pendait à ses lèvres. C'est alors qu'il remarqua les trois rondins de bois qu'elle avait déposé à peine plus loin, rondins qu'il devina devant servir à surélever son matelas afin de le laisser sécher sans qu'il ne touche le sol. C'est donc sans un mot que Bellamy traversa les derniers mètres avant de porter tant bien que mal la literie. Puis, il la déposa à l'envers sur les rondins et commença à enlever, à l'aide de ses mains, le gros de la saleté qui s'y était imprégné.
« Je peux le-... »
Clarke ne finit même sa phrase, se rendant compte du mensonge qu'elle allait prononcer. Oui, bien sûr qu'elle pouvait le faire toute seule, mais en avait-elle seulement envie ? Non. Elle était exténuée, un rien pouvait l'énerver et elle prit conscience que si la proposition de Finn l'avait plus agacée qu'autre chose, elle était tout de même ravie que Bellamy viennent l'aider, en s'imposant ainsi. La blondinette en profita pour souffler quelques instants, tandis que son regard balayait le campement. Elle ne put s'empêcher de sourire brièvement en remarquant que tous les adolescents mettaient la main à la pâte pour reconstruire un camp décent. C'est alors qu'elle se rendit compte que malgré ses cauchemars, les Natifs, la mort de Charlotte, elle se sentait tout de même mieux ici que sur l'Arche. Puis, finalement, son regard s'arrêta sur son co-leader et elle vint le rejoindre, nettoyant à son tour le matelas.
« Merci, fit-elle, sans pour autant le regarder.
- J'ai failli attendre, rétorqua-t-il avec un demi-sourire moqueur. »
Les lèvres de la blondinette s'étirèrent en un franc sourire, cette fois-ci.
« Joli haut, remarqua-t-il. »
Elle baissa immédiatement les yeux sur son tee-shirt avant de se figer instantanément. Oh. Voilà donc ce qui expliquait cela. Plus tôt, dans la matinée, elle avait eu le droit à de drôles de regards de la part de plusieurs adolescents, mais elle ne s'en était pas formalisée, son attention étant principalement concentrée à la tâche qu'elle effectuait. Ainsi donc, elle avait continué sa petite affaire avec le haut de Bellamy sur les épaules, sans s'en soucier plus que de raison et, même encore maintenant, cela lui importait peu. Il s'agissait juste d'un simple vêtement et personne n'allait en faire une affaire d'Etat.
« Il est mieux sur moi plutôt que sur toi, plaisanta-t-elle doucement en faisant un tour sur elle-même. »
Le jeune homme leva les yeux au ciel, non sans une pointe d'amusement. Il la trouvait un poil différente ce matin, plus détendue que d'ordinaire alors que les événements de la veille auraient du plus l'exaspérer qu'autre chose, mais la fatigue faisait parfois faire et dire de drôles de choses.
« Et il s'appelle revient, précisa-t-il en lui jetant un regard entendu. »
Clarke posa alors ses mains sur ses hanches, tandis qu'une lueur joueuse scintillait au fond de ses yeux.
« Je me lance dans le naturisme tout de suite ou j'attends que ta compassion accepte de me le laisser un petit moment ? »
Tant il ne s'y attendait pas, la question souffla Bellamy qui se retrouva à court de mots. La blondinette se rendit rapidement compte de ce qu'elle venait de dire et secoua la tête, à la fois gênée et mal à l'aise.
« Désolée, tout ça me crève depuis ce matin et j'en viens même à raconter n'importer quoi, soupira-t-elle en enfouissant son visage entre ses mains.
- On est tous crevé, rassura-t-il en lui offrant un bref sourire.
- Et je crois que je vais l'être pendant encore un bon moment. »
Pour accompagner ses dires, Clarke posa le regard sur son matelas tout en secouant la tête. Puis, elle leva les yeux au ciel à la recherche du soleil qui l'avait agréablement réveillé ce matin, mais celui-ci était porté disparu. Le jeune homme pinça ses lèvres. Beaucoup allait devoir partager leur tente avec les sinistrés tandis que certains de ces derniers seraient obligés de dormir à même le sol dans la navette. Mais elle, elle était bien trop importante au groupe pour l'envoyer n'importe où. Non pas que les autres méritaient aussi un tel traitement, mais tout le monde était d'accord pour admettre que la jeune femme avait de loin les journées les plus difficiles et ils avaient tous terriblement besoin d'elle, pas seulement sur le plan médical. Elle était également un leader hors pair, une oreille attentive et un modèle pour les plus jeunes.
« Prends ma tente, proposa alors Bellamy.
- Et toi, alors ? questionna-t-elle en haussant les sourcils. »
Il haussa les épaules.
« On verra ça plus tard. »
Clarke baissa la tête quelques instants avant de la relever, plantant ses yeux bleus dans les siens tandis qu'un franc sourire vint éclairer son visage.
« Merci, Bellamy. »
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Merci d'avoir lu, j'vous aime !
