1er septembre 1976. La naissance des mythiques groupes de rock The Clash et U2, le bicentenaire de l'indépendance des Etats Unis, l'ultime rentrée des classes pour les Maraudeurs. L'été avait été caniculaire, et l'année scolaire promettait de l'être tout autant, et ce, sans aucun rapport avec la météorologie. Ils étaient jeunes, ils étaient beaux, ils étaient tous sur le point d'avoir leur diplôme, et par dessus tout, James était préfet en chef, ce qui constituait le plus gros scandale de toute l'histoire de Poudlard. Il n'était pourtant pas le seul, puisque Lily Evans était elle aussi l'une des préfettes en chef de l'école, et, détail ayant son importance, elle avait fini par succomber au charme du fringant attrapeur, nul ne savait vraiment comment ni pourquoi. Sûrement pas le principal intéressé en tout cas.
Après toute une journée enfermés dans le compartiment du Poudlard Express, une grande majorité des élèves semblait trop surexcitée pour tenir en place, et écouter le fameux discours de bienvenue du directeur, surtout la population féminine qui avait la (mal)chance de se trouver à proximité de l'une des quatre stars de l'école. Oui, même de Pettigrow.
Sirius, habituellement le premier de tous à se pavaner de bon coeur tel un coq dans sa basse cour, ne semblait pourtant pas avoir le coeur à la fête, trop perturbé par le conciliabule qui avait lieu entre Lily et les garçons.
- Est-ce que tu as réussi à avoir les rondes pendant les pleines lunes?
Lily affichait une mine plus qu'embêtée. Elle aurait donné n'importe quoi pour pouvoir tranquilliser Remus.
- Oui et non. Si l'on veut... J'ai bataillé pour certaines, mais elle ne m'a pas cédé la première.
- La première? Mais c'est dans trois jours!
- Merci Remus, je sais. J'ai essayé de négocier, crois moi, je l'ai fait mais... tu la connais. Elle ne lâche jamais rien.
Sirius renifla avec dédain.
- Un vrai bouledogue cette fille.
- Mais la démarche plus élégante.
- Ca Remus, c'est toi qui le dit. En la regardant bien, j'arrive même à lui trouver une gueule sacrément écrasée.
Le loup garou posa son regard perçant sur le beau brun, à peine étonné d'un tel manque d'objectivité de sa part.
- C'est ton cerveau qui est sacrément écrasé si tu veux mon avis.
Sirius allait répliquer lorsque Dumbledore et sa longue barbe plus grisonnante d'année en année se leva de son siège pour clamer ces quelques mots:
- Mes chers amis, bienvenue pour cette nouvelle année à Poudlard!
Sirius bailla, contaminant ainsi toute la rangée. Dumbledore avait beau être très populaire auprès des élèves, ses discours de bienvenue en revanche l'étaient beaucoup moins.
Après trois blagues et un toussotement de la directrice adjointe, Minerva McGonagall, qui semblait l'inciter à conclure ses dérives rapidement, Dumbledore laissa enfin rentrer les premières années, pétrifiées d'être enfin à Poudlard, et bien trop occupées à contempler le célèbre plafond magique dont on leur avait tant parlé à la maison plutôt qu'à regarder devant soi.
Cette année, ce furent les Serdaigles qui comptèrent le plus grand nombre de nouvelles recrues, et bien que les Serpentards ne furent que six à être désignés par le choixpeau, les Maraudeurs n'en mirent pas moins de coeur à les huer. Belle ouverture d'esprit.
- Il est maintenant plus que temps de présenter les préfets en chef de cette année. Mesdemoiselles, si vous vouliez bien vous lever, que tout le monde vous voit...
Leur réputation n'était pourtant plus à faire. Lily fut la première. Grande rousse longiligne, ses sublimes yeux verts, son dossier scolaire plus qu'excellent et son caractère particulier étaient connus de toute l'école. Mais ce qui l'était encore plus, c'était le béguin de James Potter à son égard.
Une autre silhouette s'éleva au dessus de ses camarades, de l'autre côté de la salle. Le bouledogue en question. Et elle était à Serpentard. Ses longs cheveux bruns et ses yeux sombres en amande lui valaient le délicat surnom de « dobermann » de la part des Maraudeurs. Un qualificatif bien choisi quand on connaissait sa famille, les Mulciber. L'une des familles les plus influentes de toute la Grande Bretagne. Son père était plus craint que réellement respecté.
Légèrement plus grande que Lily, elle était tout aussi bien faite et ses notes brillaient là où celles de Lily accusaient une certaine faiblesse, en quidditch par exemple. Elle n'avait jamais vraiment parlé aux Maraudeurs, sauf peut être à Remus qui avait été le seul à voir son beau visage s'éclairer d'un éclat de rire. Il n'avait jamais regretté le spectacle, elle avait vraiment un sourire magnifique. Pourtant plus encore que la maison vert-argent que lui avait désigné sans l'ombre d'une hésitation le choixpeau six ans plus tôt, c'était sa médiatique relation avec Lucius Malefoy qui répugnait les Griffondors. Cela faisait à peine une journée que la jeune fille évoluait à Poudlard sans Lucius qui avait quitté l'école l'année dernière et elle était déjà flanquée de deux molosses, Evan Rosier et Augustus Rockwood, qui la suivaient partout. Tous les deux au service du grand blond.
Elle était une sorte de Lily Evans en négatif. James l'appelait souvent « la Lily Evans avec des cornes », avant de se rappeler que sa propre Lily pouvait être relativement cornue elle aussi quand elle s'y mettait.
- Lily Evans à Griffondor et Roxane Mulciber à Serpentard, merci les filles, vous pouvez vous rasseoir. Hum, messieurs, s'il vous plait.
Dumbledore lança un regard complice à James qui ne se fit pas prier deux fois. Bien que le premier étonné à avoir reçu l'insigne par courrier pendant les vacances, il n'en était pas peu fier, et ça se voyait. Son collègue était lui de Poufsouffle. Des notes excellentes mais un fan club bien plus restreint que celui de l'attrapeur.
Après des applaudissements tonitruants, principalement dus aux Griffondors ravis d'en voir deux des leurs à un si haut poste, James se rassit à côté de Lily.
- Si jamais tu as un problème au cours de l'année, avec cette fille ou ses deux caniches, tu me le dis , d'accord?
Lily plongea son regard émeraude dans celui, plus sombre de son petit copain, sure d'elle.
- Elle sort avec Malefoy, évidemment qu'il y en aura.