Bonjour tout le monde!

Je suis un peu émue, c'est la première fois que j'écris et publie une histoire reprenant les personnages de Naruto et c'est par ce fandom que j'ai découvert les petits trésors cachés de la fanfiction. Il y a cinq ans déjà, ça commence à remonter... j'ai recommencé à regarder des bouts de l'anime il y a quelques jours et une petite histoire m'est venue comme ça. J'ai toujours aimé le personnage de Neji! Alors nous y voilà!

Cette histoire est initialement un OS, je ne m'interdis pas de la continuer, je verrai bien, en tout cas ce texte est sensé se suffire à lui-même!

Surtout n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, en bien comme en mal!

Bonne lecture!

Disclaimer : les personnages et le monde de Naruto ne m'appartiennent en rien, je ne vais que m'amuser avec comme un décrocherait un masque de carnaval du mur avant de le remettre en place!


Il pleuvait. Ou peut-être neigeait-il. Ses yeux fixait vaguement le ciel de novembre si gris. Il faisait sombre. Il faisait froid. Et il comptait les secondes. Une à une alors que la gouttière perlait au dehors.

Ploc. Ploc. Ploc.

Il frissonnait du plus profond de lui-même. Et du plus profond de lui-même il hurlait. Il hurlait en silence, entendait vaguement le bruit de la maison, conscient que personne ne chercherait à prendre de ses nouvelles. Personne. Il était seul. Comme toujours. Mais ce jour-là, ce jour de novembre il se surprenait à désirer qu'on se souvienne de lui. Être invisible lui avait toujours convenu, et même plu. Au moins les quelques personnes qui l'appelaient avaient-elles une véritable valeur à ses yeux. Mais soudain ce n'était pas de ses amis qu'il avait envie. Il avait mis son téléphone en veilleuse et sans doute verrait-il plusieurs messages en le rallumant, mais non, il ne voulait pas d'eux.

Ploc. Ploc. Ploc.

Il ne désirait qu'une présence à ses côtés, des bras autour de lui, un murmure à l'oreille. Un visage anonyme, un silence libérateur. Libérateur car ils seraient deux à le porter. Mais là, tout de suite il se sentait étouffer. Sa chambre trop blanche, le ciel si gris. Et le silence. Encore le silence brisé uniquement par le son de la pluie.

Ploc. Ploc. Ploc

Il se redressa brusquement du matelas sur lequel il était allongé, sentit un vertige s'emparer de lui. Ça ne lui arrivait jamais. Aujourd'hui si. Comme tous les ans. Aujourd'hui toutes ses fêlures se rouvraient en même temps, le vent s'engouffrait en lui et le bouleversait de l'intérieur. Il faisait froid. Et tous les pulls et manteaux du monde n'y aurait rien fait. Alors son étourdissement passé, il se mit sur ses jambes, sortit de la maison comme il savait le faire : sans que personne ne le remarque.

X X X

La rue avait le même goût que sa chambre, le même parfum de cendre. Et les nuages se confondaient à la buée qui s'échappaient de sa bouche, aux volutes de tabac que certains passants rejetaient, aux pots d'échappement. Se noyer dans l'air. Se noyer dans l'eau. L'eau qui couvrait son visage. Finalement il pleuvait donc. Il n'avait pas de parapluie, il était sorti avec son vieux pull blanc qui virait au gris.

Et dans toute cette blancheur il regarda autour de lui, hagard, bousculé par les passants. Une enseigne. Un café. Il faisait froid. Il faisait gris. Et l'enseigne rouge vif indiquait Le Feu Follet. Alors il entra. Simplement. Il tendit ses mains vers la poignée. Son regard s'arrêta de la pendule. Dix-huit heure. Déjà ? Cela faisait-il donc tant de temps qu'il errait dans la nébuleuse de ses pensées ?

Les couleurs de l'intérieur, vives et chaleureuse, l'agressèrent, il frotta ses yeux épuisés. Une chaise vide au bar, il s'y laissa tomber avant que ses jambes ne le trahissent.

Le bruit autour du café. Tant de bruit. Les cliquetis, l'eau qui coule, les cris pour prévenir en cuisine, les murmures. Tous ces sons, comme les couleurs, lui donnèrent la nausée, il plaqua sa main sur sa bouche pour la réprimer, et il songea qu'il devait être tombé bien bas pour ne même pas tenter de garder contenance comme il l'aurait fait d'ordinaire.

Un claquement sur le comptoir. Une tasse fumante devant lui.

Il releva la tête sans comprendre. La serveuse de l'autre côté du bar le fixait avec un doux sourire.

- Un petit thé à la menthe pour vous, c'est moi qui vous l'offre !

L'instant d'après elle était repartie servir un client de l'autre côté du bar. Et il demeura pétrifié, sa nausée envolée de surprise. Il tendit les mains vers la tasse, se maudit de les voir trembler. Mais l'eau qui lui brûla le fond de la gorge lui fit du bien, la fraîcheur de la menthe lui monta au visage comme un rougissement. Il expira lourdement, le corps encore engourdi. Goutte à goutte, l'eau ne coulait plus en vain, elle le réchauffait, lui donnant un peu de chaleur.

Il rouvrit les yeux qu'il avait fermé pour savourer le breuvage. Une nappe de brouillard l'entourait encore mais les couleurs ne l'agressaient plus autant. Le bruit un peu moins. Le thé terminé, une vague nausée le reprit mais bien moins violente qu'avant. Il respira encore profondément, jeta un œil à la pendule. Il lui restait peu de temps pour y aller… Mais il ne s'en sentait pas la force. Pas aujourd'hui. Les autres jours de l'année n'avaient jamais posé problème mais ce jour de novembre lui ôtait cette force qu'il portait en lui.

Il avait vingt-deux ans.

Et depuis quinze ans, jamais il n'avait eu la force de dépasser ce jour. Une pierre sur laquelle on trébuche, toujours la même. La même pierre qui rouvre inlassablement les même plaies. Une pierre qu'on oublie, jamais il ne pensait à ce qu'il était au cours de cette journ, ée, comme s'il ne s'agissait plus de lui.

Il détacha ses yeux de la pendule, c'était inutile, il ne s'y rendrait pas, capitula-t-il en enfouissant son visage dans ses mains, les coudes sur le bas. Il faisait sombre derrière ses mains. Ses yeux ouverts discernaient certaines couleurs, certaines lumières rosées. Lumière couleur chair. La chair comme lumière et lui-même en palette de couleur…

- Vous voudrez autre chose, Monsieur ?

Il releva la tête, la même serveuse lui faisait face et le fixait d'un air intrigué. Cette fois il prit la peine de la regarder. Ses yeux bruns étaient comme de velour… En fait il ne prit la peine que de regarder ses yeux et s'y perdit, deux perles de bienveillance, deux sourires en reflets. Quelques ailes poussèrent à son cœur et desserrèrent sa gorge nouées, sa voix pu alors s'élever.

- La même chose s'il vous plaît, murmura-t-il.

- Celui-ci je ne pourrai pas vous l'offrir, plaisanta-t-elle en se saissant d'une tasse. Mon patron ne serait pas vraiment contente.

- Cela j'en fais mon affaire, répondit-il sur le même ton.

Des ailes étaient-elles poussées aussi au coin de ses lèvres ? Il sentit un sourire s'esquisser sur son visage.

- Alors je vous laisse gérer cette affaire, sourit-elle en déposant le thé fumant devant lui. Mon petit doigt me dit qu'un peu de miel vous fera du bien, cela on ne pourra pas me le repprocher !

Il la laissa faire. Elle était vive comme un oiseau et ses doigts virevoltèrent en déversant le précieux nectar, l'or des fleurs se mêla à l'infusion de menthe.

- Merci, souffla-t-il encore lorsqu'elle lui tendit la tasse.

- Mon petit doigt me dit aussi que vous ne devriez pas rester seul.

Il eut un mouvement de recul qui la fit rire aux éclats.

- Non ! Je ne parle pas de moi ! s'esclaffa-t-elle. Mais je vous observe depuis tout à l'heure, sincèrement en vous voyant entrer j'ai cru que vous allier vous écrouler sur le pavé. Mais vous n'êtes pas malade me semble-t-il. Ou pas physiquement. Ne restez pas seul. Appelez votre famille, ou vos amis. Allez voir quelqu'un. N'importe qui qui ne soit pas moi…

- Non, souffla-t-il encore.

Il la fixait avec une soudain fascination. Une étrange chaleur l'envahissait. Soudain il n'avait plus froid, soudain il respirait. Et surtout il avait soudain oublié quel jour de novembre ils étaient. Elle le fixa d'un air surpris, il passa ses mains sur son visage, tentant de trouver les bons mots.

- Demain j'irai. Mais pour l'instant je… je ne veux pas les voir… Pas aujourd'hui.

- Pourtant il me semble que c'est justement aujourd'hui qu'il ne faut pas que vous soyiez seul.

- Je ne suis pas seul, sourit-il. Dans un café on n'est jamais seul.

Elle se redressa avec une moue dubitative. Mais il ne lui demandait pas de comprendre. Il ne l'avait demandé à personne, jamais. Et pour clore la discussion, il plongea son nez dans sa tasse, elle se détourna.

Les secondes recommencèrent à s'égraîner.

Cling-Cling.

Paf. Boum.

Ha ha ha.

Dring-Dring.

Pssss.

Gloups.

Plouf.

Il se laissa bercer. Des instants sans rêves. Des instants vides, sans doute les oublierait-il, car ils n'avaient rien de particulier, rien de marquant. Il ne les retiendrait pas, bien sûr que non. Mais jamais cette journée ne lui avait semblé si légère. Les aiguilles de l'horloge filèrent simplement.

La serveuse semblait gênée à chaque fois qu'elle revenait vers lui, régulièrement, et soulagée lorsqu'il lui demandait une nouvelle tasse de thé. Il finit par comprendre. C'était ce qu'il commandait qu'elle redoutait.

- Je ne commanderai que du thé, lui dit-il au bout de plusieurs heures. Les heures peuvent s'écouler mais… je ne suis pas ce genre de personne.

Elle rougit, sans doute gênée d'avoir été si transparente. Il esquissa un sourire pour la rassurer.

Alors lorsque dix heures s'affichèrent à la pendule, il la vit revenir, mais cette fois-ci elle avait un manteau sur les épaules, un joli manteau prune orné d'arabesques écarlates. Un casque de moto pendait à son coude, cette fois elle avait contourné le bar.

- Mon service est terminé pour aujourd'hui. Je vous ramène.

Ce n'était pas une question, et il n'avait pas envie de refuser, il régla lsa note au remplaçant de la jeune femme et se leva. Un nouveau vertige l'envahit, ce malaise ne l'avait pas abandonné, il n'était que latente. Il porta la main à sa tempe, il avait tenu toute la journée, celle-ci était presque fini, cela faisait des heures qu'il se sentait enfin flotter, il ne voulait tomber, pas maintenant…

La main de la serveuse sur son épaule le ramena à la réalité.

- Eh bien ! sourit-elle. Ivre au thé ? C'est bien la première fois que je vois cela. Heureusement que je vous ramène. Venez, ajouta-t-elle en posant son autre main sur son avant-bras. Mon scooter n'est pas loin.

Il la suivit, soudain redevenu un automate. Et comme les couleurs l'avaient agressé, la pluie et les couleurs ternes lui sautèrent à la gorge, il fit tout ce qu'il pouvait pour ne pas suffoquer, se raccrocha à la présence de la jeune femme à ses côtés. Elle lui tendit le second casque qu'elle rangeait sous son siège, lui demanda son adresse alors qu'ils enfourchaient tous deux le véhicule.

- Passe tes bras autour de ma taille et accroche-toi. Fatigué comme tu es, tu risquerais de tomber.

Il s'exécuta sans relever le soudain tutoiement, il sentit la pluie leur taillader les joues. Le vent qui s'éfouffrait dans les plis de leur vêtements, il se sentait grisé de cette sensation, un soupir de contentement s'échappa de ses lèvres. Et s'il tremblait dans son dos, ce fut autant de froid que d'excitation. Elle dut le remarquer car elle se tourna vers lui au feu rouge.

- Pour aller chez toi il y a deux chemin, un qui prend cinq minutes et un qui traverse un bois si l'on fait une boucle. Qu'en dis-tu ?

Elle souriait, visiblement amusée, il répondit en resserrant ses bras sur sa taille. Elle laissa échapper un cri de joie en provoquant une embardée de son véhicule. Quelque chose se forma en lui, quelque chose qui monta encore en lui. Une bouffée de quelque chose, un nuage, une nuée, un tourbillon. Une tempête. Et il mit un temps à réaliser que cette explosion, c'était son rire. Un fou rire qui lui dévorait le ventre. Un rire fou qui faisait éclater les bulles d'angoisse qui avaient pourri en lui tout le long du jour.

Il riait d'un rire proche des sanglots mais les larmes de tristesse n'avaient jamais été aussi loin. Et inconsciemment il rafermit sa prise qui avait commencé à se défaire sur la taille de la jeune femme. Il riait, le cœur plein de vent, enfin. Il se sentait un cœur de plume et non plus un cœur de plomb.

Le temps vola trop vite, il reconnut la demeure familiale alors que le scooter ralentissait. La jeune femme éteignit le moteur avant de se tourner vers lui, un large sourire aux lèvres.

- On dirait bien que ça t'a plu ! Tu as déjà meilleure mine, ça fait plaisir à voir !

- Merci, murmura-t-il. C'était merveilleux.

- Tu as un joli rire, sourit-elle. Ça valait la peine de t'emmener !

Il la fixa tout en ôtant son casque, elle le remercia en le récupérant.

- Je ne sais pas si tu réalises ce que tu as fait.

- Je n'aurais pas pu te laisser te morfondre au comptoir. Je… je me rends compte que je ne connais même pas ton nom…

- Neji, articula-t-il avec une hésitation.

- Tenten, prononça-t-elle en lui tendant la main qu'il serra sans hésitation avant qu'elle ne remonte sur son véhicule. À un de ces jours si tu veux me trouver. Sinon tu resteras Neji d'un jour de novembre ! le surnomma-t-elle avec un grand sourire.

Elle lui adressa un dernier signe de la main avant de disparaître avec son scooter, le laissant seul sur le trottoir. Il la regarda disparaître dans la nuit, sans se départir de la légèreté de son corps. Après un temps, il fit volte-face et pénétra dans l'immense maison. Cette fois il ne tenta pas d'être invisible, il rentra simplement, ouvrit la porte, la referma. Il ne vit personne dans le vestibule, personne dans les escalier, ce n'est que sur le palier du premier étage qu'il la croisa.

- Hinata, la salua-t-il calmement.

- Oh Neji, sourit-elle. Je me demandais où tu avais pu passer.

- Ailleurs, dit-il simplement.

- Tant mieux, lui répondit-elle avec un sourire aussi timide que doux. Prendre l'air semble t'avoir fait du bien.

- Laisse-moi, grinça-t-il. Inutile de me narguer.

- Je ne voulais pas…

- Ça n'a aucune importance, asséna-t-il en se détournant. Laisse-moi.

Le jour n'était pas fini, la nuit à peine avancée. Mais déjà il se voyait redevenir lui-même avant la disparition de la Lune. À sa fenêtre il leva les yeux vers l'astre noctune qui perçait entre deux nuages qui se refléta dans ses iris. Sphère d'argent, iris de perle. Dans la nuit il se sentait briller. Boule de cristal et fleur bleutée. Il aimait la fixer. Elle l'appaisait. Elle achevait de l'appaiser, comme chaque année.


Je laisse une porte ouverte, pour garder une part de rêve ou pour continuer plus tard, qui sait?

J'espère que ça vous aura plu! À bientôt!