Titre: Un mot qui me définit
Genre: Poésie (plus un jeu sur les mots), drama.
Rating: K+
Personnages: Shizuo.
Note: Bonjour à tous, voici Kafka Tamura (encore?) qui vous revient avec une nouvelle histoire (non, je ne suis pas en train d'envahir le fandom et je ne suis pas non plus mégalomane...)!
Bon, poétique comme genre encore une fois, mais ce n'est pas de la prose poétique. C'est plutôt un jeu sur les mots, une espèce de devinette. D'ailleurs, j'espère que vous allez trouver la réponse, ce serait bien! Et si vous avez des questions ou des doutes, n'hésitez pas à me laisser une review pour me les confier!
Bonne lecture!
Il existe un mot qui me définit complètement. Chacune de ses lettres m'annonce dans mon essence même, chaque son me caractérise mieux que n'importe quel autre.
Ce mot commence par une lettre douce, aimante. Une lettre qui exprime ce que je ressens, ce que je suis réellement, la douceur que j'aimerais manifester. Une lettre d'une ironie sans fond, d'une cruauté douçâtre, pleine d'une douceur qui n'existera jamais autour de moi. Une lettre traitresse, qui annonce, mielleusement, la violence qui s'ensuivra inévitablement.
La deuxième lettre a la même forme que leur bouche et leurs yeux, alors qu'ils entendent mon nom, alors qu'ils constatent ma fureur. C'est la forme de leur étonnement face à ma colère inexpliquée, inexplicable, inextricable, c'est la forme de leur surprise alors que je déracine ce qui ne devrait jamais quitter le sol. C'est l'hébètement qui suit la première lettre doucereuse, c'est le difficile retour à la réalité.
La troisième lettre amplifie l'effet de la deuxième. Elle n'a pas de fonction en soi, ne se prononce pas seule, et pourtant, à la suite de l'autre, elle prend une signification tout autre. C'est la déception, après la surprise, ma propre déception face à cette colère sans but, sans sens, sans signification. Une lettre encore une fois traitresse, puisqu'elle annonce deux fins possibles, deux fins complètement contraires. Ces trois premières lettres pourraient – devraient – se terminer par deux autres lettres qui en ferait un mot humain.
La quatrième lettre constitue encore une fois une désillusion totale. C'est une lettre moqueuse, une lettre qui siffle, sifflote innocemment, et qui de ce fait même me montre ma propre déchéance. C'est un son qui me nargue, me rappelle que je ne vaux rien de mieux que ce que je suis.
La cinquième lettre est destructrice, c'est le résultat de ma colère, le son de ma violence. Elle me rappelle sans cesse les lampadaires déracinés, les machines distributrices détruites et les autres bleus et contusions que la ville et sa population porte sur sa peau. C'est le bruit de déchiquetage, c'est le craquement des os, les leurs et les miens.
La sixième lettre est le son qui sort de ma bouche, celui qui quitte mes lèvres pour se répercuter et mourir sur les murs de ma ville. C'est mon propre vacarme, mon propre hurlement que je ne contrôle pas, c'est le son qui part de mes poumons, résonne dans mes cordes vocales et prends ce timbre particulier qui m'effraie tout autant que les autres.
La dernière lettre, enfin, c'est moi. Elle ne se prononce pas, elle est muette, et pourtant elle est là. Si on porte l'oreille, on peut même l'entendre, faiblement. Elle existe mais n'a aucune autre fonction que de subir la suite de sons qui la précède, elle s'élide et s'éclipse lorsqu'on dit le mot au complet. Pourtant elle est là, tout autant que ma conscience, elle est impuissante face à son propre destin, incapable même de se faire comprendre ou de se faire percevoir.
Il existe un mot qui me définit, un mot inhumain, cruel, qu'on me lance trop souvent et auquel je ne peux répliquer : monstre.
