TITRE: CAPITAINES

FANDOM: Gundam Wing

COUPLE: 1x2 et diverses romances secondaires.

LABEL: PG-13 pour le chapitre NC-17 pour la fic.

GENRE: AU, Aventures, Historique, Romance

ATTENTION: yaoi, crossdressing

DISCLAIMER: Gundam Wing et ses personnages ne m'appartiennent pas mais cette histoire est à moi.

RESUME: Les Caraïbes au temps des Boucaniers. Duo Maxwell est un célèbre Capitaine Pirate lassé des conquêtes faciles. Sa vie va devenir bien plus intéressante quand il rencontre le sombre Capitaine Lowe dans des circonstances pour le moins inhabituelles.

Chapitre 1 : La fille du Gouverneur

Dans une chambre luxueuse au deuxième étage du Palais du Gouverneur de Sank, un jeune homme s'étirait paresseusement alors que le sommeil le quittait peu à peu. Contrairement aux idées reçues, il était toujours alerte le matin, seulement, il avait pour habitude de ne pas le manifester préférant prendre lentement conscience des alentours avant d'ouvrir les yeux.

Il ne lui fallut guère plus que quelques secondes pour observer quatre choses inhabituelles. Premièrement, il n'était définitivement pas dans sa cabine, deuxièmement, il ne dormait pas seul, troisièmement, l'heure habituelle à laquelle il se levait était largement dépassée et enfin, seule chose vraiment exceptionnelle, il se sentait complètement reposé. Cette dernière observation le surprit suffisamment pour qu'il se décide à chasser les derniers restes de sommeil qui s'accrochaient à sa conscience. Il ouvrit les yeux pour découvrir l'identité de la femme qui reposait contre lui… Relena !

Il eut envie de rire. Alors finalement elle était bonne à quelque chose la petite princesse. C'était la seule conclusion qui s'imposait lorsqu'on se réveillait pour la première fois depuis des années d'un sommeil sans rêves ou plutôt sans cauchemars. Elle avait réussi à l'épuiser suffisamment pour éloigner les ténèbres, il avait presque envie de la serrer contre lui… presque. Se souvenant finalement de la nuit précédente, il conclut rapidement sur le fait que l'épuisement de la veille tenait plus de l'ennui profond provoqué par les bavardages incessants de la mâtine que de ses actuelles prouesses sexuelles.

Il s'interrogea un moment. Est-ce que le besoin de passer des nuits calmes et reposantes surpassait l'horrible idée de la compagnie régulière de Miss Peacecraft…? Non ! Définitivement pas. Il finirait par l'étrangler et cela ne prendrait guère plus de quelques jours. Dieu ait pitié du pauvre homme qu'elle épouserait.

Il se sentit un peu mesquin soudain de critiquer cette pauvre fille alors qu'il venait sans remords de profiter de ses avances. Peut-être avait-il trop pris l'habitude de ces jeunes filles gâtées prétendument innocentes qui essayait de le séduire, attirées par son aura de danger comme des papillons vers une flamme. Elles se plaisaient au jeu du pirate et de sa captive, énamourées par ses manières à la fois frustes et charmeuses, cruelles et joueuses jamais vraiment sûres qu'elles s'en sortiraient indemnes.

Quant à lui il acceptait volontiers ces attentions, cédant au jeu, heureux de pouvoir satisfaire ses besoins sans avoir recours aux talents des professionnelles. Il savait que dans ces draps de satin il courait moins de risques d'attraper une maladie honteuse que dans le premier bordel venu. Non que les dames soient plus chastes ; mais elles avaient le bon goût de favoriser une certaine hygiène et de choisir leurs autres amants en fonction. Il se demandait quand est-ce qu'il était devenu aussi cynique. Ou l'avait-il toujours été ?

En toute franchise il avait une autre raison de préférer les « dames » aux putains. La même raison pour laquelle il attirait les « dames » à vrai dire : l'attrait du danger. Il aimait séduire des femmes respectables, non par plaisir de les traîner dans la boue mais pour l'adrénaline qu'il ressentait chaque fois à se glisser dans leur chambre à coucher, courant le risque de se faire surprendre par un père, un frère, un mari. Risquant peut-être d'être reconnu et de se balancer dès le lendemain à l'aube au bout d'une corde. Non qu'il soit désireux de mourir, seulement l'idée de danser avec la mort l'avait toujours inexplicablement excité. Après tout il connaissait bien des femmes qui appréciaient des préliminaires nettement plus tordus.

Cette fois-ci cela dit avec la fille du Gouverneur, il avait peut-être été un peu loin. Certes la majorité de la garnison résidant ici était partie pour deux semaines de manœuvres mais s'introduire dans la gueule du loup restait plutôt suicidaire. S'il apprenait son dernier caprice, et il l'apprendrait nécessairement, Wufeï lui servirait un fameux sermon. Bah… de toutes manières ce n'était pas comme s'il écoutait vraiment ce que lui disait son ami dans ces cas-là.

Le son d'un clairon interrompit soudain ses pensées. Relena n'avait pas bougé, elle devait avoir un sommeil de plomb. Il lui fallut quelques instants pour s'extirper de l'étreinte de la jeune femme et quelques autres pour dégager sa natte qu'elle avait semble-t-il agrippé pendant la nuit. Autant pour ses bonnes pensées en regard de la jeune femme : PERSONNE n'avait le droit de toucher sa natte, bonne nuit de sommeil ou pas.

Quand il eut enfin réussi à se dégager, il se dirigea vers l'une des fenêtres, nu comme au jour de sa naissance. Il avait soudain un très mauvais pressentiment, du genre de ceux qui lui avait sauvé la peau plus souvent qu'à son tour. Le clairon signifiait la présence de militaires et il ne devrait pas y en avoir ici en ce moment, pas plus que quelques gardes du moins pour encore deux ou trois jours. C'est ce que Relena lui avait dit la semaine précédente lorsqu'il l'avait croisée chez cette délicieuse modiste, quel que soit son nom. Elle ne lui aurait quand même pas menti. Ce serait particulièrement stupide de sa part. La jeune fille ne brillait pas par son intelligence mais il devait bien y avoir un minimum d'instinct de conservation dans cette jolie tête de linotte.

Relena savait qu'il était dangereux et qu'il n'hésiterait pas à lui trancher la gorge s'il pensait ne serait-ce qu'un instant qu'elle l'avait attiré dans un piège. Qui plus est, même si elle espérait qu'il lui laisse la vie sauve une fois son forfait révélé sa position n'était guère plus enviable. Pour la respectable fille de gouverneur tout récemment fiancée à un prometteur officier de Marine, se faire surprendre au petit matin au lit avec un pirate n'était pas la meilleure solution pour briller dans les salons. Même si elle réussissait à convaincre son entourage qu'il avait abusé d'elle, ce qui était on ne peut plus faux --il se souvenait encore de la manière éhontée avec laquelle elle s'était jetée à sa tête-- sa réputation serait à jamais ruinée et elle n'aurait plus qu'à se terrer dans une maison de campagne à l'écart de la bonne société. L'époque n'était pas tendre avec les femmes qui ne prenaient pas garde à leur réputation.

Il avait du mal à croire que même Relena ait fait quelque chose d'aussi stupide. Non qu'il prétende comprendre quoi que ce soit à la logique féminine. En vérité, il connaissait fort peu de femmes. Il ne s'intéressait pas assez à ses maîtresses pour prendre le temps de discuter avec elles et la seule autre femme qu'il eut fréquentée de manière régulière depuis Sœur Helen était Meiran. Il doutait sincèrement que cette dernière soit un exemple de féminité vu qu'elle était à peu près aussi arrogante, vindicative, caractérielle et pince-sans-rire que Wufeï lui-même. Ce qui n'était pas peu dire.

Comme il observait par la fenêtre donnant sur la cour il dut pourtant se rendre à l'évidence. Le régiment d'infanterie au grand complet se trouvait là, Gouverneur en tête vraisemblablement rentrant de manœuvres. La « dame » était décidément stupide et il se trouvait dans une situation impossible. Même un expert en infiltration comme lui aurait du mal à sortir du palais en plein jour au nez et à la barbe de deux cent soldats. Cette fois Wufeï allait vraiment lui faire passer un sale quart d'heure à la condition bien sûr qu'il parvienne à s'échapper d'ici et à regagner le Deathscythe en un seul morceau.

Il avait besoin d'un plan… et vite. Tout d'abord, se débarrasser de la « dame ». Elle pourrait encore lui être utile vivante mais il ne voulait pas prendre le risque qu'elle crie ou cherche à s'enfuir. En toute logique si les soldats n'avaient pas encore envahi la chambre c'est qu'ils devaient ignorer sa présence. Inutile donc d'attirer l'attention tant que ce n'était pas absolument nécessaire.

Détachant subrepticement les cordons des rideaux et se saisissant d'un foulard, il s'approcha du lit silencieusement. Elle dormait toujours. Sans qu'elle eut le temps de réagir ni même de se réveiller complètement, Relena se trouva solidement attachée au montants du lit par les poignets et les chevilles tandis qu'un bâillon improvisé la gardait miséricordieusement silencieuse au risque de l'étouffer.

Calmement, il s'assit à califourchon sur une chaise en face du lit pour observer la jeune femme. Elle avait les joues rougies et les yeux brillants bien qu'encore un peu ensommeillés. En fait elle n'avait pas du tout l'air inquiète mais plutôt excitée comme si tout cela était un nouveau jeu. Vaguement incrédule il demanda :

« Miss Peacecraft ? Sauriez-vous par hasard pour quelle raison le régiment d'infanterie qui n'est attendu que lundi prochain se trouve actuellement dans la cour d'honneur à la suite du Gouverneur ? »

Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent avec une surprise visible, rapidement remplacée par un sentiment proche de la panique. Ces deux émotions ne semblaient pas feintes et il doutait que Relena soit si bonne comédienne –un tel talent aurait demandé plus d'intelligence qu'elle n'en possédait. Bon, Relena n'était pas en faute. C'était réconfortant d'une certaine manière. Sa fierté se serait difficilement remise de s'être laissé berner par cette idiote. Cela dit le problème demeurait : comment allait-il se sortir de cette galère ?

L'inconvénient quand on est le tristement célèbre Capitaine Duo Maxwell plus connu sous le nom de Shinigami et qu'on a son visage placardé sur tous les murs des Caraïbes au dessus d'une promesse de récompense plus que coquette pour sa capture mort ou vif, c'est qu'on peut difficilement passer devant deux cent soldats sans courir le risque d'être reconnu.

Alors qu'il scannait la chambre en vu d'une quelconque échappatoire, ses yeux se posèrent sur un fouillis de cartons et tissus. Il s'agissait des derniers achats de Relena délivrés la veille. Il avait passé une demi-heure particulièrement ennuyeuse la nuit dernière alors qu'elle lui montrait ses nouvelles robes, chapeaux, manteaux et autres fanfreluches. Une idée particulièrement machiavélique lui traversa soudain l'esprit.

Vingt minutes plus tard --le mieux qu'il ait pu accomplir dans un domaine inconnu-- Shinigami, terreur des océans observait consciencieusement sa nouvelle apparence. Le résultat semblait plutôt convaincant… il n'était pas vraiment sûr. Enfin, il faudrait bien que ça aille. Il comptait sur sa chance légendaire et sur la stupidité des soldats qui ne soupçonneraient jamais sa véritable identité en le voyant dans un tel équipage. Alors qu'il se tournait vers le lit, il captura l'expression des yeux de Relena : stupéfaction et… oui, quelque chose comme de la jalousie. Il sourit ironiquement, il semblerait que son petit subterfuge puisse marcher après tout.

Décidant que la pauvre fille ne méritait pas d'encourir l'opprobre général, Duo prit le temps de desserrer les liens de la jeune femme. Avec quelques efforts, elle devrait parvenir à se détacher seule mais pas avant qu'il eut atteint les grilles de l'entrée. Il se dirigea finalement vers la porte à pas mesurés, déjà dans son personnage.

A quelque pas de là, au détour d'un corridor, il entra en collision avec une poitrine musculeuse. Et dire que cette journée avait si bien commencée… Levant légèrement la tête il se retrouva plongé dans les yeux les plus incroyables qu'il eut jamais vu. D'un bleu sombre teinté d'un gris métallique, ils lui rappelaient la mer avant la tempête. Des yeux silencieux, indéchiffrables, parlant de profondeurs et de dangers. Il se dit avec humour que s'il avait des yeux pareils en lieu et place de ses yeux rieurs de démon il n'aurait pas besoin de son sourire sadique pour terroriser ses ennemis. De retour à la réalité, il fit un pas en arrière.