1) Des mots exaspérants
-Léthargie ! Voilà c'est le mot que je cherchais !
Voici Ron, qui ose hurler dans la chambre, un dimanche matin, lorsque ses neurones réussissent à atteindre leur objectif, c'est-à-dire se connecter.
Pourquoi vient-il me déranger pour me dire un mot qu'il vient juste de regarder dans « l'encyclopédie pour les nuls ». Il ne peut pas dégager, ni me laisser seul cinq minutes. Mais, voilà qu'il récidive et je n'en peux plus, déjà une semaine que cela dure.
-Tu es donc en pleine léthargie !
Qu'a t-il à répéter ce mot ? Mes oreilles ne veulent plus l'entendre, ne plus entendre personne d'ailleurs.
-Il va falloir te bouger Harry !
Il ne fait que de me dire ça. Change de disque Ron ! C'est mon meilleur ami et alors ? On peut en avoir un con et stupide.
En tout cas, mon silence le fait tourner en rond dans la pièce, s'il continue, il va creuser le plancher. J'ouvre la bouche et le lui fait remarquer pour qu'il se vexe, puis qu'il sorte.
-Hermione m'a dit de ne plus me laisser avoir par tes sarcasmes !
Hermione toujours Hermione. A se demander si Hermione ne lui a pas aussi expliqué comment se laver les dents pour qu'il y parvienne. Je vous jure si meilleur ami rime avec chiant, je deviens poète renommé !
-Harry ! Je veux bien être patient, mais j'ai mes limites !
C'est ça, tu es persévérant et moi je suis le calamar géant ! Ça fait deux minutes qu'il me parle, sa patience a vraiment des ressources extrêmement restreintes. Il sort de la chambre, sans oublier évidement de claquer la porte bruyamment. Je n'ai jamais compris pourquoi on a tendance à s'acharner sur les portes d'entrée. J'en profite pour me glisser plus confortablement sous mes couvertures, comme avant son arrivée et retrouver ma léthargie. C'est vrai que ce mot convient parfaitement, il sonne à merveille et me sied à ravir.
Je me réveille en sursaut, je ne sais pas si j'ai un jour réussi à le faire calmement.
Un cauchemar ! Oui, moi Harry Potter célèbre survivant et tueur d'odieux mage noir a fait un mauvais rêve !
De lui bien entendu…
Je ne le vois pas assez dans les couloirs, dans la grande salle, en classe, dans le Parc et j'en passe, il faut aussi qu'il vienne respirer mon air dans mes rêves, que dis-je ? Dans mes cauchemars.
Je me lève une fois pour toutes, bien décidé à me venger de cet arrogant, manipulateur et vicieux Serpentard. Je traverse la salle commune évitant les appels des groupies de service. Esquivant également le regard d'Hermione suppliante et l'air ravi de Ron. Je me dirige vers la sortie, Ron cavale derrière moi, il avait donc pensé que je me joignais à eux. Dans le couloir, il arrive, je ne sais par quel miracle à me rattraper et m'agrippe le bras.
-Bon sang ! Qu'est-ce que tu fais ?
-Rien qui te regarde !
-Parfait ! Va donc vaquer à tes occupations, si un jour tu te réveilles en te retrouvant seul, c'est que nous ne serons plus là pour toi.
Si seulement ça pouvait être vrai. S'il pouvait me laisser tous les matins tranquille. Et oui, je suis insensible à sa remarque. Je suis l'indifférence même, mais la colère me gagne tout de même. Ron l'a senti, il s'écarte avec une once de tristesse dans les yeux.
Tant pis pour lui, il avait qu'à me lâcher.
- Dégage ! Laisse-moi régler mes affaires tout seul !
Encore une fois son cerveau met du temps à réfléchir, mais cogite quand même car il revient.
-Qu'entends-tu par régler tes affaires ?
-Mêle-toi de ta vie Ron et laisse la mienne en paix !
-Tu vas voir Malefoy c'est ça ?
Entendre ce prénom me glace les membres quelques secondes, puis la rage continue son travail. Je sens que mes joues sont en feu, mes mains deviennent moites.
Pour toute réponse, je reste sur ma lancée, je descends les marches rapidement. Ron ne me suit plus, tant mieux, qu'il retourne grogner auprès d'Hermione.
Il faut que je prenne l'air le plus vite possible, j'ai trop chaud, je perçois des gouttes ruisseler sur mon front. Je me précipite dans l'entrée et ouvre la grande porte pour me rendre à l'extérieur. Je me sens enfin libre.
Punaise l'air frais de l'hiver ne me traverse pas.
Pourtant j'ai mal.
Le gel givre mes doigts, mais ne me pénètre pas.
Pourtant je souffre.
La neige glace mes pieds, mais ils ont déjà quitté mon corps et je ne sens plus rien.
Et ça me terrifie tellement j'ai mal.
Il est là devant moi, abrité par son écharpe couleur Serpentard. La blondeur de ses cheveux me donne la nausée et le vert me répugne, d'ailleurs je ne mange plus d'aliment de cette couleur depuis…
Il se plante juste sur la marche qui me précède et son sourire devient narquois.
-Potter ! Alors ces vacances ? Très mouvementés à ce qu'il parait ? Pas trop triste d'avoir perdu le louloup ?
Mon dégout se transforme en une colère incontrôlable. Je tire sur son écharpe et le plaque contre la porte d'entrée. Finalement, c'est vrai qu'une porte peut-être très utile pour passer sa rage. Son visage tantôt rieur, se crispe, ses lèvres tremblent, mais ses yeux résistent.
-Ne me parle pas de ça Malefoy ! Pas toi ! Pourriture de Mangemort ! Tu ne dois jamais prononcer de tels mots avec ta sale bouche, car elle le regrettera en même temps que le reste de ton corps !
Je me sens projeter en arrière violement, il m'a donné un coup de poing. Qu'est-ce qui lui prend ?
Là, la douleur physique apparaît.
Il m'a cassé le nez l'abruti !
Cela ne m'arrête pas pour autant, je bouillonne de plus en plus. La rage doit être contagieuse car il en déborde aussi maintenant. Mon bras se lève tout seul sans que je ne le contrôle, ma main se resserre et mes doigts touchent sa tempe.
Merlin ! Mes doigts !
Le voilà à terre. Pitoyable ! C'est l'endroit qui lui convient le mieux pourtant. Il se touche le visage et me scrute contrarié. Si Mac Gonagall n'était pas arrivée, j'aurais juré voir une larme au bord de ses yeux.
Quand je me retourne pour l'observer avec défi. Ses yeux reflètent plus de la haine et de la moquerie que de la tristesse. Comment ai-je pu croire un seul instant qu'un Malefoy ait une once de sentiment ?
-Potter, Malefoy dans le bureau du directeur immédiatement ! Hurle ma directrice de maison, au moins aussi en colère que nous.
Ce n'est pas beau à voir.
Elle ouvre la marche, l'un à côté de l'autre, enfin plutôt moi devant et lui derrière. Malefoy rapproche son visage de mon oreille et me chuchote :
-Tu vas me le payer Potter. Crois-moi les derniers événements vont te sembler bien agréables à côté.
C'est plutôt lui qui va me le payer. Je me retiens de le gifler car Mac Gonagall se retourne, ses yeux reflètent à présent la déception. Je ne veux pas les voir, la pitié ou la culpabilité des autres ne m'intéressent pas.
-Harry, Drago bien entendu ! Qui d'autres pourraient se battre à l'extérieur du château à moins dix degrés ? clame Dumbledore en ouvrant la porte de son bureau. Entrez-donc !
Son visage est fatigué, mais aujourd'hui serein. Il sourit un peu, se moque t-il de nous ? Sûrement. Je m'en contrefiche. Cet Homme m'a guidé vers la victoire, je lui en serai éternellement reconnaissant.
Il toussote, me retirant de mes rêveries. Je prends conscience que Malefoy est à moins d'un mètre de moi, assis sur un fauteuil. Sa présence a le don de m'énerver.
-Chers enfants ! La guerre est finie. Aujourd'hui nous devons rester solidaires et cesser nos querelles puériles. Le pire est passé, toutefois le mal n'est pas totalement éradiqué.
-Bien sûr ! Vous avez le parfait exemple en face de vous ! Crie-je.
Oui Malefoy est même le modèle type, rayon mangemort.
Il ose sourire en plus, il retombe je crois dans mon estime. Il ne va pas défendre la fouine, mes nerfs ne le supporteraient pas.
-Harry Harry … Je te reconnais bien là, toujours impulsif. Les préjugés sont amis avec les plus faibles d'entre nous.
Je tente de regarder Malefoy, il commence à bailler, jouant avec sa main. Je vais lui apprendre le respect, moi !
-Laisse Harry, Drago est fatigué, c'est tout à fait normal.
Il arrive toujours à voir en moi, il m'horripile !
-Drago, tu peux partir à l'infirmerie, ajoute Dumbledore.
Je vois le blond souffler. Je le reconnais bien là lui aussi, ce vieux fou, il ne nous punit même pas !
-La sentence de la vie est déjà bien plus cruelle et on n'en apprend davantage en s'en servant pour s'améliorer, Harry.
Il m'agace !
-Tu sais, Lucius Malefoy ne profitera pas de sa liberté très longtemps. Et puis, pour lui aussi la sentence est et sera rude.
-Bien fait pour lui !
-Après la mort de Sirius et maintenant celle de Remus, la tristesse t'aveugle et la vengeance te semble une bonne solution, mais ils n'auraient pas voulu que tu deviennes un assassin.
-J'en suis déjà un ! Réplique-je brusquement.
-Littéralement oui bien sûr Harry. La mort de Tom a été causée par ton fait, mais pour le bien de tous. La mort de Sirius a été provoquée par Mademoiselle Black par vengeance. La mort de Remus par Lucius par simple cruauté. Je ne te dis pas que tuer un Homme pour le bien de tous est une bonne chose, cependant saches que si tu ne l'avais pas fait, il l'aurait fait sans hésiter.
Blablabla, toujours le même. Ne peuvent-ils pas cesser de répéter les mêmes choses. Cela fait quelques mois que Voldemort est mort alors que Remus…
Pourquoi les larmes viennent sur mes joues, se mêlant ainsi avec le sang qui s'échappe de mon nez, je ne veux pas pleurer, pourtant j'ai si mal.
-Comment pouvez-vous garder le fils d'un meurtrier dans l'école ? Fulmine-je.
-Oh comme tu le dis si bien Harry, c'est son fils…
-Il est comme son père, vous ne voyez donc rien !
Mon nez en est témoin.
-Pom Pom t'attend Harry.
Je vois ses yeux se voiler, il se retourne vers Fumseck. Cela doit signifier que l'entretien est terminé.
Je me dirige donc vers l'infirmerie et croise quelques élèves qui me contemplent d'une drôle de façon. C'est sûr, avec le visage rempli de sang et les yeux rougis par les larmes, je ne dois pas être très présentable. J'entre dans le sanctuaire de Pomfresh. Malefoy est là sur un lit en train de se faire plaindre par la guérisseuse.
-Voilà l'autre évidement. Si je vois la tête de l'un de vous deux, je sais que l'autre ne va pas tarder. Allez sur ce lit Mr Potter, souffle la médicomage.
Elle prend garde à ne pas nous mettre à côté, elle a déjà eu un aperçu des dégâts collatéraux la dernière fois.
-Cela ne vous a pas suffi qu'on vous confisque vos baguettes jeunes gens ! Il faut maintenant que vous battiez à mains nues ! Elle s'éloigne de mon lit.
-Une semaine de tranquillité, une semaine et les voilà qui recommencent, continue t-elle en marmonnant.
Je vois Malefoy qui me fixe d'un regard noir, je vais m'amuser à en faire autant et je ne lâcherais pas le premier.
Mme Pomfresh doit être en train de préparer ses traitements, je ne sais pas, car je scrute toujours le blond. Pas besoin de mots, nos yeux expriment toute la haine que l'on ressent l'un pour l'autre.
