Chapitre 1
Le célèbre vaisseau de la Fédération des Nations Unies voguait dans le silence et l'obscurité de l'espace. Seul le vrombissement des moteurs se faisait entendre dans les couloirs de l'USS Enterprise. L'équipage dormait à point fermé si ce n'est les quelques personnes assignées aux quarts de nuits. Les couloirs étaient plongés dans l'obscurité et seule la lumière bleutée de l'éclairage de nuit permettait de se déplacer. En sommes le calme absolu régnait sur le bâtiment. Au fin fond de la machinerie, un homme d'âge mur s'ennuyait. Il était allongé sur une banquette dans son bureau, à regarder de loin les vidéos des caméras de surveillance. Elle n'était pas faite pour surveiller l'équipage, cela lui permettait de savoir quelle machine déconnait sans pour autant courir dans tous les sens. Ce n'était pas qu'il voulait qu'un problème survienne mais depuis trois ans qu'ils voyageaient, rien ne s'était vraiment produit à l'exception de la mésaventure avec la Créature polymorphe et quelques civilisations découvertes. Il faisait tourner une clef à molette dans sa main depuis près de trois quarts d'heure à présent. Il repensa à ses coéquipiers. Le Capitaine ne s'était toujours pas remis du décès de la jeune officier Maggy Wright. Personne ne s'en était remis en vérité pas même lui. Mais Jim était la personne la plus affectée. Il mangeait peu et de ce fait avait perdu pas mal de poids. Son visage était assez pale et la flamme qui brûlait dans ses yeux d'un bleu outre-mer, s'était éteint. Il dormait beaucoup et effectué son travail correctement. Sans plus. Il avait perdu toute volonté. Spock, son commandant en second, s'inquiétait beaucoup pour lui. Il passait beaucoup de temps à essayer de le faire manger et de lui montrer son amitié de mieux qu'il pouvait. Mais cela échouait. Le docteur en chef, Léonard McCoy, son plus proche ami, n'arrivait pas à grand-chose non plus. Toutes ses tentatives pour le faire sourire tombaient à l'eau et il le suivait médicalement pour surveiller ses constantes. Dans cette manœuvre, il était accompagné d'Uhura. La pauvre jeune femme avait également perdue une amie et elle ne s'en était pas remise. Mais la situation du capitaine la préoccupait davantage. Il était devenu une loque humaine.
Toc, toc, toc
Le chef de l'ingénierie sursauta. Il se leva, posa son joujou sur son bureau et alla ouvrir. Qui donc venait troubler son ennuyeuse nuit ? Quand il ouvrit, il tomba nez à nez avec le jeune russe Pavel Chekov et le jeune japonais Hikaru Sulu.
« - Et bien ! on n'arrive pas dormir les gamins ? demanda Scotty sur un ton gentiment moqueur. »
Les jeunes gens hochèrent la tête. Il les laissa entrer. Après tout il n'allait pas les laisser dans le couloir. Ils étaient tous les deux en vêtement civile. Les yeux gris de Pavel étaient soulignés de cernes grises qui lui donnait un air maladif. Hikaru quant à lui avait les traits tirés. Conclusion tout le monde avait des difficultés à dormir. Il leur dit de s'installer dans la banquette.
« - Vous voulez boire quelques choses ? le demanda-t-il.
- Volontiers Monsieurrr Montgommerrry. Lui répondit Pavel.
- Scotty. Depuis le temps, je ne devrais plus vous le répéter. Rigola Scotty. »
Il alla derrière son bureau et sorti deux verres puis à la réflexion, il en sorti un troisième. Il les plaça dans le synthétiseur est commanda un café et deux thés. Puis quand la commande fut terminée, il versa un peu d'alcool dans son café et se demanda s'il devait en verser dans les deux autres verres. Ils étaient certes majeurs mais il n'était pas du genre à pousser les jeunes à boire. Après une autre minute de réflexion, il en versa une goutte, cela ne leur ferait pas de mal. Puis il leurs tendit les verres.
« - Allez, racontez-moi. »
Hikaru regarda Pavel puis il déballa son sac.
« - On s'inquiète pour le capitaine, Monsieur Scotty. Nous travaillons toujours aux mêmes quarts que lui et bien qu'il fasse tous les efforts du monde, il fait énormément d'erreur. Pavel et moi rectifions les erreurs quand nous en voyons une dans nos domaines de compétence mais cela va mal finir.
- Et il en fait beaucoup des erreurs ? demanda Scotty étonné.
- Et bien … commença Pavel. Hierrr, j'ai rectifié une donnée de la mesurrre du quadrrrant. Faussée, elle aurrrait pu nous fairrre perrrdrrre notrrre chemin.
- Pour ma part, c'était également hier. Il avait complètement oublié de référencer notre progression dans la base de données. J'ai dû le faire à sa place, dans le journal de bord du capitaine. Si ça se sait, je pourrais me faire renvoyer ! »
Scotty n'en revenait pas. Il est vrai que cela arrivait à tout le monde de faire des erreurs mais les faire en série … Si les gamins faisaient aussi une erreur en modifiant les précédentes erreurs du Capitaine, cela allait leur retomber sur le nez.
« - Ecoutez, vous aller finir vos verres et vous aller retourner vous coucher. Je vais en discuter avec un de vos supérieurs. Mais pourquoi n'êtes-vous pas aller voir le commander Spock ou le Docteur McCoy ?
- Nous avons essayé mais le Commander est à fleur de peau et le Docteur McCoy n'est pas dans un meilleur état. Quand Pavel est allé le voir, il l'a fiché dehors sous prétexte qu'il n'était pas malade.
- En effet, renchérit Scotty, cela ne leur ressemble pas. »
Scotty se leva et prit les verres des deux cadets après qu'ils eurent terminé. Il les posa sur son bureau et les accompagna jusqu'au carrefour des appartements. Ils se séparèrent là. Scotty monta à l'étage du dessus, au niveau des appartements des officiers. Il alla jusqu'à ceux du Capitaine. Il attendit. Lorsqu'il fut habitué au silence, il commença à percevoir des sanglots et des plaintes. Minime du fait de l'épaisseur de la porte, mais cela lui déchira le cœur. Il entendit des bruits de pas et se retourna.
« - Khan ! Que faites-vous ici ? Vous n'êtes pas de quart ? taquina-t-il
- Je venais vérifier l'état du capitaine mais vous m'avez devancé. Venez. »
Scotty savait très bien qu'à l'heure qu'il est, il devait se trouver au niveau du moteur inférieur pour surveiller la pression du refroidissement des réacteurs. Mais après tout, c'était une nuit calme.
« - Il est souvent dans cet état ? demanda Scotty. »
Khan ne le regarda pas.
« - Oui, il pleure beaucoup mais ne dit rien. Il a sa fierté. Qu'il ne m'en parle pas ou qu'il n'en dise pas un mot à l'équipage, je peux aisément le comprendre. Mais il ne se confie pas à Léonard ni même au vulcain et cela est problématique.
- Et qu'en pense le Docteur McCoy ?
- Il est très triste. Leur relation se brise davantage chaque jour et cela, il ne le supporte pas.
- Et Spock vous en a parlé ?
- Non, lui et moi ne sommes pas vraiment « amis ». Pour cela, demandez au lieutenant Uhura ou allez le lui demander directement.
- Je vois. Vous devriez redescendre à votre poste. Dit simplement Scotty. »
Khan ne rejouta rien d'autre et reparti aux niveaux inférieurs. Scotty décida qu'il était temps pour lui de faire un petit bilan de santé. Il prit un ascenseur jusqu'au niveau médical. Le calme régnait à cet étage qui sentait l'anti-sceptique et la javel. Il croisa tout de même quelques infirmières qui le saluèrent avec un grand sourire. L'uniforme d'infirmière était quelque chose qui lui donnait le sourire. Il arriva devant la porte blanche timbrée d'une croix rouge. Elle s'ouvrit dans un bruit d'aspiration et il pénétra dans l'antre du Docteur. Les lits s'alignaient sur la gauche, tous blancs, tous vides. Au fond, un mur de verre teinté, donnait sur un bureau. L'ombre d'une personne y était assis. Devant lui, Scotty vit l'infirmière Chapel ranger des instruments désinfectés et stérilisés. Elle lui sourit à sa façon, c'est-à-dire quasiment inaperceptible, ses légères rides marquant davantage son gracieux visages.
« - Mr Montgomery ? Que puis-je pour vous ? lui demanda-t-elle en s'avançant vers lui.
- Le Docteur est là ? lui répondit-il en sachant pertinemment qu'il se trouvait dans son bureau.
- Oui, il est dans son bureau. Voulez-vous que je vous annonce ?
- Non, n'en faites rien. Je veux juste lui parler cinq minutes. »
L'infirmière Chapel eut l'air irrité. Elle fronça doucement les sourcils, lui donnant un air plus dur.
« - C'est qu'il a demandé à ne pas être déranger.
- J'en prends l'entière responsabilité, Miss Chapel ! ».
Il la salua d'un hochement de tête puis après un clin d'œil, il se dirigea vers le bureau. Il toqua trois fois. Seul le silence lui répondit. Il recommença en insistant. Cette fois-ci, le docteur McCoy lui répondit.
« - Entrez.
- J'espère que tu ne réponds pas comme ça à tous tes patients parce que tu vas finir avec un vaisseau rempli de malades et une infirmerie vide. Plaisanta gaiement Scotty. »
McCoy était assis à son bureau de verre, il lisait plusieurs rapports et de temps à autres, il apposait sa signature. Lorsqu'il leva les yeux vers son ami, ce qui choquait le plus, c'était ses cernes. Visiblement, les nuits étaient compliquées pour beaucoup de monde. Il laissa retomber son visage dans la pile de dossier en indiquant à Scotty une chaise. Il s'assit et attendit que l'officier médicale ait terminé. Cela dura moins de cinq minutes car il finit par jeter les documents sur son bureau.
« - Je peux t'offrir à boire ?
- J'attendais que tu me le proposes ! »
En vérité, il n'avait pas vraiment soif mais un Scotty qui ne buvait pas était un Scotty perturbé. Autant ne pas éveiller les soupçons ! Il se saisit donc du verre de whisky que lui tendait Léonard. Heureusement qu'il ne lui en avait versé qu'un doigt … Il le but d'une traite pour en finir rapidement. Léonard s'était rassit en face et faisait tourner l'alcool dans son verre.
« - Pourquoi es-tu venu ? demanda Leonard plus calme. Tu as besoin de quelque chose ?
- Pour discuter !
- Tu sais que j'ai du travail ?
- Je ne savais pas que tu aimais les documents administratifs ? (En se retournant) et ce n'est pas comme si tu étais débordé !
- Cesse tes railleries je te prie, siffla Leonard.
- Mais dis-moi, à défaut d'avoir juré l'humour quand tu es devenu médecin, tu n'as juré d'écouter les maux des gens ? Pas très psychologue !
- A ce que je vois, tu es loin d'être malade. Dis Leonard dans un demi-sourire.
- Moi non, mais Chekov et Sulu ne vont pas bien.
- Ils n'ont qu'à venir me voir !
- Chekov l'a fait et tu l'as viré ! ».
Le médecin posa enfin son verre et arrêta de se balancer de sur sa chaise. Un silence s'installa et Scotty fut très surpris de la réaction de son ami. Ce dernier prit sa tête dans ses mains et sanglota tout en psalmodiant des excuses.
« - Ne te mets pas dans un état pareil … s'inquiéta Scotty. »
Il se leva et alla poser une main sur l'épaule de Leonard. Il fallut un certain moment pour que le jeune docteur reprenne son calme.
« - Excuse-moi … ça ne devrait plus arriver à mon âge.
- Il n'y a pas d'âge pour craquer ! ».
Ils rigolèrent ensemble avant de reprendre leurs places.
« - Comment sais-tu que le petit est passé me voir ?
- Par qu'ils sont venus me voir il n'y a pas une heure. Et ils sont inquiets !
- A propos de quoi ? dit Leonard soucieux et intrigué.
- De Jim. ».
Leonard parut encore plus triste. Son visage s'assombrit et son regard sembla se perdre.
« - Je sais qu'il n'est pas dans un état d'esprit sain mais quoi que je fasse, ça ne fonctionne pas.
- Ma question Leonard, est « pourquoi ne prend-il pas quelques jours ? ». Déjà que je ne comprends pas comment le conseil l'a autorisé à reprendre du service …
- Tu le connais aussi bien que moi ! il est têtu et il aurait fait n'importe quoi pour repartir. Mais tu sais quelque chose que je ne sais pas ?
- Oui, mais je ne l'ai appris que tout à l'heure. Apparemment, Sulu et Chekov reprennent souvent le Capitaine. Il commet beaucoup d'erreur et j'ai peur que s'il arrive quelque chose, cela retombe sur les jeunes qui le font volontairement. Ils n'en dorment plus et je crois qu'ils s'inquiètent plus pour leur capitaine que pour leurs sorts !
- Chekov venait probablement pour m'en parler … et pourquoi ne sont-ils pas aller parler à Oreilles Pointus ? ».
Scotty le regarda d'un air entendu. Il haussa les sourcils.
« - Oui, tu as raison. Ce que je viens de dire est totalement idiot. Mea Culpa.
- Dans tous les cas, il va bien falloir aller en parler à Spock. ».
Ils soufflèrent. Comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point ?
« - Nous en parlerons demain. Proposa Leonard. La nuit est déjà bien entamée. Tu es venu sur ton quart ?
- Tu vas le dire à Spock ? ».
Ils pouffèrent de rire et eurent une pensé pour le concerné qui devait avoir les oreilles sifflantes. Ils se dirigèrent vers la porte et tandis que Scotty s'éloignait, Leonard lança :
« - J'irais leurs donner de quoi dormir … ! ».
« … et m'excuser ». Mais ça, il ne le dit pas. Pourquoi Leonard n'avait-il rien fait ? La réponse était simple : il ne voyait pas beaucoup son ami. Mais maintenant que la situation était des plus mauvaise, il fallait qu'il agisse. Khan. Il l'aiderait. Il devait sauver son ami.
