Yo !
Un OS écrit pour la Nuit du FoF sur le thème 'Seul'.
Comme les personnages ne sont pas nommés, il s'agit bien de Mikasa, Jean, et Eren.
Bonne lecture !
Seuls
Ils étaient seuls. Seuls, à deux.
Il était seul.
Elle était seul.
Il y avait entre eux, dans leur lit après leurs ébats, le corps pesant et invisible d'un absent.
Il était parti, ce flambeau, cette lumière incarnée, les yeux bleu-verts comme la mer qu'ils avaient jamais vus, les cheveux en bataille comme des montagnes qu'ils n'avaient jamais gravies.
Il était parti, et il avait tout pris avec lui, leurs âmes, leurs cœurs, tout ce qui aurait pu être bon à offrir un jour, tout ce qui aurait pu avoir un sens.
Ils s'étaient retrouvés, du jour au lendemain, sans lui.
À elle, il était son petit frère, son amour secret, sa raison de vivre.
À lui, il était son amant, son partenaire, sa raison de se battre.
Elle et lui partageaient beaucoup de chose, le mystère, et puis cette odeur particulière de leur village, jamais vraiment effacée. Alors il l'avait regardée.
Lui et lui partageaient des traits, comme cette furieuse manie de crier, de sourire alors que y a pas grand-chose de drôle, d'essayer malgré les échecs. Alors elle l'avait regardé.
Ils s'étaient trouvés, un peu, perdus, beaucoup.
Ils avaient couché ensemble le lendemain de l'exécution, comme si c'était la chose la plus naturelle à faire. Ils auraient pu attendre la mise en terre mais de toute façon, ils savaient qu'ils n'y en aurait pas. Il n'étais pas mort depuis deux heures que son corps avait déjà disparu. Il ne voulait vraiment rien leur laisser, hein.
Elle et lui, ils s'étaient réfugiés dans les bras l'un de l'autre, cherchant dans la peau des souvenirs qui leur auraient échappés, des images, des paroles, l'éclat d'un rire. Mais il n'y avait rien. Rien dans leurs peaux, rien entre eux, rien, rien que l'absence, et le verdict elle avait fini par le prononcer un matin, alors qu'ils fumaient tous les deux une cigarette, comme s'ils cherchaient à consumer leur vie plus vite, à brûler comme son corps avait disparu.
« Je me sens seule, quand je suis avec toi. »
Il avait tiré sur sa cigarette.
« Moi aussi. »
Ils avaient fini leurs cigarettes, et puis ils avaient à nouveau couché ensemble, presque fait l'amour.
Ils étaient seuls, mais c'était tout ce qu'ils avaient.
Du corps de l'absent il ne restait rien, ni de ses affaires, ni de son odeur, ni de leur cœur à eux. Il ne leur restait que leur solitude, solitude ultime, tranchante, dernière preuve qu'il avait bien existé, le flambeau titanesque, le titanesque imbécile, alors ça leur allait.
S'ils se mettaient à rire, s'ils devenaient heureux, et si leur cœur ne les faisait pas hurler de douleur depuis l'au-delà, alors comment savoir que tout ça n'avait pas été qu'un rêve ? Il n'y avait pas de tombe ni d'autel, rien que du silence dans la poitrine et des aiguilles dans la gorge.
Et s'ils devaient être seuls à deux toute leur vie, pour garder le silence et les aiguilles comme preuve d'existence alors très bien. Parfait.
Il était seul.
Elle était seule.
Parfait.
.
.
Voilà ! Dites-moi ce que vous en avez pensé !
