Bien plus qu'un tournage
Encore.
Encore et toujours les vieux fous qui défilaient, les infimieres tentant vainement de les raisonner Et la monotonie du Bingo, Scrabble et d'autres jeux encore plus ennuyeux les uns que les autres.J'avais bien proposée un strip-poker il y a quelques semaines de cela, mais on m'avait ramener dans ma chambre avec un foutu cachet en plus, comme toujours…
« -Une visite pour vous, Madame Sommet.
-Une infirmière ? un médecin bidon qui va m'expliquer que l'ostéoporose me grignote au fil des jours qui passent aussi lentement et ennuyeusement que l'avaient fait les précédents et que le feront les prochains ? Non merci, je l'ai assez entendu ce petit discours à la con.
-Non, votre petit-fils, Mathieu souhaite vous parler pour un épisode de Salut les … Les quoi déjà ? Figues ? Gifles ? Riz ? Qu'importe. Il est là.
Tiens donc. Voilà déjà 5 années que j'étais en maison de retraite et maintenant le gamin voulait me voir ? Oh et puis au pire ça me fera un peu d'animation.
Mathieu entra dans la pièce, me saluant affectueusement en m'apellant Mamie. Dieu que je detestais ce surnom. Il m'expliqua brièvement la raison de sa visite : tournage, ostéoporose, Internet… Et c'est ainsi que sans avoir compris un seul mot de ce vocabulaire qui n'étais pas le mien, je sortais de l'affreuse batisse de briques rouges , sous le regard inquiet du personnel .Rien à foutre d'eux.
Arrivée chez Mathieu, je me rendis à quel point il avait des goûts particuliers: des jeux vidéos, encore des jeux vidéos et un livre classique parlant d'un quelconque sujet sur la botanique ancestrale ou encore un autre sujet dont même Ramses en personne en aurait rien a faire . une grand-mère normale serait déjà entrain de lui faire la moral comme quoi il fallait se cultiver, pas moi. Mon petis-fils était un génie, ne se préoccupant que de ce qui l'interressait . Un vrai Sommet comme je les aime.
Il me précisa ses attentes : je devais figurer sur quelques scènes où je lisais tranquillement, tricotais ou donner à manger aux canards. J'aquiescai ses paroles sans trop y penser, autant faire ce qu'il me demandait, ensuite j' aviserais . On tourna les scènes en questions sans trop de difficultè .Le tournage me plaisait et changeait des programmes télévisés que je regardais habituellement : là c'était moi l'image sur l'écran.
Il mit l'épisode en ligne, satisfait du travail. Curieuse de la suite des événements je le questionna sur nos prochaines activité .Une tête surprise et un soupir plus tard, il m'affirma que pour moi l'audiovisuel s'arrêtait là et qu'il me ramenait à la maison dès le lendemain.
Le sale gosse m'avait tiré de ma prison pour m'y renvoyer une fois qu'il s'était servi de moi. Ohnon ça n'allait pas se passait comme ça mon petit, crois moi .On alla se coucher,moi l'air faussement déçue et lui avec une mine génée . Ne t'inquiètes pas Mathieu, tu n'as pas à l'être.
Mathieu se réveilla vers 9h, puis alla se préparer un café.Il m'appela, me demandant si j'avais bien dormi. Pas de réponse. Il retenta l'opération vainement et se précipita dans sa chambre ( oui le minimum quand on héberge sa grand-mère c'est de ne pas la faire dormir sur son canapé ), plus de Mamie. Affolé, il appela la police pour signaler une disparation.
Et oui gamin, à quoi tu t'attendais ? J'étais déjà loin, mes cheveux volant aux vents à chaque coin de rue que je traversais avec une trotinette trouvée chez le schyzophrène, d'ailleurs c'est assez bizarre d'entendre son petit-fils se persuader lui-même de ne pas laisser le patron entrer dans ma chambre .Qu'importe, ce monde était fascinant et je comptais bien en profiter jusqu'à mes derniers jours .Cette petite sortie se révéla etre bien plus qu'un tournage, c'était une renaissance . Ma renaissance avec les oppurtunités infinies que m'offraient cette nouvelle jeunesse.
