Poussée par une inspiration assez subite (et la deuxième partie est à moitié écrite, ce qui est déjà une bonne avance me concernant), j'ai eu envie d'écrire sur une amitié entre minis Malefoy et Potter, comment elle aurait commencé, pourquoi, et où ça les mènerait pendant sept ans à Poudlard.
Cette fiction est totalement indépendante de ce que j'ai pu écrire avant sur eux dans d'autres OS ou fictions, même si on va retrouver à peu près les mêmes personnalités ou caractères... enfin, vous verrez ! La deuxième partie sera beaucoup plus riche en différents POV, et si dans cette partie, il y en a peu, c'était pour bien situer les deux personnages.
Ah. Et j'ai eu un peu de mal à me mettre dans la peau d'un enfant de onze ans, donc n'hésitez franchement pas à balancer des critiques. Merlin sait que j'en ai bien besoin !
Et le titre vient de la chanson "Young", reprise par James Arthur, elle est tout simplement sublimissime. (L'inspiration me faisait cruellement défaut pour le titre, désolé, si quelqu'un a une meilleure idée, je suis preneuse :D)
J'espère que vous aimerez ! Bonne lecture ! :)
FORGIVE US, WE'RE YOUNG
PARTIE I
"On rencontre quelques fois son destin sur la route qu'on a pris pour l'éviter" - Sur la route.
Septembre 2017
Albus mâchonna silencieusement une Chocogrenouille, n'écoutant que d'une oreille le bavardage incessant de sa cousine Rose qui formulait déjà tous ses plans pour les sept années à venir. Les matières qu'elle allait choisir à partir de la troisième année, les options qu'elle songerait à abandonner en sixième, la place à la bibliothèque dans un coin que sa mère lui avait conseillé et qu'elle ferait sien dès le début de l'année. Rose "Rosie" Weasley était comme ça, toujours prévoyante, parfois un peu exaspérante.
Un peu d'imprévu ne faisait jamais trop de mal, non ?
Sans le moindre toute possible, c'était bien une Granger. Seule la couleur de ses cheveux et sa capacité à manger pour trois prouvait son appartenance à la famille Weasley. D'ailleurs Rose n'avait pas une seule tâche de rousseur, alors qu'Hugo, qui était pourtant un petit brun, en avait le haut des joues constellées.
Victoire était déjà passée leur faire un salut dans leur compartiment, rejoignant très vite ses amies de Serdaigle, ses grands yeux bleus humides, sûrement dus au fait qu'elle venait de dire au revoir à Teddy Lupin. James, en bon fouineur, digne héritier de leur grand-père s'il en croyait leur père, l'avait surprise en train d'embrasser leur grand frère de coeur, le filleul de leur père. Et d'ailleurs, quant à lui, il s'amusait déjà à faire des farces aux nouveaux élèves, accompagné de leur cousin et meilleur ami depuis les couches-culottes : Fred II Weasley.
Secouant la tête en pensant à eux, Albus songea pour la énième fois que leurs parents, dans leur désir de rendre hommage aux morts ou à leur famille, en avaient fait un peu trop. James Sirius, Lily Luna – qui était la seule à porter un deuxième prénom d'une personne vivante de leur entourage -, Fred, Molly, ... Un héritage un peu trop lourd à porter pour tous.
James avait essayé de faire fi de la réputation de son grand-père qu'il avait apprise des fantômes et tableaux de Poudlard ainsi que de son propre père, mais le sang avait vite repris le dessus. Fred était celui qui était le plus touché par son prénom, Oncles Georges l'avait toujours vu comme un frère plus qu'un fils, et était bien trop indulgent avec lui jusqu'à ce que Roxanne naisse et ne lui fasse prendre conscience que Fred était un fils et non un jumeau. Mais lui aussi avait ça dans le sang, les farces et les attrapes. Il y était né et y vivait. Roxanne le suivait assez bien sur ce chemin, évidemment, même si elle possédait plus de traits de sa mère. Lily n'avait pas encore montré qui elle était vraiment, mais avec deux grands frères dont l'aîné était plus que turbulent, Lily était une future grande gueule en puissance -surtout quand on voyait la mère qu'ils avaient, Ginny Weasley n'était sûrement pas une personne à contrarier... -, Molly ne s'en faisait pas trop pour son prénom, elle avait grandi tranquillement entre un père un peu trop sérieux et une mère qui étrangement était tout son contraire, libérée, extravertie et la langue pas dans sa poche.
Et tant qu'à lui, Albus Severus, il portait aussi une certaine réputation. Ajouté au nom Potter, ces deux prénoms semblaient lui donner déjà un destin. Par leur faute, Albus avait toujours cru qu'il lui faudrait se comporter comme quelqu'un de sage, de discipliné, de doué. Peut-être même un peu froid. Dumbledore et Rogue en une seule personne.
Mais ça ne lui correspondait pas au fond. Il rêvait de pouvoir s'exprimer tout comme James, d'être aussi peu concerné par les règlements, par les remontrances, les sermons, aussi peu inquiété par le regard que les autres pourraient avoir sur lui. Il y avait cette flamme en lui qui ne demandait qu'à le magnifier tout entier. Albus voulait être beaucoup plus qu'un Potter, beaucoup plus que le fils d'un Héros qui lui aurait donné les deux prénoms des deux derniers directeurs de Poudlard, beaucoup plus que la simple image de lui que le monde lui avait déjà attribué.
-On arrive, Al ! Ça y est ! S'enthousiasma Rose, ses joues rosies, ses cheveux roux voletant sauvages autour de son visage juvénile.
Deux autres premières années qui avaient élu domicile dans leur compartiment souriaient de toutes leurs dents, les yeux émerveillés.
Le jeune Potter esquissa un sourire. Peut-être bien que Poudlard allait l'aider à trouver qui il était réellement. Et tant pis si c'était à Gryffondor ou Serpentard, toute maison serait bonne, le Choixpeau déciderait. Albus ne voulait pas réclamer de maison, son souhait le plus cher était de se connaître lui-même, et quel meilleur début que de laisser la décision à un tiers qui saurait lire au fond de lui ?
Lui dire s'il était quelqu'un de courageux ? Une fois, il avait sauvé Lily d'une chouette un peu trop agressive avec une petite égratignure en cadeau.
Lui dire s'il savait faire preuve de sagesse ? A bien y réfléchir, ça lui arrivait, oui. Surtout avec James Potter comme grand frère, il se devait de le modérer de temps en temps. Quand il y parvenait, bien sûr.
Lui dire s'il était quelqu'un de profondément loyal ? En grande partie, sans hésitation. Après, si il devait éviter de se faire disputer pour la bêtise d'un de ses autres cousins, il les dénonçait. Fallait pas pousser non plus.
Lui dire s'il savait arriver à ses fins, quelque soit les moyens ? C'était également une de ses caractéristiques. Quand il devait aider Lily, Hugo et Dominique à arriver au gâteau au chocolat des anniversaires sans se faire prendre par les adultes, il savait élaborer des plans qui frisaient le génie, sans modestie aucune.
-Prêt à découvrir Poudlard, Al ? S'enquit une voix amusée à la porte de leur compartiment.
James l'observait, un grand sourire aux lèvres, les bras croisés sur son torse. A treize ans, il respirait déjà une suffisance et une arrogance peu commune, et était une incroyable tête brûlée. Mais Albus savait que quoiqu'il se passerait dans leurs vies, du haut de ses onze ans, que James serait toujours là pour lui même s'ils devaient être éloignés par quoique ce soit.
-Attention au calamar Al, parfois il attrape un ou deux élèves qu'il juge non-méritant de Poudlard, se moqua son frère avant de disparaître en une touffe de cheveux d'un brun foncé, tirant sur le noir, suivi de Fred qui lui adressa un grand signe encourageant.
En réalité, James Sirius Potter portait admirablement bien son prénom. Le sang, et la compagnie abusive de Fred II, toujours fourrés dans l'atelier d'Oncles Georges, avait contribué à son caractère et sa personnalité. Et le mélange était explosif, faisant des ravages à Poudlard.
Un des élèves de leur compartiment, une petite blonde toute menue, toute frêle, qui leur avait dit s'appeler Betty Clavell, sursauta et leur adressa à Rose et lui un regard inquiet. Disait-il vrai ? Avec une petite moue, Albus rassura la petite d'un signe de tête négatif et blasé. Près d'elle, une autre blonde au regard méprisant et hautain se moqua silencieusement de la craintive. Comment avait-elle dit s'appeler déjà ? Ah oui, Angel Nott. De son prénom, elle n'en portait que le physique, mais Albus discernait déjà – avec l'expérience de son jeune âge – un caractère difficile et loin d'être angélique. Et puis avec le nom qu'elle portait, c'était une Sang Pur sans aucun doute.
-Tu penses qu'on va aller dans quelle maison ? Demanda Rose, un peu de crainte dans la voix.
Combien de fois lui avait-elle posé la question depuis qu'ils avaient reçu leurs lettres de Poudlard ? Peut-être un millier de fois... Lassé, Albus replia ses jambes et soupira, pensif.
-Papa m'a dit que le Choixpeau tenait compte de tes choix, répondit calmement Albus.
Même s'il recommençait à bouillonner de l'intérieur. Voilà que ses démons qu'il venait tout juste de calmer revenaient le hanter. Jusqu'à son passage dans le Choixpeau, il était dans le flou le plus complet, et le stress qu'il ressentait l'étouffait presque. Albus Dumbledore avait été à Gryffondor et Severus Rogue à Serpentard. Comment son père avait-il pu lui donner deux prénoms si différents l'un de l'autre dans leur signification, dans leur représentation ? Avec une famille comme la sienne, il aurait dû suivre tout simplement le chemin de Gryffondor. Tout comme James. Tout comme Fred II.
Mais au fond, bien au fond, Albus ne s'était jamais senti lion. Depuis petit, il avait toujours privilégié la ruse à la tactique de foncer dans le tas de son frère aîné. Quant à Lily, elle était un peu entre les deux, même si Albus la jugeait lionne plus que serpent. Ses caprices et ses crises de colère étaient assez mémorables. Digne fille de Ginny Potter.
-J'aimerais aller à Gryffondor ou Serdaigle, commenta Rose après un silence.
-Poufsouffle me semble un choix judicieux pour moi, murmura Betty avec un sourire léger, frais. La loyauté et le goût du travail bien fait.
Angel étouffa un ricanement avant de se prononcer : "Serdaigle et Serpentard sont les seules maisons qui ont de la valeur, quand on y pense... Même si Gryffondor ou Poufsouffle n'en sont pas dénués."
En quelques secondes, le train se mit à ralentir, et les quatre enfants retinrent leur souffle. Ça allait être leur première fois. La première fois qu'ils mettraient un pied dans ce château. La première fois qu'ils verront ce dont leur ont tant parlé leurs parents, leurs soeurs, leurs frères, leurs familles, leurs amis... La seule fois où leurs sept prochaines années allaient être déterminées par un chapeau tout rapiécé.
Albus vit une tête d'un blond très clair passer devant leur compartiment, et leurs regards se croisèrent brièvement. Gris contre vert. Le fils Malefoy, songea-t-il. Oncle Ron avait peut-être fait preuve d'un peu trop d'exagération quand il avait interdit à Rosie d'être amie avec lui. Il avait l'air si triste, si perdu, si méfiant malgré la supériorité dont il faisait preuve.
Et Albus Severus Potter savait que son propre regard ressemblait à celui du garçon Malefoy. Un peu perdu, un peu égaré mais restant déterminé à faire ses preuves.
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-SERPENTARD !
Pendant quelques instants, Albus resta interdit. Alors... il était plus Serpent que Lion. Au fond, il s'en était toujours douté, mais il aurait plus que tout au monde voulu éviter les regards choqués, amusés, étourdis, que tous arboraient. Même McGonagall semblait pétrifiée et n'osait pas lui enlever le Choixpeau comme s'il pouvait la brûler.
Un coup d'oeil rapide aux Gryffondors lui apprit que tous les membres de sa famille, et les enfants des amis de ses parents n'avaient pas soufflé un seul mot, leurs regards rivés sur lui, interloqués, dégoûtés, déçus. Ses yeux papillonnèrent jusqu'à Serdaigle où Victoire avait légèrement entrouvert la bouche de surprise, puis jusqu'à Poufsouffle où Molly avait froncé les sourcils, et enfin vers Serpentard où Malefoy le sondait intensément, réparti quatre élèves avant lui dans cette maison qui lui était presque prédestinée. Rose, encore dans les élèves non réparti, semblait réellement touchée... Enfin, les yeux émeraude d'Albus revinrent sur Gryffondor.
James qui avait eu l'air franchement dégoûté, déçu, affichait désormais un sourire amusé et lui fit un clin d'oeil avant de se lever pour applaudir bruyamment, rompant ainsi le silence qui s'était installé dans la Grande Salle. Au fur et à mesure que les mains de James s'entrechoquaient, tous les membres de sa famille déjà à Poudlard se levèrent chacun à leur tour pour l'applaudir. Victoire la première, suivie de Fred, de Louis, et enfin de Molly. Les Gryffondor déjà admiratifs de Fred et James se joignirent vite à eux, désireux de montrer leur assentiment. Les amis de Victoire, des Serdaigle de sixième et septième année, se levèrent également. Ceux de Molly furent plus lents, plus hésitants, avant de suivre le mouvement général. Et à la table des Serpents, Albus eut une belle surprise. Angel Nott, repartie un élève avant lui, s'était levée et l'applaudissait, un sourire narquois accroché à ses lèvres. Et deux autres – non, cinq autres – élèves de différentes années se levèrent, affichant des sourires ravis.
Et gêné par les applaudissements, presque agacé que tout ça soit dû au fait qu'il soit un fils Potter réparti à Serpentard, Albus se leva brusquement et se dirigea vers une chaise de libre à la table des héritiers de Salazar, presque humilié... Tout revenait toujours à son nom de famille, depuis le temps il pensait y être habitué.
-Alors Potter, petit serpent, tu cachais bien ton jeu, commenta Angel quand ils furent assis. Je n'aurais jamais soupçonné qu'un Potter nous rejoigne. Et tu sais quoi, j'en suis fière !
Albus releva ses yeux brillants pour les planter dans les siens, couleur noisette. Elle en était fière ? Comment pouvait-elle être fière de ça ? Après tout, elle lui avait à peine adressé quelques mots dans le train, se contentant d'une vague présentation.
-Ça leur fout un pied de nez à tous ses idiots qui continuent à penser que Serpentard est forcément la maison des mauvais garçons et filles. Un Potter à Serpentard, on n'aurait pas pu rêver plus beau cadeau, n'est-ce pas Zabini ? Interpella la blonde.
Un métisse aux yeux d'un bleu électrique, assis un peu plus loin, eut un sourire en coin avant d'adresser un signe de tête à Albus en déclarant doctement, d'un ton très pragmatique : "Tout ça n'est qu'une question de stratégie. Soit ils vont penser que tu es une tare dans toute ta petite famille de lionceaux – Albus frissonna au mot tare -, soit ils vont commencer à se poser des questions sur le bien-fondé de toutes leurs cruelles suppositions. Nous sommes les enfants de, et cette étiquette nous colle à la peau. Nous sommes la génération issue de celle qui a vécu la guerre en première ligne ici, de ceux qui ont fait leur choix. Mangemorts ou héros."
La Répartition se termina sur Rose, que le Choixpeau envoya à Serdaigle. Un sourire triste étirait ses lèvres, et ses yeux bruns d'ordinaire si pétillants étaient assombris quand elle jeta un oeil vers la table des verts et argents. Et McGonagall enchaîna avec son discours de bienvenue aux nouveaux élèves et avec le rappel annuel du respect des règlements. Puis le dîner apparut.
Zabini reprit, tous les élèves autour de lui perchés à ses lèvres, dont Albus : "Pourtant, on a tout essayé. Bon comportement en cours, tutorat pour les élèves en difficulté, et je ne suis qu'en quatrième année. Je n'ai pas encore beaucoup de pouvoir dans cette maison, mais ça viendra Potter. La seule chose que je te demande est de montrer que tu es le digne fils d'un grand lion mais que tu appartiens à notre maison, coeur et âme. Tu dois nous défendre, Potter. Tu dois faire notre honneur. Montrer que sous nos dehors froids et calculateurs, nous sommes et serons toujours des élèves de Poudlard comme les autres. Si tu pensais rester discret à Poudlard, tu aurais dû demander à aller à Gryffondor. Mais tu es là, parmi nous."
-Tu t'y crois un peu trop, Rupert, fit remarquer une de ses amis, le visage posé au creux de sa main, son coude sur la table, ses lourds cheveux noirs flattant ses avant-bras.
Mais son air enflammé trahissait son état d'esprit. Albus le voyait, le sentait. Rupert Zabini avait l'âme d'un leader, et malgré lui, il allait contribuer à ses plans. Potter Potter Potter... jamais il n'échapperait à son nom et ce qu'il représentait, jamais.
-T'occupes Sofia, répliqua Rupert sans même lui lancer un regard. Potter, pendant qu'on y est, ta première action en tant que serpent pour redorer notre blason sera de te lier d'amitié, ou juste t'allier, avec Scorpius Malefoy ici présent.
Le jeune métisse, en annonçant ça, pointa d'un doigt nonchalant le petit blond de onze ans au menton pointu et aux prunelles grises, qui avait lentement commencé à se nourrir. Celui-ci eut un rictus, et un "Non." très clair sortit de sa bouche fine, arrachant un sursaut à Albus qui ne l'avait encore jamais entendu parler.
Non ? L'idée d'être ami avec un Potter lui semblait si désagréable que ça ? ... Après tout, l'idée d'être ami avec un Malefoy n'était pas une idée beaucoup plus jouissive que ça...
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Scorpius laissa dériver son regard sur les personnes présentes qui faisaient toutes la moue. Autant les premières années que les rares septièmes années qui étaient près d'eux. Tous avaient été conquis par le discours de Rupert Zabini, qui possédait le charisme diabolique de son paternel et le caractère vicieux de Daphné anciennement Greengrass, soeur de sa mère, et Scorpius ne maudit jamais autant son cousin qu'à ce moment-là. Dans quel guêpier allait-il le fourrer ?
Lui, un Malefoy, ami avec un Potter ? Cela équivalait à dire que la magie n'existait pas. L'idiot.
-Sors-toi immédiatement cette idée de la tête, Rup. Je ne serais pas un des tes outils pour assouvir ta soif de reconnaissance, répliqua Scorpius.
Rupert fronça des sourcils, ce qui lui donna un air menaçant. Mais Scorpius y était trop habitué pour en avoir peur, et Angel leva les yeux au ciel, le sachant indubitablement. Tout comme les Potter, Weasley, Londubat et compagnie, ils avaient plus ou moins grandi ensemble. Leurs parents avaient été amis, compagnons d'arme, compagnons d'amertume et de rancoeur.
Et puis, honnêtement, le jeune Potter ressemblait à un chiot perdu sans sa meute autour de lui. Scorpius l'avait remarqué sur le quai 9 3/4 avec toute leur petite famille, et il était rentré dans le train avec une rouquine à l'air trop coincée à ses côtés. Sa mère lui avait soufflé leurs noms sous le regard de son père qui attendait une réaction. Mais il n'avait eu droit qu'à de l'indifférence. Scorpius ne voulait pas vivre dans le passé. Il avait vu les dégâts que le passé avait infligé à son grand-père, qui n'était devenu qu'un rocher empli de dureté, de froideur et pétri de souvenirs amers.
Être ami avec un fils du Héros signifiait un grand plongeon dans le passé et Scorpius se refusait à cela. Il ferait ses preuves au sein de Poudlard par son intelligence et sa ruse, et non par son patronyme, qui suscitait encore et toujours de l'admiration et du respect grâce à l'action du désespoir maternel de Narcissa Malefoy le jour de la Bataille. Si elle n'avait pas été là, Scorpius avait compris que la peau de Potter père n'aurait pas été sauvée, et la Bataille sûrement pas gagnée. Ni la Guerre.
-Sans offense, Potter. Mais je préfère choisir mes amis moi-même, souffla froidement Scorpius.
Après tout, il ne lui avait jamais rien fait pour le moment et avait l'air relativement normal comparé à son frère aîné qui semblait déjà consumé par une haute estime de lui, son compère métissé -et s'il avait bien compris, était son cousin- non très loin de lui. Les yeux émeraude du brun le vrillèrent désagréablement, les mains de Scorpius picotèrent, et il sentait parfaitement les ondes assassines qui émanaient de son très cher cousin.
Qu'il aille se faire voir au nom de Salazar ! Il n'était pas un pantin, il était un Malefoy. Et un Malefoy prenait lui-même ses décisions.
-Je n'ai ni accepté ni rejeté la proposition de Zabini, répondit simplement Potter en s'emparant de ses couverts.
-Mais vous feriez mieux, grogna Rupert clairement mécontent.
Scorpius haussa les épaules, peu lui importait. Si Serpentard voulait redorer son blason, il pouvait l'y aider. Avec ou sans Potter. Ce n'était pas indispensable, et de mémoire d'homme on n'avait jamais vu un Malefoy faire ami-ami avec un Potter. Leurs parents avaient toujours été ennemis au collège, puis de simples connaissances après la fin de la Guerre, se supportant tout juste lors des réunions, des dîners officiels, ou autres, restant polis, et parfois échangeant quelques sourires polis.
-Sois gentil Rupert, pour l'instant c'est toi qui a besoin de nous et pas l'inverse, cingla Scorpius.
-A d'autres gamins, ricana le métisse. Reviens me tenir tête quand ta voix aura mué.
Certains s'esclaffèrent doucement, et les joues de Scorpius rosirent légèrement tandis qu'il relevait un peu le nez en l'air, drapé dans sa dignité. Rupert avec ses quatorze années derrière lui se voyait déjà homme... Pauvre idiot.
Son père, Drago Malefoy, l'avait toujours prévenu contre le fils Zabini. "Tout comme son père !" avait-il soufflé un jour à son oreille avec un sourire attendri. Blaise et Drago était d'une certaine manière meilleurs amis, et Pansy Parkinson, désormais Nott, complétait depuis le début leur petit noyau. Rupert avait l'arrogance maternelle du côté des Greengrass, leur penchant manipulateur, et du sang des Zabini, il avait hérité la prestance et le charisme naturel. Un mélange dangereux qui avait toujours fasciné Scorpius, quoiqu'il puisse en dire.
-Mais il a raison, Zabini, ajouta Albus, un mince sourire confiant sur son visage.
Assurément, le gamin hésitait quant à se mettre à dos sa maison dès le premier jour, mais il continua, déterminé à ne pas se faire utiliser, et Scorpius admira son audace purement gryffondorienne : "Et de plus, nous venons d'arriver à Poudlard. Personnellement, je suis un peu perdu d'être à cette table même si je sais qu'au fond, elle me correspondait plus que les autres. Mais à peine nos fesses posées sur le banc, tu nous fait part des tes plans. Je ne dis pas que je n'y participerais pas et vu comment tu présentes les choses, j'en serais sûrement obligé. Cependant, laisse-nous quelques semaines, tu veux ? Tu as encore quatre ans pour arriver à tes fins."
Scorpius fut soufflé par tant de diplomatie pour un si jeune garçon. Et de ruse. Ce garçon n'avait pas du tout craché sur sa place à Serpentard, bien au contraire. Cette maison semblait faite pour lui... Certains n'y avaient peut-être vu qu'un discours de faible garçonnet demandant grâce pour un peu de temps vu les sourires moqueurs que Scorpius discernait sur les visages, mais d'autres maniant beaucoup mieux l'art de la subtilité avaient remarqué la même chose que Scorpius. Albus Potter allait faire des ravages sous son masque doucereux.
Et Rupert l'avait compris et noté. Un simple signe de tête de sa part suffit comme réponse, Angel Nott dévorait des yeux le brun comme si elle le voyait pour la première fois de sa vie, et le monde recommença à tourner.
Leurs regards se croisèrent, métal contre pierre précieuse, et Albus lui adressa un simple sourire, dénué de toute hypocrisie, que Scorpius lui rendit avec satisfaction, sous le regard amusé et vainqueur de Rupert qu'aucun des deux ne remarqua.
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Novembre 2017
-J'arrive toujours pas à croire que tu sois aussi bordélique, Potter, râla Scorpius pour la énième fois sous les rires de Wyatt Higgs, Mark Sanders et Peter Flanning.
Tout de même ! Ils avaient deux minuscules mois de cohabitation à leur actif, lui et Albus s'étaient retrouvés dans des lits voisins, et depuis le début, les affaires du brun empiétaient sur son espace vital. Chaussettes sales, chemises et robes de sorciers qui auraient besoin d'un tour chez les elfes de maison, et une fois même, Scorpius avait retrouvé le haut du pyjama de mini-Potter sur SON lit. Incroyable !
Quelques fois, son père lui parlait des Weasley, de la petitesse de leur maison pour neuf personnes, de l'incroyable fouillis qui devait y régner en grand maître de maison. A croire qu'Albus Potter avait ça dans le sang, nom d'un dragon !
-Et moi je n'arrive pas à croire à quel point tu peux être râleur, répliqua Albus, un sourire moqueur aux lèvres avant de s'enfermer dans la salle de bain en ricanant allègrement.
En ronchonnant, Scorpius noua autour de son cou sa cravate verte et argent. Et si Wyatt continuait à rire comme ça, il allait clairement s'étouffer. Quoique ça ne serait pas une mauvaise idée. Scorpius détestait être entouré de trop de personnes lorsqu'il était contrarié depuis tout petit. Et Potter le contrariait en permanence.
Il y avait entre eux depuis le premier jour où Zabini avait tenté de les rapprocher, une sorte de lien, latent, tout juste perceptible. Ils s'étaient retrouvés en binôme en Potions, en Défense contre les Forces du Mal, en Métamorphose et Botanique. Pour cette dernière matière, Scorpius avait fait un choix purement stratégique. Le professeur était Neville Londubat, également sous-directeur de Poudlard, et il savait que Potter allait être légèrement dans ses petits papiers. Enfin ça c'était avant de comprendre qu'Albus était une bille dans cette matière, que lui aussi, et que le Professeur Londubat les avait désormais à l'oeil.
Et ils étaient en général ensemble pour travailler à la bibliothèque, avec Rose Weasley quand cette rouquine mal lunée avait le courage de l'approcher, pour manger, et pour tout le reste en fait, réalisa Scorpius en rajustant sa robe de sorcier. Albus Potter gravitait autour de lui, ou l'inverse, il ne savait pas trop, mais les faits étaient là. Tous les deux traînaient ensemble. Ni Wyatt, ni Mark, et encore moins Peter, n'étaient aussi souvent qu'Albus avec lui.
Scorpius songea fugacement à son père et à ce qu'il en dirait. Il s'en amuserait très certainement, pensant surtout à la réaction de Père Potter et de la famille Weasley. Drago Malefoy avait toujours adoré s'amuser des mines dépitées, déçues ou désappointées des autres, un trait de caractère dont il avait hérité.
-Allez Potter, magne-toi les fesses, fais pas ta fillette, on descend ! Hurla Mark en tambourinant à la porte de leur salle de bain.
-J'arrive, répondit ce dernier à travers le bois de la porte.
Il avait remarqué qu'Albus s'était un peu plus ouvert comparé au début. Il était plus souriant, moins silencieux, et parfois, ô miracle, sortait une petite blague. Petit à petit, il se faisait sa place parmi les serpents, dont certains n'hésitaient pas à être particulièrement venimeux à son égard, mais il le leur rendait bien. Parfois, Scorpius l'admettait avec résignation, il lui donnait un petit coup de pouce. Il n'avait jamais été un grand adepte de la violence gratuite, qu'elle soit physique ou verbale. Et puis, il aimait bien Mini-Potter.
En fait, Rupert Zabini avait tout déclenché. Est-ce qu'ils se seraient autant rapprochés si dès le début, ils n'auraient échangés que des silences polis ? Peut-être pas. Rupert les avait d'une certaine manière ligués contre lui, alliés contre lui. Ils refusaient tous les deux qu'un autre fasse leur choix et ça les avait amené à se comprendre.
Et puis, ils avaient au fond une chose très importante en commun, qui leur rongeait parfois l'esprit et qui déterminait leurs actes : le poids de leur nom.
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Inspirant à plein poumons l'air vivifiant du parc, Scorpius s'étira longuement. Il était seul, et ça faisait un petit moment qu'il ne l'avait pas été. Mini-Potter avait été harnaché par Angel pour un devoir de défense contre les forces du mal où il avait un bon niveau. En même temps, son père étant le Héros, ça aurait été un peu honteux de ne pas être dans les premiers dans cette matière.
Et la solitude lui allait bien au fond. Il n'aimait pas la foule, l'hypocrisie, les mièvreries dégoulinantes, et il supportait peu de personnes actuellement. Et pourtant, il aimait être le point de mire, et avait un besoin de reconnaissance presque viscéral à l'instar de son cousin. I voulait être plus qu'un Malefoy, il voulait être Scorpius. Il ne savait même pas s'il voulait être craint ou admiré.
-Malefoy, claqua une voix masculine dans le silence du parc.
Scorpius plongea ses mains dans son pantalon, attrapa sa baguette et la serra, avant de se retourner vers l'intrus. Et quel intrus ! James Sirius Potter. A croire que les Potter adoraient être dans son entourage !
-Tiens, Potter. Que me vaut cet honneur ? Le railla Scorpius avec un sourire agaçant.
-Par pitié Malefoy. Tu sais bien pourquoi je suis venu. En tout cas, tu sais bien à cause de qui.
Forcément à cause d'Albus... Il laissa échapper un soupir contrit. Si Scorpius avait su que devenir proche de mini-Potter aurait pour conséquence de se coltiner Rose Weasley et James Potter entre autres, il n'aurait jamais commencé.
-Albus et toi êtes devenus amis...
-Proches, s'empressa Scorpius de le corriger. On parle pas d'amitié là Potter. On traîne ensemble, et c'est tout. C'est une sorte de compagnon dans cette maison. Les autres garçons de notre âge ne nous correspondent tout simplement pas, et pour un Potter, il est supportable. Fait plutôt rarissime je l'admets.
Il savait qu'il ne devait pas être provocant, mais c'était contre sa volonté. Ce bêta de Gryffondor qui se pavanait avec de grands airs dans tout le château lui sortait par les yeux, et par tous les chaudrons, il ne baissait pas la tête devant ce genre de spécimens. Anabel Pritchard, de trois ans son aînée à Serdaigle, avait déjà -vraiment- essayé de le mettre au pas et s'y était brûlé les doigts.
Les dents de James se serrèrent et il devait se faire assez violence pour ne pas se jeter sur lui à l'instant. Scorpius le savait : Chaton Potter ne pensait pas avant d'agir et privilégiait ses poings à ses mots.
-Je suis venu en paix, Malefoy, cracha James.
Oh. Il ne cherchait pas de rixes ? Quel dommage. Scorpius commençait tout juste à s'échauffer.
-Il y a une chose que je te demanderais, reprit le brun beaucoup plus calmement. De ne jamais le laisser tomber.
Les yeux de Scorpius s'écarquillèrent. Qu'est ce que Chaton Potter lui demandait ? D'être toujours là pour Mini Potter ? Mais qu'est ce qu'il avait fumé ? Des pousses de Mandragores ?
Mais sans attendre de réponse, James continua d'un ton pensif : "C'est trop tard. Tout le monde associe le nom d'Albus au tien maintenant. Rose, Molly, et nos autres cousines et cousins ne le lâcheront jamais, moi non plus même si parfois je ne rêve que d'une chose : l'étrangler, mais jamais tu entends ? Cependant, les autres élèves ne sont pas aussi cléments que nous. Potter et Malefoy sont deux noms que personne n'aurait jamais cru réunis, que ce soit en amitié ou en amour... Et si il ne s'impose pas de lui-même dans l'école et ne s'affirme pas assez, je veux que tu sois là pour lui, que tu l'aides, que tu sois son ami, le meilleur s'il le faut. Tant que tu ne nous le pourris pas, ou alors je te le ferais payer très cher."
-Non mais je rêve ? Tu veux que je baby-sitte Albus ?! S'indigna Scorpius du haut des ses onze ans.
Il ne lui arrivait pas à l'épaule mais qu'importe. Un Malefoy était toujours plus grand que tout le monde.
-Je ne l'aurais pas dit de cette manière, mais presque, répliqua James sans se départir de son sérieux avant de laisser un sourire en coin se dessiner sur ses lèvres. Je te demande juste de ne pas le laisser de côté. Tout de façon, je ne fais que te demander quelque chose que tu aurais accompli de toi-même, Malefoy. Tu t'es déjà attaché à mon petit frère.
Scorpius voulut affirmer que non, il ne s'était pas attaché à ce ridicule brun toujours tout ébouriffé, alors que lui était toujours si carré. Non, ce n'était pas la première personne qu'il pouvait considérer éventuellement comme un vrai ami. Après tout, ça ne faisait que deux mois qu'ils se connaissaient. Mais aussi deux mois où inconsciemment, ils étaient toujours fourrés ensemble.
-Et puis regarde, tu l'appelles déjà par son prénom. Bientôt, très bientôt, tu passeras à "Al".
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Février 2018
-Oh allez Scorp, sois sympa ! Implora Albus, en tirant sur la manche de sa robe noire.
-Hors de question, répliqua celui-ci, les bras croisés, le visage fermé, et l'air catégorique.
Albus songea que Scorpius pouvait vraiment être impossible à vivre parfois. Pourtant, il ne lui demandait pas d'aller pêcher une sirène dans le lac. C'était un tout petit service de rien du tout, quelque chose de très mignon à y penser à demander à son... ami. Drôle comme Albus avait encore du mal à s'y faire. Il avait même eu un peu de mal à se dire au début qu'il appartenait à la maison des verts et argents, mais les lettres des différents membres de sa famille l'avaient permis de s'y habituer, de s'y complaire.
Ses parents avaient été les plus compréhensifs, et sa mère l'avait vivement encouragé à remonter le niveau de Quidditch de ces nullards de serpent dès sa deuxième année (elle avait été plus diplomate, évidemment), Oncle Ron avait été un peu ronchon mais ça lui était vite passé, et Albus se souvenait des phrases écrites dans sa lettre "Tu m'as trahi petit... mais je te pardonne. Après tout, ça peut servir d'avoir un serpent sous le coude. On ne sait jamais !", Tante Hermione l'avait simplement félicité poliment, regrettant juste que Rose et lui soient séparés. Et c'était son oncle Charlie qui avait été le plus motivant : son meilleur ami était un serpentard, rencontré en Roumanie dans leur camp de dragons. Et ils ne s'étaient jamais quittés depuis.
"Les serpents ont une sale réputation, mais il ne faut pas généraliser Albus. J'ai connu des Gryffondors invivables, des Serdaigles sadiques, et des Poufsouffles courageux... Ne te laisse pas avaler par la réputation et les clichés. Bon courage."
Ces simples phrases avaient gonflé au maximum le moral d'Albus sur ses fréquentations serpentardes, fréquentations qu'il n'aurait de toute façon pas pu éviter faisant partie de leur maison pour sept ans.
Mais oui, tout compte fait, Scorpius Hypérion Malefoy était devenu son compère, et le seul à qui il se voyait demander ça.
-Elle va dire non de toute façon Al, ajouta le blond avec une parfaite mauvaise foi, ce qui fit se refrogner le jeune Potter.
Mais Albus avait appris ces derniers mois à fréquenter Scorpius comment l'amadouer. Une petite moue triste, les yeux baissés, et une main nerveuse passée dans ses cheveux, et Scorpius craquait. Il détestait le voir "agir comme une mauviette" selon ses propres termes. Ça l'exaspérait plus que toute autre chose chez lui. Ah, et ses cheveux ébouriffés aussi qu'une fois ou deux, il avait essayé de coiffer lui-même. Mais rien à faire. Même le super gel que Scorpius vantait à tort et à travers n'avait pas fait effet, des épis ayant voulu faire leurs rebelles, et s'étant attiré les regards noirs du jeune Malefoy qui avait juré ses grands dieux que la chevelure Potter était un cas tout simplement désespéré.
Wyatt s'était moqué et Peter avait essayé de calmer un Scorpius indigné par tant de laisser-aller, et qui criait à qui voulait l'entendre qu'il allait tondre la tête d'Albus. Quant à Mark, il observait la scène d'un oeil perplexe devant tout de spectacle pour de simple cheveux. Après tout, Albus avait la même chevelure que son père, qui était un Héros ! Ça devrait être un honneur malgré les cris de Scorpius.
-T'es juste jaloux !
-Moi jaloux ?! S'offusqua le blondinet, les yeux horrifiés par l'horreur que semblait avoir proféré le fils de Harry Potter.
-T'as toujours été amoureux d'elle ! Je le sais !
En faisant mine de s'étouffer, Scorpius fusilla du regard son compère. Albus le voyait bien dans ses yeux : comment osait-il insinuer ça ? Albus savait pertinemment qu'il connaissait le spécimen depuis des années et rien que de s'imaginer lui tenir la main lui donnait des nausées.
-Tu veux rire ! Elle me courait toujours après, rien qu'en couches-culottes. Moi, je fuyais aussi loin que possible. Tu sais bien autant que moi combien elle peut être terrifiante !
Albus et Scorpius se jaugèrent un instant avant de se mettre à rire aux éclats. Leur première dispute ? Pour une fille. Déplorable. Ça n'était pas digne d'eux, voyons. Et ils en avaient clairement conscience. Ils n'avaient pas fait un pied de nez à tous les préjugés, à tous les chuchotements dès qu'ils passaient quelque part, pour en arriver là. A onze ans, les filles c'est pas si intéressant que ça au final. Et après, ça ne devait pas être non plus fabuleux.
-Promettons-nous Scorp, jamais on ne se battra pour une fille. Quelle qu'elle soit ! Prononça solennellement Albus en lui tendant la main.
-Promis, répliqua Scorpius en mettant sa main dans la sienne.
Un silence se fit. Albus eut l'air gêné et Scorpius haussa un sourcil interrogateur. Il soupçonna immédiatement son ami de lui préparer un mauvais coup, ou presque.
-Mais... tu peux quand même aller demander à Angel si elle veut bien passer la Saint-Valentin avec moi ? Demanda Albus d'une petite voix.
-Tu es pas croyable, soupira Scorpius en se massant les tempes de résignation.
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Juin 2018
Rupert Zabini affichait un sourire beaucoup trop satisfait de lui-même sur son visage et ses yeux pétillaient d'allégresse. Albus fit la moue mais ne put s'empêcher de sourire à son tour tandis que Scorpius à côté de lui boudait clairement. Le métisse avait eu ce qu'il voulait au final. Associer le nom Potter au nom Malefoy pour sept longues années et plus.
La Guerre s'était peut-être terminée dix-neuf ans plus tôt, mais les enfants de cette génération ne faisait que depuis quelques années leur apparition à Poudlard. Leurs noms étaient connus et chargés d'histoire. Et Albus savait que Zabini avait dit vrai : grâce à lui, Serpentard allait doucement vers la rédemption. Même si durant ces dix-neuf dernières années, en excluant les premières années où les insultes s'étaient faites particulièrement virulentes, les autres maisons restaient cordiales avec les Serpentards, il n'y avait jamais vraiment eu de franche amitié inter-maison avec eux.
Et très subtilement, ça avait commencé lors de leur première année. Rupert y avait donné le départ, sans surprise, en sortant pendant quelques mois avec une jeune troisième année de Poufsouffle. Puis d'autres avaient suivi. Toutes les maisons se mélangeaient presque, à table, à la bibliothèque. Des amitiés se formaient beaucoup plus facilement et sans crainte d'être mal vues.
Même James Potter, qui était parmi les plus farouches détracteurs de Serpentard, semblait s'être calmé un peu. Il n'était pas devenu ami avec l'un d'entre eux, ou même sorti avec l'une d'entre elles, mais plus important encore : il avait un frère dans cette maison. Un frère qu'il ne renierait jamais, même si il en mourrait d'envie parfois.
-Hey Albus, les parents nous attendent, annonça Rose en venant lui prendre la main, l'interrompant dans ses pensées.
Le brun aux yeux identiques à ceux de sa grand-mère et de son père leur fit un signe de tête à tous. Entre serpents, ils n'étaient pas vraiment de grands adeptes des épanchements sentimentaux. Après tout, ce n'était que deux mois de séparation avant de reprendre une nouvelle année. Et Scorpius et lui, d'un commun accord, avaient décidé de limiter leurs échanges à de simples lettres, leurs parents risquant leur santé si jamais ils s'invitaient l'un chez l'autre... pour le moment.
-On se voit en septembre, les salua Albus.
-Pour une seconde année à la conquête de Poudlard, acquiesça Rupert avec un sourire démoniaque.
Albus imagina aisément que l'été du futur cinquième année allait être rempli de plans pour asseoir la "bonne" réputation que commençait à avoir les verts et argents. Chaque chose en son temps, et personne ne doutait que Zabini allait faire des plans sur les trois années à venir qu'il lui restait à passer à Poudlard.
-Pour notre deuxième année qui sera plus agitée que celle-ci Potter. Ce n'était qu'un échauffement, lui promit Scorpius d'une voix détachée tout en lui lançant un clin d'oeil.
Il sourit en pensant à son état un an plus tôt sur ce même quai, rempli de doutes et d'interrogations, portant un poids un peu trop lourd pour un simple garçon de onze ans qui aurait souhaité être un peu moins connu, mais pas non plus anonyme dans toute cette foule. Et puis, savoir qui il était vraiment. Grâce à Scorpius, qui avait essayé d'oublier son nom pour qu'en retour, il oublie le sien, il se découvrait peu à peu.
Et il fallait le reconnaître, tout s'était passé à merveille, ou presque. Albus Severus Potter n'aurait pas pu imaginer mieux comme première année.
