Crépuscule

Une silhouette sombre traversait les ruelles de Konoha, seule passante à une heure si matinale. Le bouquet de fleurs dans sa main était ravissant. Il avait l'impression que chaque jour, Ino se surpassait encore.

Elle devait lui manquer à elle aussi.

Suivant une mécanique maintenant bien rodée, ses pas le conduisirent au cimetière en périphérie du village. Il s'arrêta en aperçevant Kakashi. Ni l'un ni l'autre ne manifestèrent la moindre surprise. Ils avaient l'habitude de se croiser ici chaque matin.

Le yeux du junnin s'attardèrent sur les fleurs, et notèrent le regard vide de son élève, son air d'indifférence qui le vieillissaient de 10 ans... Parfois, il en oubliait que ce combattant las de vivre avait été le trublion le plus exhubérant et bavard de toute l'histoire du pays du Feu. Quelques minutes avaient suffit pour provoquer le changement.

Kakashi les connaissait bien, ces quelques minutes si brèves mais qui se répétaient jour après jour, chaque détail gravé dans la mémoire pour toujours. Ces quelques minutes où votre vie basculait, quand la mort emportait l'être aimé et oubliait de vous emmener avec elle.

« Comment ça va aujourd'hui? » demanda-t-il en posant une main sur son bras.

Naruto haussa les épaules sans répondre, et Kakashi comprit très bien.

« Va vite la rejoindre, » fit-il en s'éloignant, « tu sais bien qu'après Sakura nous filera encore un savon pour être arrivés en retard. »

Son élève aquiesca et se faufila entre les rangées de tombes. Il savait parfaitement où la trouver.

Il s'arrêta devant une jolie pierre blanche, déjà décorée d'offrandes. Probablement Kiba ou Neji, mais il lui sembla que la poupée assise parmis les fleurs appartenait à sa petite soeur.

Le souvenir de l'enterrement le submergea brutalement, toujours avec autant de violence alors qu'une dizaine de mois s'étaient déjà écoulés. C'était à ce moment-là que la réalité de sa mort l'avait frappé de plein fouet, le faisant hurler comme jamais.

Il se laissa tomber à genoux, un peu étonné de sentir ses yeux humides, lui qui pensait avoir déjà pleuré toutes les larmes de son corps...

Il resta un très long moment silencieux, puis déposa le bouquet de fleurs bleues devant le nom gravé. Il effleura les lettres d'une main tremblante : Hyûga Hinata... Il n'avait pas grand chose de nouveau à lui raconter depuis hier, et pendant toutes ces longues heures passées agenouillé devant sa tombe, il lui avait déjà avoué tout ce qu'il avait à lui dire.

Déchiré d'avoir, comme un idiot, attendu qu'elle soit morte pour le faire.

Enfin, il ouvrit la bouche pour murmurer la seule vérité importante de ce monde :

« Tu me manques... »