Salut ! Voici un petit one shot sur le duo Madam Red et Grell (mon chéri !) car je les adore tous les deux. J'espère avoir bien respecté le caractère des personnages par contre.


Maussade, Grell regardait le fond de son verre où luisait encore un fond verdâtre. L'absinthe avait coulé à flots ce soir mais il lui préférait le vin pourpre des vignes françaises. Alors qu'il contemplait à travers le cristal translucide le breuvage, un éclat de voix joyeuse lui parvenu et, soudainement, Madam Red lui passa un bras autour du cou.

- Et bien, mon cher, pourquoi tirez-vous pareille tête ? La fête ne vous plait pas ?

- Il n'y a pas de bel homme ici et les fêtes humaines ne m'intéresse que peu. Je déteste en vérité cette ambiance de salon.

Sur ces mots, il balaya son verre d'un geste vif de la main l'envoyant s'écraser sur le sol laissant des bris de verre et une tâche sombre sur le parquet. Angelina se recula légèrement un peu inquiète de sa réaction. C'était un dieu de la mort n'empêche et même si il était bien gentil, il restait quand même un fieffé psychopathe et un être très dangereux. Certes, il avait accepté de jouer les majordomes maladroits pour le plaisir de rester aux côtés de la dame en rouge mais il pouvait changer d'avis à tout moment.

- Voulez-vous quelque chose d'un peu plus joyeux ? lui demanda la tante de Ciel en posant une main amicale sur son épaule.

- De l'action. Je veux de l'action.

- Il serait risqué que j'endosse le masque de Jack L'Eventreur maintenant. Mais, j'ai peut-être une autre idée. Venez avec moi.

Elle quitta la pièce où se tenait la réception d'une de ses bonnes amies en compagnie du dieu de la mort. Arrivée dans une autre pièce, qui devait être une sorte de salon, elle s'arrêta et prêta l'oreille. Oui, on entendait encore la musique de là où ils se trouvaient même si il est vrai qu'elle était assourdie par les murs et la distance.

- Que venons-nous faire ici ? l'interrogea Grell perplexe. J'ai peut-être un organe masculin mais je suis une femme alors vos idées sordides, veuillez simplement les garder pour vous.

- Oh non, rigola la baronne en mettant une main devant sa bouche. Ce n'est pas pour ce genre de chose que je suis venue ici.

- Vous voulez voler quelque chose alors ?

- Allons, c'est fort mal me connaître ! Non, c'est plutôt pour une activité que nous sommes là.

Sur ces mots, elle lui tendu la main.

- Je sais que vous aimez les hommes, mais pourquoi danserons-nous pas une valse toutes les deux ? Après tout, je suis aussi solitaire que vous à cette soirée.

Le dieu de la mort flamboyant regarda la femme médecin d'un air étonné. Alors celle-là, on ne lui avait jamais faite ! Mais alors jamais. Mais, au fond, danser un peu le tentait bien. Aussi, saisit-il sa main.

- Je vous préviens, je suis bonne cavalière mais pas dans le rôle masculin.

- Je ferais avec.

La valse était légère. Il fallait commencer par le pied gauche puis ensuite tourner et prendre appui sur le pied droit. Ce n'était pas très compliqué mais il fallait faire très attention à ne pas écraser le pied de son ou sa partenaire ce qui serait une grande honte.

Le duo commença alors à tourner. Si un spectateur serait entré dans la pièce, il aurait été surpris par un tourbillon rouge et noir qui fait penser vaguement à une rose. D'ailleurs, il aurait presque sentit l'odeur d'un bouquet de roses fraîchement coupées et qui embaumait la pièce tel un exquis parfum.

Oui, ce « couple » était beau. Pas de la beauté des amants mais plus celle d'une sorte de magnétisme qui pousse le spectateur à porter son regard sur eux. Que ce soit Madam Red toute de rouge vêtue et resplendissante qui tourbillonnait la mine réjouie ou Grell, habillé tel un majordome, qui semble aussi bien s'amuser même si on pouvait lire sur son visage un semblant de regret.

D'ailleurs les deux danseurs semblaient voir dans le regard de l'autre un semblant de tristesse. Une sorte de réminiscence sombre et douloureuse dans les yeux rubis d'Angelina qui semble être le regard de quelqu'un regrettant un moment avec un être cher qui ne serait plus. Et dans ceux phosphorescents de Grell, il semblait y avoir une forme de tristesse mêlée à de l'envie. Le désir de danser avec une autre personne. Une personne sans doute du genre masculin vêtu également de noir et plutôt froid avec lui.

Au bout d'un moment, qui sembla être une éternité, le « couple » s'arrêta de tourbillonner et se lâchèrent alors que la dernière note résonnait dans l'air.

- Alors, cela vous a-t'il distrait ? le questionna Angelina.

- Oui même si j'aurais voulu danser avec un bel homme. Oh mon dieu que ça aurait été merveilleux si mon Will était là à votre place ! Mais dites-moi, quelle était cette douleur dans votre regard ?

- Oh, ça n'a pas d'importance.

- Vraiment ? Enfin, du moment que ça ne vous bouleverse pas au point de vous empêcher de tuer toutes ces catins…

- C'est juste que ça me faisait penser à mon mari.

- À votre mari ? Vous êtes mariée ? Et bien certainement la révélation de l'année pour moi. Il faut dire que je l'ai jamais vu.

- Il est mort.

- Quelle tristesse. J'en serais presque émotive à votre égard. Du moins si c'était mon genre de pleurer.

- Ne vous moquez pas !

- Les hommes ne manquent pas dans ce genre de soirée mondaine. Alors remariez-vous et oubliez votre précédent mari. Un enfant y aiderait bien c'est…

- Je suis stérile.

Grell écarquilla légèrement les yeux à cette annonce et eue un geste de grande sollicitude.

- Ah, je peux le comprendre. Je voudrais tellement avoir un bébé moi aussi mais je ne le peux pas. Naitre incapable de donner la vie à son tour, quelle déveine !

- Non. Ce n'est pas un défaut de naissance.

Angelina lui raconta alors brièvement ce qui était arrivé. Elle n'aimait pas spécialement discuter d'un tel sujet et ne l'avait donc jamais évoqué avec le dieu de la mort. À la fin de son récit, son interlocuteur soupira et renifla faussement.

- Et bien, quelle horrible histoire. Je comprends mieux votre haine pour ces putains qui veulent se faire avorter. Bon, je reprendrais bien un verre d'alcool et vous devriez en faire autant.

Il se leva et quitta le salon d'une démarche légère laissant Madam Red seule avec sa peine. Enfin par pour longtemps vu qu'il revenu bien vite avec deux verres d'absinthe à la main. Il lui en tendit un en soupirant:

- Pas un seul verre de vin ! Et ils osent nommer ça une soirée mondaine ! Honteux !

Angelina étouffa un léger rire en voyant le visage outré de Grell en se faisant la réflexion que le pauvre homme qui tomberait un jour sous son charme aurait bien du mal à le satisfaire avant d'entrechoquer son verre avec le sien.

- À nous, dit-elle avant de boire.

- Oui à nos meurtres.

Tout en buvant, Madam Red se fit la remarque que il faudrait peut-être qu'elle rende visite prochainement à son cher neveu.