Salut!
Un petit début pour cette fin d'année. Voici le Serment des Roses
Disclamer : Je n'ai aucuns droits sur les personnages de cette histoire, ni les lieux évoqués dans le canon, ni les sorts et blablabla. Cependant si quelqu'un possède l'adresse de Theodore Nott, je me ferai un plaisir de lui envoyer une chouette.
Je ne touche rien sur l'écriture de cette fic, mais ça vous le savez déjà.
Raiting : T
Blabla : Cette histoire est née étrangement… mais bon, je vous l'offre =).
Je remercie encore Leelyth
Chapitre I : Le journal
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Le coup de poing atteignit violemment sa mâchoire et il fut projeté à travers son salon. Sa tête heurta la table basse dans un bruit sinistre. Un livre suivit sa trajectoire, et percuta brutalement son torse avant de s'échouer sur le sol. Charlie blêmit dangereusement alors qu'il sentait sa conscience se faire la malle. Il ferma les yeux, s'autorisant à sombrer avec une seule pensée en tête. Comment Bill avait-il mit la main sur son journal intime ?
Charlie ouvrit les yeux doucement, tout était flou. Que c'était-il passé ? Il essaya de bouger mais son dos et sa tête le firent atrocement souffrir. On aurait dit qu'il venait de se faire piétiner par une horde de dragons et qu'un groupe de rock alternatif troll jouait en concert privé dans sa tête. Il gémit et tenta d'ouvrir les yeux.
Il grogna.
Trop de lumière.
Une tasse de ce qu'il identifia à l'odeur comme du café, apparût soudainement devant ses yeux et il se demanda un instant ce qu'elle faisait là.
- Bois ça te fera du bien, marmonna une voix qu'il n'était pas sûr d'avoir envie d'identifier.
Il prit la tasse entre ses mains fébriles. Bon sang. Que faisait Bill dans son appartement à Turda en Roumanie ? Son regard dévia sur le sol près de lui et s'accrocha à un livre ouvert à une page pleine d'une écriture ourlée et appliquée. Son écriture. Il blêmit et se souvint des événements qui avaient conduits à cet état de douleur. Son journal. Bill avait trouvé son journal. Il leva timidement les yeux vers son frère aîné.
- Heu... salut Bill, murmura-t-il.
- Comment tu as pu oser Charlie ? grogna son frère. Comment as-tu osé me faire ça ?!
Charlie soupira devant cette agression. Il savait exactement de quoi son frère parlait. Son journal intime. Le seul lieu qui renfermait ses sentiments. Ses vrais sentiments. Ce qu'il cachait depuis quatorze longues années. Ce qu'il n'avait pu oublier malgré la distance, malgré les années. Il gémit doucement et baissa les yeux au sol.
- Que voulais-tu que je te dise Bill ? Qu'aurais-tu fait si jamais je te l'avais dit ? demanda-t-il en sentant son courage de Gryffondor refaire timidement surface.
L'autre garda le silence. Charlie éclata de rire. Un rire fou, un rire névrotique qui se termina par une quinte de toux.
- Dis-moi, comment as-tu trouvé mon journal ? demanda-t-il finalement sur le ton de la conversation.
- Sous le cabanon dans le jardin... on a fait des rénovations la semaine dernière... D'ailleurs pourquoi tu ne l'as pas détruit ou brulé ? s'emporta l'aîné.
- Je voulais l'enterrer… C'était symbolique. Et puis ce cabanon était là depuis des années ! Personne ne s'en est jamais occupé ! grogna-t-il en proie à un soudain agacement.
Charlie soupira une nouvelle fois et se massa la joue. Pourquoi Bill l'avait-il frappé ? Il était homophobe ? Pourtant il n'avait pas eu vent de ça... Georges était en couple avec un mec et personne n'avait rien dit. Alors c'était juste la situation qui le dégoûtait ? Il se leva faiblement et s'étira doucement, faisant craquer les os de son dos et ceux de sa nuque.
- T'y es pas allé de main morte... Tu m'as fait mal, soupira le cadet.
- Je sais, c'était le but.
- Pourquoi ?
- Déjà pour le polynectar et ensuite pour tout le reste, cracha Bill.
Le jeune homme retint un gloussement. Lors de sa sixième année il avait arraché quelques-uns des cheveux de Bill pour une potion de polynectar. Il s'en souvenait comme si cela s'était déroulé la veille. Un sourire vint fleurir sur ses lèvres.
- Arrêtes Charlie ! Tu me dégoûtes ! cracha le briseur de sorts.
- Vraiment Bill ? Vraiment ?
- Comment peux-tu seulement... seulement…
- Être amoureux de toi ? murmura le cadet d'une voix étrangement douce.
- Exactement, grogna l'homme.
- C'est ainsi, que veux-tu que j'y fasse…, reprit l'autre en soupirant.
- Tu t'es bien amusé avec le polynectar ? lâcha-t-il un air de dégout profond dans le regard.
Charlie, bien que blessé, le regarda dans les yeux avec un rictus digne d'un Malfoy.
- Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai pris mon pied à me caresser en ayant ton corps, susurra-t-il avec hargne.
Bill cracha la gorgée de café qu'il avait eu tant de mal à avaler. Son regard s'assombrit et il regarda son petit frère. Comment pouvait-il seulement penser à lui de cette façon ? Il avait parcouru le journal intime de long en large. Il avait tout lu. Il avait vu comment les sentiments de Charlie avaient changés. Il avait lu tous ses fantasmes, toutes ses pensées les plus secrètes et les plus intimes et ça l'avait perturbé. Il n'en avait pas dormi pendant trois nuits. Le briseur de sort avait donc décidé de venir confronter le dresseur.
Il s'était attendu à de l'apitoiement, à des larmes, à de la crainte, peut-être même du remord, mais pas à cet entêtement ni à ce regard, qui semblait le déshabiller sur place, qui semblait lui faire l'amour. Il sursauta. Il se demandait soudainement si ça avait été une bonne idée de venir. Il se sentait mal. Un peu comme pris au piège. Il jeta un regard à la cheminée.
- Aucunes chances, elle n'est pas reliée au réseau, ricana Charlie qui avait suivi son regard.
Peut-être transplaner ?
- Tu n'as pas l'autorisation nécessaire pour transplaner non plus. Tu ne fais pas partie de mes amis Bill…, lâcha Charlie avec condescendance.
- Comment… ?
- Tu es tellement prévisible…
- Et que crois-tu que je vais faire maintenant ? demanda-t-il sur un air de défi.
- Tu vas fuir Bill. Fuir même si tu sais que je t'aime plus que moi-même. Même si tu sais que je serais toujours à toi…, souffla le plus jeune.
- Je ne suis pas gay Charlie ! Et en plus tu es mon frère ! hurla Bill en se levant d'un coup.
Il arpenta la pièce en marmonnant dans sa barbe. Charlie était devant la porte. Il n'aurait jamais le temps d'arriver à la pièce de bois avant qu'on ne lui barre la route.
- Tu ne risques pas de m'engrosser, je vois pas ce que ça change, souffla Charlie d'un ton cynique après quelques secondes d'un silence trop lourd à porter.
- C'est de l'inceste Charlie ! Bordel de l'inceste !
Bill se retourna vers lui brutalement, les yeux ronds. Comment ne se rendait-il pas compte de ce qui se passait ?
- Tu essayes de te convaincre toi-même…, rétorqua Charlie.
- Putain Charlie tu sais pas de quoi tu parles…
Résonner un Weasley… Quelle blague, il était un Weasley, il savait qu'ils étaient tous têtus mais bordel de l'inceste ! Il fallait que Charlie cesse avec cette obsession !
- Tu crois vraiment ? Tu crois que je ne me rends pas compte que je suis amoureux de mon frère ? Que je te désire comme une femme désire un homme ? dit-il en baissant légèrement les yeux.
- Penses à maman ! Comment crois-tu qu'elle prendra la nouvelle ? Et les amis ? Tu ne penses qu'à toi dans cette histoire !
- Je m'en tape de ce que les autres pourraient penser ! se récria Charlie. J'ai donné mon temps, j'ai failli crever au nom du monde sorcier ! Pour des gens que je ne connais pas ! J'ai le droit d'être égoïste merde !
Charlie darda sur lui son regard océan et ses yeux se perdirent un instant dans le reflet identique de son amour. Il soupira.
- Pourquoi ne veux-tu pas comprendre… seulement comprendre ce que je ressens ? demanda le plus jeune en baissant à nouveau les yeux.
- Parce que je ne l'accepterai jamais ! cria Bill en se précipitant vers la porte.
- Je t'aime Bill ! Je t'aime ! Tu peux pas comprendre ça ! hurla Charlie.
Le susnommé eut un moment d'arrêt avant de secouer la tête. Il n'en avait rien à faire. Bill bouscula son frère, qui alla heurter le coin de la table et claqua la porte derrière lui sans un regard en arrière.
Charlie se laissa glisser contre le sol et ramena ses jambes contre lui. Il laissa ses larmes couler. Pourtant tout allait si bien avant. Avant qu'il ne soit au courant. Il se recroquevilla encore plus sur lui-même.
oOo
Les ennuis arrivèrent la semaine qui suivi cet incident. Charlie avait pris des congés. Depuis le temps qu'il travaillait à la réserve sans prendre de vacances, ils n'avaient pas pu le lui refuser. Ce lundi matin-là il se réveilla vers midi. Ses joues le démangeaient, ses yeux le brulaient et il avait mal un peu partout. Il se dirigea vers sa salle de bain, prit une vague douche, se brossa les dents en mode automatique et comme chaque matin depuis la visite de Bill, il s'assit sur son canapé et regarda les flammes dans l'âtre de la cheminée. La journée aurait pu passer tranquillement, comme toutes les autres s'il n'avait pas vu Coquecigrue traverser ses champs de protection et lui lâcher une lettre avant de se poser dans un coin. Il regarda l'enveloppe, puis la chouette, puis de nouveau l'enveloppe. Il l'attrapa d'une main tremblante et l'ouvrit. Elle était assurément de sa mère.
Charlie,
La lettre commençait déjà mal. Elle ne l'appelait par son prénom que quand elle avait des reproches à lui faire.
Bill est passé me voir. Il m'a parlé de… ton attachement contre nature. Charlie tu fais honte à la famille. Ton propre frère. Comment peux-tu oser ? Tu as intérêt à perdre cette attirance envers lui et à te fixer avec quelqu'un de bien. Comme lui il l'a fait. Si jamais tu oses ramener sur la table cette histoire, ton père et moi n'aurons d'autre choix que de sévir Charlie. Et tu sais que ça me ferait mal de te renier. Mais nous sommes encore une famille de sang pur et une telle honte, un tel opprobre ne doit pas tomber sur notre nom.
Pense un peu à ce que dirait tante Muriel ? Que vas-tu lui raconter à elle ? Car je t'assure qu'elle sera au courant si jamais tu oses dévier de la voie que nous sommes en train de te tracer à présent. Les fêtes de Yule arrivent bientôt et nous tenons à ta présence ainsi qu'à celle de ton amant(e).
Je ne saurais te dire à quel point tu me déçois Charlie. Mon cœur de mère est brisé par cette nouvelle. Je ne comprends pas ce que ton père et moi avons raté dans ton éducation. Que cherches-tu ? À briser la famille ? Parce que c'est ce qui arrivera si tu persiste dans cette voie. Ne vois-tu pas l'immoralité de ces sentiments ? Persisterais-tu dans ce chemin de honte dans lequel tu sembles avoir envie de te vautrer ?
Pense à ton frère. Il est sur le point de fonder une famille avec une femme merveilleuse. Oserais-tu gâcher sa vie et celle de cette jeune fille ? Cesse d'être égoïste Charlie. Tu as maintenant 28 ans, il serait temps d'arrêter tes caprices et d'agir comme un adulte par Merlin !
Molly
À certains endroits, les mots étaient presque effacés par des traces de larmes. Charlie regarda la lettre, son cœur gisait sur le sol. Bill en avait parlé à leur mère, qui menaçait d'en parler à tante Muriel. Ils menaçaient même de le renier. Tout ça parce qu'il était tombé amoureux de la mauvaise personne ?
Un sanglot lui échappa. Premier depuis plus d'une décennie. Il lâcha le papier et regarda la chouette qui sembla le toiser avant de repartir, le laissant seul avec ses larmes. Il aurait besoin de plus que quelques vacances pour surmonter tout ça…
oOo
Yule arriva plus vite qu'il ne l'avait imaginé. Il arriva à la zone des portoloins internationaux vers seize heures. Cela faisait deux ans qu'il n'avait pas mis les pieds en Angleterre, deux ans depuis la guerre et la reconstruction. Avec un sourire il prit le magicobus. Il avait son permis de transplaner certes, mais il préférait retarder le plus que possible son arrivée au Terrier. Il avait en plus désobéi à l'ordre implicite de sa mère qui consistait à se trouver quelqu'un. Il ne voulait personne d'autre que Bill. Il avait bien essayé de sortir avec d'autres mecs, mais il n'arrivait pas à les aimer. Son roux adoré revenait tout le temps dans ses pensées.
Le magicobus s'arrêta devant le terrier, à quelques mètres de la barrière. Il en descendit et paya la course. L'air était froid et sec. Il neigerait sûrement un peu plus dans la nuit. Le sol était déjà blanc et Charlie soupira. Il aurait préféré aller aux Baléares. Une voix hurla son nom et une charge brune aux yeux verts le percuta violemment, coupant son souffle. Il rigola doucement et serra le jeune homme contre lui, avant d'ébouriffer ses cheveux.
- Salut Harry ! Ça va ? demanda-t-il avec le sourire.
- Ouais ça va ! Mrs Weasley a dit que tu devais arriver aujourd'hui, j'ai attendu toute la matinée dans le froid, dit-il en boudant légèrement.
Charlie éclata de rire. Il l'aimait bien le gamin. À dire vrai, depuis la fin de la guerre, Harry l'avait choisi comme confident. Ils se parlaient souvent à cœur ouvert, s'échangeaient régulièrement des lettes et Harry venait le voir le plus souvent que possible. Le jeune brun était même au courant des sentiments qu'il éprouvait pour Bill, sans savoir de qui il s'agissait. Il ne lui avait jamais donné son nom, lui expliquant simplement que c'était un amour interdit.
- On aura tout le temps de discuter ce soir ok ?
- Oui je comprends… tu dois saluer ta mère et la famille et tout et tout… enfin… y'a une drôle d'ambiance chez toi depuis un moment.
- Je sais Harry, mais t'en fais pas c'est pas trop grave.
Ils entrèrent ensemble dans le salon. Les conversations se turent. Ils ôtèrent leur manteau et l'accrochèrent à l'emplacement prévu. Harry haussa les épaules et alla rejoindre Hermione qui discutait avec ses parents dans un coin. Charlie sortit tranquillement sa baguette et agrandit ses bagages ainsi que les cadeaux qu'il envoya sous le sapin.
- Bonjour Charlie, dit une voix en lui donnant un petit coup à l'épaule.
- Georginou comment vas-tu ? susurra le dresseur.
- Bien mieux que tes dragons, rétorqua Georges avec un sourire.
- Va-t'en gamin ! répondit l'homme en rigolant.
Il alla en premier présenter ses respects à la tante Muriel qui tel un dragon veillait sur la petite assemblée, puis aux Granger, embrassa Hermione, ensuite alla saluer sa petite sœur, qui se morfondait encore pour un Harry qui n'était plus intéressé, puis Ron, qui regardait Hermione comme si elle était la huitième merveille du monde, et Percy, qui lui présenta sa fiancée, Audrey avant de se rapprocher de Bill. Celui-ci lui adressa un vague bonjour et se détourna de lui pour embrasser Fleur qui en gloussa de plaisir. Charlie serra les poings et alla saluer ses cousins puis ses parents qui le regardèrent d'un œil noir.
- Où est la personne qui t'accompagne Charlie ? demanda sa mère.
- Je ne ramène pas mes conquêtes d'un soir aux fêtes familiales, mère, répondit-il froidement, causant un silence inconfortable.
- Charlie…, commença son père.
Mais celui-ci ne l'écoutait déjà plus. Il tourna simplement les talons, et sortit dans le jardin après avoir attrapé son manteau. Il commençait à regretter d'être venu. Il aurait simplement pu envoyer les cadeaux par hibou. Il aurait dû refuser l'invitation.
- Ça ne va pas Charlie ? demanda une petite voix.
- Tout va très bien Harry, ne t'en fais pas…, répondit-il en le regardant s'asseoir à ses côtés sur la barrière.
- Trop tard, j'ai vu ce qui s'est passé tu sais ?
- Nous sommes simplement en froid…, souffla Charlie.
- Avec Bill aussi ? questionna Harry avec un regard perçant.
Le regard du roux se voilà soudainement et il fixa le regard sur les tentes que ses parents avaient installé dans le jardin pour les invités.
- Je vois… ce mec dont t'es dingue… c'est Bill non ? Tu sais, je suis pas con et j'ai une excellente vue..., reprit-t-il après quelques secondes de silence.
Charlie rigola un instant.
- Tu as grandi Harry…
- Encore heureux, marmonna le Survivant.
- Et ça ne te dégoûte pas ? Que je sois amoureux de lui ?
- Tu ne m'a rien dit quand je t'ai annoncé pour moi et Théodore alors je ne vois pas ce que j'aurais à te dire…
- Pas faux… D'ailleurs il est où ?
- On a rompu la semaine dernière. On est plus des amis qu'autre chose et c'est mieux qu'on reste les meilleurs amis du monde au lieu de gâcher notre relation.
- Oh… Et quand comptes-tu annoncer à la famille que Ginny peut toujours courir ?
- Quand je trouverai l'homme parfait, répondit le jeune homme avec un grand sourire.
- Harry, Charlie, à table, cria Hermione depuis la porte.
Malgré la situation, le dîner se passa merveilleusement bien. Charlie n'aurait pas assez d'une vie pour remercier Hermione et Harry de leur présence. Cela évitait à sa mère de cracher son venin. Surtout quand son regard se perdait sur le corps de son aîné. Il aurait tant aimé que Bill l'enlace comme avant… avant son journal. Qu'il le traite au moins encore comme un membre de la famille. Mais il ne le regardait plus, ne lui adressait même pas la parole. Il jeta un regard à Harry qui lui fit un faible sourire. Avant d'entrer dans la salle à manger, il lui avait offert l'hospitalité de sa tente et il pensait bien l'accepter. Il ne supporterait pas sa soirée à imaginer Bill dans les bras de sa fiancée dans la chambre d'à côté.
Il se réveilla le matin, étrangement reposé. Dans le lit de l'autre alcôve, Harry dormait encore. Il rigola doucement et alla prendre une douche rapide avant de sortir de la tente. Dehors une tente encore plus grande avait été dressée. Sûrement des invités pour le déjeuner. Quand Charlie entra dans le salon, les conversations se turent. Il fit comme s'il n'avait rien remarqué et se dirigea vers la cuisine pour se faire un thé. Il y croisa Ginny.
- Salut crevette, dit-il avec un sourire.
- Bonjour Charlie, lui répondit-elle assez froidement avant de quitter les lieux, tasse en main.
Il haussa les épaules, mettant son attitude sous le coup de la fatigue. Il s'appuya contre le plan de travail, savourant son thé. Ron entra.
- B'jour, murmura-t-il avant de souffler sur le liquide chaud.
Ron ne lui répondit pas, mais lui lança un regard étrange. Charlie soupira et baissa les yeux, au bord des larmes. Que se passait-il ? Il avait l'impression que chacun des membres de sa famille se liguait contre lui. La nouvelle aurait-elle déjà circulé ? Pourtant sa mère était quelqu'un qui décidait de régler les problèmes avec les parents avant d'invoquer un conseil de famille… Il ne reparla que quand Hermione vint discuter dragon avec ses parents.
Alors que tout le monde était rassemblé au salon, Molly annonça l'heure d'ouverture des cadeaux. Tous se rassemblèrent devant le sapin qui avait été dressé au milieu de l'édifice, sauf Charlie, qui resta dans un coin, à observer Bill. Il croisa le regard de Ron qui se voila d'un sentiment qu'il eut du mal à interpréter. Il se sentait scruté, comme sous des feux accusateurs. Ce fut par contre le regard noir et dégoûté de Percy qui le fit frissonner. Il sentait que quelque chose d'important avait dû se dérouler en son absence. Ses yeux se perdirent un instant dans les flammes de la cheminée avant qu'il ne croise Bill, qui se détourna simplement de lui, allant s'asseoir pour l'ouverture des cadeaux, suivit d'un regard noir de Fleur. Georges se rapprocha de lui.
- Maman a tenu un petit conseil de famille hier soir. Tu étais déjà dans la tente avec Harry. Elle nous a tout raconté. Enfin, ton attirance pour Bill, reprit-il alors que Charlie déglutissait.
- Je vois… Je suppose que c'est pour ça que tout le monde me regarde si étrangement depuis que je suis entré et que personne ne m'adresse la parole…
- Ouais… Et maman a fait retirer les cadeaux que la famille t'avait achetés. Mais tiens le mien, j'ai rien contre toi frérot. Certes ça me surprend, mais y'a aucun risque en soi alors bon… J'te donne pas ma bénédiction, mais si jamais… enfin sache que j'ai rien contre toi.
- Merci Georges, murmura Charlie en le serrant contre lui sous l'œil mauvais de sa mère.
Comme l'avait annoncé Georges, il ne reçut que deux cadeaux, un d'Harry et l'autre d'Hermione. Il en fut quand même blessé mais afficha un grand sourire en les remerciant. Son sourire s'agrandit quand Bill ouvrit son cadeau à lui. Il avait un ami qui travaillait dans la boutique qui fabriquait des détecteurs de sorts. C'était le dernier cri en la matière, pas encore en magasin. Ça lui avait coûté la peau du cul, mais voir le visage de Bill, qui hésitait entre la félicité totale et l'étonnement, valait amplement le prix. Ils échangèrent un regard dans lequel Charlie mit tout son amour pour lui. L'aîné des Weasley baissa la tête et passa à un autre cadeau.
Vers onze heures, Minerva, et Kingsley arrivèrent, suivis rapidement de toute une tripotée d'élèves de Poudlard, amis de Ron et Ginny. Tout le monde se rassembla sous la grande tente pour le déjeuner. Charlie profita de la foule pour caresser doucement le bras de Bill et lui réitérer ses sentiments en les lui chuchotant à l'oreille. Le briseur de sorts rougit brutalement et s'éloigna sans faire de vagues. Cependant, Fleur ne semblait pas l'entendre ainsi. Elle se leva brutalement, faisant tomber au sol un oiseau en verre que Molly lui avait offert, tandis que de son regard, elle fusillait Charlie. Se sentant sûrement menacée, ses gènes veela se manifestèrent. Elle se rapprocha de lui, le pas lourd, sa magie ondulant derrière elle dangereusement. Sa main se leva comme au ralenti et s'abattit férocement sur la joue de Charlie en à peine quelques secondes sans que ce dernier ne puisse réagir, laissant une belle marque bien rouge.
- Comment oses-tu regarder ainsi mon fiancé ? hurla-t-elle hors d'elle.
Hermione sursauta ainsi que Mr et Mrs Granger. Harry lui murmura quelques mots et la jeune fille hocha la tête tout en rougissant tandis que les badauds se rapprochaient en quête d'informations sur cet esclandre.
- De quoi parles-tu ? demanda Charlie pas impressionné pour deux mornilles, il avait déjà vu bien pire.
- De ton regard pervers qui caresse Bill ! lâcha-t-elle avec hargne. Tu n'as pas honte ?
Toute la famille Weasley, sauf Georges, acquiesça vigoureusement et les Granger se levèrent sous l'insistance d'Hermione qui fit léviter et rétrécir leurs cadeaux avant de les ranger précautionneusement dans sa poche, horriblement gênée par le caractère très privé de la conversation. Elle se demanda un instant comment la jeune blonde pouvait simplement laver son linge sale au milieu d'une telle foule, se promettant de demander à Harry des précisions plus tard.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles femme ! Hors de mon chemin ! cracha Charlie de plus en plus importuné par cette imitation de veela en furie.
- Je t'interdis de penser à mon homme de cette façon ! hurla Fleur en tentant de lui griffer le visage.
La moitié de ceux qui étaient restés à regarder les yeux ronds comme des soucoupes blêmirent de honte. Harry fit un léger signe de la main à Hermione tandis que cette dernière disparaissait par portoloin avec ses parents, adressant un simple signe de la tête à la directrice de Poudlard. Les ennuis pouvaient commencer… Certains s'étaient rapprochés comme attirés par leur mesquinerie devant une telle scène. Charlie se faisait sauvagement attaquer par une veela en colère et tous se demandaient ce qu'il avait fait pour en arriver là. Pourtant il arrivait assez bien à la maîtriser. Kingsley souffla devant cette démonstration de force. Beaucoup avaient tendance à oublier qu'il dressait des dragons. Harry jeta un regard blasé sur la scène et enfourna un petit-four qui trainait sur la table non loin de lui.
- Tu t'épuises pour rien, lâcha Charlie, blasé, tandis qu'il tenait la jeune fille loin de lui.
- Tu n'es qu'un pervers ! Un dépravé ! Comment oses-tu penser que…
- Suffit ! intervint tante Muriel en frappant sa canne sur le sol.
Une vague de magie brute souffla dans la tente, imposant le respect. Tous quittèrent le combat des yeux pour regarder la vieille femme.
- Artur, Molly ! Dans la maison avec vos enfants! Bill, tiens ta fiancée par Merlin, nous ne sommes pas dans une foire aux bestiaux ! lâcha-t-elle avec dédain.
Tous s'empressèrent de lui obéir et Audrey emboita le pas à Percy quand une canne lui barra la route.
- Vous ne faites pas encore partie de cette famille demoiselle. Restez-ici, ordonna tante Muriel avant de claquer la porte du salon derrière elle.
Alors que les spéculations allaient bon train dans la tente – Harry avait refusé de répondre aux questions – dans la maison, Fleur avait à nouveau sauté à la gorge de Charlie, se sentant obligée de protéger son couple face à un danger qu'elle pressentait. Sans aucune considération pour son statut de femme, le dresseur de dragon la propulsa contre un fauteuil, sortit sa baguette et lui jeta un des sort de compulsion qu'il n'utilisait que sur les jeunes dragons récalcitrants, sous le regard choqué de son fiancé et du reste de la famille.
- Bien agi jeune homme, le félicita tante Muriel en s'asseyant dans un fauteuil, alors que Fleur hurlait encore à la justice.
Le chef de la famille Weasley lança un sort de silence et ordonna à tout le monde de s'asseoir et à Ginny de lui apporter une tasse de thé.
- Maintenant Charlie, tu vas nous expliquer ce qui se passe, ordonna la vieille sorcière.
- Je…, commença Charlie, cherchant un quelconque soutient qu'il trouva dans les yeux de Georges. Je suis amoureux de Bill. Je lui ai offert mon cœur par serment sur ma magie. Je ne veux personne d'autre que lui.
Un cri de stupéfaction traversa les lèvres de Molly et tante Muriel se figea sur son fauteuil, de même que le reste des personnes présentes dans la maison. Charlie les regarda tous un par un, conscient de l'acte irrémédiable qu'il avait exécuté des années auparavant. Il défiait quiconque de mettre en doute ses sentiments à présent. Un flot de question l'assaillit. Tous se demandaient s'il était sérieux ou si c'était simplement du bluff. Son regard fit taire tous les doutes.
- Charlie, cet acte t'honore, néanmoins avec ton frère, ce n'est pas possible, trancha Muriel. Tu me vois donc obligée d'appliquer la sentence que tes parents, quelle qu'elle soit.
- Je… comprends. De toutes façons je n'ai plus rien eu à voir avec cette famille depuis le jour où Bill, au lieu de régler ses problèmes comme un adulte est allé pleurer dans les jupes de sa mère, cracha Charlie, retenant ses larmes.
- Un peu de respect pour tes parents Charlie ! ordonna sa mère.
- Selon vos menaces vous n'êtes plus mes parents, vous n'êtes plus ma famille ! cria Charlie.
- Ainsi soit-il mon enfant, murmura tante Muriel avec tristesse. Te voilà à présent renié. Tu ne fais plus partie de la famille Weasley. Tu n'auras aucun droit de succession sur les propriétés ni sur les coffres Weasley. Cependant le compte que j'ai ouvert pour toi à ta naissance t'es encore alloué. Je t'enverrai la clef dès que possible. Les papiers seront modifiés au Ministère et chez le notaire.
Charlie hocha sèchement la tête, sentant ses larmes déferler sur ses joues. Bill avait détruit sa vie en parlant de leur histoire, mais il n'arrivait cependant pas à le haïr. Il essuya ses yeux et se précipita dans sa tente, ramassa ses affaires sous l'œil effaré d'Harry, qui était venu récupérer quelque chose.
- Charlie ? demanda-t-il inquiet de l'état de son ami.
- Ils m'ont renié Harry, répondit simplement le roux avant que quitter la tente.
Il arrivait à la barrière quand une main le retint.
- Où comptes-tu aller Charlie ? demanda une voix ferme.
- Ne fais pas ton grand frère affecté Bill. Je sais que personne n'a envie de me voir dans cette maison par ta faute. Alors maintenant que je suis officiellement renié, mon amour – et il insista de façon cynique sur les mots – je rentre chez moi, dit-il en se dégageant.
Bill le regarda s'éloigner quand quelqu'un le bouscula. Harry le regardait maintenant d'un regard polaire qui n'avait rien à envier au froid ambiant.
- Tu lui as déjà fait assez de mal comme ça Bill, retourne près de ta fiancée et épouse-la, lâcha-t-il avant de rejoindre le point de transplanage et de disparaitre quelques secondes après Charlie.
oOo
Harry et Théodore rigolaient doucement devant l'air ahuri de Charlie. Ils avaient débarqué quelques minutes plus tôt avec une tripotée de Serpentards et des plats en pagaille.
- Mais…, commença Charlie.
- Stop, l'arrêta Harry. Je n'allais tout de même pas te laisser passer l'année seul. Alors j'ai embarqué tous mes potes Serpentard et on est venu squatter !
Le roux fit la connaissance de Draco, Blaise, Pansy, Grégory, Daphné et Millicent. Ils s'installèrent, lançant des sorts pour rajouter des fauteuils, agrandir la table et Harry prit possession de sa cuisine. Et lui qui comptait se bourrer la gueule pour ne pas voir le temps passer… Il soupira et rigola doucement. Après tout pourquoi pas, se dit-il en regardant Harry mener les plats à table. Théodore le regarda et soupira avant de l'entraîner dans sa chambre et de lui balancer une batterie de sorts tout en lui choisissant des habits de circonstance
La soirée se déroula sous les rires et dans la bonne ambiance. Les Serpentards avaient réussi l'exploit de lui faire oublier ses problèmes pendant quelques heures. Pansy et Blaise avaient commencé la soirée en se déhanchant au rythme de musiques tout à fait moldues sur la table basse, Daphné et Millicent avaient trainé Draco et Gregory dans une salsa endiablée où ils s'étaient débrouillés comme des chefs et Théodore et Harry avaient décidé que Charlie devait absolument danser et ce, même s'il était coincé en sandwich entre eux. Vers six heures du matin, quand il s'avéra que personne ne serait capable d'utiliser un portoloin sans se tromper sur la destination, ils conjurèrent quelques matelas et s'affalèrent tous au milieu du salon après avoir poussé les meubles contre les murs. Charlie se retrouva entre Harry et Théodore et gloussa doucement avant de s'endormir.
Ce fut une bonne odeur qui lui fit ouvrir les yeux. Théodore était collé à son dos et Harry avait disparu, remplacé par une Pansy blottie contre son torse. Il entendit s'affairer à la cuisine et se décolla doucement des jeunes gens avant de se lever. Ils étaient tous un peu pêle-mêle sur les matelas et Charlie profita pour prendre une photo souvenir. Ce réveillon de fin d'année avait été l'un des meilleurs de sa vie. Et il le devait à une bande de Serpentards. Il rigola doucement et alla à la cuisine.
- Besoin d'aide beau brun ? demanda-t-il en entrant.
- Ah ! Bonjour Charlie, répondit Harry avec un sourire en retournant vers lui. Tu peux touiller la sauce pendant que je m'occupe de ce qui est au four ?
Les deux amis travaillèrent en discutant. Quelques minutes plus tard, des bruits se firent entendre dans le salon et quelques sorts furent lancés. Charlie sortit de la cuisine et offrit à tout le monde la possibilité de prendre une bonne douche le temps qu'il installe la table.
À seize heures, Millicent et Grégory s'en allèrent par portoloin en promettant de revenir pour les prochaines fêtes. Blaise et Pansy suivirent, puis ce fut le tour de Daphné et Draco, qui invita le roux à son mariage pour l'équinoxe de printemps. Ils se retrouvèrent finalement à trois. Théodore aidait Charlie à ranger le salon alors qu'Harry s'occupait de la cuisine.
- Que vas-tu faire maintenant ? demanda l'ex-serpent à Charlie.
- Et bien je vais demander ma mutation dans une réserve en Amérique du Sud. Près du Pérou, ou alors changer de job, répondit le roux.
- Tu vas… partir ?
- Je n'ai pas d'autres choix. Je vais simplement tourner une page de ma vie…
- Et Bill, tu vas laisser tomber ?
- Harry t'en a parlé… Et bien c'est beaucoup plus compliqué que ça… Il me déteste à présent, je suppose que je ferais mieux de prendre mes distance, reprit Charlie en regardant Harry sortir de la cuisine.
oOo
Charlie arriva à nouveau à la zone des portoloins internationaux. Il était en Angleterre pour deux raisons distinctes. La clef promise par tante Muriel était arrivée la semaine précédente et il venait juste à Gringotts afin de faire régulariser sa situation. Sa démission avait été acceptée après de longues heures d'argumentation. Il était au chômage à présent. Il soupira doucement et transplana directement au chemin de traverse. Il valait mieux expédier tout ça le plus vite possible… D'un autre côté, le mariage de Draco et Daphné avait été avancé et il avait été carrément menacé pour arriver quelques jours plus tôt.
Il croisa Hermione qui lui fit un sourire éclatant avant de lui coller deux baisers sonores sur les joues. Il discuta un instant avec elle, évitant habilement de parler des événements qui avaient conduit à son départ précipité lors des fêtes. À sa demande, il l'accompagna chez Fleury & Bott où il s'acheta un livre sur le Quidditch. La jeune fille ne cessait de lui parler, meublant la conversation. Quelques minutes plus tard, il l'abandonna devant la ménagerie et se rendit à la banque. Récupérer son compte ne fut pas difficile et l'affaire fut réglée en quelques minutes. En sortant du bureau du gobelin qui l'avait reçu, Charlie bouscula quelqu'un. Il s'apprêtait à s'excuser quand une voix le fit frissonner.
- Que fais-tu ici ?
Il leva des yeux pleins d'un espoir qui disparut quand il croisa le regard dégouté de Bill. Il soupira doucement et s'en alla. Cela ne servait à rien de discuter avec lui, il le sentait, il l'avait vu lors de leur dernière rencontre. Selon les lettres de Georges, Charlie savait à présent que son nom était tabou au terrier et que tous agissaient comme s'il n'avait jamais existé. Sa chambre avait été vidée et ses affaires jetées. Elle servait à présent de chambre pour Ginny. Les photos avaient été modifiées pour qu'il n'apparaisse plus. Charlie Weasley n'était plus. Ils l'avaient complètement rayé de leur vie.
Le dresseur de dragon transplana dès que la chose fut possible. Il se réceptionna avec grâce devant un manoir perdu dans la lande écossaise. Il posa sa main sur le portail et celui-ci, après un léger frémissement de magie, s'ouvrit. Il passa la longue allée bordée de longs et fins genévriers et grimpa trois marches alors que la grande porte s'ouvrait sur un vieil elfe de maison.
Charlie Weasley Monsieur, dit-il en s'inclinant légèrement.
- Oh, bonjour Adal, Harry est là ?
- Maître Harry est au jardin monsieur.
Charlie hocha la tête et se rendit dans le jardin après avoir accroché son manteau sur la patère. Il rejoignit son ami qui était en train d'étayer un parterre de roses noires. Il le regarda un instant, analysant presque ses gestes. Harry était un bel homme. Cependant il ne semblait pas y faire attention. Il avait gardé cette mauvaise habitude à s'habiller une peu n'importe comment, surtout quand il était chez lui. En ce moment il portait un semblant de pull beaucoup trop grand pour lui qui tombait sur son épaule et un jean qui n'était pas de la première jeunesse. Ses bottes en cuir de dragon, restant la seule chose qui pouvait passer pour relativement neuve dans son accoutrement. Le dresseur de dragon sourit et se rapprocha.
- Encore dans ton jardin ?
Harry se retourna vers lui et lui offrit un sourire éclatant.
- Bien sûr, j'adore les plantes. Comment ça s'est passé à la banque ?
- Très bien, tante Muriel a tenu sa promesse et j'ai fusionné mes comptes. Ça y est.
- Génial. Tu n'as pas eu trop de problèmes sur le chemin de traverse ?
Charlie ferma doucement les yeux et soupira.
- J'ai croisé Hermione… et… et Bill…
Harry coupa la tige d'une rose beaucoup trop près du bouton. Il s'autorisa quelques secondes avant d'ouvrir la bouche.
- Je vois… tu es sûr que…
- Oui, le coupa Charlie. Ne t'en fait pas, je vais très bien je t'assure. J'ai eu le temps de me faire à l'idée que ma vie était foutue.
- Ta vie n'est pas foutue Charlie, murmura Harry tristement. Tu sais… j'ai parlé à Blaise à propos de cette histoire de promesse magique – Charlie se crispa à ses mots. Il m'a assuré que pour ce genre de chose, il fallait utiliser une espèce de catalyseur.
- Oui… pourquoi tu lui en as parlé ?
Harry se tourna alors vers lui, dardant son regard émeraude dans ceux, bleus du roux. Charlie frissonna, ne sachant interpréter le regard que lui lançait son ami à l'instant.
- Il faut briser ce sort Charlie, dit Harry d'une voix mortellement sérieuse. On doit briser ce sort et te faire oublier Bill, continua-t-il plus doucement en se rapprochant. Je n'aime pas te voir comme ça… je ne supporte pas de te voir souffrir, murmura-t-il. Je veux te rendre…
- Maître Harry, intervint Adal. Une communication de cheminette pour le maître !
Harry soupira et lança un regard indéchiffrable à Charlie avant de se glisser à l'intérieur du manoir. Ce dernier, les joues beaucoup trop rouges malgré la température plutôt fraiche de ce début de soirée, se retourna lentement. Il ne voulait pas savoir ce que ces paroles pourraient bien vouloir signifier. Harry ne pouvait pas avoir ce genre de sentiments pour lui non ? Il mit les mains dans ses poches, et c'est sur ces pensées plutôt troublantes, qu'il rentra dans la maison.
La demeure était plutôt grande. Beaucoup plus grande que le Terrier à dire vrai. Il y avait en tout seize pièces et Harry lui avait dit qu'il avait choisi le manoir uniquement parce qu'il était isolé. Tearmann's Manor avait appartenu à la famille Winthrop, une ancienne famille de sang-mêlé qui avaient tous quitté le pays il avait quelques générations de cela. Il y avait un grand hall éclairé qui menait sur un balcon intérieur par un grand escalier. L'entrée était composée d'une grande tour qui dominait le reste des bâtiments. Et l'agent immobilier lui avait dit que le manoir avait été construit sous un model italien. Harry lui avait dit qu'il n'avait quasiment rien écouté mais il était tombé amoureux de l'ambiance des lieux – Charlie le soupçonnait alors d'être étrangement romantique.
Le roux monta au 1er, où se trouvaient ses quartiers et il y entra. Harry lui avait laissé la suite ocre. Un décor dans des tons de beige et marron, un petit salon avec deux portes qui donnaient vers la chambre et la salle de bain. Il s'apprêtait à aller se reposer quand Harry se présenta devant lui.
- Ça te dit une pizza pour ce soir ? demanda-t-il avec un sourire.
- Comme tu veux… hésita Charlie, légèrement mal à l'aise.
- Tu n'arrêtes pas de me répéter ça depuis que t'es ici, marmonna le brun.
- Alors dans ce cas je préférerais quelque chose avec du poulet. Tout ce que tu veux mais il faut du poulet…
Harry sembla réfléchir un instant.
- Poulet au gingembre à la thaïlandaise ?
- Ça a l'air intéressant…
- Va pour du poulet à la thaï !
Charlie regarda son ami quitter ses quartiers comme si la conversation dans le jardin n'avait jamais eu lieu. Il le suivit sur la galerie et le regarda descendre joyeusement les marches en marbre. Depuis la fin de la guerre Harry Potter avait changé. Et il ne saurait dire si c'était en bien ou en mal. L'elfe de maison du manoir apparut à ce moment à ses côtés et lui tendit une enveloppe. Après l'avoir remercié, il se posa sur son lit et l'ouvrit.
Hey frérot,
J'ai entendu dire par Bill que tu étais de retour au pays. J'ai donc pensé que tu étais chez Harry… D'ailleurs il habite où ? On n'y est jamais allés et il ne nous a jamais invités… Enfin je suppose que c'est justifié à présent. Je voulais juste te saluer et t'inviter à manger avec moi un de ces jours. Je suppose que t'es la pour le mariage de Malfoy alors je te contacterai plus tard !
A plus,
Georges.
Il rigola doucement, soulagé que Georges lui adresse encore la parole. Malgré la bonne humeur qu'il affichait devant Harry, sa famille lui manquait énormément. Il se releva et posa la lettre sur sa table de chevet, avant de se rendre sur la galerie. Il observa les différents portraits inanimés qu'Harry avait fait faire par un artisan Moldu tout en pensant à son ami.
Alors que tout le monde s'attendait à ce qu'il devienne Auror, Harry s'était contenté d'acheter des maisons et de les louer, d'investir dans certaines sociétés moldues et magiques – sous les conseils de Théodore Nott – avant de se déclarer comme heureux rentier et, comme il l'avait dit à la presse, avait envoyé bouler le premier ministre, les magistrats et quiconque s'intéressant de trop près à sa personne, surtout dans un but qui n'entrait pas dans son champ de vision.
L'année qui avait suivi cette sulfureuse déclaration, il s'inscrivait au ministère en tant que chercheur indépendant en magie noire, passait les tests nécessaires et, accompagné d'anciens Serpentards qui n'avait alors pas encore été totalement réhabilités, il avait parcouru le monde magique afin de rassembler tout un tas d'information dont la teneur n'était connue que des principaux membres de son équipe et des Langues-de-plomb du Ministère.
Charlie haussa les épaules. Tant qu'il ne devenait pas un mage noir en puissance Harry pouvait bien faire tout ce qu'il voulait. Il fut interrompu dans ses réflexions par l'apparition d'Hermione dans la cheminée du hall. Elle portait un élégant tailleur lie-de-vin et une paire de talons vertigineux. Depuis qu'elle avait intégré l'équipe de recherche d'Harry, elle avait changé elle aussi. La jeune brune leva les yeux vers lui, lui fit un sourire éclatant suivit d'un salut de la main avant de poser la dite main sur un tableau représentant une claymore frappée de la croix de l'Ordre des Templiers.
- Harry n'est pas dans le labo, l'informa le roux.
- Ah merci Charlie. Il est à la cuisine je suppose, continua-t-elle en vérifiant l'heure sur sa montre. Ça te dérange si je reste diner avec vous ce soir ?
- Pas du tout, répliqua Charlie, sautant ainsi sur l'occasion de ne pas se retrouver seul avec Harry.
- Génial merci !
Charlie se contenta d'un signe de tête avant de descendre la rejoindre. Ils discutèrent un instant, tandis qu'ils rejoignaient la cuisine.
oOo
Charlie regardait Daphné s'avancer aux bras de son père le long de la clairière. Elle portait une magnifique robe près du corps d'un blanc luminescent toute en dentelle dont la traine, discrète, s'étalait tout autour d'elle. Son bouquet composé de fleurs de frangipanier blanches et roses et de fleurs de cerisier impérial – spécialement commandé par Pansy – était, avec une barrette en fleurs de cerisier, les seules couleurs à sa tenue. De son chignon, piqueté de perles, s'échappaient des mèches folles.
- Elle est sublime hein ? demanda une voix.
Il n'avait pas remarqué à quel moment Harry s'était rapproché de lui. Le jeune homme souriait doucement, comme un père qui marierait son fils. Et c'était presque le cas. Depuis l'emprisonnement de Lucius Malfoy, Draco et Narcissa étaient sous la tutelle du chef de la maison Black. Et Harry avait hérité de ce titre à la mort de Sirius. Il avait entendu dire que Draco avait été obligé de demander à Harry l'autorisation de se marier. Il rigola doucement.
Draco, en totale opposition avec la future mariée, était vêtu tout de noir. Il portait un pantalon qui lui allait comme une seconde peau et une chemise ébène sous une veste toute aussi noire. A sa boutonnière était accrochée une fleur de cerisier tirée du bouquet de Daphné. Sa légère cape noire brodée d'argent – qui lui arrivait à peine aux genoux – flottait doucement avec la brise. Un sourire de pure satisfaction trônait sur son visage tandis qu'il observait Daphné. Théodore, qui avait accepté d'être son témoin, se pencha pour lui murmurer quelque chose à l'oreille tout en tirant sur la manche de sa veste et ils ricanèrent. La future mariée s'arrêta mi-chemin et son père s'éclipsa pour laisser la place à Mrs Malfoy qui l'accompagna alors jusqu'à son fils.
Teddy Lupin suivait juste après, fier dans son costume tout blanc, les cheveux verts et le sourire éclatants. Il portait une petite cage où piaillaient deux oiseaux en cristal, chacun portant une bague accrochée à la patte. Daphné fut laissée aux mains de Draco et ils se tournèrent vers l'officiant, entourés de leurs témoins. Le discours ne fut pas long, juste le temps d'assurer les vœux, d'assurer l'autorisation des deux chefs de famille et l'officiant – un mage réputé pour le nombre d'unions durables qu'il avait célébré – demanda les alliances. Le jeune Lupin sauta sur ses deux pieds et ouvrit la cage. Comme il l'avait longuement répété avec sa grand-mère, il laissa les oiseaux se poser sur ses mains et les leva bien haut. D'un geste de baguette Andromeda lança un sort et les volatiles de verre s'élevèrent tout en entonnant un ancien chant d'union, répété par la quasi-totalité de l'assemblée.
Les oiseaux se posèrent sur les mains tendues de Draco et Daphné avant d'exploser en milliers d'étincelles, laissant les alliances dans les mains fébriles d'émotions, alors que la mélodie vivait ses dernières notes. Mrs Malfoy lâcha une larme qui disparut bien vite dans un mouchoir brodée et Mrs Tonks sourit, fière du sort qu'elle avait mis des mois à maîtriser. Charlie sourit doucement. Pour sûr, c'était une parfaite cérémonie. A ce moment, le soleil perça d'entre les arbres et un rayon se dirigea droit sur les jeunes mariés. La robe de Daphné étincela, faisant plisser les yeux de l'assemblée. Elle éclata d'un rire cristallin avant d'échanger un baiser passionné avec Draco. L'assemblée se mit alors à applaudir tandis qu'une pluie de pétales de roses blanches tombait sur elle.
oOo
Harry attrapa la main de Charlie et, malgré ses protestations, le traina sur la piste de danse. La fête battait son plein dans le jardin de Tearmann's Manor. De belles tentes blanches et argent avaient été installées au-dessus des parterres de rose et les invités se mouvaient au milieu du jardin sans craindre une éventuelle averse. La piste de danse, installée dans la tente du milieu avait été décorée avec des guirlandes de fleurs de cerisier et de discrètes flammes enfermées dans des boules de verre. La musique, jouée par un groupe français s'élevait doucement depuis l'estrade.
Charlie sourit doucement à Harry et se laissa aller. La main de son partenaire était sagement posée sur son épaule. Depuis la dernière fois, ils n'avaient pas reparlé du serment qu'il avait fait. Mais le roux savait que son ami n'allait pas baisser les bras. Qu'il allait continuer à chercher un moyen de détourner son serment. Même s'ils n'en avaient plus parlé, Harry avait des gestes assez tendres à son égard. Et plus il y repensait, plus il était persuadé que le jeune homme ressentait effectivement plus que de l'amitié pour lui. Il le regarda dans les yeux, notant également la légère rougeur apparue sur ses joues. Harry Potter, survivant… Qui était-il vraiment ?
Il sentit les doigts du Survivant commencer à tracer de légères arabesques sur son épaule tandis qu'il le faisait tourner. Il frissonna doucement, ne sachant pas comment réagir. Il ne pourrait pas l'aimer, pas tant que son serment serait viable et Harry le savait. Alors que cherchait-il ? Du coin de l'œil, il pouvait voir Ron qui faisait danser sa fiancée. Ils semblaient en pleine discussion et Hermione avait visiblement le dernier mot. L'ancien dresseur de dragon sourit faiblement à Harry qui semblait réclamer son attention. Il était gêné par ces sentiments que le brun ressentait à son égard. Il se sentait perdu. Comment lui dire simplement qu'entre eux c'était impossible ? Il lui dirait, mais pas ce soir. Charlie détourna le regard, comme s'il n'avait rien vu. Jusqu'à ce qu'il trouve les bons mots il ferait l'autruche. Ses pensées repartirent immédiatement vers sa famille. Depuis les fêtes de Yule, Ron semblait être en froid avec lui. Il comprenait bien que ses sentiments envers Bill pouvaient déranger, cependant il ne comprenait pas comment Ron, parmi tous ses frères, celui avec lequel il avait été le plus proche, puisse l'abandonner ainsi.
- Arrêtes de penser aux choses qui te font mal, murmura Harry à son oreille avant de se décoller doucement de lui au fur et à mesure où la musique s'arrêtait.
Charlie lui fit un sourire d'excuse et s'en alla au bar prendre un verre de punch. Il en servit un à Hermione, qui s'était rapprochée et la regarda partir, le laissant avec un Ron embarrassé. Charlie ne savait pas quoi faire. Il sentait comme une tension. Ron n'allait pas faire le premiers pas, et lui, il ne savait que dire. De simples salutation pour commencer, mais ça les mènerait où ? Il n'avait pas envie de voir cet air de dégoût sur son visage. Il se sentait déjà assez mal comme ça. Et Ron savait frapper où ça faisait mal. Ron quant à lui semblait en pleine introspection. On pouvait lire ses pensées sur son visage. Ils se regardèrent un instant avant que l'aîné ne propose un verre de punch.
- Ecoute Charlie, commença Ron au grand étonnement de son aîné. J'ai parlé avec 'Mione et… enfin je suis désolé pour t'avoir si mal traité la dernière fois…
- Je comprends, souffla Charlie.
- Ce qui se passe, je ne suis pas d'accord avec. Tu le sais. Je ne comprends pas pourquoi et je n'ai aucune envie de comprendre. Mais… tu me manques…
Les larmes au bord des yeux, Charlie attrapa Ron et le serra contre lui. Un peu plus loin, Hermione et Harry se lancèrent un regard complice, suivit d'un immense sourire.
oOo
Il pouvait encore entendre la musique dans son dos. La lune brillait déjà dans le ciel, il pouvait le sentir. Il rouvrit doucement les yeux au moment même où Harry s'arrêtait près de lui.
- Tu vas bien ? Tu ne t'ennuies pas ? demanda ce dernier.
- Je vais bien merci, j'avais besoin de prendre un peu l'air, répondit Charlie.
- Je comprends, assura Harry. Dis Charlie, reprit-il en hésitant.
- Oui ?
- Si tu avais quelque chose d'important, que tu voudrais cacher à tout prix. Quelque chose que tu ne dirais à personne sauf si tu y était obligé. Tu ferais quoi ?
- Et bien j'écrirais ça et je le mettrai en lieu sûr.
- D'accord, soupira Harry. Ah oui, Draco m'a demandé des congés pour sa lune de miel et on était censé partir pour une mission au Népal. Puisque tu ne fais rien pour le moment ça te dirait de venir avec nous ?
- Au Népal ? s'étonna le plus âgé. Tes missions ne sont pas censées être secrètes ?
- Oui, mais toi tu n'es pas n'importe qui, murmura Harry en le regardant dans les yeux. Tu comptes assez pour moi pour avoir le droit de nous accompagner et tu es un sorcier compétant…
Charlie se demanda un instant comment il devait prendre ces compliments. Sans vraiment le vouloir ses joues se colorèrent.
- Je veux bien alors, finit-il par acquiescer.
- Parfait, nous devons aller étudier un ancien artefact. Selon nos premières sources il s'agirait d'une statuette possédée par l'esprit d'une prêtresse hindoue. Elle se déplacerait et parlerait à certaines conditions.
- Quelles conditions ? demanda Charlie curieux.
- Selon les témoignages et nos premières recherches, il faudrait que celui qui se présente devant elle ait frayé avec la magie noire, dit Harry en lui lançant un regard perçant. Quoi qu'il en soit, reprit-il sur une note plus joyeuse, nous partirons dans une semaine. En attendant, le gâteau va être coupé, on ferait mieux de rentrer.
Alors que Charlie se retournait pour partir, Harry attrapa sa main et une légère décharge les fit frissonner. Le roux leva les yeux et tomba dans un regard vert teinté de désir. Il n'y avait plus d'illusions à se faire. Il rougit doucement.
- Harry je…
- Non Charlie, le coupa Harry. Ne parle pas… juste... reste avec moi encore un peu… J'aimerais… te revoir sourire…
- Ecoute Harry, avec ce serment je n'ai rien à t'offrir et…
- Arrête, toute magie à un prix et il existe un contre sort à presque tout ! attaqua Harry.
- Pas au Serment des Roses ! C'est définitif Harry, je… je suis désolé, soupira Charlie en essayant de dégager sa main.
- S'il n'y avait pas ce serment j'aurais des chances ? demanda alors le Survivant, une flamme nouvelle dans le regard.
Harry relâcha sa main et Charlie fit un pas vers les tentes.
- Peut-être, répondit-il en retournant à la fête sans remarquer le sourire victorieux du brun.
A peine avait-il mit les pieds dans la tente de restauration qu'un groupe d'Aurors faisait leur apparition en tenue de travail. Un étrange silence se propagea alors que la foule se massait autour des agents qui avaient la baguette en joue. Draco se fit un chemin et se plaça devant eux.
- Je peux savoir à quoi est due cette intrusion ? demanda-t-il d'une voix froide.
Harry arriva à cet instant accompagné de son elfe qui se répandait en excuses.
- Que se passe-t-il ici ? gronda-t-il, outré que les agents du ministère aient mit pied chez lui.
- Nous avons été avertis d'une attaque envers vous et vos invités, répondit celui qui semblait être le chef de l'escouade.
- Avons-nous l'air d'être attaqués ? Le Ministère et ses représentants ne sont pas les bienvenus sur cette propriété !
Alors qu'Harry élevait la voix contre le chef des Aurors, l'un d'eux fixa Charlie avant d'en référer à son partenaire. Le roux les regarda, sentant venir les soucis. Evidemment la seconde d'après trois Aurors se rapprochaient de lui.
- Charlie Weasley. Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous devant le Magenmagot. Vous avez le droit de consulter un défenseur et…
Il n'eut pas le temps de poser les mains sur lui qu'il fut arrêté par un mur invisible. Charlie les regarda effaré tandis que Théodore et Hermione se tenaient à ses côtés, baguettes tendues.
- Pourquoi cette arrestation ? demanda alors Pansy, les mains sur les hanches.
- Cet homme est interdit de séjour sur le territoire anglais, mademoiselle, il doit être emmené au Ministère !
- Il faudra me passer sur le corps ! clama Ron en venant se joindre au petit groupe, baguette en joue.
L'altercation avait attiré quelques autres invités et submergés par le nombre les Aurors demandèrent du renfort. Daphné s'avança alors, royale dans sa robe de mariée.
- Vous n'avez aucun droit ici, lâcha-t-elle.
- Et de quel droit ? railla l'un des Aurors prêt à arrêter ces mangemorts en herbe.
- Traité 89-652-F alinéa 6, commença Draco. Le Ministère de la Magie Anglais a affranchit le Manoir Tearmann ainsi que ses dépendances de sa juridiction, le faisant tomber sous le coup de la Magie Magistrae.
- De plus, selon le même traité alinéa 7, renchérit Hermione, le Ministère de la Magie s'est engagé à considérer Tearmann's Land comme une enclave et tous ses ressortissants comme sous la tutelle d'Harry.
Les Aurors les regardèrent les yeux ronds. Pansy se fit une joie de les renseigner.
- Charlie est un ressortissant de Tearmann's Land, messieurs. Vous êtes en train de violer le traité, susurra-t-elle avec une voix mauvaise.
- Dehors ! cria alors Harry qui avait perdu patience. Dehors avant que je ne vous chasse moi-même !
Quelques minutes plus tard, les festivités reprirent doucement, chacun parvenant à oublier cet incident – surtout grâce à Mrs Malfoy et Mrs Greengrass.
- Je suis désolé d'avoir gâché la fête Daphné, s'excusa Charlie.
- Mais non, le reprit cette dernière. Rien n'a été gâché ne t'en fait pas. C'est toujours le plus beau jour de ma vie et ça fait du bien d'être entouré d'amis.
Charlie hocha doucement la tête et regarda Draco récupérer son épouse. Harry avait disparu juste après les Aurors et Ron se tenait près de lui comme s'il s'était mis en tête de le protéger.
- Charlie, je… je suis vraiment désolé tu sais, dit Ron d'une voix faible.
- Ne t'en fait pas pour ça Ron.
- N'empêche qu'heureusement que Harry était là. Il nous sauve toujours…
L'homme ne put que hocher la tête. Si Harry n'avait pas été là, lui et ce traité dont il n'avait entendu parler que ce soir, il serait surement dans les cachots du Ministère. Pourquoi était-il interdit de séjour ? Sa famille serait allée jusque-là juste pour lui pourrir la vie ? Qui ? Qui avait osé faire ça ?
- Calme-toi, lui conseilla Ron. On saura ce qui se passe quand Harry reviendra.
- Je m'étonne du fait que tu donnes de bons conseils Ron, biaisa Charlie avec un immense sourire.
- J'ai grandi ! se plaignit Ron en lui tirant la langue.
- Je constate, gloussa Charlie.
Harry revint deux heures plus tard encore plus énervé qu'à son départ. Heureusement que la plupart des invités étaient partis car il laissa exploser sa magie tout en insultant le Ministère de la Magie. Hermione fut la seule à arriver à le calmer. Ils s'assirent tous dans le salon et Harry les regarda un à un. Ses amis, sa famille. Il y avait Draco et Daphné, Pansy, Blaise, Théodore, Hermione, Ron et Charlie. Il soupira doucement.
- Il y avait effectivement un obscur ordre d'arrestation à ton égard Charlie, mais je suis allé voir Kings'. Il n'a jamais autorisé ça et a révoqué l'ordre. Je ne comprends pas qui pourrait faire ça.
- Percy, avança Ron en haussant les épaules. Il est le sous-secrétaire de Kings' il peut signer les petits ordres comme ceux-ci.
- Mais il ne peut pas avoir fait ça seul Ron, répliqua sa fiancée.
- Alors Bill a dû lui demander, répliqua Charlie avec une flamme dangereuse dans le regard.
- Surement, répondit Harry. Mais maintenant tout ça est passé. Draco, Daphné, je vous souhaite une bonne lune de miel. Le voyage est maintenu cependant.
Ils discutèrent un instant des modalités alors que Ron et les jeunes mariés étaient partis. Charlie monta dans ses appartements après avoir aidé Harry à ranger le jardin. Avec la présence de Ron à Tearmann's Manor, il pouvait être sûr que la famille saurait où Harry habite. Il avait dû le prévoir. Il espérait seulement qu'il n'aurait pas de problèmes à cause de lui.
oOo
Charlie débarqua dans le salon par la cheminée. Il épousseta sa robe avant de réceptionner Georges qui l'enlaça violemment. Il rigola et ébouriffa les cheveux de son cadet. Il l'attendit un instant et ils sortirent dans le Londres moldu pour déjeuner. Depuis la fin de la guerre, Georges avait fait plusieurs excursions dans le monde moldu. Ils s'installèrent dans un restaurant que le cadet avait l'habitude de fréquenter.
- Alors, comment ça va ? demanda-t-il.
- Eh bien, on peut dire que tout va bien, répondit Charlie. Harry a accepté de m'héberger le temps que je trouve quelque chose à faire.
- Tu n'as plus ton travail à la réserve ? s'étonna Georges.
- Non, j'ai donné ma démission, avoua l'homme.
- Mais je croyais que tu adorais les dragons ?
- Je les aime, mais je ne pouvais pas rester là-bas. C'est... C'est compliqué…
- Je vois. Ah, j'ai entendu dire qu'il y avait eu du grabuge chez Harry lors du mariage de Malfoy. Ron n'a pas expliqué mais j'ai entendu Percy et...
- Ne t'en fait pas Georges, tout va bien, c'est arrangé aussi.
Ils discutèrent pendant des heures, Charlie retrouvant ainsi l'amitié et la fraternité qu'il avait avec son jeune frère. Ils se séparèrent en fin d'après-midi, après que Georges lui ai fait visiter la boutique et lui ai exposé ses nouvelles créations.
Quand il rentra à la maison, il surprit sa petite sœur en train d'agresser verbalement Harry en lui reprochant de ne jamais lui avoir demandé de l'épouser alors que Ron et Hermione étaient fiancés. Elle lui hurlait au visage qu'elle attendait sa demande depuis bientôt trop longtemps et elle menaçait de le quitter s'il ne se dépêchait pas. Ce à quoi Harry lui répondit que dans la mesure où il était gay il n'en avait rien à foutre.
Tout en grimpant l'escalier il entendit Ginny crier et insulter Harry, ce dernier élever la voix, puis les cris étouffés de sa petite sœur à l'extérieur, preuve que le Survivant avait demandé à son elfe de maison de se débarrasser de la furie. Il se jeta dans un fauteuil et sourit tendrement en fermant les yeux. Quelques instants plus tard, il sentit une présence dans la pièce et garda les yeux clos. Il sentit Harry s'asseoir sur le fauteuil d'en face.
- Je suis désolé que tu aies eu à entendre ça, dit-il d'une voix contrite.
- Ne t'en fais pas pour ça Harry…
- Charlie, je... je voudrais te demander quelque chose…
- Hum ? rétorqua le roux en ouvrant les yeux.
- Putain je sais pas par où commencer…
Harry se leva et fit les cent pas devant lui. Il le laissa faire, le sourcil relevé. Soudain Harry s'assit sur lui et sans qu'il n'ait le temps de réagir, ses lèvres furent capturées dans un baiser. Profitant de son élan de protestation, Harry glissa sa langue à la recherche de la sienne et aussi vite, recula la tête. Charlie le regarda hébété.
- Je t'aime Charlie, souffla le jeune brun. Depuis si longtemps…
- Harry je…
- Tais-toi laisse-moi parler. Tu vois Charlie, le professeur Dumbledore m'a toujours dit que l'amour était plus fort que tout. Et moi je t'offre mon cœur. J'ai envie de te rendre heureux. Alors tu comprends que je vais tout faire pour révoquer ce serment, pour que tu sois libre. Même si après ça tu devais me quitter, murmura le Survivant, tout contre ses lèvres.
Le laissant à son choc primaire dû à cette déclaration directe, Harry s'en alla sans un regard. Charlie à ce moment constata que les battements de son cœur semblaient s'être accélérés. Une larme menaça de s'en aller. Puis deux. Et avant qu'il s'en rende compte, il pleurait. Il essuya ses yeux, sans pour autant arriver à empêcher le flot de larmes. Qu'avait-il fait pour que le jeune homme ressente tout ça envers lui ? Il ne le savait pas. Il ne le saurait probablement jamais.
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A dans … 3-4 semaines pour la suite et fin (j'ai des exams en chemin) !
Edellith
