Note de l'auteure: Un OS sur notre petit Victor Frankenstein, à propos d'une quatrième créature qu'il aurait éventuellement créée pour combler sa solitude.

Disclaimer : Le personnage de Victor Frankenstein appartient initialement à l'auteure Mary Shelley, et le Victor Frankenstein de la série Penny Dreadful appartient au créateur John Logan.


Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
On entend dans les bois lointains des hallalis.

Arthur Rimbaud (Ophélie,1870)


Ta main tremblante caresse son cou glacé par le bain rempli de glaçons que tu as disposé à l'intérieur. Elle est étendue, le corps semi-flottant dans cette baignoire. Ses yeux sont définitivement clos, mais au fond de toi, tu as l'impression qu'elle te voit, et qu'elle te contemple. Tu es le créateur, et elle est ton chef-d'œuvre. Cet être immortel t'appartiendra, et tu t'es résolu à ne laisser personne te l'enlever. Pas comme Lily, qui s'en est allée avec ce crétin de Gray. Ce crétin, du moins, lui possède ces deux choses que toi tu n'as pas : la beauté et la jeunesse éternelle. Toi, tu n'es qu'un simple docteur, du moins, c'est ce que tout le monde suppose que tu sois. Car, si on te place avec tes instruments dans ton laboratoire, tu es capable de fantaisies plus exquises et de caprices plus poussés. Tu t'exprimes à travers ton art, celui du toucher, celui qui te permet de manipuler à ta guise n'importe quelle partie du corps et d'en maîtriser toutes les connaissances. La chirurgie, ou la manière plus délicate de succomber à tes désirs sans que personne n'en sache rien. Mais ce que tu apprécies plus que tout, c'est cette façon dont tu peux réanimer ces corps, vicieusement et avec perversité. Ce regard de l'homme de science quand tu te penches sur tes patients en ville, ici il devient celui d'un monstre qui se veut paraître poète en scrutant ce corps nu.

Tu l'avais attendu, en réalité, elle ressemblait exactement à cette femme, la même dont tous les poètes tombaient amoureux. Elle était ta Muse, ta nouvelle source d'inspiration. Tu l'as doté d'une plus grande beauté que Lily, c'est pour cela que tu ne te permettras pas un nouveau faux pas.

T'écoutait-t-elle cette fameuse nuit, quand la Lune répandait toute sa blancheur éphémère sur la table d'opération sur laquelle tu l'avais allongée ? Sa première nuit, tu t'étais assuré qu'elle demeurait bel et bien morte. Tu contemplais la douceur de son visage qui te paraissait encore plus apaisé que lorsqu'elle dormait en respirant bruyamment, les nuits que tu avais observé l'activité de son sommeil. Pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi était-t-elle devenue si vite ton obsession ? Tout simplement, parce-qu'à ce bal auquel Miss Ives avait sollicitée ta venue, c'était la seule femme qui avait eue l'audace d'accepter de danser avec toi. Quelle danse magnifique, tu aurais souhaité que le temps s'étire considérablement et que les secondes devinrent des heures.

Désormais, elle deviendrait quelqu'un d'autre, et tu craignais qu'elle ne se souvienne et qu'elle ne t'en veuille. Assurément, tu savais qu'elle t'en voudrait à cause de tous ces souvenirs de sa vie passée, tous ces moments de bonheur qu'elle avait vécue, tous ses proches qui la croyaient morte… Elle ne pourrait que t'en vouloir. Mais, pour le moment, tu savoures l'instant et patientes, en espérant qu'elle te remerciera, qu'elle te remerciera de l'aimer autant. Oui, tu l'aimais.


N'hésitez surtout pas à laisser quelques reviews ;p et merci à ceux qui ont osé lire.

Bisous :)