Tadaaa... Première traduction, d'un one-shot de The-MarmaladeCat1, dont vous pouvez lire la version originale sur le fandom en anglais, sous le titre de "Voices" (et putain le mien veut pas rester > )
J'espère que ça rend aussi bien qu'en anglais "
Il est minuit moins cinq et dans l'ombre, au bord du lit, un garçon se tient assis. On ne lit aucune expression sur ses traits de porcelaine, et le seul mouvement perceptible est celui de ses longs doigts fins qui tapotent son genou.
Le garçon regarde par la fenêtre, son regard suivant le chemin du vent dans les arbres. Il peut entendre le bruissement des branches, et le gémissement de leurs feuilles donne vie aux voix dans sa tête. Même le crépitement de la pluie contre la vitre ne peut étouffer le son du doux discours qui flotte autours de lui.
De toutes parts lui parviennent des brides de conversation, des fragments de phrases confuses, des mots isolés, perdus dans la bousculade de leurs soupirs. A ses côtés, inclinant la tête vers les délicates saccades des doigts du garçon, Kazekage le Troisième murmure son propre chant funèbre. Sa voix est pareille au sifflement du vent à travers les dunes, aux nuages de poussière qui assaillent les rues de Suna, au chuintement du sable s'écoulant sur la pierre. Le souvenir d'une lueur, celle du soleil du désert, se reflète encore au fond de ses prunelles ternes, couleur de chêne.
Dans un coin de la pièce, tapit dans la pénombre, Hiroku balance sa queue de scorpion, au rythme régulier de ses mots. Le Scorpion parle d'amour et de trahison, de son timbre dure et grinçant, et ses dents de bois saisissent les plus doux mots de paix. Sa voix est baignée de sang, et chaque phrase qu'il profère empeste le carnage.
Sasori est habitué aux voix de ses créations. Elles lui tiennent compagnie la nuit, leurs mots chassent les ténèbres. Chaque marionnette possède une voix différente, et il est capable de reconnaître chacune d'entre elles par leur intonation, et les phrases qui passent leurs lèvres de bois. Chacune de ses poupées a son propre récital secret, que seul son créateur connaît: quelques paroles d'une chanson, une promesse brisée, le souvenir d'un lieu ou d'une personne disparus depuis longtemps... Sasori les connaît tous. Avec les voix de ses créations qui résonnent dans ses oreilles, basses et subtiles dans son esprit et envoûtantes dans son coeur, il n'est jamais seul.
Au fond de son esprit, bien plus mélodieux que le sifflement du vent lui-même, les Soeurs se remettent à chanter. Il les avait toutes deux ramenées d'Iwa, belles enfants-spectres aux longs cheveux soyeux de la couleur du désert à midi. Elles lui avaient rappelé sa maison, et il les avait alors désirées plus que tout pour sa collection. Il sourit au souvenir de leur voix, à leurs yeux pleins de confiance et d'espoir, même à la fin, lorsque son kunaï leur déchira la gorge.
Sasori sourit tendrement et ses doigts remuèrent, un mouvement délicat, difficilement percevable dans le noir. Les volets de la fenêtre se fermèrent d'un coup sec, assourdissant le sifflement du vent, les lourdes planches tirées par des fils de chakra invisibles à l'oeil nu.
Autours de lui, les marionnettes continuent de murmurer. Un jour, pas si lointain que ça, la dernière chose qu'il entendra sera le soupir sifflant de leurs voix dans son oreille. Et là, tout à la fin, l'étrange garçon sourira, un sourire bizarre, paisible, plein d'amour. Et ses marionnettes lui chuchoteront, une toute dernière fois, de doux mots d'accueil, avant de finir par se taire pour toujours.
J'ai choisis cette fic, parce que c'est un aspect de Sasori qui n'est pas souvent exploité: sa relation avec ses marionnettes.
