Pour plus de clarté : l'histoire se déroule entièrement dans l'univers de Bleach. Les personnages directement tirés de FFXIII sont dans ce crossover, comme tous les autres personnages, originaires du monde de Bleach. Ce scénario se met en place après l'arc de la Fausse Ville de Karakura donc si vous voulez éviter les spoilers, n'allez pas plus loin. Sinon, c'est un plaisir pour moi que vous lisiez cette fiction ! Comme dans l'anime, Ichigo, après sa victoire sur Aizen, n'a pas directement perdu tous ses pouvoirs, ceux-ci déclinent progressivement.
Voici donc un petit prologue pour situer la teneur de cette histoire et en présenter l'élément central, à la manière du Shirenju ou du Sceau du Roi (cf. les deux premiers films de Bleach) : "la source de lumière".
Bonne lecture !
La Soul Society. Paradis spirituel où vivent les âmes des défunts.
Ainsi est-elle qualifiée grâce à l'harmonie qui semble régner éternellement en ces lieux. C'est une forme d'énergie n'émanant d'aucun corps vivant qui garantit cette sérénité perpétuelle, cette lumière qui éclaire le monde spirituel de sa bienveillante chaleur. Invisible aux yeux de toute âme, elle continue de se diffuser inlassablement, en toute tranquillité. Dépendante de l'équilibre des âmes, elle agit inconsciemment et légèrement dans l'esprit de chacun. Elle enveloppe les nouveaux arrivants de sa douce aura et efface cette peur de la mort ou de la vie qui les étreint. Elle apaise l'esprit des valeureux shinigami lorsque leur esprit est calme et leur reiatsu stable. Faite pour s'écouler lentement, c'est néanmoins une puissance infinie qui repose en cette source de lumière. Seul son gardien peut s'en approcher, sous peine d'être aspiré par son immensité. Elle réside discrètement dans les quartiers de la 1ère division, où le capitaine-commandant en charge peut veiller à sa sécurité. Car si une telle source de pouvoir venait à être libérée, l'équilibre serait rompu et le monde spirituel ne serait plus que ténèbres contemplant une lumière à tout jamais envolée.
Prologue : Evasion
C'était une nuit particulièrement sombre qui recouvrait la Soul Society. Les gardes qui faisaient leur ronde habituelle attendaient la relève avec impatience. Certains somnolaient, adossés contre un mur, d'autres contemplaient cette nuit qui dévorait même les étoiles. Leur regard s'y perdait complètement, plongé dans cet abysse de pénombre infinie. Les lanternes s'étaient éteintes depuis un moment, et la fatigue empêchait les gardes de les ranimer. Il était rare qu'aussi peu de lumière ne daigne éclairer les lieux, ce qui permit ainsi à une ombre de se glisser facilement parmi les bâtiments de la Seireitei. Purement invisible, c'était comme si elle flottait, insensible à la gravité. Elle se complaisait dans l'obscurité, jouant avec les étranges formes menaçantes qu'étaient le simple reflet des hautes bâtisses. Elle se faufila jusqu'à la Station Souterraine de Confinement, appellation strictement professionnelle pour désigner la fameuse prison placée sous la supervision de l'unité de détention de la deuxième division : le Nid de Vers. L'ombre s'arrêta brièvement à quelques centaines de pas de l'entrée. Aucun garde en vue. Evidemment. Ces hommes étaient eux aussi censés se fondre dans l'obscurité la plus totale. Du moins c'est ce qu'ils croyaient. Ils n'avaient en réalité aucune idée de ce qu'était la vraie obscurité. Elle, le savait parfaitement. Cette pensée fit monter une pointe de mépris chez l'ombre, mais elle disparut immédiatement, telle une névrose éphémère. Aucun trouble ne devait l'atteindre, il fallait que tout soit parfait pour cette opération. Une seule erreur et ce serait un échec. Impossible d'échouer, l'ombre ne pouvait pas se le permettre. Tout était une question de temps, là était la seule difficulté qu'elle allait affronter. Chaque seconde serait précieuse, pas de faux calcul. Mais elle avait pu mûrir le plan de cette entreprise à sa guise. Il lui suffisait de les éliminer, d'entrer, de trouver ce qu'elle cherchait et de repartir avec. Un jeu d'enfant, finalement. Les quelques geôliers à l'intérieur ne seraient pas un problème. Ils n'auraient pas le temps de réagir de toute manière. Les renforts ne mettraient qu'une ou deux minutes à arriver sur place. Il ne lui fallut que quelques secondes.
Détectant une présence sans pour autant la distinguer, une dizaine d'hommes s'abattirent d'un même mouvement sur leur cible invisible. Ils savaient pertinemment l'avoir percuté, puisque leur pied, fermement tendu afin de porter un coup brutal, venait de rencontrer une résistance. A peine eurent-ils le temps de s'interroger qu'ils furent engloutis par une nuée de ténèbres. La brise se leva soudainement, dissipant ce nuage brumeux, révélant une dizaine de cadavres, tous mortellement blessés par une fine lame. L'ombre poursuivit son chemin et s'engouffra dans le Nid de Vers. Elle parcourut le dédale souterrain, aspirant au passage les gardiens, recrachant ainsi plusieurs corps sans vie, entaillés ou transpercés avec une telle rapidité que le sang ne coulait que lorsque le cadavre touchait le sol. Elle s'arrêta brusquement, elle avait devant elle ce qu'elle voulait depuis si longtemps. Elle n'avait pas le temps d'être touchée par l'émotion. Elle se remit immédiatement en mouvement, ravit ce pour quoi elle avait fait tout ça, ce qu'on lui avait cruellement enlevé et qu'elle reprenait de plein droit. Elle l'arrachait de cet endroit où une telle chose n'avait pas sa place, puis s'enfuit, le plus loin possible.
-X-
« Capitaine je…je crois que nous arrivons trop tard. » Déclara un large bonhomme à bout de souffle, un peu pataud et l'air confus.
Il lui avait fallu faire un effort considérable pour s'approcher de son supérieur et pour prononcer un constat plus qu'évident. Son corps tremblait légèrement, moins à cause de la fatigue que pour ce qui allait suivre. Intérieurement il se plaignit à nouveau. Pourquoi était-il dans cette division ? Pourquoi c'était encore à lui de devoir faire ce genre de rapport ? Pourquoi servait-il sous les ordres d'un des capitaines les plus taciturnes et exigeants ? Evidemment, au fond, il en était fier. Mais vu la situation, il aurait préféré enterrer sa fierté et disparaître en Enfer.
« La ferme Omaeda. »
Il se raidit et retint un râle, mais le coup ne vint pas. Ce n'était pas bon signe. Quelqu'un s'était évadé du Nid de Vers. Ou plus précisément, on avait aidé quelqu'un à s'évader du Nid de Vers. C'était une première. C'était non seulement un incident majeur pour le Gotei 13, mais ça l'était encore plus pour lui d'autant que la prison était sous la responsabilité des services secrets, et donc de son capitaine. Il fallait être encore plus idiot que lui pour ne pas comprendre que cette dernière le ressentait comme un échec personnel, et qu'elle n'aurait de cesse de se démener rageusement pour retrouver le coupable. La semaine allait être diablement longue. Le lieutenant soupira, et se gratta l'arrière du crâne. Il jeta un coup d'œil aux corps étendus non loin, et frissonna. Et si ça avait été lui ? Etant le commandant du corps de patrouille des services secrets, il aurait très bien pu venir contrôler la zone à cet instant précis. Remerciant le hasard pour avoir épargné son admirable et magnifique personne, il prit deux minutes pour réfléchir à ce qui avait bien pu se passer. En vain. Il soupira à nouveau, ce qui avait pour don d'agacer son capitaine. Il se demanda alors si cette dernière, toujours aussi tacite, y voyait plus clair. Mais il n'osa pas l'interroger directement. Même lui pouvait sentir toute la tension qui animait son corps, d'apparence si frêle à s'y méprendre mortellement. Il opta donc pour une remarque innocente, qui, il l'espérait, amènerait le petit frelon à se découvrir.
« Je sais pas comment il a fait son compte celui-là, mais il s'y est drôlement bien pris. »
Il aurait mieux fait de se taire. L'espionne se crispa. Il savait très bien que son comportement et même sa voix lui étaient à insupportables d'ordinaire, même s'il ne comprenait pas pourquoi, alors maintenant… Il réalisa sa grave erreur. Il n'obtint pourtant en retour qu'un regard assassin. A l'image des cadavres qui reposaient à trois mètres à peine, il déglutit et s'éloigna rapidement. Sage décision.
-X-
Au bout de deux heures, toute l'agitation créée par l'évènement s'évanouit, enfin. Le lieutenant Omaeda était retourné dans ses quartiers, cherchant probablement du réconfort auprès de son coussin, alors que la plupart des intervenants s'étaient plongés dans leurs recherches afin de rassembler des indices, et le plus rapidement possible. Le capitaine Soifon, après avoir fait son rapport au commandant-capitaine et aux autres dirigeants des différentes divisions, était retournée sur les lieux, seule. Perchée sur l'une des plus hautes branches d'un arbre environnant, elle observait fixement l'endroit où reposaient plus tôt les cadavres des membres de son unité. Elle méditait silencieusement depuis de nombreuses minutes, insensible au froid et au temps. Bien sûr que c'était un échec, et qu'elle tuerait le coupable pour une telle humiliation devant ses pairs. Car bafouer ainsi le dispositif de sécurité mit en place autour et au sein d'une prison sous sa propre responsabilité, c'était l'humilier. Du moins elle le prenait comme une insulte personnelle. L'individu, ou quoi que ce fut, avait brisé des barrières de Kidō de haut niveau sans dégager la moindre vague de reiatsu, comme s'il était passée au travers. Pour ressortir en revanche, il avait bel et bien dû les désamorcer, car il était reparti avec une charge en plus, même si l'on ignorait encore l'identité de celle-ci. Si Soifon demeurait encore en ce lieu, c'était à cause d'une colère sourde qui se muait en elle. Venger les morts ne l'intéressait pas, ce n'était pas ainsi que fonctionnait l'Onmitsukidō, les services secrets qu'elle dirigeait. Non, avec cet échec, ses capacités étaient publiquement remises en question. Mais un autre point la taraudait davantage. Elle essayait de comprendre. Elle assemblait tous les scénarios possibles dans son esprit, songeait à toutes les possibilités qu'elle connaissait, réfléchissait à la façon dont elle-même s'y serait prise. Elle ne comprenait pas. Dès lors qu'une présence avait été détectée, il n'avait fallu qu'une minute et deux secondes à son équipe et elle-même pour arriver ici. Et l'individu était déjà parti. Et si ces deux secondes avaient été cruciales ? Non, probablement pas, ce n'était pas ce détail qui leur aurait permis de l'attraper. Ce n'était d'ailleurs pas vraiment cela qui ennuyait la shinigami. En son for intérieur, une seule question la préoccupait. Aurait-elle seulement été capable d'arrêter l'intrus si elle avait été là ? Et là résidait la source de sa rage.
