CHAPITRE PREMIER

Retrouvaille


Le manque.

C'était là l'exact émotion qui étreignait le coeur du célèbre et puissant mage noir.

Il ressentait un manque, un vide de quelque chose qu'il ne saurait définir. Ou plutôt n'avait-il pas envie d'y mettre de mot, de trouver une raison particulière à ce manque car c'était bien trop douloureux pour lui. Et surtout, cela le faisait paraître faible.

Et Grindelwald était loin d'être faible.

Alors même que son influence ne cessait de croître, jusqu'à faire de lui le mage noir le plus craint partout autour du globe, il ne pouvait se permettre une quelconque faiblesse.

Alors chaque fois qu'il se retrouvait seul face à lui même, avec ce sentiment douloureux et grandissant, il tentait désespérément de s'occuper l'esprit.

Cela avait marché un temps… Et il lui était impossible désormais de se voiler la face.

Comme à chaque fois, l'idée avait fait son bout de chemin et il lui était dès lors impossible de passer outre.

Seul avec lui-même, il luttait contre cet impétueux désir, celui de retrouver l'être aimé. Car Grindelwald n'était pas ce ténébreux sorcier incapable de la moindre empathie. Evidemment, son affection pour autrui s'exprimait de façon… différente, mais le fait est qu'il était capable de ressentir de l'amour. Et cet amour, il ne l'avait porté qu'à une seule et unique personne.

Albus Dumbledore.

Il le désirait tant qu'il en ressentait des envies de meurtre par moment. Mais peut-être était-ce dû à cette erreur de jeunesse, fatale, qui les avait alors séparé. Un mélange de honte et de culpabilité qu'il souhaitait faire disparaître et, il lui semblait que la mort en était l'unique moyen.

Jusqu'à ce fameux jours, un matin hivernale, aux alentours de Noël.

Les enfants étaient en vacances et les protections à Poudlard s'en retrouvaient amoindries. Après tout, il faudrait être fou pour s'y rendre et tenter ne serait-ce que la plus insignifiante attaque. Le château était bien gardé et très bien protégé, Gellert n'en doutait aucunement. Son ancien amant s'y trouvait en parfaite sécurité. Et quand bien même il se retrouverait devant lui, la seule chose qu'il pourrait lui faire, hormis l'insulter, et là il en doutait fortement, ça serait l'embrasser si passionnément qu'il réduirait son monde à néant.

Gellert désirait encore Albus et c'en était horrible de douleur.

Son coeur se resserrait à chaque fois et la culpabilité lui tordait douloureusement les tripes.

Le temps aurait dû panser les blessures.

Que pouvait-il y faire ?

Hormis peut-être se rendre à l'extrême limite de Poudlard, dans l'espoir de voir Albus, d'éviter de mourir éventuellement et, soyons fou, tenter de le reconquérir ?

Il s'agissait là, à son sens, d'une idée totalement folle, d'une affligeante stupidité même ! Mais elle le séduisait, petit à petit. Son esprit s'emballait déjà, imaginant mille et un scénario possible. Mort, amour, peine, tristesse, bonheur intense… Le dénouement le plus probable était tout de même une nouvelle peine de coeur.

Alors en ce matin froid, le coeur lourd, la culpabilité le faisait lentement basculer vers une terrible folie, il transplana jusqu'à cette célèbre école, Poudlard, dans le seul espoir d'apercevoir son âme-soeur.

La fraîcheur de l'air caressait sa peau de la plus désagréable façon.

Le vieux château était recouvert de neige, ne le rendant que plus impressionnant, plus majestueux encore qu'à l'ordinaire. Le spectacle était époustouflant. Grindelwald en était insensible.

Le professeur Dumbledore ne put ignorer cette sensation familière lui serrer le coeur. Laissant son instinct prendre le dessus, il transplana à l'entrée de Poudlard, à son extrême limite, hors de porté du mage noir.

— Gellert, murmura-t-il, son regard s'ancrant dans les yeux vairons de son ancien ami.

Il était fascinant pour lui de voir à quel point le jeune homme qu'il avait connu une vingtaine d'année auparavant avait changé.

Il n'avait plus rien à voir avec l'adolescent, quasi jeune adulte.

Ses traits s'étaient durcis, ses cheveux étaient passés d'un blond de blé au blanc éclatant comme la neige. Fier, effrayant et terriblement séduisant, le coeur du mage blanc manqua un battement.

— Albus.

A la voix du mage noir, des petits frissons couvrirent sa peau. Désir ou frayeur, il ne saurait le dire.

Il lui fallait reprendre contenance et, surtout, comprendre cet acte de folie dont faisait preuve son ennemis. Il ne pouvait l'attaquer et il était le possesseur de leur pacte. Pourquoi le mage noir viendrait-il sonner à la porte de son ennemi juré ? C'était du suicide !

— Nous ne pouvons nous combattre, tu n'as donc rien à craindre. Rejoins moi.

Albus rit.

— C'est un piège bien stupide, que tu me tends là, lui dit-il.

— Justement parce que cela aurait été stupide, et donc insultant pour ma personne, ça n'en est pas un, déclara alors Grindelwald.

Albus réfléchissait et hésitait.

Il avait affaire à une proposition alléchante… la tentation était puissante…

Il se revoyait devant le miroir Risèd, misérable et nostalgique.

— Je ne te fais pas confiance. Tu caches forcément quelque chose. Aurais-tu donc trouvé un moyen de me tuer ?

— Oui, mais il n'est pas question de meurtre ici. Le ministère m'a probablement déjà repéré. Albus… Rejoint moi. Pour cette nuit seulement.

La proposition lui paraissait invraisemblable. Vingt ans qu'ils ne s'étaient pas vu et voilà que le mage noir lui proposait une "nuit". L'ancien professeur de DCFM ne put s'empêcher d'éclater de rire.

— Il faudrait être fou pour faire une telle chose !

— Fou, nous le sommes tous les deux, répliqua le mage noir.

— C'est insensé. Irresponsable. Tu nuis intentionnellement à ta cause et tu risques la prison pour… une "nuit" ?

— L'on peut en faire des choses en une nuit.

— BIen évidemment…

— L'amour…

Les pommettes du professeur se teintèrent d'une discrète couleur rosée.

— Je peux aussi te convaincre de me rejoindre…

Là, il secoua la tête.

— Ou je pourrais te tuer…

Albus releva un regard douloureux sur Gellert, qui détourna le sien pour ne pas être blessé à son tour. Ils n'étaient pas des enfants de coeur.

— Pourquoi… ? murmura alors Albus, n'y tenant plus.

— Le manque, je suppose…

— Tu supposes ?

Des pop sonores détournèrent l'attention des deux sorcier les plus puissants de la planètes. Des aurors entouraient Grindelwald. Leur temps était écoulé.

Gellert tendis la main vers son ennemis.

Les aurors commençaient à attaquer, Gellert avait à peine eu le temps de prononcer un sort de protection. Le temps était écoulé, Albus savait qu'il n'avait pas une seconde à perdre et prendre sa décision.

— Dumbledor ! Attaquez !

La voix du ministre l'agaça et l'ordre l'énerva.

On ne demandait pas à Albus d'attaquer. Il attaquer s'il le jugeait utile. Et surtout, il attaquait s'il en ressentait l'envie.

Personne ne donnait d'ordre à Albus, pas même Gellert.

N'était-il pas un homme libre ?

D'une certaine façon, il savait que non, il ne l'était pas.

La culpabilité quant à la mort de sa soeur le rongeait et le fait de devoir combattre l'homme qu'il aimait plus que tout au monde le détruisait à petit feu.

— Une nuit, Gellert.

Il saisit la main et avança.

Les deux hommes tranplanèrent, laissant les aurors et le ministre coi.

— Prévenez…. Prévenez la Gazette qu'Albus Dumbledor s'est fait enlevé par Grindelwald. Personne ne doit jamais apprendre ce qu'il s'est produit ici.


Note : L'univers et ses personnages ne m'appartiennent pas. L'histoire en revanche...

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