Thème : Loups garous, séparé de la meute pour le bingo (hem... Normalement, un thème, c'est au minimum 500 mots mais ils n'ont pas mis de maximum...) et le thème n'est effectif qu'à partir du second chapitre.
Personnages : Prusse/Canada, Les Alliés, les membres de l'Axe.
Résumé : Suite à sa première transformation en loup-garou, Matthew intègre officiellement la meute de son jumeau Alfred qui est composée de quatre autres loups : Yao, Ivan, Arthur et Francis auxquels ils cachent leur lien de parenté. Sa place privilégiée, et non justifiée, auprès de son frère lui vaudra bien des ennuis.
Note de l'auteur : Je n'aurais jamais cru faire une fanfiction avec des loups garous. Et bizarrement, j'ai été attirée par le thème du bingo par la précision : séparé de la meute, et je me suis dit que ça pouvait être pas mal. Et tant qu'à y être, j'ai mis des adversaires vampires. Je me suis basée sur ce cher Wiki pour établir leurs caractéristiques.
Pour les lettres grecques, c'est tout d'abord, alpha, puis, beta, gamma, delta et epsilon.
Matthew Williams évita le jet puissant d'eau de justesse en se cachant derrière la portière de la voiture rouge qu'il était en train de laver avec ses camarades. En se collant au bolide, un peu de liquide savonneux imbiba son T-shirt ce qui le fit frissonner beaucoup moins que le flot très frais qui dégoulina peu de temps après dans ses cheveux blonds et bouclés.
Il secoua énergiquement sa tête comme un chien sortant d'une rivière pour se débarrasser d'un maximum de gouttes d'eau.
Comme d'habitude, les vieux loups se disputaient pour une broutille et ils en venaient à s'asperger en touchant les autres au passage. De ce qu'il en avait suivi, Francis Bonnefoy et Arthur Kirkland avaient eu beaucoup de mal à se partager le tuyau d'arrosage et le savon. Ils avaient eu des réflexions peu orthodoxes sur l'endroit où ils pourraient enfoncer l'un et l'autre ce qui avait beaucoup inquiété Matthew sur la réalisation de telles choses, et ils avaient fini par s'insulter et cela avait dérapé en bataille d'eau dès que Francis avait mis une main sur le jet. Une giclée vola au-dessus de lui en l'arrosant de nouveau, Matthew releva la tête pour voir Arthur complètement trempe. Oh, non, pas le seau…
« Ah, Arthur, tu fais moins le malin maintenant ! Non, pas le seau ! Non… », s'écria Francis en se mettant à courir autour de la voiture.
Matthew se colla contre la carrosserie en voyant passer les deux à toute vitesse et en espérant de tout son cœur que le seau ne se renverserait pas à sa hauteur. Ces prières furent inutiles et il se reçut en plus de l'eau fraîche le récipient sur la tête.
Il se plaint faiblement en enlevant l'objet, il n'avait pas encore une place bien définie dans la hiérarchie du groupe ainsi que pas assez d'assurance pour imposer quoi que ce soit à ses aînés. Cette humiliation gratuite serait peut-être une occasion de battre l'un des gammas pour gagner en grade. Avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, son frère intervint pour son plus grand malheur.
« Non, mais qu'est-ce que vous avez fait à Mattie », gronda Alfred F. Jones en franchissant la porte de la direction.
Tous les hommes du groupe s'étaient tus quand Alfred avait fait acte de présence dans le garage de car-washing. Alfred impressionnait de sa présence naturellement, il était le plus fort physiquement parmi eux, il s'était très vite imposé comme chef lorsqu'il avait rejoint le groupe quelques années plus tôt. Il avait toute autorité sur eux, et il ne se gênait pas pour rappeler qui était le patron dans la place.
« Je vous rappelle qu'il est tout nouveau. Et je vous connais, vous allez en profiter !
- De toute façon, c'est un oméga, plaisanta Ivan Braginski. Il n'a aucune volonté propre, et il se laisse faire…
- Je ne supporterais pas que vous en fassiez votre souffre-douleur. C'est notre epsilon pour le moment. Et nous sommes encore assez humains pour ne pas en arriver à de telles extrémités ! Et Ivan, en mon absence, c'est à toi de gérer ce genre de débordements ! »
Les autres grognèrent pour manifester leur mécontentement, leurs pulsions animales devaient les démanger de bousculer le petit nouveau. Alfred leur lança un regard d'avertissement avant de se diriger vers Matthew pour l'aider à se relever. Une fois debout, Matthew se cala contre son frère pour un câlin de réconfort, il ne pouvait s'empêcher de respirer l'odeur apaisante de son jumeau depuis sa transformation. C'était pour lui instinctif de se réfugier contre le seul membre de sa famille présent en ces lieux. Alfred le prit dans ses bras pour répondre à l'étreinte. En posant sa tête sur le cou d'Alfred, Matthew s'aperçut qu'Ivan les observait avec une rage sourde au ventre.
Matthew soupira de lassitude, cette situation lui déplaisait mais il ne pouvait faire autrement depuis qu'il s'était transformé la semaine dernière en loup garou pour la première fois. Il était né dans une famille de lycanthropes, et il savait depuis très longtemps qu'un jour ou l'autre il subirait les affres de sa condition. Par chance, il n'avait pas à se faire son propre chemin dans le groupe familial ou dans un autre grâce à Alfred.
A ses quinze ans, Alfred avait passé des vacances dans leur domaine actuel avec l'insouciance propre à ses débuts en tant que lycanthrope. Il avait réussi à mettre K.O. Ivan devant ses loups lors d'une rencontre fortuite dans la forêt du coin prenant ainsi la tête des Alliés. Matthew avait emménagé près d'eux pour conseiller Alfred dans ses nouvelles fonctions et il avait attendu d'être comme eux à ses vingt ans pour faire partie de leur meute. De ce fait, il avait connu tous les autres membres par ouïe dire avant d'avoir intégré la bande. Il était au courant de toutes les tensions internes, et s'il était assez malin, il pourrait facilement tirer son épingle du jeu pour grimper la hiérarchie.
Chaque loup avait une place définie qu'il avait acquise par sa force brute et par sa ruse et désignée par une lettre de l'alphabet grec.
Alfred, leur alpha, lui tapota les avant-bras en lui souriant puis il partit s'occuper de leur boîte de lavage de voiture. Matthew se demandait encore comment les autres n'avaient pas remarqué leur ressemblance troublante. Alfred avait des cheveux blonds comme les siens bien qu'ils soient plus raides et coupés plus court. Il portait également des lunettes de vue derrière ses yeux bleus. Matthew avait ses iris à peine plus foncés. Pour ce qui était de la forme du visage, ils étaient identiques. Et quant à la corpulence, Alfred s'était juste plus entraîné que lui ce qui lui donnait une masse musculaire plus importante. Matthew voyait leurs dissemblances comme des détails mais ce n'était peut-être pas le cas pour tout le monde.
Matthew ramassa son chiffon et son savon.
Ivan, leur beta, passa devant lui en lui adressant un regard mauvais. De tous, c'était celui que Matthew craignait véritablement. Ivan ne semblait pas encore digérer sa défaite contre Alfred, et d'avoir rétrogradé à un rôle de second pour celui-ci. Il défiait l'autorité d'Alfred dès qu'il se sentait de le faire et il se faisait remettre à sa place par des paroles ou par une démonstration de force. La venue de Matthew l'insatisfaisait au plus haut point pour une raison inconnue du nouveau. Matthew ne présentait pas de menace directe pour lui pour le moment, ce devait être l'attitude protectrice d'Alfred qui le dérangeait un peu trop. Ivan présentait un physique particulier de colosse du haut de ses deux mètres qui refroidissait tout de suite toute envie belliqueuse. Alfred devait être bien le seul à oser le défier malgré sa taille plus petite.
Ivan sourit avec une innocence factice à Matthew.
« J'espère que tu vas vite t'intégrer et montrer un peu plus de mordant pour ne pas te faire marcher sur les pieds par les vieux roublards. »
Matthew hocha timidement la tête ce qui fit lever les yeux au ciel à Ivan.
« Tu serais dans un autre groupe que ton « ami », tu aurais déjà tout un tas de problèmes plus préoccupants qu'un seau d'eau froide sur la tête.
- Je sais, merci de m'accepter monsieur Braginski. Je vous serais utile, je vous le promets…
- Tu as intérêt. A ta place, je me ferais plus du souci sur ce que pourraient te faire nos ennemis. Ne montre pas de signes de faiblesse.
- C'est compris, monsieur…
- Appelle-moi Ivan. Tu es l'un des nôtres, alors appelle-nous par nos prénoms. Ce n'est qu'un peu de bachotage, les gammas vont s'en lasser… »
Ivan caressa les cheveux du nouveau, Matthew ne le prit pas comme un geste d'affection réelle mais plutôt comme une flatterie à un jeune chiot. Il préférait tout de même la condescendance d'Ivan plutôt que ses menaces ou son agressivité habituelle.
Arthur se porta contre lui avec Francis quand Ivan eut fini de le conseiller. Les deux gammas (pour des raisons de tranquillité et de puissances égales n'avaient pas été départagés) lui présentèrent des excuses avec des yeux de chiens battus. Matthew savait qu'ils étaient sincères, il leur sourit en leur disant que c'était oublié. Ils se laissaient toujours emportés par leurs querelles, ils oubliaient de faire attention aux autres dans ces moments-là. Et comme le disait si bien les autres, ils ne pensaient qu'entre gammas.
Le dernier membre de la meute, le delta, non présent se prénommait Wang Yao. Il était le plus âgé, et il ne cherchait pas spécialement à se faire une place plus prestigieuse. Il aimait beaucoup leur fonctionnement interne qui était d'un calme par rapport aux autres troupes de loups garous qu'il avait connu. Leur troupe était fondée sur le respect sans pour autant renier certains aspects de leur condition de loups.
Bien sûr, Alfred avait chamboulé pas mal de choses à son arrivée et il avait inquiété cet équilibre. Finalement, ils s'étaient tous plutôt bien entendus pour vivre ensemble y trouvant chacun leur intérêt. Les Alliés prenaient ainsi de l'importance en terme de force présente sur le terrain grâce à l'ajout des deux frères. Il y avait toujours trop de violences et de combats internes entre lycans pour que des groupes se maintiennent très longtemps à un effectif important. Des scissions étaient fréquentes quand ce n'était pas les morts ou les désertions qui fragilisaient une meute.
L'absence de femme loup était peut-être la seule véritable difficulté sérieuse que rencontrait actuellement le groupe.
Ils ne pouvaient pour l'instant pas partir en voyage pour en convaincre une de les rejoindre puisqu'ils devaient défendre leur territoire contre la bande rivale de l'Axe.
Ne préférant pas penser à leurs ennemis, Matthew reprit le nettoyage de la voiture qu'on leur avait confié. Arthur et Francis l'accompagnaient en tentant de ne pas se disputer pour telle ou telle chose. Tous les deux n'étaient vêtus que de vieux shorts en jean pour supporter leur fort métabolisme. Par pudeur, Matthew n'osait pas encore faire tomber le maillot malgré la chaleur de son corps, il n'était pas encore habitué à en produire autant.
Matthew se concentra encore plus sur la tâche sur la carrosserie quand Francis commença à se déhancher de manière suggestive pour aguicher Arthur. Sur le reflet de la voiture, ils les voyaient se tirer la langue et continuer leur petit manège de séduction. Ils allaient encore jouer avec le jet d'eau même si ce serait de manière bien différente, il le sentait venir.
Francis étala de la mousse sur son torse, et il s'arrosa de la tête au pied… Et Matthew préféra s'éclipser vite fait dans la salle de repos avant que ça ne dégénère. Il les connaissait leurs prétextes pour inaugurer les nombreuses voitures de luxe de ce coincé d'Autrichien, il en avait assez vu pour ne pas en être témoin une fois de plus. Il préférait ne pas faire de cauchemars, japper durant la nuit et être un sujet de moqueries.
Il devait devenir moins prude.
Matthew était bien conscient que sa sexualité allait faire un bond en avant à cause de sa nature de loup garou accompli, et il n'appréciait pas du tout cela contrairement aux autres qui vivaient pleinement leurs envies. Il pensait que l'adolescence serait le seul moment ingrat de sa vie, il se trompait lourdement. Soupir, la vie était mal faîte…
Matthew ouvrit le frigidaire pour prendre une bière fraîche, et il se posa sur l'une des chaises en s'avachissant avec les bras sur la table et en attendant que les deux gammas en finissent avec leur petite sauterie sur la voiture de l'aristocrate du coin.
Les yeux de Matthew foncèrent en louchant sur sa bière qu'il avait posée devant lui.
Matthew avait pisté l'autrichien et ses amis pour apporter la preuve à Alfred qu'ils étaient bien les vampires sévissant dans les environs depuis trois mois. Matthew avait le grand avantage de passer inaperçu la majorité du temps et il l'avait utilisé pour mener une enquête approfondie sur les adversaires de leur meute. Il avait eu du mal à trouver les vampires à leur arrivée dans la région pendant un bout de temps mais il avait fini par en repérer trois : Roderich Edelstein, Feliciano et Romano Vargas.
En plein hiver, des types qui se badigeonnent de crème solaire, portent des lunettes de soleil, marchent à l'ombre des rues et évitent les passants, ce ne pouvait être que des vampires de l'avis de Matthew. De plus, Roderich Edelstein était le nom d'un vampire célèbre. Un membre de l'Axe, une terrible association de vampires qui causait mort et désolation sur son chemin, une véritable menace de taille pour les Alliés. Les vampires et les loups garous ne se supportaient pas car les premiers prenaient plaisir à tourmenter leurs victimes au contraire des seconds qui ne supportaient pas en proie à leur transformation de faire du mal. Et partager un terrain de chasse ne facilitait pas du tout les rapports cordiaux.
Pour l'instant, leur meute n'avait engagé aucunement les hostilités bien qu'elle soit consciente de leur présence. Alfred avait assez contenu ses loups pour les empêcher de se jeter tête baissée contre leurs ennemis naturels. Contre les membres de l'Axe, il fallait mettre au point une tactique pour les abattre tous. Un loup garou ne fuyait pas en général, et Alfred n'était vraiment pas le genre à le faire même devant un tel danger pour leur survie commune.
Matthew était chargé de déterminer toutes les faiblesses de leurs ennemis, tous leurs repères et toutes leurs habitudes pour leur tomber dessus au moment où ils l'auraient décidé. Et comme son frère était loin d'être une lumière, il aurait aussi à établir une tactique. Jusqu'à ce qu'ils aient vaincus les membres de l'Axe, Matthew allait faire profil bas pour ne pas déstabiliser le groupe.
La porte de la salle de repos claqua tirant Matthew de ses songes. Alfred s'avança tranquillement à l'intérieur pour se prendre lui aussi une bière.
« Tu n'y as pas encore touché, lui demanda-t-il en désignant la bouteille devant Matthew.
- Oh, j'étais perdu dans mes pensées.
- Il ne faut pas en vouloir à Francis et à Arthur, ils ont toujours été un peu fou fous ensembles.
- Je pensais plus à Edelstein… C'est étrange qu'il nous fasse laver ses voitures… Il en a combien ? »
Alfred se concentra pour compter le nombre exact de bolides dont ils avaient pris soin.
« Cinq aux dernières nouvelles… Pour certains riches, c'est rien. Et elles sentent le sang humain à plein nez, il fait exprès d'attiser nos pulsions pour nous pousser à attaquer. A mon avis, notre garage est repéré.
- Je le pense aussi… A ce qu'il paraît, ils aiment les belles bagnoles.
- Tu penses qu'ils sont cinq alors ?
- Personne ne sait combien ils sont exactement, il faut qu'on redouble de prudence.
- Je suis bien d'accord avec toi… »
Alfred soupira avant de prendre une rasade de bière. Il regarda ensuite son frère dans les yeux.
« Matthew…
- Hum…
- Je ne peux pas te cacher indéfiniment. Il faudrait que tu prennes part aux activités du groupe en extérieur sinon je vais avoir des problèmes internes.
- On pourrait jouer sur notre terrain…
- …Mais on fait un de ces boucans là-bas… et je n'aimerais pas que les vampires connaissent cet emplacement… Tu as dit toi-même qu'on se replierait là-bas en cas de problème dans notre tanière.
- J'ai un peu peur de me montrer avec vous. Ils s'attaquent toujours d'abord à celui qui leur semble le plus faible. Je ne maîtrise pas encore ma force…»
Alfred ria avec beaucoup d'entrain devant l'aveu de son frère.
« J'espère bien que tu leur péteras la gueule s'ils osent s'en prendre à toi, c'est tout ce qu'ils méritent. Avec l'effet de surprise, tu pourrais bien en tuer un, le taquina Alfred. Et je ne serais pas bien loin pour leur apprendre à ne pas toucher à mes loups. Allez, tu viens faire un basket ?
- Leur valet espagnol est venu chercher la voiture ?
- Oui, je ne le sens pas cet humain. Méfie-toi en comme de la peste. Allez, tu viens ? »
Matthew sourit devant l'empressement de son frère à se défouler sur le terrain municipal de basket-ball. Evidemment, Alfred les dépassait tous à ce jeu-là bien qu'Ivan fasse bonne figure face à lui. Ce serait drôle de se mesurer aux autres de manière sportive. Et puis courir après un ballon, c'était le bonheur pour un loup.
« Je mettrais ma capuche comme ça si les vamps viennent ils ne pourront pas m'identifier.
- Ouais, et on leur fera peur avec un membre de plus puisqu'on sera ainsi en supériorité numérique. »
Matthew ne voulut pas couper l'enthousiasme de son frère, il avait bien peur qu'ils soient bien plus nombreux. Pour faire autant de ravages, ils devaient forcément l'être.
« Et dès que tu le pourras, tu prendras cet Antonio en filature. A moins que je demande à Yao de le faire…
- Ce serait mieux que Yao s'en occupe, je vais tenter d'en repérer d'autres en observant la demeure de l'autrichien. »
Se faisant du souci pour son frère, Alfred secoua la tête négativement.
« Tu prends trop de risques…
- Je suis invisible.
- Ces temps-ci, pas des masses.
- Les autres loups sont en train de me jauger, je leur saute aux yeux en m'intégrant au groupe, c'est normal.
- J'espère que ce n'est pas parce que tu es vraiment un loup garou maintenant.
- Je serais plus prudent, je me tiendrais à distance.
- Il y a sûrement des pièges psychiques.
- Je ne les crains pas. Allez, on va jouer », gémit Matthew en lançant un regard suppliant à son jumeau.
Matthew était maintenant très excité par l'idée de s'amuser avec les autres loups. Alfred finit sa bière d'un trait, Matthew l'imita avant de rejoindre les autres dans le garage.
« Oh, Matthew vient avec nous, s'enthousiasma Francis. Et tu vas faire équipe avec qui ?
- On fera les équipes sur place, trancha Alfred. Je sais que vous allez encore vous disputer le long du trajet si je le fais maintenant. Où est Yao ? Qu'est-ce que j'avais dit sur le fait de se déplacer seul ?
- Yao est à l'étage, il est allé se changer après que les deux autres nigauds l'ont aspergé. Et il n'est pas redescendu depuis, l'informa Ivan. Il doit en avoir assez de leurs disputes.
- Très bien, va le chercher. »
Ivan grogna au passage n'appréciant pas les ordres beaucoup trop directs de l'américain. Peu de temps après, ils furent rejoint par le dernier loup de la bande aux caractéristiques asiatiques. A part sa longévité extraordinaire, Yao présentait la particularité d'avoir survécu à un coup de couteau en argent qu'il s'était reçu dans le dos d'un ancien ami. Le traître en question était l'un de ses nombreux sujets de prédilection, et il lui arrivait de lancer des insultes à son encontre durant la nuit. Ses longs cheveux noirs étaient attachés sur sa nuque, ses grands yeux sombres gardaient beaucoup d'enthousiasme, et il était toujours l'un des premiers à se lancer dans le feu de l'action quand la situation l'exigeait. Son wok était d'un redoutable. Matthew l'appréciait beaucoup pour son self-control.
Le trajet fut d'un calme relatif.
Du point de vue des loups garous, ils avaient eu l'impression d'avoir fait bonne figure. Oui, ils avaient volé du jambon dans le sac d'une vieille dame en l'aidant à traverser la rue, c'était mal de chiper de la viande à ce prix-là, ils le savaient mais c'était beaucoup trop tentant pour leurs babines alléchées. Il y avait du progrès, ils se l'étaient partagés à peu près équitablement sans se crier dessus. Ok, ils avaient tapoté, enfin plutôt tapé ou plutôt cogné fort, trop fort (tout dépend du point de vue de chacun et non ils n'allaient pas faire un débat là-dessus) la tête d'un chauffard à moto qui avait brûlé un feu rouge dangereux. Heureusement, il avait un casque sur la tête, ça a fait coussin d'air. Ils avaient fait la course sur le grand boulevard en faisant bien attention à ne pas semer Yao. Il ne manquerait plus que les vamps attaquent leur vétéran alors qu'ils jouent. Bref, ils ne passaient pas assez inaperçus pour Matthew.
Arrivés sur le terrain de basket, Alfred annonça tout de suite la couleur en dribblant avec le ballon.
« Très bien, on se partage en deux équipes de trois personnes.
- Non, mais sans blague, ironisa Arthur.
- Ça t'a pris combien de temps pour avoir le compte juste, surenchérit Francis.
- Ne vous moquez pas de moi, se plaint Alfred.
- Il a tout dans les muscles et rien dans la tête, confirma Ivan.
- Bon alors, je suis le chef de la première équipe et Ivan, celle de la seconde. Je prends epsilon avec moi…
- On ne s'en serait pas douté, chantonnèrent les autres.
- Et Ivan, prends delta avec lui. Ensuite les gammas, vous choisissez avec qui vous voulez aller. Non, je ne vous veux pas tous les deux avec moi. Francis, tu vas avec Ivan.
- Oh, pourquoi c'est moi qui perds, se plaint dramatiquement Francis.
- Tu vas ramasser, le provoqua Arthur.
- On se calme, et on joue », les rappela à l'ordre Alfred.
Ils préférèrent se lancer sans concertation de part et d'autre. Yao envoya le ballon en l'air entre Alfred et Ivan pour débuter la partie. Après une bousculade, Alfred s'empara de l'objet ovale pour aller marquer en compagnie de ses acolytes. La balle fut remise en jeu immédiatement par Ivan qui traversa le terrain à toute vitesse, il fit une passe à Francis qui mit un panier malgré la défense d'Arthur. Evidemment s'ensuivit entre les gammas un échange verbal des plus fleuris alors que les autres étaient repartis de l'autre côté du terrain. Matthew avait la main, le Russe l'avait immédiatement marqué, Matthew prit de la vitesse en passant par le côté et il tenta le shoot. Malheureusement, il y mit trop de force et la balle rebondit sur le cadran en produisant un bruit assourdissant.
Bien que surpris, les gammas rattrapèrent le ballon avant de revenir vers eux en trottinant. Ivan affichait une mine clairement mécontente alors que Matthew tentait de se faire tout petit.
« Il vaudrait mieux que tu fasses quelques paniers pour apprendre à maîtriser tes jets, finit par dire Yao en faisant signe aux gammas de passer la balle qu'ils se disputaient. Tu es tout jeune, tu ne sais pas encore doser ton effort.
- Allez, Mattie. Montre-nous ce que tu as dans le ventre !
- Alfred, soupira Yao. Le but est de marquer un panier et non de faire tomber le poteau. La mairie nous ne le pardonnera pas encore une fois…
- Oui, c'est vrai », bougonna Alfred.
Matthew tenta plusieurs fois de mettre le ballon dans l'arceau en évitant d'endommager le terrain municipal, il avait vraiment du mal à le faire. En devenant un loup garou, il avait gagné en muscles et il ne maîtrisait vraiment rien. Les autres hurlèrent de joie quand il réussit enfin à en mettre un panier, c'était plus de la chance qu'autre chose. Ils repartirent dans le jeu ensuite parce qu'ils en avaient assez de rester inactifs.
Matthew essayait de se retrouver le moins possible en face du Russe qui avait apparemment du mal à l'accepter dans leur groupe. Il montrait en jouant un peu plus ses capacités réelles que dans leur vie en communauté ce qui aurait pu déranger les loups. Les autres y compris Ivan n'avaient plus l'air de s'en préoccuper vraiment après quelques minutes tellement ils étaient pris dans les bonheurs du jeu à plusieurs. Francis avait grogné deux ou trois fois à son approche, Matthew l'avait pris plus comme une manœuvre d'intimidation ou pour de l'excitation dû à leur partie de basket que pour une véritable menace. Il n'y eut pas d'accrochage volontaire comme cela aurait pu être le cas dans une meute classique, ils s'entendaient trop bien pour se chamailler sérieusement.
En terminant la partie, ils étaient heureux d'avoir pu se dépenser et de s'être amusé. Ils rentrèrent en commentant certaines actions avec entrain.
Matthew se sentait complètement vidé d'avoir couru après des loups beaucoup plus endurants que lui. Il ne tenait pas encore la distance. Et de ce qu'il en jugeait de la forme des autres, ils avaient encore du jus dans les jambes après autant d'efforts physiques.
Dans leur maison commune, ils se partagèrent les différentes tâches ménagères puis ils mangèrent tous ensemble un bon rôti avec des patates. Comme d'habitude, le repas fut animé entre les deux gammas qui n'arrêtaient pas de se chercher des noises et Ivan et Alfred qui se taquinaient à longueur de temps. Yao, plus pragmatique que les autres, ne faisait que conseiller Matthew sur ses nouvelles capacités en tant que loup garou. Matthew savait qu'il serait particulièrement vulnérable durant l'année qui venait parce qu'il ne connaissait pas encore les limites de son corps. Yao lui proposa de faire un footing avec eux demain soir pour entraîner son corps à tenir la distance.
Ce fut complètement lessivé qu'il s'endormit aux côtés de son jumeau dans la chambre commune des loups. Yao prenait le premier quart pour surveiller leur sommeil, et Matthew prendrait le dernier au vu de son état exténué. Le sommeil l'attira dans ses doux filets alors qu'il sentait les bras de son frère l'entourer.
Matthew dormit paisiblement une grande partie de la nuit jusqu'à ce qu'Alfred le secoue énergiquement. Il ouvrit doucement ses yeux de violine vers son jumeau. Il se releva vers lui pour lui lécher la joue dans un geste affectueux avant de reposer sa tête sur le matelas.
« Matthew, ce n'est pas le moment de roupiller », murmura Alfred.
Inquiet d'une quelconque attaque contre la meute, le jeune loup se releva doucement pour ne pas faire de bruit.
« Il n'y a pas de danger immédiat, le rassura Alfred. Viens, Matthew… »
Matthew prit la main de son frère pour se relever, et il le suivit dans le couloir attenant à leur chambre commune après avoir enjambé Yao qui dormait près de la porte.
« Qu'est-ce qu'il y a, demanda Matthew pas très réveillé.
- Je pensais que tu voulais aller voir ce que faisait l'Autrichien.
- Ah, oui, c'est vrai…
- Il vaudrait peut-être mieux que tu n'y ailles pas…
- Alfred, je m'échauffe un petit peu, et j'y vais. C'est de la survie de la meute dont on parle, c'est plus important que tout.
- Tu comptes beaucoup pour moi, je ne veux pas te perdre », dit Alfred en le prenant dans ses bras.
Ayant eu l'impression qu'on les observait, Matthew renifla l'air ambiant. Francis… Les gammas avaient l'ouïe très sensible. Matthew lui lança un regard d'avertissement en l'apercevant dans l'entrebâillement de la porte. Le vieux loup retourna à sa couche sans demander son reste.
« J'y vais…, murmura Matthew.
- Si je n'étais pas aussi bruyant, je serais venu avec toi. Même Yao…
- Je le sais, personne dans le groupe ne peut me concurrencer en matière de discrétion. Je serais revenu à l'aube avant que les autres ne se réveillent.
- Et au pire des cas, tu es aux toilettes, c'est compris. Reviens-moi en un seul morceau. »
Alfred déposa un baiser sur son front avant de retourner aussi silencieusement qu'il le pouvait à l'intérieur.
Matthew prit une douche pour évacuer les odeurs de la nuit, et il se changea pour une tenue sombre. Il mangea un morceau et il partit par la porte dérobée dans la nuit en courant. A l'odeur, personne ne le suivait. Ses jambes le tiraient un peu mais l'exercice lui faisait du bien. Un jeune homme faisant son jogging dans les bois seul dans le noir avait toutes les chances de se faire attaquer par un vampire assoiffé. En fait, non… Le vampire était un être vraiment fainéant, il chassait en ville pour être sûr de mordre un humain dehors tardivement. Et pour les cas extrêmes, ils visitaient les maisons dans lesquels ils avaient été invités.
Il n'avait véritablement de chance de se faire attaquer que s'il était pisté depuis le début.
Matthew s'informait grâce à son odorat et son ouïe sur la possible présence d'un suiveur à ses trousses. Il ne remarquait rien d'anormal. Il appréciait de quitter la meute même si ce n'était que pour quelques heures, il était ainsi libre de toute préoccupation de domination et de soumission. S'il était plus confiant en ses capacités, il aurait tracé son propre chemin en solitaire. Cette vie l'attirait depuis un moment mais il avait peur de se retrouver à affronter des groupes de vampires tels que l'Axe à lui tout seul. Il y avait beaucoup trop de danger pour espérer vivre indépendamment d'une meute.
En s'approchant du manoir historique racheté par l'Autrichien, il modifia son allure pour adopter le pas du chat. Il avait appris en faisant de la randonnée à modifier sa marche pour être silencieux. Il évitait les branches, il marchait contre le vent, il se sentait ne faire plus qu'un avec la forêt l'environnant. La senteur de la nuit le réconfortait dans son avancée, il sentit les barrières psychiques des vampires érigées pour lui faire rebrousser chemin. Il les passa sans encombre en ne se laissant pas attirer par leurs idées tentantes. Matthew s'était entraîné depuis de nombreuses années à leur résister, il avait toujours été intelligent et à même de comprendre les différentes techniques utilisés par ses aïeuls pour tromper les sens mentaux des vampires.
Sa force physique était banale, sa force mentale en allait autrement.
Matthew aborda les alentours du manoir avec beaucoup de prudence.
L'odeur du sang humain assaillit ses narines, il se força à rester calme. Comme tous les loups garous, Matthew était énervé plutôt que véritablement attiré par ce sang quand il avait tout d'humain. Seuls les loups y ayant déjà goûté pouvaient devenir fous en sa présence.
Il s'approcha un peu plus, il distingua des odeurs de parfums portés par le vent, les vampires étaient là.
Matthew sortit ses jumelles, il s'allongea dans les fougères et il observa la terrasse des vampires.
Dans celle-ci, l'Autrichien prenait tranquillement son thé en compagnie des frères Vargas. Roderich Edelstein portait des vêtements désuets pour leur époque moderne. Son costume avait des allures de renaissance. Il avait un air pincé alors qu'il écoutait les deux italiens parler avec entrain.
Matthew n'entendait pas ce qu'ils se disaient, et il préférait ne pas s'approcher plus pour ne pas se faire repérer. Il resta un moment à les observer sans en apprendre plus. Il secoua sa tête alors qu'une migraine le prenait.
Le Canadien avait remarqué qu'en étant proche de la demeure un mal de tête l'embêtait sans qu'il puisse l'attribuer à une défense spirituelle des vampires. Il n'aimait pas ne pas savoir.
Matthew faillit sursauter en entendant une camionnette débouler dans le parc adjacent phares grand ouverts. Il se plaqua contre la terre puis il observa la dame qui sortait du véhicule.
A la senteur forte de romarin et de jasmin qui lui parvint, Matthew l'identifia comme une vamp. Les vampires s'aspergeaient très souvent de parfum pour masquer l'odeur de sang qui ne les quittait pas. Ses longs cheveux foncés lui cachèrent son visage. Elle cria pour que les hommes, cette bande de fainéant, viennent l'aider.
Les trois vampires sortirent dans la nuit pour décharger la marchandise de la camionnette. Quand les portes arrière du véhicule furent ouvertes, Matthew se sentit mal. Son mal de tête s'était intensifié brusquement, et il avait pâli en apercevant l'éclat caractéristique de l'argent.
Il posa une main sur sa bouche avec effroi, il avait le souffle coupé d'apercevoir le métal tant honnis par les siens.
Les vampires projetaient forcément de les attaquer sous peu ce qui affola son cœur.
Une forme imprécise descendit de la camionnette pour se réfugier à toute vitesse à l'intérieur. Vampire masculin, santal, furent les seules informations qu'il recueillit.
Ils étaient donc bien cinq.
Matthew compta les voitures pour s'assurer qu'il ne se trompait pas. Il sentit l'air pour tenter de détecter une présence supplémentaire. Personne d'autres.
Il préféra se retirer en pensant qu'il avait assez eu de chance ce soir pour ne pas tenter le diable en voulant en apprendre plus.
Chamboulé par ce qu'il avait vu, il fut moins prudent que d'habitude sur le retour. Il eut la présence d'esprit d'effacer les traces de son passage derrière lui, il ne voulait pas les mener jusqu'à eux. Quand il rentra à l'intérieur des murs sécurisants de leur chez eux, il trouva la maison beaucoup trop silencieuse pour l'agitation dont il était victime. Il avait peur et, à juste raison, qu'ils se fassent massacrer par les vampires. Ses jambes tremblaient, son estomac était serré, son cœur battait avec force. Il n'osait pas monter dans la chambre bien qu'Alfred soit toujours de garde. Il ne serait pas assez discret et il réveillerait les autres.
Sa gorge était sèche, il voulut se servir de l'eau fraîche, ses mains tremblaient beaucoup trop. Un bruit à l'étage faillit lui faire tomber la bouteille.
« Matthew, c'est moi, souffla Alfred en descendant les escaliers tout en essayant de ne pas faire craquer les marches. Tout va bien ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu ne devais être de retour que dans une heure… »
Matthew ferma le bouchon avec nervosité puis il rouvrit la bouteille parce qu'il avait d'un coup encore plus soif. Il but à même le goulot ce qui n'était pas dans leurs mœurs. Alfred fit une mine dégoûtée ce qui ne l'empêcha pas de prendre son frère dans ses bras pour le rassurer. Les gestes d'affection entre eux était monnaie courante depuis la toute petite enfance, et cette habitude ne s'était pas envolée avec les années.
« Il faut qu'on parte…, lui affirma Matthew d'une toute petite voix.
- Tu veux dire qu'on aille discuter ailleurs, demanda innocemment Alfred avec son grand sourire béat.
- Non, qu'on se barre, toute la meute, expliqua Matthew en faisant de grands gestes avec ses bras sous la panique qui l'envahissait de plus en plus.
- Quoi, jappa Alfred qui se mit la main sur la bouche immédiatement en tendant l'oreille.
- Ils sont bien cinq.
- Ce n'est pas un problème, Mattie, on est plus fort physiquement.
- Ils ont de l'argent en quantité.
- Je sais qu'ils sont friqués, plaisanta Alfred avant de comprendre ce que voulait dire son jumeau. Non, ils n'ont pas l'intention de…
- Ils vont tous nous tuer ! Alfred, ce n'est pas le moment de prendre les choses à la légère. On les a laissé s'installer tranquillement, on n'aurait pas dû… »
Alfred eut une moue contrariée parce qu'il avait fait une erreur de taille due à son inexpérience et à ses valeurs en permettant à leurs ennemis naturels de prendre leurs aises dans leur ville.
« Je suis contre lancer des hostilités sans raison valable, se justifia Alfred.
- Moi aussi, mais là, ce sont les vampires de l'Axe ! On risque vraiment notre peau, il faut qu'on parte si on ne veut pas les affronter...
- Jamais, dit catégoriquement son frère.
- Quoi ?
- Nous ne fuirons pas, il en va de notre fierté !
- Ta fierté ridicule, tu ne l'auras plus crevé ! »
Les jumeaux se turent en entendant un bruit à l'étage, l'un des membres de leur meute avait dû se retourner dans son sommeil à cause du bruit qu'ils faisaient en élevant la voix.
« Ce n'est pas discutable, c'est moi le chef. Et je t'interdis d'en dire plus aux autres sans mon accord !
- Tu ne vas pas leur cacher qu'ils sont en danger ! Ce n'est pas raisonnable !
- Matthew, je leur dirai moi-même. Et pour l'Axe, ils nous pourchasseront si nous fuyons. Nous connaissons tous les deux leurs méthodes. Nous n'avons pas le choix, nous devrons nous battre. Et nous vaincrons ! Nous faisons partie des meilleurs. Si ce n'est pas nous, qui le fera !
- Je sais que tu as raison, dit Matthew alors qu'il retrouvait un semblant de calme devant l'optimisme de son frère.
- Et même en partant à toute vitesse le premier jour de leur arrivée, ils auraient retrouvés des preuves de notre présence en ces lieux, et ils nous auraient pris en chasse. Ils sont beaucoup plus rapides que nous.
- Nous pouvons courir de jour comme de nuit.
- Toi non, pas encore…Tu ne sais pas gérer ton effort, soupira Alfred. Et nous aurions dû abandonner Yao derrière nous aussi. Je pense que seuls, moi et Ivan, aurons pu nous en sortir de cette manière. Je suis contre ce genre d'extrémité. Il faut que nous établissons une stratégie pour les vaincre, et ce très vite. C'est notre meilleure chance de survie, nous en avons déjà discuté. Ne panique pas parce qu'ils ont de l'argent, c'était prévisible. Le voir t'a fait peur, c'est normal.
- On ne sait pas encore où sont leurs cercueils.
- On va interroger cet Antonio !
- Leur valet ?
- C'est le mieux à faire, on va le cuisiner. Ivan est très doué pour faire parler les gens. Et puis, un humain, c'est facilement impressionnable. Ne t'inquiète pas, va te recoucher. Je gère.
- Ils sauront que nous voudrons les attaquer.
- Je sais, va te reposer. Matthew, nous allons tous nous en sortir. Je vais en parler à Ivan, fais-le descendre. »
Rassuré par le pragmatisme de son frère, Matthew monta les escaliers en faisant attention de ne pas réveiller les autres. Il se glissa dans la chambre alors qu'une langueur peu commune le prenait. Tout ce stress l'avait fatigué. Au vu de l'agitation des autres dans leur espace réservé, il comprit qu'ils avaient été dérangés dans leur sommeil mais qu'ils avaient plus tenté de se rendormir que d'écouter aux portes. Matthew s'approcha avec prudence du colosse russe pour le faire se lever. Il ne savait pas trop comment faire, il lui secoua l'épaule doucement après moult tervergisations. Ivan se retourna brusquement le faisant sursauter, il lui adressa un regard dur et mécontent.
« Alfred veut discuter avec toi, c'est urgent, chuchota le canadien.
- Et pourquoi t'a-t-il envoyé toi ?
- Il t'expliquera, je pense. »
Matthew ne put s'empêcher de bailler ce qui attira la méfiance d'Ivan qui renifla l'air ambiant.
« Tu es sorti dehors », conclut le russe.
Matthew dodelina de la tête puis il regagna sa couche sans demander son reste.
Il dormit un peu plus d'une heure avant que les gammas ne le réveillent avec leurs disputes matinales habituelles. Francis s'était de nouveau retrouvé couché près d'Arthur au réveil alors qu'ils étaient à l'opposé l'un de l'autre au début de la nuit. Somnambulisme, à ce qu'il paraît.
Matthew était à peu près sûr qu'après que Francis se soit levé pour l'espionner, il s'était recouché dans les bras de sa tendre moitié en le faisant exprès. Ils pourraient arrêter de faire couche à part puisqu'ils se retrouvaient toujours ensemble au petit matin quel que soit le somnambule incriminé.
Le Canadien préféra se réfugier dans la salle de bain avec Yao pour échapper à l'échauffourée des gammas qui se transformait très souvent en câlineries en tout genre.
« Au moins, on est sûr qu'ils ne se retrouveront jamais seuls, ceux-là. Toujours fourrés ensemble, râla le Chinois.
- C'est un avantage pour eux.
- Un conseil, reste toujours près de moi ou d'Alfred.
- Pourquoi ?
- Les gammas auront tendance à t'oublier. Quant à Ivan, il ne te supporte pas.
- Je ne pense pas que ce soit au point de m'abandonner quelque part à la merci des vampires.
- N'en sois pas si sûr. Ivan a été élevé dans une meute aux mœurs bien plus rudes que la nôtre.
- Il n'est pas resté avec eux ?
- La famille, ce n'est pas toujours évident à supporter. Je crois qu'il voulait éviter avant que ce ne soit trop tard un problème de consanguinité, enfin, quelque chose dans ce genre… Il est très discret à ce propos. »
Matthew préféra garder son raisonnement pour lui comme quoi Ivan aurait lâchement déserté sa meute d'origine.
« Et toi, demanda-t-il plutôt que de s'attarder sur les problèmes d'Ivan.
- Oh, j'ai fait partie de plusieurs meutes, puis je suis parti en solitaire, j'en avais assez de toutes ses disputes pour un rien. J'ai crée la mienne, j'étais leur alpha jusqu'à ce qu'ils me jettent comme un malpropre après ma petite mésaventure avec le traître… »
Et le vieux disque était reparti sur cet être humain destiné à se transformer en loup-garou par morsure mais qui avait préféré devenir un vampire. A ce qu'il paraît, les crocs et la cape étaient plus classe que le jean rapiécé et les biscotos. Choisir de boire du sang humain quotidiennement à la place de se goinfrer de jambon n'était pas anodin, il y avait forcément quelque chose qui cloche. Il ne fallait pas oublier qu'à l'époque les loups-garous tuaient assez régulièrement eux aussi, mais ce n'était pas une raison quand même. Matthew choisit de se taire sur les problèmes d'autorité et sur le refus d'obtempérer des adolescents.
Ce fut Ivan qui le sauva des divagations de Yao sur son ancien préféré devenu un horripilant vampire. Il leur proposa de faire leur jogging le matin comme si de rien n'était. Alfred avait-il eu le courage de dire à Ivan de quoi il en retournait ? Ou avaient-ils décidé de se comporter comme d'habitude ?
« Et pourquoi on ne le ferait pas le soir, demanda Yao.
- Les vampires sortent assoiffés au coucher de soleil alors qu'ils rentrent tranquillement chez eux bien repus à l'aube.
- Tu veux les choper sur le retour, s'étonna Yao.
- Personne ne chopera personne. C'est pour plus de sécurité…
- On devrait arrêter de se regarder en chiens de faïence. Nous perdons l'avantage du terrain », conclut Yao avant de s'en aller de la petite salle d'eau.
Immédiatement après le départ du plus ancien, le comportement d'Ivan changea du tout au tout. D'amical, il passa directement à l'opposé avec une aura glaciale. Matthew qui s'était tu jusque là pour ne pas créer de schismes voulut fuir le regard impressionnant de rancœur du beta en tentant de passer par le côté du colosse pour atteindre le couloir. En vain. Ivan avait bloqué sa tentative de fuite par un bras en travers de sa route. Il essaya de passer par en-dessous, il fut attrapé par le col de son T-shirt et il fut ramené devant son interlocuteur par une poigne puissante.
« Alors, comme ça, epsilon, tu es un éclaireur. Assez doué, en plus, pour berner les vampires jusque chez eux.
- Ivan, si Alfred ne t'en a pas parlé…
- Et tu jouais ce rôle pour nous bien avant ta transformation en loup-garou. »
Matthew laissa échapper un jappement de peur à cause de la présence terrifiante de son supérieur.
« Alfred t'a mordu ? Ou alors, étais-tu destiné à nous rejoindre ?
- Je fais partie d'une famille de loup, Alfred me connaît depuis un petit moment.
- Williams, je ne connais pas. Les Jones ont sûrement un tas de relations. Amis d'enfance ?
- Oui. Quand les vampires se sont installés ici, il a fait appel à mes services et j'ai demandé à intégrer votre meute une fois que je serais comme vous.
- C'est un bon échange de procédés. »
Ivan donnait l'impression à la fois d'être satisfait par ce marché pour des raisons pratiques et d'en être mécontent par d'obscurs cheminements de pensée.
« Yao est un très bon éclaireur, lâcha-t-il finalement.
- Loin de moi l'idée de vouloir le remplacer.
- Vous n'êtes pas trop de deux au vu de leur nombre. J'aimerais seulement que tu ne prennes pas trop de risques. Tu es jeune et inexpérimenté. Yao a plus l'habitude que toi de gérer ce genre de missions de reconnaissance. »
Matthew hocha la tête en espérant qu'Ivan n'aille pas plus loin dans son raisonnement.
« Si Alfred te confie ce genre de tâche malgré ta transformation récente, c'est que tu as sûrement des capacités bien intéressantes. »
Le jeune loup rougit en essayant de se cacher dans l'encolure de son vêtement comme un enfant. Ivan avait sûrement une petite idée de ses prédispositions en résistance psychique qui le rendait bien dangereux pour des vampires habitués à mener par le bout de la baguette les faibles d'esprit.
« Avoir assez de courage pour espionner des vampires, et ne pas en avoir face aux loups de sa propre meute, ça me sidère, se moqua Ivan. Je suis heureux de t'avoir parmi nous. Si nous devons nous battre contre eux, tu nous seras bien utile… »
Tout ceci était énoncé avec une voix joyeuse pourtant, l'ouïe sensible de Matthew ne le trompait pas, des inclinaisons rageuses transparaissaient. Le Canadien ne savait pas encore ce que le Russe trouvait à redire à son intégration. Il protégeait sa place de second, ce devait être sûrement cela, bien que Matthew ne se soit pas menaçant envers Ivan.
« Dès que tu es prêt, on va se faire un petit tour en forêt. On va laisser les gammas se… se… se débrouiller entre eux. De toute façon, ils ne risquent rien à l'intérieur des murs puisqu'on n'a jamais invité à la maison ces suceurs de sang. »
Matthew acquiesça timidement ce qui fit sourire Ivan. Le plus âgé descendit pour le laisser seul se préparer.
Lors du petit déjeuner calme et silencieux, ils n'étaient que quatre parce que les gammas n'avaient pas encore fini de se clamer leur amour particulier.
Alfred leur laissa un petit mot leur ordonnant de ne sortir sous aucun prétexte avant leur retour.
Ils s'échauffèrent en rejoignant la lisière de la forêt, ils ne parlaient pas beaucoup, il y avait une certaine tension parmi les loups supérieurs à cause des révélations de cette nuit.
Arrivés sur le départ du chemin arpentant les bois éclairé par le dernier croissant de lune descendant, ils se séparèrent en deux équipes composées d'un éclaireur et d'un combattant. Malheureusement, pour favoriser l'esprit d'équipe, Matthew se retrouva avec Ivan. De toutes les erreurs de son frère, ce fut la plus monumentale.
Donc, vous vous doutez bien qu'après cette longue introduction sur laquelle je me suis fait bien plaisir, Matthew va se faire avoir sur toute la ligne vu que le sujet de départ c'est quand même : séparé de la meute. Donc, suite au prochain chapitre où Matthew va se retrouver seul avec Ivan…puis tout seul…avec des vampires qui rôdent, ce n'est pas le top question survie.
Une petite review me ferait bien plaisir parce que j'ai beaucoup bossé sur cette histoire et que j'aimerais avoir des avis dessus.
