L' INSTANT X
Il entendit quelques coups à la porte. Il leva la tête: 1h23. Qui pouvait bien venir le déranger à pareille heure, le soir de Noël? « Cassez-vous! » Hurla-t-il avant de porter le verre à ses lèvres. Tritter le mettait sur les nerfs, tout comme le manque de Vicodin. Il n'était pas d'humeur à voir qui que ce soit.
Le loquet tourna, la porte s'ouvrit. Seules deux personnes avaient ses clefs. Et les deux avaient tout intérêt à l'éviter. Il commença à se retourner, voulant voir qui était le malheureux téméraire. Un claquement de talons. Pas la peine de faire plus d'efforts. « Si tu as mes cachets, approche. Sinon, tu sais où est la sortie... » Le bruit s'approcha, il la savait juste derrière le canapé. Son silence l'énerva. Il se leva, brusquement, réprimant un cri de douleur.
Il se figea, ne sachant que dire, que penser. Face à lui se tenait Lisa Cuddy. Bonnet rouge sur la tête, déshabillé rouge et blanc sur les épaules, string assorti. Bas blancs à petits nœuds rouges, lui arrivant juste au dessus des genoux et talons hauts noirs. Un bras dans le dos, elle dissimulait tant bien que mal un paquet cadeau.
D'une main ferme, elle le poussa sur le sofa. Elle vint se placer entre ses jambes, déposa un baiser furtif dans son cou avant de s'approcher de son oreille: « Pas de remarque sur l'absence de concordance entre ma tenue et ma religion? »
Une main sur sa taille, l'autre sur ses fesses nues, il l'approcha un peu plus de lui. « Si tu savais comme je m'en fiche! » marmonna-t-il en plongeant son visage dans son décolleté. Il ne se fit pas prier pour commencer à l'embrasser, la caresser. Ivre de désir, la bouche contre sa peau, il lui dit un « que tu es belle! » des plus sincères.
Elle sourit de sa fougue, autant que du compliment. Elle savait que ces derniers jours, ces dernières semaines avaient été éprouvants pour lui. Et, en ce soir de Noël, elle comptait bien lui faire oublier tous ses tracas. Il était lui-même en train de lui faire oublier ce qu'elle tenait. Elle se recula, à regrets, et lui tendit le paquet. Il s'en saisit, les yeux brillants d'excitation. Il le porta à son oreille et le secoua sans ménagement. Elle rit: « Heureusement que ce n'est pas fragile! »
Son attention était toute concentrée sur l'étrange bruit de cliquetis. Il secoua de nouveau la boite, le pétillement de ses yeux redoublant d'intensité. D'un mouvement vif et précis, il déchira le papier. « Oh! Mme Cuddy... » dit-il en frémissant. Il fit tourner autour de son index la paire de menottes protégées par de la fourrure rouge. Il rit en voyant la doyenne rougir. « C'est pour toi ou pour moi? » Elle lui prit les attaches et les lui mit autour des poignées. « J'ai un étrange sentiment de déjà-vu... » Tout comme il commençait à se sentir étrangement à l'étroit dans son jean. Il la regarda se saisir de son sac, y farfouiller. « C'est quoi? » demanda-t-il dans un souffle.
« Du champagne! » dit-elle, comme s'il s'agissait d'une évidence. Il se retint de demander s'ils avaient quelque chose à fêter, ne voulant surtout pas faire disparaître ses bonnes dispositions. C'est donc dans le silence le plus total qu'il la regarda ouvrir la bouteille. Elle la posa sur la table basse, pensive. Elle se tourna alors vers lui, le regard malicieux. Elle s'assit à califourchon sur ses genoux et l'embrassa, passionnément. Perdu dans le baiser, il ne se rendit compte qu'elle lui avait retiré les menottes qu'une fois que le t-shirt lui passa par dessus la tête. Il voulut se débattre, retourner la situation mais elle l'avait déjà rattaché. Elle se remit debout, souriante, fière d'elle. « Tu as soif? »
Il hocha vigoureusement la tête, se rendant soudain compte à quel point il avait la bouche sèche. Séductrice, elle s'avança vers lui, posant un genou sur le canapé. Elle approcha la bouteille de sa bouche et y versa une lampée. Il réussit à en prendre une gorgée bien que le liquide coulait plus sur son corps que dans sa bouche, le faisant frissonner. Une bouche chaude se plaça en bas de son ventre et recueillit le fluide égaré. Embrassant, léchant sa peau désormais sucrée, elle s'attarda sur son nombril, où une petite flaque s'était formée. Puis elle remonta le long de son torse, lapant énergiquement les restes de breuvage. Elle croqua doucement son menton, avant de trouver, enfin, ses lèvres. Ils s'embrassèrent, longuement, profitant de cette proximité retrouvée, de ce goût pétillant partagé.
Elle posa son autre genou sur le sofa, l'escaladant. Elle fit attention à ne pas s'appuyer sur ses cuisses, ne voulant pas majorer ses douleurs. Elle emprisonna ses lèvres entre les siennes. Venant rapidement les caresser de la pointe de la langue, quémandant l'accès à sa bouche. Joueur, il s'obstina à les garder pincés. Même s'il s'était laissé attacher, il n'était pas prêt à lui donner tout pouvoir. Il ne se priva pas pour apprécier les douces caresses qu'elle lui administrait, redessinant de sa langue le contour de ses lèvres, l'effleurant à peine, créant une légère chatouille.
Soupirant, il entrouvrit la bouche. La jeune femme sauta sur l'occasion. Il se laissa faire complètement, il laissa monter le désir. Alors qu'elle frôlait ses dents, suçotait sa lèvre inférieure avant de la mordre, doucement. Il pouvait sentir ses mains fines se promener de ses cheveux à ses épaules, de sa joue à son torse. Il savait la frustration qu'il faisait naître chez sa compagne, ce sentiment ne faisant qu'accroître son propre désir. Quand il sentit qu'elle allait rompre leur étreinte, il lui répondit, totalement, passionnément. La belle fit une pause, le temps de reprendre son souffle, et de sourire contre ses lèvres.
Une bouche vint se nicher dans son cou. Aspirant sa peau fine, croquant ses lobes d'oreilles. Il ne lui en fallait pas plus pour devenir complètement fou. Fou de ne pas pouvoir la toucher, de pas pouvoir coller son corps au sien. Un peu plus fou à chaque fois que sa bouche descendait sur son corps. Il sentit son souffle s'approcher du pectoraux droit. Ses lèvres l'embrassaient délicatement, ses dents firent leur apparition. Sa respiration se fit plus difficile. Pour s'arrêter une bref instant alors qu'elle se penchait en arrière. Il la vit attraper la bouteille, prendre une gorgée directement au goulot. Voyant la malice qui éclairait son regard, il déglutit difficilement. Avant de sursauter, surpris, sa bouche glacée venait de rencontrer sa peau bouillante. Il percevait la présence du liquide froid à travers chacun de ses baisers, le faisant frissonner de plaisir.
Ses lèvres recommencèrent à descendre, précédées de ses mains. Son pantalon, son boxer se retrouvèrent rapidement au sol. Il ne put réprimer un mouvement de hanche, anticipant, espérant la suite. Trop obnubilé par la tension entre ses jambes, il ne pensa pas un seul instant à sa blessure et la douleur qui en résultait. La seule chose à laquelle il pensait, la seule chose qui l'intéressait était cette bouche chaude, charnue, douce, habile et agile qui se promenait à l'orée de son pubis. A ce nez qui lui procurait de tendres caresses , tantôt sur la peau sensible de son bas-ventre, tantôt sur l'amas de poils situés en contrebas.
Il croisa le regard de la jeune femme, taquin. Il ne put retenir un grognement de frustration quand elle vint embrasser l'intérieur de ses cuisses. Le mettant au supplice. Il voulait bouger les hanches, lui indiquer la direction à suivre mais une main ferme l'en empêcha. Il leva la tête vers elle, inquiet. Il plongea dans ses grands yeux bleus, rassurants. Ils se fixèrent un petit instant, échangeant quelques regards rassurants, sécurisants, tirant un trait sur les événements des jours précédents, se promettant monts et merveilles. C'est alors qu'il vit son visage bouger. Un plaisir intense le submergea. Il eut bien du mal à garder les yeux ouverts, mais ne voulait pas quitter les siens. Voulant lui faire comprendre à quel point elle était importante, à quel point il voulait la remercier pour tout ce qu'elle faisait pour lui. Tout le temps, tous les jours.
Ce fut elle qui rompit le contact la première. Elle ferma un instant les yeux, appréciant la position dans laquelle ils se trouvaient, se concentrant sur sa tache. Elle allait lentement, très lentement. Tellement que ça en était douloureux. S'exprimant par un lourd soupir à chaque fois que sa bouche s'abaissait sur lui. Il ne tenait plus, il fallait qu'elle aille plus vite. Il en allait de sa santé mentale. Il essaya de se défaire des menottes mais elles tenaient bon. Il repensa à regret au foulard qu'elle avait employé la fois précédente.
Elle le sentit se tortiller et leva les yeux vers lui. Elle se redressa, jouant quelques instant avec l'élastique de son string. Il opina mais elle s'agenouilla de nouveau presque aussitôt. Ayant pris soin d'attraper la bouteille auparavant. Une grande gorgée et déjà elle reprenait place entre ses jambes. Il n'était plus que cris, soupirs et gémissement. La sensation l'amena directement au 7ème ciel. « Lisa, arrête! » gémit-il, haletant, se sentant sur le point de non retour. Il essaya de repousser l'échéance mais ce mélange chaud-froid faisait vraiment des merveilles. « Oh mon Dieu! » cria-t-il, rejetant la tête en arrière, s'abandonnant totalement à sa compagne.
Alors qu'il récupérait difficilement son souffle, elle vint s'asseoir sur sa jambe gauche. Elle le prit dans ses bras, le cajolant, l'embrassant. Le laissant redescendre doucement de son petit nuage. Elle croisa son regard réprobateur. « Quoi? J'ai pensé que quelques endorphines ne pourraient que te faire du bien... »
« Tu vas me le payer! » Menaça-t-il, tout sourire.
