Hello :D
J'ai enfin pris le temps de revenir sur cette fanfic que j'avais écris durant une fiévreuse semaine de vacances x'D
Shinsekai restera toujours pour moi un des meilleurs anime/manga/light novel et j'espère vous le faire apprécier à travers cette histoire :3
J'ai essayé d'explorer les possibilités de l'univers et peut-être même d'aller un peu plus loin ^^
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, et vos propres hypothèses :3
Part I : After the dawn
_ Yashiru ! Yashiru !
Un homme sorti de la maison précipitamment en cherchant frénétiquement du regard. Il était accompagné d'une autre personne, une femme plutôt âgée, et tous deux semblaient préoccupés. Le soleil déclinait déjà à l'horizon et il n'y avait aucun trace de la personne qu'ils cherchaient.
_ Cette fille est une vraie sauvageonne, bougonna la vieille femme.
_ Qu'elle profite de son enfance tant qu'elle peut, répliqua l'homme visiblement insouciant.
Elle n'ajouta rien, elle n'en avait pas besoin car ils savaient tous deux à quoi il faisait allusion et ni l'un ni l'autre ne pouvait l'empêcher. Ils descendirent du plancher en bois pour fouler le sol de terre toujours en quête de l'enfant. Ils traversèrent des champs où les queerats étaient occupés à ramasser les légumes mûrs et les entretenir. Ceux-ci s'écartèrent sur leur passage avec un mélange de crainte et de vénération mitigées mais aucun ne s'inclinèrent. A la fin du champs, ils arrivèrent en vu de la lizière de la colonie des queerats, celle-ci avait été construite à proximité de la forêt et surtout à l'écart des habitations humaines même si elles étaient peu nombreuses. Ils n'eurent pas besoin d'aller plus loin car ils aperçurent une enfant jouant dans la terre. Celle-ci avait construit plusieurs pâtés et semblait très fière d'elle tandis que les queerats passaient autour d'elle en l'évitant soigneusement, même ses oeuvres étaient préservées de leur passage.
_ Yashiru ! S'écria la vieille femme indignée de la voir ainsi. Qu'est-ce que tu fais ici?!
La petite leva un visage barbouillé de terre vers eux et ses yeux mordorés semblèrent évaluer ses chances de fuite. Elle aperçut son père à côté de sa nourrice et gonfla visiblement ses joues, déçue qu'ils l'aient retrouvée aussi rapidement.
_ Je jouais, avoua-t-elle en traînant les mots.
_ Je t'ai déjà dit cent fois de ne pas venir jouer ici ! S'indigna la nourrice en la prenant par le bras pour la forcer à se lever. On ne peut pas faire confiance à ces queerats !
_ Aina ! S'écria l'homme d'une voix autoritaire. Je ne tolère pas ce genre de propos sur mon domaine!
_ Excusez-moi, se repentit Aina en baissant la tête mais visiblement peu convaincue. Viens Yashiru.
La petite fille la suivit sans rien dire, elle ne chercha pas à trouver de soutien auprès de son père et celui-ci les regarda partir sans bouger. Son enfant. Âgée de sept ans, elle était le portrait crachée de sa soeur même si celle-ci n'était plus parmis eux depuis longtemps. Sa femme n'avait survécu à sa perte seulement le temps de donner naissance à Yashiru mais toute cette situation avait fini par entamer sa santé mentale et elle avait fini par en décéder. Il s'était alors retrouvé seul avec son bébé et avait alors décidé de tout faire pour ne pas la perdre elle. Ses cheveux noirs étaient toujours emmêlés et ses yeux dorés brillaient de malice mais c'était elle qui lui donnait la force de continuer son oeuvre.
Yashiru se retrouva enfin seule après que sa nourrice l'ait forcée à prendre un brain. Elle avait frotté tellement fort que sa peau avait faillit tomber et maintenant elle était rouge comme les tomates qui poussaient dans les champs. Elle ne comprenait pas pourquoi elle ne voulait pas qu'elle joue avec les queerats. Après tout, eux ne l'embêtaient jamais, au contraire ils lui donnaient tout ce qu'elle voulait ! Contrairement à sa nourrice… Bon, elle n'avait pas encore tout à fait compris pourquoi ils étaient aussi gentils mais le principale c'était qu'ils le soient non? La petite fille rumina encore sur la question tout en s'échinant à défaire les tresses qu'on lui avait faite.
_ Yashiru, appela son père en entrant soudainement dans sa chambre.
Il la vit ranger ses mais avec précipitation avant qu'un sourire innocent naisse sur ses lèvres et que ses yeux deviennent aussi ronds que des billes.
_ Viens là, soupira-t-il en lui faisant signe d'approcher.
La petite fille ne se fit pas prier, elle attendit que son père se soit assis sur les tatamis avant d'aller se blottir contre lui, le dos contre son torse. Celui-ci commença alors à retirer méticuleusement les noeuds des tresses avant d'attraper sa brosse. Il tirait un certain plaisir à la coiffer ainsi, c'était un des rares moments paisibles auquel il avait le droit de prétendre et pour rien au monde il ne les aurait sacrifiés.
_ Pourquoi Aina n'aiment pas les queerats? Demanda innocemment Yashiru.
_ C'est compliqué, avoua son père après un soupire. Généralement, les hommes n'aiment pas ce qui ne leur ressemble pas, tenta-t-il d'expliquer simplement.
_ Mais elle est une femme, comme moi, répliqua judicieusement la petite fille.
_ Hm les femmes aussi, malheureusement.
_ Mais pas moi, insista Yashiru.
_ Mais pas toi, reconnu-t-il avec amusement. Si tout le monde était comme toi, il y aurait beaucoup moins de problèmes.
_ Ne t'inquiète pas Papa, je suis là. Moi je montrerais aux autres comment faire.
_ Je suis fière de toi.
Elle se retourna pour lui sourire de presque toutes ses dents, deux étaient tombées récemment. Daisaku sentit un élan de fierté le saisir avec une violence inhabituelle. Jamais il n'aurait cru que Yashiru soit aussi attentive et sensible à ce qui se passait autour d'elle. Il espérait maintenant qu'il serait assez fort pour la protéger jusqu'au bout.
Il resta avec elle le temps de la coucher, il lui raconta une histoire qu'il avait entendu quelques années avant. C'était une belle histoire à propos de deux personnes qui s'étaient rencontrées au delà de la barrière qui délimitait leur ville. Yashiru l'avait déjà vue une fois, son père l'avait emmené la voir et elle s'était sentie intimidée par cette corde impressionnante accrochée d'arbres en arbres. Mais elle adorait cette histoire, elle était pleine d'espoirs et d'amour mais aussi teinté d'une pointe de mélancolie qu'elle percevait difficilement avec son esprit d'enfant. Rapidement, elle s'endormit dans les bras de son père. Il la recouvrit tendrement d'une couverture avant de sortir silencieusement de la chambre.
Un queerats l'attendait dans le couloir. Il ne savait pas depuis combien de temps il était resté prostré ainsi et une nouvelle fois un frisson de malaise le traversa en songeant à quel point ils avaient pu les rendre servibles. Il faisait partis des rares personnes à les voir autrement que comme des monstres difformes sans conscience mais il ne pouvait changer à lui tout seul des siècles d'esclavage.
_ Lèves toi.
_ Merci kami-sama, s'empressa le queerats en se redressant.
Même debout sur ses deux pattes il arrivait à peine au bassin de Daisaku. Celui ci regarda le visage de son interlocuteur sans montrer le moindre dégoût, beaucoup d'humains en étaient incapables car leurs visages et leurs corps étaient semblables à ceux des rats nus qu'on pouvait trouver en élevage. Les scientifiques avaient réussis à les faire muter pour obtenir des esclaves fidèles et assidus. Daisaku n'avait toujours pas compris comment ils avaient pu en arriver là. Lui même avait d'abords eu du mal à supporter leur présence, sûrement à cause de l'éducation qu'il avait reçu où enfant on leur apprenait à se méfier d'eux et à les traiter comme des créatures inférieurs, mais maintenant qu'il dirigeait cette ferme il avait appris à voir au delà des apparences.
_ La nouvelle portée est enfin mature ! S'exclama le queerat en conservant un ton de déférence.
_ Merci Dreaky. Emmène moi les voir s'il te plait.
_ Bien entendu kami-sama !
Celui ci était son intendant dans le domaine, son lien avec la colonie qu'il gérait et qui s'appelait Le Frelon Géant. C'était une des principales de la région Kamisu66 et Daisaku avait une totale confiance en lui. Ainsi il lui avait donné un nom ce qui était un grand honneur pour les queerats qui devaient d'ordinaire se contenter des chiffres gravés au fer rouge sur leur crâne.
Il sortirent de la maison et se rendirent dans la colonie. Celle ci était construite sous terre mais il s'y était déjà rendu à plusieurs reprises. Certaines parties avaient été même étendues à la surface mais les converses et la salle où étaient élevés les jeunes étaient dissimulés au sous sol. Ils y trouvèrent une dizaine de queerats matures, satisfaisants totalement les attentes de Daisaku.
_ Vous pourrez transmettre mes félicitations à votre reine, déclara t-il chaleureusement. Ses enfants sont sublimes.
? ゚ミタ? ゚ミタ
Yashiru sortie de l'école Moralité avec un sentiment de libération. Elle n'aimait pas tellement l'atmosphère qui y régnait vu que ses camarades et même sa maîtresse ne se gênaient pas pour se moquer d'elle. Quand elle était rentrée à l'école l'année précédente elle n'avait pas très bien compris ce qu'on lui reprochait exactement mais finalement la lumière s'était faite en elle. Ils avaient peur car elle vivait avec des queerats. Tous les autres enfants ne les aimaient pas et la maîtresse faisait tout pour les conforter dans cette idée alors que Yashiru essayait au contraire de leur expliquer qu'ils étaient gentils. Mais, elle avait rapidement cessé ses tentatives comprenant que personne n'écouterait une petite fille de 6 ans. Ce constat l'avait d'abords affligée alors elle en avait parlé à son père qui lui avait expliqué que c'était pour ça qu'il fallait qu'elle aille à l'école. Ainsi elle pourrait comprendre comment les autres voient le monde et ainsi pouvoir ensuite changer cette vision distordue. A partir de la, elle avait cessé de traîner les pieds pour aller en cours et apprenait à une vitesse prodigieuse.
_ Yashiru, appela soudainement quelqu'un.
La petite fille se retourna pour tomber nez à nez avec sa seule camarade de jeu. Celle ci semblait toujours ailleurs comme si ce qui se passait autour d'elle n'avait pas de prise sur elle. Ses cheveux roux étaient aussi très particuliers mais Yashiru l'aimait bien.
_ Raiko Qu'est ce qu'il y a ?
_ Tu veux passer par chez moi ? Proposa la rousse avec son regard vert légèrement absent.
_ Désolée, ce soir mon père a promis qu'il me montrerait quelque chose d'important.
_ D'accord.
Raiko ne semblait ni particulièrement soulagée ou déçue mais Yashiru ne s'en préoccupa pas. Son amie était comme ça et c'était sûrement en partie pour ça qu'elle ne la rejetait pas comme les autres. Même si elle écoutait les consignes des adultes elle ne se fermait pas aux autres opinions. Yashiru se promit de l'emmener chez elle un jour pour lui montrer comment c'était. Au même moment la chanson retentit autour d'eux. C'était le signal que tout les enfants devaient rentrer chez eux et Raiko comme Yashiru ne pouvaient s'y soustraire. Elles se saluèrent rapidement avant de prendre le chemin de leurs maisons respectives.
Yashiru arriva devant la maison de bois et se sentit enjouée à l'idée de découvrir ce que son père lui avait préparé. Les queerats s'activaient dans les champs, certains adultes les supervisaient mais elle ne vit pas de trace de son père. Elle demanda à Aina et celle ci lui indiqua l'entrée de la colonie avec une expression contrariée. Yashiru ne le vit pas et partit en courant.
_ Père ! Appela-t-elle joyeusement.
Il se trouvait juste à l'entrée en discussion avec Dreaky qu'elle connaissait bien. Elle aperçut un autre queerat qu'elle n'avait jamais vu mais comme il se tenait en retrait elle n'arriva pas à bien voir son visage.
_ Yashiru, ça c'est bien passé l'école ? Demanda son père en ébouriffant affectueusement ses cheveux.
_ Oui ! Je veux savoir maintenant ! Intima-t-elle en gonflant les joues.
_ Toujours aussi impétueuse, se moqua gentiment Daisaku. Je vais te présenter quelqu'un alors. Voici un des jeunes qui viennent de finir leur maturité.
Le queerat s'avança et se plaça devant Yashiru en baissant la tête. Dreaky le poussa sèchement et il tombe prostré au sol.
_ Kami-sama je suis votre serviteur, débuta t-il.
Yashiru fut très gênée de le voir faire. Elle avait beau dire à tous les queerats de ne pas le faire ils ne l'écoutaient jamais.
_ Relèves toi, demanda t-elle en l'aidant.
Il la regarda avec des yeux étonnés. Elle remarqua alors qu'il ne ressemblait à aucun queerats qu'elle avait déjà vu. Il était déjà plus grand que Dreaky, son visage était plus allongé comme celui d'un loup et il avait des cheveux blancs autour du visage dans lequel deux yeux bleu brillaient avec un mélange de curiosité et d'impétuosité.
_ Merci Kami-sama, fit il en glissant un regard hésitant vers Dreaky visiblement il ne comprenait pas très bien ce qu'il se passait tout comme Yashiru.
_ Il a l'air gentil, commenta la petite fille en regardant son père.
_ Il sera ton garde du corps maintenant, déclara Daisaku. Tu te rappelle les différents classes des queerats ?
_ Oui ! Il y a d'abords la reine, puis les reproducteurs, puis les guerriers puis les ouvriers, récita religieusement Yashiru.
_ Très bien. Celui ci est destiné à devenir un féroce guerrier mais je souhaite qu'il te soit attaché à toi.
_ D'accord, accepta t-elle enchantée à l'idée d'avoir un nouveau camarade de jeu. Mais je veux qu'il ait un nom !
Daisaku sembla légèrement embarrassé. Les noms étaient réservés aux queerats ayant étaient clairement utiles aux humains ou ayant accomplis un acte particulier. Mais, il plaçait de grands espoirs en celui ci alors il pourrait bien supporter un peu de paperasse pour ça.
_ D'accord mais c'est toi qui choisis, trancha finalement Daisaku.
Les yeux de Yashiru se mirent à briller d'enthousiasme. Elle regarda attentivement le jeune queerats.
_ Kiromaru ! S'exclama t-elle finalement après une intense réflexion.
_ C'est un bon choix, acquiesça Daisaku en hochant la tête. Bon je vous laisse faire plus amples connaissances, je dois régler les détails maintenant.
Yashiru attendit que son père et Dreaky soient partis avant de se tourner à nouveau vers le jeune queerat. Celui ci était resté immobile et gardait la tête baissée en signe de révérence.
_ Ok Kiromaru, déclara la jeune fille. Première règle : ne m'appelle plus jamais Kami !
Celui-ci la regarda d'un air emplis d'incompréhension. On lui avait expliqué tout ce qu'il devait savoir et la totalité de ses connaissances tenaient à peu près dans cette notion là : les humains étaient des dieux qu'ils devaient vénérer et à qui ils vouaient leur existence pour permettre à leur colonie de perdurer.
_ Comment je dois vous appeler ? Demanda-t-il en tentant de trouver une solution au problème qu'elle lui posait.
_ Je m'appelle Yashiru ! Déclara-t-elle fièrement.
Elle le trouvait amusant avec sa façon de la regardait toujours surpris, il n'avait rien à voir avec les autres enfants qu'elle voyait à l'école. Soudain, elle tendit la main et caressa son visage avec un air enthousiaste.
_ C'est tout doux ! S'extasia Yashiru. On dirait de la fourrure !
Effectivement, le visage de Kiromaru semblait recouvert d'une fine fourrure grise contrairement au reste des queerats qui en était dépourvue. Celui-ci se raidit en sentant son contact et il se demanda confusément s'il devait ou non demander pardon pour ce qui venait de se passer. Mais, comme c'était elle qui l'avait fait? Il était totalement perdu. Il désira soudainement retourner dans la salle où il avait passé ses premières années. Pourtant, il fit un effort considérable de volonté pour ne pas s'enfuir. Il devait représenter fièrement sa colonie et faire tout ce que les humains voulaient pour le bien de sa reine.
_ Pourquoi tu me regardes comme ça? S'étonna Yashiru en penchant la tête sur le côté. Tu ne veux pas que je te touche?
_ Vous pouvez faire ce que vous voulez kam… Yashiru, se reprit Kiromaru.
_ Non, ça ne marche pas comme ça, protesta la jeune fille. Mon père m'a toujours dis que si tu n'aime pas quelque chose tu dois le dire.
Une fois de plus elle lui demandait quelque chose de bizarre. Il aurait été finalement plus reposant d'être un ouvrier plutôt qu'un guerrier. Mais, dès qu'ils avaient vu sa carrure les plus âgés n'avaient pas tergiversé.
_ Ce n'est pas désagréable, seulement inattendu, lui apprit-il en choisissant ses mots avec soin pour ne pas prendre le risque d'encourir son courroux.
_ Je te demanderais la prochaine fois, concéda Yashiro qui voulait vraiment devenir amie avec lui.
Elle connaissait trop peu de personne de son âge qui ne la rejette pas d'emblée donc elle essayait à tout prix de s'attirer ses grâce. Pourtant, il était aussi tête que les autres queerats et restait fermé à toutes ses approches.
_ Tu veux faire une partie de cache-cache ? Proposa-t-elle à court d'idées.
? ゚ミタ? ゚ミタ
Daisaku s'était installé sur la véranda en bois de sa maison. De là il pouvait voir les étendues de champs où les queerats s'activaient sous les regards attentifs des humains. Il apercevait même les quelques constructions de la colonie. A côté de lui, Deaky partageait une tasse de thé en sa compagnie. Même s'il continuait à le traiter avec une dévotion sans égale, il avait réussi à le faire accepter certaines petites choses. Ce moment de détente en faisait parti et il l'appréciait à sa juste valeur. Il aperçut soudainement Yashiru qui avait la tête qui dépassait d'un plant de riz. Ses cheveux partaient dans tous les sens et elle semblait chercher quelqu'un du regard. Un peu plus loin, le queerat qu'il avait chargé de la surveillé, errait dans les champs.
_ Est-ce que c'était vraiment une bonne idée? Soupira Daisaku en se rendant compte que sa fille allait très probablement mener ce pauvre enfant par le bout du nez.
_ Si vous n'aimez pas celui-ci, je peux vous en trouver un mieux kami-sama ! S'empressa Deaky de peur de l'avoir contrarié.
_ Non, il me conviens parfaitement.
Deaky le regarda une fraction de seconde avant de se demander s'il pouvait vraiment lui dire ce qu'il pensait à cet instant là. Il avait peur de parler plus qu'il n'avait le droit mais en même temps il ressentait une reconnaissance sincère pour cet homme qui avait toujours pris soin de leur colonie.
_ Pourquoi avez-vous besoin d'un garde du corps pour votre fille? Demanda-t-il finalement.
_ Je ne pourrais malheureusement pas toujours la protéger, avoua-t-il après un court silence.
_ Vous n'allez pas nous quitter?! S'inquiéta Deaky.
_ Ne t'inquiètes pas mon vieil ami. Je prends seulement des précautions.
Deaky n'osait pas insister davantage mais cette conversation l'avait mis mal à l'aise. Il s'inquiéta sur ce qui pourrait arriver à cet endroit si Daisaku venait à disparaître. Yashiru était pour l'instant trop jeune pour prendre sa place et même si elle était une enfant adorable, rien n'assurait qu'elle le soit toujours une fois devenue adulte. Il songea alors que leurs espoirs reposaient sur Kiromaru. Si celui-ci réussissait à protéger Yashiru, peut-être y aurait-il encore un futur prospère pour eux.
_ Et il est grand comme ça ! S'exclama Yashiru en décrivant Kiromaru à Raiko.
Celle-ci la regarda d'un air peu convaincue. Elle n'avait fait que radoter sur son sujet toute la journée et même sa patience à elle pouvait avoir des limites.
_ Je ne croirais que ce que je verrais, répliqua la petite fille en fronçant le nez.
_ Tu peux venir chez moi ! S'empressa t-elle de proposer.
_ D'accord, mais dépêchons nous avant que la musique ne chante.
Yashiru acquiesça vivement : aujourd'hui la classe avait fini plutôt alors autant en profiter! Mais, alors qu'elles sortaient précipitamment de l'enceinte de l'école, elles aperçurent quelqu'un qui se tenait sur le chemin de terre. Elle se tenait à l'ombre des arbres et les autres personnes l'évitaient soigneusement. Cette scène attira l'attention de Yashiru qui plissa les yeux pour apercevoir son nouveau garde du corps.
_ Kiromaru ! Appela t-elle.
Celui-ci sortit de l'ombre et s'avança vers elle malgré les airs choqués des passants qui mettaient leurs mains devant les yeux de leurs enfants pour leur épargner la vue d'un queerat. Yashiru leur tira la langue avec toute sa maturité avant de se réintéresser à ce qui était important.
_ Kiromaru qu'est-ce que tu fais là ? S'étonna-t-elle. Tu es venue me chercher?
_ Je pense qu'il est juste pas parti, déduisit Raiko vu que Yashiru lui avait dit qu'il l'avait accompagnée ce matin.
_ C'est vrai ? S'indigna Yashiru.
Kiromaru inclina la tête en signe d'assentiment. Il semblait absolument pas à l'aise ni à sa place dans cet environnement complètement différent de celui de la ferme.
_ Idiot ! Tu as mangé ? Je suis sûr que non, bon la prochaine fois tu m'accompagnes et après tu rentres, ordonna-t-elle après lui avoir donné une tape sur le front.
Celui-ci fronça les sourcils. C'était la première fois que quelqu'un faisait ça et il ne savait pas comment le prendre. Avait-il déçu le dieu ou était-ce bon signe? Elle souriait. Il était presque sur que c'était un bon indicateur. L'autre dieu à côté d'elle le fixait d'un regard vert tout aussi troublant. Tous les enfants dieux étaient-ils aussi étranges?
_ Raiko je te présente Kiromaru, Kiromaru voici Raiko, ma meilleure amie !
Kiromaru amorça un geste pour s'incliner mais Yashiru lui lança un regard méfiant qui le retient.
_ Venez on va chez moi, proposa la petite fille visiblement contente à l'idée d'avoir deux amis pour jouer.
Les deux la suivirent silencieusement tandis qu'elle piaillaient gaiement à propos d'un peu de tout et de rien. Ils arrivèrent rapidement à la ferme et elle alla chercher dans la cuisine de quoi goûter tranquillement. Aina lui distribua ce qu'il y avait dans les placards mais quand elle vit le queerat à leur côté son sourire disparu et elle se mit à grommeler dans sa barbe inexistante. Yashiru la trouvait agaçante quand elle faisait ça alors elle se dépêcha d'emmener ses camarades de jeux dans un endroit plus accueillant. Ils s'installèrent dans un champs laissait en friche et où le soleil venait déverser ses rayons en se couchant.
_ C'est à ça que ressemble les queerats alors, fit remarquer Raiko après qu'ils en aient croisés quelques un.
_ Alors tu les trouves comment ? Demanda Yashiru légèrement inquiète qu'elle réagisse comme les autres.
_ Hm? Ordinaire, répondit la rousse en haussant vaguement les épaules. Il y a des humains plus laids et vice versa. Kiromaru tu es vraiment un queerat toi aussi ?
_ Bien sûr ! Répliqua celui-ci avec fierté.
_ D'accord.
Ils grignotèrent en silence les biscuits qu'ils avaient eu. Ensuite, Yashiru insista pour qu'ils jouent à trape-trape et ils y passèrent un long moment avant que la musique résonne à nouveau dans l'air.
_ Je dois rentrer chez moi, déclara Raiko en repoussant une mèche rousse qui obstruait son regard.
_ On se voit demain !
Yashiru resta debout à regarder la silhouette disparaissante de son amie. Elle ne bougea pas même après qu'elle ait complètement disparu et Kiromaru se demanda pourquoi elle restait là. Il vit son regard mordoré briller sur son visage inquiet.
_ Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-il.
_ Des fois j'ai peur, avoua-t-elle. Si Raiko n'était plus là je n'aurais plus d'amis.
Que devait-il répondre à ça? Kiromaru était une nouvelle fois pris au dépourvu. Pourtant il devait essayer de l'aider de son mieux, c'était le rôle que la colonie lui avait confié.
_ Je suis là moi, déclara-t-il sans savoir si c'était vraiment ce qui fallait dire.
_ Merci, soupira Yashiru en posant sa tête contre son épaule.
Il resta immobile en se demandant s'il avait vraiment le droit d'être comme aussi proche d'un Dieu. Personne ne semblait s'en préoccuper alors il se détendit légèrement. Yushina était une fille plutôt amusante et elle le traitait bien alors il avait sincèrement envie de lui rendre la pareille.
_ Tu veux jouer ? Proposa-t-il.
Elle se tourna vivement vers lui avec un air aux anges et il sût qu'il avait réussit à lui ramener un semblant de joie.
_ C'est toi qui compte en première, imposa-t-il avec un sourire amusé.
_ C'est pas juste, ronchonna Yashiru. Bon d'accord mais après c'est toi hein !
_ Oui oui…
Il commença à partir mais se tourna une dernière fois vers elle pour la voir mettre ses mains sur son visage et compter sérieusement à haute voix. Cette vision d'elle, debout au milieu du champs tandis que le soleil les éclairait lui fit une drôle de sensation. La musique des dieux résonnait encore autour d'eux et il eut l'impression d'assister à une scène qui ne pourrait jamais s'effacer de sa mémoire.
? ゚ミタ? ゚ミタ
_ Encore ! Intima Yashiru.
Daisaku se retient de pouffer de rire. Il avait une image à préserver mais soudainement sa fille de onze ans ne semblait pas en avoir plus de 2. Actuellement, il avait réussi à l'occuper en utilisant son cantus pour la distraire. Il faisait flotter des objets devant elle qu'elle tentait d'attraper en riant.
_ Quand est ce que j'aurais mon cantus ? Demanda celle ci en tendant le bras pour toucher le stylo qui volait au plafond.
_ Bientôt, lui promit son père.
Il souriait toujours, amusé par la situation.
_ Raiko a déjà été graduée pour aller à l'académie, insista Yashiru en abandonnant soudainement le jeu.
_ Être le premier ne signifie pas être le meilleur, prononça sagement Daisaku.
_ Est ce que les chats impures existent? Demanda soudainement la jeune fille.
L'homme se figea. Il lui tournait le dos et se félicita de son sang froid car la dernière chose qu'il désirait était de l'inquiéter. Il se força à adopter un ton léger et ironique.
_ Tu crois encore à ces histoires pour enfant ? Se moqua t-il.
Yashiru se tourna brusquement vers lui. Son expression avait perdu toute sa douceur d'enfant pour porter un masque dur et angoissé. Son regard mordoré habituellement rieur était devenu sombre avant l'heure ce qui blessa profondément Daisaku qui s'en voulut de ne pas l'avoir prise au sérieux dès le début.
_ Pourquoi tu me demandes ça?
Elle s'assit sur ses genoux en lui faisant face. Elle planta son regard dans le sien comme si elle y cherchait une sorte d'approbation quelconque ou des réponses à des questions qu'elle n'osait formuler. Daisaku se demanda alors à quel point elle en savait plus que ce qu'elle en disait.
_ Les autres élèves, ils disent qu'un chat impure va venir me chercher, expliqua finalement la jeune fille.
_ Ils veulent seulement te faire peur, tenta de la rassurer son père.
_ Donc ils existent?
_ Non, déclara t-il fermement.
Il s'en voulait de lui mentir mais il ne pouvait se résoudre à lui révéler quelque chose d'aussi difficile à appréhender pour une enfant. Il savait qu'en faisant cela il jouait le jeu de ceux qu'il détestait mais à cet instant là il comprenait la nécessité de garder le secret. Il remarqua que sa fille ne semblait pas vraiment rassurée, il tenta alors sa dernière carte pour essayer de lui faire oublier ses rumeurs idiotes d'enfants.
_ Tu veux que je te raconte une histoire? Proposa-t-il avec un léger sourire.
_ Je ne suis plus un bébé ! S'indigna Yashiru.
Mais, son regard disait tout autre chose et elle finit par aller se blottir dans les bras de son père qu'ils tenaient grand ouverts.
_ Bon juste une alors !
Yashiru s'installa confortablement et ferma les yeux durant le temps que dura l'histoire de son père. C'était toujours la même mais elle la trouvait toujours aussi belle, revêtant un parfum encore plus particulier maintenant qu'elle avait grandit. Elle avait sentit des choses changer en elle et des désirs inédits prendre forme dans ses rêves. Pour l'instant elle n'osait les partager avec personne, pas même avec Kiromaru alors qu'il était son confident ! Et son garde du corps aussi actuellement. Depuis qu'elle avait sept ans il la suivait comme son ombre mais une véritable relation de confiance s'était sincèrement nouée entre eux. Elle savait qu'elle pouvait lui confier sa vie et elle-même ferait tout pour lui. Raiko était aussi souvent avec eux mais depuis six mois elle avait déjà rejoint l'académie de la ville. Elle avait été la première laissant Yashiru complètement seule. Elle avait espéré rapidement la rejoindre mais maintenant elle se rendait à l'évidence que ce n'était pas le cas.. Ce qu'elle redoutait le plus était entrain de se produire. Elle craignait que son propre cantus ne se révèle jamais et que l'esprit du cerisier en fleur ne vienne jamais la visiter.
Finalement, l'histoire se termina et Yashiru décida de rejoindre sa chambre pour se préparer au lendemain qui risquait d'être une journée de cours encore plus fabuleuse que celle du jour-même. En sortant, elle fit signe à Kiromaru de la suivre. Celui-ci continuait toujours de la suivre et tenait à être toujours prêt d'elle pour remplir son rôle de garde du corps. Mais, alors qu'ils s'éloignaient, Daisaku fit une apparition depuis la porte de sa chambre.
_ Kiromaru, viens, ordonna-t-il.
Ne pouvant désobéir à un ordre de son père, il fit signe à Yachiru qu'il la rejoignait. L'homme attendit que sa fille soit partie du couloir avant de se décider à parler au queerat.
Le lendemain, Yushia se rendit compte qu'elle était la seule élève encore présente dans l'école. Elle trouva les couloirs vides complètement lugubres et elle eut soudainement envie de rentrer en courant à la maison. Elle savait que Kiromaru la protégerait et elle ne désirait brusquement rien d'autre que de se réfugier dans ses bras. Mais, elle se força à avancer jusque sous le panneau de l'entrée où était marqué "La morale guide nos pas". Elle trouva ça plutôt ironique. Maintenant elle se trouvait dans la salle de classe. Leur enseignante lui fit cours comme à son habitude sans déroger à son rôle alors elle joua le sien aussi jusqu'au bout.
A la fin de la journée, elle traversa à nouveau les couloirs en entendant ses pas résonner à l'infini l'étourdissant légèrement. Elle se rappelait les histoires idiotes de ses camarades et elle eut soudainement l'impression de voir l'ombre d'un chat impure devant la sortie. Yachiru se figea. Toutes ses peurs d'enfant la submergèrent avec violence et elle recula avec hésitation. Elle ne voulait pas mourire ! Instantanément elle pensa à Kiromaru. Si elle arrivait à le rejoindre alors elle servait en sécurité ! Yachiru prit son courage à deux mains et elle traversa en courant le couloir. Une fois à l'extérieur elle chercha frénétiquement du regard son ami mais étrangement, il n'était pas là. Un sentiment de desespoire la saisit à la gorge et les larmes lui montèrent aux yeux. Non ! Elle ne pouvait pas abandonner maintenant ! Son père compter sur elle ! Elle devait s'occuper de la ferme et prendre soin de la colonie ! Raiko l'attendait à l'académie ! Et Kiromaru… Il devait bien y avoir une explication logique à son absence… Et si le chat impure s'en était pris à lui?
Au même moment, un bruit de griffes dans le sol la fit sursauter. il était derrière elle ! Elle pouvait le sentir aussi bien que si elle l'avait vu ! L'angoisse la prit à la gorge et elle fit la première chose qui lui vient à l'esprit : elle se mit à courir de toutes ses forces en direction de chez elle. Il n'y avait tout simplement aucune chance pour qu'elle puisse réussir à lui échapper mais elle devait au moins essayer ! Elle courut de toute ses forces et étonnement le chat impure ne la ratrapa pas.
Finalement, à bout de souffle, elle décida de s'arrêter quelques secondes pour permettre à son coeur de battre un peu plus normalement. La chanson du retour à la maison raisonna tout autour d'elle mais étonnement elle était complètement seule. Des larmes amères lui piquaient les yeux : elle aussi elle voulait rentrer chez elle! A cet instant, elle le vit. Il ressemblait à un chat mais déformé : ses pattes et son cou étaient beaucoups trop long tandis que tout son corps devait bien mesurer trois mètres de longs. Sa gueule entrouverte laissait apercevoir des crocs aussi long que son bras tandis que ses yeux jaunes la fixaient sans sourciller.
Les chats impures existaient. Son père lui avait menti. Et maintenant elle allait mourire. Ce n'était pas juste!
Yachiru vit le chat impure plier ses jambes immenses dans la ferme intention de lui sauter dessus pour la saisir à la nuque et la briser, elle savait que c'était comme ça qu'ils procédaient, mais elle en voulait pas se laisser faire. Elle ramassa des cailloux et les lui lança en plein sur le museau.
_ Dégage sale chat ! Je ne me laisserais pas bouffer ! Hurla-t-elle malgré les larmes de peur qui coulaient sur ses joues.
Malheureusement, le chat ne sembla pas plus impressionné que ça et il s'élança sur elle à toute vitesse. Yachiru se jeta sur le côté pour tenter d'éviter son attaque mais l'animal rebondit sur ses pattes pour changer de trajectoire. Sa gueule s'agita quelques secondes devant son visage puis il arrêta de bouger. Yachiru écarquilla les yeux en apercevant un katana qui avait été planté dans la tête du chat impure. Kiromaru se tenait debout à côté visiblement peu ému par la scène, il paraissait légèrement essoufflé au vu de sa poitrine qui se soulevait rapidement.
_ Kiromaru…
Yachiru avait du mal à en croire ses yeux. Elle avait crut mourir à un tel point qu'elle pensait qu'elle était déjà morte et qu'elle faisait un rêve. Ou quelque chose dans ce genre là.
_ Rentrons à la maison, déclara-t-il en tendant sa main.
La jeune fille la prit avec hésitation puis elle se blottit complètement contre lui. La tête enfouie dans ses vêtements et sa fourrure elle oublia momentanément le monde qui les entourait et les horreurs qui venaient de lui arriver. Kiromaru était là pour elle, elle pouvait avoir confiance. Au même instant, le vent se leva autour d'eux et commença à agiter les branches des arbres. Le corps du chat impure se leva dans les airs mais Yachiru ne le vit pas jusqu'à ce que son ami lui fasse signe de regarder.
_ Je crois que ce que vous appelez l'esprit du cerisier en fleur vient de te visiter, annonça-t-il calmement.
_ C'est une blague...?
Kiromaru la raccompagna jusque chez elle mais Yashiru resta silencieuse tout le long du chemin. La joie d'avoir enfin reçu son cantus était largement teintée par ce qui venait de se passer. Elle réalisait avec difficulté que sa vie avait failli prendre fin et que le monde merveilleux dans lequel elle vivait n'était qu'une illusion. Elle refusa d'aller voir son père pour lui annoncer la nouvelle et insista pour que Kiromaru reste avec elle durant la nuit. Celui ci hésita de peur de dépasser les limites mais Yashiru semblait tellement perdue et angoissée qu'il préféra rester avec elle pour sa sécurité. Rien ne lui assurait que les chats impurs en avaient fini avec elle.
Yashiru s'installa sur ses genoux devant son miroir et regarda son reflet d'un air éteint. Elle voyait les sillons des larmes sur ses joues et son teint pâle comme s'ils appartenaient à quelqu'un d'autre. Ce qui l'inquiétait viscéralement était de savoir dans quelle mesure son père était au courant de toute cette histoire.
_ Est ce que tu vas bien ? Demanda finalement Kiromaru.
Il savait qu'elle n'allait pas bien et qu'il devait la protéger mais si elle ne lui parlait pas il ne savait pas comment l'aider. Heureusement, Yashiru se tourna vers lui avant de venir se blottir dans ses bras. En entrant il s'était assis en tailleur derrière elle et maintenant il se retrouvait avec le corps de la jeune fille serait contre son torse. Ce genre de contact n'existait pas parmi les queerats mais il l'avait déjà vu faire avec Daisuka. Il en déduisit qu'il devait garder ses bras autour d'elle mais pour la suite il n'était pas tout à fait sur.
_ Brosse moi les cheveux, intima t-elle en lui tendant son peigne.
Kiromaru prit l'objet avec curiosité et entreprit de reproduire les mouvements qu'il l'avait déjà vu faire. Yashiru sembla se détendre et lui même fut légèrement rassuré. Soudain il remarqua un nom sur le peigne. C'était celui de Yashiru pourtant il semblait avoir été gravé il y avait bien longtemps.
_ Qu'est ce qu'il y a ? Demanda Yashiru en sentant le peigne s'arrêter.
_ C'est étrange… On dirait que le peigne est plus vieux que toi.
_ Il était peut être à ma mère, supposa la jeune fille.
_ C'est ton prénom dessus.
Yashiru pivota et attrapa l'objet avec curiosité comme si elle le voyait pour la première fois. Quelque chose n'était pas normale. Le nom avait été gravé et le temps l'avait à moitié effacé pourtant elle ne l'avait pas depuis si longtemps. Son père le lui avait donné quand elle avait six ans ou peut être huit… Des petits détails lui revient en mémoire : sa mère était morte à sa naissance mais son père ne lui avait jamais vraiment expliqué pourquoi. Comment se peigne pouvait il avoir son prénom dessus depuis si longtemps ?
Soudain, elle se leva et farfouilla dans sa garde robe. Graduellement ses gestes se firent plus agités et elle sortit la plupart de ses affaires de leurs étagères.
_ Tout ces vêtements ne sont pas à moi, déclara t-elle. Il y avait une autre fille que moi ici… Qui avait le même prénom que moi ? Kiromaru ?
Elle se tourna brusquement vers lui mais se ravisa.
_ Non tu as le même âge que moi… Dreaky doit savoir ! Tu dois le lui demander ! Imposa Yashiru.
Elle paraissait soudainement hors d'elle-même : le regard frénétique tandis que ses mains s'agitaient convulsivement. Son cantus lui échappait totalement et des objets commençaient à flotter en tout sens dans la chambre. Kiromaru devait réagir rapidement s'il voulait éviter qu'une catastrophe ne se produise.
_ Je lui demanderais demain, je te le promets. Est-ce que tu veux bien te reposer, il s'est passé beaucoup de chose ce soir…
Yashiru darda un regard doré hésitant sur lui. Elle se sentait épuisée autant mentalement que physiquement et sa proposition lui paraissait soudainement très intéressante.
_ Tu dors avec moi, imposa-t-elle d'une voix boudeuse en allant s'installer sur son futon.
_ A vos ordres kami-sama.
Elle le fusilla du regard, il faisait ça uniquement pour l'embêter quand elle lui donnait des ordres alors qu'elle détestait qu'il l'appelle ainsi.
_ Très bien, serviteur, répliqua-t-elle en insistant sciemment sur le dernier mot.
Kiromaru fit mine de s'incliner mais elle le poussa sans ménagement pour l'en empêcher avant d'éclater de rire. Elle oublia momentanément tout ce qui s'était produit dans la soirée et se blottit sous sa couverture, la tête enfouie dans les cheveux de son garde du corps. Rapidement elle sentit la fatigue la ratraper et le sommeil la submergea avec une force écrasante.
Le queerat attendit d'être sûre que Yashiru se soit profondément endormie pour se dégager doucement de son étreinte. Elle marmonna quelque chose à propos d'un château de terre et d'un loup gris, ce qui n'avait strictement aucun sens. Elle chercha vainement à le retenir, ses mains s'agitant désespérément mais il les repoussa sous la couverture avec patience. Une fois assuré qu'elle ne risquait rien, il sortit et partit en direction de la chambre de Daisaku. Celui-ci écouta son rapport jusqu'au bout et seul Kiromaru remarqua l'ombre indiscrète qui épia leur conversation.
Le lendemain matin, Yashiru se réveille avec une nouvelle émotion. C'était un mélange de joie et de tristesse qui se transformait en une étrange mélancolie. Elle ressentit une légère déception en remarquant que Kiromaru avait déserté sa chambre et qu'elle se retrouvait à nouveau seule. Les souvenirs de la veille revinrent lentement en mémoire. Elle avait enfin son cantus ! Elle se sentit transportée par une excitation nouvelle en ressentant cette force qui grandissait en elle. Puis, elle se souvint du chat impure et de la découverte qu'elle avait faite. Que s'était-il réellement passé? Ses souvenirs étaient flous et embrumés dans son esprit encore mal réveillé.
_ Yashiru viens s'il te plaît.
Son père l'appelait. La jeune fille le rejoignit dans la véranda et fut surprise d'y trouver deux autres hommes en dehors de son père. Elle les reconnut comme était deux moines du temple de la pureté grâce à la leurs habits mais elle n'avait aucune idée de ce qu'ils faisaient là.
_ Yashiru j'ai appris que tu avais été visité par l'esprit du cerisier en fleur, bravo.
Le ton de sa voix était chaleureux et elle en ressentit un semblant de fierté même si elle aurait préféré le lui annoncer elle même plutôt que Kiromaru le lui apprenne. Parce que c'était le seul qui aurait pu le lui dire.
_ Tu vas pouvoir entrer à l'académie maintenant mais avant ça il va falloir que tu suives ces deux hommes pour le rituel.
_ Pourquoi je dois faire ça ? S'étonna la jeune fille malgré l'impolitesse de sa question.
_ Tout les enfants doivent le faire, expliqua patiemment son père. Ne t'inquiète pas, je serais là à ton retour.
Yashiru se mordilla la langue elle avait envie de demander si Kiromaru serait là lui aussi, son absence l'inquiétait et la chagrinait mais elle songea aussi que si elle obéissant bien sagement elle pourrait enfin rejoindre Raiko.
_ Je ferais tout ce que vous voudrez, accepta finalement Yashiru dans une attitude soumise qui sembla satisfaire les deux moines.
Elle dû les suivre dans l'instant, elle n'eut le droit de rien prendre à part ce qu'elle portait sur elle. La jeune fille prit sur elle pour se montrer assurée et déterminée mais elle se demanda pourquoi son père ne lui avait rien dit. Surtout après ce qu'elle avait surpris comme conversation la veille.
Kamisu66 possédait beaucoup de canaux qui traversaient et encerclaient la ville à plusieurs endroits. Les deux moines la conduirent jusqu'à l'un d'eux, ils ne lui adressèrent pas la parole et elle n'osa pas se faire remarquer une nouvelle fois. En ayant quitté la protection de sa maison, et en l'absence de Kiromaru elle se sentait presque sans défense face à ces deux personnes qui la mettaient mal à l'aise. L'un d'eux lui plaça un bandeau opaque sur les yeux et les oreilles, lui donnant l'impression d'un filtre qui obstruait autant les bruits que sa vision. Avec horreur elle se rendit compte qu'elle était sûrement incapable de se protéger elle-même. C'était une révélation amère pour une jeune fille de douze ans mais elle se promit d'y résoudre à son retour. Si elle revenait un jour.
Elle sentit la barque naviguer durant un temps qui lui parut infini jusqu'à ce qu'elle s'arrête enfin. Yashiru resta complètement immobile ne sachant pas si elle avait le droit de se déplacer par elle-même. Effectivement, elle sentit l'un d'eux saisir son bras et la guider avec assurance jusqu'à ce que ses pieds sentent à nouveau la terre ferme. Ensuite, on lui retira le bandeau et elle put à nouveau voir ce qui l'entourait mais elle déchanta rapidement : des teintures pendaient tout autour d'elle l'empêchant de voir ce qui se trouvait de l'autre côté. Elle se retourna mécaniquement pour voir la barque mais la vue était également dissimulée par un pan rouge et noir. Les deux moines marchaient dans son dos comme pour l'empêcher de faire demi-tour et elle n'eut pas d'autres choix que d'avancer en direction des marches en bois qu'elle devinait au bout de l'allée. Celles-ci n'émirent aucun bruit tandis qu'elle les gravissait puis elle se retrouva dans un temple qu'elle devina être celui de la pureté. On la conduisit dans une salle avant de lui demander de s'asseoir dans la position du lotus. Heureusement, tout les matins à l'école ils devaient effectuer des temps de méditation donc elle n'eut aucun mal à se calmer et trouver un semblant de calme intérieur. Durant les premières minutes… Le temps semblait s'écouler à une lenteur effroyable et bientôt son estomac commença à se rappeler à son bon souvenir. Depuis combien de temps était-elle là? Elle ne se souvenait même plus. Etait-elle vraiment arrivée le jour même? Ou une nuit s'était-elle déjà écoulée? A cet instant là, une réalité la frappa durement. Elle n'avait pas entendu la chanson du retour à la maison. C'était étrange car normalement on pouvait l'entendre de n'importe où dans la ville. Ce qui ne pouvait signifier qu'une seule chose, elle n'y était plus. Cette réalité la fit frissonner et elle comprit qu'elle n'était plus dans l'enceinte protectrice de la barrière sainte. C'était à la fois effrayant et excitant. Tout ce qu'elle avait connu avait basculé depuis qu'elle avait reçu son cantus, pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'y voir quelque chose de fascinant. Elle avait crû que sa vie était toute tracée depuis sa naissance mais il semblerait qu'il reste encore beaucoup de choses qu'elle ignorait. Cette étrange curiosité la remplit d'une soudaine sérénité et quand le prêtre entra dans la salle il la trouva calmement assise, un vague sourire sur les lèvres.
_ Comment vas-tu ? Lui demanda-t-il humblement.
Il semblait très vieux comme une relique d'un ancien temps et Yashiru ressenti un respect sincère pour cet homme qu'elle identifia comme étant le chef des prières de ce temple, un poste emprunt d'une certaine notoriété dans leur ville.
_ Je m'appelle Mushin, et toi?
_ Je m'appelle Yashiru Otori ! S'exclama-t-elle sans pouvoir dissimuler son enthousiasme
_ Je vais présider ta cérémonie aujourd'hui, cette nuit tu vas devoir méditer et jeûner pour pouvoir être acceptée.
Yashiru acquiesça vivement. Le vieux prêtre entreprit de réciter un sermon à propos de l'empathie et de la souffrance des autres. Elle trouva ses mots justes et touchants et étonnement elle songea aux queerats. Ces créatures étaient capables de raisonnement et possédaient une culture propre alors pourquoi étaient-ils leur esclaves? Comme elle avait vécu toute sa vie avec eux, ils paraissaient comme une seconde famille mais elle n'osa pas en parler au prêtre car elle était sûr que celui-ci la rejetterait comme les autres. Elle devait feindre la soumission pour pouvoir ensuite renverser la situation à son avantage. Malheureusement, le suite de la cérémonie allait la plonger dans l'effroie pour les jours à venir.
Alors qu'il venait de finir son sermon, Mushin se tourna vers elle pour s'adresser directement à elle.
_ Peux-tu ressentir la douleur de quelqu'un d'autre? Demanda-t-il en la fixant de ses yeux calmes.
_ Oui, je pense, supposa Yashiru sans vraiment comprendre ce qu'il attendait vraiment d'elle.
_ Non ce n'est pas vrai. Peux-tu vraiment ressentir la douleur d'un autre comme si elle était la tienne? Insista-t-il.
Soudain, il sortit d'une de ses manches un couteau qu'il planta dans l'une de ses jambes. Yashiru se figea comme si elle venait brusquement de basculer dans un cauchemars terrifiant!
_ Arrêtez ça ! S'écria-t-elle choquée par son geste.
_ Ce n'est pas grave, la rassura-t-il, je dois faire ça pour ton bien. Je n'arrêterai que si tu ressens pleinement ma souffrance!
Il continua à plusieurs reprises et Yashiru se retrouva incapable de bouger. Elle se sentait horrifiée par ce qu'elle voyait mais le calme du prêtre rendait cela encore plus terrifiant et grotesque. Soudain, la situation dégénéra encore d'un cran.
_ Tu me fais ça, déclara-t-il d'un ton larmoyant. Tu me fais souffrir.
Ses paroles semblèrent se ficher dans sa poitrine en même temps que le couteau dans la jambe du prêter. Yashiru sentit sa tête lui tourner et elle commença à avoir du mal à respirer. Elle tenta de se lever pour mettre fin à ce calvaire mais elle tomba sur le ventre incapable de bouger tandis que sa vision s'obscurcissait inexorablement.
_ Tout va bien, déclara-t-il en lui montrant sa jambe vide de toutes blessures. Ce n'est pas un vrai couteau tout va bien.
Yashiru sentit alors l'air circuler à nouveau dans sa gorge lui faisant monter les larmes aux yeux sous le coup de la délivrance.
_ Allez, ce n'est pas très grave, continua Mushin. Si tu peux ressentir la peine des autres alors tout va bien. Tu recevras ton nouveau mantra à la fin de la cérémonie. Mais, tu dois te souvenir d'une chose : cette capacité est ce qui nous différencie, nous les humains, des bêtes.
On lui demanda ensuite de se purifier le corps en se lavant avec de l'eau froide. Celle-ci lui permit d'évacuer les dernières traces douloureuses sur son corps après le traumatisme qu'il avait vécu en présence du prêtre. Elle ne comprenait toujours pas très bien ce qui c'était passé et cela l'effrayait un peu. Ensuite, on lui donna des habits de cérémonies qui la firent se sentir encore plus mal à l'aise tandis que la fatigue commençait à rendre ses pensées difficiles et incohérentes. Yashiru se retrouva dans une salle de prières avec un feu brûlant au centre. Elle devina des prêtres de chaque côté, dans l'ombre, récitant des mantras dont elle ne parvenait pas à percevoir la totalité. Ce son lourd devint rapidement un bourdonnement lointain qui ne fit qu'accentuer sa fatigue et l'endormissement de ses nerfs. Le chef de prières, Mushin, se trouvait devant elle mais légèrement sur le côté lui donnant une vue complète sur les flammes qui l'hypnotisaient légèrement avec leur incessant mouvement. Les moines jetèrent une effigie représentant ses péchés, puis une autre, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle soit jugée à nouveau pure de corps et d'esprit.
_ Maintenant, essaie de contrôler les flammes, ordonna Mushin.
Elle pouvait enfin utiliser mon cantus ! Ravie, elle sentie ses pensées se faire légèrement plus claires tandis que l'excitation la gagnait. Elle se concentra sur les flammes et commença à leur imposer son propre rythme. Un coup à gauche, un coup à droite, et ainsi de suite. Cela la fascinait et elle se laissa gagner par ce doux sentiment de contrôle et de pouvoir.
_ Stop, tonna soudainement le vieux prêtre.
Elle s'arrêta brusquement comme prise sur le fait d'un crime.
_ Ton cantus est ton dernier péché, expliqua-t-il, tu dois t'en débarrasser.
Yashiru ressentit une terrible frustration et un refus complet de tout son être. Après tout ce qu'elle avait dû traverser pour l'obtenir il était hors de question qu'elle l'abandonne ! Mais, elle se rappela qu'elle devait à tout prix obéir si elle voulait pouvoir revenir chez elle.
_ Fais se tenir debout l'emblème humain, ordonna un prêtre.
C'était un bout de papier blanc couvert de mantra qu'elle ne pouvait lire. Son esprit se refusait à obéir mais elle dût tout de même se plier à la volonté de Mushin. Des larmes de frustrations coulèrent sur ses joues mais elle les ignora tandis que le papier se mettait à trembler légèrement tout en se redressant sur ses deux jambes. Soudain, Mushin brandit six aiguilles qui vinrent se ficher dans le corps de l'emblème. Yashiru poussa un cri de douleur comme si elle avait été elle-même percée par les coups. La douleur était terrible et elle crut ne pas pouvoir survivre à la perte de son cantus.
_ Yashiru Otori ton cantus est scellé ! Maintenant que tu as renoncé à ton cantus pervertis, nous allons t'accorder un nouveau mantra, pur de tout péché.
Le vieux prêtre se pencha à son oreille et lui murmura de longs mots qu'elle aurait bien été incapable de répéter à qui que ce soit. La jeune fille sentit alors comme une lourde chape de fatiguer tomber sur tout son corps, et sa tête partie en arrière dans un mouvement infini jusqu'à ce que tout devienne noir autour d'elle.
Yashiru se réveilla à nouveau quelques jours plus tard. Ceux qui suivirent elle les passa dans un semi brouillard comme si tout ce qui se passait autour d'elle ne l'attaignaient que de très loin. Enfin, elle fut autorisée à rentrer chez elle. Le soulagement qu'elle ressentit à cet instant là fut sûrement un des plus saisissant de toute sa vie. Elle avait eu l'impression qu'elle ne retrouverait jamais à son ancienne vie alors elle était ravie de voir qu'elle s'était trompée. Mais, en réalité, même si elle l'ignorait encore, sa première impression avait été la bonne. Son ancienne vie avait pris fin au moment où son cantus s'était révélé à elle.
Les moines la laissèrent sur la berge du canal et elle finit le reste du chemin seule. Quand elle arriva en vu de la ferme elle se sentit enfin chez elle. Les ouvriers autant humains que queerats lui firent signe et elle y répondit avec un enthousiasme débordant. Mais celui qu'elle voulait le plus voir n'était pas dans les parages.
_ Kami-sama…
Yashiru sentit un flots d'émotions contradictoires la saisirent et elle se retourna en bloc pour voir Kiromaru qui se tenait derrière elle. C'était étrange mais il lui semblait avoir oublié à quel point il était grand et surtout à quel point sa présence la rassurait.
_ Idiot ! S'exclama-t-elle en se jetant dans ses bras. Je t'ai déjà dis de ne pas m'appeler comme ça !
Plus tard, son père l'accueillit avec une joie sincère et Ainna accepta même la présence de Kiromaru à table pour l'occasion car elle avait cuisiné toute la journée pour célébrer son retour et le succès de la cérémonie.
Alors que la nuit était déjà tombée, Yashiru avait ouvert sa chambre pour pouvoir observer le ciel étoilé en compagnie de son garde du corps. Elle ne lui avait pas parlé de tout ce qui c'était passé au sanctuaire. Elle voulait mais quelque chose d'autre devait être réglé avant.
_ Je ne veux plus qu'on m'appelle Yashiru, déclara t-elle soudainement.
Kiromaru lui dédia un regard surpris.
_ J'ai entendu votre conversation avant mon départ, expliqua t-elle. Ma soeur dont je n'ai jamais entendue parler. Je ne veux pas porter son nom.
_ Comment dois je t'appeler alors ? Demanda le queerat.
_ C'est moi qui t'ai donné ton prénom la première fois que l'on s'est rencontré. Ce ne serait qu'un juste retour des choses que tu sois celui qui me donne le mien.
Pour un queerat il n'y avait pas plus grand honneur que de se voir octroyé un prénom par un dieu. Alors avoir le privilège d'en nommer un à son tour revêtait un caractère spéciale dont il avait pleinement conscience.
_ Je t'appellerai Yui.
