Cette histoire m'est venue en tête alors que je discutais avec l'une de mes très bonnes amies. L'histoire met surtout en scène Dean, Castiel, Claire, Ben (le fils de Lisa), Sam, Crowley et Alex Jones. J'espère que ce premier chapitre vous plait !

DISCLAMER : I do not own Supernatural.


Rien ne l'énerve plus que le fait de devoir vivre avec son oncle.

Il ne faut pas se méprendre : Castiel Novak est un adorable petit homme, gentil et doux comme tout, mais son manque d'autorité et son désintérêt total pour les relations humaines normales ont toujours eu tendance à agacer Claire. Après tout, comment peut-elle se trouver sous le même toit que l'homme aux yeux bleus qui préfère ses livres d'arts aux conversations et aux potins ? Elle qui s'est habituée aux rires interminables avec son père et sa mère, tous deux des pipelettes, devait, pendant quelques semaines, faire face au silence mort et aux soupirs d'exaspération du professeur d'histoire de l'art de son high school. Parce qu'en plus, il fallait que ce dernier enseigne au High School of Kansas ! Comme s'il manquait d'école dans la ville !

Soupirant, elle traîne sa valise nonchalamment derrière elle en se dirigeant vers l'entrée de la maison beaucoup trop grande qu'elle risque d'habiter pour les trois prochains mois. Pourquoi est-ce que ses parents ont décidé de faire carrière en archéologie, déjà ? Ah oui, pour voyager. Si seulement les voyages l'incluaient, elle, ça serait déjà bien !

Castiel sourit en voyant sa nièce arriver. Contrairement à elle, il est enjoué à l'idée de passer plusieurs jours d'affilé en sa compagnie. Il la trouve intelligente et intéressante et même s'il se sait incompétent avec les adolescent-es (et même avec les adultes, quand on y pense bien), il se promet, en la voyant vaguement boudeuse, de faire des efforts. Gabriel l'a prévenu : Claire, derrière ses airs d'ange et ses cheveux blonds qui rappellent les princesses les plus sages de Disney, peut être un vrai monstre et il faut faire attention. En notant cette information dans un coin de sa tête, il ouvre la porte de son neuf et demi deux étages et accueille l'étudiante agacée avec son sourire le plus sincère.

– Te force pas trop, j'sais que t'es pas aussi heureux que tu le laisses croire.

Le ton froid de Claire le coupe dans son élan de gentillesse et son sourire tombe.

Moment de froid qui les rend tous les deux mal à l'aise.

Nerveuse, la blonde rajoute :

– C'était une blague, oncle Cassie. Une blague. Tu étais sensé rire…

Décidément, les prochains mois seront longs. Très longs.


Rien ne l'énerve plus que le fait de s'engueuler avec son frère.

Après tout, comment pouvait-il s'attendre à ça ? Dean peste en s'ouvrant une bière, tête dans la paume de sa main libre et air blasé. Pourquoi est-ce que tout arrive toujours dans le même ordre ? C'est toujours la même situation, le même bordel. Il le savait bien, que Sammy allait réagir comme ça ! Enfin, pas vraiment. Il s'attendait à une autre réaction… Un peu plus positive, plus accueillante, plus joyeuse… Mais… Ça ? Ça, non. Il ne pensait pas que ça arriverait.

Mais, de l'autre côté, ça ne l'étonne pas vraiment.

Depuis qu'il a déménagé à Chicago pour travailler pour l'une des firmes d'avocats les plus prestigieuses, Sam Winchester est devenu un tout autre homme. Toujours en veston-cravate, ton autoritaire et regard hautain, Sammy ne rate pas une occasion pour rappeler à Dean à quel point ce dernier rate sa vie en restant dans leur ville natale, surtout depuis qu'une université à Chicago lui avait offert un poste d'enseignement en histoire occidentale l'année précédente. Offre qu'il avait gentiment déclinée, parce que, non merci, mais le plus âgé des Winchester n'exercera jamais son métier que pour le fric, et puis il veut enseigner à des jeunes, pas à des riches bourgeois qui pètent plus haut que leur cul mais qui dépendent néanmoins de leurs parents.

Bref.

Le sujet de la dispute ne concernait même pas ses choix de vie. Du moins, pas jusqu'à ce que Sam lui sorte :

– Mais Dean, tu sais que si tu avais accepté le poste à la fac, tu ne ferais pas face à ce problème…

Ce à quoi le plus âgé lui a répondu très cordialement d'aller se faire foutre, merci bien, je n'ai pas besoin de tes morales à deux balles, puis a raccroché.

Avec tout ça, Dean en est venu à oublier la raison de son appel…

Il soupire en s'ouvrant une deuxième bière. Bloody Hell ! Comment il a pu oublier Ben ?

Ben est le fils de sa meilleure amie Lisa. Meilleure amie qui a décidé d'accepter un voyage d'affaires à l'étranger et qui ne pouvait pas, malheureusement, amener son fils avec elle. Avec un sourire, un pack de bières et quelques billets, elle a demandé à Dean s'il pouvait s'occuper de son gars de seize ans en son absence pour le prochain mois. Évidemment, il a accepté. Après tout, Dean a toujours aimé les adolescent-es et il s'est toujours bien entendu avec Ben, l'ayant même gardé lorsque ce dernier avait dix ans. Le problème n'est pas là.

Le problème réside dans le fait qu'il a trouvé de la weed et quelques drogues chimiques dans la chambre qu'occupe l'enfant alors qu'il faisait le ménage et, du coup, Dean ne sait comment aborder la situation avec lui. Il ne sait pas non plus s'il devrait ou non avertir Lisa, pas plus qu'il ne sait si c'est une bonne idée de s'en mêler.

Bref, il est paumé, et au lieu d'avoir l'aide de son frère, il est fâché contre lui et se saoule à la bière en espérant que la soirée à laquelle Ben est allé ne tournera pas n'importe comment. Il ne se sent pas apte à conduire et n'a pas envie de payer un taxi pour que celui-ci fasse le boulot à sa place.

Tant pis. Dean s'ouvre sa troisième bière.


Deux heures après son arrivée, Claire est déjà en train de s'habiller pour repartir. Alex, une des filles les plus cool de sa classe, organise une soirée chez elle en vue de l'absence de Jody, sa mère adoptive. Et, pour la première fois depuis qu'elles sont au high school, Alex a personnellement invité la blonde chez elle. Même en sachant que cette sortie de dernière minute risque de déplaire à son oncle, Claire ne se sent pas d'humeur à décliner l'offre de la brunette, surtout qu'elle aspire depuis toujours faire partie du « cercle des populaires ». En souriant, elle s'habille de sa plus belle chemise bleue, mettant ses yeux en valeur, et met un jeans noir moulant, son préféré.

Alors qu'elle finit de boucler ses cheveux, Castiel apparaît dans le cadre de sa porte, gants de cuisine à la main, et lui demande si elle a faim.

– Je sors ce soir, oncle Cassie.

– Mais on est mardi…

Elle se tourne vers lui et lui offre son plus beau sourire auquel, elle le sait, il ne peut résister.

– Oui, mais Alex Jones organise la soirée de la rentrée scolaire ! Je ne peux pas manquer ça !

– Alex Jones ? La Alex Jones ?

– Oui. Tu en connais beaucoup, des Alex ?

Castiel n'aime pas particulièrement Alex. Enfin, les frères d'Alex à qui il a enseigné par le passé et qui ont tous, un à un, abandonné les cours pour rejoindre un gang, d'après les rumeurs de la ville. Il fronce les sourcils en ne sachant pas trop s'il doit ou non empêcher sa nièce d'y aller. Qu'auraient dit Gabriel et Charlie ? Charlie l'aurait sûrement encouragée. Gabriel aussi, d'ailleurs. Ses deux parents étaient de ceux qui sortaient beaucoup trop lors de leurs années universitaires. Contrairement à Cass, qui a toujours préféré les livres aux gens.

– D'accord. Tu peux y aller. Si jamais il y a un soucis, tu peux m'appeler. Et si tu as besoin que je vienne te chercher…

– J'ai dix-huit ans, oncle Cassie ! Je peux me débrouiller toute seule.

Elle sourit de nouveau et lui fait un bisou sur la joue.

– Passe une bonne soirée ! Ne t'inquiète pas trop. Je serai là en cours demain matin !

Il la regarde partir en se demandant si tout ça est une bonne idée. Quoique, à y penser, c'est vrai que Claire est grande et débrouillarde. Elle ne se retrouvera pas dans la merde de sitôt, si ? Il espère que non.


– Ben ! Je ne m'attendais pas à te voir ici !

Souriante, Claire s'approche du garçon qu'elle gardait quand elle était plus jeune. Il a vachement changé, le petit Benjamin ! Du haut de ses seize ans, il semble en avoir vingt et ça la perturbe. Il lui rappelle un peu son professeur d'histoire dans son attitude et dans son style. De toute façon, elle a toujours été secrètement persuadée que Dean Winchester était le père de Benjamin Braeden. Après tout, d'après les photos des finissants de son école, Lisa et Dean étaient allés ensemble au bal… Mais bon, Lisa a toujours été mère monoparentale et c'est la raison pour laquelle Claire, quand Charlie et Lisa allaient faire les boutiques ou organisaient des soirées pour leur compagnie, finissait toujours par s'occuper de Ben malgré leur petite différence d'âge. Elle a pratiquement grandi avec Benji dans ses bras. Et ça lui fait un peu bizarre de le voir ici, à cette soirée, parmi tous les grands.

– Claire !

Il lui fait un câlin en la voyant arriver puis recule pour l'admirer. Il a toujours trouvé que son ancienne gardienne était resplendissante et n'a jamais compris pourquoi elle n'a jamais eu de petit ami.

– Je ne savais pas que tu venais à ce genre de soirées ! s'exclame-t-il. Tu es magnifique.

Elle rit un peu. Être complimentée par un gamin de seize ans, c'est certes flatteur, mais elle aurait quand même préféré que ça soit Kevin Tran, le bel intellectuel qui vise Princeton ou Harvard, qui lui adresse ces mots. Mais Kevin est aussi, en plus d'être l'étudiant le plus à son affaire de son école, celui qui sort le moins. Malheureusement pour Claire.

– C'est la première fois qu'Alex m'invite… Attends, est-ce que t'es en train de me dire que tu viens souvent, toi ?!

Ben hoche la tête.

– Je n'en manque pas une seule.

La blonde s'esclaffe et passe sa main dans les cheveux du petit.

– Et dire que c'est moi la plus vieille…

– T'inquiète, je ne fais pas du tout mon âge !

– Ça, je crois que je l'ai remarqué.

Ils se font interrompre par l'arrivée d'une Alex beaucoup trop bourrée.

– Claire Novak ! T'es venue finalement !

Elle lui tend la main pour un high five et lui fait la bise. Puis, elle la serre dans ses bras comme si elles étaient les meilleures amies du monde et Benjamin regarde la scène en arquant un sourcil. Il connait Alex depuis beaucoup trop longtemps pour ne pas se douter d'une quelconque manigance. Il sait aussi que les parents – enfin, le père et la tante – de Claire sont partis pour quelques mois et que, du coup, elle a la maison pour elle toute seule… Il secoue sa tête. Alex n'est pas si mauvaise que ça, si ? Non, pas du tout. C'est ridicule de voir du mal partout…

– Alors, Benny, tu nous as amené du stock pour ce soir ?

Le concerné sourit en sortant de ses poches une petite boîte contenant plusieurs sachets qu'il secoue devant le nez d'Alex. Peut-être qu'elle peut être machiavélique, mais elle reste sa meilleure cliente : il n'a pas à se plaindre. La brune attrape sa commande et lui glisse quelques billets dans la main avant de ne partir se chercher un verre d'eau sous le regard interrogateur de Claire.

– Qu'est-ce que…

Ben rit face à l'innocence de la blonde et lui fait une tape dans le dos en lui tendant sa bière.

– Prends ça à la place. C'est plus sage comme décision.

Suite à quoi il lui fait un clin d'oeil et l'attrape par la peine en la dirigeant vers les autres invités. Ils sont en soirée, oui ou merde ?


Le lendemain matin, Castiel toque à la chambre de sa nièce pour le petit-déjeuner. Il arque un sourcil quand elle ne répond pas et l'appelle par son prénom. Finalement, il entrouvre la porte avec l'intention de la réveiller mais, alors qu'il passe sa tête par le cadre, il se rend compte que son lit est vide. Pire, il se rend compte que le lit n'a pas été défait et que, clairement, personne n'a été dans cette chambre. Un peu en panique, il descend dans le salon pour s'assurer que Claire n'a pas dormi là et, finalement, il l'appelle directement sur son portable, en commençant à perdre clairement les pédales.

Gabriel va le tuer. Puis Charlie va le ramener à la vie et le trucider.

Allez, réponds.

– Oncle Cassie ?

Il soupire de soulagement en entendant la voix de Claire.

– Où es-tu ?

– Tu n'as pas vu tes SMS ? Je t'ai dit que j'allais dormir chez Ben…

– Tu ne m'as…

Tout en répondant, il vérifie sur son téléphone. Ah, merde.

– Désolé. Je n'ai pas pensé à prendre mes messages. Appelle-moi la prochaine fois, s'il te pait.

– C'est bon. Désolée de t'avoir inquiété ! On se voit tout à l'heure ?

– Oui.

Il raccroche sans dire au revoir et se gratte la nuque. Bon sang, il fait un si mauvais parent…


Dean, qui s'est endormi sur le canapé de son salon, soupire d'aise lorsque ses narines captent l'odeur agréable des crêpes. Il se frotte les yeux, passe ses mains sur son visage pour se réveiller et regarde la quantité de bières qu'il a passées. Puis, il se lève avec l'idée d'aller retrouver sa conquête de la veille quand, soudain, il réalise qu'il a passé la soirée seul et que, pire encore, il n'est pas sensé avoir qui que ce soit à la maison…

Sauf Ben. Mais Ben ne cuisine pas : il déteste ça du plus profond de son être et ça a toujours été sujet de dispute entre Lisa et lui.

Alors qui ?

Arquant un sourcil, il pénètre dans sa cuisine et tombe nez-à-nez avec une de ses étudiantes. Et pas n'importe laquelle : Claire Novak, blonde d'un mètre soixante-dix, ancienne gardienne de Ben, avec pour simple tenue une des chemises à Ben, s'occupe de préparer le petit-déjeuner. Chez lui. Dean Winchester.

Mais où est-ce que Ben avait la tête, bon sang ?!

– Dean ! Je te présente Claire. Claire, Dean.

L'adulte se tourne vers l'adolescent qui lui sourit innocemment pendant que Claire rigole.

– Ben, je te rappelle que je vais à la même école que toi et que j'ai déjà eu monsieur Winchester comme professeur…

– Ah oui, c'est vrai, j'ai tendance à oublier que toi, tu vas à tes cours d'histoire.

Il rigole en attrapant une pomme et en s'installant à table.

– J'espère que t'es pas fâché que je ne t'ai pas prévenu que Claire dormait à la maison ?

Dean le dévisage en ne comprenant rien à rien. Quand est-ce que Ben a commencé à ramener des filles ? Il va devoir en toucher un mot ou deux à Lisa. C'est quoi cette attitude, même ? Il n'est pas chez lui, bon sang ! Il est chez Dean et, chez Dean, on ne ramène pas des filles comme ça.

Enfin, si, mais non. Claire est beaucoup trop jeune. Et beaucoup trop vieille pour Ben. Et puis merde, il a seize ans, Dean était bien pire à ses seize ans à lui !

Finalement, il lève les yeux au ciel et fait un mouvement de la main.

– On se voit à l'école. Ne soyez pas en retard.

Il leur adresse un sourire mal à l'aise et disparaît dans sa chambre. Tant pis, il s'achètera quelque chose sur le trajet. Il n'est pas question qu'il mange en la compagnie d'une de ses étudiantes. Surtout si elle est aussi peu habillée.

Bordel, Lisa va le tuer. Il est le pire gardien au monde.