Auteur : Tanuki
Source : Harry Potter 1 à 5, mais je me permets
quelques incohérences et/ou anachronismes, ainsi que le droit
de modifier certains détails d'ordre corporel et
chronologique.
L'histoire se passe lors de la septième
année à Hogwarts pour Harry et ses amis. Du reste, je
tente de rester le plus fidèle possible à l'œuvre
originelle et aux caractères des personnages, sauf Cho Chang
que je tente de modeler petit à petit afin d'en faire un
personnage un peu plus « tanukien »...
Disclaimer
: les lieux et les personnages sont la propriété de
Rowling, mais cette version de l'histoire m'appartient.
Rating
: R (car violence physique, morale et sexuelle au cours de
l'histoire)
Résumé : Quand Tanuki décide
de refaire l'histoire en dotant Cho Chang d'une paire de...
Traductions : (car je n'aime pas la VF des noms des
maisons et des personnages) Gryffindor - Gryffondor §§§
Ravenclaw - Serdaigle §§§ Slytherin - Serpentard §§§
Hufflepuff - Poufsouffle §§§ Hogwarts - Poudlard §§§
Argus Filch & Miss Norris - Argus Rusard & Miss Teigne §§§
Severus Snape - Severus Rogue.
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CLAIR OBSCUR ---
01
L'ange de Ravenclaw
Les diligences
menaient les étudiants de septième année vers le
Collège de Hogwarts qui se dressait solennellement devant eux.
À chaque rentrée scolaire, les élèves
ressentaient cet émoi particulier à l'idée de
retrouver entre ces larges murs les visages de leurs professeurs, de
leurs amis, de leurs rivaux aussi. Pouvoir à nouveau papoter
avec les fantômes de leurs Maisons respectives, apprendre de
nouvelles incantations, supporter leurs équipes de Quidditch
préférées... Tant de réflexes à
reprendre ! Le sourire aux lèvres et les prunelles illuminées
d'une excitation singulière, tous les élèves
se tortillaient d'impatience sur les bancs des fiacres
bringuebalants.
– Ça fait plaisir de se retrouver après
tant de semaines de séparation ! déclara Hermione, le
regard embrasé d'une flamme de joie.
Ses deux
meilleurs amis hochaient vivement la tête en signe
d'approbation. Deux mois de congés, c'était
reposant. Mais que le temps était long lorsque les amis
n'étaient plus là pour tenir compagnie lors des
moments de bonheur ou de tristesse. Harry avait une fois de plus
passé des vacances horribles avec les Dursley et il comptait
bien profiter de ces dix mois en compagnie de ses deux compagnons
d'aventures les plus fidèles, Ron et Hermione. Avant de les
avoir rencontrés, jamais Harry ne se serait douté
qu'une amitié puisse être aussi profonde. Pour cette
raison, il désirait plus que tout au monde réussir ses
examens et s'établir dans le monde des sorciers, loin de la
maison numéro 4 de Privet Drive où vivait
l'horripilante famille qu'il avait supportée durant toute
sa jeunesse.
Les diligences s'arrêtèrent.
Les élèves sortirent leurs têtes par les petites
fenêtres et remarquèrent alors Rubeus Hagrid qui avait
certainement fini de s'occuper des première année. La
traversée du fleuve était un rituel pour les nouveaux
élèves, et c'était le géant qui se
chargeait de guider les barques vers le petit quai.
Le
garde-chasse de Hogwarts aida galamment les demoiselles à
sortir des diligences. À la vue des trois amis qui
descendaient de leur fiacre, il ne put s'empêcher d'aller à
leur rencontre pour les étreindre dans ses bras immenses. Ron,
Hermione et Harry se serrèrent à leur tour contre lui.
– Vos vacances se sont bien passées ? demanda-t-il, les
joues rougies par l'émotion.
– Très bien !
répondirent Ron et Hermione d'une même voix.
Harry
se contenta de sourire, sachant que le géant comprendrait ce
qui se cachait sous ce silence. D'un pas rapide, tous les étudiants
entrèrent dans l'École. Ils devancèrent les
élèves de première année et regagnèrent
la Grande Salle. L'inséparable trio s'assit à la
table des Gryffindor. Un brin taquins, les deux garçons
observaient les visages anxieux des débutants qui faisaient
leur entrée. Hermione leur faisait les gros yeux pour les
rappeler à l'ordre mais au fond, elle reconnaissait qu'il
était amusant de scruter les regards inquiets des nouveaux
élèves. Eux-mêmes avaient connu cette
appréhension, sept années auparavant. Peu concernés
par leurs benjamins qui passaient tour à tour sous le
Choixpeau magique, Harry et ses amis se murmuraient leurs anecdotes
durant les vacances. Naturellement, c'était le Survivant qui
avait le plus à raconter, en particulier à propos de
Dudley, son horrible cousin.
– Je me suis permis quelques
petits manquements quant au règlement, avoua-t-il avec un
sourire malicieux. Rien de bien méchant...
– Tu aurais
pu te faire exclure de Hogwarts ! soupira Hermione. Ce n'est
vraiment pas prudent de déroger aux règles de l'École.
Décidément toujours aussi moralisatrice, la
jeune Granger n'avait pas changé. Harry lui reconnaissait
beaucoup de sagesse, mais également beaucoup trop de rigidité
dès qu'il s'agissait du règlement. Une future
Minerva McGonagall, comme se plaisait à chantonner Ron avec un
sourire innocent.
– C'est vrai, admit Harry. Mais avoue que
c'est difficile de s'en empêcher quand tu sais que tu peux
faire trembler les Dursley en murmurant du latin.
Le
garçon roux en face de lui se mit à rire mais Hermione
lui jeta un regard coléreux. Voyant alors ses deux amis
s'échanger des coups d'œil malicieux, elle s'autorisa
un sourire et secoua doucement la tête.
– Maintenant que
tous nos nouveaux élèves ont trouvé leur maison,
déclara la voix profonde du Directeur de l'École,
nous pouvons enfin répondre à l'appel de nos estomacs
et nous repaître des plats exquis sous nos yeux.
Sans
plus attendre, Ron se servit copieusement piqua sa fourchette dans
une tranche de rosbif. Sa mine pâle reprit quelques couleurs
quand il avala la première bouchée. Horrifiée,
Hermione le scrutait.
– Mais... mais mâche un peu au
moins ! Tu vas t'étouffer !
Harry jeta un regard
à ses deux amis, un sourire étirant ses lèvres
douces. Il trouvait cette relation plutôt charmante. Malgré
sa réserve, la jeune fille ne pouvait masquer son inquiétude
dès que Ron s'écartait de tout ce qui lui semblait
sécuritaire. Le Survivant était presque certain qu'ils
finiraient par avouer leurs sentiments profonds l'un et l'autre.
En tout cas, il l'espérait.
De son côté,
il se sentait un peu seul. Pourtant, il avait beau chercher dans ses
relations, il n'arrivait pas à trouver quelqu'un qui lui
convenait. Il se savait très exigeant, mais il avait besoin
d'une personne qui cesserait de le voir comme un héros. Il
en avait assez d'être le « Survivant ». Cette
célébrité le fatiguait et parfois, il doutait de
son entourage. À la moindre menace, tous disaient sans cesse
pour se rassurer : « Notre Directeur est là... et puis
Harry Potter nous protègera lui aussi ! Il a vaincu
Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom plusieurs fois ! ».
Ces gens-là n'admettaient pas que le Gryffindor puisse
éprouver de la peur lui aussi. Or il voulait pouvoir se
confier sans honte à celui ou celle qui partagerait sa vie.
Il ne put s'empêcher de rougir. Il ignorait
pourquoi il venait d'imaginer qu'il pourrait passer sa vie en
compagnie d'un garçon. Après avoir imaginé la
scène d'une étreinte amoureuse avec un homme, il posa
sa main devant sa bouche pour retenir un haut-le-cœur. D'autant
plus que le genre masculin n'était pas ce qu'il y avait de
plus alléchant au vu des spécimens que renfermait
Hogwarts. Même parmi les Gryffindors... Un frisson d'horreur
remonta le long de son échine et il détourna les yeux,
le feu aux joues.
Cauchemardesque...
– J'ai hâte
de retourner un bon lit bien douillet ! s'exclama le jeune garçon
aux cheveux roux.
– Et moi donc ! marmonna Harry en cachant un
bâillement derrière ses doigts.
Hermione
s'était un peu soulevée du banc pour scruter les
visages des autres tables. Avec surprise, elle se rassit et glissa à
ses amis :
– Cho Chang est toujours là... elle n'avait
pas une année d'avance sur nous ?
Ron fit une
moue bizarre, incapable de répondre, et jeta un regard ahuri
vers la table des Ravenclaws. Harry se tordit le cou par-dessus son
épaule et fixa le visage étonnamment calme de
l'Asiatique. La voir aussi réservée, seule en bout de
table, était plutôt surprenant. Elle qui avait pourtant
quelques bons amis parmi ses camarades de Maison et qui était
si expressive en leur compagnie...
– Bah... dit Ron en se
sentant un peu maladroit. Si elle a doublé son année,
elle se retrouve peut-être toute seule avec une classe qu'elle
connaît mal ?
Sans plus s'occuper de la jeune
Ravenclaw, les trois amis se plongèrent dans une nouvelle
discussion à propos du Quidditch. C'était
certainement le cours qui avait le plus manqué à Harry.
Les pommettes rougies par l'enthousiasme, le jeune homme déclara
:
– Pour ma dernière année à Hogwarts, je
vais donner tout ce que j'ai dans le ventre. Gryffindor doit gagner
la coupe !
– Attends-toi à ce que ton professeur détesté
te surcharge de devoirs pour t'empêcher de t'entraîner...
soupira Granger en finissant son assiette.
Le Survivant ne
put réprimer un frisson d'horreur et de colère.
–
Ne parle pas de malheur...
Soudain maussade, le Survivant
jeta un regard sombre au Maître des Potions assis à la
table des enseignants. Severus Snape, le grand professeur aux yeux
aussi noirs que la pierre qui lui servait de cœur. Harry n'éprouvait
que du dégoût pour cet homme qui l'avait méprisé
dès le premier cours, le rabaissant publiquement au rang de
cancre rebelle et de célébrité sans plus de
cervelle qu'un moineau.
Harry s'en retourna au contenu
de son assiette... Depuis deux ans, il avait un peu mieux compris
pourquoi Snape le détestait autant. Après tout, James
Potter s'était comporté comme un minable en s'amusant
à prendre Severus pour souffre-douleur, à l'époque
où tous deux étaient encore des collégiens.
Comptant sur sa notoriété en tant qu'Attrapeur et sa
réputation d'élève doué et sérieux,
il s'était vite obtenu des droits que d'autres élèves
ne se seraient jamais accordés. Snape étant rigoureux
quant au règlement, il avait toujours surveillé les
Maraudeurs pour les rappeler à l'ordre. Mais au lieu de se
faire écouter, il n'avait réussi qu'à
s'attirer le titre de bouc émissaire. Bien sûr, le
fait qu'il appartienne à la maison adverse n'avait pas
arrangé sa situation.
Cependant, le fils n'était
pas comme le père. Harry désapprouvait ces préjugés
un peu trop immatures à son goût ; si le Professeur de
Potions avait des raisons de détester James, il n'en avait
pas pour haïr son enfant. Ce dernier ne partageait pas cette
méchanceté et la rivalité entre les Gryffindors
et les Slytherins n'était pas suffisante pour expliquer
cette aversion que Snape avait éprouvée dès la
première année du jeune Survivant.
Retournant
son regard vert sur l'ancien Mangemort, Harry soupira. À
présent qu'il était assez âgé pour
prendre du recul et ne plus réagir comme un adolescent rebelle
et stupide, pouvait-il blâmer ce professeur, aussi odieux
fût-il ? Après tout, Snape avait souvent pris la défense
d'Harry et ses deux amis lorsqu'il y avait danger. Le Gryffindor
se souvenait que durant sa première année, son
professeur honni l'avait défendu lors d'un match de
Quidditch, alors que ce traître de Quirrell tentait de
désarçonner le jeune Attrapeur de son balai. Au cours
de la deuxième année, il avait plus ou moins innocenté
le trio. Accusés à tort d'avoir pétrifié
Miss Norris et écrit un message de sang sur l'un des murs,
les trois amis avaient été pris de court face à
l'interrogatoire des professeurs suspicieux. Étrangement,
Severus avait été l'un des moins sceptiques,
n'hésitant pas à les innocenter jusqu'à
preuve du contraire. Et puis, lors de la troisième année
à Hogwarts, le Maître des Potions n'avait pas fui
devant le loup-garou qu'était devenu Remus Lupin. Hermione
et Ron se souvenaient de son geste, alors qu'il tentait de les
protéger derrière lui. « C'est pas Lockhart qui
aurait fait ça ! » avait déclaré le jeune
Weasley, le lendemain.
Oui, mais à côté
de ça, il m'humilie devant toute la classe !, s'exclama
intérieurement Harry avec orgueil. Ce mec est un fouteur de
merde qui me juge mal et c'est tout !
Se sentant
observé, le Professeur Snape tourna la tête vers la
table des Gryffindors et ses yeux croisèrent deux émeraudes
étincelantes. Bizarrement, il ne renvoya ni regard tueur, ni
sourire malsain. Il se contenta de reporter son intérêt
sur la table des Slytherins tout en avalant une bouchée de
viande. Un peu troublé, Harry se reprocha sa conclusion hâtive
sur l'enseignant qu'il détestait. Peut-être que
cette année, ce serait différent ? Discrètement,
il croisa les doigts sous la table et pria Merlin pour que ce nouveau
trimestre soit placé sous le signe de la tranquillité.
Il en avait assez de ces conflits stupides entre Gryffindor et
Slytherin.
Bientôt, ce fut la fin du repas et Ron se
leva. Il arborait sur son uniforme le blason des préfets en
chef. Le rouge aux joues, il appela les nouveaux élèves
et les guida parmi les divers escaliers qui se mouvaient d'eux-mêmes.
Ses deux amis le suivaient de loin, se chuchotant quelques
commentaires à l'oreille :
– Tu as vu comme il est
rouge ? s'exclama Hermione.
– Il a quand même plus de
classe dans son habit de préfet, admit Harry.
Ils
rejoignirent la Salle des Gryffindors et Hermione se dirigea vers
l'aile des filles après un signe de la main à
l'intention de son ami. Harry regagna alors la chambre des garçons
et se dévêtit derrière les rideaux de son lit à
baldaquin. Nu comme à son premier jour, il tendit un bras au
travers du tissu et hissa la valise sur le matelas. Il l'ouvrit et
fouilla hâtivement le temps de trouver un pyjama. Il en prit un
et s'en habilla. Glissant alors paresseusement la malle sous le
lit, il retira ses lunettes et les posa sur la petite table de nuit.
Enfin, il rampa dans ses draps et ferma ses yeux fatigués.
Un
peu plus tard, Ron entra dans la chambre et se déshabilla à
son tour. Tout aussi fainéant que Harry, il s'emmitoufla
dans ses couvertures et ne tarda pas à ronfler. Le Survivant
fit une grimace. Il aurait aimé pouvoir infliger un sort de
silence à son ami, mais il préférait ne pas
vexer le jeune Weasley. Lui qui venait tout juste d'être
nommé préfet en chef, il valait mieux ne pas le
décourager et l'humilier dès le premier soir. Mais
peut-être que glisser quelques mots à ce propos le
lendemain... ?
On verra, soupira le jeune homme en
se couchant sur le dos, les mains croisées sous la nuque.
Songeur, il joua avec une mèche de sa frange
rebelle et repensa à Cho. La pauvre... elle devait être
déçue d'avoir raté ses examens. Harry décida
de lui rendre visite le plus tôt possible pour prendre de ses
nouvelles. La voir soudain d'humeur très sombre avait
l'intrigué. Il éprouvait un vif sentiment
d'insatisfaction à l'idée de ne pas comprendre
pourquoi la jeune Ravenclaw leur avait semblé si mélancolique.
Fronçant les sourcils dans le noir, le Survivant repensa au
Professeur Snape. Lui aussi semblait étrange... Avait-il
décidé de cesser ses enfantillages et de lui ficher la
paix ? Non... Harry peinait à le croire, et il n'avait pas
non plus l'intention de demander au Maître des Potions
pourquoi il ne lui avait pas adressé quelque rictus moqueur.
Mieux valait oublier tout cela. Même si sa curiosité
était éveillée, de toute façon, il ne
saurait rien ce soir. Il devait dormir... une bonne nuit de repos
sans les ronflements bruyants de l'oncle Vernon, ni les
piaillements de la pauvre Hedwige enfermée dans sa cage ;
voilà ce qu'il lui fallait.
Les marmonnements de
Ron lui enlevèrent une moue d'exaspération.
Finalement, il ne savait pas ce qu'il préférait entre
les ronflements de son oncle honni à travers un mur ou ceux de
son meilleur ami à seulement quatre mètres de lui ! Il
ferma les yeux, espérant trouver le sommeil rapidement. Après
tout, peut-être que cette nuisance sonore était assez
assommante pour cela ?
Il faudra que je prévienne
Hermione à propos de ce petit désagrément...
pensa Harry.
Sa bouche se tordit en un petit rictus
moqueur.
Non... je lui laisse la surprise pour leur
nuit de noces...
Il étouffa un rire amusé.
C'était peut-être aller vite en besogne, mais il
imaginait déjà un mariage entre le jeune homme roux et
leur amie studieuse. Ils se complétaient parfaitement, et on
pouvait sentir Hermione aussi anxieuse et exigeante envers Ron qu'une
femme envers son époux. Harry n'était pas le seul à
le voir. À vrai dire, tous les Gryffindors le présumaient
eux aussi. Même les Hufflepuffs avaient quelques doutes à
ce sujet. Tous imaginaient parfaitement leur relation ; Ron serait à
l'image de son père, un peu tête en l'air et
toujours soumis à sa femme en prenant un air penaud à
la moindre réprimande. Hermione serait ferme et implacable,
comme Molly Weasley, mais aussi aimante et anxieuse.
Et
lui, Harry Potter... se marierait-il un jour ? Connaîtrait-il
la joie d'être un époux, puis un père ?
Aurait-il le plaisir de voir évoluer son enfant en toute
sécurité dans un univers sûr ? Chaque jour, il
doutait un peu plus...
Il n'était décidément
pas comme les autres et jamais il ne saurait faire sa vie avec
quelqu'un d'ordinaire. Non pas parce qu'il se sentait supérieur
aux autres. Ce n'était point une forme de dédain ;
s'il avait pu, il aurait donné toute sa richesse personnelle
pour être un garçon « normal » afin de vivre
de façon « normale ». Mais le Destin en avait
décidé autrement.
Comment quelqu'un
d'ordinaire pourrait-il le comprendre et le satisfaire ? Comment
quelqu'un d'ordinaire pourrait-il admettre que le grand Harry
Potter puisse éprouver lui aussi le doute, la peur, la
confusion, la souffrance ? Pourtant, ces sentiments, il ne les
connaissait que trop bien. Mais apparemment, seuls ses exploits
contre Voldemort savaient marquer le mental des gens qui le
côtoyaient.
Le jeune homme se sentit soudain
d'humeur sombre. L'idée de ne pouvoir faire sa vie avec
quelqu'un et de se savoir condamné à rester seul
jusqu'à la fin de ses jours le déprimait. Il serra un
poing dans la pénombre et roula sur le flanc. Les sourcils
froncés, il empoigna durement son oreiller et ferma les yeux.
Et Ron qui ronflait toujours...
Le bienheureux ! ,
pensa Harry, non sans colère.
Rageur, il serra ses
phalanges autour de la taie et battit impatiemment des pieds,
espérant que cela ferait taire le garçon aux cheveux
roux. Un grognement lui vint en réponse et Ron lui tourna le
dos dans son sommeil. Agacé, le Survivant rejeta ses
couvertures et quitta la chambre. S'enveloppant de sa cape
d'invisibilité, il s'en alla dans les couloirs, la Carte
des Maraudeurs en main pour éviter toute mauvaise rencontre.
Il progressa dans les couloirs sombres, s'aidant simplement du
vieux parchemin pour éviter les obstacles. Certes il avait sa
baguette, mais il ne voulait pas se servir du sort de lumière.
Il n'avait pas l'intention de réveiller les tableaux... la
lumière de la Lune suffisait à elle seule pour qu'il
distingue les noms des personnes à éviter sur le vieux
parchemin.
Il s'amusait à regarder les gens
défiler sur la carte et étudier leurs faits,
satisfaisant pleinement un côté voyeuriste qu'il
cherchait à cacher honteusement, il remarqua bientôt
qu'un autre élève déambulait dans les
couloirs, se cachant dans les moindres recoins pour éviter de
se trouver nez à nez avec le vieux Filch.
– Cho ?
Il
étouffa son exclamation et décida d'aller à la
rencontre de la jeune fille. Ce n'était pas courant de voir
un élève faire fi du règlement et Harry comptait
bien parler un peu avec elle, autant pour se calmer que pour
connaître le pourquoi de son doublement à Hogwarts. Il
alla vers sa direction et remarqua sur la carte que Cho était
partie dans les toilettes des garçons... Rendez-vous amoureux
? Pari entre amies ? Voyeurisme ? Le Survivant se hâta afin
d'aller aux toilettes à son tour. Il y retira sa cape
d'invisibilité et s'approcha à pas de loup. Il
tendit l'oreille.
Tout d'abord, il n'y eut que le
silence... Retenant son souffle pour ne pas se faire repérer,
le jeune homme sentait son cœur battre à toute allure sous sa
poitrine. Ses yeux, habitués à l'obscurité,
fouillèrent l'espace entre les toilettes aux portes
soigneusement fermées. Il s'aventura vers le fond de la
salle, intrigué, et tendit l'oreille pour percevoir un son,
un bruit de respiration, n'importe quoi qui puisse lui signaler une
présence humaine.
Alors qu'il retenait un
reniflement agacé à l'idée d'être
ridiculement seul dans ces toilettes, un souffle anormalement rauque
s'éleva dans la pièce. Stupéfait, le jeune
homme brun ouvrit de grands yeux surpris. Ce ton était
relativement suggestif quant à sa nature... Il s'agissait là
d'un soupir très doux mais aussi très sensuel. Un
soupir de désir, peut-être même de plaisir. Un
soupir d'homme que l'on caressait... Le Gryffindor reconnaissait
bien ce type d'expiration qui se terminait en une sorte de
complainte à la fois douloureuse et excitée... Lui-même
en avait poussées lorsqu'il avait osé enfin se
caresser. Particulièrement pudique mais curieux de découvrir
son corps, il avait toujours attendu d'être seul chez sa
famille moldue pour se masturber, sachant qu'il avait là-bas
sa propre chambre et que ses tuteurs légaux avaient un sommeil
de plomb. Pourquoi attendre de retourner chez les Moldus ? Parce
qu'il avait toujours craint que quelqu'un le surprenne à
Hogwarts. Dumbledore avait des yeux partout, sans compter les
fantômes et les esprits frappeurs.
Un second
halètement se fit entendre, à peine plus plaintif que
le premier. Harry ne put s'empêcher de rougir jusqu'aux
oreilles, manifestement embarrassé. Il avait beau avoir
quelques problèmes d'hormones difficiles à
satisfaire, il n'était pas rendu au point d'espionner les
gens dans leur intimité. Aussi cette position était-elle
plutôt dérangeante quant à sa réputation
de « Saint Potter ». Réputation fondée sur
du vent puisque la nature de ses pensées n'était en
rien semblable à celle d'un Saint.
Un soupir de
plaisir fit naître une chaleur dans le ventre du Survivant dont
les joues prenaient une teinte écarlate. Ainsi, Cho faisait
des... des « choses » aux garçons dans les
toilettes ?
Il pourrait respirer moins fort, le type !
gronda intérieurement Harry, à la fois choqué et
jaloux.
Il fixa envieusement sa carte pour savoir qui
était le nouvel élu de Cho. Hébété,
il fouilla le parchemin, détaillant le moindre millimètre
autour du nom de la Chinoise... Personne... Il leva un regard ahuri
vers la porte derrière laquelle une respiration écourtée
se faisait entendre et lui faisait perdre les sens.
– Cho... ?
bégaya-t-il, le visage en feu.
Un silence parfait
s'établit. Intrigué, le jeune homme éleva un
peu la voix pour mieux se faire entendre :
– Cho, c'est toi ?
Il y eut une exclamation étouffée...
–
Merde...
Pas de doute, c'était bien la
voix de la Ravenclaw... Décontenancé, Harry tenta de
comprendre ce que lui démontrait cette maudite carte qui ne
mentait jamais --- ce qui était bien dommage parfois. Cho
Chang était donc... un homme ? Impossible ! Elle était
sortie avec le Capitaine de l'équipe des Hufflepuffs.
Harry
fit la moue à cette pensée...
Non, ce
n'était pas là une preuve suffisante pour s'assurer
de sa féminité.
– Cho ! s'exclama-t-il en
frappant à la porte des toilettes. Non mais... ce n'est pas
vrai !
– VA-T-EN ! hurla la voix derrière la
porte.
Les poings du jeune homme brun se crispèrent.
Il avait l'impression d'avoir été trompé par
cette personne pour qui il avait éprouvé des sentiments
tendres. La rage au cœur, Harry s'empara de sa baguette et la
brandit furieusement contre la porte en s'écriant :
–
Alohomora !
Un bruissement devança son geste
et à peine avait-il ouvert la porte qu'une corneille
s'échappait des toilettes à tire-d'aile. Cependant,
c'était mal juger le jeune homme que de chercher à le
fuir de cette manière. Après tant d'années
d'entraînement au Quidditch à pourchasser un fichu Vif
d'Or, l'Attrapeur intercepta le mouvement de fuite de l'Animagus
et il l'attrapa aussitôt par une aile. Il plaqua l'oiseau
au sol, prenant à peine garde à ne pas l'écraser
sous la pression de sa paume contre le sternum si fragile.
La
corneille se mit à croasser furieusement, se débattant
à grand renfort de coups de bec et de serres. Serrant
rageusement ses griffes autour du bras de Harry, l'oiseau noir se
sentit bien site immobilisé sur le dos, impuissant. Un moment
de panique le fit pousser une succession de cris suraigus.
Comprenant enfin que le Gryffindor ne lâcherait pas
prise, l'Animagus reprit sa forme humaine et chercha immédiatement
à repousser le jeune homme.
– Laisse-moi tranquille !
criait Cho.
Harry lui saisit les poignets et le bloqua
sous lui, ses prunelles brillant dans l'obscurité comme si
des flammes brûlaient en elles. Ses tympans ne purent supporter
plus longtemps les vociférations de Chang et une grimace lui
échappa quand un cri plus aigu que les autres résonna
dans ses oreilles douloureuses. Agacé, il gifla la joue du
Ravenclaw d'un revers de la main, lui imposant ainsi le silence.
Levant de grands yeux ébahis, Cho se recroquevilla
nerveusement, cherchant à se protéger de ses bras à
la manière d'un enfant trop souvent battu... Tremblant d'une
peur inexplicable, il jeta un regard terrifié au jeune homme
au-dessus de lui. Le Gryffindor sembla décontenancé
l'espace d'un instant, mais il se reprit bien vite et le
dévisagea de ses pupilles rétrécies par la
colère.
– Alors ! gronda Harry qui se sentait
parfaitement trahi. Tu as intérêt à m'expliquer
ça tout de suite...
Retrouvant aussitôt son
caractère vif et sauvage, le Chinois chercha à se
défaire de cette poigne de fer en se débattant
furieusement.
– Quoi, ça ? répliqua-t-il
en jetant un regard courroucé.
– ÇA !
hurla le jeune homme en plongeant sa main vers l'entrejambe de Cho
--- ne manquant pas de se surprendre lui-même de son audace.
Plus de doute possible pour Harry, il s'agissait bel et
bien d'un homme. Poussant un cri indigné, Chang le gifla de
toutes ses forces en alignant un chapelet de jurons.
– Pervers
! Mufle ! Détraqué ! Maniaque ! Obsédé !
– Obsédé ? répéta Harry, fou
de rage, interrompant de sa voix grave les piaillements aigus de son
prisonnier. Qui est le plus obsédé de nous deux ? Moi
pour t'avoir touché, ou toi pour avoir joué sur ton
ambiguïté afin de te taper les garçons de l'École
?
Ils se fixèrent un long moment. Cho semblait
démoli à l'écoute de ces propos. De son côté,
le Gryffindor savourait cette petite victoire ; une simple phrase
avait suffi pour le réduire au silence. Mais il remarqua bien
vite les tremblements de rage du Chinois...
D'un coup de
genou dans le ventre, le Ravenclaw s'échappa de la prise du
jeune homme et s'écarta d'un bond. Haletant de rage et de
peur, il fixa sombrement ces deux perles de jade qui le dévisageaient
avec fureur. Harry se redressa difficilement et se courba, passant un
bras sur son abdomen endolori. À son grand étonnement,
Cho ne chercha pas à fuir. Ce dernier se contentait de le
fixer, comme s'il s'était décidé à
répondre aux questions qui ne tarderaient pas à
fuser...
– Qui es-tu ? marmonna enfin Harry qui retrouvait à
peine son souffle. Pourquoi prétends-tu être une fille ?
Cho détourna la tête et croisa les bras sur
son torse. Sa situation n'était pas des plus enviables mais
il savait qu'à présent, il avait des comptes à
rendre. Ce n'était pas pour lui plaire. Se faire piéger
de façon si stupide... Se drapant dans sa fierté
blessée, il se tourna vers un lavabo et se lava les mains et
le visage. Visage qui exprimait une petite moue bougonne...
–
Je me protège... déclara-t-il d'une voix blanche.
Harry fronça les sourcils, cherchant à
comprendre ce que ces mots pouvaient signifier. Se protéger de
quoi ? Il ne voyait pas en quoi se travestir pouvait aider à
une quelconque protection dans un monde de magie. Manifestement, le
Chinois perçut les doutes du jeune homme et ne put empêcher
un geste impatient de la main.
– Tu n'es pas le seul à
te protéger de Voldemort ! siffla Cho.
Harry le
dévisagea un long moment, frappé d'étonnement.
Rares étaient ceux qui prononçaient ce nom maudit et
craint... Jamais il n'aurait cru qu'un faible travesti pût
proférer un tel mot sans trembler. Peu satisfait de la réponse
et visiblement intrigué, il demanda :
– Pourquoi
crains-tu Voldemort ?
– J'ai mes raisons, mais je n'ai pas
l'intention de te les raconter. En tout cas pas maintenant. Ce
n'est ni le moment, ni l'endroit !
Un rire moqueur
secoua les épaules du Gryffindor qui répliqua :
–
Parce que se masturber dans les toilettes en pleine nuit, c'est le
moment et l'endroit pour le faire ?
Le feu aux joues,
Cho porta son regard ailleurs en soupirant. Il semblait excédé
par cette réaction digne d'un Slytherin de première
année. Comment un esprit pourtant réputé pour sa
clairvoyance pouvait-il se montrer si borné ?
– Tu
penses vraiment échapper à Voldemort de cette façon,
en te faisant passer pour une fille ? demanda enfin Harry, un peu
surpris.
Cho haussa les épaules.
– Il
recherche un garçon, pas une fille. En jouant sur mon physique
ambigu, je peux me fondre parmi les élèves de Hogwarts.
Cela fait huit ans que je vis ainsi, sans qu'il parvienne à
retrouver ma trace...
– Alors tu as dû changer au moins
de patronyme pour passer inaperçu ? Sinon il t'aurait
retrouvé par ton vrai prénom...
– C'est
évident...
Une expression triste rongeait le visage
pourtant si joli du Ravenclaw. Ses yeux noirs rencontrèrent
ceux du jeune homme brun. Harry savait que Cho ne lui dévoilerait
rien de son identité. D'un côté, il ne s'en
plaignait pas ; il en avait assez vu pour la soirée.
–
Et comment fais-tu pour que les autres ne remarquent pas ton torse
plat ? Je sais qu'on peut compter pas mal sur les uniformes amples,
mais quand même...
Le Chinois s'empourpra à
ces mots et étouffa un cri offusqué.
– Harry !
Ce... c'est intime !
Harry lui-même se sentit
rougir à la nature de sa question. Stupide... et mal placée...
De plus en plus, il en venait à se demander s'il ne
possédait pas un côté malsain. Il essayait de le
dissimuler tant bien que mal, mais à chaque fois qu'une
situation le dépassait, il ne pouvait s'empêcher de
faire preuve d'une curiosité presque immorale.
- Une
vieille ruse moldue... travesti, ses pommettes ne manquant pas de se
pigmenter joliment. Une brassière, un peu de coton et c'est
bon... ça passe inaperçu...
S'il n'avait
pas été d'humeur massacrante, Harry aurait éclaté
de rire. Les Moldus avaient toujours eu des idées loufoques,
et il était bien placé pour le savoir. À côtoyer
pendant tant d'années les Dursley, il avait compris combien
le « paraître » primait sur l'« être
». Cependant, il n'avait pas assez fréquenté
les collégiennes moldues pour avoir connaissance de tous ces
petits secrets. Un tantinet désorienté, il préféra
quitter les toilettes. Il en avait décidément trop vu
ce soir ! Lui qui avait espéré se calmer grâce à
une promenade nocturne, il se sentait prêt à bondir à
la gorge du premier qui le titillerait.
Alors qu'il
posait la main sur la poignée de la porte, Cho le rattrapa par
le bras.
– Lâche-moi ! s'écria Harry en faisant
un écart.
Une expression dégoûtée
déforma son visage. L'Asiatique s'empressa de retirer ses
doigts, penaud et surpris. Il serra les mains contre son torse en un
geste de prière et baissa humblement la tête.
–
Harry... je t'en supplie, ne parle de cela à personne... pas
même à tes amis... je t'en supplie !
Sa
voix plaintive agaça l'interpellé qui marmonna :
–
J'ai pas l'intention de parler de... de ça... J'ai
autre chose à penser que les problèmes hormonaux d'un
type malsain comme toi !
Reculant d'un pas, il jugea le
garçon devant lui.
– Tant que tu ne m'approches pas,
il n'y aura pas de problème... Je garderai ça secret.
Mais comprends que je n'ai pas envie de traîner avec un
travesti qui a trompé tout le monde à propos de sa
nature... un travesti qui a même été jusqu'à
tromper son prétendu petit ami ! Enfin, si tu te souviens de
lui... Cédric Diggory, ça te dit quelque chose ?
Cho
détourna le regard, vexé. Ce ton cinglant lui faisait
froid dans le dos. L'idée d'être ainsi méprisé
pour ce qu'il était réellement le meurtrissait tout
particulièrement et lui enlevait des frissons.
– Ne
parlons pas de lui... (Il fut pris de violents tremblements et reprit
d'un ton peu rassuré :) Sa disparition a été
une déchirure...
Harry leva un regard soupçonneux
et, changeant brutalement de sujet de discussion, il murmura :
–
J'espère au moins que Dumbledore est au courant de ce que tu
es !
Cho secoua négativement la tête.
–
Harry... répliqua-t-il avant que ce dernier ne hurlât
outrage. Personne ne doit savoir qui je suis... personne.
J'ai mes raisons quant à ce déguisement, et je sais
que tu n'essaieras pas de m'arracher les vers du nez. Mais
Dumbledore, lui, me demanderait de m'expliquer et je ne veux pas
lui dire que je me cache de Voldemort. Il a connu tes parents, Harry.
Il connaît donc ta situation et tes rapports avec Voldemort. En
revanche il ne connaît pas ma famille. Je suis un orphelin.
Donc il n'a pas à être mêlé à
cette histoire. Elle ne concerne que moi. Il croit que j'ai une
famille, mais les noms qui figurent sur mes papiers d'inscriptions
ne sont qu'à caractère administratif. Il n'y a rien
derrière le patronyme « Chang ». Je dois me
protéger de cette manière Harry. Personne ne doit me
connaître... et toi seul peux le comprendre.
En
effet, Harry se rendait compte qu'il était le seul à
pouvoir le comprendre. Il partageait lui aussi ce désarroi,
cette volonté de rester seul, de se débrouiller tout en
gardant ses secrets. Il savait aussi que si ses parents avaient été
inconnus de Dumbledore, ce qui était le cas de Cho, alors il
aurait lui aussi cherché à cacher farouchement son
passé.
Il inspira profondément et soupira,
fixant sa Carte.
Pourquoi la carte a-t-elle montré
le nom de « Cho Chang » si ce n'est qu'une couverture
? Ce n'est pas logique, quelque chose cloche dans cette histoire.
Sauf peut-être... peut-être que si je demande à
Remus...
- Tu devrais partir maintenant... répliqua-t-il
en coupant le fil de ses pensées. Tu pourras devancer Miss
Norris et éviter qu'elle ne te repère.
Cho
sourit doucement et hocha la tête. C'était une façon
indirecte pour Harry de promettre qu'il garderait son secret pour
lui seul.
– N'oublie pas, je suis un Animagus de taille assez
discrète... chuchota-t-il avec un clin d'œil malicieux.
Merci encore, ajouta-t-il gravement.
Harry hocha
simplement la tête. Il s'enveloppa dans sa cape
d'invisibilité et regagna les dortoirs de sa maison. De son
côté, Cho se métamorphosa en corneille et prit
son envol en direction de son lit, dans l'aile des Ravenclaws.
Calmement, il reprit forme humaine et se glissa entre ses draps, se
recroquevillant pour mieux apprécier la chaleur naissante.
Enfin, pour une fois, il se sentait moins seul. Il avait
pu raconter son secret à un être qui lui était
cher. Certes, Harry ne s'était pas montré
enthousiaste à cette découverte, et Cho le comprenait
parfaitement, mais il était resté relativement ouvert
au dialogue. Même si le début de la discussion avait été
houleux, l'humanité du Gryffindor avait refait surface pour
faire preuve d'un peu plus de courtoisie malgré le sentiment
de colère naissant.
Harry était quelqu'un
de bon, cela ne faisait évidemment aucun doute. Mais ce soir,
il avait démontré toute sa grandeur en respectant la
pudeur outragée de Cho et en évitant de lui faire subir
un interrogatoire interminable. Pourtant, il aurait eu toutes les
raisons du monde de l'envoyer dans le bureau du Directeur. Après
tout, il était vrai que le travesti avait agi en traître
en dissimulant sa nature à tous ses amis et à ses
supérieurs.
Se pelotonnant dans ses draps de coton,
il jeta un regard par la fenêtre où une lune rayonnante
illuminait la nuit. Ses yeux noirs se perdirent un moment dans
l'encre de la nuit, puis un sourire un brin rêveur étira
ses lèvres douces. Le Chinois ferma les yeux et les limbes du
sommeil l'enveloppèrent pour une tendre étreinte
qu'il ne refusa pas. Il pria simplement de passer une nuit sans
cauchemar, sans rêve. Une nuit calme, comme il n'en avait
plus connu depuis des années...
§§§
Ron se leva en
sursaut et comprit à la vue des autres lits vides qu'il
était en retard. Il jeta un regard à Harry qui semblait
toujours se reposer dans les bras de Morphée. Clignant ses
yeux ahuris, le jeune Weasley mit un certain temps avant de paniquer
et se ruer vers le Survivant, piaillant à tout va en se
bataillant avec les draps blancs de son ami ensommeillé.
–
Harry ! Harry ! On est en retard ! On n'aura pas le temps de
déjeuner !
Le petit-déjeuner était le
repas le plus sacré dans la vie de Ron. Ne pas déjeuner
pour le rouquin était à peu prêt aussi dramatique
que priver Harry de son balai le jour de la finale de Quidditch.
Un
grognement lui fit comprendre que le jeune homme brun était
réveillé et aussitôt, Ron s'engouffra dans la
salle de bain, laissant derrière lui un garçon
déboussolé aux yeux gonflés et à la
chevelure plus décoiffée que jamais. Soudain tout seul
dans la chambre, Harry observa la pièce tout autour de lui. Il
n'avait pas trouvé le sommeil avant l'aube, trop
bouleversé après son altercation nocturne avec Cho.
Secouant brutalement la tête, il tendit la main vers
ses lunettes et les glissa sur son nez. De son côté, Ron
jaillit de la salle de bain, retenant tant bien que mal sa serviette
de douche entre ses jambes. Un sourcil haussé, son ami réprima
de justesse un sourire amusé et s'en alla à son tour
faire sa toilette du matin. Il se hâta, passant un coup de gant
froid sur son corps afin de se réveiller une bonne fois pour
toutes.
– Vite Harry ! On aura tout juste cinq minutes pour
manger !
Et quelques minutes plus tard, ne prenant point
la peine de s'asseoir sur les bancs de la Grande Salle, tous deux
engloutirent un sobre repas. Harry jeta un coup d'œil curieux
par-dessus son épaule, cherchant du regard Cho Chang. Il le
trouva à sa table, en train de dessiner... Sans doute avait-il
la chance de commencer plus tard ! Malheureusement pour les
Gryffindors de septième année, il fallait se lever tôt
quatre fois dans la semaine. Ils avaient tous connu meilleur emploi
du temps, mais cette dernière année était très
chargée... Harry commençait même à douter
de sa participation aux matches de Quidditch en évaluant tout
le travail à fournir pour passer les ASPICs avec succès.
Engouffrant un dernier croissant, Ron se leva brutalement,
son sac de cours sous le bras, et son ami le suivit aussitôt,
ne se préoccupant plus de Cho ni du Quidditch. Ils se
frayèrent un chemin parmi les élèves amassés
dans les couloirs tout en évitant soigneusement les
projectiles indéfinissables que leur lançait Peeves,
puis ils parvinrent finalement à distinguer la porte de la
salle de cours. Cours de Potions, bien sûr... Cours que tous
les élèves autres que Slytherins craignaient. Arriver
en retard ne plaisait pas du tout à Harry. Il entendait déjà
la voix lancinante et sarcastique du Professeur Snape qui leur
retirerait au mieux une vingtaine de points.
La porte se
referma derrière le Maître des Potions et, d'un même
mouvement, les deux retardataires se précipitèrent sur
la poignée. Celle-ci s'ouvrit si subitement sous la double
pression qu'ils plongèrent dans l'allée principale,
cherchant en vain à retrouver leur équilibre. En un
pathétique bruit mat, ils s'effondrèrent sur les
dalles glacées.
Les éclats de rires des
autres élèves s'élevèrent, mais un
regard furibond du Professeur les fit se taire. Seul Draco ne put
retenir quelque ricanement amusé.
– Silence... maugréa
le Professeur avec colère.
Le jeune Malfoy se tut
et dévisagea froidement le visage émacié du
Directeur de sa maison. Ce dernier l'ignora superbement et jeta un
regard excédé aux deux Gryffindors.
– Eh bien,
Messieurs Potter et Weasley, vous avez à présent
assimilé les mystères de la loi de la pesanteur... Il
ne fait aucun doute que le Professeur Flitwick sera ravi de
l'apprendre.
Son ironie indolente enleva quelques rires
discrets. Aussi rouge que ses cheveux, Ron prit une mine penaude. Il
se savait parfaitement incapable de s'expliquer correctement devant
cet homme qui, dans ce genre de situation, l'effrayait presque
autant que les araignées. Un grognement étouffé
par quelques toussotements attira ses yeux hagards sur la forme
allongée qui lui servait de coussin.
– Ron...
Pousses-toi, tu m'écrase...
– Pardon ! souffla le
rouquin en se redressant précipitamment.
Harry se
mit à tousser et prit appui sur un coude. Ils ne comprenaient
pas pourquoi celui qui les haïssait plus que tout au monde
n'avait pas sauté sur l'occasion afin de retirer des
points à leur maison. Enfin, ils n'allaient certainement pas
s'en plaindre.
– Regagnez vos sièges tous les deux, et
tâchez de ne plus perturber mon cours, à moins que vous
teniez à figurer sur la liste des ingrédients pour la
potion le jour de l'examen, marmonna le Professeur entre ses dents.
Harry et Ron obéirent aussitôt et se
rangèrent sur un banc. Tout bien considéré,
cette impassibilité était beaucoup plus inquiétante
que les habituelles punitions...
Les deux amis sortirent
leurs parchemins et prirent leurs plumes, décidés de ne
pas s'attirer les foudres de Snape pour ce premier cours. Sous le
soupir d'une Hermione exaspérée, ils commencèrent
à recopier les ingrédients de la potion qu'ils
s'apprêtaient à concocter et se tournèrent vers
leurs chaudrons.
Harry était songeur. Il brûlait
d'envie de raconter à Ron ce qu'il avait vu la veille.
Certes ce n'était pas le moment et encore moins l'endroit,
mais il éprouvait le besoin de se confier. Il ne se sentait
pas capable d'assumer un tel secret. Une pensée obsédante
fit soudain pâlir son teint hâlé. Bientôt,
le vert remplaça la blancheur cadavérique de son visage
et il plaqua ses mains contre sa bouche en se courbant, en proie à
un haut-le-cœur.
– Harry ? souffla Ron. Ça va ?
L'interpellé hocha vivement la tête, mais
ce simple geste suffit à le rendre d'autant plus malade.
Hermione jetait des coups d'œil à la fois réprobateurs
et inquiets. Se faire remarquer une fois de plus pendant le cours de
Potions leur ferait perdre des points, et Gryffindor n'était
qu'en troisième place.
– Regardez-le, il est aussi
vert que mon écharpe, murmura une voix traînante.
Ron
et Hermione fusillèrent Draco du regard tandis qu'il
ricanait en compagnie des deux brutes épaisses qui lui
servaient de gardes du corps. Cependant, le Slytherin n'avait pas
tort... Harry était livide, et la classe tout entière
ne tarda pas à s'en apercevoir.
– Monsieur Potter, il
est parfaitement inutile d'assister à un cours si vous ne
vous sentez pas capable de le supporter jusqu'à son terme,
répliqua Snape d'un ton glacial. Sortez d'ici et allez à
l'infirmerie.
Effarés, les élèves
ouvrirent de grands yeux. En temps ordinaire, leur Professeur
n'aurait pas tenu compte de ce malaise et aurait même été
jusqu'à retirer des points à Harry en l'accusant de
comédie. Le Maître des Potions constata les visages
démontés de ses élèves et répliqua
:
– Ne saviez-vous pas que régurgiter dans cette potion
avait un effet explosif particulièrement violent ? Je ne tiens
pas à ce que Hogwarts et sa région soient à tout
jamais rayés de la carte du monde à cause de la nausée
de notre sauveteur...
Il fixait Harry avec une
certaine contrariété.
– Monsieur Potter,
tenez-vous absolument à nous détruire tous ? Je vous
ordonne de sortir de cette salle et de vous rendre à
l'infirmerie. Votre ami se chargera de ramener vos affaires là-bas
dès la fin du cours.
Ron hocha maladroitement la
tête et Harry marmonna quelque chose d'incompréhensible
en disparaissant derrière la porte.
– Il a dit quoi ?
chuchota Hermione à son ami, intriguée.
Le
rouquin haussa les épaules, mais Neville, les joues rougies
par la surprise, répondit dans un souffle court :
– Je
crois qu'il a remercié le Professeur Snape...
§§§
Après
avoir toussé un long moment au-dessus d'une bassine, Harry
leva un regard pathétique vers Mrs Pomfrey et prit d'une
main tremblante le gobelet qu'on lui tendait.
– Ce genre de
malaise vous arrive souvent, jeune homme ? demanda l'infirmière
en un regard mi-sévère, mi-inquiet. Heureusement, ce
n'est pas très grave... Vous irez mieux dans quelques
minutes, vous pouvez retourner à votre cours.
L'élève
but d'un trait le médicament et glissa du lit, arrangeant
distraitement les plis de sa robe. Embarrassé, il baissa les
yeux et remercia Mrs Pomfrey.
– Désolé de vous
avoir dérangée... ajouta-t-il en quittant l'infirmerie
précipitamment.
Une fois seul dans les couloirs,
Harry plaqua ses mains contre un mur et posa son front sur les
pierres froides.
– J'ai été... embrassé...
par un garçon... J'ai été... embrassé...
par un garçon... répétait-il sans cesse
en se cognant au rythme de ses paroles.
– Potter ? fit la voix
stridente du Professeur McGonagall.
Le jeune homme leva
deux yeux fatigués vers la vieille femme.
– Potter,
qu'est-ce qui vous prend ?
Le jeune homme posa une main
sur son front douloureux et grimaça. Que pouvait-il dire à
présent ? Il n'aimait pas mentir à sa Directrice,
mais il n'avait malheureusement pas le choix. Cependant, il n'était
pas doué non plus pour raconter des histoires dans le but de
se dédouaner. Il se massa la nuque maladroitement et se racla
la gorge pour expliquer :
– J'ai un mal de ventre... en me
tapant la tête et en me faisant mal, je me dis que je ne
penserai plus à la douleur du ventre...
Pas
convaincant du tout... Ou bien digne d'un fou échappé
des hôpitaux psychiatriques, mais Harry n'aimait pas cette
éventualité. Pris au dépourvu, il croisa
discrètement les doigts pour que McGonagall ne fasse pas plus
attention à lui.
Un regard soupçonneux
par-dessus les montures de ses lunettes, la Directrice de Gryffindor
se garda de tout commentaire et continua son chemin. Alors le jeune
homme glissa contre le mur et se prit la tête entre ses doigts
crispés.
– Harry ?
C'était Cho. Le
Gryffindor tressaillit à sa voix et se redressa brusquement,
le feu aux joues. À la manière d'un chien curieux,
Cho pencha la tête d'un côté. Il remarqua le
front rougi par les coups violents contre le mur et s'exclama :
–
Mais il faut faire soigner ça ! Ça doit te faire mal !
À peine eût-il tenté un geste pour
inviter Harry à le suivre qu'il se fit violemment repousser.
– Ne m'approche pas, je t'ai dit ! s'écria-t-il,
presque hystérique.
Les regards courroucés
des fantômes les fusillaient littéralement et le sourire
de l'Asiatique s'effaça. Les fesses sur le sol froid, les
livres et les parchemins éparpillés autour de lui, il
préféra garder le silence et ne pas attirer l'attention
d'autrui.
Dédaigneux, Harry gronda sourdement :
– Je ne suis pas ton ennemi, Chang, mais je ne serai plus ton
ami... Est-ce clair ?
Sans attendre de réponse, il
tourna les talons et s'en alla, regagnant sa salle de cours. De son
côté, Cho se releva et rassembla ses affaires pour
entrer dans la salle où Sybill Trelawney tenait ses cours
d'Arts Divinatoires. D'ordinaire, il adorait ce cours. Mais à
présent, il n'avait plus envie d'y assister. Blessé
dans sa dignité, il voulait sortir de Hogwarts, fuir cette
école et courir sans but, jusqu'à en perdre haleine.
Il monta à l'échelle et entra dans la salle.
Aussitôt, les effluves d'encens et d'huile parfumées
à brûler l'enivrèrent, lui faisant
momentanément perdre sa morosité. Il s'assit sur un
coussin à côté d'un couple et tous attendirent
que le Professeur Trelawney annonce la prochaine victime de quelque
dragon ensorcelé par un esprit malfaisant.
Impensable,
se dit-il avec agacement.
– Je sens ici une âme
tourmentée, fit la voix de Sybill qui semblait parler depuis
l'au-delà.
– Nous le sommes tous à ce cours...
marmonna le Chinois pour lui-même.
Quelques rires
s'élevèrent et le Professeur se leva, pointant ses
doigts couverts de bagues vers Cho et ouvrant grand ses yeux derrière
les loupes qui lui servaient de lunettes. Avec ses longs cheveux en
bataille et son air hagard, elle semblait tout droit sortie d'un
manoir hanté.
– Vous, je vous sens troublée... de
sombres idées traversent votre esprit, murmura
sentencieusement Trelawney en posant une main osseuse sur la cuisse
de son élève. Allez-y... Osez vous exprimer, et allez
au fond de votre pensée...
Cho tressaillit à
la vue de ces doigts griffus posés au hasard à quelques
centimètres seulement de son entrejambe. Ses muscles se
crispèrent à ce contact déplaisant. Jetant un
regard terrifié à l'enseignante, il poussa alors le
cri du cœur :
– Vous me faites peur !
– Pardon ? demanda
le Professeur en clignant des yeux.
Toujours aussi
déboussolée et sans doute à moitié
sourde. Du moins, sourde pour ce qu'elle ne voulait pas entendre !
Cela ne faisait aucun doute...
– Je... Je veux dire...
Un
présage néfaste ; Trelawney en raffolait... Alors il
s'élança vers sa seule issue.
– Je pense que je
vais bientôt mourir. Quelqu'un me tuera. Souvent, je vois des
corbeaux à ma fenêtre, et parfois je croise sur mon
chemin des loups noirs.
Sybill prit alors un air
mi-exaspéré, mi-attendri.
– Ma chère
enfant, vous accordez trop d'importance à ce que vous
êtes... Tout le monde ici sait que personne n'ira s'en
prendre à vous, vous êtes bien trop insignifiante pour
qu'on vous veuille du mal...
Le Professeur s'en
retourna à sa petite table sous les yeux ébahis de Cho.
De toute sa vie, jamais encore il ne s'était fait rabaisser
en public, encore moins de cette façon. Mais étrangement,
cette révélation lui enleva un sourire. Après
tout, il vivait dans l'ombre et avait su échapper à
la notoriété du fait de ses exploits uniquement connus
en Chine, son pays d'origine. Harry Potter, lui, avait contré
Voldemort sur les terres de la Grande Bretagne, là où
s'était établie l'École de Hogwarts. Il
n'était donc pas étonnant de le savoir victime de sa
trop grande célébrité.
Soudain, Cho
éprouva un mal-être... Une sorte de mal du pays plus
exactement. La Chine lui manquait terriblement. Certes ce n'était
pas un pays des plus tolérants, la vie était très
chère pour ses habitants, la pauvreté de certains lieux
était affligeante... Mais il aimait ce pays, ses traditions,
ses coutumes. Il avait envie d'y retourner.
Concentre-toi
sur tes cours... rappela la petite voix de la conscience si
agaçante.
Avec un soupir, il se pencha vers la
boule de cristal qu'il fallait étudier et la tapota du bout
du doigt, ignorant le couple à ses côtés qui se
glissait des mots doux à l'oreille. La tête soutenue
par sa main, il laissait son regard vide errer dans la brume. Le
mouvement lent et presque paresseux de la vapeur s'affola
soudainement ; un serpent se matérialisa dans le verre pour
siffler méchamment à l'intention de Cho. Cette vision
s'accompagna d'une vive douleur dans le dos et le Chinois tomba
de son coussin, terrifié. Le cœur battant, il ramassa ses
affaires et bredouilla une excuse avant de fuir la salle à
toute allure. Il traversa en coup de vent les couloirs, se frayant un
chemin parmi la masse d'élèves à grand renfort
de coups de coudes. Bien vite, il regagna sa chambre et jeta son sac
sur le lit. Il s'enferma ensuite dans la salle de bain et se
recroquevilla dans un coin pour trembler.
Jamais encore il
n'avait vu une telle apparition dans ces stupides boules de cristal
! Et en tant ordinaire, il aurait relativisé ce message qu'on
lui avait envoyé. Du moins, si cela pouvait être
qualifié de message. Aux yeux de Cho, ça avait plutôt
l'air d'une menace...
S'il n'avait pas été
découvert par Harry, s'il n'avait pas été
incité par Trelawney à faire une stupide prédiction,
jamais il ne se serait enfui de cette façon pendant ce cours
qu'il adorait et auquel il était tout particulièrement
assidu.
Un claquement sec le fit sursauter. À la
fenêtre de la salle de bain laissée entrouverte, une pie
le fixait, un parchemin enroulé autour de la patte.
À
peine eût-elle vu l'Asiatique tendre le bras vers elle que la
pie déploya ses ailes pour voleter jusqu'à lui. Elle
claqua à nouveau du bec et commença à fouiller
la longue chevelure de Cho comme pour lui faire une toilette. La main
tremblante de l'éphèbe se referma sur la lettre et il
défit le ruban rouge pour dérouler le vieux papier. Le
ventre tenaillé par l'inquiétude, il posa ses yeux
sombres sur les lettres noires.
Tu t'es fait
découvrir. Cela aurait pu te coûter bon nombre d'ennuis,
j'espère que tu sauras tirer les conclusions de cette
mésaventure. PS
: Je compte sur toi pour demander une chambre individuelle au
Directeur de l'École. Cette année, tu dois rester à
l'écart.
Aussi gentil soit Harry Potter,
n'oublie pas que tu ne peux faire confiance en personne, pas même
lui. Il a la particularité d'attirer les regards, alors ne
le fréquente pas. Le maître mot est « discrétion
», dois-je te le rappeler ? Tu es seul à Hogwarts, mais
n'oublie pas quelles sont les raisons de ton inscription là-bas.
Nous nous reverrons très bientôt, j'ai
quelques nouvelles instructions à te donner.
À la fin de la
lecture, la lettre s'enflamma entre les mains de Cho et la pie
battit nerveusement ses longues ailes.
Je devrais
peut-être lui répondre...
Il secoua
négativement la tête. Échanger des lettres avec
cet homme était risqué ; il ne voulait pas que
quelqu'un de mal intentionné intercepte le courrier.
Caressant la tête de l'oiseau, il se leva et se dirigea vers
la fenêtre.
– Va rejoindre ton maître, murmura
gentiment le Chinois avec un sourire.
La pie croassa comme
pour protester et émit une série de claquement de bec
derrière l'oreille de son compagnon bipède pour le
toiletter. Cho se permit un petit rire et il pencha la tête
d'un côté pour éviter les gentils pincements de
l'animal.
– Tu me chatouilles ! Allez, dépêche-toi...
L'oiseau ne s'attarda pas plus longtemps et s'envola.
Le cœur léger, Cho fixa la pie qui disparaissait petit à
petit à l'horizon. Étrangement, ce message l'avait
rassuré. Il ne se sentait plus seul, il n'avait plus
l'impression d'être vulnérable. Accoudé à
la fenêtre et profitant des rayons du soleil matinal, il ferma
les yeux. Mais bien vite il se sentit observé et son regard se
baissa vers la cour de l'École. Il fronça les
sourcils et distingua à l'ombre d'un porche le regard du
Professeur Snape.
Ils s'observèrent un long
moment, le regard dur et impénétrable, chacun cherchant
à intimider l'autre par un froncement et une mine sévère.
Plus de deux minutes s'écoulèrent ainsi. Hématites
contre hématites, les deux antagonistes se jaugeaient.
Manifestement, Severus ne l'appréciait pas. Parce
qu'il avait quitté précipitamment le cours de Sybill
Trelawney ? Cho n'y croyait guère. Le Maître des
Potions ne faisait pas dans l'humanitaire et même s'il se
montrait rigoureux quant au respect du règlement, chercher des
broutilles à des élèves autres que Gryffindors
ne l'intéressait pas.
Le Chinois connaissait bien
ce Professeur. Ancien Mangemort et d'une lucidité à
toute épreuve. Froid, impassible, détestable depuis son
apparence jusqu'au fond de son cœur. C'était l'image
même que Snape cultivait, mais Cho en savait bien plus sur lui,
et il lui arrivait même de prendre en pitié le Directeur
des Slytherins. Cependant, se voir scruté de cette façon
par un professeur pendant de longues minutes n'était pas
pour le rassurer.
Je deviens paranoïaque... il
faudrait que je me calme un peu...
Finalement, une
fille entra dans la salle de bain, lui faisant rompre tout contact
visuel avec l'homme.
– Cho ! s'exclama-t-elle. Je ne savais
pas que tu étais là !
Elle s'approcha de
la fenêtre et observa la cour.
– Qu'est-ce que tu
faisais à regarder par là ?
Cho se tourna à
son tour. Naturellement, le Professeur de Potions avait disparu...
–
Moi et Snape, on se regardait dans le blanc des yeux ! s'exclama-t-il
en mimant un soupir extatique.
– Bêrk !
– Oui,
comme tu dis...
Cho sourit poliment et quitta la salle de
bain, saluant au passage les filles qui partageaient sa chambre. Il
sortit de la Salle des Ravenclaws et s'engagea d'un pas sec vers
la grande statue qui le mènerait au bureau de Dumbledore. Le
cœur battant d'excitation, il redoutait un peu sa confrontation
avec le grand Sorcier. Pourtant, on lui avait demandé de faire
cette démarche administrative auprès du Directeur de
Hogwarts, et le Chinois n'avait pas l'intention de désobéir
à l'ordre.
À suivre...
Rhaaa ! Ma première fic à chapitres "Harry Potter" (et accessoirement la première fic HP que je publie sur le net !)... ENFIN ! Depuis le temps que je voulais ça ! Je pense que j'ai attaqué un gros morceau là, en travestissant Cho et en reprenant la septième année de mon point de vue... (d'autant plus que j'ai pas la moindre idée de comment la série va finir, alors j'espère juste être de taille à faire une histoire intéressante --- ça c'est pas gagné ---, et pas trop en désaccord avec l'ambiance générale de Hogwarts... Oui, je n'aime pas le OOC -.-").
Il aura fallu une bonne semaine pour m'y mettre vraiment (j'avais quelques idées sur un bout de papier mais rien de bien concret). Enfin bref, j'espère que cela vous plaira ! D'un côté, si vous avez lu jusqu'au bout de ce chapitre, c'est bien parce que vous avez apprécié, sinon j'appelle ça du masochisme...
Oui enfin chacun ses préceptes après tout... O.o
voilà voilà ! pour ceux qui auront
lu et qui en ont envie, n'hésitez pas à commenter
l'histoire afin de me dire ce que vous en pensez sincèrement !
Que ce soit bon ou mauvais, je suis toujours preneuse car les
critiques sont un excellent moyen d'évoluer dans son style
d'écriture, n'est-ce pas ? ...
Ouh-là, je commence
à causer riche moi ! je m'en vais me réfugier dans mon
terrier...
Bzu-bzu à tous !
Tanuki
