Salut tout le monde ! Cette story est une TRADUCTION de l'histoire de Olivia_Janae : Phantom Touch. Je la remercie de m'avoir autorisée à la traduire :)
Disclaimer : DU COUP évidemment l'histoire ne m'appartient pas, et les personnages encore moins ^^
Emma se réveilla en sursaut au son de son propre gémissement de plaisir – comme d'habitude depuis quelques temps, elle se réveillait avec une main prise en étau entre ses cuisses tremblantes. Elle haleta, renfrognée. Clignant des yeux contre le bois de son bureau, elle mit un moment avant de se rappeler de l'endroit où elle se trouvait.
Du café – elle sentait l'odeur écœurante du Folgers – et des Cheetos –, des donuts vieux de trois jours et ses affaires de bureaux. Ah elle était au poste, bien sûr. Parce qu'elle avait la poisse au point de faire ce genre de rêve au poste. Elle laissa échapper un geignement plaintif et se retint de grogner de frustration ou de flanquer un coup de pied dans quelque chose – n'importe quoi. Elle retira sa main de l'entre-jambe de son jean et effleura de la main le sein que, quelques instants plus tôt, l'étrange toucher fantôme avait doucement caressé jusqu'à ce que son téton soit érigé, dur et insistant. Elle ne savait pas très bien si elle se touchait pour chasser la sensation intense ou pour l'inciter à revenir. Lorsqu'il s'agissait de ce phénomène étrange, elle ne savait jamais, de toute façon.
Elle grogna de nouveau, juste parce que ça faisait du bien, avant d'enfouir sa tête dans ses bras, tentant de se blottir – de se perdre – dans la sensation de désir qu'elle éprouvait.
Ça avait commencé au Pays Imaginaire. Mais au Pays Imaginaire, ce genre de choses bizarres était... normal, en quelque sorte.
Au début, elle avait paniqué, elle avait cru qu'elle devenait folle. Elle avait beuglé et hurlé sur les lianes et sur les broussailles, seule dans la jungle de cette putain d'île. Elle ne savait pas ce que c'était tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle n'avait pas donné à cette chose la permission de la toucher, et qu'elle allait donc la combattre de toutes ses forces.
Mais le toucher avait été apaisant : une douce caresse alors qu'elle se rongeait les sangs à propos de leur fils disparu ou un massage relaxant et bienveillant lorsqu'elle avait du mal à s'endormir. Le contact était devenu un ami cher, dont elle avait besoin et qui la rassurait.
Mais bientôt, et malgré leur chasteté première, les caresses avaient commencé à susciter son désir.
Peut-être qu'elle avait été responsable du fait qu'elles soient devenus plus passionnées qu'innocentes. Elle était en train de se reposer sur le matelas de mousse que Regina avait créé pour elle, laissant échapper quelques larmes d'inquiétude pour Henry, quand le toucher était apparu. Emma avait aussitôt soupiré de bonheur, heureuse de sentir les doigts chauds dessiner des cercles rassurant sur sa nuque pour détendre ses muscles douloureux. C'était comme si le toucher savait exactement pourquoi elle était bouleversée et qu'il lui murmurait que tout finirait par s'arranger.
Il s'était concentré un moment sur ses épaules, puis sur son cou et son dos, de manière tellement intime que lorsqu'il avait glissé le long de son corps, Emma avait dû se mordre la lèvre pour étouffer sa respiration haletante.
Elle avait appris à faire confiance au toucher depuis plusieurs semaines déjà, lorsqu'il l'avait sauvée en l'empêchant de tomber du haut d'une falaise alors qu'elle pourchassait Felix. Il l'avait solidement agrippée par le bras et lui avait fait réaliser l'erreur qu'elle était sur le point de commettre. Il lui avait sauvé la vie.
Quand elle s'était blessée en trébuchant sur un rocher, il avait nettoyé et pansé ses plaies dans son sommeil.
Et donc, lorsque pendant l'un de ses massages habituels, elle avait involontairement laissé échapper un soupir de plaisir et que le fantôme avait marqué une pause dans ses mouvements, elle n'avait pas réfléchi. Elle avait rit lorsqu'un doigt avait effleuré sa taille, la chatouillant juste de la bonne manière. Son rire s'était fait plus franc lorsque le toucher s'était mis à jouer sur ses côtes, expérimentant, la faisant glapir et se tortiller comme une petite fille. Mais son rire était resté bloqué dans sa gorge quand le toucher avait glissé le long de sa poitrine, entre ses seins, lui coupant le souffle.
Les gestes avaient changé après ce soir là. Le toucher la caressait et la réconfortait toujours autant, mais c'était comme si elle venait de commencer une relation amoureuse, et qu'il ne pouvait pas se détacher d'elle, comme s'il recevait autant de plaisir qu'elle en la câlinant. Lorsqu'elle était seule, elle passait son temps à lui parler à voix basse pendant qu'il jouait avec son corps, rendant sa respiration pantelante, faisant rouler ses yeux dans leurs orbites. D'une certaine façon, le toucher lui répondait une caresse ici, un frôlement là, ce qui laissait penser à Emma qu'il comprenait ce qu'elle disait et qu'il lui répondait à sa manière.
Mais ils étaient rentrés, maintenant. Les choses auraient dû redevenir normales – enfin, si elle arrivait à oublier les plaintes incessantes des deux hommes qui se disputaient pour obtenir ses faveurs.
Henry allait bien. Regina et elle étaient… amies ? En quelque sorte. D'une certaine manière. Elle ne savait pas trop, mais en tout cas, elles ne s'insultaient plus à tout va et ne se battaient plus à coup de poing – et encore moins à coup de magie. La situation n'avait pas arrêté de partir en couille sévère depuis la fin de la malédiction, il était grand temps que les choses commencent à se calmer.
Tout aurait dû redevenir normal, bon sang.
Petits-déjeuners chez Granny. Amener Henry à l'école. A part les dernières conneries des adolescents idiots de Storybrooke, et avoir à choisir entre porter un jean slim bleu ou gris foncé, elle n'aurait pas dû avoir de problème.
Malheureusement, ça ne se passait pas comme ça, parce que chaque fois qu'elle commençait à se sentir « normale », les caresses fantômes réapparaissaient jadis réconfortantes, elles étaient devenues déroutantes.
Pourquoi continuaient-elles ? Quand ils avaient quitté le Pays Imaginaire, elle avait supposé que le toucher disparaîtrait. Elle avait pensé que c'était une sorte de magie étrange et engendrée par l'île qui avait finit par la connaître si intimement. Au départ, elle s'était même inquiétée en pensant que ça pouvait être Pan, mais cette peur s'était évanouie lorsqu'elle s'était rendu compte que ce garçon ne pourrait jamais lui faire éprouver les sensations que ces mains invisibles éveillaient en elle.
Elle était en train de se rendre quelque part dans le centre ville de Storybrooke, quelques jours après son retour, lorsqu'une main douce et affectueuse avait soudain effleuré très légèrement sa colonne vertébrale, comme pour lui dire bonjour. Emma avait senti un frisson parcourir son corps. Elle avait d'abord sourit de contentement, se sentant momentanément moins seule, avant de réaliser ce que ça impliquait et de s'arrêter net. Jefferson, qui ne s'était pas attendu à rencontrer un obstacle sur son chemin, lui était rentré dedans et elle avait failli lui en coller une, pensant un instant que la caresse venait de lui.
Le toucher qui venait de revenir était de nouveau docile ; on aurait dit qu'il avait perdu un peu de sa témérité. Il était poli, hésitant, frôlait délicatement différentes parties de son corps, comme on ferait pour donner un massage ou une tape sur l'épaule d'un ami fatigué. Emma en avait été étonnée, mais à sa propre surprise, elle l'avait accueilli.
Ces dernières semaines, cependant, il était redevenu familier, voire carrément sexuel ; glissant sur son ventre juste au dessus de ses sous-vêtements quand elle était dans son lit, ou bien remontant le long d'une cuisse, ou, plus récemment, cajolant sa poitrine, la taquinant de son souffle et jouant avec ses tétons jusqu'à ce qu'elle le supplie d'arrêter, ou de faire plus.
Les caresses faisaient ressortir des envies qu'elle avait décidé d'écraser et d'enterrer au plus profond d'elle-même plusieurs années. Storybrooke était une petite ville, et il était hors de question qu'elle commence à déconner. Pourtant, plus le toucher faisait ressurgir ces sentiments, plus il était dur de les remettre au placard. Ils étaient devenus désespérés, furieux, enfermés dans leur prison solitaire. Elle ne savait pas pendant combien de temps encore elle pourrait les ignorer.
Peut-être que si elle arrivait à trouver ce que – non, qui – non, ce que – Elle n'était pas sûre de savoir s'il s'agissait d'une personne ou d'une chose. D'un côté, elle pensait que le toucher était fantôme ; une création de son esprit, et le fruit d'une imagination peu inventive, en manque, et surtout exténuée. Mais un jour, en sentant sur son ventre l'effleurement d'une main, elle avait vu pour la première fois l'empreinte légère de doigts qui se déplaçaient sur sa peau.
Surprise, elle avait essayé de les repousser elle avait donné des coups de pieds dans le vide, elle avait hurlé dans le noir, mais le toucher s'était seulement éloigné un moment pour lui laisser le temps de se calmer avant de se poser affectueusement sur sa joue, comme pour la rassurer. Puis il avait sillonné son corps d'une manière si intime qu'elle en était restée pantelante, le dos légèrement arqué sur son lit.
C'était probablement l'un des deux Crétins, à son grand regret. Neal ou Hook. Il était plus que probable que l'un d'entre eux soit allé voir Rumplestiltskin alors qu'ils étaient encore sur l'île pour lui demander un sortilège bizarre qui la séduirait sans que l'autre ne s'en rende compte. A tout moment, il allait se révéler fièrement, probablement en présence du rival, fort de son plan débauché – et pourtant légèrement réussi.
Et qu'est-ce qu'elle ferait, à ce moment-là ?
Cette pensée lui donnait envie de recommencer à repousser les touchers fantômes, de nier la connexion qu'elle ressentait et de se dérober complètement. Elle souhaitait encourager le moins possible les deux hommes dans leur rivalité puérile et idiote, bon sang.
Mais s'il s'avérait qu'il s'agissait bien de l'un d'entre eux, que ferait-elle ? Le toucher, de bien des manières, était devenu son meilleur ami et sa seule source de réconfort. Est-ce qu'elle repousserait l'homme qui avait initié ces caresses ? La douceur qu'elle percevait à travers les doigts fantomatiques était affectueuse, attentionnée, attentive – et enivrante. Que ce soit Killian ou Neal – si c'était l'un d'eux – il se révèlerait être bien différent de ce qu'elle avait d'abord imaginé.
Mais – elle ne pensait pas que ça puisse être l'un de ces nouveaux prétendants dont elle ne voulait pas. L'un comme l'autre, pour des raisons différentes, semblaient incapables d'être les auteurs de tels gestes. Quand ils avaient été en couple, Neal avait été un amant maladroit et empoté, qui l'attrapait à pleines mains ou la serrait comme un malade. Ces touchers – étaient légers, doux et d'une précision étonnante, comme s'ils savaient exactement comment s'y prendre pour rendre une femme complètement folle.
Et Hook, et ben, sans vouloir l'offenser, elle était prête à parier que c'était un amant égoïste. Ses mots doux étaient sympas, mais elle était sûre qu'il aurait été trop occupé à rechercher son propre plaisir pour se soucier beaucoup du sien. Il ne pouvait pas avoir ce genre d'adresse, impossible.
Non, ces touchers ne pouvaient provenir ni de l'un, ni de l'autre. Et puisque personne d'autre ne se battait pour obtenir ses faveurs en ce moment, elle en revenait à l'idée que ça devait être un fantasme crée par son inconscient, malgré l'épisode de l'empreinte de la main. Est-ce que ça pouvait être Alien ? Est-ce qu'elle était la star de son propre épisode de The X-Files ?
Elle en avait timidement parlé à sa mère, quelques jours après que les caresses aient refait surface. Elle lui avait demandé si elle avait déjà « ressenti » des choses bizarres après avoir été en contact prolongé avec de la magie, comme elle l'avait été au Pays Imaginaire. Mary-Margaret avait rit, « Oh oui », avait-elle dit. « Les choses peuvent être assez bizarres après ce genre d'expérience. Mais ne t'inquiète pas, ma puce, ça s'estompe avec le temps ».
Elle avait donc décidé d'attendre, même si elle était sûre que sa mère ne parlait pas de ce genre de choses.
Elle n'avait pas encore relevé la tête de son bureau, laissant son corps se remettre se son dernier rêve, lorsque le toucher fantôme refit son apparition. Il commença sur sa nuque, et se mit à caresser doucement sa colonne vertébrale.
Elle frissonna, toujours en manque de gestes tendres, avant d'inspirer brusquement quand il descendit plus bas que la barrière de son jean, planant juste au dessus de la ligne de sa culotte. Elle se raidit sur sa chaise avant que son corps ne recommence à s'échauffer.
- Putain ! cria t-elle en sursautant lorsqu'elle s'aperçut que Regina se trouvait de l'autre côté de la pièce, en train de se verser un tasse de café.
Ses pensées étaient tellement éparpillées qu'elle n'arrivait pas à réfléchir correctement.
Elle n'avait pas réalisé qu'elle n'était pas seule dans la pièce. Elle n'avait pas entendu Regina entrer.
Oh bon sang, est-ce que Regina savait ? Enfin, elle ne pouvait pas vraiment savoir, mais…
- Tu as un Cheeto sur la figure.
Emma rougit et fit tomber le gâteau d'apéritif orange de sa joue en se raclant la gorge.
- Tu fais des bruits très bizarres dans ton sommeil.
- Quoi ? croassa t-elle, farfouillant dans sa paperasse pour éviter de la regarder dans les yeux.
Est-ce qu'elle savait de quel genre de bruits il s'agissait ? Est-ce qu'elle pouvait le deviner ? Elle ne pouvait pas le deviner, hein ? Même s'il était excitant, le toucher ne la poussait jamais jusqu'à l'orgasme. Les caresses ne duraient jamais assez longtemps et ne se concentraient pas sur les bons endroits pour ça, mais ça ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas lui faire émettre un certain nombre de sons quand elle était seule – ou endormie, apparemment.
- Um, désolé. J'ai fais un rêve étrange. Qu'est-ce que tu fais là ?
Emma grimaça lorsqu'elle réalisa les termes qu'elle venait d'employer. Leur amitié était encore fragile ; ni elle, ni Regina ne savait très bien ce qu'elles attendaient de l'autre. Ce qui rendait la situation délicate et parfois gênante.
- Je suis venue te parler de l'individu que tu as ramené dans ma ville.
- Qui ça ? Neal ?
Regina fronça les sourcils et croisa les bras.
- Lui-même.
- Euh, d'ac.
La navigation engendrée par le fait que Henry-a-désormais-deux-mamans avait été difficile. Elle avait donné lieu a nombre de disputes, à l'époque mais maintenant qu'il y avait un troisième parti dans l'équation, il allait y avoir des problèmes, Emma en était persuadée.
- Il a décidé qu'Henry devait se mettre au football.
- Quoi ? dit Emma en ricanant. « Ça y est, c'est parti », pensa t-elle.
- Oui, apparemment ton petit-ami a décidé que la vue de notre fils tout écorché et ensanglanté lui serait plaisante.
- Neal n'est pas mon petit-ami, répliqua t-elle en se levant.
Elle se sentait désorientée. Il était difficile de retrouver les idées claires après la visite du toucher fantôme, il était juste trop – bon. Il la rendait – bon sang, elle était vraiment trop excitée pour penser correctement.
- Tu le sais très bien, finit-elle.
Quelques mois auparavant, Regina aurait balancé une remarque acerbe et désobligeante, mais au lieu de ça ses lèvres s'étirèrent pour former un sourire. Emma savait qu'elle était en train de repenser à la fois où les deux hommes avaient insisté pour avoir son attention, quelques jours plus tôt. Emme avait paniqué, ne sachant pas comment faire pour ne pas les blesser tout en restant – libre. Sans réfléchir, elle avait alors lâché qu'elle avait déjà quelque chose de prévu avec Regina, alors désolé, à plus tard.
Ce soir-là, elle avait sonné à la mansion avec une bouteille de vin et un sourire penaud. Regina avait haussé un sourcil, mais elle s'était écartée et l'avait laissée entrer. A leur grande surprise, une fois la gêne dépassée, elles avaient passé une bonne soirée. Enfin, jusqu'à ce que Regina amène le sujet des deux prétendants sur le tapis, obligeant Emma à faire face au problème.
- Emma, tu as prévu de fuir dans la direction opposée chaque fois que tu vois l'un d'entre eux pour le reste de ta vie ?
Ça déclenchait toujours un frisson de surprise dans son dos, quand Regina l'appelait par son prénom au lieu de dire « Sheriff » ou « Ms Swan » ou – les autres sobriquets dont elle l'affublait parfois.
- Non. C'est juste que – j'en sais rien.
Elle savait qu'il fallait qu'elle en choisisse un, mais merde, s'ils pouvaient lui laisser quelques jours pour y réfléchir, peut-être qu'elle se déciderait plus vite.
Quand on parle du loup, on en voit la queue : la porte du bureau s'ouvrit violemment et Neal et Hook entrèrent en trébuchant, se chamaillant et se poussant comme deux collégiens.
Regina dut reculer de quelques pas pour éviter de se faire marcher dessus ; ils étaient uniquement concentrés sur leur but à atteindre.
- Em, tu dois trancher, on n'arrive pas à tomber d'accord, commença Neal d'un ton assuré, certain d'avoir raison.
- Euh, ok.
- Parfait. Cet homme, commença Neal en pointant du doigt Hook (qui avait l'air d'être à deux doits de le lui arracher), est persuadé que tu manges avec lui ce soir chez Granny, mais je sais qu'il a tord puisque c'est avec moi que tu manges chez Granny ce soir, pas vrai ? Tu me l'as dit ce matin avant d'amener Henry à l'école, tu t'en souviens ?
- Quoi ?
Ça commençait à faire beaucoup, là. Elle voulait juste un moment de tranquillité pour que son corps se calme et pour pouvoir mettre de l'ordre dans ses pensées. Un verre. Elle avait besoin d'un verre. C'était quelle heure ?
- Comment ça se fait que vous vous disputiez à propos de ça, bon sang ? Vous vérifiez vos programmes respectifs ?
- Bien sûr que non, Ms Swan, ils ont juste tous les deux un tableau géant cloué au dessus de leur lit pathétique, et ils y dessinent une petite barre chaque fois que vous les choisissez, l'un ou l'autre. Et ensuite, ils jettent des fleurs à la gloire de leur virilité ridicule et misérable.
Personne ne releva.
- Dîner. Ce soir. Avec lui, ou moi ? Insista Neal, tentant de l'influencer de son regard.
Il était toujours persuadé que leur passé commun faisait qu'il avait une place plus importante dans son cœur. Elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander s'il se rappelait que, s'il lui avait donné Henry, il lui avait aussi fait cadeau d'un séjour en prison.
Par-dessus leurs épaules, Emma vit Regina croiser les bras, un air amusé se dégageant de son sourire espiègle. Elle haussa un sourcil, comme pour lui dire « Oui Emma, lui, ou l'autre ? » Emma lui lança un regard noir.
- Oh, ben, j'ai déjà quelque ch…
- Au fait, Emma, j'avais oublié que j'ai une réunion, ce soir. On va devoir reporter.
Regina avait très bien compris ce qu'Emma avait voulu faire.
Les deux hommes sourirent, triomphants. Ils avaient l'air de comprendre de manière intrinsèque que, même s'ils étaient ses « prétendants amoureux », Regina et leur fils occupaient une place beaucoup, beaucoup plus importante qu'eux.
- Je, euh, j'en sais rien.
Elle leur promit de les rappeler tous les deux lorsqu'elle aurait finit de travailler, puis elle les poussa hors de la pièce. Ils s'en allèrent à contre cœur, et recommencèrent à se chamailler dès qu'ils furent sortis.
Regina ne lui donna pas le temps d'en placer une elle ; se pencha vers elle et lui murmura d'un ton machiavélique :
- C'est ton lit, Emma. Fais un choix.
Ses yeux brillèrent, trahissant l'hilarité qu'elle tirait de la situation.
Emma lâcha un rire sans joie et la regarda s'éloigner en balançant insolemment ses hanches. C'était injuste ! Elle était en train de penser à leur fils sur cette île stupide ! Un truc invisible avait commencé à la toucher. La situation était devenue incontrôlable. Elle n'avait rien demandé de tout ça, et maintenant elle avait l'impression de s'être fait avoir. Peut-être qu'elle devrait laisser le toucher décider pour elle. Si c'était un des deux garçons, elle le choisirait. Et s'il s'agissait de quelqu'un d'autre, et ben, très bien, elle le choisirait lui. Par contre, si le toucher s'avérait être un pur produit de son imagination, elle allait vieillir toute seule, avec quelques chats, et qu'ils aillent tous se faire foutre.
- Et tant que tu y es, dis à Tweedledum qu'il est hors de question qu'Henry s'inscrive au football, lança Regina par-dessus son épaule avant de sortir à son tour.
Elle n'avait pas pu les satisfaire tous les deux, et elle s'en fichait pas mal, pour être honnête. La vérité, c'est qu'elle ne les avait pas du tout écoutés lorsqu'ils avaient, chacun leur tour, insisté pour qu'elle dîne avec eux. Ses pensées étaient rivées sur le toucher fantôme et sur son origine.
Elle avait donc accepté les deux invitations.
Elle avait dîné avec Neal, puis elle s'était longuement promenée avec Hook. Mais elle avait été distraite pendant les deux rendez-vous, parce que ce qu'elle souhaitait réellement faire, c'était se replonger dans les livres, même si jusque là elle n'avait pas réussi à trouver la réponse qu'elle cherchait. Fantôme ou personne réelle ? Fantôme ou personne réelle, bon sang ?!
Si elle était folle – ou en train de devenir folle – ou devenu folle – elle espérait qu'il y aurait eu un ou deux signes avants coureurs. Mais peut-être que les caresses fantômes avaient été le signe avant coureur et qu'elle ne s'en était pas rendu compte ! Quelque chose qu'elle ne pouvait pas voir la touchait, est-ce qu'on pouvait faire plus cinglé que ça ?
Quand elle alla se coucher ce soir-là, elle savait que le toucher ne viendrait pas ; il n'apparaissait qu'une ou deux fois par semaine, en général. Mais elle resta quand même éveillée un moment, pleine d'espoir – ou de crainte.
Le lendemain matin, Hook était en bas avec sa mère, qui était aux anges. Mary-Margaret n'avait peut-être pas été une grande fan de Hook dans un premier temps, mais depuis qu'il avait aidé à sauver son mari, il la menait par le bout du nez.
- Qu'est-ce que tu fais là ? grommela Emma en sirotant le café que Neal avait sans aucun doute déposé pour elle avant qu'elle ne se réveille - comme il le faisait chaque matin.
- Bonjour à toi, lui répondit-il en se levant et en l'attirant dans ses bras. Elle se laissa faire en souriant légèrement à sa mère, qui avait l'air surexcitée.
Elle ne savait pas encore comment elle allait faire pour éconduire les garçons – si c'était ce qu'elle comptait faire – mais la personne à qui elle devrait expliquer tout ça avec le plus de douceur possible, c'était sa mère.
Mary Margaret répétait qu'elle se fichait de savoir avec quel homme Emma sortait, du moment qu'elle était sûre que sa fille sortait avec quelqu'un, a.k.a qu'elle était sur le bon chemin pour trouver l'amour véritable et le bonheur et – tout ça. Mais bon, Emma savait bien qu'elle préférait Hook.
Quand il se pencha vers elle pour l'embrasser, Emma fit claquer sa langue, agacée, et recula en le poussant. Il haussa les épaules, sachant qu'il était allé trop loin mais fier d'avoir tenté sa chance.
- Tu ne peux pas me reprocher d'essayer.
- Hmmhmm, soupira Emma.
Ils furent tous surpris en entendant quelqu'un toquer à la porte. Emma fronça les sourcils en général, quand quelqu'un frappait à la porte alors qu'on n'attendait plus personne, c'était qu'il y avait un problème.
Qu'est-ce qui se passait, encore ? Le petit Timmy était tombé dans le puis ? Une attaque des Aliens ? Ou peut-être qu'au lieu des Aliens, c'était une tomate géante qui rebondissait sur Main Street.
- Désolé d'être en retard, dit Neal en souriant et en lui tendant son café du matin, et un donut.
Perplexe, elle regarda le gobelet dans lequel elle avait commencé à boire, puis le gobelet que lui tendait Neal.
- Oh, non, Em' ! Tu es allée acheter ton café juste parce que j'étais un peu en retard ? Pas cool.
- Euh-
- En fait, Baelfire, on dirait que j'ai été le plus rapide ce matin.
Emma retourna dans l'appartement, ignorant l'air renfrogné de Neal, qui le faisait ressembler à un petit garçon.
- Killian.
- Neal.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Les matins sont à moi.
- Oh, je ne savais pas qu'on s'était assigné des créneaux horaires. Bon, si c'est comme ça, je suppose que je la prendrais le soir. Je te la laisse le matin.
Il fit jouer ses sourcils et prit un air suggestif. Emma grogna.
- Il est tôt, les gars, j'ai pas le temps pour ça. Je vais me doucher. Seule. Euh - salut.
Sa mère fronça les sourcils et prit un air désapprobateur, comme pour dire qu'elle ne l'avait pas élevée comme ça. Emma roula les yeux, énervée, comme pour répliquer ; tu ne m'as pas élevée du tout, maman.
- Maman, l'appela Henry à travers la porte.
Elle était en train de s'habiller, après avoir pris sa douche.
- Qu'est-ce qui se passe, mon grand ?
- Tes petit-amis se disputent.
- Quoi ? cria t-elle, laissant sa tête tomber contre le mur, exaspérée. C'est pas vrai. Pourquoi ?
- A cause du café café, répondit-il.
Son ton trahissait son niveau d'intérêt (inexistant) pour la chose.
Ella jura.
- Ok, va chercher ton sac. Il faut qu'on file. Je m'en occupe.
- D'ac.
Effectivement, lorsqu'elle entra dans la cuisine, les deux hommes se chamaillaient – gentiment – avec des sourires polis, mais se chamaillaient tout de même.
- Ok, quelle que soit la raison de votre dispute, ça suffit. Non ! Je ne veux pas le savoir ! Sortez. De suite. Je dois amener mon fils à l'école. Vous êtes tous les deux bienvenus le matin, mais pas si ça se passe comme ça. Non ! DEHORS !
Emma quitta la pièce, laissant les deux hommes débattre pour savoir qui avait le droit de lui apporter son café.
- Tu vas sortir avec Killian ? lui demanda Henry alors qu'ils marchaient d'un bon pas, piétinant les feuilles mortes.
Emma soupira.
- Je ne sais pas. Je sais qu'au fond, c'est un homme bien et qu'il tient à moi. Il a beaucoup changé depuis qu'on s'est rencontrés, et c'est super.
- Alors, c'est quoi, le problème ?
- C'est compliqué.
Comment expliquer à un enfant que vous vouliez des étincelles ? Etait-il possible de lui faire comprendre que commencer une relation avec quelqu'un représentait un beau bordel de complications et que si elle se lançait là-dedans, elle avait besoin que ça en vaille la peine ? Elle voulait une personne qui lui fasse tourner la tête, quelqu'un dont elle sentait qu'elle avait physiquement besoin.
- Oh. Alors du coup, tu vas sortir avec mon père ?
- Je sais pas, gamin.
Est-ce que l'un des deux hommes en valait la peine ?
Elle avait été heureuse avec Neal, avant – non ? Mais… elle était si jeune, à cette époque. Et Hook, il était… charmant.
Ugh. Chanceuse comme elle était, elle ne saurait jamais lequel des deux était le bon – si l'un des deux pouvait l'être – à moins de faire le grand saut et d'en choisir un. Mais lequel ? Comment choisir ? Ils étaient tout les deux très importants pour elle, à leur manière. Ce n'était pas juste pour eux, qu'elle prenne autant de temps pour choisir. Peut-être qu'elle devrait juste tirer au sort. Cette perspective était déprimante. Est-ce que c'était vraiment le seul choix dont elle disposait ? Deux hommes formidables, certes, mais qui ne la faisaient pas frissonner, qui ne la faisaient pas rêver et qui ne changeaient pas ses jambes en coton ?
Une brise légère souffla sur son visage, et Emma sentit la sensation agréable d'une main fantôme sur sa peau. Elle commença au niveau de sa tempe, repoussant doucement une mèche de cheveux derrière son oreille. Puis, elle caressa gentiment sa joue, avant de s'arrêter sur son menton. Lentement, le fantôme le releva, comme pour dire « garde la tête haute », avant de s'évanouir comme de la fumée.
Emma sourit, et se sentit infiniment mieux.
Au fond d'elle-même, elle savait qu'elle espérait que c'était une personne réelle, parce que si c'était le cas, alors c'était avec cette personne qu'elle voulait être. Tellement gentille. Affectueuse. Solide.
Ce soir-là, elle se mit au lit et regarda la télé, déprimée. La confiance que le toucher lui avait donnée en début de journée s'était évaporée ; son téléphone n'avait pas arrêté de sonner pendant tout l'après-midi, signalant les messages désespérés de Hook et de Neal. Ce n'était plus possible. Elle devait faire un choix. Maintenant. Peut-être qu'ils étaient, comme Regina les appelait, Tweedledee et Tweedledum, mais ils avaient des sentiments, et elle savait qu'elle les faisait trop attendre.
Mais si l'un d'entre eux était le toucher, et qu'elle choisissait l'autre, sans savoir ?
Ses pensées défilaient, tournoyaient, et elle repassa ses options encore et encore jusqu'à ce que la culpabilité menace de prendre le dessus et de la consumer toute entière.
Elle était nulle. Pourquoi ne pouvait-elle pas juste faire un choix ?
Elle grogna, fit rouler ses épaules, et sentit une vague de réconfort la traverser.
Elle mit un moment avant de réaliser pourquoi ses pensées s'étaient calmées. Le toucher fantôme était revenu, même s'il ne faisait pas grand-chose. Il jouait doucement avec ses cheveux, comme s'il était lui aussi dans le lit en train de regarder des replays de Friends à la télé. Elle regarda ses mèches dorées s'élever au dessus de son oreiller, s'écarter pour laisser passer des doigts invisibles, puis retomber, avant que le processus recommence. Elle soupira et ferma les yeux, oubliant pour l'heure sa culpabilité. Si c'était une personne, était-elle assise dans son lit en ce moment, en train de regarder des replays de bonnes vieilles séries ? Partageaient-elles ce moment ensembles, ou était-elle juste en train d'essayer de se persuader qu'en cet instant, elle n'était pas complètement seule ?
Cette nuit, Emma rêva d'une personne sans visage, debout au pied de son lit, ses longs doigts interminables planant au dessus d'elle, possessifs. Au début, elle était terrorisée, mais à force de regarder le visage sans traits, la peur disparut pour laisser place au sentiment qu'elle connaissait cette personne, qu'elle la connaissait bien. Bien que le visage soit brouillé et indiscernable, elle pouvait percevoir son sourire chaleureux, et quand elle sentit qu'on touchait son épaule du bout des doigts, elle obéit et se retourna sur son ventre, dans sa position de sommeil habituelle. A peine quelques secondes plus tard, une caresse fantôme effleura son dos, si doucement qu'elle pouvait passer pour une brise.
Emma ouvrit la bouche.
La main invisible commença à dessiner des motifs sur son dos, à même la peau ; le top d'Emma n'était pas un obstacle.
Emma laissa échapper un petit rire et se détendit alors que les doigts légers se promenaient de part et d'autre de ses côtes, la chatouillant légèrement.
Elle hoqueta lorsque les mains éthérées poursuivirent leur chemin plus bas sur son corps, s'arrêtant un instant sur la ligne de sa culotte, puis plus bas encore, se déplaçant peu à peu à l'intérieur de ses cuisses pour finir par venir planer juste au dessous de l'endroit où Emma voulait le plus être touchée. Sa respiration s'accéléra et elle agrippa les draps, tremblante d'anticipation, mais le toucher continua jusqu'à atteindre ses talons, avant de commencer à remonter. La caresse s'attarda momentanément sur ses points sensibles ses talons, l'arrière de ses genoux, le creux de ses fesses, le centre de son dos, entre ses épaules, et juste derrière ses oreilles.
Une odeur de fleur commença à se répandre dans la pièce, comme si quelqu'un avait allumé un brûleur d'huile essentiel aromatisé à la bergamote. C'était à la fois calmant et enivrant. Elle entendait une respiration douce et tiède derrière son oreille, qui inspirait et expirait contre sa peau. Un main glissa sous son ventre et tira, soulevant légèrement ses hanches du lit et la maintenant en place. Elle pouvait presque sentir un corps chaud se presser contre son dos, un nez enjôleur s'enfouir dans ses cheveux, et elle gémit, se laissant emporter par le fantasme.
L'autre main s'insinua entre son corps et le matelas, et prit son sein en coupe. La tête d'Emma recula et vint se reposer contre l'épaule invisible qui se situait derrière elle, haletant de plaisir.
Elle roula de nouveau sur son lit, s'appuyant contre son amant invisible et poussa un cri lorsque deux doigts agiles et insaisissables commencèrent à jouer avec un téton, puis avec le deuxième, les faisant durcir. Elle soupira et gémit de nouveau en sentant des lèvres invisibles s'attaquer à son cou, la main douce se faisant plus brutale sur sa peau sensible, caressant et pressant son sein de manière exquise.
Elle grogna.
- Emma.
Elle gémit en réponse, son intimité suppliant de recevoir de l'attention.
- Emma.
Emma se mordit la lèvre, ses hanches se mouvant d'elles-mêmes pour se frotter au corps qu'elle ne pouvait pas voir, derrière elle.
- Emma !
Elle se réveilla en sursaut et s'assit brusquement dans la pièce sombre.
- Quoi ?
Elle était groggy et désorientée, son corps bourdonnait encore sous les effets de son rêve. Elle finit par reconnaître sa mère, assise sur le bord de son lit, pâle et inquiète. Elle poussa un cri et failli tomber du lit en se précipitant pour ramener la couverture sur son corps enflammé.
- Ma puce, est-ce que ça va ?
- Maman ? lâcha t-elle finalement, faisant sourire Mary-Margaret. Maman, qu'est-ce qui se passe ?
- Rien, ma puce, rien, répondit-elle en caressant doucement sa joue.
Emma eut un mouvement de recul, pas parce qu'elle n'appréciait pas les gestes de réconfort de sa mère, mais parce que – ben, après ce rêve, c'était juste très bizarre de se faire toucher par elle.
Mary-Margaret fronça les sourcils, mais fit de son mieux pour prétendre qu'elle n'était pas blessée.
- Désolé, se reprit immédiatement Emma. C'est juste que – mon rêve, euh…
- Oui ? Qu'est-ce que c'était, mon cœur ?
Les mots se bousculèrent dans sa tête un moment, alors qu'elle considérait les différentes manières d'expliquer sans trop révéler. Au final, elle retomba sur son oreiller et expira longuement.
- Sans doute juste un rêve bizarre. Mais ça va. Euh, merci.
Mary-Margaret fronça les sourcils, mais acquiesça, et comprit qu'Emma désirait être seule. Après avoir touché brièvement la jambe de sa fille, elle sortit de la pièce en lui lançant un dernier regard triste par-dessus son épaule.
Emma avait vraiment besoin de trouver un appartement à elle. Mais genre, vraiment. Un endroit où sa mère n'accourrait pas à chaque minute pour la sauver de ses rêves érotiques.
Fixant le plafond, Emma s'assit de nouveau, son corps agité, affamé et exigeant qu'on s'occupe de lui. Elle sentait sur sa peau la brise nocturne qui entrait par la fenêtre ouverte, et cette caresse légère était à elle seule tellement délicieuse qu'elle aurait voulu plonger dedans, soupirant de plaisir.
Qu'est-ce qui se passait, bon sang ?
Engourdie, elle se cogna le front de frustration contre la tête de lit. Est-ce qu'elle rêvait du toucher, maintenant ? Elle était sûre qu'il ne s'était pas agi du véritable toucher fantôme – qui n'avait jamais utilisé autre chose que le bout de ses doigts, jamais des mains, jamais des lèvres, et certainement pas un corps entier. Non, son cerveau avait transformé le toucher fantôme en un corps et son inconscient était bien parti pour coucher avec. C'était quoi, ces conneries ?
Il fallait qu'elle règle ça. Elle devait trouver – s'il s'agissait d'une personne – qui c'était. Neal ? Hook ? Quelqu'un d'autre ? Ou même si c'était une création de son esprit.
Elle se réveilla le lendemain matin, empâtée et de mauvaise humeur. Elle se doucha, laissant l'eau froide refroidir sa peau. Ça ne l'empêcha pas de se sentir agitée, haletante et sensible, comme si elle avait été interrompue alors qu'elle était en train de se masturber et qu'elle ne pouvait penser à rien d'autre qu'à faire sortir les invités de la maison pour pouvoir continuer son affaire.
Elle descendit maladroitement les escaliers et ne fut pas surprise de trouver Neal assit sur un des tabourets du bar de la cuisine.
- Salut, lui dit-il en souriant de toutes ses dents avant de lui tendre une tasse de café.
- 'Lut.
- Ça va pas ?
Elle tenta sa chance.
- Oh, c'est rien. J'ai juste dormi environ 3 heures.
Elle scruta ses yeux à la recherche d'un éclair de fierté ou de suffisance qui le trahirait, mais elle ne trouva rien d'autre qu'un exaspérant regard inquiet de chien battu.
- Pourquoi tu n'as pas bien dormi ? Tout va bien ? Em ? Euh… Emma ?
Emma ne se rendit pas compte qu'elle étudiait intensément le visage de Neal jusqu'à ce qu'Henry l'appelle depuis son bol de céréale, un filet de lait coulant de son menton.
- Maman ?
- Hein ? Euh, peu importe. C'est juste que - j'ai fait des rêves bizarres.
Elle se détourna, buvant une gorgée de son café. Grimaçant de dégoût, elle le reposa. Elle avait l'impression d'avoir la gueule-de-bois. Le café était trop fort elle avait besoin d'autre chose, quelque chose de plus léger – de plus frais, peut-être.
On frappa à la porte et Emma soupira elle n'avait pas besoin d'aller ouvrir pour savoir qui c'était.
- Entre, Killian.
Il entra, tout sourire.
- Comment tu as su que c'était moi ?
- Un coup de chance, grommela t-elle.
Les deux hommes se saluèrent froidement, et Emma enfouit sa tête dans ses mains.
- Ça va, Emma ?
Emma craqua.
- Ecoutez, les garçons, je sais que vous êtes inquiets et que vous voulez une réponse. Et que je dois me dépêcher de vous en donner une. J'aurais déjà dû le faire, et je n'ai pas été juste envers vous en retardant l'échéance, mais est-ce que, juste pour aujourd'hui, vous pourriez ne pas vous disputer ? Je me sens vraiment pas bien.
Les deux hommes hochèrent la tête avant d'entamer une conversation avec Henry, s'occupant de lui puisque sa mère était apparemment indisponible, ce matin.
Et pendant qu'Henry était aux anges, profitant de l'attention qu'on lui portait, Emma jeta un coup d'oeil dans les sachets que les garçons avaient amenés : une pâte d'ours et un éclair. Son estomac se tordit. Elle ne pensait pas qu'elle pourrait avaler ses pâtisseries habituelles, ce matin.
Argh, elle avait besoin d'une sieste.
On frappa de nouveau, et toutes les têtes se tournèrent vers la porte.
- C'est bizarre, notre troupe habituelle du matin est déjà au complet, normalement, dit David, s'asseyant à côté de son petit-fils pour se servir un bol de céréales aux fruits avant de partir au travail.
Emma lui jeta un regard noir, auquel son père répondit en souriant avec bonhomie.
- Euh, je vais voir, se décida Henry avant de courir jusqu'à la porte. Maman ?
Regina entra dans la pièce et sourit à Henry du sourire qui lui était réservé.
- Bonjour, mon cœur.
- Regina ! s'exclama Emma, surprise d'être si contente de la voir. Qu'est-ce que tu fais là ? Euh, ça va ?
Regina se retint clairement de répliquer par une remarque narquoise, et acquiesça.
- J'ai pensé que, si ça ne te dérangeais pas, on pourrait amener Henry à l'école ensemble.
- Oh, répondit Emma en souriant largement. Bien sûr. Avec plaisir.
- Oh et, tiens, ajouta t-elle en plaçant un gobelet et un sachet entre ses mains. Quand j'ai pris mon petit-déjeuner ce matin, j'ai pensé que tu aurais peut-être faim, mais je vois que quelqu'un s'est déjà occupé de ça, finit-elle en lançant un regard aux autres sachets et gobelets.
Curieuse, Emma sentit l'intérieur du gobelet, laissant un fort parfum de menthe l'envahir, et soupira.
- Du thé à la menthe ?
- Mmm, et quelques tranches de pain de seigle. Les dernières, en fait.
Emma but une gorgée, se délectant du goût sain du thé. C'était parfait.
- Euh, merci – Regina.
Regina hocha fermement la tête, un peu mal-à-l'aise mais soutenant son regard pendant quelques secondes. Emma crût voir une lueur vaciller dans ses yeux. Elle regarda plus attentivement, intriguée, mais la lueur avait disparu si vite qu'elle n'était pas sûre de sa signification. Peut-être que l'ex Méchante Reine était simplement gênée d'être bienveillante à l'égard de quelqu'un d'autre ; ça ne surprendrait pas du tout Emma.
- Bon, alors, dit Emma en se tournant vers Henry. Tu es prêt ?
Il abordait un large sourire, planté entre ses deux mères, son sac-à-dos à l'épaule.
- Ouep.
- Tu t'es brossé les dents ? demanda Regina, anticipant la prochaine question d'Emma.
- Mamaaaaaaaaaan, protesta Henry en fronçant les sourcils.
- Henry, tu sais comment ça va finir. Va te brosser les dents, le gronda Emma.
- D'accooooord, céda t-il, se dirigeant vers la salle de bain, les épaules voûtées.
Emma en profita pour faire griller son pain de seigle et étaler un peu de beurre dessus.
- Comment tu as su que c'était mon préféré ?
Regina haussa les épaules.
- Je ne le savais pas. C'est mon préféré aussi.
Emma sourit et lui offrit une bouchée. Tous les sourcils de toute la troupe de spectateurs se levèrent d'un même mouvement. Regina hésita quelques secondes, dévisageant la blonde, avant de se pencher et de mordre dans la tranche de seigle.
Emma prit une gorgée de son thé, engloutissant un autre morceau, sans réaliser que la pièce entière avait cessé de bouger, tout le monde étant choqué par ce qui venait de se produire.
- Du coup, euh, Swan, commença Hook après une minute de silence. Le festival d'automne commence vendredi prochain et…
- Minute, papillon, le coupa Neal. Je suis là pour ça. Ça fait des semaines que je prévois, tu n'as pas intérêt de tout foutre en l'air.
- Quoi ? demanda Emma en fronçant les sourcils.
- Ecoute, reprit Neal. On veut tout les deux t'emmener au festival d'automne, la semaine prochaine. Pourquoi ne pas trouver un compromis ?
Il avait clairement dans l'idée que la diplomatie le placerait dans les bonnes grâces d'Emma, ce matin.
- Un compromis ? répéta Hook, fronçant lui aussi ses sourcils sombres, visiblement mécontent de voir que Neal avait trouvé une bonne idée.
- Ouais, on n'à qu'à dire que je la prends pour l'ouverture du festival, et toi pour la fermeture.
- C'est hors de question ! Il ne se passe jamais rien, le dernier soir. C'est pour ça que tout le monde va à l'ouverture.
Et les garçons commencèrent à se disputer. Emma s'appuya contre le lavabo, et Regina la rejoint, contemplant le spectacle d'un œil intéressé.
- Ça donne envie, pas vrai ?
Regina rit et prit un air amusé.
- Et bien, Ms Swan, je pense que jusqu'à ce que vous ayez choisi l'un, l'autre, les deux ou aucun des deux, vous aurez droit à ce spectacle tous les jours.
Emma joint son rire au sien.
- Pas faux.
- Est-ce que…, commença Regina, hésitante, tu sais lequel tu vas choisir ?
- Euh, là tout de suite, je ne pense pas que je choisirais aucun des deux.
- C'est assez révélateur, tu ne crois pas ?
Emma leva les yeux au ciel.
- Ok, Emma, dit Neal en se tournant vers elle. On pourrait sortir, ce soir. Regarder un film, ou faire autre chose.
Il lui sourit, ses intentions licencieuses quasiment transparentes. Hook avait l'air de vouloir le démolir.
- Ce soir ? Euh…
- En fait, ce soir, on avait déjà prévu une soirée film avec notre fils, termina Regina.
Emma fit de son mieux pour dissimuler le choc qu'elle ressentit. Depuis quand Regina venait-elle à son secours ? D'habitude, elle adorait regarder Emma s'embourber dans les situations gênantes qu'elle créait elle-même.
- Oh, ben alors…, commença Neal.
- Seulement pour les mamans, le coupa Regina. Désolé, ajouta t-elle après-coup.
- C'est vrai ? demanda Henry, sautillant dans la pièce, excité.
- Mmhm, soirée film Swan/Mills, confirma Emma, comme si cette idée n'était pas complètement nouvelle pour elle.
- Génial ! On y va ?
Les deux femmes acquiescèrent.
- Super. Allons-y, Swan/Mills, lança Henry, souriant à ses mères alors qu'elles le suivaient dehors.
Cette soirée-là ne fut pas la dernière qu'Emma passa en compagnie de Regina et Henry. En fait, il apparaissait que chaque fois qu'un des deux hommes lui proposait une sortie, le nom de Regina sortait de sa bouche, comme un réflexe.
Les soirées à la mansion Mills étaient étrangement chouettes, et Emma se rendit compte que maintenant qu'elle avait une excuse légitime (ou à peu près) pour éviter l'attention des garçons, sa vie était en train de redevenir stable. Elle pensait de moins en moins au toucher fantôme, qui demeurait absent. En réalité, elle l'avait presque oublié lorsqu'il refit surface… le soir du festival d'automne.
