Harry avait la gorge nouée. Un sentiment de colère et de tristesse intense lui brouillait l'esprit.
Il ne pouvait effacer de sa mémoire des images effroyables. Voldemort avait réussi à s'introduire dans Poudlard, on ne sut comment, un soir d'octobre. Au beau milieu de la nuit, Harry s'était réveillé dans son sommeil par une épouvantable douleur à sa cicatrice. Ron et lui avaient décidé de se rendre au bureau de Dumbledore pour l'alerter. Harry, les yeux embués de larmes de douleur, n'avait pas vu l'obstacle qui leur avait fait face : une créature aux yeux rouges qui brillaient dans la nuit et qui n'étaient tout autre que ceux de son pire ennemi. Une voix glaciale tonna : « Tiens tiens tiens…que vois-je ? Harry Potter et son fidèle ami faisant une balade nocturne ? » Ron avait dégainé sa baguette et s'était mis instinctivement devant son ami, chancelant. Celui-ci était au bord de l'évanouissement tant il avait mal et ne se rendait pas compte de la situation. Voldemort, après un rire dur et mauvais, dit nonchalamment : « Avada Kedavra. » en direction de Ron. Il tomba, pétrifié, les yeux exorbités, dans les bras d'Harry qui tomba à la renverse. Ce dernier se releva avec peine, reprit ses esprits, sortit sa baguette mais son pire ennemi s'était déjà volatilisé. Le corps de son meilleur ami gisait à ses pieds. Il ne put s'empêcher de pleurer en voyant cela. Il s'effondra sur le sol, murmurant des « Pourquoi ? Pourquoi ?! » Dumbledore apparut, ses lunettes et sa barbe argentée éclairée par la lune. Le vieil homme appela le professeur Mc Gonagall qui patrouillait non loin et tous deux portèrent les deux garçons à l'infirmerie.
Deux semaines avaient passé. Tous les sorciers surent rapidement ce qui s'était passé. Ils furent surtout effrayés à l'idée qu'ils puissent être attaqués à leur tour à tout moment par celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom. Harry avait repris les cours mais parlait très peu, l'image de Ron hantant ses esprits.
Il se sentait coupable de ne pas avoir réagi à temps. Des souvenirs cruels ressurgirent de sa mémoire comme la mort de Cédric Diggory, l'année précédente, mais aussi celle de ses parents, qui s'étaient sacrifiés pour lui à sa naissance. Il avait perdu l'appétit, son regard était perdu dans le vide, parfois voilé de larmes. Il s'en voulait terriblement, en venait même à penser qu'il portait malheur à ceux qu'il côtoie. Ron était l'une des personnes les plus importantes de sa vie, sans qui il n'aurait pu devenir ce qu'il était.
Hermione était également très triste. Elle masquait tant bien que mal sa douleur en travaillant d'arrache-pied. Mais elle ne pouvait s'empêcher de pleurer, la nuit, après s'être réveillée en sursaut d'un rêve où elle avait vu Ron. Elle ne dit rien à Harry, celui-ci étant déjà terriblement bouleversé.
Malgré tous les troubles dans le monde de la magie, les collèges sorciers avaient organisé des échanges. Une dizaine d'élèves de divers horizons étaient arrivés depuis le mois de septembre. L'une d'entre elles, Liz, était la cousine de Cho Chang, une élève de Serdaigle. Elle était très déboussolée et perturbée par toute la tension qui régnait à Poudlard. En effet, la sécurité était extrêmement renforcée, il n'était plus possible de sortie des bâtiments ni la journée, ni le soir excepté pour se rendre dans les cours ayant lieu à l'extérieur, les professeurs patrouillaient jour et nuit, traquant la moindre anomalie. Liz, qui était dans un collège très calme, était partagée entre la peur et l'excitation. Elle était aussi fascinée par Harry Potter, non pas pour sa popularité pour cette personne en elle-même. Elle l'avait croisée au détour d'un couloir, complètement perdue. Elle lui demanda son chemin et fut totalement subjuguée par son regard, ses yeux d'un vert émeraude et par une espèce de force qui émanait de lui, malgré son aspect maigrelet.
Elle le recroisa pour son plus grand bonheur à la bibliothèque. Il était accompagné de son amie qu'il ne quittait jamais, et que Liz soupçonnait d'être sa petite amie. Harry et Hermione feuilletaient des livres sans les lire et n'avaient pas remarqué sa présence.
Il n'y avait qu'eux et Mme Pince dans la bibliothèque silencieuse. Prenant son courage à deux mains, Liz bredouilla : « Je peux m'asseoir ? » Harry et Hermione relevèrent la tête en même temps, esquissèrent un faible sourire et acquiescèrent.
Liz était, comme tout le monde, au courant de la mort de Ron. C'est pourquoi elle comprit et respecta le silence de ses camarades. Mais Harry finit par briser le silence : « Tu es la cousine de Cho Chang, c'est ça ?
- Euh…ben euh oui… » répondit timidement la jeune fille, se sentant rougir.
La voix de son interlocuteur était enrouée par une douleur profonde. Hermione était toujours plongée dans un livre mais guettait le moindre bruit dans la salle. Harry sourit de nouveau, un peu plus franchement cette fois-ci, ce qui fut quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps et qui lui était presque douloureux. Il se remit à lire.
Un moment plus tard, Liz se risqua : « Tu la connais bien ma cousine ?
- Heu…hem…vaguement…
- Ah ! Parce qu'elle m'a déjà parlé de toi dans des lettres…
- Ah bon ? »
Harry avait dit ça un peu brusquement ce qui avait fait sursauter Hermione. Elle glissa un regard plein de reproches à ses deux camarades et replongea dans sa lecture.
Liz était troublée. Elle contemplait Harry qui semblait à la fois extrêmement blessé mais une lueur de malice brillait constamment dans ses yeux cachés derrière ses lunettes rondes. Et toujours cette force impressionnante. Harry, lui, était intriguée par cette jeune fille, semblant débordante de vitalité. Elle ressemblait beaucoup à sa cousine. Cette présence lui changea les idées pendant un court instant, mais l'image de Ron lui revint aussitôt et il ne put empêcher un soupir de douleur.
Une heure passa. Et comme cela se passe parfois, nos trois amis finirent par se détendre peu à peu, à parler de tout et de rien et une amitié naquît sous les yeux de la vieille bibliothécaire. Harry se sentait de mieux en mieux, mais la cicatrice qui était née dans son cœur après la mort de Ron avait du mal à se refermer. Liz était aux anges car jusque là elle se sentait un peu solitaire et Hermione était un peu méfiante malgré tout vis à vis de leur nouvelle amie.
To be continued……….