Disclaimer : Rien n'est à moi, l'univers et les personnages appartiennent à Isayama.

Rated : T au début (essentiellement pour le langage de Rivaille). Rating M à partir du chapitre 9.

Résumé : Elle allait le tuer. Mikasa s'en était fait la promesse le jour du procès d'Eren, elle était cependant loin d'imaginer que son serment serait aussi difficile à tenir. Mikasa x Rivaille (avec également un peu de EruRi).

Cette fanfiction commence au Procès d'Eren puis s'inspire librement du manga à partir de ce moment. Je vais faire en sorte que les personnages ne soient pas trop OOC, au moins au début.

Voilà un premier chapitre d'exposition qui reprend en grande partie la scène du Tribunal. J'espère que vous apprécierez. Bonne lecture !


Introduction : Procès

Le tuer. Elle allait le tuer. Les bruits des os brisés résonnaient dans ses oreilles comme une multitude de cris de souffrance et l'odeur métallique du sang qui venait s'immiscer dans ses narines menaçait de lui faire perdre la raison. Une décharge de rage furieuse et incontrôlable traversa Mikasa de part en part. Face au spectacle sordide qui se déroulait devant elle, la jeune femme n'avait qu'une envie : déchiqueter ce nabot en lui arrachant ses dents une à une, puis ses ongles, puis tous ses membres… Le rouer de coups pour lui briser les os à son tour. Comment cette espèce de capitaine je ne sais quoi osait toucher à son Eren ! Avant qu'elle n'ait eu le temps de formuler une pensée cohérente de plus, elle s'apprêta à bondir sur le Capitaine Rivaille. Lui faire endurer au moins mille fois ce qu'il avait osé faire subir à Eren, voilà ce qu'elle voulait.

Alors qu'elle allait s'élancer une poigne de fer la stoppa net. Décontenancée, elle se tourna et rencontra les yeux affolés d'Armin. « Non, ne fais pas ça ! » Derrière le ton suppliant du blond se cachait un ordre bien réel qui fit douter Mikasa. « C'est une mise en scène. » - lui souffla son ami à l'oreille. Elle avait réalisé la machination qui se tramait lorsqu'il l'avait retenue mais ses derniers mots achevèrent de la convaincre qu'il ne fallait pas intervenir.

Alors qu'elle s'apprêtait à répondre à Armin, la voix de Rivaille s'éleva dans la salle. Une voix étonnamment grave et puissante pour un si petit corps, d'un ton désespérément neutre fidèle à l'expression constamment impassible de l'homme. Mikasa cru néanmoins y déceler une pointe d'ironie méprisante qui la fit frissonner.

« Comme je le dis toujours, pour retenir une leçon il n'y a rien de mieux que la douleur et les coups. Je sais exactement ce dont tu as besoins ce n'est pas qu'on t'explique les choses mais qu'on te dresse comme un animal. » - déclara le Capitaine devant l'assemblée, dominant complètement le jeune titan. « Cela tombe bien tu es dans une position parfaite pour ça. » - ajouta-t-il, la semelle de sa botte pressant le visage meurtri d'Eren contre le sol froid du Tribunal. Un instant le temps sembla figé, seul un mélange de sang et de larmes s'écoulait le long des pavés. Puis les coups implacables de Rivaille repartirent de manière brutale comme pour mieux appuyer ses paroles.

L'assemblée était horrifiée par le passage à tabac qui se déroulait sous ses yeux, à l'exception notable du Généralissime Darius Zackley et des membres des Bataillons d'exploration qui ne semblaient absolument pas ému par le spectacle. Bien qu'elle se soit résolue à ne pas intervenir, Mikasa ne pouvait néanmoins empêcher la colère de grandir en elle. Il ne s'agissait pas de la fureur qui l'avait habité un peu plus tôt, mais d'une haine aussi dévastatrice et glaciale qu'un blizzard qui la submergeait tandis qu'elle jaugeait la situation.

Certes, il s'agissait d'une mise en scène, Rivaille venait d'ailleurs de souligner l'impuissance des Brigades spéciales manifestement incapables de contenir Eren. Cette stratégie allait certainement permettre aux Bataillons d'intégrer le jeune Jaeger dans leur rang. Mais tout de même ! Rien ne justifiait un tel déchaînement de violence de la part du Capitaine. Cette certitude pulsait en Mikasa. Elle pouvait la lire sur les visages terrifiés et dégoûtés du public, dans la lueur de désapprobation mêlé à de la peur qui brillait au fond des yeux d'Armin, à la face tuméfiée de son Eren chancelant et défiguré, à sa mâchoire fracassée, à son sang qui maculait les pavés froids, à sa dent qui roulait encore sur le sol… Rien n'obligeait Rivaille à torturer Eren de cette manière, à le taper si fort avec une telle constance et un tel acharnement. Rien, si ce n'est un plaisir sadique dissimulé derrière son air impassible ou au contraire une totale absence d'émotions pensait Mikasa. La jeune fille laissa son regard se poser sur le corps ravagé d'Eren et se sentit physiquement souffrir avec lui. Quand le moment serait propice elle le vengerait, les vengerait tous les deux, elle s'en fit la promesse. Ce nabot avait franchi la limite à ne pas dépasser, il en paierait les conséquences.

Alors que le Major Erwin se décidait finalement à prendre la parole, les pensées de la jeune prodigue du 104e bataillon d'entraînement se déportèrent vers Rivaille. Elle ressentait une aversion profonde pour cet homme depuis leur première rencontre. Ce moment restait gravé dans sa mémoire. Alors que Mikasa venait de dégainer ses épées pour protéger son frère tandis qu'Armin s'acharnait à délivrer Eren de son corps de titan, le Capitaine avait surgi de nul part et s'était débarrassé avec une facilité déconcertante des deux géants qui les menaçaient. Elle se souvenait de son attitude qu'elle jugeait crâneuse lorsqu'il les avait hélés perché sur les restes encore chauds de ses victimes. La voix trainante de Rivaille résonnait encore dans sa tête. « Oi, les gamins, c'est quoi ce bordel ? », s'était-il contenté de leur demander. Comment de simples mots pouvaient-ils contenir autant de mépris ? Comment l'expression à la fois ennuyée et dédaigneuse de ce nain pouvait-elle ainsi la mettre hors d'elle ?

Elle pensait avant cette rencontre être la seule capable de se jouer ainsi des Titans, la seule à pouvoir conserver un air blasé en toutes circonstances. Le guerrier froid comme le marbre c'était elle, pas lui ! L'ego de la jeune femme ne parvenait toujours pas à accepter que Rivaille leur ait sauvé la vie à ce moment là, qu'elle ait été celle qui avait été protégée et non pas celle qui protège. Mikasa n'arrivait également pas à supporter le regard que les beaux yeux verts d'Eren avait lancé à Rivaille, un mélange de respect et d'admiration pure pour les ailes qui flottaient sur la cape du Capitaine. Depuis ce moment, elle ressentait une forte antipathie pour Rivaille qui venait depuis quelques minutes de se muer en haine pure et simple.

Armin secoua son bras, ce qui ramena Mikasa à la réalité. Les personnes réunies pour le Procès commençaient à s'extirper de leur siège et se dirigeaient vers la sortie. Des murmures un brin affolé résonnaient dans toute la pièce, ricochant contre les murs de pierre du Tribunal. Armin regarda Mikasa conscient qu'elle ne savait pas ce qui se passait.

- « J'étais perdu dans mes pensées. » fut la seule explication que Mikasa daigna fournir au petit blond.

Elle n'aimait pas parler et lui lança simplement un regard interrogateur pour l'encourager à continuer et lui expliquer la situation.

- « Le procès vient de se finir. Je te passe les détails, l'important c'est que le Président de la Cour martial a accepté qu'Eren rejoigne les Bataillons à condition que le Capitaine Rivaille encadre ses moindres faits et gestes… et use de la force contre lui voire le tue si nécessaire. » - conclut Armin après un instant d'hésitation alors que les gardes les poussaient vers la sortie.

- « Ce Rivaille, quel enfoiré. Il n'a pas intérêt à s'en prendre de nouveau à Eren ! Je ne le laisserai pas le tuer quoi qu'il arrive. » - lâcha malgré elle Mikasa qui peinait à se contenir.

Armin remarqua à ce moment le regard littéralement noir de son amie, son visage transfiguré par la haine et la rancune, les cernes profonds qui encerclaient ses yeux et la lueur dangereuse qui brûlait froidement au fond de ses prunelles. Mikasa - d'ordinaire si calme - perdait son sang froid légendaire uniquement lorsqu'on touchait à Eren, et c'était ce qui était en train d'arriver en ce moment.

- « Mikasa tu ne vas rien faire de stupide hein ? - lui lança Armin apeuré - Je n'aime pas ça non plus, mais cette mise en scène était nécessaire. Il fallait montrer à tous l'impuissance d'Eren et c'est exactement ce que le Capitaine a fait. Sans cela il aurait pu finir fusillé par les Brigades. Il doit être heureux d'ailleurs, son rêve d'enfance vient de se réaliser après tout. Je suis sûr qu'il n'est pas fâché contre Rivaille. » - ajouta son ami dans l'espoir fou de raisonner Mikasa.

- « Pas besoins de parler autant. Et puis je me fiche bien de ce qu'Eren pense ou pas. » - asséna la jeune fille sans desserrer les dents.

Malgré son assurance apparente les déductions d'Armin l'avait tout de même touchée. Elle connaissait assez bien Eren pour savoir qu'il n'en voulait pas à Rivaille, et qu'au contraire il serait en colère contre elle si elle intervenait dans cette histoire. Il lui crierait dessus une nouvelle fois. Mikasa avait conscience qu'Eren pouvait parfois se montrer dur envers elle - injuste aurait ajouté certains – mais elle essayait de ne pas y penser. Cela faisait mal. Trop mal. Elle l'aimait tellement, plus que tout, elle cherchait seulement à le protéger ! Après tout il était son frère, son unique famille, son ami d'enfance, plus qu'un ami… Elle ne savait pas comment définir leur relation et elle sentait bien que c'était un problème, mais ça non plus elle ne préférait pas y penser.

C'était beaucoup plus simple de songer à sa vengeance contre Rivaille, son serment de lui ôter la vie. Etait-ce vraiment une bonne idée ? On était en temps de guerre, il y avait d'autres priorités que les règlements de compte. Elle se remémora pourtant les violences que cet homme si antipathique avait fait subir à Eren et conclut que la vengeance de son frère comptait plus que tout. Mikasa réglait systématiquement ses problèmes par la violence en usant de sa force extraordinaire, et personne n'était capable de la faire changer d'avis une fois sa résolution prise. Elle savait que seule la mort de Rivaille pourrait assouvir la soif morbide qui l'habitait. Soif de vengeance et de sang.

Une brise fraîche ébouriffa les cheveux de Mikasa alors qu'elle sortait de l'imposante bâtisse. Perchée en haut des marches, surplombant la scène de toute sa hauteur, la jeune femme chercha Eren du regard parmi la foule bigarrée qui sortait du Tribunal. Elle le retrouva rapidement entouré par le groupe hétéroclite que formait les membres des Bataillons d'exploration. Il était accompagné par la petite silhouette robuste tant haïe. Peut-être que c'était le destin – mais Mikasa ne croyait pas à ce genre de balivernes - cela devait plutôt être le fruit du hasard, à cet instant la silhouette pivota dans sa direction et Rivaille se trouva tourné vers elle. C'est alors que Mikasa le regarda, ficha ses prunelles menaçantes dans les siennes.

C'est alors qu'il la vit. Il ne pouvait pas faire autrement ce regard était si intense qu'il se sentait comme happé par lui. Elle le regardait avec une telle force qu'il ne pouvait décemment pas détourner les yeux. Ce regard tranchait tellement avec ceux qu'il avait l'habitude de voir qu'il en fut quelque peu… troublé. Les habitants à l'abris derrière les murs possédaient effectivement le regard plat de celui qui vit dans une cage, qui n'a jamais rien vu et ne verra jamais rien de nouveau outre la triste banalité et la vacuité de son existence servile. Ces porcs de marchands au Tribunal représentaient bien tout ce que Rivaille méprisait chez ces privilégiés qui ne connaissaient rien mais ne se taisaient jamais. Le regard de la plupart des soldats n'était guère mieux, il s'agissait généralement des yeux vides d'une proie qui a renoncé à la volonté même de lutter pour son existence. Sachant qu'un tiers des recrues perdait la vie lors de leur première expédition hors des murs, cette résignation face à la mort était certainement plus sage. Plus sage, mais tellement plus triste, accablée et ennuyeuse.

Il parvint à se détacher du regard si troublant et constata qu'il appartenait à l'amie d'enfance d'Eren – quel était son nom déjà ? - qui avait comparu devant le Tribunal quelques instants plutôt. Il avait auparavant observé un regard similaire chez Jaeger, quand il l'avait interrogé avant le procès sur ses motivations pour rejoindre les Bataillons. Les yeux assurément meurtriers, presque fous, que l'adolescent lui avait dévoilé lorsqu'il s'imaginait exterminer les Titans l'avait intrigué. Cette expression de chasseur si inhabituelle lui plaisait. A cet instant, il se sentait cependant plus qu'intrigué. Le regard de la brune lui apparaissait aussi meurtrier que celui du jeune homme mais cette fois-ci la prunelle dure des yeux était dirigée contre lui.

Aucune phrase n'était formulée car ils étaient trop éloignés pour s'entendre, l'expression si intense de la jeune fille ne laissait cependant planer aucun doute sur ses intentions.

Elle lui hurlait en silence trois mots plutôt banals, mais si lourds de sens.

« Je te hais. »