Enfant sans Parents ? Et moi alors ?

"Non ! Sérana ! Votre propre père !"

Qui aurait cru que ça ferait aussi mal ? C'est la première chose qui traverse l'esprit de Sérana alors que le corps horriblement déformé de son père se désintègre autour de l'épée de sa meilleure amie. La lumière verdâtre émanant des tentacules grouillantes de la lame semblant presque absorber celle écarlate du cadavre, désormais réduit à l'état de squelette. Alors qu'elle regarde autour d'elle, elle repère les restes des différentes gargouilles, squelettes et même quelques vampires ayant survécus au raid juste pour être massacrés en venant aider leur seigneur. La "jeune vampire sent son coeur se glacer en observant les yeux jaunes accusateurs de Feran Sadri, l'ex-conseiller, l'un des rares vampires "plus ou moins stables" de la cours étant tombé sous l'un des sorts de la Brétonne. Viviane elle-même semble légèrement troublée, même si elle range rapidement son épée, Tahrodiis à sa ceinture.

"Alors, c'est fini..."

Sérana ne bronche pas, ayant parfaitement sentit Isran pénétrer dans la chapelle. Difficile de ne pas entendre cet homme se déplacer avec le bruit que fait son armure. mais elle n'y fait pas attention. Alors que la voix graveleuse du Rougegarde retentit, se réjouissant plus ou moins de la fin d'Harkon et de sa prophétie, elle se contente de répondre laconiquement. Après tout, ça devait être fait. Son père était irrécupérable. C'est un fait. Son projet aurait coûté la vie à des milliards d'êtres vivants et aurait mené le monde entier à la destruction, vampires compris. C'est la malédiction de leur race... La folie. Cependant, elle sursaute quand la main gantée du guerrier se pose sur son épaule droite et en relevant les yeux, elle resté pétrifiée en voyant les yeux sombres la regarder avec... Compréhension ?

"Ca doit être... Difficile pour vous...

Une goûte d'eau ruisselant sur sa joue gauche la surprend un moment, surtout lorsque la main libre du guerrier l'essuie immédiatement. Elle pensait avoir fait son deuil depuis longtemps. Pour elle, son père est mort le jour même où il a commencé à envisager de les tuer, sa mère et elle pour son projet. Ce qu'elle vient d'aider à tuer n'était que l'abomination qui a pris sa place. Cependant, voir Isran essayer de la consoler est presque aussi étrange que rassurant. L'homme l'a toujours haïe. En tant que vampire, elle représentait tout ce qu'il détestait le plus et désirait anéantir. Cependant, il semblerait que tout ce qu'elle a fait depuis pour arriver à ce moment a finit par dégeler le coeur du chasseur. Une main chaude se posant sur son autre épaule la ramène à la réalité et elle regarde derrière elle, voyant le regard compréhensif de Viviane dont les yeux verts fixent les siens. Plus qu'Isran, la Brétonne comprend parfaitement ce qu'elle ressent. Son propre père était, d'après ce qu'elle lui a dit, loin d'être le meilleur et était même un monstre, prêt à tout pour s'élever au delà de son rang ce qui a mené Ulfric a le faire exécuter lorsque l'homme _venant récupérer sa fille pour la contraindre à un mariage_ a eu le malheur et la stupidité de tirer son épée dans un accès de rage... Juste à temps pour être violemment désarmé par le garde du corps de la fiancée du nouveau haut roi. Un certain Ralof.

Une mort pitoyable... Mais apparemment bien méritée vue les horreurs que Vivi aurait subies par sa faute. La main d'Isran, disparaissant de son épaule lui apprend que le guerrier commence à s'éloigner, mais la voix graveleuse du Rougegarde retentit une dernière fois, lui indiquant que "sa mère sera la bienvenue aussi longtemps qu'elle n'offensera pas les règles". Bien entendue, elle avait oublié ce détail... Elle doit encore aller libérer sa mère de l'enfer dans lequel elle est encore enfermée. Mais pour le moment... Elle sent toujours cette peine alors que les bras de sa meilleure amie se referment autour d'elle.

_Elipse_

Déjà un mois. Un mois depuis la mort d'Harkon. Viviane ne peut pas s'empêcher de repenser à ce moment. Miraak... Encore et toujours. Elle a ressentie exactement la même peine en tuant le maître-vampire que lorsqu'elle combattait l'être qui aurait pu être aussi proche du grand frère qu'il était possible de l'être. Premier dovahkiin contre dernière. Le pire dans l'histoire, c'est qu'elle n'était enfin plus seule. Miraak aurait pu être là, l'aider à supporter ce rôle qu'elle hait autant qu'elle le peut, même s'il est contrainte de l'accomplir. Elle se rappelle encore les larmes ensuite versées en serrant Paarthurnax contre elle deux jours plus tard, le vieux dragons semblant aussi stupéfait que compréhensif. Dans le cas d'Harkon, cet amertume ne vient pas d'un quelconque amour fraternel, contrairement à l'autre Dovahkiin, mais du chagrin apperçu sur chaque trait du visage de sa meilleure amie alors que la lame de Tahrodiis s'enfonçait jusqu'à la garde dans le coeur mort du vampire.

"Tu es vraiment stupide, Briina. tu devrais savoir depuis le temps que la pitié est probablement la pire chose dans le monde, surtout envers un ennemi !"

Au lieu de la faire sursauter, la voix de Miraak, résonnant avec force dans son esprit la fait juste soupirer. Comme c'est ironique que de tous les cadeaux que Hermaeus Mora aurait pu lui faire, l'âme de son "frère" soit son préféré. Elle ne s'attendait en effet pas du tout à ce que les dix âmes de dragons qu'elle a dévorées dans le combat ce jour là soient accompagnées d'une onzième. Miraak est loin d'être le plus compréhensif, étant même carrément insupportable au départ, mais depuis quelques temps, il est plus taquin que menaçant... Même si son arrogance reste pénible.

****Ce n'est pas de la pitié, Miraak. Je haïssait Harkon au moins autant que je haïssait cette garce d'Elenwen ! Non, ce n'est pas pour ça que j'ai de la peine, c'est juste...****

"Oui, je sais !" la coupe son frère dans un léger grognement. "Tu as juste de la peine pour ton amie. Mais aurais-tu oublié ce qu'il comptait lui faire ? Sérana devrait s'estimer heureuse que ce traître à son sang soit mort aussi rapidement ! De mon temps, un être pareil aurait été torturé des semaines avant de finalement être exécuté !"

Entendre Miraak parler ainsi manque de la faire éclater de rire. Quelle hypocrisie ! A en juger par le léger grognement qu'elle entend, l'ex-Dovahkiin a entendu ses pensés, mais là...

Certes, ils n'ont aucun lien de parenté, mais ils étaient liés par l'âme, en quelques sortes. Ce qui n'a nullement empêché cet idiot de tenter de la tuer ! Même si elle peut comprendre qu'il désirait quitter Apocrypha après presque cinq millénaires enfermé dedans, il devait forcément y avoir d'autres moyens ! Il a juste choisit le plus rapide, sans compter ce qu'il faisait aux habitants de Solstheim ! Enfin... C'est un peu tard pour les regrets de touts manières. Cette idée en tête, elle reprend la route, se dirigeant vers le palais des rois, saluant Silda "l'invisible" et Nyranié de la tête, chose à laquelle l'elfe répond avec un sourire mutin. Il est clair que la situation est délicieusement ironique : la future reine... Dirigeante de deux des guildes les plus détestées de Skyrim, à savoir la guilde des voleurs et la confrérie noire. Bien que désormais, Ulfric tolère les deux beaucoup plus facilement dans la mesure où leurs talents sont fréquemment utilisés sur le Thalmor dont les "affaires" prennent par conséquent de sacrés revers. De fait, Viviane a énormément de mal à ne pas éclater de rire en se rappelant de la dernière lettre de Brynjolf. Apparemment, une mauvaise blague faite par le roux à Ondolemar a fait condamner l'ex-justiciar aux travaux forcés par ses anciens confrères. Il aurait probablement été exécuté sommairement par Elenwen si cette dernière l'avait attrapé !

"Qui aurait cru qu'un voleur serait aussi divertissant ? Faire accuser un dignitaire de... Voyeurisme ? Et envers sa supérieure en plus ? Tu as des frères d'armes... Etranges, Briina..."

Entendre l'espèce d'émerveillement dans la voix de Miraak manque de la faire trébucher, même si elle se reprend vite. Poursuivant sa route dans le blizzard tandis que le soleil continue de décliner, elle ne peut pas s'empêcher de sourire. Au départ, Miraak était loin d'approuver ses fréquentations, même s'il montrait une sorte de respect envers les compagnons lorsqu'elle les a finalement rejoint deux semaines après leur duel. Mais il semblerait que peu à peu, il commence à se faire une raison. Enfin, peu importe, les énormes portes du palais s'ouvrent pour elle alors qu'elle entre enfin dans la chaleur rassurante des lieux, mais elle reste soudain stupéfaite lorsque ses yeux, finissant de s'acclimater à la légère obscurité de la grande salle accrochent la silhouette svelte toujours vêtue de noir et rose de sa meilleure amie. Sérana est en effet assise à la table de banquet, semblant discuter avec le mage de la cour, Wuunferth. Apparemment, le vieillard, bien qu'étant contre la nécromancie n'a aucun grief envers la vampire, mais à en juger par son regard presque surpris et... Rempli de... Pitié ? Sérana lui a dit quelque chose de spécial.

"Sérana ?"

Sa propre voix lui paraît presque étrangère. Cela fait trois semaines qu'elle n'a plus reparlée à son amie après l'avoir aidé à sortir sa mère du Cairn de l'âme. Consciente que l'ex-princesse vampire avait besoin de temps pour se remettre de la mort de son père et surtout, renouer avec sa mère, elle a décidé de la laisser en paix, même si elle a pris le temps de lui apprendre à invoquer Arvak au cas où elle désirerait la voir. Cependant, lorsque la brune se tourne vers elle, Vivi sent son souffle s'immobiliser dans sa gorge. Sérana est plus pâle que la normale, mais ses joues sont écarlates, tout comme ses yeux normalement jaunes qui sont quant à aux aussi cernés que gonflés. La... La vampire a apparemment pleuré abondamment peu de temps plus tôt. Hors, mise à part l'unique larme qu'elle a laissée échappé à la mort d'Harkon, elle n'a jamais vue son amie pleurer. Qu'est ce que...

"Sérana ? Qu'est ce qui s'est passé ?"

"Viviane... J'ai... Hermaeus Mora..."

Ce seul nom glace le sang de Viviane dans ses veines, sa main droite partant déjà vers le masque présent à sa ceinture. Hermaeus Mora ? Qu'est ce que le prince pourrait bien avoir fait à son amie ?! Une vive colère envahit chaque parcelle de son corps, la voix de Miraak retentissant avec force dans son esprit. Elle tolère la créature depuis que cette dernière a renoncé à elle. Mais si jamais elle a fait quoi que ce soit à Sérana... Cependant la voix de la "jeune" femme retentit de nouveau et ce qu'elle dit la cloue sur place :

"Mora nous... Nous a contacté, mère et moi. Il nous a... Rendu un souvenir. Quelque chose qu'on... Que nous avions oublié."

Une déclaration qui la laisse surprise : Mora ne fait jamais rien sans raison. Elle en a fait l'amère expérience par trois fois depuis le début de son expérience. Pourquoi est ce qu'il aurait rendue la mémoire à son amie ? Et surtout, qu'est ce qu'elle avait bien pu oublier. C'est alors que la voix nasillarde de Wuunferth retentit derrière elle, l'homme prononçant froidement quelque chose qui la laisse pétrifiée :

"Dovahkiin... Votre amie doit se rendre à Forelhost, mais elle ne peut pas s'y rendre seule. Une injustice a été commise il y a des siècles et il faut y mettre fin. Rapidement."

Forelhost ? Après avoir terrassé Rahgot, elle espérait ne plus jamais avoir à s'y rendre ! mais à en juger par le regard de son amie, l'injustice a du être horrible. Et la suite lui donne raison :

"Mon... Mon petit frère est là-bas. Ces lieux sont... Un vrai enfer pour lui. Pire que le Cairn pour ma mère. Je dois l'en sortir immédiatement avant qu'il ne se réveille et voit où il est !"