One boy is worth than twenty girls, Silver.

Il y a toujours eu un problème avec moi. Mon incapacité à établir des relations, que ça soit professionnel ou personnelle. Disons le carrément, je suis le genre de mec qui s'en fiche un peu de l'amour, quelque que soit sa forme ou sa couleur. Depuis gamin, je n'ai jamais eu de véritable ami, mes parents n'étaient pas réellement ce que je pourrais appeler des parents. Mais ça, c'est une autre histoire.

Aujourd'hui, j'ai fugué. Pour la cinquième fois du mois, sauf que cette fois je ne compte pas rentrer chez moi, je l'ai décidé. J'ai pris un grand sac avant de partir, de quoi me nourrir pendant au moins une semaine et me fringué aussi. J'ai cette fâcheuse manie de prévoir tellement tout à l'avance que le sac était déjà bien préparé depuis trois jours.
J'ai juste eu à passer par la fenêtre, ma chambre était au rez-de-chaussée, ce qui me facilite vraiment la tache, des fois où je sors le soir.

J'ai couru toute la nuit, passant dans les ruelles de lampadaire qui me conduirait à Bourg Geon. Je connaissais cette ville comme ma poche, à force de souvent m'y rendre. Les derniers sapins m'ouvraient enfin la voie pour le commencement de la ville, je m'étais arrêté, à bout de souffle. Courir près de trois kilomètres sans m'arrêter, c'était pas quelque chose que je faisais d'habitude, faisant beaucoup de pause, mais là, je n'en avais pas spécialement le temps.
Mes raisons ne vous importent pas, là n'est pas la source du problème. Le problème, maintenant, c'était cette putain de nuit qui m'empêchait de clairement voir la toiture des maisons, si bien que je ne savais pas dans quel quartier de la ville je me trouvais.

« Putain. »

Et devoir chercher à tâtons cette putain de maison, l'éclairage des lampadaires étant merdique dans cette ville depuis que je venais, c'était quelque chose que je supportais pas. Alors lentement, je m'enfonçais dans la ville, cherchant un objet, indice, une boîte au lettre qui aurait pu m'indiquer où se trouvait cette maison.
Heureusement que la lumière de sa chambre était encore allumée, j'ai pu vite faire le tri entre son voisin relou et sa maison. L'éternel lumière rouge qui brillait faiblement dans l'obscurité. C'est un peu ma bonne étoile cette lumière que j'avais pensé deux secondes, avant de soupirer face à ma gaminerie. Dans le genre débile, Silver, tu peux être proche du niveau de Gold.

D'ailleurs, en parlant de ce débile, j'ai sorti sa lampe que j'avais foutu dans mon sac, vérifiant qu'il y avait bien sûr des piles. Non parce qu'on parlait de Gold là, le gars qui peut te donner les clefs d'une maison qui n'est pas la sienne. Faudrait d'ailleurs que je lui demande à qui elles étaient ces clefs si c'était pas les siennes. Voyant la sainte lumière blanche traverser l'allée, je l'ai orienté vers sa fenêtre.
Voilà, maintenant débile, tu ouvres vite la fenêtre, je suis en train de mourir de froid.

Sauf que bon. Gold c'est aussi le gars qui écoute de la musique en fixant son plafond, donc impossible d'avoir son attention des fois. Et là, je parle en connaissance de cause. J'ai soupiré, lourdement.
Bon, plan B.

Je me suis infiltré dans son jardin, sans mal en fait vu que je savais où était planqué les clefs. Oui oui, juste en dessous du pot de fleur, cachette assez banal en somme. A croire que tout le monde choisit cette cachette en étant persuadé que personne ne la trouvera jamais. J'ai encore soupiré. Une fois rendu dans le jardin, il fallait me rendre jusqu'à sa fenêtre...qui était donc à plusieurs mètres du sol.

Je tiens à prévenir que je détestais grimper dans son stupide arbre là. Un truc tellement pas stable que je croyais tomber à chaque fois que je squattais chez lui. Si encore il était robuste, ça m'aurait convenu, mais là...même pour moi qui ne suis pas spécialement obèse, j'ai peur des fois. Bref, m'attaquant au pommier, j'ai enfin réussi à atteindre son carreau. Enfin, presque. Ma main était encore trop courte pour taper doucement sur le carreau.

« Fait chier putain, c'est quoi ce parcours du combattant pour arriver chez toi, tch. »

Donc, plan C. J'ai cassé une branche de l'arbre, avec un regard presque heureux. M'en fout, j'aime pas les pommes. Et d'un geste presque...habituel en vu de la tronche de l'arbre – deuxième sourire- j'ai gratté le carreau de sa fenêtre.

Délivrance quand j'ai enfin vu une masse de déplacer vers la fenêtre et l'ouvrir ensuite. Et ses yeux d'or septique qui me décrivaient comme si je faisais le truc le plus insensé de la planète. Merci Gold, tu pourrais avoir un peu de considération pour moi, hein ?Puis il a soupiré, se grattant le crane comme si c'était en fait un truc assez habituelle en somme. J'ai grogné, mon sac toujours sur le dos.

« Bon, tu m'ouvres ? »
« Faudrait vraiment que tu captes que j'ai une échelle hein ? »

Ouais bah non.