CHAPITRE 1 : bagage, bagage
« Je vous préviens les gars. Cette fois, vous vous débrouillez comme vous voulez mais je ne veux pas de vagues ! »
- Aucun risque, Nami ! répliqua un chapeau de paille rieur. Nous prenons l'avion, pas l'bateau !
- Ah. Ah. Ah. »
BAM.
Un coup de maître de la part de la sorcière, je l'avoue, et le coup d'envoi de notre nouvelle aventure. Luffy appelle ça des vacances car nous avons pris un aller-retour pour son île natale mais nous autres ne connaissons ni cette destination ni ce moyen de transport… un peu spécial. Notre capitaine, lui, l'a déjà pris plusieurs fois dans son enfance, c'est pour ça qu'il a tout de suite reconnu les bâtiments si particuliers et ces fameux « avions ». Nami a du mal à comprendre pourquoi il est parti à l'aventure par bateau alors que Dawn Island possède, allez savoir comment, son propre aéroport (c'est l'endroit où ils font décoller les « avions », ouaip décoller, ça se barre dans le ciel et tout, on est tombé dessus en arrivant). J'en avais jamais vu, ça se développe, il paraît. Perso, j'ai pas franchement confiance dans ces tas de ferrailles volants mais faut bien suivre le capitaine alors j'ai franchi l'immense double-porte vitrée de la construction, à la suite de mes nakamas. Nous avons débouché dans un hall aux dimensions spectaculaires avec des panneaux partout et d'innombrables couloirs qui se dirigeaient vers on ne sait quoi. Un vrai foutoir organisé, le truc. On pourrait limite s'y perdre.
« Que chacun garde un œil sur Zoro, il est foutu de se paumer. »
Bah les vacances commencent bien tiens, et la confiance règne, ça fait toujours plaisir. Je ne pus m'empêcher de répliquer.
« Ta gueule, sorcière, ya qu'un illettré qui pourrait s'perdre ici, ya des panneaux partout.
- Parce que tu sais lire, toi ? »
Et ce foutu cuistot qui s'y mettait aussi. Aujourd'hui, je n'avais pas la patience.
Clic.
« AH NON, hurla la furie. PAS ICI ! Sanji, tu cesses immédiatement tes provocations et Zoro, si tu essaies de sortir un de tes sabres, tu finis en soute ! Est-ce que je suis assez claire ? »
Le love-cook s'inclina et lui répondit, tout mielleux, une de ses stupidités habituelles. Je déteste ça. Je les ignorai et reportai mon attention sur les affichages.
« Luffy, comment ça se passe maintenant ? questionna Usopp.
- Faut donner les valises ! répondit-il, tout sourire.
- A qui ? s'enquit Robin.
- Au tapis qui roule !
- … »
Nous avions deux heures avant le décollage, ça ne suffirait peut-être pas, finalement. Heureusement, l'archéologue dénicha un affichage indiquant les guichets pour déposer les bagages. Seulement voilà, il y en avait une petite vingtaine. Nous perdrions assez de temps à comprendre les indications de Luffy, donc j'optai pour une des files vides. Autant ne pas faire la queue pour rien.
« Hey, tête d'algue, ya personne à ton guichet, tu veux qu'on enregistre les bagages comment ?
- Moi, abruti de cuistot, j'ai pas besoin d'une nénette en jupe pour foutre une valise dans ce trou !
- Heu, Zoro, m'interrompit Usopp qui s'était renseigné entre temps, je crois qu'ils doivent aussi nous donner nos billets… »
Et comment j'aurais pu le savoir, moi ? Cet aéroport commence sérieusement à me sortir par les yeux. Bref, nous nous sommes installés dans une file, choisie par le love-cook (pour les beaux yeux de l'hôtesse, j'imagine) avant que Robin ne nous sorte encore une fois du pétrin en précisant que notre destination était affichée au-dessus d'un guichet qui n'était évidemment pas celui pour lequel nous attendions. Après une quinzaine de minutes, nous sommes enfin arrivés face à une nana, assez accueillante finalement. Le cuistot lui tendit, entre deux stupides courbettes, nos passeports et nos réservations. Elle nous les rendit avec nos billets en un temps record. Mais ce n'était pas fini, il fallait encore s'occuper des bagages, chose qui avait pour le moment très mal commencée.
« Bien, posez vos valises, nous allons vérifier leur poids. »
Nous lâchâmes nos bagages dans une synchronisation parfaite et la nana nous dévisagea, ahurie. Robin, plus futée, nous montra comment nous y prendre. On aurait vraiment cru qu'elle n'en était pas à son premier essai, vraiment bizarre. Et la valise s'enfuit distraitement rejoindre ses congénères à l'abri des regards. Ce fut au tour du tireur.
« Je suis désolée, mais votre bagage pèse 21,6 kg. Vous dépassez la limite des 20 kg. Vous allez devoir payer un supplément. »
Un supplément ? C'est quoi ces conneries ? Une valise reste une valise non ? La sorcière réagit violemment.
« Hors de question ! Usopp, vide-moi ton sac tout de suite ! Il fera 20 kg et pas un gramme de plus ! Dépêche-toi !
- Mademoiselle… Il y a des gens qui attendent derrière vous… »
Après un rapide coup d'œil, les gens en question commençaient d'ailleurs sérieusement à en avoir marre. Comme s'ils avaient fait les fiers pour leur premier vol, eux. Je les toisais durement du regard et je vis mourir sur leurs lèvres, des protestations qu'ils n'osèrent formuler. Ok, c'était pas très sympa mais mérité et j'avais vraiment besoin d'un tel soulagement. Pendant qu'Usopp tentait désespérément d'alléger son bagage en transvasant quelques bricoles dans sa sacoche avant que la furie ne s'en débarrasse sauvagement, Luffy posa le sien sur le tapis roulant.
« Hum… si je puis me permettre, ce sac-ci est très léger… 2,8 kg…
- Ben oui ! expliqua le capitaine, ya rien dedans !
- … Et pourquoi t'embarques un sac vide ? demandai-je, déconcerté.
- Parce que c'est marrant quand il part ! répondit-il, très fier. »
Rageusement, la sorcière s'empara du sac et y déversa une partie du contenu du bagage d'Usopp qui pu partir à son tour. Elle déposa néanmoins celui de Luffy de côté près du sien, par précaution.
« A vous, mademoiselle.
- Heu… je le garde avec moi.
- Je suis désolée mais vous ne pouvez pas.
- Mais son contenu m'est précieux !
- Ne vous en faites pas, vous le retrouverez après l'atterrissage… »
Quelque part j'admirais la patience de cette nana… Elle n'avait pas du en voir passer souvent des « comme nous ». A regret, la furie déposa délicatement son bagage.
« 44 kg ? »
Et elle trimballait son sac sans peine… On s'étonne après, de prendre des beignes, sérieux.
« Zoro, fais passer la tienne pendant que je continue de remplir celle de Luffy…
- J'en ai pas.
- Et ça c'est quoi ?
- Celle de Chopper.
- Attends… ON EST LIMITÉ EN POIDS ET TU PRENDS PAS DE SAC ? TU TE FICHES DE MOI ? »
Elle fulminait mais retourna s'occuper de ses affaires. Chopper fut soulagé de voir qu'il ne dépassait pas la limitation et l'autre folle put même y glisser quelques statuettes en… en or ? Et je ne fus pas le seul à le remarquer.
« Ma… demoiselle… Que transportez-vous dans… votre valise ? »
Et merde, on était grillés. Quelle idée de trimballer un trésor sur soi aussi…
« Oh… et bien, c'est… quelque chose de sentimental. C'est un héritage de mon défunt père. La plupart n'est pas de l'or véritable, j'en suis bien consciente, mais nous allons lui rendre visite au village Fuchsia où il est enterré. Je voulais… lui rendre ses biens, même si aux yeux du monde, ils n'ont guère de valeur. Vous comprenez ?
- C'est vrai ? Ton père est enterré à Fuch… »
Le pied du cuistot fut le plus rapide. Heureusement, la nana, les yeux remplis de larmes, avait gobé l'histoire de l'autre tarée et n'avait pas prêté attention à la réaction de Luffy. Le sac de Chopper s'en alla donc à son tour, bientôt suivi par celui du cuistot – également agrémenté de quelques objets précieux – et enfin des deux de Luffy et de la sorcière. Ouf. Nous allions enfin pouvoir décoller…
