La folie d'un ange.
Chose promise, chose due : pauvre Wufeï ! L'idée m'est venue d'un coup, au travail, pendant que j'écoutais la chanson de Florent Pagny « la folie d'un ange », plus quelques influences de Stargate (notre Chinois a des airs de Daniel Jackson dans un des épisodes où il porte carrément la camisole de force, vous ne trouvez pas ?).
Le genre ? Aventure, suspens, humour (j'espère…), amitié, loyauté, amour…bref, tout public (sisisisisi…même si entre Duo et Heero…enfin bref, z'avez qu'à lire !)
Pour comprendre, il faut se projeter presque vingt ans après la fin de Endless Waltz. Ce sont donc tous des adultes. Les personnages originaux ne sont toujours pas à moi (pourquââââ ?). La nouvelle génération si ! Alors pas touche, sauf si on me le demande gentiment. Pourquoi des jumeaux ?…ben…je suis fan de Starwars, en plus de mes autres vices, et comme Luc et Leia sont jumeaux, et que Leia a aussi des jumeaux dans les livres qui font suite(que je recommande)…En italique, ce sont les réflexions de Wufei. Parce qu'il reste toujours aussi peu bavard, je l'ai laissé tout seul pendant presque toute la fic ().
Bonne lecture !
Chapitre 1
Captif.
C'est le pilote de zéro cinq ! Il se bat en ayant toujours à l'esprit un sens de la justice très développé….
Je peux me battre ! Contre des ennemis de votre espèce je peux me battre !
Ces mots…ces phrases…tout ça est si loin !A l'époque, j'avais dix-sept ans. Je savais où se situait mon devoir, et étais résolu à tout mettre en œuvre pour préserver mon intégrité. Longtemps, je me suis battu aux commandes de mon fidèle Nataku. Mon Gundam si fort, si puissant, un compagnon d'arme d'une loyauté absolue…que n'avais-je souffert lors de sa destruction ! Mais j'avais contribué à créer une nouvelle aire, dans laquelle des guerriers qui l'avaient fait naître n'avaient plus leur place, pensais-je. Ma victoire sur à Treize, enfin assumée après mon combat contre Heero, ainsi que la réaction des Terriens venus réclamer la fin des hostilités, m' avaient ouvert les yeux. Je protègerai cette paix voulue par tous les citoyens des colonies et de la Terre. Je serai Prevender aux côtés de Sally Pô, et ne me battrai plus qu'avec mes mains et mon cœur. Chère Sally, elle me comprenait si bien…
Assis à même le sol, la tête renversée en arrière et les yeux clos, il se sentait affreusement las, et souffrait de migraines terribles à force de ressasser les mêmes souvenirs. Mais il restait assez lucide pour réaliser que, se retrouver dans un tel état à l'âge de trente-cinq ans, ce n'était guère normal. Cette pièce, qu'on tentait de lui faire prendre pour une chambre d'hôpital, ressemblait en fait à une cellule capitonnée apprêtée pour un malade mental : pas de fenêtre, pas de poignée à la porte, mobilier restreint et scellé au sol, pas de couverture sur la couchette, et un espèce de revêtement moelleux apposé sur toutes les surfaces. Oui, c'était bien cela : une boite ouatinée pour fou furieux…
Les vêtements qu'il portait se résumaient en un pyjama informe et blanc, sans ceinture ni boutons. Ses longs cheveux noirs étaient libres de toutes entraves : on lui avait retiré l'attache qui les tenait en catogan. Il fixait ses orteils nus, avec obstination, un peu hagard à force, et les faisait bouger à tour de rôle, pour constater que décidément, le petit manquait de souplesse. Des heures entières à les compter, les recompter, encore et encore sens, dans un sens puis dans l'autre: invariablement, il en trouvait cinq à chaque pieds, dans n'importe quel ordre !Mais pourquoi diable lui avait-on retiré ses souliers ?
Quand tout cela avait-il commencé ? Depuis quand végétait-il ici ? Deux jours ? deux mois ? Deux ans ? Il n'aurait pas su le dire. Il ne possédait aucun repère temporel auquel se raccrocher : il en était réduit à compter les repas pour s'y retrouver, constatant à plusieurs reprises qu'on lui apportait deux fois de suite son petit-déjeuner. Où était donc passé le combattant acharné et fort qu'il pensait avoir été ? Un combattant ! Dans une aire de paix et de prospérité ? Quelle ignominie !
La guerre, la lutte, les combats, les soldats, le sang, les sacrifices, la justice, l'honneur, la fierté…des mots…de simples mots qu'on ne prononçait plus depuis longtemps. Les nouvelles générations semblaient ignorer jusqu'à leur signification. Et la justice ? Quelle justice ? Les autorités avaient retiré tout son sens à ce terme qui signifiait tant pour lui et pour sa femme. Ainsi que pour tous ses anciens compagnons. C'est au nom de cette justice qu'il était enfermé.
- M. Wu, annonça une voix sortie d'un petit haut-parleur. Un infirmier vient vous donner vos soins quotidiens. Veuillez vous allonger s'il vous plait.
L'homme soupira. Il connaissait la marche à suivre : rejoindre sa couchette, mettre pieds, poignets et taille dans les demi-cercles qui se refermeraient automatiquement, le neutralisant le temps de la visite de l'infirmier. On le jugeait dangereux. Il se souvenait avoir refusé d'obtempérer, un fois. Résultat : on l'avait gazé, puis attaché des heures durant sur son lit. Il n'oublierait jamais l'humiliation. Il était hors de question que cela se renouvelle. Il saurait se montrer patient, quitte à passer pour un lâche ! Leur vigilance finirait bien par se relâcher !
Il se releva donc lentement, conscient d'être observé au moyen d'une caméra (placée bien trop haute pour qu'il puisse l'endommager) dont le témoin lumineux clignotait obstinément, et prit la pause en contrôlant ses gestes. Cette caméra l'épiait depuis son arrivée, ne lui laissant pas le moindre répit, pas même lorsqu'on l'autorisait à faire sa toilette !
Une fois allongé, les menottes cliquetèrent, et quelques secondes plus tard un jeune aide-soignant en blouse blanche entra, poussant un chariot métallique devant lui. Le patient se souvenait de l'avoir vu à l'occasion. Pas plus de dix-huit ans. Des cheveux blonds filasses, et des boutons partout, un nez bien trop présent au milieu d'un visage extraordinairement ingrat et des petits yeux gris aussi larmoyants qu'inexpressifs, désespérément trop près l'un de l'autre. De plus, il semblait avoir grandi dans le désordre : bras et jambes trop longs rattachés à un corps avachi, aux épaules tombantes, dos voûté et pieds visiblement trop lourds ou trop grands pour mériter d'être soulevés correctement. Un grand adolescent dans toute sa splendeur, à peine né lors du lancement de l'opération météore donc.
- Comment allez-vous aujourd'hui, M. Wu ? s'enquit-il poliment, d'une voix de fausset (visiblement, il n'avait pas fini sa mue…ça ajoutait à son charme).
- Wufeï, Chang Wufeï petit, corrigea l'homme patiemment en regardant le plafond. J'ai déjà dit que je ne supportais pas que l'on charcute mon nom. Pourquoi la caméra de surveillance est-elle désactivée ?
En effet, le témoin lumineux de l'appareil de surveillance avait cessé de clignoter, preuve qu'il ne fonctionnait plus. Le patient ne se souvenait pas d'un précédent.
- Ah tiens ? Curieux… releva le grand dégingandé d'un ton qui se voulait indifférent. Vous savez très bien que ce n'est pas votre nom, M. Wu, continua-t-il plus sérieusement. Le docteur vous l'a bien précisé lors de votre dernier entretien, non ? M. Li-Wong Wu, érudit reconnu aussi bien sur Terre que sur les colonies. On vous dit particulièrement calé en civilisation chinoise et en philosophie. En ce qui me concerne, je suis totalement hermétique à ce type de cogitation.
« Hermétique »…Il ne faisait aucun doute que ce freluquet l'était réellement ! Ses amis auraient eu des qualificatifs différents. Pour Maxwell, le terme « bouché grave» aurait convenu à merveille. Concernant Raberba Winner, un « limité » diplomatique aurait suffit, accompagné d'une petite moue un rien condescendante. Par contre, Yui l'aurait déclaré abruptement « inapte », et Barton, de son charmant petit accent latin, « incapable ». Le Chinois était à peu près certain qu'aucun d'entre eux ne l'aurait supporté plus de trois minutes sans lui briser deux ou trois côtes. Lui le subissait à longueur de temps. Celui-ci comme les autres guignols en blouses blanches. Les yeux fermés, il laissa échapper un sourire las.
Car il était seul désormais. Effroyablement seul. Dès lors, comment leur faire comprendre qu'il avait changé d'identité lors de son départ des Prévenders, juste après son mariage, uniquement pour recommencer une nouvelle vie ? Une nouvelle vie préservée de la vengeance de ceux qu'il avait contribué à arrêter lorsqu'il était en fonction sur la Terre et des manigances politiciennes des colonies.
Tout en devisant de choses et d'autres totalement dénuées d'intérêt, le jeune aide-soignant procédait aux examens de routines : température, prise de sang, contrôle de la tension nerveuse. Il regardait à peine son patient. Le bracelet du tensiomètre comprima trop longtemps le poignet du Chinois, qui sentait son membre s'engourdir. Il serra les paupières, s'obligea à respirer calmement, bien décidé à ne rien laissé paraître. Quand l'aide-soignant le lui ôta enfin, il avait du mal à replier ses doigts. Maîtriser de son mieux la colère qui le gagnait peu à peu se révélait vraiment usant. Le contact de ses mains moites l'horripilait presque autant que son babillage stérile !
Et dire qu'il était à la merci d'un tel…Imbécile !…Mais aujourd'hui, il s'appliquerait à garder un visage impassible. Il y parvenait si bien jadis ! Ainsi, il était certain d'échapper à la piqûre de tranquillisants. D'habitude, soit elle sanctionnait des démonstrations d'agressivités, soit elle précédait de quelques heures la visite du psychiatre, tous vingt-et-un repas, soit tous les sept jours. Or, celle-ci avait eu lieu quatre repas en arrière, autrement dit la veille. Donc, pas de danger de se retrouver inconscient s'il ne perdait pas le contrôle de ses nerfs. Il fallait à tout prix qu'il reste lucide : son esprit recommençait peu à peu à fonctionner normalement.
- Tout va bien, M. Wu, annonça-t-il. Nous pouvons procéder à l'injection.
Le patient se sentit blêmir. Comment ça…Une injection ? Non ! Ce n'était pas normal ! Même en ayant plus ou moins perdu le compte de ses repas, il était certain que le compte de vingt-et-un n'y était pas !Il ne pouvait pas permettre une telle chose sans réagir ! Il explosa :
- Hors de question ! Ce n'est pas le jour et vous le savez parfaitement ! Ce que vous m'injectez dans les veines perturbe mes sens et mon esprit. Laissez-moi en paix ! Ça ne rime à rien !
Le pseudo infirmier garda son calme, trop habitué à ce genre de réaction pour s'en formaliser. Il s'empara d'une seringue, posée sur son chariot, et, avec une efficacité toute professionnelle, enfonça l'aiguille dans la saignée. Le Chinois perdit toute retenue
- Mais merde…tu m'écoutes ? arrête ça tout de suite !
Les entraves métalliques se tendirent en cliquetant sous la traction que le Chinois leur imposait. Même s'il savait que c'était inutile, le prisonnier se débattait comme un beau diable, durcissant ses muscles.
- Si vous vous détendiez, ça ferait moins mal, M. Wu…
- Sale…morveux ! arrête ça sur le champ ! Mon nom est Wufeï Chang, ancien membre des Prevenders, pilote de Gundam !
L'autre faisait mine d'être sourd…belle performance vu que la patient hurlait maintenant :
- Quatre….lui il me reconnaîtra ! Mieux encore, Réléna Peacecraft Darlian ! Ils savent eux ! Ils…
-Mais oui bien sûr… siffla le jeune homme. Le principal représentant des colonies et le ministre des affaires étrangères, rien que ça…À un mort ou à une disparue donc…Et puis, qu'est-ce que c'est un Gundam ?
Fin du premier chapitre…J'avoue que je déteste l'infirmier…je n'y peux rien, et ce n'est même pas sa faute, puisque c'est moi qui l'ai fait comme ça ! (comment ça, je suis bizarre ?) Il m'énerve à un point…Bon, je file peaufiner le second chapitre, et je vous le sers tout chaud… Wufei va encore déguster le pauvre !
