La journée la plus chaude de l'été tirait à sa fin. Tout était calme à Privet Drive, un silence quasi-religieux régnait dans le lotissement. A cause de la canicule, l'usage des jets d'eau étaient interdits. Par conséquent, les voitures d'ordinaires étincelantes se couvraient de poussière et les pelouses verdoyantes n'étaient plus que des étendues d'herbes brûlées. Nul n'osait s'aventurer hors de leur maison, la chaleur étant bien trop accablante. Les vendeurs de climatisation faisaient fortune. Ceux qui n'en avait pas les moyens, laissait les fenêtres grandes ouvertes dans l'espoir d'attirer une brise inexistante. Harry Potter poussa un soupir agacé et jeta la gazette du sorcier sur son lit. Rien, de rien, aucun article ne mentionnait le retour de Voldemort. Le premier ministre de la magie, Cornélius Fudge, restait campé sur ses positions. Il devenait évident pour ceux qui savaient lire entre les lignes que Voldemort montait en puissance. Incidents, disparitions inexpliquées faisaient la une des journaux sorciers et moldus.
Pourtant le gouvernement sorcier se refusait à y croire, préférant accuser Dumbledore d'affabulations et de manipulation. Dans la gazette, il dépeignait Harry comme étant un garçon perturbé, en manque d'attention, un peu fou. Bien-sûr, Fudge orchestrait cette campagne de calomnie. Harry était écœuré de l'attitude du ministère et des journaux, un moment on l'acclamait tels un héros et celui d'après on le descendait plus bas que terre. Harry avait parfois l'impression d'être une marionnette. Il ressentait tout cela un peu comme une trahison. Les sorciers changeaient d'avis dès que le sens du vent tournait pareils à des girouettes sur les toits.
Les Dursley ne l'avaient pas trop ennuyé pour une fois. Hormis quelques claques infligées par son oncle, les remarques acerbes de sa tante et la chasse aux Harry que pratiquait son cousin Dudley dès qu'ils se croisaient, il avait été relativement en paix. Être sorcier le protégeait un peu, l'oncle Vernon ne le brutalisait pas trop. Son oncle craignait ses amis, surtout Sirius. La simple mention de Sirius, ce dangereux criminel, faisait blanchir le visage d'ordinaire rougeâtre de Vernon.
Cela n'empêchait pas Harry d'être très déçu de ses amis, il était même furieux contre eux. On était le 2 août et les quelques lettres reçues de Ron ne répondaient à aucunes de ses questions. Son meilleur ami l'abreuvait de banalités.
Soi-disant qu'ils ne pouvaient pas Dumbledore le leur interdisait. Hermione n'avait même pas pris la peine de lui écrire. D'après Ron, elle se trouvait dans l'incapacité de le faire.
Personne ne lui disait quand on viendrait le chercher. Harry se doutait grâce aux vagues indices présent dans les lettres de Ron, qu'Hermione et lui se trouvaient au même endroit, probablement au Terrier. Harry était furieux de penser que ses meilleurs amis s'amusaient comme des fous ensemble, alors que lui était coincé chez son oncle et sa tante. Pourquoi se trouvaient-ils au cœur de l'action alors qu'on le laissait de côté. Harry avait largement prouvé ses capacités depuis le temps. N'était-ce pas lui qui avait empêché le vol de la pierre philosophale en première année, combattu un basilic et sauvé Ginny en seconde, affronté les détraqueurs en troisième et participer au tournoi des trois sorciers, assister à la mort de Cédric et au retour de Voldemort en quatrième ? Donc pourquoi le laisser dans l'ignorance des évènements actuels ?
En attendant, il passait la grande majorité de son temps enfermé dans sa chambre à tourner en rond. Rien de bien palpitant en somme. Au fond de lui, il savait que ce n'était pas réellement la faute de ses amis. Après tout, il ne pouvait pas s'attendre à ce que Ron et Hermione viennent le chercher sans autorisation. Le hurlement de tante Pétunia le tira de ses sombres pensées. Il descendit les escaliers en trombe, baguette à la main. Un hibou moyen duc s'était posé sur l'une des chaises de la cuisine. Harry s'approcha et récupéra l'enveloppe qu'il tenait dans son bec. L'oncle Vernon qui venait d'entrer dans la pièce devint d'un beau rouge pivoine en voyant l'animal.
- JE NE VEUX PAS DE HIBOUX CHEZ MOI !
Harry l'ignora en frémissant et ouvrit l'enveloppe. Son cœur battant à toute vitesse. Il s'assura tout de même d'être hors de portée de son oncle. Il se mit à lire sa lettre avec attention.
Cher Mr Potter,
Nous vous informons de l'ouverture d'une enquête concernant la mort de Cédric Diggory et l'utilisation du sortilège impardonnable Avada Kedavra.
La gravité de cette violation du décret sur l'interdiction de l'usage des impardonnable entraîne d'office votre expulsion de l'école de sorcellerie Poudlard. Des représentants du ministère se présenteront à votre domicile dans les plus brefs délais afin de procéder à la confiscation de votre baguette magique. Nous procéderons à l'étude des derniers sortilèges pratiqués. Etant donnés la gravité des faits qui vous sont reprochés, nous avons le regret de vous informer que vous êtes convoqué à une audience disciplinaire le 12 août. Votre présence est obligatoire. Cette audience a pour objectif de déterminé votre culpabilité ou votre innocence.
Vous espérant en bonne santé, je vous prie d'agréer, cher Mr Potter, l'expression de mes sentiments distingués.
Dolorès Ombrage
Sous-secrétaire d'état
Ministère de la Magie.
Harry lut et relut la lettre. Il se sentait engourdi, paralysé par l'horreur de la situation. Un étau glacé comprimait sa poitrine. On le renvoyait de Poudlard. On le privait du seul endroit qu'il considérait comme sa maison. Qu'allait-il faire ? Plus rien ne paraissait existé autour de lui. L'oncle Vernon lui assena une taloche à l'arrière du crâne pour le faire réagir. Il leva les yeux vers les Dursley. On allait lui confisquer sa baguette. Il devait partir, loin. Sinon, il finirait comme Sirius. On allait trafiquer sa baguette et l'emprisonner. Il ignorait juste où trouver un refuge sûr. C'est le moment que choisi une petite chouette pour délivrer un nouveau message. Cela provoqua une fois de plus, la rage de son oncle.
- COMMENT IL FAUT VOUS LE DIRE A VOUS LES ANORMAUX ! PAS DE HIBOUX ICI !
Harry tremblait en détachant le petit rouleau de parchemin accroché à la patte de l'animal. Les mains moites, il déplia le message qui semblait écrit d'une main hâtive. Il surveillait du coin de l'œil son oncle. Il n'avait aucune envie de servir de défouloir.
Harry,
Dumbledore vient d'arriver au ministère pour tenter de comprendre ce qui se passe. Il va arranger la situation. Surtout ne quittes pas la maison de ta famille. Ne donne pas ta baguette et ne fais pas de magie. Quelqu'un va venir te chercher.
Arthur Weasley
Harry se sentit soulagé un bref instant. Dumbledore allait certainement arranger les choses ou les empirer. Le survivant ne savait plus trop quoi penser du directeur de Poudlard. C'était lui qui le forçait année après année à retourner chez les Dursley. Encore lui qui veillait à ce qu'il reste ignare depuis son plus jeune âge. De plus jusqu'à présent, on ne pouvait pas dire que le vieux sorcier veillait sur lui de manière efficace. Chaque année, il lui arrivait quelque chose de pire que l'année précédente. Comment devait-il s'y prendre pour ne pas rendre sa baguette ? Si un employé du ministre le lui demandait, il serait obligé de s'en séparer. A moins d'engager un duel, il ne voyait pas ce qu'il pourrait faire et s'il le faisait alors il gagnait un aller simple pour Azkaban.
- Tu n'apportes rien de bon à ceux qui t'entoures... Comme pour ce Cédric dont tu cries le prénom la nuit. A cause de toi, on va finir par nous trouver bizarre. Nous ne sommes pas des monstres comme toi. Alors il faut que ça s'arrête ! Lâcha sa tante plus pâle que la mort.
Harry se figea et serra les poings afin de se calmer. Tout ça c'était de sa faute après tout. Il ne l'avait pas voulu mais ça ne changeait pas grand-chose. Il ne servait à rien d'hurler après eux, ou de leur expliquer, leurs opinions resteraient les mêmes. S'il fallait blâmer quelqu'un c'était Voldemort et Dumbledore pour les obliger à cohabiter. Il s'efforça de rester poli.
- Je m'excuse tante Pétunia mais je n'y peux rien !
Sa tante le regardait avec méfiance comme si elle doutait de la sincérité de son neveu. Harry s'empêcha de lever les yeux au ciel devant le comportement de Pétunia.
Ses pensées se bousculaient dans sa tête à la recherche d'une solution. Harry ne voyait aucune échappatoire et ça l'inquiétait grandement.
Quand un hibou s'engouffra dans la cuisine pour la troisième fois de la soirée, il crut que les Dursley allaient faire une crise d'apoplexie. Harry se saisit de l'enveloppe, elle devait provenir du ministère vu son aspect officiel.
- J'en ai vraiment assez de ces foutus hiboux ! Marmonna l'oncle Vernon en refermant la fenêtre d'un air las tandis qu'Harry lisait sa lettre.
Cher Mr Potter,
Suite à notre lettre d'il y a approximativement vingt-deux minutes, le ministère de la Magie est revenu sur sa décision de procéder à la confiscation immédiate de votre baguette magique. Vous pourrez donc la conserver jusqu'à votre audience disciplinaire du 12 août lors de laquelle, elle sera examinée par notre expert.
À la suite d'un entretien avec le directeur de l'école de sorcellerie Poudlard, le ministère a bien voulu que la question de votre expulsion soit également examinée à cette date. Vous devrez par conséquent vous considérer comme simplement suspendu jusqu'à plus ample informé.
Je vous prie d'agréer, cher Mr Potter, l'expression de mes sentiments distingués.
Dolorès Ombrage
Sous-secrétaire d'état
Ministère de la Magie
Harry sentit l'étau qui enserrait sa poitrine se relâcher à la mention qu'il n'était plus que suspendu. Ses craintes n'avaient pas disparu pour autant. Tout allait se jouer à cette audience du 12 août.
- Qu'est-ce qu'ils veulent ces hiboux ? Demanda Vernon.
- A la fin de l'année Voldemort a ressuscité...
- Volde... quoi ? C'est ridicule gamin ! Nul ne peut revenir d'entre les morts...
- C'est le mage noir qui a tué mes parents. Il a tué Cédric et a essayé de me tuer... Je suis convoqué à une audience disciplinaire à ce sujet. Quelqu'un va venir me chercher.
- Vous avez encore la peine de mort ? Questionna l'oncle Vernon avec une lueur d'espoir.
- Oui mon oncle, ton souhait sera peut-être exaucé !
- Tout n'est pas perdu alors. J'en ai cependant assez de ses hiboux qui vont et viennent à leurs guises.
- Je ne peux pas empêcher les hiboux de venir ! Répondit Harry sèchement.
- Pas d'insolence gamin ! Tes soi-disant amis t'ont abandonné. Qui voudrait de toi après tout ? Lâcha Vernon, une lueur mauvaise dans les yeux.
- Revenu... Murmura sa tante d'une voix blanche.
Elle regardait Harry comme si elle cherchait à sonder son âme afin de savoir s'il disait la vérité ou non. Sa tante s'évertuait tellement à bannir tout ce qui avait trait à la magie, qu'Harry oubliait qu'elle possédait malgré tout des connaissances sur le monde sorcier. Contrairement à son époux, elle ne semblait pas mettre en doute les paroles de son neveu. Pour la première fois de sa vie, il apprécia sa tante. Vu son regard, elle avait une idée très précise de ce que pouvait signifier le retour de Voldemort. Le seigneur des ténèbres semblait avoir le pouvoir de faire oublier à sa tante qu'il n'était qu'une erreur de la nature. Peut-être parce que Voldemort la considérait aussi comme tel. Jamais il n'avait vu sa tante comme ça. Elle paraissait avoir peur. Tout trace d'hostilité envers son neveu semblait l'avoir quitté.
- Oui, je l'ai vu... Affirma Harry.
- Attends un peu, dit l'oncle Vernon en regardant alternativement sa femme et Harry.
Il paraissait ébahi et désorienté par la compréhension mutuelle qui s'était soudain établie entre eux.
- Ce Lord Voldemachin est de retour, dis-tu ?
- Oui. Soupira Harry.
-C'est lui qui a assassiné tes parents ?
- Oui.
- Il en a après toi maintenant ?
- Il semblerait.
Son oncle remonta son pantalon par-dessus son énorme bedaine.
- Tu vas tout de suite quitter cette maison.
- Quoi ? Dit Harry.
- DEHORS ! Fais tes valises et vas t'en ! Vociféra l'oncle Vernon.
Dudley et la tante Pétunia sursautèrent. Harry resta planté sur place, paralysé. Non, son oncle ne pouvait, il ne comprenait pas.
- Tu m'as entendu ! Pars, je ne veux plus de toi ici. J'aurais dû faire cela, il y a des années. Pas question de nous mettre en danger à cause de toi. J'en ai plus qu'assez de ses anormalités.
Un hibou descendit la cheminée à une telle vitesse qu'il manqua de heurter le sol. Le petit hibou vola droit vers sa tante qui se baissa en poussant un hurlement strident. Le hibou laissa tomber l'enveloppe sur sa tête, fit demi-tour et repartit aussitôt par la cheminée. Harry ne bougea pas en reconnaissant l'enveloppe rouge qui paraissait adresser à sa tante.
- Tu peux l'ouvrir si tu veux, dit Harry, mais je saurai quand même ce qu'il y a dedans. C'est une Beuglante.
- Lâche ça, Pétunia. C'est dangereux ! Rugit l'oncle Vernon.
- C'est à moi qu'elle est adressée, dit la tante Pétunia d'une voix tremblante. À moi, Vernon, regarde ! Mrs Pétunia Dursley, dans la cuisine du 4, Privet Drive…
Horrifiée, elle reprit son souffle. Une fumée s'élevait de l'enveloppe rouge.
- Ouvre-la ! s'écria Harry. Fais vite ! De toute façon, tu ne peux pas y échapper !
- Non, je ne veux pas.
La main tremblante, elle jetait en tous sens des regards affolés, comme si elle cherchait un moyen de s'enfuir, mais il était trop tard : l'enveloppe s'enflamma et la tante Pétunia la lâcha en poussant un hurlement.
Une voix terrifiante s'éleva alors de la lettre de feu, résonnant avec force dans l'espace confiné de la cuisine :
- Souviens-toi de ma dernière, Pétunia.
La tante Pétunia semblait sur le point de s'évanouir. La tête entre les mains, elle se laissa tomber sur la chaise à côté de Dudley. Dans le silence, l'enveloppe acheva de se consumer, se transformant en un petit tas de cendres.
- Tu vas rester, les voisins vont jaser sinon. Files-te coucher, je t'interdis de sortir de la maison !
Ordonna sa tante avant qu'Harry ne puisse répondre et envenimer la situation. Bien qu'elle fût toujours très pâle, elle retrouvait très vite sa brusquerie habituelle et ses manières désagréables.
Harry ne se fit pas prier et monta dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, il entendit le cliquetis familier des verrous qui l'empêcheraient de sortir. La gravité de la situation l'angoissait. On allait venir le chercher, il devait préparer ses affaires.
OoOoOoOoOoOoO
S'il y avait bien quelque chose qui énervait profondément Severus Rogue, c'était qu'on le dérange pendant son temps libre. Déjà qu'il n'en avait plus beaucoup entre son rôle d'agent double pour le seigneur des ténèbres et l'ordre du Phoenix, son travail de professeur, les convocations incessantes de Voldemort et les missions absurdes de Dumbledore, il commençait à saturer. Le maitre des potions venait de transplaner dans la banlieue de Londres. Il savait exactement où il se trouvait : non loin de Privet Drive, lieu de résidence d'Harry Potter. Albus voulait qu'il récupéré l'adolescent, comme si jouer à la baby-sitter représentait son passe-temps favori.
Parfois, il doutait de la santé mentale et du bien-fondé des manœuvres d'Albus Dumbledore pour vaincre le mage noir. Miser tous les espoirs du monde magique sur un gamin d'à peine quinze ans, cela ne lui plaisait pas. Hormis le fait que Potter était insupportable, insolent, borné, têtu, indiscipliné, ce gosse était le portrait craché de son père avec en prime l'incroyable facilité d'attirer les ennuis. Il poussa un soupir exaspéré car même s'il n'était pas un fan du survivant, ce dernier n'était qu'un enfant. Selon Severus, on ne demandait pas à un enfant de tuer même pour sauver le monde entier.
La nuit avait amené avec elle, un peu de fraicheur. Cela ne déplaisait point à Severus qui préférait les températures hivernales. Il pénétra dans la maison de Potter sans se faire remarquer de ses occupants. Une chance pour lui, il n'avait aucune envie de croiser Pétunia. Arrivé devant la chambre de l'adolescent, il fronça les sourcils en remarquant les verrous qui en fermait l'accès. Qu'est-ce que cela signifiait ? D'un geste de la main et d'un sortilège informulé, il déverrouilla les serrures puis ouvrit la porte.
Là, il se figea. Le maitre des potions imaginait depuis toujours un Potter chouchouté, adulé et pourri-gâté par sa famille. Certes, des doutes le tenaillaient au début. On parlait tout de même de Pétunia Evans, l'horrible peste qui détestait Lily. Selon Albus, l'enfant bénéficiait de tout le luxe et l'attention nécessaire. Severus l'avait cru. Ce qu'il avait devant les yeux remettait en cause toutes ses croyances au sujet de Potter. Le survivant dormait en chien de fusil sur un matelas miteux posé à même le sol. Une vieille couverture élimée recouvrait le jeune homme. Dans un coin se trouvait une armoire bancale qui tenait debout par on ne sait quel miracle. Sur une petite table rongée par les mites reposait les lunettes de l'adolescent. Une grande partie des certitudes qui lui permettait de justifier son attitude vis-à-vis de Potter s'écroulaient tel un château de cartes. Il secoua sans ménagement l'épaule du survivant.
- Debout Potter ! Je n'ai pas que ça à faire ! Si j'étais le seigneur des ténèbres, vous seriez déjà mort ! Commenta-t'il avec dédain.
Severus eut la satisfaction de voir le gamin sursauter. Il se morigéna en voyant le regard apeuré du griffondor. Ce dernier chassa tout émotion de son visage en reconnaissant le maitre des potions. L'homme était surpris de voir que son élève pouvait arborer un masque digne de n'importe quel serpentard. Il savait qu'il abusait très souvent avec Potter. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Par moment, il confondait le père et le fils mais, Harry Potter n'était pas James Potter. Au fond de lui Severus en était conscient. Difficile d'oublier les brimades, les blagues très souvent cruelles que lui avaient infligés les maraudeurs. Il y avait Lily, son seul et unique amour. Lily qui lui avait préféré James Potter, au point de l'épouser et de lui faire un fils.
- Vos affaires sont prêtes ? demandât-il plus doucement lorsque Potter se mit debout.
- Mes affaires sont chez les Weasley !
- Que font vos affaires chez les Weasley ? Comment pouvez-vous faire vos devoirs de vacances ainsi ?
- Je n'ai pas le droit d'y toucher, mon oncle me l'interdit ! Ma famille n'aime pas la magie, alors pour éviter qu'on me les jette, Ron les garde... Lâcha Harry à contrecœur comme si le fait d'en dire trop à son professeur le répugnait.
Cela devait probablement être le cas, jugea Severus. Vu la relation qu'il entretenait avec le survivant, il n'était certainement pas le confident idéal. Toutefois au vu de ce qu'il découvrait sur Potter, il faudrait qu'il en touche deux mots à Albus Dumbledore. Tout dans cette maison jusqu'à l'attitude du garçon sentait la maltraitance. Même si ce dernier s'avérait être une plaie, il méritait mieux. Pour Lily, il veillerait à ce que son fils soit mieux traité à l'avenir. Bien entendu, il lui faudrait faire des efforts. Rien que d'y penser, Severus grimaça. Cela serait compliqué, voir douloureux mais pour Lily, il y arriverait.
- Partons d'ici ! Je n'ai guère envie de m'attarder dans cette maison !
Il ne voulait absolument pas croiser la sœur de Lily. Il ne manquait plus qu'une confrontation avec Pétunia pour que la migraine qui commençait à élire domicile sous son crâne, s'installe définitivement.
- Vous avez l'air épuisé professeur, ça va aller ? Demanda Potter avec ce que supposa Rogue de l'inquiétude.
Un coup d'œil au garçon le lui confirma. C'était un comble, il arrivait à provoquer la sollicitude d'un gamin qu'il rabaissait très souvent. Il était vrai qu'il n'avait pas bonne mine. De larges cernes noirs lui mangeaient le visage rendant son teint plus blafard que d'habitude. Il maigrissait malgré les copieux repas qu'il avalait. Ses joues creusées témoignaient de cela. Ses muscles souffraient ce qui expliquait la raideur de son corps. Quiconque le voyait pouvait deviner son épuisement . Le stress le minait de l'intérieur. Il ne savait pas combien de temps, il pourrait encore supporter son statut d'espion. Dumbledore insistait pour qu'il continue en lui rappelant sans cesse l'importance de sa mission. Le directeur de Poudlard lui donnait l'impression par moment qu'il n'était qu'un pion. Albus se fichait bien de savoir qu'il subissait régulièrement le doloris. Tant qu'il ramenait des informations, peu importait l'état dans lequel il rentrait des réunions du seigneur des ténèbres.
- Je vais bien Potter ! Mentit Rogue en poussant Potter hors de la chambre.
Ils se retrouvèrent nez-à-nez avec Pétunia Dursley en robe de chambre. Elle n'avait pas changé, elle paraissait toujours aussi horripilante que lorsqu'elle était gamine. Severus maudissait Albus Dumbledore de l'avoir chargé du rapatriement de Potter. Toute cette affaire était une véritable sinécure et cela n'allait certainement pas s'arranger. De mieux en mieux, il lui semblait que le mauvais sort s'acharnait sur lui. Il sentit Potter se recroqueviller contre lui. Severus haussa un sourcil devant le comportement du gosse. Le survivant craignait tellement la colère de sa famille qu'il recherchait sa protection.
- Toi misérable cafard, que fais-tu chez moi ? Les anormaux dans ton genre ne respectent-ils donc rien ? Toujours aussi répugnant Rogue.
- Je suis venu chercher ton neveu, nous partons. Potter ! Appela calmement Rogue sans accorder grande attention à la femme qui écumait de rage.
Il ressentait l'agitation et la surprise de Potter. Cela ne le surprenait guère. Le môme ignorait tout du passé qui le liait à sa mère. Il doutait fortement que Pétunia ait pris la peine de lui parler de Lily. Pétunia haïssait la magie, haïssait Lily parce qu'elle était magique.
- Lily se retournerait dans sa tombe si elle le savait ! Elle te détestait, tu l'as insulté et tu l'as trahie. A présent voilà que tu t'occupes du monstre, tu me diras vous serez bien ensemble ! Sifflât-elle avec agressivité
Il jeta un regard à Potter qui semblait osciller entre l'incompréhension et la peur. Le survivant ignorait tout de la relation qu'il avait entretenu avec sa mère.
- Tu étais une harpie enfant Pétunia et tu l'es toujours...Tu ne te bonifies pas avec l'âge, tu ne fais que t'enlaidir. Déclara d'une voix caressante Rogue.
- Comment peux-tu seulement t'approcher de son fils après ce que tu as fait ? C'est d'un pathétique ! A moins que tu ne veuilles le tuer ? Il ne devrait même pas exister, tu lui rendrais service en mettant fin à son existence...
Severus jeta un coup d'œil à l'adolescent. A priori, les remarques de sa tante ne le traumatisaient pas plus que cela. Comme si les paroles de cette vipère était une vieille rengaine à laquelle il n'accordait pas d'importance.
- Je suis certain que sa mort te comblerait de joie, n'est-ce-pas ? Railla l'espion avant d'ajouter " Potter, on s'en va ! "
Il retint un soupir agacé. Des envies de meurtres lui traversant l'esprit.
- Tu le connais ? Demanda le survivant avec méfiance.
Severus pouvait comprendre les interrogations de Potter. Il n'avait guère envie de s'attarder pour satisfaire la curiosité du gamin.
- Tais-toi ! Ordonnât-il avant qu'elle n'ouvre la bouche.
Pétunia essaya de parler et porta la main à sa gorge en constatant qu'aucun son ne sortait.
- Potter, dites au revoir à cette mégère !
Le professeur de potions ne parût guère surpris en voyant le survivant ignorer sa tante et descendre les escaliers. Une fois dehors, il se trouva submergé de question.
- Que voulait-elle dire ? Vous connaissiez ma mère ? Comment est-ce possible ?
Severus ne prit pas la peine de répondre, il attrapa le bras du gamin et transplana. Ils arrivèrent sur une petite place crasseuse. Les façades des maisons environnantes n'étaient pas accueillantes.
- C'était quoi ? Que faisons-nous ici ? Demanda le jeune homme avec antipathie.
- Transplanage d'escorte. Lisez ceci que je me débarrasse de vous.
Severus leva les yeux au ciel et repris le parchemin des mains de Potter avant que ce dernier ne le jette. Il reprit le morceau de parchemin et y mit le feu du bout de sa baguette magique.
- Qu'est-ce que c'est, l'Ordre du… ? commença Harry.
- Pas ici ! Ne vous a-t 'on rien appris ? Ceci n'est pas un jeu.
Il attrapa le bras du fléau de son existence une fois et l'entraina vers une maison de taille imposante.
- De quoi parlait ma tante ?
- Je veux savoir Professeur, il s'agit de ma mère.
Il soupira, le garnement ne lui ficherait pas la paix avant d'avoir une réponse.
- Lily et moi étions amis avant Poudlard... C'est tout ce que vous avez besoin de savoir. Pétunia à toujours était une mégère. Lâcha Severus à contrecœur avant de le pousser à l'intérieur de la maison.
OoOoOoOoOoO
Hermione se réveilla en sursaut, ses yeux noisettes écarquillés et le regard empli des cauchemars qui n'épargnaient aucuns de ses sommeils. Elle s'était assise dans un sursaut de panique, et resta un instant confuse à guetter chaque recoins, comme si les monstres qui hantaient ses nuits pouvaient se cacher dans sa chambre. Il lui fallut attendre que son cœur cesse de battre à toute vitesse. Elle se força à respirer calmement.
Les derniers vestiges de terreur la quittèrent peu à peu. La jeune femme soupira et se leva. Il fallait qu'elle se ressaisisse se dit-elle en contemplant son reflet dans le miroir de l'armoire. Une certaine agitation semblait régner dans les étages inférieurs du douze square Grimmaurd. Elle se demandait ce qui pouvait bien causer tout ce cirque avant de se rappeler qu'Harry devait être arrivé.
Elle allait devoir quitter la tranquillité de sa chambre pour faire face à son meilleur ami et aux autres. Les autres qui ne pouvaient s'empêcher de la regarder avec pitié, dédain, peur... Rien n'était plus pareil depuis cette fameuse nuit trois semaines plus tôt.
Elle arrivait presque à sentir encore l'odeur métallique et poisseuse du sang de ses parents. Chaque fois qu'elle fermait les yeux, Hermione revoyait les corps sans vie de ses parents. Le rire dément de Bellatrix resonnait encore dans ses oreilles par moment. Et cette effroyable vérité qui remettait en cause toutes ses certitudes. Ses parents étaient capables de mentir, de lui mentir. Ses parents n'étaient pas moldus. Des sangs-purs ayant renoncés à la magie, voilà ce qu'ils étaient à son plus grand désarroi. Ils avaient de bonnes raisons, Voldemort désirait qu'ils rejoignent ses mangemorts. Son père était un Grey, famille ancienne, connue sa maitrise de la magie du sang. Rien que de songer à cela, elle frémissait. La magie du sang s'apparentait à de la magie noire à ses yeux. Sa mère quant à elle, était une Veritas, famille connue pour son don prescience. Don qui avec la mort de ses parents commençait à se manifester. Le pire dans tout cela, c'est que Dumbledore et d'autres personnes savaient la vérité à son sujet. Selon le directeur de Poudlard, il fallait qu'elle comprenne ses parents voulaient la protéger. Ils avaient bloqué son don de voyance afin qu'elle est une scolarité normale, sans ce fardeau. Il semblait aussi qu'elle est une tante du côté de son père, tante qui apparemment désirait prendre soin d'elle. Elle trouvait cela étrange. Comment pouvait-on avoir envie de s'occuper de la fille de son frère qui n'avait pas daigné donner des nouvelles ? Telle était la question qui taraudait Hermione.
C'est quand même fou la vitesse à laquelle une vie peut basculer. Elle enfila un jean noir et un sweat avant de mettre une paire de basket. Elle devait descendre mais n'en éprouvait aucune envie. Son meilleur ami allait avoir besoin de soutien. On l'accusait du meurtre de Diggory mais elle doutait sincèrement que leur relation reste intacte. Depuis que Molly connaissait sa filiation, la mère de Ron s'arrangeait pour que ses enfants l'évitent. Ron et Ginny l'observait du coin de l'œil lors des repas avec pitié et parfois un peu de dégoût.
Hermione ne désirait pas en prime affronter le regard accusateur d'Harry. Mieux valait une cassure nette plutôt qu'une amitié branlante à cause de ses origines. Elle était une gryffondor et devait par conséquent faire preuve de courage.
Elle descendit les escaliers sans grand enthousiasme. Elle se figea dans l'encadrement de la porte du salon.
- Vous trouvez cela normal de me laisser dans l'ignorance ? Lâcha Harry avant de poursuivre. Hermione ne m'a même pas écrit !
Un silence impressionnant naquit quand la plupart des adultes remarquèrent sa présence.
- C'est vrai, elle n'est même pas là pour m'accueillir. Qu'est ce qui lui arrive de si grave pour oublier ses amis ? Continua le survivant alors que Ron lui faisait signe de se taire.
- Mes parent sont morts. Est-ce suffisant ? Demanda Hermione d'une voix polaire.
Elle vit son ami déglutir. Rougir, blêmir avant de faire un pas dans sa direction.
- Hermione, je... Désolé...
Elle le stoppa d'un geste de la main.
- Gardes donc tes excuses. Je ne sais même pas si je suis triste ou pas. Mes parents étaient en réalités des sorciers avec des affinités certaines pour les ténèbres, ils m'ont menti toute ma vie. Tout comme Dumbledore et un certain nombre de personnes ici présentes. J'ignore même si nous pouvons encore être ami. Il ne serait pas de bon ton qu'un Potter traine avec une Grey dont la magie est plus ou moins incontrôlable. N'est-ce pas ce que pense tout le monde ? Demanda Hermione avec un sourire froid avant de remonter dans sa chambre.
Une fois à l'abri des regards, la jeune femme s'effondra en silence.
