CHAPITRE 1

Harry Potter venait d'entamer sa 7ème année à Poudlard. Les vacances avaient été éprouvantes : suite à la mort de Sirius, son parrain, ses cauchemars se faisaient plus poussés que ce qu'il avait connu jusque là. Pourtant, il ne s'en offusquait pas. Il ne voulait parler de ces choses douloureuses avec Hermione et Ron, eux même avaient perdu assez de proches pour se plaindre au centuple d'Harry. Du moins, ce dernier en était persuadé. Bien sûr, aucun de ses deux amis n'avaient perdu qui que se soit à proprement parlé, même si la perte de Sirius et d'autres leurs était horriblement douloureux. Ron s'agrippait de plus en plus à Harry, restant encore plus souvent avec, jusqu'à devenir franchement collant. Ayant perçut que leur meilleur ami n'allait pas fort, Hermione lui fit part de ses inquiétudes le concernant. Ce fut a ce moment que Ron remarqua, qu'effectivement, il y avait quelque chose de plus grave que ce qu'il n'avait pensé (au grand dame de ses camarades de chambres, qui avaient noté depuis longtemps déjà que quelque chose clochait bien au delà de la perte d'un être cher).

Et c'est là que commença l'histoire...

C'était au début d'un beau lundi de novembre. Un soleil éblouissant éclairait les couloirs et le parc environnant le château. Le temps sec et froid annonçait un rude hiver. Emmitouflés dans leur cape de laine fraichement sortie de leur malle, Harry et Ron marchaient bon train vers leur salle de classe préférée, autant le dire tout de suite : celle des Potions.

-Bon sang ! Qui est l'imbécile qui a débranché cette saloperie de réveil ?!

-Harry, excuse-moi, mais par pitié, calme-toi... supplia Ronnald.

Peine perdu pour Ron. Ses excuses ne valaient absolument rien ce matin, comme tout les matins depuis près d'une semaine.

Oh ! Pas qu'il débranchait tout les matins le réveil afin de sortir Harry de ses gongs ; Nan, Monsieur Weasley n'avait pas encore des tendances suicidaires, juste qu'il essayait tant bien que mal de comprendre pourquoi son meilleur ami pourtant si attachant et a-do-ra-ble était d'une humeur si massacrante de si bon matin et pourquoi cela durait depuis plusieurs matins !

Tout commença le lundi soir de la semaine passé, où Harry était parti faire une énième promenade nocturne dans les couloirs du château, seul évidement, cape d'invisibilité et carte des Maraudeurs compris bien sûr.

Ron avait veillé, comme toujours, l'arrivée de son ami quand bien même celui-ci prenait un malin plaisir à revenir à des heures incongrues, en plus de partir le plus souvent vers les onze heures du soir.

Pourtant, cette nuit-là, l'attente ne se fit pas étendre : revenant en trombe dans son dortoir deux heures seulement après être parti, Harry projeta sa cape et sa carte dans sa malle restée grande ouverte, profanant des insultes à tout va, hurlant à perdre haleine.

Devant ce spectacle terrifiant, Ron ainsi que ses camardes de chambré s'étaient fait tout petit sous leurs couettes, priant une fois de plus que la crise d'énervement d'Harry passerait rapidement. Ne voulant en rien avoir a faire avec leur ami... Souvenirs douloureux, s'ils osaient dire. Surtout pour Ron : celui-ci avait déjà payé les frais de s'être interposé afin de calmer Harry, une fois : plus jamais !

Une semaine à l'infirmerie ! UNE !! Tous ça parce qu'il avait retenu le poing d'Harry pour ne pas qu'il s'égratigne les phalanges à taper comme un demeuré sur les murs de pierre du dortoir... A la place c'était lui qui se l'était prit le poing et bien placé en plus...

Certes, Harry n'y était pas vraiment pour quelque chose étant donné les circonstances mais ce pauvre Ron en avait payé pour sa pomme. En plus de lui avoir administrer un magistral coup de poing dans la mâchoire, Harry avait continué à le marteler de coups plus violents les uns que les autres. Ron avait rapidement perdu connaissance, non sans avoir hurler à son meilleur ami de se calmer et d'arrêter de le prendre pour punching-ball.

Sous un même mouvement de défense et d'aide Neville, Dean et Seamus avaient projetés sur Harry le sortilège d'expulsion, envoyant le concerné dans les roses (même si en l'occurrence il s'agissait ici de granite). Ce dernier s'était réveillé à l'infirmerie quelques jours plus tard au côté de Ron, totalement sonné depuis lors.

Par la suite Harry avait été convoqué chez le directeur afin de répondre de ses actes (et surtout bouffer des bonbons aux citrons !). Les questions n'avaient pas autant fusés que ce qu'il s'était attendu. Dévoilant tout sur le pourquoi de son action, qui se résumait à «Je ne sais vraiment pas ce qu'il s'est passé !», Harry fut 'relâché' dans les couloirs de l'école, libre de toute circulation et de tout mouvement.

Depuis, il allait fréquemment à l'infirmerie rendre visite à son pauvre acolyte en compagnie d'Hermione.

Contrairement à Dumbledore, elle l'avait assaillie de questions plus ou moins troublantes mais il avait répondu qu'il ne savait pas ce qu'il lui avait prit, laissant Hermione ruminer à toutes les possibilités.

Lorsque Ron fut enfin réveillé et remit sur pied, il avait une ou deux réticences à se retrouver avec le sujet de ses maux, bien que ça ne dura que le temps d'une demi journée.

Après cela, bien des choses arrivèrent comme par exemple Malfoy, qui vint recueillir Ron de la meilleure façon qu'il soit. Après quelques joutes verbales, Ron se fit mettre aux prises avec les gardes du corps de Monsieur-moi-le-plus-grand-aristocrate-qu'il-soit-espèce-de-rien-! Harry, ayant vu que son ami risquait encore de se retrouver à l'infirmerie, lui prêta main forte. Les coups fusèrent, aussi bien physiquement que mentalement : avec un Malfoy qui lance des sarcasmes à tout va, on a vite fait de perdre la tête !

C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent tout cinq (Malfoy ayant subi un admirable sort lui donnant des furoncles par Hermione) à l'infirmerie, sous les cris outrés de Madame Pomfresh. Cette fois-ci par contre, aucun des deux Griffondors ne restèrent plus de deux heures enfermés dans l'espace dépourvu de divertissement qu'est l'infirmerie. Par contre, ce ne fut pas le cas pour Malfoy, qui hurlait de devoir rester avec une tête à furoncles jusqu'à ce que le contre sort soit près.

Cet épisode valut à Hermione un respect total de la part de tout les Griffondors, trop heureux de ne plus croiser leur grand ennemi dans les couloirs. Sauf que voilà, un Malfoy qu'on humilie, c'est la peine de mort assuré... Hermione le savait autant que les autres mais que voulaient-ils, Griffondors squattait leur corps parfois et personne n'était là pour affirmer le contraire !

Malfoy ne pouvait rester éternellement à l'infirmerie, c'est donc le cœur serré que les rouges et or revirent le blondinet trois jours après l'altercation.

Harry avait étiré ses lèvres d'un sourire mauvais en apprenant qu'il allait le revoir. Histoire de pouvoir l'humilier en public...

A la surprise générale, Hermione était toujours en pleine forme et ne souffrait d'aucuns maux.

Malfoy qui passe l'éponge ?! On y croit tous ! Comme le châtiment divin n'est toujours pas tombé, Hermione est encore plus sur ses gardes qu'à son habitude. Sauf que là, personne ne pouvait lui en vouloir...

Pourtant ce fut à partir du retour de Malfoy que Harry fut de si bon poils. Et pas question de lui arracher un sourire. Tous étaient d'ailleurs d'accord sur un point : cette humeur ne pouvait avoir de lien qu'avec Malfoy (ou peut être Ils-savaient-qui mais ils doutaient fortement sur ce sujet... quoique...).

Sauf que, voilà, ce n'est pas Malfoy qui vient chaque matin pour éteindre le réveil des 6ème années de Griffondors ! Si c'était le cas, cela voulait dire qu'il avait en sa possession tout les mots de passes de l'école. Tout cela relevait donc de l'impossible.

D'un certains côté, Harry n'en avait que faire de qui il s'agissait mais il aurait aimé que ce ne soit pas les jours où il devait commencer la journée par un tête à tête avec Rogue ! Déjà que ses rapports avec le maître des Potions n'avaient jamais été excellent, il aurait apprécié qu'en plus de voir sa sale tête, il soit d'humeur plutôt positive pour ne pas recevoir de punitions à tout va ! Surtout pour des stupidités tels que répondre à son professeur parce qu'il n'a absolument pas envi de nettoyer son chaudron...

Et on ne savait toujours pas pourquoi Harry était revenu à 2 heures du matin en hurlant comme un damnés !

C'est après maintes péripéties et questions sans réponses qu'il se retrouva un matin de plus dans les couloirs avec Ron, dévalant les escaliers à grande vitesse, bifurquant à chaque croisement. Autant dire qu'ils en avaient assez de tout cela. Surtout Harry en fait, Ron avait plus peur pour sa peau qu'autre chose.

Harry ne s'était même pas donné la peine de s'habiller correctement ce matin. Comme presque tout les matins d'ailleurs, mais là, c'était le pompon : toutes ses affaires étaient, soit horriblement dégueulasses (pour rester dans le poli), soit tout bonnement foutu. Il avait donc enfilé son dernier sweet-shirt orange, son pull aux armoiries de sa maison et mit son éternel pantalon noir. Coiffer les cheveux ? Cela faisait des lustres qu'il n'y avait même pas pensé... Trop de nœud et de mèches à dompter donc perte de temps inutile. Par contre il avait mit de côté ses lunettes. Depuis l'une de ses crises d'hystéries dans le dortoir où il avait faillit tout exploser, sa vue s'était nettement améliorée. Même si de temps en temps il devait remettre ses verres à son nez parce qu'il était trop fatigué pour voir correctement sans.

Ainsi, tout le monde pouvait admirer ses orbes verts émeraude (pour le plaisir des dames, même Chourave ne répondait plus de rien quand elle le regardait droit dans les yeux).

Malgré sa tenue qu'il jugeait totalement inadéquate, on devinait un corps musclé et bien entraîné. Plusieurs de ses ami(e)s lui faisaient souvent remarquer qu'il avait « le corps parfait », bien que face à ses amis, il était relativement petit, Ron le dépassant de quelques centimètre.

Sous ses airs d'ange aux yeux verts se cachait un véritable fauve pleins de réflexes, aux muscles saillant et dessinés à la perfection.

Lors d'un jeu commun avec des compatriotes de chambre, il se retrouva à jouer le stripteaseur professionnel devant sa maison au quasi grand complet (les premières jusqu'aux troisième années avaient tous été expulsé de la salle commune, pour le bien de leur « chasteté » et de leur « virginité du regard », au grand désarroi des élèves concernés qui avaient donné du fil à retordre aux sixième et septième année qui les avaient prit en chasse).

C'est dans ces circonstances que tout le monde put admirer et baver devant le corps d'Harry. De plus, les déhanchés qu'il devaient faire avaient fait monter la température à des hauteurs pas possible. Plus d'une (et d'un !) était sorti(e) de la pièce où le feu était un peu trop chaud pour eux...

L'apothéose fut lorsque Ron dût rejoindre son ami pour le striptease de l'année.

Le plutôt grand et le moyennement petit.

Les deux potes s'étaient donné un malin plaisir à rendre la pièce irrespirable par sa chaleur. Filles comme garçons n'avaient pu désapprouver que les deux acolytes étaient de véritables bombes de sexe !

Colin premier du nom lui-même n'avait trouvé la force de lever son appareil pour immortaliser la soirée. Par contre il en fut autrement pour son jeune frère qui mitrailla sans vergogne le parfait duo.

D'ailleurs, les deux frères s'étaient fait une petite fortune en développant et vendant les clichés, qui partirent comme des petits pains.

Bref, Harry était loin du gringalet qu'il était à ses débuts dans le monde sorcier.

Tout comme Ronald d'ailleurs.

Lui aussi était tout aussi dans le soi disant potage vestimentaire que son meilleur ami : col roulé bleu ciel, sous le pull des Griffondors et pantalon cette fois si, légèrement trop grand pour lui (cadeau de ses frères pour avoir réussit à mettre la pâté aux gorilles de Malfoy, comme quoi ça aide les grands frères !). Ses cheveux lui tombaient devant les yeux.

Décidément, il ne se résoudrait pas à les couper ceux-là, même si la question avait été sérieusement remis en doute par Ginny qui lui avait fait très agréablement remarqué que s'il continuait à les faire pousser, il pourrait très facilement obtenir une coiffure totalement identique à Malfoy.

Autant dire que la proposition avait fait polémique : tout les garçons s'étaient opposé à ce jumelage, refusant que leur « frère » se retrouve avec une tête de fouine rousse. Les filles, elles, avaient été beaucoup plus compréhensives : elles imaginaient déjà Ron torse nu, les cheveux longs, coiffés en arrière et ses abdominaux exposés à qui veut les voir...

Et c'est à ce moment là qu'on imagine bien qu'elles tombent comme des mouches (de plus, la remarque avait été donné le lendemain de la chaude soirée de striptease, allez savoir pourquoi !).

Bref, les deux amis couraient à perdre haleine dans leur pauvre tenue « hideuse », ne voyant pas qu'un autre groupe d'élèves leur fonçait tête baissée dessus.

Et la collision arriva...

-AIE !! poussèrent d'une seule et même voix les cinq adolescents.

-Bon sang, mais vous pourriez pas faire attention où vous marchez, bordel ?!

-J'retourne la politesse !

Un silence atterri sur l'amas d'élèves le cul posé fraichement par terre. Puis chacun releva la tête pour pousser une exclamation.

-AAAAH !!

-Harry ! Qu'est ce que tu fous là ?!

-Et toi alors, hein ?! T'es sensé être avec Rogue là !

-Parle pour toi ! Rétorqua Dean, t'es autant en retard que nous !

-Aïe... Seamus, lève tes fesses tu m'étouffes...

-Oups, désolé Neville mais t'es un parfait coussin !

-Tu sais ce qu'il va te dire le coussin si tu bouges pas ?

-Dean, Neville est méchant avec moi ! Pleurnicha l'écraseur de ce pauvre Neville.

-Ne bouge pas mon amour ! Je viens te sauver du terrible, de l'infâme, de l'horriiiiible Neville !

-Dean, mon sauveur, mon amûûûûr !!

Les deux comédiens éclatèrent d'une même rire sous les regards soit enragés de Neville, soit moqueur de Harry qui retrouva un semblant de sourire, soit totalement abasourdis de Ron qui ne se fit pas prier pour répliquer.

-Est-ce que vous vous souvenez ne serait-ce qu'un tout petit peu avec qui on a cours là, tout de suite, maintenant ?!

-Bah oui, pourquoi ? Répondit Dean, encore à moitié hilare.

Les épaules de Ron s'affaissèrent.

-Alors vous savez qu'on a cours avec ROGUE !!

...Dumbledors passa en tutu rose et ballerine...

-AAAAAAAAAAAAAH ! RETARD, RETARD ON EST EN RETAAAAARD !!!

Et c'est d'un même mouvement que tous se levèrent, trébuchèrent, se bousculèrent et coururent tout le château jusqu'à ce qui leur semblait le bout du monde.

OoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOoOo

A la fin de leur course effrénée, ils arrivèrent d'un seul pied devant la salle le souffle court, le corps en sueur et la vue brouillée de fatigue. Ils réussirent tout de même à trouver la force de se chamailler à voix basse devant la porte peu rassurante du cours de Potions.

-C'est toi qui frappe, Harry !

-Ça va pas non ?! Pour me prendre encore une colle ?! Plutôt crever ! J'en ai quatre je te signal !

-Bon alors Neville !

-Et puis quoi encore ?! J'suis son bouc-émissaire alors ne rêve pas !! Pourquoi pas Ron hein ?!

-Hey ! Je refuse de me faire incendier ! Dean !

-Ah non, sinon, Rogue va le faire changer de place ! Bougonna Seamus.

-Oh merci ! T'es un frère tu sais ?

-Oui, je sais Amour !

-Mais merde ! On va pas sécher quand même !?

-Bah, au point où on en est...

-Seamus, la ferme !

-Beuh... Méchant 'Ry..!

-AAAH !! Mais t'as pas honte de faire pleurer mon sucre d'orges ?!

-Mais ferme-la bougre d'idiot, imposa Neville, qui jeta un coup d'œil rapide à la porte des cachots, puis continua : bon, 'faut qu'on se décide : soit on sèche et je donne pas cher de notre peau, soit on entre...

-… et on donne pas cher de notre peau, finirent les quatre derniers.

-Bon, on fait quoi ? Demanda Ron.

-Hermione pourra nous passer ses notes ?

-Tu rêves mon vieux... d'autant plus qu'elle saura qu'on a séché !

-Harry, s'il te plaît... supplièrent Dean et Seamus, imitant à la perfection les yeux larmoyant de pauvres chats ou chiens abandonnés.

-…

-Harry, fait pas ça, on est mort sinon ! Autant par Rogue que par McGonagal et en prime Hermione, pitiééééé... gémit Ron.

-Harry, écoute Ron, c'est la voix de la sagesse là... appuya Neville.

Semblant peser le pour et le contre, Harry soupira puis prit un air si sournois que même Malfoy serait vert de jalousie :

-Si jamais je chope celui qui joue avec cette saloperie de réveil, je le tue...

Puis, il s'avança vers la porte sous les regards outrés des deux comédiens de sa chambré et toqua.

Le murmure des voix qu'ils pouvaient entendre du couloir s'étouffa, laissant les jeunes gens dans une totale appréhension de ce qui allait se produire.

La porte s'ouvrit à la volé, découvrant une masse de tête tournée vers l'entrée.

Les cinq retardataires s'avancèrent lentement dans la salle, retenant des exclamations de répugnance à l'odeur de charogne qui émanait de la salle de réserve au fond à gauche

.

Le professeur n'était pas là, ou du moins aucun des nouveaux venus ne l'avait encore aperçut.

Harry balaya la salle d'un regard aiguisé et intensément vert émeraude, recherchant où pouvait être son professeur et par la même occasion, sa place.

Il fut étonné de voir Hermione installée à la dernière rangé elle qui d'habitude est toujours devant.

Ce qui l'étonna moins fut qu'elle était toujours penchée sur son chaudron a vérifier que tout était en ordre.

Lorsqu'elle releva la tête, son visage n'exprimait même pas la surprise de les voir. Comme si elle s'était attendue à les voir débarquer avec...

-23 minutes 54 secondes de retards, susurra une voix derrière eux.

D'un bond commun, les Griffondors-presque-morts firent volte face au son de la voix mielleuse de leur professeur.

Celui-ci affichait un sourire carnassier, ses yeux luisait de bonheur, comme s'il venait d'attraper une merveilleuse proie et qu'il allait savourer cette dernière.

Ses éternels cheveux graisseux tombaient toujours de la même manière hideuse sur ses épaules vêtu de son éternelle cape noire corbeau.

Un de ses bras était croisé sur son abdomen, soutenant le deuxième dont la main tenait le battant de la porte.

Son regard allait d'un élève à l'autre, cherchant quelque chose sur le visage de chacun. Il s'attardait sur chacun des retardataires Griffondoriens. Lorsque ses yeux se posèrent sur Harry, sa bouche forma un rictus de dégoût.

D'un geste vif, il claqua la porte de sa salle, afin de bien montrer que seul lui avait le pouvoir de faire entrer ou sortir qui que se soit de sa salle.

Du moins c'est l'impression qu'il donnait à tous.

Le bruit de la porte fit sursauter la quasi totalité de la classe silencieuse.

Neville émit un petit gémissement, que Rogue entendit malgré la sourdine du marmonnement. Le concerné se fit un peu plus petit dans la salle... Trop tard.

-Monsieur Londubat, susurra Rogue, comme je suis profondément déçut par votre comportement... Bien évidement... Il était obligé que vous fassiez allégeance à ce cher... Potter... Mais de là à ce qu'il vous embobine dans son cortège...

Tout en parlant, il promena ses yeux sur la totalité des Griffondors retardataires d'un air qui insinuait que tous ici étaient aussi irresponsable que ne l'était Potter. Oh joie suprême quand tu nous tiens !

-... Me chagrinez beaucoup, Monsieur Londubat, continua et fini Rogue.

Du moins, en eut-il presque fini avec Neville.

-Allez prendre place ! lui envoya Rogue avec toute la véhémence qu'il pouvait contenir.

Sans se le faire répéter, Neville alla s'installer au côté de Pavarti sous les sifflements des Serpentards mené par Malfoy qui s'en donna à cœur joie.

-Londubat... Quand apprendras-tu qu'il ne faut pas traîner avec la racaille ? fit d'une voix faussement amicale Parkinson.

-Surtout avec Potter, précisa dans un sarcastiquement Malfoy sous les éclats de rire des Serpentards.

A l'étonnement de tous Neville leur envoya un magistral bras d'honneur en mimant les mots : « pourris de sous fifre ».

L'insulte et le geste les atteignit comme une flèche au milieu des deux yeux.

D'un air impassible quoiqu'un peu énervé, Zabini tenta d'envoyer un sort à la figure de Neville, qui l'évita de justesse avant que celui-ci ne fasse voler en éclat une étagère.

Rogue fit volte face, sorti sa baguette et siffla un sort.

Neville s'écroula sur le sol, la tête entre les mains, la mâchoire serrée et le visage crispé. Zabini se retrouva dans le même état que Neville, avec quelques dégâts supplémentaires : lui avait atterri sur la table avant se s'affaler sur le sol.

Pour une fois, il n'y eut aucune distinction entre membre de maison. Et cela rendait la chose encore plus inquiétante.

Dans un cri d'effroi tout les Griffondors se précipitèrent sur le pauvre Neville qui gisait sur le sol, poussant par moment des gémissement à fendre l'âme.

Dans sa douleur il se mordit la lèvre inférieur avec une telle force qu'il se la sectionna, faisant couler du sang et dans sa bouche et sur le sol.

Zabini, lui, paraissait être plus douillet. Les Serpentards aussi s'étaient précipités sur leur ami, non sans en avoir perdu leur ouïe au hurlement suraigüe de Pékinois-Parkinson.

Accompagné d'un cri de douleur, Zabini supplia son directeur de maison de stopper le sort. Il ne put que gémir davantage devant le stoïcisme de ce dernier, le faisant se contorsionner dans des positions hallucinantes, lui faire faire des mouvement hachés tout en se mouvant.

La scène n'était pas jolie à voir. Griffondors comme Serpentards se demandaient quel sort avait lancé leur professeur. Certains Serpentards allèrent même jusqu'à demander du regard à Miss-je-sais-tout. D'un air d'impuissance, elle baissa la tête.

Un nouveau spasme de douleur traversa Zabini, Neville subit un châtiment identique légèrement moins vif et violent que l'autre.

Voyant que la douleur de leur ami ne s'estompait pour rien au monde, Malfoy et Harry se tournèrent vers Rogue, toujours aussi impassible.

-PROFESSEUR !!

L'appel de ses élèves le fit légèrement sursauter, un peu comme si on venait de le ramener à la réalité. D'une brève secousse, il pivota de tel sorte que son regard pouvait passer sur toute la salle. La mirant ainsi, il jeta un regard haineux sur Harry puis un regard emplis de colère à Malfoy, puis stoppa le sort.

Un simple mouvement de tête libéra l'emprise qu'il exerçait sur ses élèves.

Neville et Zabini laissèrent tomber lourdement leur corps sur le sol dur de la salle de classe. Un bruit d'os brisé fit grimacer de dégoût la totalité des élèves alors qu'un gémissement s'éleva de la bouche de Zabini qui tourna sur lui même d'une façon qu'on eut cru que le sol le retenait à lui.

Il prit son poignet droit dans sa main valide et gémit de plus belle. Malfoy, Parkinson, Goyle, Crabe et Nott se penchèrent sur lui.

-Zabini ?! Hey ! Zabini ! Bon sang mais qu'est ce que vous lui avez fait ?

-Rien de bien méchant... marmonna Rogue, puis lança à toute la classe : pour une fois ce ne sera pas une potion mais un sort qui sera appris : Veritaserum. Mais bien évidement c'est un sort et non une potion. L'effet est quasi identique à celui produit part le breuvage, à la différence que ce sort permet juste de désigner qui a fait quelque chose contre mon gré la minute précédent le sortilège. Oh, certes, celui qui a fait quelque chose aura un peu mal mais c'est un sort fort pratique pour connaître une partie de vérité, n'est ce pas messieurs Zabini et Londubat ?

Un grognement répondit, la douleur ne semblant pas s'être totalement apaisée.

-Mais à ce que j'ai pu voir, Zabini était en plus mauvaise posture que Londubat. J'en conclut que seul lui a utilisé la magie. Quand à vous Londubat, un geste obscène a été fait dans mon dos, d'où votre... effondrement.

Il balaya une nouvelle fois la salle.

Tout le monde était sur les nerfs, chaque muscle était tendu, tous semblait sur la défensif. Les élèves avaient une espèce de peur mêlé d'admiration dans le regard bien que la peur était largement au dessus du reste.

Une seule personne du côté des Serpentards avait le toupet de résister à son regard inquisiteur : Malfoy. Du côté des Griffondors c'était sans surprise Potter.

Rogue émit un sifflement.

-Zabini et Londubat, vous viendrez me voir à la fin du cours.

Sur ces paroles, il se dirigea vers son bureau, faisant un vague signe de la main pour montrer que le cours reprenait normalement.

Chaque maison aida de son mieux celui que Rogue avait ensorcelé. Pavarti soutenait Neville et Nott ainsi que Parkinson aidaient tant bien que mal Zabini a se remettre sur une chaise

.

Harry, Ron, Dean et Seamus, qui fulminaient sur place, allèrent s'asseoir au côté d'Hermione qui s'était de nouveau penchée sur sa potion d'un air quasi indifférent. La seule chose qui montrait qu'elle était en énervement intense fut ses coups de couteau sur les racines de mandragores : bien trop hachés et totalement disparates.

Posant leur sac de part et d'autre de leur amie, les garçons s'installèrent non sans avoir jeté un rapide coup d'œil à Neville qui chancelait dangereusement sur sa chaise. Si Pavarti n'avait pas été là, il se serait écroulé depuis longtemps sur le sol, inerte.

Zabini n'en menait pas plus large. Nott avait un mal fou à le faire tenir assis, Malfoy lui recollait les os en parallèle mais c'était pas gagné alors en comptant l'effort pour faire cette satané potion de guérison...

-Mais oui !!

Nott sursauta, Hermione le suivit dans son mouvement. Leur exclamation conjointe en disait long sur leur réflexion. Ils savaient pourquoi Rogue avait jeté ce sort sur leur camarade !! Ils savaient comment cette potion pourrait être utile ! Elle était le remède aux maux causés par sortilèges !

Un rapide échange visuel s'effectua entre les deux rangés et ils surent tout deux qu'ils avaient trouvé la solution. Chacun en informa leurs congénères, qui s'activèrent afin de finir la potion dans les temps et par la même occasion, avant le camp adverse.

Entre temps :

-Il faudra que vous m'expliquiez ce qu'il s'est passé ! 25 minutes de retard ! Par la barbe de Merlin mais qu'avez vous foutu vous cinq ?!

Hermione marmonnait plus pour elle que pour les quatre concernés, le cinquième étant dans l'incapacité de répondre d'une quelconque manière.

La question replongea Harry dans ses sombres pensées et sur le pourquoi ils étaient arrivé si en retard par rapport aux autres élèves.

-Une espèce de connard fait en sorte que chaque matin notre réveil ne sonne pas... C'est le tapage que font les filles dans les couloirs qui nous réveille !

-Ouais... Et on sait pas qui s'est ! Appuya Ron.

-Je jure que j'aurais le salop qui nous entourloupe !! bougonna Dean.

-Je suis, poursuivit Seamus.

Tout en profanant des morts plus horribles les unes que les autres pour celui qui s'amusait aux dépends des élèves à les faire se réveiller tard, la potion suivait son court.

La sonnerie de la première heure avait retenti depuis longtemps déjà lorsque Rogue fit le tour des paillasses, regardant où en était les mixtures pâteuses et foireuses de bon nombre de ses élèves.

Il grimaça en passant devant les chaudrons de Harry et Ron : leur potion semblait acceptable. Il ne baissa pas les yeux sur celle de Hermione : à quoi bon, il savait qu'elle l'avait parfaitement réussi. Celle de Dean et Seamus paraissait correcte, à son grand désarroi.

-Finissez ce que vous êtes en train de faire. Puis allez chercher une fiole dans l'étagère et versez un échantillon de votre potion dedans. Vous connaissez la procédure habituelle ? Bon, Zabini ! Londubat ! Venez ici !

La salle retint son souffle sous cet ordre.

Pavarti sembla victime d'une illumination et se pencha sur Lavande. Un coup énergique de la tête de cette dernière apprit à Hermione que les deux hiboux venaient seulement de comprendre ce qu'il allait se passer et devant la purée qu'avait donné leur potion, elle pria pour que Neville n'ait pas la brillante idée de la choisir comme arrêt douleur.

Aidé par une des deux hiboux ou Nott selon les maisons, les deux appelés allèrent jusqu'au bureau de leur professeur.

-Bien maintenant, choisissez un échantillon parmi ceux posé sur mon bureau. Ah, non messieurs !, fit-il lorsqu'il vit Zabini se jeter sur la potion de Malfoy. Choisissez parmi ceux qui ne sont pas de votre maison...

-Monsieur il va s'empoisonner !

-Je suis d'accord !!

Le professeur grimaça avant de foudroyer du regard les opportuns.

-Malfoy ! Potter ! Je n'ai nul besoin de vos lumières pour les punitions que je donne à mes élèves ! Continuez dans cette voie et je peux vous garantir que vos punitions respectives ne seront pas de tout repos... D'autant plus que vous en avez déjà plusieurs monsieur Potter, inutile d'en ajouter de nouveau à votre liste.

La voix mielleuse de Rogue était sans appel, ce qui dégoûta au plus haut point un côté comme de l'autre.

Même si je suis particulièrement content qu'il ait rabattu le clapet de cet abruti de balafré !

Se rasseyant à leur place respective, Malfoy et Harry regardèrent avec appréhension quelle potion allait choisir leur camarade.

Neville leva le bras et prit la première fiole qui lui tombait sous la main, Zabini en prit une dans le tas au hasard.

Débouchant chacun leur « délivrance », comme ils l'aimaient à appeler leur fiole ainsi, ils burent le contenue d'une traite avant de pousser des exclamations de dégoût quand au goût de ces horreurs...

Tout le monde retenait le peu de souffle qu'il leur restait dans les poumons après l'exclamation, s'attendant à voir l'un ou l'autre des deux malheureux s'effondrer mort sur le sol.

La petite frayeur commença.

Ce fut Zabini qui vacilla le premier et se retint au bureau pour ne pas tomber. Parkinson poussa un cri d'effroi lorsqu'elle le vit se balancer d'avant en arrière.

-MONSIEUR !! Il s'est fait empoisonner ! Blaise s'est fait empoisonner ! Quelle idée de faire des échanges de potion entre maison !! Maintenant il est un Serpentards mort ! Meurtrier !

-Je vous demanderai de vous la boucler et de regarder ce qu'il va se passer... Me suis-je bien fait comprendre Parkinson ?..

-…

-Merci, Mademoiselle Parkinson.

Un frisson parcouru la salle, aussi bien pour la réplique cinglante de Rogue que pour ce qu'il se passait sous leur yeux.

Zabini porta sa tête jusqu'au bord du bureau et la reposa quelques instant dessus. Neville eut la même réaction que le Serpentards quelques secondes plus tôt.

Chancelant dangereusement d'avant en arrière, il se retrouva à genoux devant le bureau, une main serrant le bord jusqu'à ce que les jointures blanchissent et l'autre appliquée sur son front douloureux.

Les Griffondors s'étaient levés pour voir comment allait leur paire, s'avançant même jusqu'à l'allée pour mieux le distinguer.

Harry fulminait sur place, conscient que si Neville avait eut la malchance de choisir la potion de Crabe ou Goyle, il y resterait !

Malfoy semblait penser la même chose concernant sa potion et celle de Dean et Seamus d'après les regards pleins de sous entendu qu'il lançait dans leur direction (même s'il regardait avec beaucoup plus de crainte Pavarti et Lavande).

Les deux souffrants venaient de se relever de moitié, donnant ainsi l'autorisation au reste de la classe de respirer.

Neville s'appuya encore un peu sur le bureau avant de se retourner pour faire face à ses amis. Il porta ses mains tout le long de son corps, vérifiant que rien ne lui manquait (avec Rogue mieux vaux se méfier). Il finit son inspection par le visage. Un large sourire fendit celui-ci.

-YAHOO !!!!!

Les cris de joie fusèrent de tout le côté droit de la classe, là où tout les Griffondors étaient rassemblés. La majorité brandissait le poing en signe de victoire. Hermione esquissa un sourire discret, Ron soupira de soulagement avant de sortir son plus beau sourire, Harry aussi souriait d'un sourire vrai, le regard pétillant.

Quand à Dean et Seamus, ils bondissait comme des lapins en se tenant les mains et braillant à l'adresse de Neville :

-IL EST DES NOOOOO-OOTREUH !! IL A BU SA POTION COMME LES AUUUUU-UUTREUH !!

Pour une fois, personne n'était vraiment enclin à leur envoyer le sort de Silence à la figure, trop heureux de retrouver un élève revenue à « la norme ». Excepté Rogue, bien sûr...

Pourtant la beuglante fut reçut par des grimaces de dégoût ou de répugnance par le camp adverse, même si certains avaient esquivé un léger sourire avant de reporter leur attention sur Zabini. Plusieurs Griffondors dont Harry et Hermione étaient tout aussi occupés à regarder comment allait se dérouler la suite des événements pour leur camarade de galère. Quand bien même il n'avait pas l'air si mal en point.

Toujours penché sur le bureau, Zabini respirait doucement mais avec force. Dans une inspiration il siffla quelque chose. Personne ne comprit quoi que se soit à son charabia. Il recommença donc :

-Par Salazar que c'est bon de se sentir bien !