Disclaimer : L'univers de One Piece appartient à Eiichiro Oda.
Rating : M. (allusions sexuelles)
Pairing : Zoro x Law.
Situé : après les aventures de Dressrosa. (pas de spoilers)
Note de l'auteur : Ceci étant le premier texte que je publie sur (et le premier one-shot de ce recueil), j'espère qu'il vous plaira ! N'hésitez pas à faire part de vos commentaires (positifs comme négatifs). Sur ce, bonne lecture !
Do, or do not. There is no try.
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Contrairement à l'entièreté de l'équipage du chapeau de paille qui dévorait avec appétit des sandwichs mitonnés avec soin par la Jambe Noire, Law dégustait des boulettes de riz. Il exécrait par-dessus tout – ou presque – le pain et rechignait avec acharnement à ne serait-ce qu'en avaler qu'une bouchée. Aucune raison particulière n'expliquait cette bizarrerie. Aucun motif valable ne convenait au cuistot du Thousand Sunny. Pourtant, il obéissait aux exigences de la « Diva » qui squattait depuis bien trop longtemps le navire. À croire qu'il lui appartenait. Un caprice de Luffy ?
Que nenni.
Un squatteur, voilà ce qu'il était. Un foutu squatteur qui se permettait d'avoir des envies de boulettes de riz, quitte à aller à contresens du courant commun. Fourrées au thon et à la mayonnaise, en plus. Mais pour qui se prenait-il ? Pour une femme ? Seuls les souhaits et les désirs de Nami-swan et de Robin-chwan méritaient d'être comblés. Le cuisiner pesta dans le fond de sa cuisine sans que personne ne le remarque tant qu'il finissait la vaisselle qui traînait pour rapidement se remettre au fourneau, l'équipage – plus particulièrement Luffy – lui foutait la paix. Excepté Zoro qui ne put s'empêcher d'en caser une tout en biberonnant une bouteille de saké bien plus grande que lui. Destinée à des géants d'Elbaf ? Probablement.
— Oi, sourcils en vrille. Dépêche-toi de me ramener une nouvelle bouteille de saké !
L'acerbité que l'on lisait sur les traits de l'homme aux sourcils en effet entortillés ne tarda guère à fuser.
— T'as qu'à la chercher tout seul, marimo ! À moins que même sur le chemin du garde-manger, t'arriverais à te perdre ?!
— Qu'est-ce que tu dis, enfoiré ?!
Des étincelles jaillissaient. Des éclairs éclataient. Et des flammes s'échappaient de l'œil bien trop courroucé du cuisiner de pacotille – d'après Zoro – alors que ce dernier frémissait d'envie de lui balancer son poing à la figure. Ou plutôt, de trancher cette dernière à l'aide de Shusui. Quant à Sanji, il n'aspirait désormais plus qu'à une chose : tondre la pelouse un peu trop verdoyante de Zoro et s'en servir comme plantes aromatiques pour un bentô. Qui sait, avec un peu de basilic et de gingembre, peut-être le marimo aurait-il enfin du goût.
À la place de mettre en application leurs pensées effroyables, le poing de la navigatrice, implacable, s'abattit sur leur crâne.
— C'est pas bientôt fini, vos conneries !, beugla-t-elle, les traits déformés par la rage.
— Tu fais peur Nami, ponctua le Capitaine en mâchouillant un rôti.
— Formez une alliance, qu'ils disaient… Ce sera amusant, qu'ils disaient…, murmura Law, peut-être un peu plus fort qu'il ne l'avait espéré.
— Heeeeeeein ? Qu'ess'tu dis, Tra-oooo ?
La froideur qui s'échappait de son regard ennuyé suffit pour que Luffy choisisse de ne plus s'intéresser à son confrère capitaine. Trop d'implication. De toute façon, les steaks de monstre marin qui garnissaient la table suffisaient à accaparer son attention. Silencieusement, sans que personne ne le remarque – l'espérait-il – Law parvint à s'échapper de la salle à manger. Bien entendu, son assiette était vide il ne désirait guère s'attirer plus que de raison les foudres de la Jambe Noire. Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'il s'adossait au bastingage, son nodachi fermement coincé sous son bras droit. La fraîcheur ambiante l'enveloppait. Mieux, le rassurait. Ça lui rappelait North Blue. Ça lui rappelait ses compagnons : Bepo, Pengouin, Shachi… Même si ses mots ne s'échapperaient jamais de ses pensées, ils lui manquaient. Tous. Les innombrables excuses de Bepo même lorsqu'il n'avait commis aucun tort, les envies peu recommandables de Pengouin et de Shachi… Leurs voix résonnaient si fort dans sa tête qu'un instant, il crut qu'ils se tenaient en face de lui. Il voyait les deux énergumènes s'extasier devant une énième beauté aux courbes avantageuses pendant que Bepo se demandait si des oursonnes traînait dans les parages. Perdu dans ses pensées, il n'entendit pas le son humide et étouffé de pas s'approchant de plus en plus de lui. Law ne perçut pas la présence de deux coudes sur posant sur la rambarde, à moins d'un mètre de lui.
— Tes compagnons te manquent, hein ?, l'apostropha Zoro. Ça se voit à ta façon de tenir ton nodachi. On dirait que tu t'apprêtes à trancher la première tête à s'approcher d'un peu trop près.
— N'est-ce pas ce que tu fais, Zoro-ya ?, rétorqua le brun, une lueur sarcastique au fond de l'œil.
Mouché, la seule chose qui s'échappa des lèvres du sabreur fut un « tch » particulièrement agacé. Le capitaine des Heart Pirates avait du répondant. Ça, il ne pouvait pas le lui enlever. En plus de la fraîcheur ambiante, le silence ne tarda pas à les envelopper. Law leva les yeux vers les étoiles elles resplendissaient, ce soir. Elles rebondissaient jusque sur la surface de l'océan. Les eaux demeuraient calme. Une première, dans le Nouveau Monde. À croire que même les dieux des océans bénissaient cette alliance inespérée entre Trafalgar Law et Monkey D. Luffy, le gamin qui n'avait désormais plus rien d'un novice. Après des victoires écrasantes à Punk Hazard et à Dressrosa, les deux capitaines poursuivaient leur plan à la lettre : ils se dirigeaient vers l'île de Zou depuis une poignée de jours.
Au lieu de l'irriter, la présence de Zoro Roronoa ne le dérangeait pas. Contrairement à son exubérant de capitaine, il savait se la fermer. Contrairement à Chopper, il ne le harcelait pas – allant jusqu'à s'agripper à ses jambes – pour lui inculquer de bonnes façons de soigner les gens. Certes, tanuki-ya savait se servir de ses sabots, mais ça ne le dispensait pas d'être irrespectueux envers son talent. De plus, l'étroitesse de l'infirmerie l'empêchait de s'y sentir à l'aise. Pour y entrer, il devait déposer son nodachi à l'extérieur alors qu'il rechignait plus que tout à s'en séparer. Sentiment partagé avec le « marimo » qui refusait catégoriquement de s'éloigner de ses sabres. D'après ce que le chirurgien avait entendu, une mauvaise expérience avec une fée, jumelé d'un vol éhonté et des heures à se perdre dans les ruelles colorées de Dressrosa forcèrent le sabreur à veiller sur ses armes plus que de raison. Certaines d'entre elles étaient réputées. Onéreuses. Presque autant que la lame de Dracule Mihawk.
Un énième soupir se déroba aux lèvres de Law. Pourquoi cet homme l'obsédait tant, tout à coup ? Sa seule présence à ses côtés n'excusait pas qu'il imbibe ses pensées. Dans la salle à manger en contrebas, les beuglements de Luffy vinrent perturber le calme de la nuit. Quel ennuyeux personnage, songea Law. Bien plus que lui-même. Le seul avantage qu'avait les compagnons du chapeau de paille, c'était qu'il ne pouvait pas les découper en morceau à la moindre contrariété.
Ses pupilles dérivèrent jusqu'à la pelouse. Pas celle du sol. Celle qui garnissait le crâne de l'épéiste. Une bien étrange couleur de cheveux. Une bien étrange cicatrice à l'œil. Chose qui ne semblait pas le gêner outre mesure. Pourtant, médicalement parlant, il ne devrait pas parvenir avec manier ses sabres avec la même dextérité qu'un homme doté d'une paire d'yeux complète. Alors pourquoi parvenait-il encore avec aisance à dézinguer tous ceux qui le défiaient ?
Zoro sentit sans peine que le Grand Corsaire le dévisageait. Un sourire étira ses lèvres fines alors qu'instinctivement, ses doigts filèrent effleurer la garde de ses sabres. Sans agressivité. Juste par réflexe viscéral. Purement défensif. Purement habituel. Après tout, le Nouveau Monde ruisselait de nombreux dangers et les alliances ne faisaient que les multiplier. Faire confiance à Trafalgar Law ? C'était bon pour Luffy. Se méfier du Grand Corsaire incombait à l'équipage et plus particulièrement à Zoro. D'entre tous, il était probablement le seul à pouvoir l'éclater avec un sabre.
— Tu vas encore dormir dehors, cette nuit ?
La question décontenança le Chirurgien de la Mort. Depuis qu'ils avaient quitté Punk Hazard et même lorsqu'ils avaient quitté Dressrosa, il n'avait fait que dormir à la belle étoile. À dire vrai, l'herbe chatoyante du pont convenait parfaitement. L'idée de s'incruster dans la chambre des garçons ne l'avait même pas effleuré. De toute façon, elle ne contenait pas suffisamment de hamacs. Law était persuadé que s'il demandait s'il y avait de la place à Luffy, ce dernier lui proposerait de dormir avec lui. Hein Tra-o, je dors sur toi ! Et demain, on échange ! J'espère que mes pets ne vont pas te gêner, hahahaha !
Écœurant. L'importance de l'hygiène n'atteignait même pas l'esprit obtus du capitaine au chapeau de paille.
— La vigie est disponible, tu sais.
Bien sûr. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? À l'abri des pets de Luffy, à l'abri des ronflements tonitruants de Franky et la tendance à raconter des bobards même dans son sommeil d'Usopp, la vigie paraissait être un excellent dortoir privatisé.
— Je peux même t'y conduire.
— Ce sera avec plaisir, Zoro-ya, répondit enfin le brun en emboîtant le pas de son allié.
Quelque chose ne tournait pas rond. Quelque chose clochait dans l'attitude du bretteur de l'équipage du chapeau de paille. D'ordinaire beaucoup plus taciturne, il préférait passer son temps dans un coin à roupiller, serein. Seul. Ce soudain élan de générosité ne convenait guère à sa carrure.
Lui qui pensait y découvrir l'attirail du parfait vigie, Law fut surpris. Des dizaines d'haltères étaient suspendues au mur alors qu'une barre de fraction était accrochée au plafond. Bien trop haute pour que quelqu'un puisse l'atteindre sans se percher sur un tabouret. Aucune trace d'un quelconque hamac dans les parages. Encore moins d'un lit. Seules les femmes méritaient de se reposer le dos dans des édredons de plumes, d'après la Jambe Noire. Néanmoins, quitte à choisir entre la fraîcheur du pont et la chaleur qui régnait dans la vigie… Le choix était fait.
À peine eut-il le temps de déposer son nodachi contre un mur qu'une lame fendit l'air. Elle traça une courbe parfaite dans les airs avant de s'arrêter sur sa joue. Sa pointe, parfaitement affûtée, parvint à lui arracher une perle de sang. À l'instar de la lame quelques secondes plus tôt, la gouttelette traça une courbe parfaite le long de son visage. Une grimace déforma les traits d'ordinaire ennuyés du chirurgien.
— T'as pas les réflexes aussi aiguisés que c'que je croyais. Et ça se dit Grand Corsaire, tssss !
Law voulut répondre. Law voulait lui faire goûter au piquant de sa langue, à l'aigreur de ses mots. Il n'en eut pas le temps. Préférant de loin préserver sa vie à préserver ses piques acerbes, il para de justesse une seconde lame qui tentait de l'atteindre en revers.
— Qu'est-ce que tu veux, Zoro-ya ?
— Me mesurer à toi, rétorqua-t-il tandis qu'il accrochait son bandeau autour de son crâne.
Un sourire effroyable s'esquissa sur les lèvres de l'homme aux trois sabres. Il n'en avait dégainé que deux. D'après lui, Law ne méritait pas plus. Ce dernier campa sur sa position son nodachi pesait dans ses mains mais cela ne l'empêchait pas de le tenir fièrement devant lui. Il suffisait qu'il écarte les doigts et crée une « room » pour que ce foutu bretteur valdingue dans l'océan.
— N'essaye pas d'utiliser ton fruit. Je veux tester tes compétences au sabre, pas tes compétences de chirurgien, lança le borgne.
À croire que cet enfoiré venait de lire dans ses pensées. À moins qu'il n'usait de son haki de l'observation ? Une goutte de sueur se faufila le long de la tempe du brun. Mêlée à une exhalation aussi phénoménale qu'étrange, celle-ci fut bientôt suivie de ses paires. Autant à l'extérieur, la froideur de la nuit renforçait les glaçons, autant à l'intérieur de la vigie, une sempiternelle chaleur ne s'en délogeait pas. Les entraînements intensifs de Zoro n'y étaient pas pour rien. À aérer si peu souvent la pièce circulaire, la chaleur finissait inévitablement par s'accumuler. Engoncé dans un pull garni de plumes noires, Law crevait littéralement de chaud. Engagé un combat avec la tête de gazon ne l'aiderait en rien à se reposer au contraire. Alors qu'il s'apprêtait à décliner l'offre d'un duel avec l'ex-chasseur de primes, les deux lames s'abattirent contre la sienne dans un fracas métallique. Un instant, il oscilla.
La seconde d'après, il recula.
— Roo…, commença à articuler le chirurgien.
Sans avoir l'opportunité de finir. Sunshui fila jusqu'à lui, traçant une ligne de feu le long de son avant bras. D'une pression, Zoro Roronoa aurait pu le lui trancher. Aucune compassion ne se lisait sur ses traits à croire qu'il n'appréciait guère les utilisateurs des fruits du démon qui en abusaient.
— Je croyais avoir en face de moi un bretteur, pas une lavette à la tronche de phoque.
— Je croyais avoir en face de moi un bretteur, pas une tronche de gazon attendant d'être arrosée, répondit le brun avec la verve acide qui le caractérisait.
Un nouveau grognement s'échappa de la bouche de son « adversaire ». Ses traits n'en étaient que plus tirés son unique œil valide se plissa. Les répliques de Law cognaient presque aussi fort que celles de Sanji. Décidément, il savait vraiment se servir de sa langue. Un instant, les pensées de Zoro dérivèrent.
Loin. Très loin.
Le bretteur abandonna le monde de la raison et s'empêtra dans des songes délectables. Il s'imaginait goûter à cette langue d'une toute autre façon. Il rêvait de la sentir effleurer une partie caractéristique de son anatomie, coincée entre ses deux jambes. Peut-être que dans ce domaine-ci, le chirurgien de la mort excellait… D'autant plus que son épitaphe le trahissait sur un second point : un chirurgien, ça savait se servir de ses mains. Un chirurgien, ça savait agripper une hampe et surtout, ça connaissait dans les moindre détails l'anatomie humaine. Incluant les zones érogènes communes à toute l'espèce. À cette pensée retorse, un frisson parcouru l'échine de la tête d'algue.
Ce frémissement causa sa perte.
Law profita de sa chance insolente. Son pied rencontra avec tant de violence le torse du bretteur qu'il traversa la fenêtre de la vigie. Dans un hoquet de surprise étouffé par sa chute en plein cœur de l'océan, perturbant la tranquillité des eaux, son premier réflexe fut de couler. Au sommet de la vigie, accroché au rebord de la fenêtre brisée, un sourire ravi étira les lèvres du brun.
Finalement, Zoro Roronoa n'était pas à la hauteur de sa légende...
