La nuit tombe sur une petite bourgade perdue en pleine campagne.
Alors que les lumières s'éteignent une à une dans les maisons et que les volets se ferment pour la nuit, la porte d'un pavillon luxueux s'ouvre silencieusement.
Une jeune fille brune s'en échappe rapidement. Elle est vêtue d'une brassière de sport et d'un short court, les baskets aux pieds et ses longs cheveux bouclés sont attachés en queue de cheval. Les écouteurs aux oreilles, elle met la musique de son IPhone en marche et se met à courir.
Elle fait cela plusieurs fois par semaine. Elle en a besoin. Si elle le pouvait, elle irait jusqu'au bout du monde, ainsi.
Rageusement, la demoiselle accélère la cadence et court droit devant elle, sans prêter attention aux chemins empruntés. La musique engourdie son cerveau, l'effort broie ses muscles. Elle n'est plus que sensation. Elle n'a besoin de rien d'autre.
Soudain, alors que sa playliste se termine, elle s'arrête et regarde autour d'elle. L'ombre des arbres la menaçe, l'obscurité progresse, si bien qu'elle ne reconnaît pas le lieu où elle se trouve. Elle était pourtant persuadée de connaître les alentours comme sa poche.
L'angoisse la saisie lentement alors qu'elle prend conscience qu'elle va devoir appeler à l'aide. Se saisissant de son téléphone, ses yeux vairons parcourent son répertoire à la recherche d'un nom en particulier. Elle voit l'heure qu'il est et se mord les lèvres : elle va passer un mauvais quart d'heure...
La tonalité sonne deux fois avant de se couper. Pas de réseau.
- Merde !
Rebroussant chemin, elle avance prudemment et parcourt quelques mètres. Son pied rencontre une résistance avant de lâcher soudainement. Avec un cri étouffé, la jeune fille se retrouve coincé dans un filet, en haut d'un arbre, et sans avoir compris ce qui lui était arrivé.
A l'instant même où elle ouvre la bouche pour crier à l'aide, un bruit sourd retentit derrière elle et, juste après, une voix rauque s'adresse à elle, sarcastique :
- Tiens, tiens mais qu'avons-nous là ? On a fait bonne pêche, ce soir !
Se retournant brusquement, la captive ne peut qu'apercevoir une masse sombre.
- Libérez-moi ou vous allez comprendre votre douleur !
Elle est terrifiée mais le bluff reste sa seule arme.
Pas très futé, pense-t-elle alors qu'elle ne connaît même pas l'identité de son agresseur.
Un rire joyeux résonne dans l'arbre, face à elle mais, là encore, ses yeux ne rencontre que l'obscurité.
- Hey les gars ! On a trouvé la jumelle de Raph' !
- La ferme, Mikey !, grogne le premier. Coupe la corde au lieu de débiter tes conneries !
Il n'avait pas fini sa phrase qu'une partie du filet fut coupé, faisant atterrir la demoiselle dans ses bras musclés.
L'un et l'autre furent comme étonnés de se retrouver nez à nez. L'un par la beauté du regard asymétrique de la jeune fille, reflété par la lune ; l'autre par la douceur avec laquelle cette montagne de muscles l'avait rattrapé alors qu'elle s'attendait à s'écraser lamentablement par terre.
Un raclement de gorge les ramène brusquement à la réalité. Brutalement, l'inconnu repose l'adolescente à terre, dos à lui, passe un bras en travers de sa poitrine et pose un objet froid et pointu sur sa gorge. Elle ne peut que reculer contre son torse dur comme le roc pour tenter de se soustraire à ce qui est, incontestablement, une arme.
- Que fais-tu par ici ?, demande une troisième voix, plus douce que la première mais aussi froide que le pôle Nord tout entier.
- Je... Je me suis perdue, balbutie l'intéressée.
Terrorisée, elle tremble de tous ses membres. Une lampe torche est braquée sur son visage alors qu'une quatrième voix, timide mais claire, résonne à sa gauche :
- Elle dit la vérité, elle est terrifiée.
Bon sang mais combien sont-ils ?
Un soupire se fait entendre face à elle.
- On l'embarque. Raph', tu t'en charges. Mikey et Donnie, ouvrez la marche. Je couvre vos arrières.
Sourd aux supplications de l'adolescente, son ravisseur range son arme et lui bande les yeux avant de la soulever, presque délicatement. Sans un mot et sans un bruit, les quatre individus disparaissent dans la nuit avec leur fardeau.
