Note : Hello hello ! Voici ma participation pour le challenge de ce mois-ci du CollectifNONAME. Le thème était "Votre personnage garde une cigarette sur lui depuis des années. Aujourd'hui, il l'allume". Le résumé est une citation de Miguel Zamacoïs. Ce mois-ci, nous profitons également du challenge pour parler de trois points : ce que ça nous fait de lire des fanfictions, d'écrire des fanfictions et de recevoir des reviews.
Lire des fanfictions : C'est devenu naturel. Je peux me plonger dans un nouveau film ou un livre que je n'ai jamais lu et, à la dernière seconde, à la dernière page, me dire que je peux prolonger la magie de l'univers ou de ses personnages en allant sur FanFiction ou AO3. J'ai et aurai toujours un respect énorme pour les auteur(e)s de FanFiction. Il y a des gens qui, parfois même à l'autre bout de la planète, prennent de leur temps pour écrire une histoire, la parfaire. Il y a leur bêta aussi qui corrige, parfois des dizaines de brouillons, tout ça pour que nous, dans notre canapé, dans le métro, on puisse lire un petit bout de magie. Ça peut nous fait chialer, rire souvent, nous faire faire de la gymnastique des sourcils quand quelques fautes ont été oubliées, mais tout ça montre surtout l'imagination et l'implication des fans à travers le monde. Alors pour encourager, et remercier aussi, ces auteurs, je poste à chacune de mes lectures une review, si le texte m'a plu. Je n'écris pas de commentaires si je n'ai pas aimé, parce que tout ça est très subjectif et je ne vois pas de quel droit je pourrais dire à tel ou telle auteure que ce qu'il ou elle a écrit n'est pas bien / ne m'a pas plu. Bref, auteur(e)s de fanfictions : merci.
Bêta : Maya Holmes. Genre, Maya Holmes. Je sais que je pourrais me contenter de nos conversations privées pour la remercier, encore et encore, pour son temps, son énergie qu'elle a offert à cette fic, mais ça ne serait pas lui rendre hommage comme il se doit, et je préfère le dire publiquement : merci Maya, pour tout. Car si les chapitres ont été écrits au jour le jour, Maya les a corrigé dans la foulée, ce qui est absolument adorable. Offrir de son temps à quelqu'un, c'est le plus beau des cadeaux, car c'est quelque chose qu'on ne peut jamais récupérer. Maya me fait ce cadeau tous les jours :3
Et maintenant, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture !
Lorsque Gregory Lestrade rencontre Sherlock Holmes pour la première fois, il récupère en une soirée un junkie de 23ans défoncé et une facture de 80£ pour nettoyer la banquette arrière de sa Vauxhall Astra sur laquelle le gamin a vomi. Ce n'est pas le meilleur des départs.
On est samedi et le samedi, Lestrade ne travaille pas parce qu'il garde sa fille Lisa qu'il doit amener à la danse et avec qui il se promène ensuite à Hyde Park. Sauf que ce soir-là, alors qu'il vient de déposer la petite en tutu à son cours et qu'il file au Tesco près de chez lui pour leur acheter de quoi dîner, il a l'idée saugrenue de tourner la tête à un feu rouge. Il voit, dans une petite allée, deux hommes se battre salement avec toute la hargne bestiale qui les anime.
« Hey ! », hurle le flic en sortant de sa voiture qu'il laisse plantée au milieu de la route.
Une main sur son arme, il court, mais le seul homme qui est resté debout le remarque et s'enfuit en courant. Gregory le vise une seconde et, bien sûr, ne presse pas la gâchette. Il s'arrête près du corps à terre et range son flingue dans son étui avant de se pencher en avant.
« Ça va ? »
L'homme se redresse à peine et tourne son visage vers le flic. C'est un gamin et même le sang qui coule de son arcade droite et la boue sur sa face ne cachent pas suffisamment sa peau blanche de camé. Lestrade soupire ; un junkie, il ne lui manquait plus que ça.
« C'est très impoli d'interrompre une conversation. », peste le jeune homme d'une voix terriblement sophistiquée, en grimaçant puisque parler semble atrocement douloureux.
« Je pense que tu confonds un point et un poing. Lève-toi. », ordonne Lestrade en le tenant par le bras pour l'aider à se redresser. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ton dealer a pas voulu te faire crédit ? »
« Ce n'était pas mon dealer. »
« C'était ta grand-mère et j'ai mal vu, c'est ça ? »
« Non, c'était un dealer mais ce n'était pas mon dealer. Le mien est plus au Nord. »
« Okay, bon, suis-moi au poste, tu vas me raconter tout ça. »
Le gamin passe sa main sur son arcade explosée, grimace et inspecte de haut en bas le flic avant de demander :
« Vous ne devez pas aller récupérer votre fille ? »
Ça coupe à Gregory toute envie de sourire.
« Pardon ? »
« Bon, ça attendra. Je veux bien que vous m'emmeniez parce que je ne me sens pas très bien. »
« Ouais, alors ferme-la en attendant, ça vaut mieux. », impose le DI pour tenter de cacher la petite boule d'angoisse qui s'est formée lorsque le junkie lui a parlé de sa fille.
Il l'attrape par l'épaule et le pousse jusqu'à la voiture. Il ne remarque que maintenant les klaxons, les insultes des conducteurs bloqués derrière lui et indéniablement, le feu vert. Il ne dit pas un mot, sort son insigne qu'il leur montre, blasé, et attrape dans son vide-poche les menottes qu'il passe au gamin avant de le foutre sur sa banquette arrière.
« C'est quoi ton nom ? », demande-t-il quand la voiture démarre à nouveau.
« Sherlock Holmes. Et désolé par avance. »
« Pourquoi ? »
Sherlock ouvre les lèvres mais ne répond pas. Lestrade soupire tout haut et ne retient pas le frisson de dégoût lorsqu'il entend le junkie vomir.
« Dis moi que le sac de ma fille n'était pas sur la banquette arrière. »
« J'ai dit que j'étais désolé. »
Ce n'est vraiment pas le meilleur des départs.
Gregory raccroche et reprend son calme, les deux poings appuyés sur son bureau. Il redresse la tête, passe ses pouces dans son jean pour tenter de le détendre un peu, puis traverse le 8e étage jusqu'aux cellules. Il fait signe à Mark qui vient lui ouvrir la porte et va s'asseoir sur le banc qui craque, à côté du junkie.
« Bon, j'ai appelé le numéro que tu m'as donné. On va venir te chercher. »
« Votre fille ne vous en veut pas ? »
« Je serai toi, je la ramènerai pas... », conseille le flic qui ne comprend pas comment le gamin peut savoir qu'il vient de parler à Lisa au téléphone.
Bien sûr elle a crié de sa petite voix perçante, lui rappelant que c'est la quatrième fois qu'il demande à sa voisine de venir la chercher, parce qu'une urgence au travail le retient pour une heure ou une nuit. Il ne lui en veut pas - merde, il la comprend. Souvent, il voudrait s'excuser de lui faire vivre un divorce. La psy leur a dit, à Miranda et à lui, que leur fille se sentait responsable de leur séparation, mais tout le monde sait qu'il n'y a qu'un coupable : lui. Il aurait dû apprendre à connaitre Miranda avant d'aller lui acheter une bague, avant d'accepter qu'elle arrête la pilule. Il aurait aimé comprendre bien plus tôt qu'avoir un gosse c'était la plus belle chose et la plus difficile au monde. Il aurait aimé être moins con et se battre pour faire marcher leur couple, pour Lisa, rien que pour Lisa. Un jour, il lui demandera pardon. Un jour.
« Qui vient me chercher ? Michael ? Alfred ? », demande Sherlock manifestement ennuyé par ce qui ressemble être une routine pour lui.
« Non, un mec qui se fait appeler Mycroft, on m'a dit. »
Le gamin redresse la tête et regarde le flic avec des yeux ronds. Sa peau déjà malade semble frissonner et discrètement une dent nacrée presse sa lèvre inférieure.
« Y'a un problème ? »
« Oh non, merde. », et la voix du junkie est d'habitude si chaude et sophistiquée, qu'il y a quelque chose de comique à l'entendre jurer ainsi. « Très bien, le dealer avec qui je parlais quand vous êtes arrivés vend de l'ecstasy à Stepney depuis début mai. On a trouvé trois SDF morts de crise cardiaque à cette période, vous vous rappelez ? On avait accusé les supermarchés d'avoir mis de la javel sur leurs invendus pour empêcher les mendiants d'y trouver de quoi manger, mais on a jamais pu prouver qu'ils étaient allés se servir dans les poubelles. Je pense que c'est Winnie, le dealer, qui testait sa came et leur en a donné. J'ai fait des analyses avec ce que je lui ai acheté. Il y avait des traces de PCP-Mescaline... »
« Putain... », crache le flic en passant une main sur son visage.
« Exactement. Il voulait en mettre assez pour défoncer ses clients mais pas trop pour ne pas les tuer non plus. »
« Ouais, ça consomme moins, un mort. Et comment tu sais ça toi ? Tu te la joues détective privé ? »
« Oui. », répond le junkie, tout sourire.
Gregory lève les yeux au ciel. La soirée promet d'être longue.
« Je peux vous aider à le retrouver et à prouver qu'il a tué les trois SDF. Rappelez le numéro que je vous ai donné et dites leur que c'est une erreur ou ce que vous voulez et je vous promets qu'on arrêtera Winnie. »
« Pourquoi tu m'as donné le numéro si tu ne voulais pas qu'on vienne te chercher ? »
« Parce que d'habitude ce n'est pas Mycroft qui vient ! », murmure le gamin d'une voix bouffée par la peur et cette fois, Gregory est convaincu que quelque chose ne va pas.
Il ouvre les lèvres, prêt à le rassurer et à lui dire qu'il va rappeler le numéro, mais Mark agite sa main à travers les barreaux pour retenir leur attention.
« Un monsieur est là pour récupérer Sherlock. »
Ils relèvent tous les deux la tête et se tient à côté de Mark un homme grand, enveloppé dans un costume d'une classe improbable. Il est fin, avec un visage d'oiseau et deux petites noisettes en guise d'yeux. Sa bouche pincée et ses sourcils fins froncés sont suffisants pour traduire toute la haine que ce genre d'endroit lui inspire. Le mec doit faire partie de la mafia de l'Est, y'a pas de doutes.
Mark ouvre la porte et fait signe à Sherlock de sortir, chose qu'il fait les gestes aussi lents que s'il avait lui-même consommé de l'ecsta coupée au PCP-Mescaline. Lorsqu'il arrive devant le gardien, il lui retire les menottes et Gregory sort à son tour pour faire face à Don Corleone.
« Et vous êtes ? »
« Mycroft Holmes. Le grand frère de Sherlock. »
Pour l'intuition, on repassera. Lestrade hoche une fois la tête, feint la non-surprise et ne peut que regarder cette fratrie tordue d'un oeil halluciné. Le grand frère reste aussi droit que s'il s'était assis malencontreusement sur un balai sans penser à le retirer de son arrière-train et plante ses yeux dans ceux de son frère avant de murmurer d'une voix aussi grinçante qu'une porte mal huilée.
« Qu'est-ce que tu as pris, encore ? »
« Rien... », bredouille Sherlock les yeux fuyants et la main droite grattant son avant-bras nerveusement.
Mycroft Holmes relève de force la manche du plus jeune pour dévoiler son bras affreusement maigre et deux traces de piqures si voyantes qu'elles paraissent neuves de quelques heures. Le visage de Sherlock se tord, ses yeux suppliants se détournent et Lestrade voit que les doigts de Mycroft encerclent une des marques.
« Lâchez-le. », ordonne-t-il en repoussant la main du plus âgé des Holmes. « Je peux savoir pour qui vous vous prenez ? »
Sherlock secoue légèrement la tête pour lui faire signe de se taire et Lestrade aurait préféré un peu plus de reconnaissance. Il fait face à Mycroft et ne lui fait pas le plaisir de feindre la crainte.
« Je suis Mycroft Holmes. », répète-t-il lentement, comme s'il annonçait être le Prince Charles.
« C'est censé me rappeler quelque chose ? », demande-t-il en riant et lorsqu'il voit les visages de Mark et Sherlock se secouer lentement, il se dit qu'il a peut-être loupé quelque chose.
« Monsieur Holmes travaille pour le ministère de l'intérieur... », rappelle Mark d'une voix qui invite son collègue à se calmer, genre, maintenant.
« Et c'est une excuse pour torturer votre frère ? », demande Lestrade qui est bien loin d'être impressionné par ce genre de détail.
Cette fois, Mark attrape un dossier posé sur la tablette près d'eux et file vers les bureaux, puisqu'il est évident qu'il ne veut pas tenir tête à un mec du gouvernement. Mycroft attend que l'homme ait quitté la petite salle sans fenêtre pour relever le nez et observer Lestrade de toute son insupportable suffisance.
« Est-ce que vous savez ce que c'est d'avoir un petit frère junkie, Inspecteur ? »
Lestrade regarde derrière l'épaule du politicien Sherlock, le visage baissé.
« Non. », répond-il sans sourciller.
« C'est un combat de chaque instant. Servez-lui une tasse de thé, retournez-vous pour attraper du sucre et le voilà déjà dans une ruelle de Southwark à snifer une ligne de coc' sur le dos de sa main. C'est avoir dans les numéros favoris de son téléphone la clinique et Scotland Yard, puisque c'est là qu'il finit un jour sur deux. C'est avoir ce genre de conversation, une fois par semaine, avec des gens qui pensent tout savoir mieux que tout le monde. », finit-il en regardant Gregory des pieds à la tête.
« Bah foutez-le en cure de désintoxication. »
« J'ai déjà essayé six fois, qu'est-ce que vous croyez. Mais il est trop fier pour y trouver un intérêt et je le retrouve à chaque fois, dans l'heure, sur mon palier, après l'y avoir déposé. »
« Il en a un, d'intérêt, maintenant. », informe Lestrade en hochant la tête vers Sherlock.
Le plus jeune le fixe et hausse un sourcil. Le flic fait un pas de côté pour les faire changer de position, pour que Sherlock ne se retrouve plus derrière son frère mais bien dans le cercle de la discussion.
« Votre frère sait comment arrêter un dealer qui coupe ses merdes au PCP-Mescaline. Puisqu'il est clair que Scotland Yard ne va pas bosser avec un camé, Sherlock va aller en cure de désintoxication, se nettoyer de tout ça, et lorsqu'il en sortira, il viendra nous aider. Qui sait, il peut sauver des vies, en plus de la sienne. », poursuit Lestrade en regardant droit dans les yeux le gamin à qui il adresse un premier sourire sincère.
Mycroft hausse un sourcil, ses lèvres s'ourlant dans un sourire amusé et regarde les deux hommes avant de s'adresser à son frère.
« Sherlock... ? »
« Ouais... Oui je peux faire ça. », répond-il et enfin la reconnaissance se lit dans ses yeux.
« Bien... Essayons, alors. », soupire Mycroft qui apparemment n'y croit pas une seule seconde. « Allons-y maintenant, nous avons perdu assez de temps. Inspecteur... », salue-t-il en serrant de sa main moite celle du flic qui s'empêche au dernier moment d'écraser ses phalanges.
Sherlock le salue juste d'un signe de la tête et baisse sa manche avant de suivre son frère. Gregory les laisse signer le registre de garde à vue avec Camilla et retourne à son bureau dont il ferme les stores avant de se laisser tomber dans son fauteuil qui grince. Il soupire aussi longtemps qu'il peut, ses mains sur son visage, et se dit qu'il pourrait faire une petite sieste avant de reprendre la voiture et de rentrer récupérer Lisa, mais sa porte s'ouvre.
« Vous aviez pris ma veste avant que j'aille dans la cellule... », dit d'une petite voix Sherlock.
« Ah ouais, je l'ai mise sur le porte-manteau là. », indique de son doigt le flic avant de se lever de sa chaise.
Il se rapproche du plus jeune et lui sourit.
« Tu vas vraiment le faire alors ? »
« Oui. Je vais essayer en tout cas. »
« C'est bien. Crois-moi, ces conneries ne te mèneront jamais plus loin que dans une tombe. »
« Ne me faites pas la morale, vous aussi vous avez vos addictions... Vous en êtes quoi, à un paquet par jour ? », demande Sherlock en enfilant sa veste.
« Mais comment tu sais tout ça toi ? Bref, ça n'a rien à voir, les clopes c'est... »
« Pas aussi radical qu'une ligne ? C'est sûr. Mais si vous continuez à fumer comme ça, à 50 ans vous finirez avec un cancer. Je suis sûr que votre fille sera ravie de vous accompagner en chimio deux fois par semaine. »
Lestrade sourit ironiquement, joue avec sa mâchoire de droite à gauche et hoche une fois la tête avant de tendre sa main vers le porte-manteau dont il tire, de la poche intérieure de sa veste, son paquet qu'il ouvre. Plus qu'une cigarette.
« Bon, tu sais quoi gamin ? Le jour où tu sors de rehab, le jour où je suis sûr que tu as définitivement arrêté tes conneries et où on arrête Winnie le dealer, je fume cette clope et ça sera la dernière de ma vie. Ok ? »
Sherlock fronce une seconde les sourcils et cache très mal le sourire si intense qu'il crée des petites ridules au bord de ses yeux.
« Ok. »
Appuyés contre le Vauxhall Astra, les pieds dans la boue, Gregory Lestrade et Sherlock Holmes regardent l'immeuble cerné, la dizaine de voitures de flic dont les gyrophares se répercutent dans les carrosseries et les rétines. La rue a été bloquée, quelques coups de feu ont été tirés mais personne n'a été touché. Les pompiers sont juste là par sécurité. C'est le deuxième fourgon qu'on remplit des mecs qu'on a trouvés dans l'entrepôt à fabriquer des pilules d'amphétamine et d'ecsta. Parmi eux, ils ont reconnu Winnie, malgré ses cheveux rasés et sa nouvelle cicatrice à l'oeil. Ils arrêtent 27 personnes ce jour là.
Lestrade sort de son manteau un paquet écrasé car resté cinq mois dans la poche intérieure. Il demande à un bleu qui passe de lui prêter son briquet et l'allume en s'aidant de la main que Sherlock tend pour empêcher le vent du mois de novembre de l'éteindre. Ils se sourient et reportent leur attention sur le fourgon qui démarre et part le premier à Scotland Yard.
Le jour où Gregory Lestrade fume sa dernière cigarette, il est promu DI. Son meilleur ami, lui, devient Détective Consultant.
