S'il y a des personnages que j'aime dans Carry On, c'est Nicodémus et Ebb. J'ai un goût prononcé pour les fratries composées d'un frère et d'une sœur. Et pour les fratrie tout court.

Nicodémus s'assit sans un mot sur le petit banc à côté de la fenêtre de la cabane d'Ebb. La nuit de Noël était froide et le parc plongé dans l'obscurité. Seule la pâle lumière filtrant par la fenêtre éclairait le visage de marbre de Nicodémus.

Une chèvre s'approcha de lui et tenta de manger sa cape. Nicodémus la repoussa d'un geste du pied. Il songea à sa sœur, seule dans sa cabane, à passer le soir de Noël sans personne.

Comme lui.

Nicodémus soupira et appuya sa tête contre les planches de la cabane.

-Hey,lança-t-il.

Il savait qu'elle l'entendait. Elle l'entendait toujours.

C'était une salutation très peu élégante pour un vampire, mais qu'importe,il n'est pas à Convent Garden.

-Tu m'entends, hein, Ebby ? ( question rhétorique, il savait qu'elle ne répondrait pas, elle n'avait pas le droit ). Je suis revenu tu vois. Comme tous les ans. Pour te souhaiter un joyeux Noël. Ou pour m'excuser, je sais plus. J'ai eu tout ce que je voulais en rejoignant les vampires. La force, la puissance, la santé, l'immortalité peut-être... Je ne savais pas qu'ils me radieraient du Livre. Ni que je n'aurais plus le droit de te voir. Tu me manques vraiment petite sœur. On est pas ridicules là ? Toi avec tes chèvres, moi avec mes buveurs de sang. Dire qu'on étaient les mages les plus puissants de notre génération... Oh, mais ça suffit toi, va brouter ailleurs !

La chèvre était revenue. Nicodémus se drapa dans sa cape pour éviter que l'animal ne la grignote à nouveau.

-Désolé,reprit-il à l'intention d'Ebb. Tu ferais bien d'éduquer tes chèvres.

Nicodémus s'accorda une pause.

-J'ai croisé Tyranus Basilton Pitch il y a quelques jours. Il voulait des informations sur celui qui a tué sa mère. Je n'ai pas osé lui dire que c'était le Mage.

Nouvelle pause. Que dire de plus ? Comment dire à quel point elle lui manquait ? Sa sœur, sa petite sœur avec qui il passait tout son temps, à laquelle il n'avait même plus le droit d'adresser un regard.

-J'ai rêvé cette nuit. Du Noël que nous avons passé chez les Pitch. Tu te souviens que cette année là, Fiona avait bataillé avec ses parents pour nous faire venir ? Ils nous ont fusillés du regard pendant tout le dîner. Je crois qu'on les a tenu éveillés pendant des heures à rire dans la chambre de Fiona.

Il croisa les mains.

-On était si insouciants. Aucune ombre ne nous barrait la route. On était heureux. Ebb, je suis désolé, je suis tellement désolé d'avoir fait ça. Est-ce que tu me pardonneras un jour ?

Il regarda sa montre. La pile avait claqué depuis au moins vingt ans,mais ça ne l'empêchait pas de fonctionner à la perfection. Il serait bientôt minuit. Il devait partir.

-Porte-toi bien p'tite sœur, fit-il. Tu vas me manquer jusqu'à Noël prochain.

Il posa la main contre le bois de la cabane. Il aurait voulu pouvoir le traverser, et prendre sa sœur dans ses bras comme avant. Cela faisait des années qu'il ne l'avait pas fait.

-Un jour, quand le Humdrum sera vaincu et qu'on sera débarrassés du Mage, je reviendrai te chercher et on partira ensemble, où tu voudras. Avec même tes chèvres. Je t'aime Ebbazina.

.

Ebbazina serra les poings contre le mur, secouée de sanglots.

-Nicky...Nicky tu es un crétin ! hoqueta-t -elle.

La gardienne des chèvres se laissa glisser au sol et fondit en larmes.

.

Au loin la silhouette de Nicodémus s'éloignait, les épaules tremblantes.

Une larme roula sur sa joue, ce qui n'était pas arrivé depuis quinze ans.

Il avait même laissé la chèvre ronger sa cape.

Selon mon lecteur test, (ma mère) cette histoire est horriblement vous, qu'est que vous en pensez?