Coucou,

Alors, je commence une nouvelle fiction qui alternera les points de vue, en fait, voyez ça comme un recueil d'OS. Ils seront tous sur des thèmes différents avec tous des personnages différents. Avec en point commun le fait qu'ils soient dans leur lit. Pour moi, c'est là où je réfléchie le mieux et le plus intensément donc j'ai essayé de faire des OS basés sur la psychologie des personnages. Vous me direz ce que vous en pensez et si ça fonctionne.

J'ai prévu déjà plusieurs personnages : Ron, Hermione, Molly, Ginny, Percy, George et Luna. Il me viendra peut-être d'autres idées. Sinon si vous avez une idée de personnages je prends !

Et, je voudrai savoir si vous préférez que j'annonce le personnage en début de chapitre qui lui est consacré, à la fin du chapitre précédant ou préférez-vous que je n'annonce rien du tout et donc découvrir le personnage au fil de la lecture ?

Voilà

Camille

_George

La position fœtale ne n'apaise même plus, rien ne m'apaise. D'un geste rageur j'envoi valser mes couvertures. Et frappe de douleur mon matelas.

J'ai si mal, tellement mal.

Les émotions se bousculent en moi. Je veux hurler, je veux pleurer, je veux mourir. Mourir pour ne plus rien ressentir. J'en ai marre de tous ceux qui viennent me dire qu'il aurait voulu que je vive, que je ris ! Personne ne le connaissait aussi bien que moi, personne ! Et même, même si c'est vrai, même si il l'aurait voulu, je ne peux pas. Je n'y arrive pas. Ma tête explose, je veux juste dormir, ne plus penser. Ne plus pleurer.

Ma main s'agrippe à mon matelas, férocement, mes ongles griffent, essayent de s'accrocher, de trouver une prise. Je n'ai plus aucun contrôle, je dérape, tout bouge tout tangue, rien n'est stable, tout est fugace. Je hurle, je pleure, je vomis. Mais je ne dors pas. Jamais.

J'essaye de me lever et m'écroule lourdement, je m'agrippe à ma lampe de chevet mais cette traitresse s'écroule aussi dans un fracas tonitruant. Tout s'écroule, tout s'effondre. Rien n'est à sa place depuis qu'il n'est plus là. Rien ne tourne plus rond Merlin !

Je n'ai même plus la force de réactiver le sort d'insonorisation. Je sais que Ron va arriver en courant complètement paniqué. C'est le seul à venir encore me voir. Maman n'en a pas la force, Papa est perdu, Percy se sens coupable, Charlie est loin, Ginny est avec Harry et Bill avec Fleur. Ron a encore le courage de monter, d'essayer en vain de me faire manger. Il revient à chaque fois même si il sait pertinemment que je lui enverrai au visage. Je ne veux pas lui faire de mal mais c'est plus fort que moi. Je veux être seul, définitivement seul. Fébrilement je cherche à me lever une nouvelle fois puis j'abandonne. Je n'en ai pas la force. J'essaye de calmer ma respiration, je sais que Ron est assis derrière la porte. Je veux qu'il croie que je dors. Qu'il reparte. Qu'il me laisse, qu'on m'oublie. Mais je n'y arrive pas, je n'y arrive plus, je ne peux rester tranquille et de rage mes jambes frappent avec ardeur le matelas.

Je veux oublier cette putain de douleur, ne plus rien ressentir, alors je frappe, je continu de frapper encore et toujours. Pour me lancer cette décharge électrique, pour me fixer sur une douleur physique. Je m'étouffe de rage, je brule, je pleure. Mes doigts s'agrippent furieusement à l'oreiller j'ai envie de le détruire pour évacuer cette rage qui me submerge.

Pour quoi lui putain ! Hein Merlin dis le moi ! Pourquoi lui ! Pourquoi Fred, pourquoi mon frère ! C'était bien le seul capable de montrer la beauté de la vie, de faire rire n'importe qui, il apportait le bonheur avec lui, il rayonnait tellement. Maintenant je ne vois plus rien, plus rien ne m'éclaire, je veux juste oublier, arrêter de penser, arrêter de me demander pourquoi. Et Merlin, te supplier encore et encore de m'amener au près de lui.

J'entends Ron derrière la porte, je sens qu'il hésite. Et bien qu'il reste dehors ! La seule personne qui me restait hésite. De toute façon ça n'a plus d'importance, ça n'a jamais eu d'importance parce qu'en définitive ce n'est pas toi mon Fred.

Avec brutalité je me retourne et enfouis mon visage dans l'oreiller pour essayer d'étouffer mes plaintes, mes cris. Mes dents s'enfoncent dans la moiteur de l'oreiller inondé de mes larmes. Je déchiquette, j'arrache, je crache. C'est presque libérateur. Presque. Ma tête plonge encore et encore dans l'oreiller, des plumes volent tandis que d'autres se coincent dans ma gorge. Je ne tousse pas. J'aime cette sensation qui me dit que si je continue tout peut peut-être finir.

Mais c'est sans compter mon imbécile de frère qui vient de se décider de rentrer dans la chambre, je ne l'avais pas sentis jusqu'à ce que d'un geste puissant je me retrouve la tête contre le matelas et l'oreiller à l'autre bout de la pièce. Il ne pouvait donc pas me laisser tranquille ! Me laisser enfin mourir !

Il soulève ma tête d'en geste presque brutal qui m'étonne. Il me frappe le dos, sans doute dans le but de me faire cracher les plumes mais, décidé pour de bon à ne pas lui obéir je garde les dents serrées fermement les unes contre les autres. Je sens qu'il tremble et qu'il enrage. Je ne comprends pas pourquoi mais je préfère ne rien lui demander. De toute façon je ne veux pas parler. Une de ses mains m'agrippe alors à la bouche et la force à s'ouvrir. Presque automatiquement je me mets à lui mordre la main de toutes mes faibles forces. Il ne dit rien, se contente seulement de me regarder avec un air indéchiffrable.

Il me lâche si brutalement que je tombe avec force sur le matelas. Il est dos à moi, je sens qu'il a du mal à respirer, qu'il se contient. Je le fixe étonné. Il ne ressemble tellement pas au Ron que j'ai connu.

Une plume s'échappe de ma bouche maintenant entrouverte. Une fine goutte de sang coule le long de mon menton. J'aimerai dire quelque chose mais je suis comme pétrifié. Soudain il se retourne de toute sa hauteur et me fixe si intensément que je me sens coupable. Je sais qu'il a envie de hurler, de me hurler dessus. Par bravade ridicule je le fixe avec méchanceté, pensant le pousser à dire ce qu'il retient depuis des mois. Mais rien toujours rien. Il reste là, perdu, face à moi. Le regard mêlé d'horreur, d'angoisse et inexplicablement d'amour. J'aurai pensé que tout ce que je leur inflige à tous les ferait me haïr. Mais non, Ron est toujours là.

Brusquement celui-ci ce ouvre la porte et s'enfuit.

Et je m'effondre. Les larmes affluent avec force à mes yeux, mon corps est repris de convulsions et de spasmes. Je ne pensais pas que de savoir que quelqu'un m'aimait et voulait que je vive, m'était si vital. Mon dernier rempart s'écroule et je ne parviens pas à m'arrêter de trembler. Saisissant mon drap en chancelant je le rabat sur mon visage tuméfié. Je suis seul, définitivement seul. Même la maison semble silencieuse. Tout est vide.

Paradoxalement mon cœur bat plus vite qu'il ne l'a jamais fait. Je me sens seul, je me sens sale. Même si cet abruti d'organe me rappelle que je suis en vie, je sais que je ne vis plus. Je ne survis même plus. Et pourtant je suis là, inexorablement, à me lamenter, à pleurer et à hurler. Au début je pensais vraiment que hurler ma douleur m'aiderai à me sortir, à reprendre le pas sur la réalité, à mieux vivre par la suite, mais nan. Nan, je suis toujours là à hurler, à frapper après des mois. J'aimerai tellement que la douleur s'estompe, juste un peu. Parce que là je n'ai vraiment pas la force de continuer. J'espérai, tout le monde espérait qu'un jour viendrai où j'aurai le déclic et que je voudrai continuer à vivre. Mais ce jour là n'est pas arrivé et je l'attends encore. Je sais pourtant que je ne tiendrai pas longtemps.

Pendant un moment je n'ai pas pris conscience de mon égoïsme. Je criai à tout va que j'avais perdu mon frère jumeau et que personne ne pouvait comprendre. Je les rejetais, les méprisait. Vraiment, il y avait une sorte de mépris. C'était mon frère jumeau et je le connaissais mieux que personne. A l'enterrement j'avais été d'une colère incommensurable. J'avais hurlé en voyant tous ses visages inconnus qui étaient là. Ils ne le connaissaient pas, ils n'avaient rien à faire là. Je leur à dis de dégager, qu'ils faisaient honte à la mémoire de mon frère tous ceux qui venaient là en pitié, ceux qui voulaient se donner une constance alors qu'ils n'avaient même pas combattus. J'avais brisé ma chaise sur le sol. Je bouillais de l'intérieur. Puis Ginny avait hurlé plus fort que moi. Elle avait dit que je n'étais qu'un putain d'égoïste, que maman et papa avaient perdu un fils, que Bill, Percy, Ron et elle avaient perdu un frère. Et qu'eux aussi souffraient et qu'en réagissant comme ça j'accentuais leur douleur. Et que tous ses gens étaient là parce qu'ils voulaient rendre gloire à Fred, à son sourire, à sa bonne humeur et à son courage.

Puis j'avais transplanné et m'étais allongé sur mon lit pour ne plus jamais sortir de cette chambre. En répétant inlassablement qu'ils ne pouvaient pas comprendre. Pas comprendre cette douleur. La douleur de perdre sa moitié, de perdre sa raison de vivre. Ma vie c'était déchirée le jour où il est mort. Tous mes espoirs avaient fondus. On se voyait ouvrir une nouvelle boutique à Pré au Lard, on avait des tonnes d'idées de produits. On voulait consacrer notre vie à remettre petit à petit de la joie et du bonheur dans la vie des gens. On voulait redonner le sourire au monde sorcier. Et je sais que sans Fred je ne réussirai pas. Avec sa mort j'ai tout abandonné. Car George sans Fred, ce n'est rien. On était un tout. Un tout que je pensai imbrisable. J'avais une telle certitude que nous vieillirions ensemble. Je nous voyais mourir tous les deux ensembles, deux petits vieillards, lors d'une préparation pour une nouvelle invention, sous un boum sonore et heureux. Mais tu ne m'as pas attendu Fred. Tu m'as abandonné, et pour ça je t'en veux. Mais c'est surtout à moi que je m'en veux, de ne pas avoir été là et de ne pas réussir à te rejoindre.

Soudain la couverture se relève et mes yeux plongent dans un océan azur troublé et agité. Mon petit frère ne m'a abandonné finalement. Mon cœur est trop brisé et ravagé pour m'aider à esquissé un faible sourire. Je me contente de le regarder avec appréhension. J'espère pourtant que dans mes yeux il peut y lire tout le soulagement que je ressens de le savoir près de moi.

Il baisse délicatement la couverture, arrêtant son regard sur chacune des blessures que je me suis infligé, ses griffures, ses brulures et ses bleus. Je ferme les yeux devant ses prunelles qui s'emplissent de douleur. Je sens un renfoncement ce faire sur le lit, tout près de moi. En rouvrant mes paupières je remarque qu'il est assis le dos appuyé contre le mur, fixant son regard devant lui. Délicatement il se tourne vers moi et me tend un petit objet. Je continu de fixer mon frère intensément alors que mes doigts prennent contact avec l'objet. Mon regard se fige et se trouble. La panique me submerge alors, je ne veux pas, je ne veux pas. Je ne suis pas prêt. Pas tout de suite, pas encore. Je supplie Ron du regard. Une larme coule le long de ma joue. Etrangement je suis terrifié mais soulagé. Il m'encourage du regard. Je ne sais pas. Et si ça me faisait encore plus mal. Et si ça me faisait sombrer encore plus. Alors que mon regard descend vers l'objet. J'entends le froissement des draps et Ron qui s'éloigne. Il sait alors que je vais le faire et que j'ai besoin d'être seul.

Mon regard coule et mes prunelles rencontrent violement leur reflet. J'ai envie de hurler tellement la vision offerte est affreuse. Mon visage se dessine devant moi. Je suffoque. Essayant de me calmer et de reprendre ma respiration ma main s'approche de mon visage. Mes doigts dessinent le contour de mes yeux. Je suis horrible. J'ai des cernes monstrueuses qui s'étendent sous mes yeux vides. Mes mains continuent leur exploration pour ne rencontrer qu'une peau grise, humide et sans vie. Ma paume glisse sur mes joues rugueuses où une barbe sale et rousse a poussée. Elle est longue et emmêlée, comme ma tignasse que j'ai l'habitude d'arracher par poignées. Mon reflet est affreux, il me renvoi l'image de quelque de méprisable et d'infiniment seul. De quelqu'un qui a arrêté de se battre. Mais lorsque mes doigts se posent sur les lèvres, j'étouffe un sanglot et essaye de réprimer une envie de vomir. Elles sont sèches, presque violettes et de petites et profondes entailles me rappellent la force avec laquelle je mords cette bouche pour la réduire au silence.

Un spasme violent me faire régurgiter de la bile sur mes mains. Je me sens minable. Ce n'est pas ce que j'aurai du voir dans le miroir. Ce n'est pas moi. Nan… Je…Je ne peux pas ressembler à ça…Parce que, parce que ce n'est pas Fred ça… Ces yeux vides de toute expression, ses cernes, cette bouche figée et meurtrie. Fred, c'est tellement autre chose… C'est un sourire qui illumine, qui transcende, un regard pétillant des cheveux roux flamboyants. Je fais honte à sa mémoire en restant comme ça, minable. Comment ai-je pu… Ternir ainsi sa mémoire. J'aurai du me battre Merlin ! Me battre pour que Fred vive à travers moi, qu'à travers mes yeux, mon sourire, mon rire, il soit toujours auprès de nous ! J'ai envie d'arracher cette tignasse sale et trop longue, de déchirer cette peau grisâtre. De retrouver un peu de mon Fred en me regardant dans ce miroir. Alors je comprends. Je comprends que j'aurai la force de recommencer à vivre, de faire sourire les gens avec ce sourire dont on était si fière Fred et moi, de continuer à faire rire avec nos inventions. Pour que tu sois fier de moi mon frère. Parce que tu le mérites. Parce que je veux être digne de toi.

Tremblant, je me hisse hors de ce lit, hors de cette chambre et arrivé à la porte Ron me soutiens en direction de la salle de bain. J'ai enfin eu ce déclic. Grâce à lui, il est peut-être plus fort qu'on le lui disait hein Fred. Je suis sûr que tu es fière de lui. À moi maintenant de faire en sorte que tu sois fière de moi.

_Merci