Bonjour à tous !

Voici l'une de mes fics, que je me fais une joie de poster.

J'espère qu'elle vous plaira !

Dix-sept ans (et toutes mes dents !)

Damned. Quelle malédiction. Le regard de Damasus Valantyn, posé sur moi, me hérissait les poils les uns après les autres. Certes, ses yeux bruns étaient plutôt beaux. En fait, il était même plutôt séduisant, avec ces origines plutôt latines. Mais c'était Damasus Valantyn.

Ce couillon souriait, avec cette ironie habituelle dans les yeux.

–Je crois que tu connais déjà ce jeune homme, Neptune, fit Père.

–Oui, grimaçais–je.

Un peu, que je le connaissais. Il était l'un des poursuiveurs de l'équipe de Quidditch de Serpentard. Oh, et un des élèves de Poudlard que je supportais le moins.

–Nous avons déjà eu l'occasion de faire connaissance, dit Valantyn en souriant encore plus.

–Très bien. C'est une bonne chose, je suppose, fit Mère qui semblait quand même un peu mal à l'aise.

Ce n'était pas tous les jours qu'on présentait à sa fille le fiancé qu'on lui avait choisit.

Enfin, elle avait déjà eu l'occasion de le faire, pour Phèdre, ma grande sœur.

Athéna, ma petite sœur, rigolait en douce à côté de moi. Elle, elle n'avait encore que quinze ans. Soit deux longues années devant elle avant d'avoir à supporter son promis.

Je détestais les mariages arrangés. Je détestais mon père, et je détestais ce satané Damasus Valantyn pour sa façon de supporter la situation – comme si de rien n'était.

Le suicide me paraissait soudain tellement plus tentant que de devoir me taper ce foutu gosse de riche tout au long de ma vie…

–Je vous en prie, jeunes gens, ouvrez le bal, fit Père avec un petit sourire.

J'eus à peine le temps d'écraser le pied d'Athéna pour qu'elle n'éclate pas de rire. Valantyn me tendit une main, m'invitant de son regard encore légèrement sarcastique. Il fallut que je me donne toute une série de baffes intérieures avant de réussir à attraper sa main. Et voilà, c'est parti, Joyeux Anniversaire moi–même !

–Si tu pouvais juste te décoincer deux secondes, me souffla t'il aussitôt à l'oreille.

Je grinçais un peu.

–Pourquoi a-t-il fallu que ce soit toi ?, murmurais–je.

–Je n'ai pas choisi.

Autour de nous, les invités et nos familles respectives poussaient des exclamations ravies.

–Quel adorable couple !, lança une vois que je reconnue comme étant celle de ma tante.

Evidemment. Dans les familles de Sangs Purs, les mariages arrangés étaient des choses bien plus que courantes. Tout le monde y passait. Les familles s'alliaient entres elles et s'assuraient ainsi des contacts précieux. Notre famille, les McNaherty, était particulièrement appréciée, car mon père travaillait au Ministère de la Magie et que ma mère était une femme très belle, très élégante et très serviable. Elle venait d'organiser une réception magnifique pour mon anniversaire.

Je venais d'atteindre les dix–sept ans et donc la majorité, ce qui équivalait à mes fiançailles.

–Promet moi, McNaherty, que tu ne parleras à personne de cette danse, une fois revenus au collège, fit Valantyn, m'interrompant dans mes pensées.

–Pour qui tu me prends ?

Il ne répondit pas. Mais son regard parlait pour lui.

–Je n'en parlerais même pas à mes amis, grognais–je. J'en ai bien trop honte, tu vois ?

Il rit doucement.

Quelques couples vinrent nous rejoindre sur la piste improvisée au milieu du salon. Mais il était encore trop tôt pour que nous puissions filer en douce.

–Ta sœur est morte de rire.

–Tu as de la chance d'être fils unique.

–Mmh, répondit il avec une moue sceptique.

–Je t'assure.

Il me fit un sourire amusé.

Un quart d'heure plus tard, tout le monde nous avait oubliés, et je pouvais enfin me retirer du salon pour partir m'installer dans le jardin. Aussitôt assise, je retirais ces foutues chaussures à talon.

–Il est mignon, fit une voix à côté de moi.

Oh. Phèdre.

Je lui souris doucement et elle m'attrapa un pied pour le masser.

–Il est très mignon, acquiesçais–je.

–Mais j'ai cru avoir remarqué que tu ne l'aimais pas tellement.

Je secouais doucement la tête de droite à gauche.

Ce fut à son tour de sourire.

–Tu sais, Neptune, tu ne seras jamais obligée de faire ce que te dicte Père.

Elle attrapa mon autre pied et me jeta un regard en coin. Dingue ce qu'on se ressemblait, toute les deux. Toute les trois, avec Athéna. Les mêmes cheveux châtains, les mêmes yeux verts, le même nez retroussé… la même hantise des chaussures à talons aiguilles…

–Je ne veux pas qu'il me haïsse, dis–je simplement.

–Il ne te haïra pas, et tu le sais très bien.

Je hochais la tête, pas totalement convaincue.

–Ecoute, Neptune. Ce… Valantyn n'est certainement pas fait pour toi. Réfléchis–y. Pour une fois, n'imite pas ta grande sœur, ajouta t'elle avec un clin d'œil. Je ne veux pas te voir faire la même erreur que moi.

Phèdre n'avait que dix–neuf ans. Mais je la trouvais vraiment très mûre, très sage. Elle avait épousé un certain Maximilien Law, que je n'avais vu que le jour de ses fiançailles, et ce soir, en début de soirée.

Du mouvement derrière nous nous fit sursauter.

–Bon, Nep', je pense qu'il est plus que temps de retrouver nos invités.

Elle m'aida à remettre mes chaussures, puis se leva et me tendit une main.

Nous entrâmes ensembles à l'intérieur du salon. De nouveaux invités semblaient être arrivés. En effet, au milieu de la pièce, Orion Black et sa femme Walburga s'excusaient de leur retard, entourés de leurs deux fils.

Super. La totale. Vraiment génial.

Ai–je déjà dis à quel point je haïssais ma vie ?

Pendant que je pestais silencieusement, tout le monde était venu les saluer. Il fallut que Phèdre me pousse gentiment pour que je m'avance à mon tour. Au moins, Valantyn semblait être aussi ravi que moi de voir arriver Sirius Black.

Un Serpentard, un Gryffondor et une Serdaigle se haïssant tout trois cordialement dans une même pièce, qu'est–ce que ça donnait ?

Je me forçais néanmoins à me montrer la plus polie qui soit, sous le regard exigeant de mon père. Sirius Black joua le jeu et tout se passa plutôt bien, si ce n'est qu'il grimaça légèrement quand Valantyn lui serra la main.

Une fois les salutations terminées, tout le monde vaqua de nouveaux à ces occupations. Je me retrouvais donc face aux deux garçons. En tant qu'hôtesse, je me devais de leur servir à boire, ce qui m'horripilait particulièrement.

–Vous voulez quelque chose à boire ?, fis–je malgré tout.

Black hocha la tête et je partis pour la cuisine.

A peine entrée, je tombais en plein sur Père et Orion Black en pleine conversation.

–Oh, je suis désolée, lançais–je aussitôt en m'inclinant légèrement. Je venais prendre un verre pour votre fils, expliquais–je ensuite à l'intention de notre invité.

Mr Black hocha simplement la tête et Père entreprit de me rassurer :

–Ne t'en fais pas, Neptune. Cette conversation n'a rien de vraiment privée. Nous discutions au sujet des fiançailles de Régulus et d'Athéna.

Le verre que je venais d'attraper m'échappa des mains. QUOI ? Le bruit du verre qui explose sur le carrelage résonna entre mes oreilles.

–Oops, murmurais–je en me penchant pour récupérer les débris de verre.

–Et bien ?, s'étonna Père en se penchant pour laver le sol d'un mouvement de baguette.

–Pardon. C'est… le choc… je suis un peu retournée… les fiançailles, mon anniversaire, les invités… Je suis désolée.

–Je comprends.

Mon père m'aida à me relever et épousseta gentiment ma robe, après un regard amusé adressé à Mr Black.

–Elle est charmante, non ?

–Certes.

Je levais un regard timide vers Orion Black. C'était un très bel homme, comme ses deux fils, mais il m'avait toujours parut si froid que je n'avais encore jamais osé vraiment le regarder. Il était imposant. Et pour tout ce que je savais de lui, c'était un homme très occupé.

–Je suis ravie de savoir que votre fils et ma sœur vivront un jour la même joie que je vis aujourd'hui.

Formidable. Non, vraiment. J'aurais mieux fais de fermer ma grande gueule, tiens. Le sourire ironique qu'esquissa Mr Black m'assura que je n'avais pas franchement l'air ravie et qu'il ne m'avait, pour ainsi dire, pas crue.

Mais quelle quiche…

–Vraiment charmante, s'amusa t'il.

C'est ça, paie toi ma tête.

Mon père semblait néanmoins très fier de moi. Il me posa un nouveau verre dans les mains et me poussa dans le salon.

–Allez, les invités n'attendent pas, chérie. Et cours annoncer la bonne nouvelle à ta sœur.

Oh merde…

Athéna, assise dans un coin, discutait avec Phèdre. Phèdre ! Phèdre, Phèdre, Phèdre, ce devait être elle qui lui annoncerait. Il le fallait. A tout prix.

Je me dirigeais donc à pas rapide vers le bar, remplit le verre de Sirius Black de la première chose qui me tomba sous la main – qu'est–ce que j'en avais à foutre, de toute façon, hein ? –, revint vers lui pour lui coller le verre dans les mains avant de foncer sur mes sœurs.

–Mais ?! MCNAHERTY !, fit la voix de Black derrière moi.

Je n'y fis pas attention et continuait ma route.

Arrivée à leur côté, je chopais Phèdre par le bras et l'éloignait d'Athéna, qui me lança un regard perplexe.

–Phèdre, soufflais–je aussitôt. J'ai un truc à te dire.

Je devais avoir l'air particulièrement paniquée car elle consentit à m'écouter sans poser de question.

–Athéna.

–Oui, et bah ?

–Ils lui ont trouvé son futur mari.

Il y eut un silence. Phèdre leva la tête vers Athéna pour s'assurer qu'elle n'espionnait pas, puis jeta un coup d'œil circulaire dans la pièce.

–Qui ?

–Je te le donne en mille : Régulus Black.

Elle eut soudain un air horrifié.

–Ce sale type ? Celui de Serpentard ? Celui qui, à quinze ans, a déjà un goût plus que prononcé en matière de magie noire ?

Je hochais la tête.

–Oh non…

–Je voulais que tu lui annonces.

–QUOI ?

Son cri fit se retourner une dizaine de personnes présentes dans les alentours. Phèdre leur fit un gentil sourire et ils reprirent leurs conversations.

–S'il te plaît… Père pense que je suis allée lui dire, tout guillerette. Je peux pas, moi…

–Mais moi non plus !

–Qu'est–ce que vous trafiquez, toutes les deux ?, lança la voix de Mère, nous interrompant.

–Rien !

–Oh, non, rien, voyons, Mère.

Athéna, intriguée, se leva pour nous rejoindre.

Mère haussa un sourcil.

–Evidemment… Neptune, ma chérie, il semblerait que tu aies servis à ce charmant jeune homme – elle désigna Sirius Black – un verre entier d'huile d'olive… Je suppose que c'était involontaire, bien sur, mais je me pose quand même la question…

Athéna gloussa stupidement à côté de nous, sans se soucier le moins du monde de l'horreur qui la menaçait – je sais, j'exagère à peine.

–Oh. Oui. Bien sur.

Quel est l'abruti qui a mit l'huile d'olive au milieu des alcools et jus de fruits ?

–Alors ?

–C'était involontaire, évidemment, je vais aller lui faire mes excuses et lui servir autre chose.

–Bien.

Je profitais donc de l'occasion pour filer vers Sirius Black, jetant un coup d'œil significatif à Phèdre qui soupira profondément. Ma mission ? Réussite !

Bon, Sirius Black et son verre d'huile d'olive, maintenant.

xXxXx

Je dus supporter pendant encore deux heures les moqueries de Valantyn « C'est une boisson habituelle, pour toi, l'huile d'olive ? Content de savoir ça avant de t'avoir épousée, tiens » et les regards en coin de Black qui semblait se poser beaucoup de questions quant à ma santé mentale.

Etonnamment, je remarquais bien vite que les deux fils Black se détestaient. Ils n'arrêtaient pas de se rembarrer mutuellement, échangeant des regards haineux et méprisants. Au collège, je ne les avais jamais vus se parler entre eux, et j'avais mis ça sur le compte qu'ils n'étaient pas dans la même maison. Mais il semblerait que cela soit un tout petit peu plus compliqué que ça.

Aaah, l'amour fraternel.

De temps, je me sentais quand même rudement chanceuse de m'entendre si bien avec mes sœurs…

D'ailleurs, celles–ci semblaient revenir d'une intense conversation lorsque je les croisais, devant la cuisine, après être allée chercher à boire pour Valantyn « Et pas de l'huile d'olive, hein ! » – mais putain, cette histoire d'huile d'olive allait elle me suivre toute ma vie ?!.

Une petite voix dans ma tête me fit remarquer que puisque j'allais bientôt être attachée à Valantyn jusqu'à ce que la mort nous sépare, cette histoire d'huile d'olive allait sans doute l'être aussi.

Grah. L'image mentale d'un couple de petit vieux décrépis se disputant à cause d'une histoire aussi stupide me bloqua sur place. Je REFUSAIS d'être cette vieille décrépie. Moi, je voulais vieillir avec un homme que j'aimais, avec qui je me baladerais encore main dans la main à mes quatre–vingt dix ans.

Je ne voulais pas me marier avec Valantyn. Il en était même strictement hors de question. Il fallait que j'en parle à…

–Oh Père !, m'exclamais–je, surprise.

Dans ma précipitation de le retrouver, je m'étais tournée brutalement, alors qu'il était derrière moi.

–Ah, ma chérie, fit il, tu tombes bien. Ce gentil Damasus, cet adorable jeune homme, m'a fait remarquer que nous avions vidées toutes les bouteilles d'eau. Et il ne boit que de l'eau. Que dis tu d'aller chercher des bouteilles à la cave ?

Il avait en effet trois bouteilles vides à la main et partait, de toute évidence, à la cuisine pour les jeter.

Je poussais un profond soupir avant de tenter de me lancer :

–Ecoutez, Père, je…

–Allons, tu ne veux quand même pas faire attendre ton futur mari ?

Oh, merde…

Père me regardait d'un air sévère. Ok, ce n'était pas une bonne idée que de le contrarier. A vrai dire, ce n'était jamais une bonne idée de le contrarier.

Je lui enverrais une lettre de Poudlard pour lui dire que je refusais d'épouser Valantyn. C'était plus sûr.

Je partis donc chercher cette foutue bouteille d'eau – genre il buvait que de l'eau, mais bien sur, qui pensait il convaincre ?

Lorsque je revins, Athéna avait l'air d'aller bien. Pour ainsi dire, elle semblait même aller très bien. Phèdre ne lui avait pas dit ?

J'ouvris la bouteille et commençait à verser l'eau, suivant des yeux ma jeune sœur qui discutait gentiment avec un cousin éloigné.

–McNaherty ?, fit la voix de Valantyn à côté.

Je l'ignorais. Comment arrivait elle à rire ? Comment…

–MCNAHERTY !

–QUOI ?!, lançais–je froidement en me tournant vers le Serpentard.

Tous les regards se tournèrent vers nous.

–Je voulais juste te dire, fit il en m'attrapant le poignet et en redressant la bouteille que je tenais, que je n'ai besoin que d'un verre d'eau. Pas d'une nappe entière.

Je baissais les yeux brutalement. Et meeerdeuuuh… Il y avait de l'eau partout… Mais je suis maudite, c'est pas possible…

Il me fit un petit sourire moqueur.

–Mais, Neptune ?, dit ma mère en arrivant sur moi. Qu'est–ce que tu as, ce soir ? L'incident du verre brisé, puis Sirius, et maintenant ça…

–Voyons, Héra, lança mon père en avançant vers Mère. Comprends la. C'est stressant de devenir majeure, de rencontrer l'homme que l'on va épouser et de tenter de gérer au mieux tous ces invités…

Il m'encercla les épaules de ses bras tandis que, rougissante, je baissais la tête.

Comment en vouloir à un père qui arrive toujours à vous excuser ?

Damasus Valantyn se chargea de nettoyer avec un bon sort la nappe pleine d'eau, malgré les protestations de Mère « Allons, ce n'est pas à vous de faire ça ! » et m'attrapa par le bras pour me tirer à l'écart. Il y eut quelques rires parmi les invités et Père lança : « Quoi de plus troublant que l'amour, n'est–ce pas ? Notre fille est si émotive… »

Mon Dieu. Je veux partir d'ici. Le plus loin possible. Comment Père pouvait il parler d'amour alors que ça ne faisait qu'à peine trois heures qu'il m'avait présenté officiellement Valantyn ?

–Ecoute, McNaherty, fit Valantyn, me tirant de mes pensées. Ca ne m'enchante pas non plus cette histoire de mariage forcé. Mais j'essaie de jouer le jeu, le temps de trouver un début de solution. Alors fais comme moi, ok ? Si ça peut te rassurer, je te promets, sur la tête de mon hibou, qu'on ne se mariera jamais. Entendu ?

Il me tendit une main, plongeant son regard droit dans le mien. Je n'allais pas hésiter une seule seconde.

–Entendu, dis–je en lui serrant la main.

xXxXx

Cette promesse, malgré le peu de confiance que j'accordais à Valantyn, m'avait étonnamment rassurée. Nous étions deux à vouloir empêcher ce mariage.

Je fis tout de même bonne figure toute la soirée, allant jusqu'à le laisser m'embrasser gentiment sur le front devant toute une foule d'invités. Mon père était ravi, ma mère attendrie, Phèdre exaspérée et Athéna morte de rire.

J'attendais de nouveau le bon moment pour aller discuter avec ma sœur, tout en l'observant de loin, quand Valantyn me fit remarquer un détail auquel je n'avais pas prêté attention.

–McNaherty, il va falloir trouver un moyen de faire taire Black.

–Hein ?

–Black. Ici. Nos fiançailles. Toi, moi. Poudlard. Tu saisis ?

–Eh meeeerdeuh…

Il me tira vers Sirius Black et l'attrapa lui aussi pour l'emmener un peu à part.

–Black. Il faut qu'on parle.

–Ah ? Et de quoi ?

–De ton silence. Et de celui de ton frère.

Black haussa un sourcil amusé.

–Pour mon frère, je ne peux pas dire, mais moi, il est évident que je ne me tairais pas.

« Mauvaise réponse », semblaient dire les yeux de Valantyn.

–Black, fit il d'une voix sourde. Pas que je n'apprécie pas ton humour. Mais je te jure que si tu parles ne serait–ce qu'à tes trois foutus potes de ce que tu as vu ce soir, je te pourrirais la vie jusqu'à la fin de tes études. Tu saisis ? Et sache que le petit maléfice d'épilation de l'an dernier n'est rien à côté de ce que je vous ferais subir.

Black haussa les sourcils, amusé, alors que je me demandais de quoi il parlait. Un maléfice d'épilation ? Mais d'épilation de où ?

Une petite voix dans ma tête me pria de ne surtout pas poser la question – « Neptune, tu ne veux pas savoir. Je te jure que tu ne veux pas savoir » – aussi gardais–je le silence, admirant la prestance de Valantyn.

–Très bien, répondit simplement Black au bout de quelques secondes. Je peux me taire, je peux convaincre mon frère de se taire. Mais, tout se paie, Valantyn.

Héhé. Ca aurait été trop simple.

Un lourd silence s'installa. Valantyn semblait considérer plusieurs options quant à la torture que méritait Black, tandis que ce crétin de Gryffondor ne prenait même pas la peine de masquer le sourire moqueur qui s'était glissé sur ses lèvres.

–Je m'y attendais, grommela finalement Valantyn. Que veux–tu ?

Le regard de Black se fit soudain plus sérieux.

–Je veux, Valantyn, que vous réussissiez à convaincre Snape de foutre la paix à Remus.

Les sourcils de Valantyn se froncèrent un peu plus. Il sembla sur le point de demander quelque chose, mais s'abstint, et réfléchit quelques secondes.

–Severus ne m'écoute pas toujours, dit il enfin. En fait, il ne m'écoute jamais. Je ne peux pas faire ce que tu me demandes.

–Alors je ne devrais pas pouvoir garder le silence non plus, s'amusa Black, dont le sourire moqueur était revenu.

Valantyn tourna la tête vers moi et nous échangeâmes un court regard.

–Tu es amie avec Snape, toi, non ? Peut être que toi il t'écouterait…

–Très bien. Je peux essayer, je suppose, fis–je.

–Super, fit Damasus avant de se tourner vers Sirius. Mais rappelle toi que si tu parles, je…

–Tu me pourriras la vie jusqu'à la fin de mes études. Je sais. J'en prends bonne note.

Valantyn hocha la tête.

Sujet clos. Mais son issue n'était pas satisfaisante, à mes yeux. Et, bien que ne faisant pas partie de la guerre des Titans à laquelle se livraient les Gryffondors et les Serpentards, je remarquais qu'il y avait comme une espèce d'entente, un accord tacite entre eux. Quelque chose sur lequel ils n'avaient pas besoin de revenir, qui était très clair entre eux.

Et sur le coup, j'aurais fais n'importe quoi pour connaître le fin mot de l'histoire.

Il me fallut quelques secondes pour me concentrer de nouveau sur leur conversation, et qu'elle ne fut ma surprise que de constater qu'elle était passée tout naturellement au Quidditch.

–James sera capitaine, cette année, expliquait Black à un Valantyn aux yeux plissés.

–Vraiment ? Il a changé ses poursuiveurs, alors ? J'espère pour lui.

–Oh, Garry s'en sortait pas si mal, intervins–je. Et il a de bons batteurs, quand même.

Black me fit un regard appréciateur. Ben quoi ? Il aurait du s'en douter un minimum, que je savais de quoi je parlais ! Ce n'est pas parce que je fais partie de l'équipe la plus nulle de Poudlard que j'y connais rien, non plus !

Black était d'ailleurs le seul de nous trois à ne pas pratiquer le Quidditch. Mais avec le « Fantastique » James Potter j'ai–la–grosse–tête–et–j'en–suis–fier comme meilleur ami, ce n'était pas étonnant qu'il s'y connaisse.

–Et vous, Serdaigle, fit Valantyn en se tournant vers moi, vous allez changer vos joueurs ?

–C'est Roahl Gray notre capitaine, cette année, donc sûrement. Il rêve de faire décoller notre équipe. Et puis, notre attrapeur, notre gardien et deux de nos poursuiveurs ont fini leurs études, alors…

–Owen Rush continue ?

–Bien sur !, m'exclamais–je.

Owen était batteur avec moi. Il avait quinze ans et c'était vraiment un très bon batteur. Lui et moi formions une bonne équipe.

Ce fut, à ma grande surprise, une conversation très agréable et surtout très drôle. Nous ne cessâmes de nous lancer piques sur piques, riant plus ou moins ensembles, oubliant pendant quelques temps qu'une fois de retour à Poudlard ce serait de nouveau la guerre.

Mais il fallut néanmoins qu'un blanc s'installe et que Black en profite pour remettre le sujet sur le tapis.

–Alors comme ça, vous allez vous marier ?, fit il en jetant un coup d'œil neutre à ses ongles.

Je ne répondis pas, occupée à le fusiller du regard. A côté, Valantyn semblait un peu nostalgique, et, souriant, il répliqua :

–Aussi belle et intelligente que soit la marchandise, non, je ne l'épouserais pas.

–MARCHANDI–…, commençais–je à m'écrier, avant que les deux compliments me parviennent –enfin– au cerveau.

Je me tus aussitôt, sans doute horriblement rouge de gêne, et plongeais mon regard dans mon verre tandis que les deux garçons riaient.

–Au fait, Black, fit Valantyn en changeant subitement de sujet, j'avais entendu dire que tu ne vivais plus chez tes parents.

Black cessa de rire aussitôt, et son air se fit plus sérieux.

–C'est exact. Ca ne te regarde pas, mais c'est exact.

–Mmmh, murmura Valantyn en jetant un regard autour d'eux.

Je l'imitais. Les parents de Black étaient tout deux en train de discuter avec les miens et ceux de Valantyn. Orion Black semblait se foutre royalement de se que disait les autres et Walburga Black lançait des regards assez froid à ma mère et celle de Valantyn.

Je jetais un regard à Sirius Black pour m'apercevoir qu'il avait suivi nos regards et avait à présent la mâchoire crispée.

–Je suppose que ça ne me regarde pas non plus, intervins–je, mais pourquoi es–tu là si tu ne vis plus avec eux ?

Black eut un sourire désabusé puis tourna la tête vers moi.

–Ils ont eu du mal, mais ils ont réussis à m'amener. D'où notre retard. Vois–tu, mes parents sont des gens qui savent se montrer très convaincants. Et là, ils avaient besoin de faire bonne figure. Et pour cela, il leurs fallait une famille unie, joyeuse, aimante, où tout le monde s'entend bien et se fait des papouilles.

–Oh. Je vois. Mais ce n'est pas le cas, marmonnais–je.

–Ca en a l'air ?, répondit il en souriant.

–Tu sais pourquoi ils voulaient faire bonne impression spécialement ce soir ?, demanda Valantyn.

–Non. Pas la moindre idée. Ils ne veulent rien me dire.

Je fronçais les sourcils. Ca avait peut être un rapport avec les fiançailles d'Athéna ?

Mais Black semblait ne pas vouloir continuer sur ce sujet et avait attrapé un verre de soda.

–Dis, Black, tu savais que ton frère allait épouser ma petite sœur ?, demandais–je alors.

Oh, merde, grimaçais–je en me rendant compte que la surprise l'avait fait cracher la gorgée de boisson qu'il avait commencée à avaler. J'aurais peut être du lui en parler plus subtilement.

Le regard de Valantyn semblait dire « Ah ben bravo, quelle délicatesse ! ».

–Non ? Sérieux ?, s'exclama Black, horrifié.

Je hochais la tête.

–Mais… mais enfin euh… Ta sœur ? Elle est au courant ?

Il jeta un regard un peu paniqué à Regulus qui discutait avec un oncle – où un cousin, j'en sais rien et je m'en fous.

–Mon autre sœur lui en a parlé. Enfin je crois, grommelais–je en constatant que Athéna riaient aux éclats – cette fois–ci avec Maximilien Law, l'époux de Phèdre.

Valantyn aussi sembla surpris de voir Athéna de si joyeuse humeur.

–Si tu veux mon humble avis, McNaherty, dit il, et je suis sur que tu le veux, ta sœur n'est pas au courant.

Black, qui semblait avoir retrouvé son sens de l'humour, nous lança :

–Vous sous–entendez qu'on ne peut pas être ravi d'épouser mon frère ?

Valantyn et moi échangeâmes un regard un peu surpris, hésitant à dire franchement à Sirius ce qu'on pensait de Regulus. Mais il éclata de rire.

–Ne faites pas cette tête. Je le déteste aussi. Il fait partie des raisons qui m'ont poussés à me casser de chez moi.

J'eus un élan d'admiration pour lui à ce moment. Moi aussi, je rêvais de tenir tête une bonne fois pour toutes à mes parents…

xXxXx

Les deux heures suivantes passèrent, ma foi, bien vite et les invités commencèrent à partir, les uns après les autres.

Valantyn me fit un sourire rassurant, ajoutant un discret « Je tiendrais ma promesse » en me disant bonne nuit. Black se contenta d'un hochement de tête poli, mais il semblait content de sa soirée. Phèdre repartit avec son mari après nous avoir embrassées, Athéna et moi.

Mes parents passèrent dix minutes à me questionner à propos de Valantyn et je dus malgré moi admettre que j'avais passée une bonne soirée avec lui.

Je prétextais néanmoins d'être fatiguée pour pouvoir aller me coucher. Phèdre était partie avec son mari, mes parents restaient en bas pour ranger un peu, et Athéna était déjà partie dans sa chambre.

Je filais rapidement la rejoindre, pieds nus, pour entamer une petite discussion. Une fois entrée dans sa chambre, je constatais bien vite qu'elle s'apprêtait à se coucher. En pyjama, brosse à cheveux dans la main, elle me regarda débouler dans sa chambre d'un air surpris.

–Neptune ? Qu'est–ce qu'il t'arrive ?

–Athéna. Phèdre t'as bien parlé, tout à l'heure ?

Elle fronça les sourcils, puis sourit.

–Au sujet de mes fiançailles avec Regulus Black ? Oui, bien sur. Et ?

Ma mâchoire dut se décrocher et s'exploser au sol puisque je fus incapable – et ce pendant trois longues secondes – d'articuler le moindre son.

–Neptune ? Tout va bien ?

–Comment ça « tout va bien ? » ?, m'écriais–je soudain. Ce serait plutôt à moi de te demander ça. On t'annonce tes fiançailles avec un adepte de la Magie Noire, un futur Mangemort, un garçon tellement imbu de lui–même que sa tête ne passe plus les portes, un des fils de la famille Black – de la famille Black, Athéna, de la famille Black – et tu n'as pas l'air de réagir ! Alors dis moi, toi, est–ce que tout va bien ?

Elle eut l'air surprise. Mais plus surprise de ma réaction agressive que de mes paroles.

–Neptune, souffla t'elle, les yeux écarquillés. Tout va bien aller, Neptune. Et tu veux que je te dise pourquoi ?

Je hochais la tête, calmée par le ton doux de sa voix.

–Parce que je ne vais pas épouser Regulus Black.

Mes sourcils se froncèrent.

–Comment ça ?

–Non, je ne l'épouserais pas, fit elle plus sèchement en jetant sa brosse à cheveux sur sa table de nuit. Je ne l'épouserais pas et tu n'épouseras pas non plus Damasus Valantyn si tu ne le souhaites pas.

La ce fut à moi d'écarquiller les yeux.

–Neptune, Phèdre a fait une grosse connerie en acceptant la décision des parents. Ca va parce que Maximilien est un type bien et qu'elle l'aime sans doute plus qu'elle ne veuille bien admettre. Mais tu hais Valantyn. Et je ne connais même pas Regulus Black. Je ne lui ai jamais adressé la parole, tu vois ? Etre en cours de Potions avec lui m'a largement suffit pour constater que c'était un salop. Alors tout simplement, je ne l'épouserais pas. Quitte à faire de la peine aux parents.

C'en était suivi un silence plutôt pesant, dans lequel je m'étais contenté d'hocher la tête. Il n'y avait rien à redire. Après tout, j'avais formé le même plan avec Valantyn. Il m'a promit qu'on ne s'épouserait pas… Et je me reposais plus ou moins sur lui. Mais c'est comme si, tout au fond de moi, je me doutais bien qu'il n'y avait pas de solutions, et que j'allais être obligée de me marier avec lui, que je le veuille ou non.

Je m'étais inconsciemment résignée.

Et c'est en me couchant, ce soir là, que je me rendis compte que j'étais sans doute la moins indépendante, la moins mature et la moins volontaire des sœurs McNaherty.