Hello ! (de LU)

Je vais commencer par ceci : MERCI à tout ceux qui me lisent et/ou me laissent des reviews.

Me revoici avec une nouvelle enquête qui tient sur 4 chapitres (et cette fois-ci, il n'y aura pas de bonus ou de rajoute quelconque, je ne me laisserai pas influencer ^^).

J'espère avoir progressé par rapport à « Du genre 'champagne' » et surtout, j'espère que vous comprendrez tout !

Disclaimer (ça fait longtemps que je n'en ai pas fait) :

Les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont à Bruno Heller (sapristi!), je ne gagne pas d'argent en écrivant mes histoires (juste le droit d'être connue ! ou pas ^^),… Patrick Jane est à moi ! Oups ! Pardon… petite erreur de parcours. Je disais donc, rien est à moi, tout est aux autres, bla bla bla…

Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture.

Une preuve à dix dollars

Chapitre 1

- Comment vous avez su qu'elle s'appelait Nicole ?

- C'était marqué dans ses yeux noisettes.

Allongé sur le canapé du bureau de Lisbon, les mains croisées sur le ventre, Jane la regardait taper son rapport de fin d'enquête.

- Sérieusement…

- Mais je suis sérieux.

Lisbon se mit à rire et mit le point final à son paragraphe. Jane sourit en entendant son rire. Il aimait bien la voir détendue.

- C'est bon, j'ai fini. Allez, dites-moi la vérité, Jane.

Il s'assit, posa ses coudes sur ses genoux et sa tête dans ses mains.

- La vérité.

Lisbon soupira en feignant l'agacement.

- Vous êtes nul.

Le sourire de Jane s'agrandit.

- La vérité, c'est que sur la photo où on voit Nicole assise à table regardant une tasse, si on se concentre bien sur ses yeux, on y voit le reflet de la tasse. Et devinez ce qui est écrit dessus ?

- Ah…, comprit Lisbon. 'Nicole'. C'est perspicace.

- C'est tout moi.

- Prétentieux…

- J'arrive au mauvais moment ? demanda alors une voix dans l'encadrement de la porte.

Hightower regardait alternativement Jane et Lisbon avec son habituel air mi-sérieux, mi-suspicieux.

- Non, madame, je viens justement de terminer le rapport, déclara Lisbon.

- Très bien, vous passerez me le déposer dans mon bureau quand vous aurez cinq minutes.

Lisbon fronça les sourcils. Quand elle aurait cinq minutes ? Elle avait plus de cinq minutes devant elle elle venait de terminer une enquête.

- J'ai déjà du travail pour vous, Lisbon. Je viens de recevoir un coup de téléphone, un corps a été retrouvé à Culver City. Je n'ai pas encore l'identité de la victime mais d'après le médecin légiste qui est déjà sur les lieux, l'homme serait mort en tombant sur un objet métallique.

- Alors ce n'est pas nécessairement un meurtre, remarqua Jane.

- Le médecin légiste déterminera avec quelle force la victime s'est cognée la tête et il pourra en déduire si on l'a poussée ou si elle est tombée toute seule. C'est un meurtre potentiel.

- J'y vais tout de suite, je contacte mon équipe, déclara Lisbon en se levant.

- Oh, vous n'êtes pas drôle, Madeleine…, se plaignit Jane. J'voulais emmener Lisbon au cinéma.

- Quoi ? S'étonna la jeune femme en dévisageant le consultant.

- Je ne vous l'avais pas dit ?

Hightower posa son regard interrogateur sur Lisbon qui secoua la tête pour lui faire comprendre que c'était encore une idiotie à la Jane.

- Eh bien ce sera pour une autre fois, Patrick, dit alors Hightower en quittant le bureau de Lisbon.

Jane observa Lisbon fermer les boutons de sa veste, sortir ses cheveux du col et attraper ses clefs qu'elle glissa dans une poche avant de relever la tête vers lui.

- Alors, vous n'êtes toujours pas prêt ? dit-elle pour le réveiller.

- Si, je suis bientôt prêt… Encore quelques secondes et je me lève.

Lisbon leva les yeux au ciel et sortit de son bureau en éteignant la lumière.

- Peu importe, je n'ai pas besoin de vous de toute façon.

Elle ferma la porte et Jane entendit les clefs tourner dans le verrou.

- Eh ! S'exclama-t-il en courant vers la porte et en toquant à la vitre. Vous n'allez pas me laisser enfermer là-dedans !

Lisbon rouvrit la porte en arborant un grand sourire et le laissa sortir.

- J'voulais juste vous faire accélérer le mouvement. Allez hop, prenez votre veste et on y va !

Jane poussa un soupir mais se dépêcha malgré tout d'aller chercher sa veste sur son canapé. Il entra dans l'ascenseur juste avant que les portes ne se referment.

- Comment vous faites pour être encore en pleine forme ? Il est vingt-trois heures passé.

- Je ne vous révèlerai pas mon secret, ça fait partie du mystère Lisbon, déclara la jeune femme en haussant les sourcils, les deux mains dans le dos.

Cette fois-ci ce fut Jane qui leva les yeux au ciel.

- Ben voyons…

-ooo-ooo-ooo-

Lisbon et Jane arrivèrent sur les lieux bien après Cho. La pluie tombant de plus en plus violemment avait forcé Lisbon à ralentir l'allure sur l'autoroute mais les intempéries ne semblaient pas avoir posé de problème à l'asiatique. Celui-ci s'approcha de sa supérieure, un carnet humide à la main.

- Bonsoir patron.

- Qu'est-ce qu'on a ? lui demanda Lisbon.

- La victime est un homme d'une quarantaine d'années, le corps a été découvert par une bande de gamins qui jouait à cache-cache dans le coin. Il faut marcher un peu, le cadavre se trouve derrière l'église là-bas.

Cho montra du doigt une jolie petite église faite de bois, située légèrement en hauteur par rapport à la route. Elle était entourée de dalles claires et éclairée par un vieux lampadaire jauni par le temps. Lisbon et Jane suivirent l'agent jusqu'au lieu du crime en prenant soin d'éviter les flaques d'eau et les endroits boueux. Derrière l'église, le médecin légiste avait fait installer un spot diffusant une lumière presque trop violente pour leurs yeux afin de recueillir un maximum d'informations.

- Bonsoir, docteur.

- Bonsoir, agent Lisbon. Vous passez une bonne soirée ?

- Super ! répondit Jane à sa place.

Habituée à entendre cette question, Lisbon se contenta d'un sobre 'ça va' avant de poser ses questions.

- La mort remonte à quand ?

- Il est mort il y a environ une heure ou deux, je dirais entre neuf heures et demi et dix heures et demi mais je pourrai probablement être plus précis après un meilleur examen. Il semblerait que ce soit le choc à la tête qui l'ai tué mais encore fois, j'en saurai plus après l'examen médical.

- Bien, merci docteur.

- C'est quoi l'objet métallique contre lequel il s'est cogné ? demanda Jane en s'approchant légèrement.

Lisbon se tourna vers lui. Il avait les cheveux qui commençaient dégouliner et elle sentait dans son propre cou les gouttes d'eau glacées qui tombaient du ciel.

- Ceci, dit le médecin en montrant du doigt l'objet.

Elle dirigea son regard en suivant la direction qu'indiquait le médecin et aperçut une croix religieuse en métal plantée dans le sol. Elle entendit Jane rire derrière elle.

- C'est bête… Si je n'étais pas respectueux, je dirais que c'est Dieu qui l'a voulu.

- Jane, gardez vos commentaires pour vous, merci, répliqua Lisbon d'un ton sec.

Elle détestait quand il commençait à parler de la religion. Il était tellement terre à terre et intolérant qu'il réduisait la croyance en Dieu à quelque chose de comique et négligeable, ce qu'elle ne supportait pas. Jane leva les mains en l'air, signifiant qu'il ne dirait plus rien, puis il se mit à chercher des indices aux côtés de Cho.

- Cette lampe me tue les yeux, déclara celui-ci en se mettant accroupi auprès du cadavre à la recherche d'indices.

- Mm…

Le consultant commença à faire le tour de l'église la tête penchée vers le sol. Il y avait des dizaines de traces de pas différentes mais elles appartenaient sûrement toutes aux jeunes venus jouer ici un peu plus tôt. Il essuya son visage mouillé par la pluie et avança de quelques pas. A moitié coincé dans la boue et appuyé contre le mur de l'église, il découvrit un billet de dix dollars qui avait vraisemblablement été perdu. Il le saisit par le coin avec ses ongles et le secoua pour le débarrasser des quelques saletés qui le recouvraient.

- Lisbon !

Toujours auprès de médecin légiste, la jeune femme fronça les sourcils et regarda Cho, sensé être avec Jane. Celui-ci haussa les épaules en continuant son travail et elle du se résoudre à chercher le consultant.

- Jane ?

Elle jura lorsque son pied s'enfonça dans la boue et elle s'appuya sur le mur pour le ressortir, mais ce fut seulement son pied recouvert d'une chaussette qui sortit de la chaussure.

- Et merde, murmura-t-elle en se penchant pour attraper la bottine désormais bonne à être astiquée.

- Lisbon ?

La tête de Jane apparut dans un coin de l'église et il s'approcha de la jeune femme, le billet dans la main.

- J'ai trouvé ça.

Toujours sur un pied, Lisbon releva les yeux et tomba nez à nez avec le billet.

- Oui, eh bien ce n'est pas assez pour me racheter une paire de chaussures, dit-elle d'un ton sec.

Jane esquissa un sourire puis il se baissa pour l'aider à sortir la bottine de la gadoue. Lorsqu'il y parvint, il ne pu retenir un rire.

- Vous les aviez achetées en marron ? C'est bizarre, j'étais sûr qu'elles étaient noires…

Lisbon lui lança un regard noir et entreprit d'enlever la boue avec un mouchoir. Elle fit de son mieux et renfila sa bottine avant de s'emparer du billet avec un gant en plastique.

- Merci, marmonna-t-elle en faisant volte-face.

- Votre type, là… C'est un écrivain.

- Pourquoi vous dites ça ? demanda Lisbon en se concentrant sur les endroits où elle posait ses pieds.

- Pas forcément un écrivain mais son métier c'est l'écriture à la main. Il a une bosse très prononcée au doigt.

- Et alors ? Ça peut être une déformation de naissance…

Jane haussa les épaules et retourna vers Cho qui tenait quelque chose dans ses mains.

- Cho, vous avez quelque chose d'intéressant ?

- Un stylo noir.

Jane regarda Lisbon en haussant un sourcil.

- Et alors ? Il peut appartenir à un des gamins. Et ça fait peut-être dix ans qu'il est là ce stylo.

- Euh… non, répondit Cho d'un air embêté.

Il voyait bien que Jane et sa supérieure venaient d'avoir une discussion et que le consultant était en train de gagner la partie.

- Ce sont les nouveaux stylos fait avec du plastique recyclé, ils sont en vente depuis deux semaines seulement.

Il glissa le stylo dans un sachet de preuve et observa sa supérieure qui roulait des yeux.

- Il peut quand même appartenir à un gamin…, tenta-t-elle une dernière fois.

- Mm… Mais je ne parierais pas là-dessus, dit Jane d'un ton enthousiaste. Qui prend des stylos pour aller jouer à cache-cache ? Hein ?

-ooo-ooo-ooo-

Van Pelt et Rigsby avaient essayé de venir sur les lieux du crime la veille mais ils étaient restés bloqués par un accident de la route, et Lisbon leur avait simplement ordonné de rentrer chez eux et de venir le lendemain matin. Les quatre agents étaient donc assis à leur bureau, prêts à entendre le résumé de la situation lorsqu'Hightower entra dans le bureau.

- Est-ce qu'on connait l'identité de la victime ? demanda celle-ci.

- Toujours pas, répondit Lisbon. On a donné sa photo aux journalistes, on devrait recevoir des appels d'ici un quart d'heure.

- Bien, tenez-moi au courant.

Hightower repartit comme elle était venue et Lisbon pu commencer son compte-rendu.

- Résumons. Un homme d'une quarantaine d'années a été retrouvé mort derrière une église. Le légiste m'a appelée ce matin pour me confirmer l'heure de sa mort, c'est-à-dire environ vingt-deux heures. On sait aussi que c'est bien le choc à la tête qui a provoqué sa mort. Cho ?

- Il y a uniquement les empruntes de la victime sur le stylo qu'on a trouvé sur les lieux, déclara l'asiatique en montrant l'objet dans un sachet plastique. Les scientifiques viennent de nous envoyer leur rapport. Par contre, ils n'ont rien trouvé sur le billet que Jane a sortit de la boue.

- Alors je peux le récupérer ?

Lisbon dévisagea le consultant d'un air contrarié.

- Quoi ? C'est quand même dix dollars…

Cho interrogea sa supérieure du regard pour savoir s'il pouvait redonner le billet qu'il tenait dans un sachet de preuve dans les mains. Celle-ci lui fit un signe de tête et Jane récupéra son billet.

- Merci. Je vous achèterai un cadeau, dit-il à Lisbon.

- C'est ça. Bien, Cho, Van Pelt, allez interroger les gamins qui ont trouvé le corps. A mon avis, ça ne vous prendra pas trop temps ils ne sauront rien. Rigsby et moi, on attend les appels des téléspectateurs, ça ne devrait plus tarder.

- Bien patron.

La jeune femme regarda ses deux agents partir et s'installa à la table où se trouvaient les deux téléphones sur lesquels les gens reconnaissant le visage de la victime étaient supposés appeler. Elle soupira et jeta un œil sur Jane, qui était allongé sur son canapé et triturait le billet dans ses doigts.

- J'ai réfléchit, Lisbon, et je confirme ce que j'ai dit hier. Cet homme écrivait.

- Plus que deux minutes et ça va sonner, déclara-t-elle en ignorant la remarque de Jane.

Assis à côté d'elle, Rigsby fixait le téléphone qui était en face de lui comme s'il allait lui révéler une grande vérité. Ils attendirent en silence, espérant avoir l'identité de la victime le plus rapidement possible, et priant pour ne pas avoir trop de menteurs au bout du fil. Rigsby sursauta lorsque son téléphone sonna, puis il décrocha.

- Agent Rigsby, je vous écoute.

Le téléphone de Lisbon sonna à son tour et elle décrocha encore plus vite que son agent.

- Agent Lisbon, j'écoute.

Jane se boucha les oreilles pour ne pas entendre les discussions s'emmêler. Il continua de fixer son billet en se demandant pourquoi il traînait à côté de l'église. Il y avait forcément un rapport avec le meurtre.

- Vous dites qu'il faisait quoi comme métier ? entendit-il Lisbon demander. Je note : metteur en scène dans une troupe de théâtre. Merci, j'ai bien noté l'adresse, nous allons vérifier cette piste. Au revoir.

La jeune femme raccrocha et agita son bout de papier en l'air.

- J'ai quelque chose de sérieux !

Jane se leva de son canapé avec un sourire sur les lèvres.

- Metteur en scène dans une troupe de théâtre, c'est ça ? J'imagine qu'il devait écrire beaucoup de scripts…

Lisbon était partagée entre le bonheur d'avoir une piste à suivre et l'agacement que Jane ait encore raison.

- Oui, bon. Je vais vérifier cette piste, vous venez avec moi ou pas ?

Pour toute réponse, Jane attrapa sa veste et l'enfila sous le regard envieux de Rigsby.

- Et moi, je continue de répondre au téléphone ? demanda celui-ci.

- Oui, vous faites un parfait secrétaire, lui répliqua Lisbon dans un sourire. Allez, en route, Jane.

-ooo-ooo-ooo-

Lisbon s'apprêtait à frapper à la porte de l'appartement lorsque son téléphone sonna.

- Oui, Cho ?

Jane observa la porte. C'était un vieux bâtiment mais elle semblait neuve, comme si seulement cet appartement avait subi des réparations.

- Bien alors rentrez au CBI et aidez Rigsby à répondre au téléphone. Et rappelez le légiste, j'aimerais bien savoir si on est face à un meurtre ou à un accident. A tout à l'heure.

- Cet homme était riche.

- Quoi ? demanda Lisbon en rangeant son téléphone dans sa poche et en frappant à la porte.

- Il était riche. Je parie dix dollars que l'appart est tout neuf à l'intérieur.

Lisbon leva les yeux au ciel et frappa une deuxième fois.

- Monsieur O'Neil ? CBI, ouvrez s'il vous plait.

Jane se mit à rire.

- Quoi encore ?

- Ce type est mort, il est allongé dans un des méga-tiroirs du médecin légiste, et vous lui demandez d'ouvrir. Excusez-moi de trouver ça drôle…

Lisbon baissa la poignée de la porte à tout hasard et à sa grande surprise, celle-ci s'ouvrit.

- C'est au cas où ce n'est pas le bon O'Neil, expliqua-t-elle en poussant la porte.

- Hé ! Qu'est-ce que vous faites ? s'écria une voix derrière elle.

Elle se retourna et leva sa carte d'agent du CBI, observant la personne en face d'elle. C'était une jeune femme noire âgée d'une vingtaine d'années, les cheveux frisés attachés en une queue de cheval. Elle portait un long manteau beige et une écharpe rose pâle descendant presque plus bas que son manteau.

- Je suis l'agent Lisbon et voici Patrick Jane. Nous sommes à la recherche de monsieur O'Neil, vous savez où il est ?

- Evan ? Je ne sais pas, justement, je venais voir ce qu'il faisait, il n'est pas venu à la répétition hier soir et ça m'a inquiétée. Et puis il ne répond pas au téléphone.

- Vous vous appelez comment ?

La jeune femme hésita, la bouche entrouverte comme si elle venait tout à coup de voir le Diable en personne.

- Il est mort ?

- Nous ne savons pas encore si…

- Sûrement, répondit Jane en entrant dans l'appartement.

Lisbon lui lança un regard et se retourna vers la jeune femme en essayant de prendre un air rassurant.

- Nous ne sommes pas encore sûrs. Je vais vous montrer une photo et vous allez me dire si vous le reconnaissez, d'accord ?

Elle sortit le cliché de sa poche et le tendit à la jeune femme. Celle-ci n'eut même pas le temps de le saisir que son visage se tordit de douleur.

- Evan ! Evan, non…

Lisbon se rapprocha d'elle pour l'empêcher de tomber mais sans aucun signe avant coureur, elle s'évanouit dans ses bras.

- Jane, j'ai besoin d'aide !

Le consultant aida sa supérieure à allonger la jeune femme et Lisbon tapota ses joues pour la réveiller. Pendant ce temps, Jane fouilla ses poches et en sortit un permis de conduire.

- Judith Meril, vingt-et-un ans, lut-il.

- Judith, réveillez-vous ! Mademoiselle Meril !

La jeune femme ouvrit enfin les yeux mais elle semblait complètement ailleurs. Voyant que sa supérieure se débrouillait très bien toute seule, Jane poussa la porte et entra dans l'appartement. Le sol était en carrelage gris très moderne, les murs recouverts d'une magnifique tapisserie d'un vert très accueillant et on pouvait voir de-ci de-là quelques tableaux représentant des paysages enneigés. En s'enfonçant un peu plus à l'intérieur, le consultant aperçu le début d'une cuisine intégrée et une odeur de peinture lui chatouilla les narines. Il repéra dans un coin du salon, où trônait une banquette en cuir gris, une plante verte très haute et en parfait état.

Lisbon aida Judith à s'asseoir contre le mur dans le couloir de l'immeuble.

- Comment vous sentez-vous ?

- Je ne peux pas le croire…, déclara la jeune femme avec des sanglots dans la gorge. Evan est mort… J'veux rentrer chez moi.

- Vous habitez où ?

- Deux étages au-dessus.

Elle s'accrocha à Lisbon pour se relever.

- Jane !

Le consultant ressortit de l'appartement au même moment.

- Pas si fort, j'entends.

- Aidez-moi à raccompagner Judith chez elle, elle habite au-dessus.

Il vit dans les yeux de sa supérieure qu'elle avait l'intention de la questionner et il acquiesça, refermant la porte de l'appartement d'O'Neil.

-ooo-ooo-ooo-

Rigsby raccrocha le combiné avec un sourire aux lèvres.

- J'ai quelqu'un qui confirme l'identité de la victime, c'est Evan O'Neil.

- Quelqu'un, c'est-à-dire ? demanda Cho.

- Un membre de sa troupe de théâtre.

- Ok, allons-y, déclara-t-il à l'intention de Van Pelt.

Les deux agents se levèrent sous les yeux désespérés de Rigsby. Cho le remarqua.

- Tu veux que je te laisse ma place ?

- Tu ferais ça pour moi ? S'enthousiasma Rigsby sous les yeux amusés de Van Pelt.

- Ouais mais dépêche-toi avant que je change d'avis.

- Merci !

Ces deux derniers sortirent de la pièce avec entrain, croisant au passage la chef de leur supérieure. Hightower les regarda s'éloigner d'un œil curieux et rejoignit Cho qui attendait sagement à côté du téléphone.

- Alors ? Où en êtes-vous ?

- On a l'identité de la victime. Il s'appelait Evan O'Neil et dirigeait une troupe de théâtre. Il était metteur en scène ou quelque chose dans le genre, Rigsby et Van Pelt sont partis interroger un membre de sa troupe et Lisbon et Jane fouillent son appartement.

Hightower observa Cho d'un air incertain.

- Vous avez confirmé son identité ?

- Pas encore, mais deux personnes nous ont donné le même nom donc c'est presque sûr que c'est lui.

- Toute l'importance est dans le mot 'presque', agent Cho.

Elle fit volte-face et retourna dans le couloir sans ajouter un mot. Peu sensible aux sauts d'humeurs de qui que ce soit, Cho saisit le bloc-notes qui se trouvait sur la table et s'occupa en notant les informations que ses collègues et lui avaient recueilli depuis la veille.

-ooo-ooo-ooo-

- Donc vous êtes allée à cette séance de ciné avec votre ami, répéta Lisbon en notant tout sur un petit carnet, vous êtes sortis à vingt-et-une heure trente et êtes allés boire un verre ensemble. Et ensuite ?

- Il m'a déposé à la répétition de théâtre vers vingt-deux heures trente. On devait revoir certains points de la pièce que l'on va jouer. « Le plus important, c'est que je t'aime ». Evan n'était toujours pas arrivé.

'Normal, il était mort', pensa Jane. Il garda sa réflexion pour lui et se fit la remarque que parfois, il pouvait se montrer tout à fait poli et compréhensif.

- O'Neil était-il un bon amant ? lui demanda-t-il alors.

Il sentit plus qu'il ne vit le regard furieux de Lisbon.

- Je n'en sais rien, pourquoi vous me demandez ça ? S'étonna Judith.

Elle ne semblait ni indignée, ni blessée.

- Oui, pourquoi vous lui demandez ça ? Renchérit Lisbon en pinçant les lèvres.

- Parce que vous aviez un faible pour lui. C'était une façon de vous demander si vous étiez déjà sortie avec lui.

Un sourire ressemblant à une grimace se dessina sur les lèvres de la jeune femme.

- 'Tu es comme ma fille, Judith'. C'est ce qu'il m'a dit le jour où… enfin le jour où j'ai tenté ma chance avec lui.

Lisbon devint soudain plus attentive aux paroles de la jeune femme.

- Je croyais qu'il me protégeait et m'accordait beaucoup d'attention parce que je lui plaisais mais ça n'avait rien à voir.

- Cette période a-t-elle été difficile pour vous ? l'interrogea-t-elle.

- Oui. Mais j'ai rencontré Fabio et…

Elle eut un geste vague, comme si le dénommé Fabio avait fait disparaître toute sa douleur.

- Tout va mieux ? L'aida Jane.

- Il m'aime.

-ooo-ooo-ooo-

- Il l'aime.

- Quoi ?

- Elle n'a pas dit 'je l'aime', elle a dit 'il m'aime', expliqua Jane alors qu'il montait dans la voiture aux côtés de Lisbon.

- Et vous pensez qu'elle ne l'aime pas.

- Je pense qu'elle se voile la face avec ce Fabio pour oublier O'Neil. Ça ne veut pas dire qu'elle ne l'aime pas.

Lisbon mit le contact et enclencha la première.

- Vous pensez qu'elle peut l'avoir tuée ? Elle s'est quand même évanouie en voyant la photo. Soit c'est une très bonne actrice, soit elle est innocente.

- Elle fait partie d'une troupe de théâtre, Lisbon. C'est une très bonne actrice. Mais ça ne veut pas dire qu'elle l'a tué…

Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme.

- C'est fou ce qu'on progresse avec vous…

Jane sourit à son tour en ouvrant la fenêtre pour faire entrer les rayons du soleil qui s'était enfin décidé à pointer le bout de son nez. Il était midi passé et il mourait de faim.