Laemi voyait le sol se rapprocher dangereusement d'elle. Elle devait à tout prix faire battre ses ailes ! Pourquoi se sentait-elle si faible, si chétive, face à de simples Beorc armés d'arcs et de balistes ?
Pourquoi sa blessure, pourtant vieille de plusieurs semaines, refusait-elle de guérir ? Reprendre son vol était primordial. On ne s'enfuit pas comme ça de chez un noble influent de Begnion…
La pauvre Laguz faucon éprouvait depuis longtemps des difficultés importantes pour voler. La vie d'esclave n'est pas rose tous les jours…Certes. Et pourtant, avant, elle avait vécu à Phoenicis, la patrie des Faucons. Oui, c'est là qu'il était arrivé…Une flèche trouva sa cible, se ficha dans l'aile de la fugitive. Peur, désespoir, rage, fureur, désir de continuer, de continuer à protéger. Des larmes intarissables coulaient sur ses joues, sans doute nées des cendres de son cœur. Pourquoi ne pas abandonner, pourquoi ne pas s'abandonner, à la douce mort qui l'attend si elle s'arrête ? Ce serait si facile…Oui, tout lui paraitrait plus agréable, tout lui semblait préférable, à cette vie faite de ce sang maudit, vie qui s'enfuyait par les multiples blessures de Laemi. Physiques comme psychologiques. Seulement…
Seulement, « il » est là. Tout près d'elle. Serré contre son cœur, il ne se rend compte de rien, comme si son sommeil relevait d'un droit divin, et que rien ne devait déranger. Malgré la fatigue, malgré la lutte, vaine et inutile, l'ancienne esclave sourit. Rien que pour lui, elle se promet de vivre encore un peu. Une minute, une heure, quelle importance, du moment que…
Le répit aura été de courte durée. Cette fois, un mage du feu est entré en jeu. Les yeux de la Laguz s'arrondissent, paniquent, deviennent fous, se calment. Sereins. Finalement, à présent qu'elle a envie de vivre, elle se rend compte qu'elle ne le peut pas. Elle va tout simplement laisser sa place. Le nourrisson dans ses bras dort. L'enfant n'a pas trois ans. Celle qui se croyait fugitive mais n'est que gibier écarte les bras. Son fils est un Laguz faucon, il volera. Même s'il ne le peut pas. C'est sur de petites ailes brunes s'ouvrant en grand que se pose le dernier regard d'une mère perdue. Un puissant sort s'abat sur elle. Désormais, elle ne peut pas se rattraper. Elle chute longuement, et atterrit, presque en douceur, aux côtés d'un autre Laguz. Mort lui aussi. Pour une fois, le sacrifice des parents aura servi à quelque chose. Celui qui sera bien plus tard le roi de Phoenicis est sauf.
la forêt.
