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« Ah ! T'as entendu ?! »
Lars leva les yeux au ciel. Worthill agitait frénétiquement sa baguette en direction d'un malheureux buisson qui en frissonna presque. Il retint in extremis une remarque acerbe. La forêt elle-même eut un grincement moqueur.
« C'est que des loups, calme-toi.
- Des loups, t'es sûr ? bafouilla Worthill sans baisser sa baguette, ça ressemblait plutôt à… »
Un nouveau hurlement retentit. Plus long, plus fort, plus proche. Les loups se faisaient de plus en plus hardis ces derniers temps, voilà qu'ils s'approchaient d'eux. Worthill commença à paniquer, Lars dût prendre sur lui pour ne pas le baffer.
« Rhaa, et ça, c'est quoi ? Tu ne vas pas me dire que c'est des loups, ça ? Un vrai loup ne s'approcherait pas aussi près, tu crois pas ?
- Mais bordel, tu vas le fermer, oui ! On va se faire repérer si tu continues à brailler comme ça !
- Et si c'était des loups-garous ?
- Hein ?
- Des loups-garous, j'te dis. Ca hurle aussi fort, non ?
- Ca fait des années qu'il n'y a plus de loup-garous dans cette forêt alors…
- Plus ? Ca veut dire… Qu'il y en a déjà eu ? »
Lars se frotta les yeux. iMais pourquoi j'ai dit ça, moi ?/i
« Mais non, c'était juste… Bon écoute, on va se calmer une seconde et réfléchir, d'accord ? Regarde Bud… Les loups-garous sont des créatures magiques, tu le sais, ça, hein ? Bien. Alors tu pense vraiment qu'il roupillerait aussi profondément si des hommes-loups étaient proches de nous ? »
Et comme pour donner raison à Lars, le Niffleur poussa un soupir d'aise et se mit à ronfler bruyamment. Mais cela ne suffit pas à calmer Worthill.
« Oui, mais… Des loups, ça reste dangereux ; si jamais ils nous mordent, on risque de…
- T'es armé d'une baguette, guignol ; si t'arrives à te faire mordre, c'est vraiment que tu es le dernier des abrutis, s'impatienta Lars.
- C'est bon, c'est bon… Pas la peine de s'énerver…
- Va me chercher le thermos. Je me les gèles ici et tes conneries ne suffisent pas à me réchauffer.
- Heu…
- Worth…
- D'accord… »
Courageusement (ahem…), Worthill descendit la butte et parcourut à grandes enjambées les trois mètres qui le séparaient de la tente. Mais alors qu'il s'apprêtait à l'ouvrir, un loup eut la bonne idée de faire savoir à toute la forêt qu'il était là et Worthill, paniqué, lâcha le tube mal refermé et perdit l'intégralité de son contenu sur le sol gelé. Lars roula des yeux d'un air excédé.
iQu'est-ce que j'ai fait pour avoir un partenaire aussi crétin ?/i
Cela faisait maintenant un mois qu'ils étaient en poste à l'orée de la forêt de Black Way, dans le comté de Lancaster, à plus de 120 kilomètres de Blackpool. Lars Bohr était un Auror, membre de la brigade de Surveillance Interne, une branche légèrement inférieure de la Sécurité Intérieure, chargée en temps normal de régler des problèmes mineurs en province, mais depuis le début de la crise, il était condamné à faire le guet pour le compte des français. Et Lars commençait à en avoir marre. Au début, ça valait le coup. Les attaques répétées en septembre et octobre donnaient à leur boulot une petite touche imprévue qui les sortait de la monotonie latente dans laquelle ils étaient plongés mais depuis l'opération foireuse de Windermere, ils étaient revenus à la case départ. Les vampires restaient cantonnés dans leur repaire et aucune attaque pratiquement n'a été enregistrée durant un bon mois. Un calme plat qui avait donné à Lars des envies de suicide. Mais il y a cinq jours, ça avait repris. Des vampires avaient lancé un raid dans le Norfolk, on parlait d'un nouveau type de soldats qui tuaient avec le son en déchiquetant les membres. Brrr… Lars espérait bien ne jamais en croiser. Même si avec la Confrérie, il fallait s'attendre à tout.
L'avantage (si on pouvait appeler ça comme ça) de ces attaques, c'était qu'à présent, le Ministère était en ébullition et tous les camps avaient été remaniés et réarmés. C'est ainsi que Lars s'était retrouvé avec un nouveau type d'armure contre les vampires (muni d'un sort de protection auditive pour pallier les effets des vampires à grande bouche) et un nouveau coéquipier, Duncan Worthill, le boulet par excellence. Il n'en demandait pas tant mais bon…
« Euh… Hé, hé, fit le boulet, désolé, ça m'a échappé.
- Ah, laisse tomber. Viens reprendre la surveillance. »
Lars se frotta les mains et essaya de s'intéresser au déballage morne et froid qui s'étalait devant ses yeux. En soi, le paysage était magnifique, une vraie carte postale. Seulement voilà, au bout d'un mois, la carte postale avait tout de la mauvaise blague et Lars en venait presque à espérer une attaque des vampires. Avec un soupir, il sortit sa baguette et commença à se curer les ongles.
Les deux Aurors avaient planté leur tente dans une crevasse légèrement en surplomb de la colline ; ainsi, ils avaient une vue imprenable sur la forêt. D'après le service de renseignements, les vampires y avaient établi un repaire, à un kilomètre à peine de leur position. Black Way était une forêt cernée par les falaises, il n'y avait que deux passages pour en sortir et Lars surveillait l'un d'eux. Les vampires devaient s'amuser là dedans. Lars avait dit à Worthill qu'il n'y avait pas de loups-garous mais en fait, il n'en était pas sûr. Cette forêt avait une sale réputation…
« Encore désolé, vieux…
- Ouais, laisse tomber.
- Tu sais, les loups m'ont toujours fait flipper. Un jour, mon oncle s'est fait mordre et…
- La ferme, tu veux. »
Worthill se tût, un peu vexé. Lars eut un petit sourire satisfait. Les abrutis, il faut les secouer, sinon ils ne comprennent rien.
« iUh, uh !/i »
Les deux Aurors se retournèrent aussitôt, la baguette au clair. Bud couinait, tirant frénétiquement sur sa corde. Lars craignait le pire mais en fait, le Niffleur avait juste marché sur une flaque de café encore tiède. Quelle chochotte ! Worthill descendit la butte pour le calmer. Le Niffleur ne se détendit qu'au bout d'une longue minute. Pauvre lavette… Ah, si seulement ils n'étaient pas aussi précieux…
Buddy était un Niffleur gris de Sibérie, une race spéciale de fouisseur qui ne reniflait pas l'or comme la majorité de ces congénères mais la magie. Ils devenaient à moitié fous dès qu'ils sentaient une aura magique à proximité. Lorsque le Ministère avait découvert que des peuplades de montagnards en faisaient l'élevage dans les hauts plateaux de Sibérie, il s'en était aussitôt fait acquéreur. Et depuis quelques années, les Aurors s'en servaient régulièrement pour retrouver les sorciers disparus ; aujourd'hui, on s'en servait dans les guets pour surveiller les mouvements des vampires. Aucun d'entre eux n'était jusqu'à présent parvenu à échapper à leur flair aiguisé. De vrais radars ambulants, ces bestiaux. Il n'y a que les sorciers qui les gardaient qu'ils ne détectaient pas, grâce à une potion qui dissimulait leur aura. Les vampires, par contre, ils les sentaient. Ils se mettent aussitôt à grogner, à sortir les griffes et à gonfler leur pelage afin d'être plus imposants (et ils y réussissaient très bien, ils atteignaient presque la taille d'un ourson). Même le dernier des idiots comprendrait, ce qui en faisait des alliés précieux, quand on savait le nombre de crétins congénitaux que comptait la Surveillance Interne.
Dans les bois, un loup hurla.
Lars secoua la tête.
iQuand j'y pense… Je pourrais être chez moi avec ma femme, mon fils, mon chien et un verre de whisky, tranquille, peinard, en train de buller comme pas permis et au lieu de ça, qu'est-ce que j'ai ? Un déballage de glace et de givre aussi palpitant que la reproduction des huitres et un abruti en train de faire un câlin à un Niffleur. La vie est vraiment mal foutue.
« Je crois que ça va aller, murmura Worthill en reposant délicatement l'animal, plus de peur que mal, heureusement.
- Mouais… »
Lars préféra se retourner. La forêt était toujours aussi calme. Les loups rôdaient. De temps à autre, il percevait le léger frottement de leurs pattes sur la neige. Ils étaient de plus en plus téméraires mais Lars ne s'inquiéta pas outre mesure. Il lui suffirait de faire un peu de lumière pour les voir détaler la queue entre les jambes. Non, il se foutait des loups, il craignait bien plus d'autres prédateurs qui pourrait se trouver bien plus prêts qu'il ne le pensait.
« Ils approchent, fit Worthill en se posant à côté de Lars. T'es sûr de ton coup, là ? »
Lars soupira.
« Ecoute… »
Un hurlement étouffé brisa le silence comme un claquement de fouet. D'autres bruits, encore moins ragoûtants, se firent alors entendre. Claquement, déchirement. Un massacre avait lieu sous le couvert des arbres. Lars et Worthill levèrent leur baguette. Si le premier parvenait à grand mal à se maîtriser, ce n'était pas le cas du second qui semblait prêt à tourner de l'œil.
« Bordel, mais c'était quoi, ça ? »
Lars jeta un coup d'œil à Bud. Le Niffleur s'était rendormi. Ce n'était pas un vampire.
« Reste là, je vais voir.
- Quoi ?! Pas question que je reste là tout seul !
- Arrête de gueuler, merde ! » Lars se passa une main sur le visage, de plus en plus nerveux. « On peut pas laisser Buddy tout seul, il se ferait dévorer par les loups. De toute façon, t'as rien à craindre, le camp des français est à cinq cent mètres à peine. Même toi, tu peux les rejoindre en moins de deux.
- Mais…
- On n'a pas le temps, connard, s'impatienta Lars. Je vais voir. Si je ne suis pas revenu d'ici dix minutes, déclenche l'alerte. »
Et sans attendre une réponse de son coéquipier, Lars partit en direction de la forêt.
iMerde, mais qu'est-ce que tu fous, Lars ? Dans quel guêpier tu t'es en train de te fourrer là ?/i
A pas lents, tendu comme un arc, Lars s'enfonça sous le couvert des arbres. Les loups s'étaient tus. C'était un très mauvais signe. Prudemment, il fouilla les environs du bout de sa baguette. Rien, il n'y avait absolument rien. Le vide absolu. Le silence total. Un silence terrifiant. Bon sang, même le vent s'était arrêté. On aurait dit que toute la forêt était en attente. Son propre souffle lui vrillait les tympans. Jamais Lars n'avait autant eu conscience de la présence de son cœur dans sa poitrine.
iReprend toi, Lars, reprend toi !/i
Un pas, puis un autre. Lars retint sa respiration. Devant lui, la colline s'affaissait un peu. Au loin, les arbres laissaient la place à un pic rocailleux recouvert de mousse. Tout les sens aux aguets, il s'en approcha. Seul le bruit de ses pas l'accompagna dans sa marche solitaire. Il atteignit les rochers. Cinq minutes s'étaient écoulées depuis qu'il avait quitté le talus.
iReprend toi, Lars, re…/i
Il glissa brutalement. La roche la plus proche était plus glissante qu'une plaque de glace et à sa grande horreur, il se rendit compte que ce n'était pas dû à la neige. Les yeux écarquillés, il leva sa main droite recouverte de sang. Le souffle court, il tourna la tête et vit ce qu'il restait du pauvre animal. Le loup n'avait pas seulement été tué, il avait été mis en pièces. Les coupures étaient profondes et nettes. Aucun animal ne pouvait faire ça. Il fallait un couteau pour obtenir ce résultat. Un couteau ou un coutelas.
Tremblant comme une feuille, il se releva à la hâte et tourna les talons. Il s'apprêtait à prendre ses jambes à son cou lorsqu'un sifflement rompit le silence. Presqu'instinctivement, il leva la tête et vit que le ciel s'était embrasé.
iMais qu'est-ce que c'est que…/i
Avec des gestes brusques, il grimpa rapidement le pic. Il eut alors une meilleur vue de la forêt. Ce qu'il vit alors le laissa sans voix.
Une gigantesque colonne de lumière rouge se dressait devant lui. Incroyablement belle, elle émettait un bruit sifflant quasi-hypnotique. L'air vide, Lars la vit se perdre dans les plus hauts nuages. Il ne savait pas ce que c'était et il s'en fichait. En temps normal, il se serait rendu compte que la colonne se dressait probablement dans le camp des vampires ; en temps normal, il aurait également pris conscience du danger de la chose.
Mais à cette seconde, il s'en fichait complètement.
« Bohr ! »
Il ne réagit pas au cri de Worthill.
Il ne bougea pas non plus lorsque Bud se mit à aboyer comme un fou.
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« C'est une très mauvaise idée…
- Je sais. Continue de surveiller, j'en ai pour une minute. »
Ginny ouvrit le dernier tiroir du bureau et étala le contenu sur le sol avec de grands gestes. Si Harry voyait ce qu'elle était en train de faire, il serait furieux. Mais pour le moment, Dieu seul savait où se trouvait Harry Potter.
« Vite, Ginny… »
Hermione, adossée au chambranle de la porte, jetait d'incessants coups d'œil dans le couloir. Elle d'ordinaire si calme semblait très nerveuse. Normal lorsque l'on pensait qu'elle se trouvait sans autorisation dans un bureau du ministère en compagnie d'une femme dont le mari était soupçonné de meurtre et de trahison et que son époux allait avoir les pires ennuis si jamais elles se faisaient choper. L'un dans l'autre, c'était une position assez peu enviable.
Ginny faisait un tour d'horizon des dossiers étalés devant elle ; à première vue, il n'y avait rien qui puisse l'aider, tout du moins, rien qui ne concernait Malefoy.
« T'as fini ? »
A la hâte, Ginny empila les documents et les entassa à la va-vite dans le tiroir qu'elle referma à grand peine. Elle n'aimait pas ce qu'elle faisait mais elle n'avait pas le choix. Harry, son époux, son amour, était dans les problèmes jusqu'au cou et elle ne pouvait rester là à attendre que Ron fasse le travail.
Son réveil cinq jours auparavant n'avait pas été des plus agréables. Pour la première fois depuis une éternité, elle avait prit conscience qu'elle avait dormi. Son dernier souvenir remontait au Chemin de Traverse devant la boutique de son frère ; Georges était là d'ailleurs, Cecilia et Jimmy aussi. Ils avaient discuté, ils étaient entrés dans la boutique puis ce fut le trou noir. Elle était incapable de dire quand cela s'était produit. Et se réveiller dans une salle du Département des Aurors ne l'avait pas aidé, elle avait même craint que quelque chose de grave lui soit arrivé mais après un rapide examen corporel, elle s'était mise à craindre pour les autres. Elle n'était pas là par hasard et le fait qu'elle soit seule ne lui disait rien qui vaille. Où était Harry ? Ron ? Georges ? Pourquoi n'y avait-il personne ? Très inquiète, elle s'était levée et s'était approchée de la porte. Ses jambes étaient étonnamment lourdes et elle mit un sacré bout de temps à atteindre la cloison. Elle s'apprêtait à tourner la poignée lorsque la porte s'était ouverte pour laisser la place à un jeune homme qui ne s'attendait absolument pas à la trouver là et qui faillit la renverser.
« Oh ! s'était-il exclamé en écarquillant les yeux de surprise, vous êtes réveillée, je venais voir si tout allait bien et…
- Qui êtes-vous ? l'avait-elle rapidement interrompu, que… Qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi j'étais dans un lit ? Il s'est passé quelque chose de grave ?
- Euh… Je ne sais pas si je suis le plus qualifié pour vous répondre… »
Le type était manifestement un novice et la situation, pourtant simple, semblait lui échapper.
« Très bien, avait-t-elle dit en s'efforçant de garder son calme. Dites-moi où je peux trouver Ronald Weasley. Ou Harry Potter, peu importe.
- Euh… Je vais voir un responsable. »
A bout, Ginny était passée devant le jeune et avait parcouru à grands pas le couloir. Son inquiétude n'avait cessé de croitre. Il lui fallait des réponses, et vite !
« Ginny ! »
Elle avait tourné la tête et vu avec surprise Hermione s'approcher d'elle. Son amie semblait secouée. De plus en plus inquiète, Ginny s'était avancée.
« Ginny, mon dieu, tu vas bien ! J'ai eu si peur après le coup de téléphone de Harry…
- Attends, quel coup de téléphone ? Et pourquoi je ne devrais pas aller bien ?
- On… ne t'a rien dit ?
- Non, bon sang ! Mais qu'est-ce qui se passe à la fin ?! »
Hermione commença à tout lui raconter. Cela dura une demi-douzaine de minutes durant lesquels la rouquine avait senti sa température corporelle chuter d'un cran. Lorsqu'Hermione eut fini, elle était plus pâle qu'un fantôme.
« Non… Dis moi que ce n'est pas vrai, dis moi que c'est une blague…
- J'aimerais bien, tu sais, avait murmuré Hermione les yeux brillants, mais je n'en sais rien. En fait, j'ai bien peur que ce soit vrai. Je suis désolée.
- Non…
- Ginny ! »
Ron s'approchait à grand pas. Décontenancé de trouver sa sœur dans les couloirs alors qu'elle aurait dû être allongée, il avançait avec un sourire hésitant.
« Tu es réveillé, c'est…
- Dis-moi que c'est faux !
- Qu… Quoi ?
- Dis-moi que ce n'est pas vrai, que Harry n'a jamais fait ça et que tu n'es pas en train de le poursuivre pour l'enfermer. Vas-y, dis-le !
- Mais comment tu… »
Un rapide regard à sa femme avait en partie éclairé sa lanterne et c'est avec un air grave qu'il s'était retourné vers sa sœur.
« Il faut qu'on discute… »
Moins d'une heure plus tard, la situation fut clarifiée. Ron, avec un sérieux un peu crispé, leur avait révélé tout ce qu'il savait. Il avait pris un soin tout particulier à ne pas regarder sa sœur dans les yeux. A dire vrai, malgré les années, il craignait toujours un peu son tempérament explosif et lui annoncer que son époux était recherché pour un meurtre aussi sordide et qu'il participait à son arrestation n'allait pas la calmer, loin de là. Hermione, de son côté, écoutait attentivement. Lorsque Ron eut fini, elle ne laissa pas le temps à Ginny de protester et parla de l'appel de Harry. Ron en fut particulièrement intéressé, notamment en ce qui concernait l'Ordre des Origines et Malefoy. Cela faisait des années qu'ils soupçonnaient la famille Malefoy de tremper dans les affaires de ces terroristes sans jamais avoir réussi à le prouver et si la théorie de Harry s'avérait, que l'Ordre des Origines était effectivement lié à la Confrérie, alors ils avaient une piste sérieuse pour dénicher le véritable traître. Ginny dût avoir le même raisonnement car à son regard, Ron s'était senti obligé de clarifier la situation.
« Ginny, Hermione, il vaut mieux que vous restiez en dehors de tout ça pour le moment. La situation est plus complexe que vous ne le croyez et il vaut mieux vous retirer avant de vous retrouver avec un coutelas dans le dos.
- Et quoi ? Tu veux qu'on reste là à ne rien faire ? C'est Harry, je te rappelle, on peut t'être utile.
- Non, désolé.
- Pourquoi ?! On peut être vous être utile et tu le sais. C'est quoi le problème, tu n'as pas confiance en nous ?
- Ce n'est pas vraiment en vous que je n'ai pas confiance, avait-t-il murmuré avant de secouer d'un air dépité – comme d'habitude, il en avait trop dit -, je dois y aller, j'ai à faire, Hermione, on en reparle ce soir, d'accord, et Ginny, s'il te plait, pour une fois dans ta vie, obéis-moi et laisse moi m'occuper de tout ça. Je suis très sérieux, ça peut très mal finir et je ne supporterais pas de perdre un autre membre de ma famille. »
Ginny en resta bouché bée. Elle savait que Ron l'aimait, que c'était un bon frère, mais ça lui faisait bizarre de l'entendre dire à voix haute. Ron avait profité du moment de silence pour réitérer sa mise en garde et pour décamper. Du coin de l'œil, elle avait vu que ces oreilles étaient devenues écarlates. Lui aussi, ça l'avait gêné.
iDésolé, frérot, mais je refuse de rester les bras croisés. Harry est mon mari, il est hors de question que je reste là à attendre le bon vouloir des autres. Désolé, mais je dois le faire…/i
Et cinq jours plus tard, dans la matinée du 22 décembre, Ginny, aidée occasionnellement d'Hermione, pénétra sans autorisation dans le bureau de Harry afin de trouver n'importe quoi qui pourrait la mettre sur sa piste. Pas une seconde, elle ne tint compte du fait que ce bureau avait été fouillé par les hommes de Cole pendant plus deux jours et que si eux n'avaient rien trouvé, elle n'allait probablement rien dénicher non plus. Hermione le lui avait fait remarquer au passage alors qu'elles remontaient le couloir principal du Département. L'ancienne Gryffondor avait profité de sa matinée de libre pour passer dire un bonjour à Ginny (en fait, elle avait passé les deux dernières soirées avec elle, ne voulant pas la laisser seule vu son état) et elle ne s'attendait pas à se retrouver ici ; Ginny lui avait alors répondu que ça n'avait pas d'importance, qu'ils ne connaissaient pas Harry comme elle le connaissait mais force était de constater qu'après une dizaine de minutes de recherche infructueuses, soit il n'y avait rien à trouver, soit elle ne connaissait pas son mari aussi bien qu'elle le pensait.
« Allons-y, marmonna-t-elle, dépitée, on… »
C'est alors qu'un cri retentit dans le couloir. Hermione et Ginny se regardèrent brièvement et passèrent la tête dans le couloir. Des Aurors criaient, l'un d'eux intimait aux autres de maîtriser quelqu'un, un cri de rage répondit à l'ordre. La rouquine sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque.
« Mais qu'est-ce que c'est que ça ?
- Je ne sais pas, répondit Hermione d'une voix blanche, mais il vaut mieux filer et en vitesse.
- Tout à fait d'accord. »
Et sans plus se concerter, les deux femmes remontèrent le couloir dans le sens opposé des cris, espérant atteindre la sortie en évitant ce qui ressemblait terriblement à une attaque de la Confrérie de Minuit.
« Bon sang, mais qu'est-ce qui se passe encore ? »
Wentkell était rouge écarlate. Liam se demanda ce qu'il faisait là. Un ministre a quand même des tâches plus importantes à faire que de les surveiller, bon sang ! Il n'osa pas faire la réflexion à voix haute, d'autant que le ministre avait l'ouïe fine et que la situation globale était passée de désastreuse à catastrophique.
Une dizaine de minutes plus tôt, des dizaines de rapports étaient apparus des quatre coins du pays ; tous faisaient état de gigantesques colonnes rouges qui auraient surgies du sol. Cela ressemblait à un sortilège mais ils ignoraient encore quel était son effet. L'expression figée de Cole ne laissait rien présager de bon. Le jeune protecteur regardait la carte sous ses yeux avec une gravité inhabituelle. Difficile de deviner ce qu'il pensait, Liam aurait voulu que Finnigan soit présent, au moins, avec lui, il n'y avait pas d'ambiguïté.
« Monsieur, d'autres rapports viennent d'arriver. Ils signalent d'autres colonnes dans le Kent, le Devon et l'Hampshire, un total de huit. »
Cole leva sa baguette et sur les indications de l'Auror, il marqua d'un point rouge les emplacements précis des piliers. Liam, qui se tenait un peu en retrait, trouva le résultat terrifiant. En tout, il y avait plus d'une cinquantaine de points rouges sur cette carte. Toutes les régions étaient touchées : Norfolk, Exeter, Kent, Devon, Cambria, Yorkshire et les autres, certains étaient même apparus aux abords des grandes villes, Liverpool, Manchester, Birmingham et Londres. Les moldus avaient forcément aperçu le phénomène et ce n'était plus qu'une question de minute avant que la panique ne les emporte. La situation n'allait pas tarder à devenir incontrôlable. Il ne savait pas ce que prévoyait de faire les vampires, mais quoi que ce soit, ils pourraient le faire n'importe où.
« Quels sont vos ordres, Cole, aboya le ministre. Il faut réagir tout de suite si nous ne voulons pas que la situation ne nous échappe totalement. Vous m'entendez, Cole ? »
On pouvait effectivement se poser la question. A moitié penché sur la table, l'Américain semblait réfléchir intensément. Il était de plus en plus grave, de plus en plus terrifié.
« Mais qu'est-ce que tu nous prépares, Janus, murmura-t-il, Merlin, faites que ce ne soit pas ce que je pense…
- Mais de quoi vous… »
Le ministre fut interrompu par un cri sauvage en direction de l'entrée. Tous se retournèrent hâtivement, une bagarre avait éclaté non loin de l'entrée ; en plus des cris et des incantations, Liam perçut une voix qui hurlait :
« Maîtrisez-le ! Maîtrisez-le ! Aaaaaahhhhh ! »
Sans plus attendre, Liam se jeta dehors, la baguette au clair. Il entendit derrière lui les pas de ses camarades. Quoi qu'il se passe, ça allait être vite réglé.
Tout du moins, c'est ce qu'ils espéraient.
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« Vampires… Quatre… vingt et trente mètres à l'ouest, cinquante mètres au nord et quarante au sud. »
Anthony Moreau acquiesça brièvement et donna ses ordres. Son équipe était composée de cinq soldats à peine sortis de l'école, d'une sorcière experte en filature et détection et de lui-même, soit sept mages contre quatre vampires. C'était mince. Lorsqu'il avait reçu le S.O.S de Worthill, il ne pensait pas tomber sur un tel carnage. Autrement, il aurait pris plus d'hommes avec lui.
« Situation. »
Julie Levers ferma les yeux et replongea en transe. Elle rouvrit les yeux au bout de quelques secondes.
« Ils nous ont repérés. Ils reviennent sur nous. »
Et merde…
« En position. »
Les sept sorciers se dispersèrent à travers les arbres. La neige sanguine faisait ressortir atrocement le noir de leur cape et le blanc de leur brassard. Maudit vampires… Quoiqu'ils préparent, ça s'annonçait très mal.
Le capitaine Moreau dirigeait la cohorte huit de la légion quatre de l'armée française magique en place au Royaume-Uni. Cantonné aux abords de la forêt de Black Way depuis un mois, le seul élément notable qu'il avait eu à se mettre sous la dent fut un mouvement suspect sur la bordure est de la forêt, non loin de l'emplacement présumé du repaire des vampires, un incident tellement stupide qu'il n'avait même pas pris la peine de consigner un rapport (il serait bien que ces idiots d'anglais soient capables de les prévenir à l'avance de leurs déplacements – leur accrochage avait bien failli virer à l'accident diplomatique). Aussi fut-il surpris lorsqu'en l'espace de cinq minutes, un rayon rouge phénoménal jaillit de la cime des arbres et qu'un canard argenté se matérialisa devant eux avant de les inciter de venir à son aide avec une voix paniquée.
Perplexe (il commençait à connaitre Worthill), Moreau avait réuni une équipe légère pour vérifier sur place ce qu'il se passait mais n'étant pas totalement inconscient, il prit soin de désigner le sergent Levers (la meilleure isensorie/i de la cohorte) et lui-même en tant que chef d'équipe. Ce n'était peut-être rien, mais il valait mieux ne pas tenter le diable.
Mais arrivé sur place, il se rendit compte que le diable les avait devancés.
Worthill était mort. Décapité net. Et pour une raison qui échappait encore au capitaine Moreau, les vampires avaient emmené sa tête. Avec un soupir, il fit un signe de la main et deux soldats se précipitèrent sur la dépouille et lui dénudèrent les épaules et le haut du dos. C'est généralement par là que se trouvaient les marques de réveil. Et pour une fois, il n'y eut pas d'exception. Une croix noire avait élu domicile sous l'omoplate droite. Un coup de baguette et la croix se transforma en une grosse tache suintante et nauséabonde. Le cadavre tressaillit mais ce fut tout. Au moins, ils étaient sûrs qu'il ne se relèverait pas.
A ces côtés, il y avait le cadavre d'un petit animal à fourrure grise. Tué d'un seul coup de coutelas au niveau de la jugulaire. Moreau se demanda s'il devait ordonner à ses hommes de palper la pauvre bête pour voir si elle ne portait pas une marque de réveil puis il y renonça. Les vampires ne s'étaient jamais servis d'animaux, il n'y avait aucune raison qu'ils commencent maintenant. Rien à craindre.
Par contre, il n'y avait aucun signe du coéquipier de Worthill. Et ça, ça ne lui plaisait pas du tout. Moreau avait ordonné au sergent de le retrouver. C'est alors qu'elle était tombée sur les vampires. Et c'était probablement au même moment que ces derniers les avaient repérés.
Les doigts serrés sur sa baguette, Moreau attendait l'ennemi. Les cinq soldats s'étaient dispersés aux alentours, suivant un arc de cercle qui englobait grossièrement les cadavres. Si Levers avait vu juste, les vampires devraient passer par là et avec un peu de chance, il pourrait prendre ces monstres par surprise. Mais avec les vampires, la chance tenait presque du mythe et la plupart du temps, c'était eux qui les prenaient par surprise.
Il se tourna vers le sergent accroupie à deux mètres à peine à sa gauche.
« Situation. »
Les yeux fermés, la sueur qui perlait sur son front, Julie ne répondit pas tout de suite. Puis elle ouvrit brusquement les yeux, une expression de pure terreur sur son visage.
« Non… »
Tout alla très vite. Le vampire apparut au-dessus d'elle. C'était un Soldat, l'un de ceux qui n'avaient comme arme que la baguette et le coutelas et qui arboraient un masque lisse. Tendu dans l'attaque, le bras replié contre sa poitrine, il s'apprêtait à décapiter la jeune femme d'un large mouvement du bras. Elle ne dût la vie sauve qu'à la dextérité de son supérieur.
« Protego ! »
Le vampire rebondit contre la paroi magique et fut projeté en arrière sur un bon mètre. Moreau leva la baguette et hurla un sortilège d'Expulsion contre la protection dorée. Un petit projectile fusa alors du nuage avec la vitesse d'une balle de revolver en direction du vampire mais ce dernier avait vu le coup venir et s'était replié.
« ATTAQUE ! ILS SONT LA ! »
Au même instant, les sortilèges se mirent à pleuvoir de partout.
Saletés de vampires, ils les avaient bien eus. Ils avaient même réussi à tromper Levers. Empoignant le sergent par l'épaule, Moreau façonna autour de lui une barrière magique et l'arrosa d'Expulso par petites touches. De minuscules boules magiques filèrent de partout, arrachant l'écorce des arbres, pulvérisant les branches, crachant de monstrueuses gerbes de neige rouge. La pluie Filères pouvaient être incroyablement destructrice si elle était bien utilisée et là, Moreau se sentait d'humeur meurtrière. A travers le chaos qu'il était en train de générer, il put néanmoins suivre le cours de la bataille. L'un des vampires tomba sous le coup de ses sorts. Deux de ses soldats l'avaient rabattu contre une petite butte et l'un des projectiles lui avait pulvérisé la rotule, le contraignant brièvement à l'immobilisme. Moreau avait alors concentré toute son attention sur lui et le vampire avait longtemps tressauté avant de tomber sur le sol, la poitrine déchiquetée. Dans un coin, plus à gauche, l'un de ses hommes était à terre, le bras sévèrement entaillé. Le vampire se tenait au dessus et s'apprêtait à l'achever. Le capitaine perçut du coin de l'œil un troisième soldat. Ce dernier laissa tomber le vampire qu'il était parvenu, dieu sait comment, à terrasser tout seul et s'approcha pour sauver son camarade. Moreau détourna alors l'intention du vampire en le ciblant avec ses sorts et en murmurant un ordre à Levers. L'autre soldat s'approcha et, profitant de la diversion, lança un sort mortel. Mais comme prévu, le vampire le sentit et sauta pour contrer son adversaire, se tournant pour lui faire face. Il faisait ainsi une cible parfaite pour Levers qui n'eut aucun mal à l'abattre. Il ne restait plus qu'un vampire. Un vampire que Moreau ne ressentit que trop tard.
iEt merde !/i
Il se retourna. Trop tard. Il sentit la lame lui déchirer la chair en même temps qu'il sentit le souffle chaud d'un stupéfix le frôler. Le reste se perdit un peu dans la douleur fulgurante qui lui paralysa l'épaule. Il sentit confusément le poids du vampire sur la neige, les pas précipités d'au moins quatre personnes et un flot de paroles indistinctes suivi d'une kyrielle de couleurs. Ensuite, ce fut le silence. Et une pression chaude contre sa plaie qui calma aussitôt la douleur.
« On dirait que nous sommes quittes, capitaine. »
Levers s'autorisa même un sourire. Moreau se redressa et regarda autour de lui. Cinq cadavres jonchaient le sol dont quatre vampires. Il n'avait perdu aucun de ses hommes. Un miracle quand on connaissait l'adversaire. La plupart arborait des égratignures superficielles et à part lui-même et le soldat au bras à moitié déchiré, il n'y avait rien de grave. Une chance incroyable.
« Bien, vérifiez. »
Deux de ses hommes passèrent aussitôt les cadavres en revue pour s'assurer qu'aucun d'entre eux ne se relèverait. Moreau pendant ce temps embrassa la scène du regard. La neige rosâtre qui recouvrait tout, les flaques de sang sombre qui s'en dégageait presque avec indécence, les corps démantelés, fracassés, broyés. C'était un tableau macabre.
« Quelque chose ne tourne pas rond là dedans, annonça Levers, c'était trop simple.
- Et tu vas t'en plaindre ? lança un soldat en donnant un coup de pied à une dépouille de vampire.
- Non mais c'est… bizarre. Après avoir déclenché un tel bordel, je m'attendais à trouver plus d'ennemis et non pas ça. »
Moreau s'était fait la même réflexion. Leurs adversaires n'étaient que des Soldats, ils avaient eu la chance de ne pas tomber sur des Faucheurs, des Hurleurs ou d'autres joyeusetés dans le même genre. Comme disait Levers, c'était étrange. Et si…
« Je ne pense pas que c'était une attaque.
- Comment ça ?
- Quand nous sommes arrivés, ils partaient. C'est parce que nous étions là qu'ils sont revenus. Ce n'était pas des attaquants, c'était des éclaireurs.
- Des éclaireurs ?
- Levers, détection immédiatement ! »
Le sergent ne chercha même pas à savoir et plongea aussitôt en transe. Elle rouvrit les yeux au bout de deux secondes.
« Je détecte quelqu'un mais ce n'est pas un vampire.
- Quoi ?
- C'est un humain. »
Le coéquipier de Worthill, sans aucun doute.
« Où ?
- A une centaine de mètres, nord, nord-est.
- Bien, allons-y, Levers avec moi. Vous trois, vous nous suivez. Toi, tu le ramènes au camp, il a besoin de soins.
- Compris !
- Allez ! »
Et ils partirent tous au trot. Le petit groupe atteignit rapidement la position de l'humain. Il était assis en tailleur au sommet d'un petit promontoire, le regard rivé sur le ciel. Moreau s'approcha :
« Hé, toi ! »
Pas de réponse. Il ne tourna même pas la tête au son de sa voix.
« On est de l'armée française, on ne vous veut aucun mal. Descendez, il n'y a plus de danger. »
Toujours rien de la part de la silhouette. Moreau regarda brièvement ses coéquipiers, aussi perdus que lui. Après une seconde de réflexion, il se mit à grimper jusqu'au bonhomme. Arrivé là, il posa sa grosse main sur son épaule et le força à se retourner.
« Hé, vous… Que… »
Moreau se figea. Le visage qu'il avait en face de lui n'avait plus rien d'humain. Les joues creuses, les orbites profondes, la chair pendante, il faisait face à une véritable tête de mort. Une lueur rouge brillait au fond des cavernes oculaires. Anthony Moreau aurait probablement crié si le mort n'avait pas parlé au même instant.
« Faim… J'ai faim… Si faim… »
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« Vieillard imbécile… Pauvre merde… »
Drago se redressa avec peine. A sa gauche, sur la petite table de chevet, une bouteille de whisky pur feu avait atteint son dernier quart. La voix de Malefoy était plus trainante que d'habitude, un verre plein était fermement serré dans sa main gauche, inutile de demander où étaient passés les trois quarts manquants. Heureusement pour son image, excepté Lucius, il était seul.
« Vieux débris inutile ! cracha-t-il sur son père inconscient, est-ce que tu te rends compte, est-ce que tu as la plus petite idée de la mouise dans laquelle tu m'as laissé, hein ?! Non, non, bien sur que non ! Monsieur est bien trop occupé à jouer au mort, monsieur est bien trop occupé à pioncer tranquillement dans son lit grand luxe en chêne massif, pas vrai ! Et pendant ce temps-là, qui c'est qui s'occupe de l'affaire familiale, hein ? C'est bibi. Et qui a les pires emmerdes de toute l'histoire ? C'est encore bibi. Et qui risque de voir sa famille disparaitre parce qu'une saloperie d'égoïste n'a pas été foutu de prendre ses responsabilités à temps, hein ?! C'est encore… et toujours… ibibi/i ! »
De rage, il donna un coup de pied contre le matelas avant de se vautrer lamentablement par terre. Soufflant comme un bœuf, il se redressa sur les genoux et pris appui sur le rebord du lit. Lucius n'eut aucune réaction. Cela faisait maintenant deux jours que Malefoy père avait sombré dans le coma. Les médicomages étaient très réservés, ils imputaient son état à son âge avancé et réservaient leur diagnostic concernant ses chances de s'en sortir. Son état, Drago savait très bien que ça n'avait rien à voir avec son âge. Quant à ses chances… Et bien tout dépendait. Oui, tout dépendait.
Il se prit le visage entre les mains. Lorsqu'il parla, sa voix avait repris une certaine fermeté.
« Pauvre con… Et dire que… Tu sais, toute ma vie, ou plutôt, dans les premiers temps de ma vie, je n'ai vécu, je n'ai cessé d'agir que pour te plaire. Tu étais un modèle pour moi, j'ai toujours voulu avoir ta prestance, ta noblesse, ton charisme, j'ai toujours voulu être toi, le grand mangemort, le favori du Seigneur des Ténèbres. » Il lâcha un petit rire. « Quelle erreur monumentale de ma part ! J'étais jeune, influençable. Ca n'a pas duré. Avec les années, j'ai fini par te voir tel que tu étais. Et je t'ai haï pour ça. Oh oui, je t'ai haï de toutes mes forces. Je t'ai vu t'écraser comme un insecte face à Voldemort après le fiasco du ministère, je t'ai presque vu ramper devant lui, toi l'héritier de la grande famille Malefoy à genoux en train de supplier à la limite des larmes pour qu'on épargne ita/i chienne de vie ! » Autre petit rire. « Foutu égoïste, tout ce que toi, tu n'as jamais fait, tu ne l'a fait que pour toi, toi et personne d'autre. Tu allais nous laisser à la merci des vampires lorsqu'ils ont débarqué la première fois, pas vrai, vieux renard ? Moi et maman (c'était la première fois que Drago évoquait sa mère sans avoir envie de tout casser), on pouvait crever, ça n'allait pas t'empêcher de dormir. J'ai pas raison, vieux salaud ? » Il secoua l'épaule du malade. « Hein, alors, j'ai pas raison, ipapa/i ! » Il bouscula carrément le vieillard avant d'éclater de rire. « Tu ne sais pas ce qui était le plus drôle ce jour-là ? Je t'ai vu, je savais ce que tu allais faire, et ce ne m'a absolument pas surpris. J'ai fini par comprendre qui tu étais, ce qui comptait vraiment à tes yeux. Depuis ce jour où tu m'as contraint à porter la Marque des Ténèbres pour réparer tes fautes, tes fautes !, j'ai su que la prestance, le charisme et tout ce qui va avec n'était que du vent, de l'esbroufe, et qu'au fond, il n'y avait qu'un petit opportuniste maladroit et terrifié. Tu étais bien loin de la grande image que j'avais de toi, je pensais mal le prendre, mais en fait, je me suis rendu compte que tout ça, je le savais déjà. Je refusais de l'admettre, tout simplement. J'étais honoré, fier comme un pape, le jour où je suis entré dans les rangs de Voldemort, c'est vrai, mais ne crois pas que c'était à cause de toi, à cause de la famille, non, non, j'ai juste suivi ton exemple. Je n'ai agi que pour ma poire. » Il saisit le visage de Lucius et se mit à crier. « Tout ! J'ai tout fait pour ne pas être comme toi, un lâche, un incompétent pleurnichard, un minable aristocrate sans tripes ! Officiellement, c'est vrai, je le faisais pour ne pas que Voldemort vous abattent, et ne me tue par la même occasion, et je crois que c'est là la plus grande différence entre toi et moi : dans ma logique, il y a toujours une petite place pour la famille, tout le contraire de ton esprit malade ! J'ai échoué, c'est également vrai, je n'avais que seize ans, Voldemort savait que je ne pourrais pas ; j'aurais pu pourtant, il était là, devant moi, ce pauvre vieillard totalement désarmé, à ma merci. Je connaissais la formule, tu me l'avais apprise ; deux mots et c'était terminé, mais j'en ai été incapable, pas par lâcheté, peut-être par peur, je ne sais pas, ou… Ou peut-être est-ce dû à lui qui m'avait tendu la main, qui m'avais proposé une autre alternative, une chance de m'en sortir, de tous nous en sortir. Est-ce que c'était de la pitié ? Je ne sais pas, peut-être que oui, à l'époque, je n'avais pas le luxe d'avoir de la pitié… » Il s'interrompit et resta un long moment à regarder le visage inerte de son père. Le souffle chaud de Lucius sur son visage semblait lui faire perdre le cours de ses pensées. Il eut alors un rire méprisant. « Tu te rends compte, je crois n'avoir jamais été aussi sincère avec toi. C'est dingue, il fallait presque attendre la mort pour que je t'avoue tout ça. Enfin, même si tu ne l'es pas encore, ce qui ne saurait tarder, je pense. » Il se redressa légèrement. « Avec les années, ma haine virulente a fini par se dissiper pour ne laisser qu'une indifférence froide. Je ne te déteste plus, mais je ne t'aime pas pour autant. Jamais oublier, jamais pardonner. J'ai tout sacrifié pour toi, et je crois que ce que tu es en train de vivre est un juste retour des choses en fin de compte. Oui, un juste retour des choses… »
Il se redressa, tituba en arrière et s'affala dans son fauteuil. Son regard se perdit sur la fenêtre et les jardins du manoir. Drago mit une grosse minute à continuer. Son ton était acide.
« Ca a changé pourtant. Pendant un moment, j'ai ressenti une certaine forme de considération pour toi. Je pourrais presque parler de respect. Pourtant, tu ne m'as pas aidé. Tu t'es vendu au ministère, tu m'as forcé à me marier à Megalyn, tu m'as fait renoncé à Asteria, tu t'es servi de moi et de tout ce que j'ai construit au fil du temps pour servir ta petite entreprise. As-tu la moindre idée de tout ce que j'ai supporté, de tout ce temps passé à marcher sur des œufs, à faire attention à tout ce que je dis, à tout ce que je fais. J'aurais dû te haïr encore plus, mais je n'ai pas pu. Car en définitive, j'ai fini par trouver mon compte. J'ai fini par aimer Megalyn, par l'aimer sincèrement, Scorpius est le plus bel exemple de cet amour, tout ce que j'ai fait a finalement tenu, tu m'as même donné une place importante au sein de l'Ordre… Oui, malgré tout, je remontais la pente, je recommençais même à t'estimer. Tout ce que nous aurions pu faire… On était si proches de l'achèvement, nous aurions pu changer les choses. Puis la Confrérie de Minuit est arrivé et tu as tout gâché, tout ! »
Il avait craché ce dernier mot. Lucius n'eu pas la moindre réaction.
« Tu aurais mieux fait de crever ! Je le comprends maintenant, tu aurais mieux fait de refuser même si cela signait notre arrêt de mort à tous. A l'époque, j'étais d'accord avec toi, mais c'était la rage que je ressentais pour mère qui m'aveuglait, une colère si intense qu'elle m'a rangé à tes côtés un sacré bout de temps et qui m'a même conduit à te défendre face à Lestrange après mon petit écart à King's Cross. Si j'avais su… Regarde tout ce que ça nous a apporté. Aujourd'hui, l'Ordre n'est plus, la moitié quasiment de nos partisans ont rejoint ces monstres, il ne nous reste plus rien, rien ! Dix sept ans, dix sept longues années de travail réduites à néant en l'espace de six mois à peine. Et tout ça au bénéfice de ces abominations ! Je ne te l'ai pas dis, attend un peu que je te raconte ça, que tu saches pour qui tu t'es vendu. Tu te rappelle Reeve, celui que Lestrange a mutilé il y a quelques temps. Ce petit idiot… Il a failli anéantir les plans de leur maitre dégénéré. Ils ont un espion au ministère, je n'ai pas la moindre idée de qui ça peut bien être, tout ce que je sais, c'est qu'il est en relation avec Sockworth. Sockworth, tu sais, notre espion. Lestrange avait eu la bonne idée de lui donner Reeve comme coéquipier. Bien sûr, cette petite frappe n'a rien fait de bon et sans Sockworth, à l'heure qu'il est, le vampire espion serait neutralisé. Qu'est-ce qu'on aurait fait, nous, à la place d'une telle insubordination ? On l'aurais passé à tabac, on l'aurait peut-être chassé, en dernière extrémité, on l'aurait peut-être tué, mais c'est tout. Les vampires, non, eux, ils ne font pas les choses à moitié. En fait, Lestrange n'a pas tué Reeve. On aurait pu le croire avec un bras littéralement arraché mais non, les vampires l'ont gardé précieusement. Ils se servent de lui apparemment comme d'un jouet pour leur bestiole. Je ne sais pas ce que c'est que ces bêtes, je n'en avais jamais vu de telles, mais elles sont voraces. Reeve doit bien le savoir étant donné qu'il passe désormais son temps à se faire mâchouiller par ces saloperies. Les vampires doivent le protéger à l'aide de puissant sorts car je l'ai vu se faire trainer, se faire mordre, se faire déchiqueter vif sans qu'il ne perde conscience un seul instant. Il n'a cessé de hurler. J'en ai eu la nausée. Et Lestrange qui me dit que cette punition est peut-être moindre en vue de ce qu'il a fait. Là, j'ai vomi, je n'ai pas pu me retenir. » Une pause, Drago reprit son souffle. « Tu vois, maintenant, tu vois de quoi ces monstres sont capables ? Et puis, il y a tout le reste. Sockworth qui passe son temps au Département des Mystères à travailler sur cette fameuse Salle Close qui les intéresse tant – je le soupçonne de faire ses rapports directement à Lestrange mais je ne peux pas le prouver -, Megalyn qui est terrifiée et qui veut partir, elle veut me quitter, elle a peur de moi, peur de voir que je suis incapable de ne rien faire, et il y a Scorpius… » Ces yeux s'embuèrent pour la première fois. « C'est peut-être la chose la plus horrible que tu ne m'ais jamais faite. Lestrange prévoit d'en faire un vampire. Il ne m'a même pas demandé, il l'a imposé, il ne sait pas encore quand mais il va transformer le petit. Il va faire de mon fils un monstre, mon fils ! Rien ne serait arrivé si tu avais réagi dès le début, rien ! Je serais peut-être mort mais lui, il aurait vécu, il aurait eu une vie normale, il aurait eu ce que je n'ai jamais pu avoir ! Mais tu as tout gâché, tout ! Alors, écoute-moi bien, car je sais que quelque part dans ta caboche, tu m'écoutes, je ne laisserais pas mon fils devenir un vampire. Je m'y opposerais de toute mes forces même si cela signifie te sacrifier. Je me suis écrasé suffisamment longtemps, je ne serais plus un pantin. Non, père, je ne suis pas comme toi et je ne le serais jamais. Jamais ! »
Il hurla ce mot de toutes ses forces. Cela le jeta contre le dossier, le souffle court. Curieusement, il se sentait calme, lucide, léger. Comme s'il s'était enfin libéré d'un poids depuis trop longtemps porté. Il regarda son père. Non, il ne serait pas comme lui. La Confrérie de Minuit l'avait suffisamment manipulé. Il ne perdrait pas son fils comme Lucius l'avait perdu. Et si pour arriver à ses fins, il devait le faire, alors il le ferait.
Oui, il allait combattre la Confrérie de Minuit.
« Peuh… Lestrange avait raison… »
Son regard s'attarda sur la fenêtre. Au loin, des éclats rouges étaient visibles. Le ciel s'empourprait, le plan des vampires était en marche.
« Tu n'es qu'un bouffon dans des tenues d'apparats. »
Il resta de longues minutes silencieux, le regard rivé sur les lumières rouges. Derrière lui, des pas précipités approchaient. Il ne prit même pas la peine de tourner la tête lorsque trois personnes entrèrent dans la pièce.
« Monsieur, haleta Nott, le pays est en état d'alerte, des lumières rouges sont apparues partout, c'est la panique…
- Je sais tout ça, vous me prenez pour un imbécile ? cassa Malefoy d'un ton sec.
- Monsieur, enchaina l'ancien mangemort après une seconde d'hésitation. Il vaut mieux que vous ne restiez pas là, des agressions éclatent un peu partout, c'est dangereux de rester…
- Je t'ai dit que je savais tout ça, tu es sourd ou idiot ?!
- Euh… Mais…
- Foutez-moi le camp, maugréa-t-il, barrez-vous, quittez le pays tant que vous le pouvez encore. Rejoignez votre famille et partez loin de cette folie. Et si jamais vous ne pouvez pas partir, et bien… » Il eut un sourire malgré lui. « … commencez donc à prier. Oui, priez si tant est que vous croyez encore en quelque chose.
- Mais, et vous ?
- Nous restons. »
Malefoy ne semblait pas décidé à en rajouter et Nott semblait soudainement très pressé de prendre la poudre d'escampette. Il commença à faire demi-tour lorsque son maitre le rappela.
« Avant de partir, j'aimerais que tu fasses deux choses pour moi.
- Lesquelles, monsieur ?
- Préviens les groupes de l'Ordre disséminés dans la nature et dis leur de ne pas intervenir dans ce qui va se produire. Je n'aurais pas le temps de le faire moi-même, tu leur diras que c'est Père qui t'envoie.
- Bien, et la seconde.
- Ramène-moi Sockworth. J'ai à lui parler de toute urgence.
- Ce sera fait monsieur. »
Puis les pas précipités recommencèrent et Malefoy, sans se retourner, savait que les trois hommes s'en étaient allés. Il resta un moment sans bouger. Il allait avoir du travail dans les jours qui arrivaient. Un travail qui pourrait lui coûter la vie mais qui devait être fait.
Il regarda une dernière fois son père.
« Jamais… »
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« Restez avec moi ! Capitaine, il ne faut pas que vous vous endormiez, vous entendez ! Capitaine Moreau ! »
Le sergent Levers eut le plus grand mal à conserver une voix unie. Les éclats de ses équipiers en prise avec le dément, la nervosité palpable qu'elle ressentait de la part du soldat qui les couvrait et le capitaine qui était en train de se vider de son sang, cela faisait beaucoup en si peu de temps. La neige rouge imbibait le sang sombre du capitaine. Levers réitéra son ordre de ne pas s'endormir, mais Moreau sombrait inexorablement.
« Capitaine Moreau, restez avec moi ! Capitaine ! »
Tout était allé très vite. De là où elle était, elle n'avait pas pu voir le visage de l'homme mais l'expression du capitaine s'était figée en un masque de terreur. Elle s'apprêtait à réagir lorsqu'avec un cri de bête, l'homme s'était jeté sur Moreau. Tout deux avaient basculé dans le vide, la chute lui avait fait perdre sa baguette, le choc fut sonore. Moreau commença à crier, son cri se mut rapidement en un gargouillement mouillé. Levers et ses comparses furent sur eux rapidement, ils virent alors quelque chose qui souleva le cœur de la jeune femme.
L'homme était en train de lui arracher la gorge avec les dents. Avec des bruits horribles, il s'acharnait à lui arracher méthodiquement la peau. Moreau, sous le choc, n'était plus capable de faire quoique ce soit, son cri même n'était plus, il succombait.
« Stupéfix ! »
L'éclair rouge fondit sur le fou mais à la dernière seconde, il sauta en arrière et se tourna vers ses ravisseurs. Ils virent tous alors sa face ravagée, dévorée de l'intérieur, sa bouche dégoulinante de sang avec des morceaux de peau et des ligaments coincés entre les dents et ses yeux écarlates, brillants de folie. Cela les arrêtèrent une seconde, puis les sortilèges se mirent à pleuvoir, sans aucun résultat. Avec une dextérité surprenante, le dément s'était jeté en arrière et avait pris la fuite. Deux soldats se jetèrent sur ses traces tandis que le dernier accompagnait Levers auprès du capitaine Moreau. La sensorie jeta aussitôt un sortilège de pansage pour ralentir l'écoulement mais la plaie était atroce. Trop large, trop profonde, le sort fut très vite inutile. Elle défit alors son brassard et comprima la blessure avec. Mais très vite, le tissu blanc vira au rouge. Ils le perdaient. C'était incroyable qu'il soit encore conscient.
« Capitaine !
- Il va s'en sortir, hein ? s'enquit nerveusement le soldat en faction.
- J'en sais rien. Aidez moi, il faut le ramenez au camp le plus vite possible. »
Derrière eux, des bruits de pas se firent entendre. Les deux autres français revenaient. Bredouille.
« Où est-il ? gueula le jeune soldat, où il est cet enfant de salaud ?!
- Sais pas, murmura l'un des deux poursuivants en haussant les épaules, il nous a échappé, il courait vachement vite.
- Mais bordel, c'était quoi, ça ?! cria le dernier, qu'est-ce qui lui a pris à ce type ? Non, mais vous avez vu ça ?!
- Ca ressemblait à un Inféri. Après tout, il était peut-être mort.
- Non, il était vivant, je suis formelle, intervint Levers.
- Mais alors vous expliquez ça comment, sergent ?! »
Levers n'avait aucune explication et aucune envie d'en chercher une pour le moment. Plus tard, il faudrait expliquer ce brusque accès de violence chez un homme a priori sain d'esprit mais pour le moment, il y avait un blessé à sauver.
« Nous verrons ça plus tard, soldat. Il faut ramener le capitaine Moreau, tout les deux vous… »
Elle se tût, brusquement glacée. Ses sens magiques l'avaient emporté et une peur terrible lui broyait le cœur. Elle sentait… Mon dieu, c'était eux, elle les sentait approcher, ils étaient là.
« Vite ! hurla-t-elle en soulevant le corps de Moreau sans aucune précaution avec un sort de lévitation. On s'en va, on n'a plus le temps ! Il faut rejoindre le camp, tout de suite !
- Mais qu'est-ce qui se passe, sergent ?!
- Les vampires. Ils arrivent. Je les sens. »
Les trois hommes pâlirent.
« Beaucoup ? »
Elle ne répondit pas tout de suite.
« Des dizaines, des centaines ! »
Livides, les trois soldats ne cherchèrent pas à discuter (personne ne discutait les perceptions extra sensorielle de Julie Levers) et emboitèrent le pas de la jeune femme. Aucun d'entre eux ne pensa à ramasser la baguette de Moreau, ils n'espéraient tous qu'une chose : arriver au camp avant que les vampires ne les rattrape.
Deux minutes, des dizaines de pas écrasèrent la neige fraiche.
L'armée de Janus était arrivée.
