1 avril 2018, Gotham City
La lune rayonnait de sa pâleur majestueuse dans la nuit noire de Gotham. Dans les rues, la fin de la journée ne semblait pas affecter la vie des passants presque toujours aussi nombreux, affairés à leurs petites activités. Des groupes de jeunes flânaient, à la recherche d'un bar ou d'un autre endroit à la pointe de la tendance. Des employés en costumes sortaient de pub miteux, déjà saouls, et se dirigeaient en titubant vers leurs appartements pour y retrouver leurs femmes hurlantes et enfants endormis. Les créatures de ma nuit en tout genre ; drogués, fêtards et dragueurs insatiable se partageaient le quartier moderne de New-Gotham. Bien sûr, quand on ne regardait que cela, la cité semblait calme et tout à fais banale, semblable à toutes autres mégalopoles américaines. Pourtant, si l'on observait un peu plus en détail dans les ruelles et impasses sombres, apparaissaient le côté sombre de la population. Les dealeurs réglaient leurs affaires à coup de battes derrières les poubelles. Les prostitués fumaient leurs clopes adossés aux murs des salons de strip-tease, attendant leurs prochains clients. Plus loin, des hommes de main montés la garde devant un club de poker où leur patron négociait un contrat. Mais tous ces gens, qu'ils travaillent de jour ou de nuit pensaient à la même chose, le même souvenir qu'ils partageaient tous ; celui de l'attentat du Joker.
Ces explosions qui avaient ravagés la ville comme un simple château de carte, faisant tomber les immeubles comme les cadavres. Certains cauchemardaient encore de ces flammes montant dans le ciel jusqu'à lécher les nuages, de ce capharnaüm de bruit de bombes, des hurlements plaintifs, des appels à l'aide, des gémissements plaintifs, mourants... D'autres pleuraient leurs proches perdues sans raison, sacrifiés sur l'hôtel de la folie. Parmi ces endeuillés, une adolescente d'à peine 16ans fixait le monument aux morts de cet attentat. Érigé au centre d'une place public circulaire, elle-même située sur l'emplacement de l'une des anciennes explosions du malade, la grande statue représentant une colombe semblait resplendir presque autant que l'astre lunaire dans le ciel, posée sur un bloc de marbre banc gravé de plusieurs centaines de noms, prénom et âge. En les lisant, on percevait presque la vie que menaient ces gens avant, leurs liens familiaux, leurs habitudes… Comme une dernière illusion de vivant. La fille en fixait deux particulièrement, d'un couple sûrement vue leurs noms; Peter Moss,44ans et Danielle Moss, 45ans.
Sous la pâle lumière de la nuit, un jeune homme semblant à peine plus âgé s'avançait vers elle. Ses cheveux mi-longs noirs de jais étaient attachés en chignon à son crâne alors qu'une mèche retombait retombait sur son visage, en cachant la moitié gauche. Ses épaisses lunettes de soleil teinté et son long manteau en laine, le col relevé sur son cou, lui donnaient un style suspicieux pourtant tout dans son allure, sa façons de marcher, son sourire semblait indiquer l'inverse. Délicatement il posa sa main sur l'épaule de l'adolescente qui tourna le regard vers lui. En silence, ils se regardèrent pendant de longues secondes. Les yeux des deux semblaient embrumés de larmes. Eux aussi partageaient le souvenir de ce jour de mort et de terreur. On comprenait dans leurs regards que ce qu'il avait vécu ce jour là était très important pour les deux.
« Tu ne devrais pas rester toute seule à te morfondre Tess.
-C'est pour ça que tu es là Tim, non? Pour me répéter que la vie continue et qu'il faut avoir espoir »
Il souri à la réplique tranchante de son amie. Tant qu'elle gardait son humour acerbe, cela voulait dire qu'elle gardait la forme. C'était un peu son baromètre d'humeur. Tess sortit ses mains gantées des poches de son épais blouson et le frotta pour se réchauffer. Elle resta un instant à observer le bracelet en fil bleue et décoré d'un petit T en bois accroché à son poignet droit. Tim remarquant ce détail, il sortit sa main gauche de son manteau. Il portait exactement le même bracelet qu'elle. Leurs mains se joignirent pour se croiser comme deux frères nouant un pacte les liants pour la vie. Ils sourirent. Après un silence, le jeune homme prit la parole.
« Oui, je suis là, et je serais toujours là pour te dire de garder espoir et de te battre
-Et je resterais auprès de toi, moi aussi... Jusqu'à la mort. »
2 avril 2016, même lieu
Une gamine de 14ans s'avançait à travers les décombres de bâtiments et hurlait à l'aide. Elle tenait son bras gauche sans vie de son autre main, le visage déformé par la douleur beaucoup trop forte pour une enfant de son âge. Aucun bruit à l'horizon, elle était seule, terrorisée et tremblante. Elle se laissa tomber en avant sur les genoux. Personne pour l'aider. Sans un bruit, les larmes commencèrent à couler sur son visage sans qu'elle ne puisse les arrêter, de plus en plus grosses et rapides. Les souvenirs de la veille défilaient dans son esprit et écrasaient toutes autres pensées. Elle avait crue y échapper en s'endormant sur le canapé d'un magasin en ruine mais, le cauchemar continuait même à son réveil. Elle se demandait quand tout cela finirait ; qu'elle pourrait enfin rentrer chez elle pour retrouver ses parents et se reposer. Elle grimaça subitement. Une douleur lui transperçait son avant-bras, où ce qu'il en restait du moins. Elle se releva et continua d'avancer sans vraiment savoir où. Les décombres s'étendaient à perte de vue, l'empêchant de se diriger. Elle marchait donc depuis presque trois quart d'heures à travers les débris sans aucune idée de sa direction. Soudain, elle entendit un gémissement.
Elle regarda autour d'elle. Plusieurs bouts de cadavre émergeaient de sous des décombres sans qu'elle sache qui pouvait avoir provoqué ce bruit. Il s'agissait d'un humain, elle en était sûre. Elle hurla, appelant de nouveau à l'aide. Un second appel plaintif lui répondit. Elle en repéra alors l'origine. Mettant de côté sa douleur et sa fatigue, elle commença à trotter vers l'origine du son. Un grand feu s'en échappait. Elle chercha du regard un extincteur. . Presque par cadeau du ciel, elle en repéra un pas trop éloigné qu'elle partit immédiatement chercher. Elle remercia un instant sa mère d'être femme pompier et de lui avoir montré le fonctionnent d'un de ses objets et l'activa, commençant immédiatement à réduire les flammes. Son coeur se serra en pensant à sa famille. Elle espérait qu'ils soient toujours en vie bien qu'au fond d'elle, elle sache bien que ce le contraire serait plus logique. Son père se trouvait surement à la maison hier lors du début des explosions, sa mère en service aurait surement sauté au centre de l'action pour sauver des civils blessés
Une larme coula sur sa joue alors que le feu finissait de s'éteindre. En découvrant ce qu'il ce trouvait à moitié sous le brasier, elle dut se retenir de vomir. Le corps d'un adolescent de son âge se trouvait sous les décombres, le corps en partie calciné. Et aussi étrange que ce soit, il s'agissait de Red Robin, l'un des partenaires de Batman. Elle sauta dans les débris, se demandant s'il vivait encore. Elle frissonnait d'effroi mais tentait de se calmer, se concentrant sur sa respiration. Elle le regarda un instant et essaya de se souvenir des cours de premiers secours qu'on lui avait dispensé durant sa première année de collège. Son premier réflexe fut de mettre deux doigts sur le cou du jeune homme pour vérifier s'il respirait encore mais, son masque, même à moitié brulé, l'en empêchait. Elle hésita un instant à le retirer, s'il portait un costume s'était pour cacher quelque chose et découvrir son identité secrète sans sa permission ne l'enchantait pas. Mais si elle voulait l'aider, elle allait devoir le faire. La jeune fille se décida donc à lui retirer son masque, révélant un visage et une chevelure brulée, recouverte de cloques et de plaques rouges.
Elle posa sa main gauche encore valide sur sa bouche pour se retenir de vomir tant la vue de la peau calcinée était répugnante. Regardant le moins possible le jeune homme, elle posa deux doigts sur son cou pour vérifier sa respiration. A sa plus grande joie, elle était présente. Un sourire illumina le visage de la jeune fille, un survivant, enfin... Elle essaya de le réveiller, lui tapotant légèrement la joue, criant, mais rien n'y faisait, il restait dans les pommes. Elle le regarda, ne sachant pas quoi faire. Elle ne sentait elle-même plus son avant bras depuis qu'un décombres de bâtiments lui était tombé dessus alors soigner quelqu'un d'autres, c'était impossible. Elle ne pouvait qu'attendre.
Une heure, deux, trois ou six passèrent dans les décombres. La jeune fille avait finie par s'endormir à même le sol, épuisé par sa marche de la journée. Du bout des doigts, elle tenait la main de red robin, comme pour lui donner de la force même dans son sommeil. Lorsqu'elle se réveilla, un homme en tenue de super héro était accroupi à côté d'elle, la regardant avec pitié et tendresse. Prise de surprise, elle se releva d'un seul trait en hurlant. Elle comprit en deux secondes son erreur quand la douleur de son bras droit la saisit vivement. Elle regarda le super héro face à lui et cru reconnaitre le costume. Il lui rappelait celui du sauveur de BludHaeven dont elle ne se souvenait pas le nom, Nighttruc, DarkNight, BlackNight... Impossible de se souvenir. Elle croisa un instant son regard et se sentit en confiance. Il respirait l'honnêteté et la gentillesse sans qu'elle ne sache pourquoi.
« Vous êtes venue le chercher ? Je vous en prie aidez nous.
-Oui, bien sur. Je vais l'aider. On va te déposer à l'hôpital et après tu pourras rejoindre ta famille.
-Ils ne me répondent plus depuis hier monsieur, je ne pense pas qu'ils soient encore ... Dit-elle après un silence »
Il la regarda un instant sans rien dire puis posa doucement une main sur son épaule.
« On va t'aider, dit moi juste comment tu t'appelles.
-Tess Moss, monsieur."
