Bon, Kim m'a convaincue! Saleté! Comme si j'avais pas assez de trucs à faire! *prépare le lance-cookies!* Je ne sais pas si je pourrai tenir votre rythme, les filles, j'ai vraiment trop de travail mais après tout, c'est vrai que c'est un bon moyen de renouer avec ces personnages!

J'ose espérer que tout le monde a reconnu le titre du recueil! ;D Cette merveilleuse phrase, si simple, n'est pas de moi mais de notre cher Proust (bien que je lui préfère de loin Céline!)


Coussin

Un coussin, c'est un petit morceau de toile contenant du coton. C'est un petit rien. Souvent mis sur le lit, parfois à même le sol, effleuré du bout du pied nu, on ne lui prête pas attention.

Pourtant, aussi étrange que cela paraisse, le coussin est bien plus que cela. Il est une invitation au voyage, un ticket d'entrée, trop souvent négligé, pour le plus tendre pays qui soit, celui du doux repos. Ainsi calé contre lui, recroquevillé en chien de fusil, l'endormi quitte pour un temps ce monde violent, comme une parenthèse placée au milieu d'une phrase confuse. Si le rêve est trop intense, le coussin, toujours lui, se laissera être enserré par des bras fébriles que le songe rendait tremblant.

Le coussin n'est pas un simple coussin, il est spécial. Notamment parce que quelqu'un de particulier s'est laissé sombrer dans les vapes du sommeil auprès de lui. On peut y voir quelques uns de ses cheveux bruns, y sentir des brumes de son odeur, percevoir la marque que sa joue y aurait laissé… Peut-être.

Elle erre, hagarde. La maison est silencieuse. Fini le tumulte, fini les cris de Ren et d'Horo, fini les blagues vaseuses de Chocolove, fini le rire doux et discret de Faust, fini les discussions entre Ryu et Manta… Oui, fini. Tout est fini.

Elle rate une marche. Du sang coule lorsque sa lèvre heurte l'escalier de bois. Elle se relève un peu, titube, la tête basse, la vue troublée par les larmes et la fièvre. Elle manque de se prendre le pied dans le tapis poussiéreux, un sourire esquisse alors ses lèvres sanguinolentes. Anna… Qu'aurait-elle pensé?

Elle finit par arriver jusqu'à la chambre de l'équipe et, d'un coup, comme si elle avait retrouvé ses forces, se jette sur le lit et saisit le coussin. Oui, c'est lui. C'est le coussin. Assise sur un lit qu'elle n'avait jamais osé touché, elle plonge son visage dans le tissu, l'enserrant aussi fort que possible, manquant presque de le déchirer, humant son odeur à s'en enivrer. Pendant quelques instants, elle est soulagée. Il est là. Avec elle. Elle tente de se ressaisir, mais ne peut en détacher sa figure. Elle sent les quelques mèches brunes chatouiller sa joue rosie.

Saoule de ce parfum qui troublait ses sens, aveuglée par son illusion, la jeune fille ne vit pas les flammes ravager, mordre les piliers de bois de la petite bâtisse. Elle enfouit son nez davantage, mordant presque le coton, avant que de crier son nom.