Je suis en pleine écriture de "Contrôle-toi" mais une idée m'est venue sans qu'elle ne veuille me quitter. J'espère que cet OS vous plaira !


La peur

Un hurlement me sort de mon inconscience, ma vision est brouillée. Je regarde autour de moi, j'essaie de savoir d'où vient ce cri, mais je crois que je n'entends plus que d'une oreille. J'ai mal, tellement mal. Je ferme les yeux pour les rouvrir, mais je crois que j'ai un problème de vue aussi, tout est flou, tout est rouge. Que se passe-t-il ?

Un autre hurlement de souffrance plus fort que les autres m'interpelle. Je connais cette voix, à qui est-elle ? Ma tête roule de l'autre côté, dans l'espoir de voir quelque chose. Je vois au loin quelqu'un dont le corps forme un angle étrange, je le remarque même avec le brouillard devant mes yeux. Je vois le corps trembler, voler à quelques centimètres du sol pour retomber lourdement dessus. Et j'entends un rire, son rire. Voldemort.

Tout me revient avec violence, c'est encore plus douloureux que mon corps, plus douloureux que le souvenir de ma torture. Voldemort a découvert ma trahison et Harry est venu me secourir. Ma vue devient de plus en plus nette, jusqu'à ce que je puisse voir clairement Harry à terre, à deux mètres de moi. J'entends à peine les sorts qui lui sont lancés, mais je vois nettement son corps subir les brulures, les coupures et ce qui est, sans aucun doute possibles, le Doloris. Il y a du sang, beaucoup trop de sang. Il coule dans un flot presque continu et si je ne l'entendais pas hurler de douleur je penserais qu'il serait déjà mort.

- Arrêtez… Essayai-je de dire d'une voix rocailleuse qui se brisa, moi aussi j'avais trop hurlé de douleur.

Un rire, encore celui du Lord. Une haine monte en moi, j'aimerais me lever et le tuer de mes propres mains, sans baguette, juste serrer mes mains autour de son cou et sentir la vie s'échapper de lui. Je me délecterai de voir ses yeux s'éteindre, de voir son corps s'affaisser comme une vulgaire poupée de chiffon. Mais je suis là, totalement impuissant.

- Le traitre consent enfin à revenir parmi nous ? S'amusa Lucius avant de rire.

- Tant mieux. Fit Voldemort. J'aimerais qu'il voie son amant se faire violer.

Des rires graveleux se firent entendre, l'idée plaisait grandement aux Mangemorts, j'étais révolté et terrifié. Non, non, il ne fallait pas. Pas à cause de moi. Je peux clairement voir Lucius tirer sans douceur sur le pantalon d'Harry, j'essaie de me lever difficilement et un coup de pied dans mes côtes déjà cassées me refit tomber à terre dans une douleur fulgurante. Mais peu m'importait, Harry était là, Harry allait être… Je ne voulais même pas l'imaginer...

Je ne m'aperçus pas que les larmes avaient commencé à couler le long de mes joues, mais je sentis nettement une vague de magie pure emplir la pièce et imploser. En une seconde, tous les Mangemorts et même le Lord furent projetés loin de nous, les vitres volèrent en éclat, le lustre du plafond tomba lourdement au sol répandant ses cristaux brisés en mille morceaux.

J'arrive à ramper jusqu'à Harry, j'ai mal mais quelque chose de bien plus inquiétant m'interpelle. Harry ne respire plus.

Un hurlement de terreur se fait entendre, ainsi qu'un grondement assourdissant. Je me lève en sursaut dans mon lit. Un cauchemar… Ce n'était qu'un cauchemar, enfin… Un souvenir. Ma main se pose automatique sur ma droite, mais Harry ne s'y trouve pas. Je ramène ma main à mon visage et essuie les larmes qui ont commencé à couler pendant mon cauchemar.

J'entends très nettement la pluie sur les vitres, cela à un effet apaisant sur moi. Un éclair brise la nuit et un cri de peur se fait entendre, suivi peu après du grondement de l'orage. Je prends ma baguette et me lève.

Je marche rapidement jusqu'à la chambre de mon fils pour le retrouver recroquevillé sous sa couverture.

- Théo, c'est moi. Dis-je doucement en approchant du lit de mon fils pour m'y assoir.

J'invoque deux flammes pour illuminer légèrement la chambre. Je pose ma main, par-dessus les couvertures, sur mon fils. Puis je la retire doucement pour ne pas lui faire peur. Il est recroquevillé les genoux contre son torse avec sa veilleuse dans les bras, veilleuse qui n'est autre qu'une flamme enfermée dans un pot incassable que Théo ne peut ouvrir.

- J'ai peur. Me fit la voix tremblotante de Théo, honteux d'avouer ce fait.

- C'est ce que je vois. Dis-je doucement en lui caressant les cheveux. Tu me fais une place ? Demandai-je simplement.

Trop heureux, Théo s'écarta jusqu'à être au bord du lit. Je m'allonge sur son lit et reçois dans mes bras la masse tremblotante de mon fils de six ans quand un éclair illumina de nouveau la chambre. Je remets la couverture sur nous pour lui assurer ce sentiment de sécurité qu'une simple couverture peut offrir.

- Tu restes avec moi ? Demanda-t-il craintivement.

- Bien sûr. Répondis-je calmement alors qu'il se détendait doucement dans mes bras. Tu sais ce qu'on dit des orages ? Demandai-je après quelques minutes de silence à le sentir se tendre chaque fois que l'orage se faisait entendre ou voir.

- Non. Dit-il d'une toute petite voix.

- On dit que dès que l'on voit un éclair, il faut compter chaque seconde jusqu'à ce qu'on entende l'orage. Et ce nombre correspond aux nombres de kilomètres qui nous séparent de l'orage.

- C'est vrai ? Demanda-t-il les yeux brillants, heureux d'avoir appris quelque chose.

- Oui. Dis-je d'un ton sérieux, sachant parfaitement que ce n'était pas exactement ça, mais il était trop jeune pour le calculer vraiment. On essaie ?

- Oui ! Fit-il heureux.

Un éclair illumina la pièce et Théo et moi comptions calmement le nombre de secondes.

- Dix ! Il est à dix kimomètres ? Demanda-t-il sérieusement.

- Dix kilomètres, oui.

Théo fut heureux d'avoir réussi à compter. On compta encore et encore jusqu'à ce que l'orage se fasse si loin que Théo ne savait plus compter. Mais cela l'amusait beaucoup de m'entendre compter.

- Ohlala. Fit-il en riant. Il est tellement loin que je connais pas les chiffres ! Fit-il heureux.

- Plus aucune crainte à avoir alors ! Dis-je sérieusement en me séparant doucement de lui pour le laisser seul dans son lit. L'orage est passé ! Rajoutai-je en l'embrassant sur le front.

- Désolé, Papa.

- De quoi, Théo ? Demandai-je doucement en m'agenouillant devant son lit.

- D'avoir eu peur. Dit-il tristement.

- Théo, tu n'as pas à avoir honte d'avoir eu peur. Dis-je en lui ébouriffants ses cheveux naturellement en pagaille.

- Toi aussi tu as eu peur, Papa ?

- Oui, mais pas de l'orage. Répondis-je sincèrement. J'ai fait un cauchemar. Murmurai-je sur le ton de la confidence.

- Oh ! Je te concolerai la prochaine fois ! Fit-il en souriant avant de bâiller, proche du sommeil.

- Tu me consoles déjà, Théo. Murmurai-je à mon fils endormi.

Un dernier baiser sur le front et je partis en éteignant les flammes que j'avais invoquées, à par celle de la veilleuse de mon fils que j'avais replacé à sa place, sur sa table de nuit.

Après un détour rapide par la cuisine pour boire un verre d'eau, je repars dans ma chambre pour y découvrir mon mari sortant nu de la salle de bain.

- J'ai eu peur que tu ne reviennes jamais. Dis-je soulagé qu'il soit là.

- Ça a duré plus longtemps que prévu. Avoua-t-il en se couchant épuisé. Mais elles vont bien toutes les deux. Fit-il avec un sourire heureux. Théo a eu peur de l'orage ?

Je confirme d'un signe de tête avant de me coucher à ses côtés. Quand il s'était lancé pour faire Médicomage, je n'aurais jamais pensé une seconde qu'il partirait en pleine nuit. Mais sa meilleure amie ne voulait que lui pour l'accoucher.

- Comment s'appelle-t-elle ? Demandai-je simplement en enserrant mon mari dans mes bras.

- Rose. Rose Weasley. Elle aura sans aucun doute les cheveux de sa mère. Dit-il en riant.

- Tu m'as manqué. Avouai-je en repensant à mon cauchemar en passant ma main sur une de ses nombreuses cicatrices.

- Je peux pas dire que toi aussi, j'avais les mains et les yeux sur une partie de ma meilleure amie que je n'aurais jamais pensé voir un jour ! Dit-il en se retenant de rire.

- Hé ! Répondis-je faussement vexé. Alors pendant que je suis un pauvre homme malheureux s'occupant de notre fils, toi tu m'abandonnes pour une jolie fille ?

- Deux jolies filles ! Rectifia-t-il avant de recevoir mon oreiller sur la tête en signe d'indignation.

Je me penche sur lui pour l'embrasser tendrement. J'ai besoin de le sentir contre moi, vivant, respirant, riant, souriant, heureux. Je fais des cauchemars chaque fois qu'il n'est pas là, et ce soir j'ai besoin de lui, besoin d'oublier ce qu'il a subi à cause de moi. Je me sépare de lui pour reprendre mon souffle, sa main effleure ma joue pour essuyer une larme que je n'avais pas sentie couler.

- Nous sommes en vie, Severus. Amoureux et mariés. Les heureux parents d'un petit garçon. Je ne regrette aucunement ma vie, même si j'ai dû passer par toutes ses épreuves. Ça en valait largement la peine. Dit-il en déposant un nouveau baiser sur mes lèvres, plus chaste et doux.

- Je t'aime tellement Harry.

- J'espère bien ! Dit-il en souriant pour détendre l'atmosphère. Je t'aime aussi Severus. Et malgré ma fatigue, j'espère que j'aurai le temps de voir à quel point tu m'aimes avant de m'endormir.

- Crois-moi morveux, tu n'auras plus envie de dormir de la nuit dans quelques secondes…

Fin