Avant-propos : Le fait que je fasse une fanfic sur Silent Hill dénote bien évidemment que je suis fan de ce jeu. Mais, comment tous les fans je pense, ce qui j'admire vraiment est l'univers de Silent Hill. Car au travers des opus 1 à 4, on a pu voir un monde de cauchemar sans aucune limite, changeant de forme selon les personnes, un monde qui peut accueillir tant de monde.

Ma fic rejoint plus le genre de SH2 dans l'histoire. Le 1 et le 3 racontaient l'histoire principal de la Vallée Silencieuse, alors que le 4 se déroulait ailleurs et la malédiction s'y propageait par le biais de Walter Sullivan. C'était donc SH2 qui devait me servir de base. Les personnages que j'amène sont tous de ma création même si inspirés d'autres. Je vous prie donc de ne pas vous en servir. L'univers de Silent Hill appartient à Konami, mais étant donné sa relativité particulière, je prend la liberté de le modeler.

Essayant de rejoindre l'esprit des jeux, je vais essayer de mêler le psychologique à la progression d'une aventure de survival-horror. Pour le pitch général, un père de famille, une flic, un jeune informaticien grassouillet, un vieil homme, une grandmère en chaise roulante escortée par son grand dadais de petit-fils et deux frère et soeurs faux jumeaux mais très semblables, vont se retrouver plonger dans la ville et pour chacun l'horreur aura un parfum et un goût différent. Je ne sais pas exactement quelle va être la durée de la fic, cela dépendra surtout de la longueur des développements puisque même si pas rédigée, j'ai déjà la fin dans ma tête.

Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de fans français de Silent Hill qui passent sur fanfiction, mais s'il en est, je leur souhaite bonne lecture.


DAVID HARKER

Même pas dans la boîte à lettre. Glissée sous la porte. Comme de façon à ce que je ne puisse pas la rater en descendant les escaliers qui se trouvent face à la porte d'entrée. Je dormais à l'étage. Une sorte d'énorme chambre de plusieurs pièces. Ca n'avait aucun sens de garder une si grande demeure, mais le souvenir est comme la plus puissante des chaînes, bien qu'elle soit invisible. Son souvenir. Je n'avais qu'à regarder la table basse du salon pour la voir dessiner. Je n'avais qu'à regarder le plan de travail de la cuisine pour la voir monter dessus afin d'atteindre la boîte de gâteaux sur le meuble au-dessus. Et quand je regardais sa chambre… Je ne voulais pas voir quoi que ce soit. Ne serait-ce que l'imaginer dormir paisiblement. Car je savais que cette vision serait aussitôt contrastée par la vision de la même petite fille, ma petite fille, en train de me regarder d'un air incrédule, ne saisissant pas que le flot de sang ayant fait de sa modeste robe blanche une parure mortuaire d'un rouge bordeaux signifiait sa fin. Tandis que je ne bougeai pas, bloqué et incrédule moi aussi. Une telle horreur ne pouvait arriver à un être humain. Non. Et je parle de moi en disant cela.

Glissée sous la porte. Comme de façon à ce que je ne puisse pas la rater. Comme si la personne savait. Une feuille jaunie. Je m'approchai et ma main se mit à trembler sans que je comprenne le pourquoi. Sans doute était-ce une manifestation de mon subconscient qui savait de qui venait cette lettre, un subconscient qui espérait l'impossible. Un impossible qui se réalisa devant mes yeux lorsque je dépliai la feuille. Mes jambes se dérobèrent lorsque je reconnus l'écriture et je tombai sur le parquet, fixant le plafond, la feuille sur la poitrine. Je n'osai plus regarder la feuille et cherchai. Je cherchai pendant je ne sais combien d'heures.

Où pouvait être l'erreur ? A quel moment m'étais-je trompé de jugement ? A quel moment m'avait-on menti ? Ou alors… Qui ? Qui pouvait faire une farce pareille ? Qui savait ? Et qui pouvait si bien l'imiter ? Ces dernières questions furent éludées par l'espoir qui me gagnait. Ma raison finit par être engloutie par mon imagination, une espèce de gouffre vers un bonheur traître, qui pouvait à tout moment devenir une douleur insupportable.

J'aurais du jeter cette lettre. Mais non. L'imagination était trop forte, l'espoir trop envahissant. Je me redressai et lut cette écriture encore hésitante de l'enfance. Une fois ma lecture finie, je me levai, montai dans ma chambre, sortit une boîte à chaussure, l'ouvrit et dépliai avec appréhension une carte routière qui s'y trouvait. C'était comme rouvrir une plaie horriblement douloureuse. Mais l'espoir faisait office de morphine et je cherchai le petit cercle que j'avais tracé nerveusement au marqueur noir. Comme je le pensais. C'était juste à côté. Cela correspondait. Avais-je pu me tromper ce jour sanglant ? M'avait-elle réellement quittée ?

Même si tout cela était invraisemblable, je décidai d'accepter l'invitation de la lettre. Après tout, la vie était tout aussi invraisemblable sans elle, je n'avais donc rien à y perdre.

BROUILLARD DE CENDRES

David Harker se gara sur le bas-côté, tandis que son cœur battait à tout rompre. D'une part parce qu'il était presque arrivé à destination. Et d'autre part parce qu'il venait de prendre un choc. Il regarda fixement pendant une minute le panneau de signalisation placé au-dessus de la route et qui indiquait :

Silent Hill – CONDAMNE

Ce n'était pas possible. Il devait y aller. Il ne pouvait pas s'être trompé. Alors il irait à pied s'il le fallait mais il irait. Silent Hill l'attendait. Elle l'y attendait. Il tourna donc à droite et longea la route à deux voies, s'attendant à tout moment à rencontre une grille qui arrêterait sa progression. Il finit par remarquer qu'une brume peu à peu s'étendait autour de la route. Il alluma ses phares et ralentit, ne voulant rien risquer si près du but. Des flocons vinrent finalement s'écraser sur son pare-brise. Jurant, David mit les essuie-glace en route, mais ceux-ci ne remplissaient qu'à moitié leur office : les flocons gris laissaient une trace trouble sur la vitre avant. Intrigué et un peu inquiet, David arrêta la voiture sur le bas-côté et en sortit pour étudier ce qui tombait du ciel – ou du moins ce qui émergeait de la brume par le haut car il ne voyait pas au-delà de dix mètres à la ronde.

Il laissa tomber quelques flocons sur sa main et les pressa entre ses doigts. Il eut alors un frisson dans le dos. D'après la texture et la trace grise sur ses doigts, ce qui tombait du ciel était de la cendre. De la cendre. Pour David, il n'y avait qu'une explication à de la cendre en suspension : un incendie. Or on n'entendait rien, et il n'y avait pas d'odeur de fumée. Il regarda tout autour de lui, puis se pinça fort. Il ne rêvait pas, et en dehors de la cendre, tout semblait normal. Il rentra dans sa voiture avant d'être lui-même couvert de flocons de cendre et réfléchit pour trouver une explication logique. Mais il n'y en avait pas. De la cendre qui tombait comme de la neige était un phénomène inexplicable.

Puis il eut un petit rire nerveux en regardant la lettre sur le siège passager avant. Ca non plus ce n'était pas explicable. Et pourtant il marchait, parce que c'était trop vrai pour ne pas tenter le coup. Plongeait-il dans un monde parallèle, fait de surnaturel et d'illogique ? Peut-être après tout. Il avait foncé tête baissée, ne pensant qu'à elle. Mais à présent près du but, il réalisait que ce n'était pas logique, normal, scientifique, naturel, tout ce qu'on voulait, etil s'en fichait. Alors il acceptait la cendre, il n'allait pas chercher plus loin. De la cendre tombait comme de la neige et ça ne le dérangeait pas. Le mot « folie » lui traversa l'esprit, mais il n'était plus à ça près. Pour les autres, il était déjà perdu.

Il redémarra et s'avança, s'attendant toujours à une barricade pour l'empêcher de progresser. Mais il ne voyait rien. Soudain il entendit un cliquetis métallique compliqué grinçant et qui se conclut par un gros bruit sourd. Il freina brusquement et sortit en se demandant s'il avait roulé sur quelque chose ou franchit un obstacle sans s'en rendre compte, mais ce qu'il découvrit l'étonna davantage que la cendre. Il en fut même inquiet.

Une énorme double-porte en métal, rapiécée de partout par de la tôle froissée fermait la voie derrière lui. Elle était condamnée par une multitude de chaînes rouillées mais épaisses et David ne voyait d'ailleurs aucune poignée. Il regarda sur les côtés de la porte : à sa droite une falaise, à sa gauche un fossé. Il était coincé de ce côté là…

Il resta devant la porte pendant un moment, se demandant quoi faire. Puis il repensa à la lettre et conclut qu'il aurait le temps de trouver une solution plus tard. Il était coincé du bon côté, c'était déjà une bonne chose. La retrouver passait en priorité. Il se dirigea vers la voiture en repensant au panneau. L'inscription disait juste… Il était condamné dans Silent Hill. Apparemment.

Il reprit sa route et finit par atteindre une sorte d'aire de repos devant laquelle se dressait un tunnel. Quelques voitures étaient garées ça et là, mais aucune de trace de qui que ce soit. La brume semblait s'être légèrement dissipée, mais la cendre tombait toujours. Il remarqua en contrebas de la route ce qui semblait être un lac. Un lac qui lui donne une étrange impression de déjà-vu. Il hésita à garer la voiture ici et à continuer à pied, puis finalement se dit qu'il valait mieux garder la voiture avec lui, au cas où il aurait besoin de partir précipitamment. Il ignorait pourquoi, mais une petite voix intérieure lui disait qu'au-delà de celle qu'il venait chercher, des dangers attendaient David.

Tout en s'enfonçant dans le tunnel non éclairé, l'homme s'en voulut de ne pas s'être renseigné sur la ville avant et de ne pas avoir pris de plan avec lui. Il ne voyait pas pour l'instant le bout du tunnel, mais la route tournant, cela semblait normal. Le marquage au sol était très abîmé et parfois la ligne discontinue disparaissait littéralement. Il n'aimait pas les ténèbres silencieuses dans lesquelles il s'était enfoncé. Seuls les phares de la voiture et le tableau de bord fournissait de la lumière. Il ne voyait rien par les fenêtres et encore moins dans les rétroviseurs. Il commença à se sentir angoissé, confiné dans cette voiture avec comme seul repère la lumière des phares. Même en plein phares, ces derniers ne lui apportaient qu'un réconfort suffisant pour ne pas paniquer. Il décida donc de mettre la radio. Ce ne fut qu'une fois qu'il l'eut allumée et qu'un grésillement bas et régulier sortit des enceintes qu'il se souvint être dans un tunnel, privé de réception. Il déglutit avec difficulté et se concentra sur celle qu'il allait retrouver pour éviter de penser à l'obscurité omniprésente. C'était la première fois depuis longtemps que penser à elle lui apportait du réconfort plutôt que du désespoir. Il laissa la radio grésiller tranquillement afin de perturber l'ambiance sonore. Le seul bruit du moteur n'était pas suffisant, il lui fallait du bruit pour saturer l'air, briser au possible le silence du dehors.

Il dirigea sa main vers le bouton du volume, mais le grésillement augmenta tout seul, alors ponctué par des sons aigus et graves et des petites explosions, comme si la radio était devenue démente. Il ne toucha à rien, hésitant entre paniquer et se rassurer du bruit. La réception de quelque chose dans un tunnel était encore un fait surnaturel, mais celui-ci stressait beaucoup plus que la tombée lente d'une cendre douce. La main toujours à proximité du bouton du volume qui pouvait faire cesser cette hérésie radiophonique, il la retira vivement lorsqu'une voix, fortement couverte par les grésillements, se distingua cependant de ceux-ci.

« … Suis contente… Venu… Silent… Plus proche… Encore… Papa… »

Un sourire un peu nerveux se dessina sur les lèvres de David. C'était sa voix ! C'était sa voix ! Il parla à la radio, trop excité pour s'apercevoir que c'était stupide.

– J'arrive, ma chérie ! Je vais te retrouver ! Je suis là, je suis proche !

La radio émit encore les grésillements étranges puis un rire de petite fille, innocent, léger, coupa littéralement court aux perturbations l'espace d'un instant, laissant David reconnaître à la perfection le rire de celle qui était censée lui avoir écrit la lettre. Il était au comble de la joie, et au diable la logique ! Il était sur le point de pouvoir la voir, l'entendre, la toucher, et tout cela sans chercher dans ses souvenirs.

Se concentrant de nouveau sur la route, il échappa de justesse au crash dans une courbe. Les virages se voyaient au dernier moment et il avait quitté son pare-brise des yeux pour fixer la radio lorsque le rire enchanteur avait dominé tout autre son. La friture avait repris, encore plus folle qu'avant, mais David s'en accommodait, pensant aux choses futiles qu'il allait pouvoir faire avec elle, des choses futiles dans l'absolu mais passionnantes pour lui.

La radio émit bientôt une sorte de son aigu continu et une voix féminine et enfantine, mais râpeuse et sifflante, chuchota :

« Toi qui entre ici… Tout espoir… Hill… Péchés… Salvation…Mort… »

Cette tirade saccadée refroidit de suite David qui s'aperçut de nouveau être entouré par les ténèbres. La radio se tut un moment puis émit finalement une sirène. Juste à ce moment les phares s'éteignirent et le moteur eut des ratés. Lorsque revint la lumière, David ne put s'empêcher de pousser un cri d'effroi. La route était maculée de sang de part en part et les murs étaient fait d'un métal miné par la rouille et parsemé de trous comblés par des barres métalliques elles aussi rouillées. Il émit des gémissements et accéléra, espérant la sortie proche. La sirène avait cessé à la radio et il n'entendait plus rien du tout. Il fixait la route éclairée par les phares, les mains crispées sur le volant, les yeux écarquillés de peur. Il ne pensant plus qu'à s'échapper.

Soudain la radio crépita fortement tandis qu'une créature indistincte apparaissait devant lui. Il fit un écart et parvint à l'éviter, mais perçut très bien un cri inhumain. L'aspect de la créature restait vague dans la mémoire visuelle de David. Il avait vu une peau couleurs chair et sang, et elle devait se tenir sur deux pattes, mais du reste, il n'avait pas bien saisi ce qu'il avait vu. Et il s'en fichait. Sortir. Sa seule pensée. Ses phares lâchèrent de nouveau. Il cria encore une fois, mais la panique laissait place à la colère. Il jura et frappa le volant, ralentissant sans autre choix. Le grésillement de base revint sur la radio et lorsque les phares se rallumèrent, au grand soulagement de David la route était redevenue normale. Et la lumière pointait au bout du tunnel. Comme poussé par une intuition, il regarda la lettre sur le fauteuil passager pour vérifier qu'elle était toujours là après cette scène démente. Elle était là, elle n'avait pas bougée, cependant… Il vit qu'elle était tâchée. Par deux choses.

Il sortit du tunnel et la lumière ambiante grise de la brume cachant le bout de la rue lui fit mal aux yeux. Il s'arrêta sur le trottoir en vitesse et regarda de plus près la lettre. Le papier jauni ne semblait pas avoir trop souffert des deux tâches. Il sortit de la voiture tout en regardant les souillures. Se postant au milieu de la rue pour observer alentour, il regarda le ciel en fronçant les sourcils.

« Des larmes… Et du sang ? Tu veux m'envoyer un signe ? Est-ce que… tu… tu ne m'aurais pas pardonné ? Lizzie… »

Il laissa la cendre tomber sur son visage dans l'attente d'une réponse.


Les premiers chapitres vont tous être composés d'une présentation de personnage et d'une partie "aventure". Les mini-chapitres des personnages reviendront sûrement de temps à autres dans le récit.