Coucou à toi nouveau lecteur :
Ceci une fanfic qui traite de la maladie mentale, un sujet qui eut être sensible pour certains. Ca reste léger dans l'ensemble et si jamais il y a des passages pouvant être difficiles je les signalerai mais pour l'instant je n'ai pas l'intention d'en écrire :)
Si c'est un point sensible pour toi, attention. J'essaye de ne pas trop tomber dans l'angst mais il y en auras forcément un peu... mais aussi de l'humour (noir), de la joie et de l'amour, tout ça, tout ça *ne pars pas stp*
Bonne lecture, et n'hésites pas à laisser une review, ça fait toujours plaisir !
Chapitre 1 : Confrontation
Eren bougea légèrement, s'étira un peu et regarda autour de lui… Merde, où est ce qu'il était ? Et surtout qui était le type à moitié nu dans le lit avec lui ?
Il se frappa mentalement en repensant à l'autre soir. Il était sorti dans un bar parce qu'il se sentait seul et il était encore rentré avec un inconnu. Il savait qu'il le faisait trop souvent. Toutes ces soirées passées avec des étrangers avec qui il dansait puis couchait, il ne les comptait même plus. Il s'en foutait de ces lendemains merdiques où il essayait par tous les moyens de fuir sans autre contact avec son coup d'un soir. Il voulait juste un corps contre le sien, une présence, une chaleur, du plaisir, même si le lendemain il se sentait vide ou juste idiot. Il en avait besoin.
Il jeta un coup d'œil à coté de lui, au moins le mec était pas mal, plutôt bien foutu même. Mais Eren n'arrivait pas à voir son visage, tout ce qui s'offrait à sa vue était une chevelure noire et une peau très claire, presque diaphane. Le contraste entre les deux était superbe. C'était mieux comme ça après tout. La lumière dans le bar était très faible et le brun était beaucoup trop saoul pour s'en rappeler correctement de toute manière.
Il se leva en faisant le moins de bruit possible et ramassa ses affaires en marchant sur la pointe des pieds, priant pour que la silhouette dans le lit reste immobile. Ce n'était pas la première fois qu'il s'éclipsait en douce le matin. Ni la dernière sans aucun doute, il avait donc un minimum d'entrainement. Il décida de faire un tour dans la salle de bain pour vérifier, pris d'un doute, et soupira de soulagement. Dieu merci ils avaient utilisé des capotes. Plusieurs même.
Eren referma doucement la porte de l'appartement où il se trouvait et jeta un œil à son téléphone. Merde ! Il était déjà 6h, il devait se dépêcher. Il s'orienta assez rapidement et se détendit un peu quand il se rendit compte que l'arrêt de bus en bas de la rue était sur la ligne qui le remmènerait chez lui. Il devrait être rentré en moins de 15 minutes. Il soupira de soulagement, il serait chez lui avant que sa sœur ne se réveille.
Arrivé devant la porte de son appartement, il enleva ses chaussures et fit bien attention de ne pas faire de bruit en ouvrant. Il passa devant Mikasa qui dormait sur le clic-clac avant d'arriver dans sa chambre. Il se mit en boxer et s'écroula sur son lit, épuisé.
"Eren ! Eren bouge toi ! Alleeeez deboouuuut, il est déjà 16h." La voix de sa sœur se faisait de plus en plus réprobatrice au fur et à mesure. Eren ouvrit un œil et se redressa légèrement pour l'écouter, bien que le ton de cette dernière ne lui dise rien qui vaille.
"Eren secoue toi un peu. T'es chiant. Tu sors toutes les nuits et tu dors la moitié de la journée avant d'aller au boulot, et ça que quand tu te sens d'y aller. Tu fous rien du tout alors que moi je bosse comme une dingue en prépa et en plus j'ai pris un job le week-end pour aider à payer l'appart. Tu dépense juste de l'argent qu'on n'a pas en sortant pour te faire troncher. J'en ai marre de tes conneries, ce n'est pas mon rôle de te surveiller mais tu m'y obliges. Il est temps que tu grandisses ! Merde Eren !" Mikasa avait fini sa tirade, la voix éraillée et des éclairs dans les yeux.
Le plus jeune fixa sa sœur, surpris, avant de plonger sa tête dans son oreiller sans un mot. Il était trop tôt pour ces conneries. Il ignora donc celle-ci qui poussa un cri de rage avant de claquer la porte qui reliait sa chambre au reste de l'appartement.
Il savait au fond qu'elle avait raison. Elle avait toujours raison. Mais il n'avait pas envie de se l'avouer, il n'avait pas envie de penser aux responsabilités parce qu'il savait qu'il était un raté. Il n'avait pas pu garder le rythme à la fac qu'il avait abandonné. Il n'arrivait pas non plus à garder un travail alors qu'ils en avaient besoin. Il décevait tout le monde et surtout lui-même …
Il se sentait vide, comme si son existence ne lui appartenait plus vraiment, comme si il était en mode pilote automatique. Il n'avait pas envie de mourir mais il n'avait pas l'impression de vivre non plus.
Les seules fois où il se sentait un peu plus vivant, c'était lorsqu'il dansait dans les bars et sentait les regards des hommes sur lui. Il savourait ces instants, quand l'un d'eux s'approchait et lui offrait un verre, puis lorsqu'ils allaient dans un appartement ou une chambre pour baiser. Parce que - putain - Eren était bon à ça ! Quand le plaisir envahissait tout son corps, l'emportait comme une vague dans un monde étrange et coloré, alors Eren se sentait vivant, entier. Juste quelques minutes. Avant que la réalité ne se rappelle à lui lorsque l'autre s'écroulait ensuite en soufflant comme un bœuf. Les secondes gagnées dans ce monde merveilleux et bariolé surpassaient largement aux yeux du brun les moments gênants qui suivaient généralement.
Les pensées d'Eren dérivèrent vers sa nuit précédente avec l'inconnu aux cheveux noirs. Il s'en rappelait par flash : des yeux gris, intenses, des mains fébriles parcourant ses hanches, des lèvres envoutantes dans le creux de son cou. Un frisson le parcouru. Pour une fois il se disait qu'il aurait peut être dû rester le matin, puis il se secoua la tête. Il ne couchait jamais avec le même homme car il ne voulait pas s'engager. Il voulait rester libre.
Dommage qu'il n'arrivait toujours pas à mettre un visage défini sur le 'type aux cheveux noirs' et encore moins un nom. Mais pour être honnête, Eren n'avait pas donné le sien non plus. Lorsqu'il sortait, il donnait toujours une autre identité. Il devenait quelqu'un d'autre de plus beau, qui réussissait dans la vie. Bref, quelqu'un de plus heureux.
Soudain il entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Il alla voir ce qu'il se passait. Un petit blondinet aux cheveux au carré se tenait dans l'entrée de l'appartement. Il avait l'air fatigué mais heureux.
"Armin !" Eren s'élança et prit le petit blond dans ses bras. Il le sentit se raidir et rigola doucement. Son meilleur ami n'était pas fan des démonstrations d'affection mais il s'était résigné après toutes ces années.
"Qu'est ce que tu fais là ? Ca fait tellement longtemps ! Je sais que tu bosses comme un fou avec tes stages à l'hôpital mais je ne te vois presque plus." Eren fit une petite moue boudeuse, sachant que le petit blond n'y résistait pas.
"Arrête de me culpabiliser Eren, tu sais que je te vois dès que j'ai le temps." Armin frappa Eren sur le bras en rigolant. "C'est Mikasa qui m'a invité ici, pour répondre à ta question, ajouta-t-il. On est inquiets pour toi en ce moment." Le ton de son meilleur ami avait vite changé et son froncement de sourcils n'indiquait rien qui vaille.
Eren prit un air inquiet à son tour et soupira en comprenant la situation. Sa sœur et son meilleur ami avaient prévu une "intervention". C'est à dire qu'ils allaient lui faire la morale sur le fait qu'il restait toute la journée au lit, qu'il sortait tous les soirs, et bla, bla bla, … Lorsqu'Armin commença à lui parler, il se dit qu'il avait mis en plein dans le mille.
"Eren… Depuis le début de l'année scolaire tu vas de plus en plus mal et on ne sait plus quoi faire pour t'aider. Tu as arrêté les cours mais ce n'est pas grave, la fac ce n'est pas faite pour tout le monde. Mais tu ne fais rien à coté, tu te laisses vivre, tu n'arrives pas à garder un travail plus de deux semaines et tu n'as absolument aucun projet. Je sais que c'est dur à entendre pour toi et je ne dis absolument pas tout ça pour te blesser, bien au contraire. Mais j'énonce juste des faits : tu ne vas pas bien et nous sommes là pour t'aider, pou—"
"Je vais très bien, l'interrompit Eren. Je vais bien je vous assure. Je suis juste un peu perdu parce que je ne sais pas ce que je veux faire et quand je vous vois, vous qui avancez dans vos vies sans vous poser de questions, je me sens un peu minable." Il l'avait joué fine pensa-t-il en se félicitant mentalement. Il les flattait et se dépréciait. Il savait qu'ils allaient le réconforter, lui dire de ne pas se comparer à eux, qu'il allait trouver sa voie … Eren n'appréciait pas vraiment manipuler ses amis ainsi mais aux grands maux, les grands remèdes n'est-ce pas ? Sauf que la réponse qu'il reçut n'était pas celle à laquelle il s'attendait.
"Eren ça suffit. Arrête de dire que tu vas bien, c'est évident que tu mens." Sa sœur n'avait pas laissé le temps à Armin de répondre, et surtout elle n'était pas tombée dans son piège. Elle le connaissait que trop bien. "Tu as maigri, tu manges moins, tu bois beaucoup trop, tu rentres parfois ivre ou alors au petit matin après avoir passé la nuit chez des inconnus. Tu as dû coucher avec plus de cents types différents durant tes soirées sur ces deux dernières années."
Eren ne pouvait pas supporter le jugement dans la voix de sa sœur. "Ma vie sexuelle et mes sorties ne te concernent pas Mikasa, tu n'es pas ma mère. Je sais que j'ai beaucoup compté sur toi depuis la mort de maman mais tu n'es pas là pour la remplacer."
Sa sœur se raidit sur sa chaise. Eren avait frappé où ça faisait mal et il le savait. Il aurait honte après mais il en avait par dessus la tête de ces commentaires mesquins. Lui, au moins s'amusait.
"Eren, tu as absolument le droit de faire ce que tu veux la nuit et avec qui tu veux. Mais il faut que cela reste sain, et d'après ce que dit Mikasa c'est de moins en moins le cas." Armin était intervenu pour calmer le jeu entre le frère et la sœur. Mais apparemment Mikasa n'était pas d'humeur conciliante.
"Ce n'est pas tout, je sais que tu fumes de l'herbe. J'ai trouvé ça dans ta chambre". Elle tenait dans sa main un petit sachet transparent contenant environ 10 balles. Heureusement, elle n'avait pas trouvé où il cachait le gros de sa consommation.
"TU as fouillé MA chambre ?! TU TE PRENDS POUR QUI ?", hurla Eren, furieux. Elle n'avait pas le droit, c'était à lui. "Et puis ce n'est pas comme si tu en avais jamais pris, on a fumé ensemble notre premier joint je te signale." ricana Eren, moqueur.
Mikasa ouvrit la bouche puis la referma, ne sachant pas quoi dire. Finalement elle hurla à son tour. "Tu te moques de moi j'espère ! Je n'ai même pas eu besoin de fouiller, il était sur ta table de nuit. Je l'ai vu quand je t'ai réveillé à 16h en rentrant du boulot. Pourquoi tu en as à côté de ton lit ? Je sais qu'on en a déjà fumé et parfois j'en consomme encore en soirée mais jamais à l'appartement ou au taff. Jamais SEULE !"
Ce fut au tour d'Eren de ne pas avoir quoi dire. Sans s'en rendre compte, il avait commencé à fumer de plus en plus et tout seul. Il avait perdu le contrôle mais il s'était rendu compte que ça le calmait, qu'il arrêtait de penser au vide qu'il ressentait.
Mais surtout il ne pouvait pas faire correctement une bonne nuit sans. Le sexe avait un effet magique sur ses insomnies mais les joints qu'il fumait quelques heures avant de se coucher faisaient très bien l'affaire aussi.
Il avait peur de dormir. Peur de ses rêves hallucinés qui le laissaient pantelant et en sueur. Peur de croiser dans l'un d'eux la personne qu'il craignait et haïssait le plus au monde. Son propre père.
"Parle nous, tu sais qu'on est là pour t'écouter. Dis-nous ce qui ne va pas. S'il te plait." Armin le tira de ses pensées. Son ton était doux, chaleureux, rassurant. Tout ce dont Eren manquait, tout ce dont il avait besoin.
Il sentit ses barrières s'affaisser mais il refusait de parler à ses amis. Ils s'inquiéteraient trop s'ils savaient ce qu'il se passait dans sa tête. Comme vidé de toute énergie, il se dirigea vers sa chambre sans un mot sous le regard peiné et inquiet de Mikasa et Armin. Il s'enferma et se réfugia dans son lit. Après avoir enfilé son bas de pyjama à la place de son boxer de la veille, il s'enroula dans sa couverture et s'allongea en fixant le plafond.
Pourquoi ? Pourquoi il ne pouvait pas être normal ? Pourquoi tout semblait toujours plus facile pour les autres ? Pourquoi il ne pouvait pas tout simplement oublier ce qui le terrifiait et passer à autre chose ? Pourquoi avait-il l'impression que pour être heureux il devait principalement se battre contre lui-même ?
Il sentait qu'il était en train de sombrer. Son esprit devenait de plus en plus brumeux. Depuis quelques jours, il se sentait de plus en plus déconnecté, voire absent. Il avait essayé d'y remédier en sortant hier soir, en faisant la fête, en s'amusant, en prenant du plaisir. Mais finalement cela n'avait servi à rien.
Même le sexe de la nuit dernière n'avait pas suffit à dégager son esprit de la brume qui menaçait de l'étouffer.
Et merde. Merde. MERDE. Il allait encore s'endormir mais cette fois il sentait que c'était différent, il savait que ça allait durer plus longtemps. Il avait essayé de retarder ce moment mais en vain.
Il entendit vaguement des voix et quelqu'un frapper à la porte. Mais il n'avait pas envie de les écouter. Les sons devenaient de plus en plus distants à mesure qu'il sentait le brouillard remplir sa tête. Il n'arrivait plus à penser. Il vit la silhouette de sa sœur s'approcher avec une mine inquiète mais il n'y prêta pas plus attention.
Finalement il s'endormit.
