Elle s'éloignait la tête basse, la pluie diluvienne dispersant ses gouttes glacées sur ses long cheveux blonds. Ses pas étaient lents, sans entrain, sa démarche même était triste. Elle errait. Il faut bien dire que cette soirée avait de toute façon mal commencée.

Elle était arrivée dans sa tenues habituelle, bas résilles et robe noire plutôt courte, des étoiles plein les yeux comme à chaque fois que des photos d'elle sont publiées dans les magazines. Son parfum avait immédiatement rendu ce salon agréable, sucré et pétillant. Moi, j'étais moi : irascible et désagréable, tout son contraire. Quand j'entrais dans une pièce l'atmosphère ce refroidissait mais elle ça ne l'a dérangeait pas, son sourire suffisait pour illuminer un lieux.

Ses mots étaient doux et chaleureux. Le silence dans lequel je me murait, elle s'en accommodait.

Plus la soirée avançait, plus son débit de parole m'irritait, je n'en pouvais plus, je ne supportais plus ces niaiserie : je lui hurlais de se taire, que tout ce qu'elle racontait chaque soir ne m'intéressait pas. Des larmes silencieuses affluèrent aux coins de ses yeux noisette. Je regrettais déjà toutes ces insultes mais je ne pouvais revenir en arrière : elle ne m'écoutait plus. Je voyais dans ses yeux que le silence l'avait entouré au moment même où j'avais ouvert la bouche. Elle n'avait pas besoin de connaître le sens de se flot continu de mots mis bout à bout. Elle savait. Elle savait tout de moi, mes faiblesses, mes pensées, mes paroles, mes émotions. Elle était déçue, déçue du fait que je ne l'aimais pas assez pour m'intéresser à elle. Elle, elle m'aimait sans condition, mais moi, toujours moi, j'avais besoin qu'elle soit conforme à mes attentes, je ne pouvais pas faire abstraction. J'étais égoïste.

C'est pour cela que ce matin, je la vois partir sous une pluie battante mais je sais qu'elle reviendra et elle aussi. Elle sait que je suis lâche et que j'ai besoin d'elle. Quand je l'ai vu tourner au bout de la rue, j'ai couru vers la fenêtre et j'ai hurlé « Misa, JE T'AIME ! ».