L'An X

La Quatrième Grande Guerre Ninjas

Une atmosphère morbide et glaciale plana au dessus du champ de ruines sur lequel se déroulait une bataille ardue et sanglante semblant être à son point culminant. Deux camps ennemis s'affrontaient sans relâche : l'un combattait pour la survie des nations shinobis tandis que l'autre œuvrait pour sa destruction intégrale. Les affrontements militaires s'étalèrent sur plusieurs fronts, et les lignes armées de l'Alliance se chargèrent de combattre deux types d'ennemis :

Les créatures artificielles répondant au nom de Zetsu Blanc et conçues à partir des cellules extraites du corps de Hashirama Senju, l'utilisateur du Mokuton et le Shodai Hokage de Konoha, formaient une première ligne de résistance. Tandis que les âmes d'anciens shinobis, particulièrement robustes et expérimentés, étaient fraîchement revenus à la vie par la technique interdite de l'Edo Tensei pour leur barrer spécifiquement la route.

Après maints rebondissements, l'intervention inattendue de Naruto Uzumaki sur tous les fronts, leur permit de repérer les vrais Zetsu Blanc qui parvenaient à copier à l'identique le chakra et l'apparence des shinobis de l'Alliance, pour les éliminer aussitôt. Sans compter sur l'aide précieuse d'une âme ressuscitée appartenant à un ancien shinobi de Konoha, Itachi Uchiha qui réussit à se défaire de la technique presque imparable de l'Edo Tensei, et qui se chargea de mettre hors d'état de nuire son invocateur Kabuto Yakushi. Ainsi, il accorda aux âmes torturées de reposer en paix et dispensa les troupes alliées de subir d'autres pertes inutiles.

La bataille décisive se passait donc sur le dernier front. Sur leur chemin ne se dressait plus que le légendaire Madara Uchiha et son acolyte Obito Uchiha, les deux meneurs du camp opposé. Le combat final les attendant s'annonçait d'ores et déjà rude. Une lutte acharnée s'engagea dès lors dans des conditions déplorables. La rivière de sang qui s'était formée au milieu des montagnes de cadavres s'entassant les uns sur les autres, compliquait grandement l'avancée des troupes. Sans oublier que l'odeur suffocante qui s'en dégagea, était difficilement supportable. Il n'y avait que désolation, toutefois les shinobis de l'Alliance refusèrent de capituler et persistèrent à combattre farouchement.

Même si le ciel voilé par d'immenses nuages gris et le temps brouillardeux diminuaient considérablement leur perception sensorielle, ils n'en tinrent pas rigueur et multiplièrent les offensives. L'abandon n'était pas envisageable dans la mesure où s'ils venaient à accepter la défaite le monde plongera assurément dans la noirceur totale et cessera définitivement d'exister. Il s'agissait d'une raison amplement suffisante pour redoubler d'efforts afin de protéger leur avenir incertain.

Mais rien ne se passait jamais comme prévu et ils le comprendront à leur dépens.

À la stupéfaction générale un démon à l'allure gigantesque s'équipant de dix queues et se prénommant Jubi surgit au milieu de nulle part. Puis sous les regards ébahis et accablés des ninjas, celui-ci détruisit près de la moitié des effectifs des troupes alliées. Un cauchemar. Ils baignaient en plein cauchemar. À compter de ce moment là, une lutte disproportionnée démarra par le rapport de force très inégal. La guerre s'éternisa. Et, le combat ne tourna décidément pas en la faveur des shinobis de l'Alliance.

Tout d'abord, les troupes rencontraient de véritables difficultés à progresser, principalement liés à leur faible réserve de chakra. Tous les shinobis, sans exception, disposaient d'un chakra extrêmement limité. Dans ce contexte, lorsqu'un shinobi puisa intégralement dans ses réserves, il se trouva dans l'incapacité profonde de se défendre et tourna en une proie facile. Ensuite le monstre lui-même constituait un mur imparable. Ainsi, l'ennemi gagna considérablement en terrain et devint pratiquement intouchable, contrairement à eux qui firent pleinement exposés et vulnérables.

Un vent de panique siffla dangereusement sur le champ de bataille. Des mines abattues parurent sur les visages ternes et miséreux des guerriers, découragés par les dégâts colossaux causés par la simple apparition de ce redoutable monstre.

Plus la guerre perdura, et plus les surprises se multiplièrent.

Les ninjas assistèrent, interloqués et stupéfaits, à la transformation ultime de Jubi se désagrégeant totalement pour laisser place à un arbre immense. Un soupir de soulagement leur échappa. L'arbre en question ne semblait en évidence guère impressionner les soldats qui se réjouirent grandement de s'être débarrassés du démon. Après tout, un arbre était censé être immobile et inanimé, et il ne pouvait nullement s'agir d'un instrument de guerre.

Cependant ils se trompaient lourdement sur ce point et par malheur ils le réaliseront que tardivement. Les troupes alliées firent littéralement pris au dépourvus lorsque des racines qui pesaient leur poids surgissent brusquement du sol, et les dépouillèrent complètement de leur chakra. Un hurlement déchirant se fit soudainement entendre au loin, et des bruits coururent selon lesquelles le Kazekage aurait été touché par l'une de ces racines.

"Non, c'est tout bonnement impossible" songèrent instantanément les ninjas de Suna.

Après tout, le mur de sable de Gaara constituait une protection infranchissable, et ces épaisses racines ne pouvaient clairement pas être suffisamment puissantes pour le briser. Mais, un détail les troubla tout de même, le manteau de chakra de Kyubi avait quasiment disparu au même moment que l'attaque avait été perpétrée.

"Quelque chose ne tourne définitivement pas rond ..." évoquèrent simultanément les guerriers de l'alliance.

Et ce fut à cet instant précis que la réalité les rattrapa, et tout s'éclaira : un sacrifice. Le Kazekage était là. Inerte, il gisait au sol. Son corps trempait dans une mare de sang. La faible lueur de vie l'abritant - il y avait quelques instants encore - sembla s'être subitement éteinte. Naruto Uzumaki, le jinchûriki du démon à neuf queues et le héros de Konoha, pleura en silence la mort de son ami, bouleversé et ébranlé par le dévouement total du roux à son égard.

Il avait décidé de sacrifier jusqu'à sa propre vie pour le sauver. Et l'être qu'il était ne pouvait qu'honorer sa mort :

- Gaara, je te promets de mettre un terme définitif à cette guerre et d'œuvrer pour la paix dans ce bas monde.


L'An 835

District de Shiganshina

Exaspéré de ne pas pouvoir prendre un jour de repos et marmonnant quelques jurons entre ses dents, un jeune homme fraîchement diplômé de la 104ème Brigade d'entraînement se dirigea d'un pas incertain vers l'immense forêt se dressant devant lui. La forêt qui le surplomba était profondément dense et peuplée d'arbres plusieurs fois centenaires à la taille imposante, s'en était à la fois fascinant et terrifiant.

Il ne fréquentait que rarement cette grande forêt où il se sentait à chaque fois comme un intrus dès qu'il la pénétrait. Cela expliqua par ailleurs la raison de son anxiété grandissante. Il déglutit faiblement mais décida d'avancer courageusement pour en finir au plus vite avec sa patrouille. Un sentiment étrange l'envahit lorsqu'il entendit soudain des bruits étouffés de sanglots lui parvenir aux oreilles.

Geignant péniblement, il marcha avec détermination vers l'endroit exact où les halètements sourds semblaient venir. Clignant des yeux, il fit décontenancé de découvrir un nourrisson recouvert entièrement de sable et abandonné au pied d'un arbre dans la forêt vierge. D'innombrables questions se bousculèrent aussitôt dans son esprit. Il s'interrogea non seulement sur l'identité des parents du bébé mais surtout sur la quantité phénoménale de sable l'entourant.

"Bon sang, ils n'ont quand même pas tenté de l'enterrer sous une couche de sable" s'en inquiéta t-il hautement.

S'efforçant d'ignorer la douleur qui le tirailla au niveau des bras, il s'abaissa pour ramasser ce pauvre petit bébé abandonné à son triste sort. Sortant un petit mouchoir de sa large poche, il se contenta d'essuyer tant bien que mal le visage du bébé s'agitant énergiquement dans ses bras. Étalé confortablement sur son torse ce dernier ne tarda pas à s'endormir, le prenant visiblement pour un coussin. Un brin amusé par son comportement et profitant de son long sommeil, ses yeux se braquèrent sur le nourrisson qu'il tenait fermement dans les bras.

La première chose qui le frappa, c'était le tatouage apparent que le petit bout de chou arborait sur le front : une inscription en caractère qui lui semblait totalement inconnu. Mais il supposa qu'il s'agissait d'une écriture perdue appartenant forcément à une civilisation originaire de l'Asie dont on avait perdu toute trace.

"Ce qui n'est assurément pas commun dans les environs" se marmonna t-il dans sa barbe.

Rare étaient ceux ou celles qui appartenaient à cette race et à sa connaissance il n'en existait qu'une : l'épouse de Danny Ackerman. Il se questionna également sur la signification de cette inscription. Enfin, il maudit sincèrement les parents de celui-ci car l'idée-même de tatouer quelque chose sur un simple nourrisson lui parut franchement inconcevable.

Enfin, le second détail qui lui retint en particulier son attention c'étaient les cernes apparentes d'une noirceur livide sous les yeux du bébé.

"Curieux, il ne semble pas avoir dormi depuis des jours" se murmura confusément le jeune adulte.

En revanche, celui-ci ressemblait drôlement à un panda sans abri et la couleur de ses pupilles d'un vert éclatant accentuait davantage ce côté d'adorable animal sans défense.

"Que c'est mignon" répliqua t-il immédiatement en cajolant le bébé.

Puis, cerise sur le gâteau, c'était que celui-ci possédait des cheveux roux ébouriffés tirant un peu sur le rouge, une couleur qu'on rencontrait rarement dans la ville.

"Le petit garnement aura sûrement du succès quand il sera grand" évoqua machinalement le blond avec un grand sourire aux lèvres.

Son expression s'assombrit d'un coup lorsqu'il se souvint qu'il ne pouvait absolument pas le garder avec lui. Après une longue réflexion, l'unique option se présentant à lui, était de le laisser à contrecœur dans un orphelinat. Il contempla d'un air affligé le petit ange dans ses bras, avant de lui énoncer d'un ton rassurant :

"Désolé petit panda, je ne ne suis pas en mesure de te garder. Mais je te promets que Tonton Hannes te rendra souvent visite à l'orphelinat !"